INSECURITE : LE MYTHE DE SISYPHE REVISITE
08 octobre 2009
Bien que le
nombre des actes de délinquance diminue de façon générale, on constate une
évolution inquiétante : le nombre des attaques contre les personnes et les
cambriolages sont en hausse de 12% en un an. Une augmentation de l’insécurité
qui ne fait pas les affaires du gouvernement et surtout du Président qui en a
fait un cheval de bataille emblématique de son action.
La lutte
contre l’insécurité est d’abord un combat contre la pauvreté, et de ce point de
vue, la crise étant venue compliquer tout, la tâche est presque insurmontable.
Elle est pourtant entreprise et deux ministres accomplissent un travail
admirable qui finira par porter ses fruits. Martin Hirsch et Fadela Amara sont
deux esprits libres dont l’humanisme précède le calcul politique. Ils agissent,
mais ils se sont attelés à une tâche de longue haleine. Elle implique la
reconstruction ou la rénovation de quartiers entiers, les « cités », elle
implique de détourner les jeunes de la délinquance en leur offrant un emploi ou
un revenu, elle implique une éducation suffisamment solide pour introduire dans
les esprits un minimum de sens civique.
L’évolution
de la situation traduit d’ailleurs des succès. Si les cambriolages augmentent,
c’est parce que ça rapporte plus que la drogue. Si la drogue se déplace en
province, c’est parce que la pression de la police dans la région parisienne rend son commerce problématique. Et de fait, on constate, pour la 1ère
fois une diminution de la consommation de shit chez les adolescents.
Mais c’est
une tâche toujours à recommencer. Parce que les réseaux démantelés se
reconstituent, parce que les filières d’immigration approvisionnent le nombre
des sans-papiers, proies faciles pour les gangs…. Et elle trouve ses limites
quand les prisons n’ont plus de place pour accueillir les délinquants.
La gauche
dénonce sans cesse la politique « du chiffre » imposée par le
ministère de l’intérieur. Mais elle manque d’humilité et elle se voile la face
trop souvent en trouvant d’excellentes raisons sociales à la hausse de la
criminalité, ce qui interdit comme il se doit d’arrêter et de condamner des
individus violents ou des vendeurs de drogue. Mais il est au moins une
contradiction que le Président doit assumer : comment obtenir des
résultats en exigeant d’occuper le terrain au maximum et en même temps diminuer
les effectifs des forces de l’ordre. Pour vaincre l’insécurité qui est un
véritable travail de Sisyphe, il faut y mettre le prix.
Au
demeurant, la politique menée depuis 2007 est loin d’être un échec. On attaque
le « dur » et il faut s’attendre à une augmentation de la violence
« dure » en réponse, comme on
l’a déjà vue dans les banlieues, avec des tirs d’armes de guerre. Mais :
oui, il reste beaucoup à faire. Ce n’est pas le moment de lever les bras !
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