LES MEDIAS S’INTERESSENT-ILS PLUS AU DOIGT QU’A CE QU’IL MONTRE ?
26 octobre 2009
Les médias harcèlent le pouvoir en place. Dire le contraire
serait mentir. Mais ils ne font pas preuve de complaisance à l’égard de
l’opposition non plus, il faut bien le reconnaître. On ne peut pas le leur
reprocher, c’est leur rôle que d’investiguer, enquêter, critiquer. De même
qu’on ne peut pas s’étonner que la presse d’opinion exprime ses idéaux en
soutenant ou condamnant selon son parti pris. C’est donc à tort que des ténors
de la majorité ont pris les médias pour cible, en les accusant de mener une
campagne systématique contre le président Sarkozy, contre ce qu’il dit ou fait,
à chaque instant. Même s’il y a un peu de vrai, et que le ressenti en soit
désagréable, cela fait partie des inconvénients de vivre dans un pays où la
liberté d’expression est totale. Et de cela, on ne va pas se plaindre.
Les journalistes ont saisi ce prétexte pour crier au
scandale et à la volonté d’asservir ou de brider leur activité. Ils crient bien
plus fort, eux aussi, qu’ils n’ont mal. Car les attaques du pouvoir politique,
quel qu’il ait été, contre les médias et la presse en particulier, accompagnent
depuis longtemps la vie démocratique. Tout simplement parce que la liberté
d’expression a toujours gêné les décisions gouvernementales et dans une période
de réformes intenses, animée par un président qui a beaucoup d’idées et les met
en action, il ne faut pas être surpris du concert de réactions en échos. Le
gouvernement est dans la ligne de mire parce que son action compte bien plus
que celle de l’opposition. Et comme la critique est un sport national, on
trouve plus de commentaires de dénonciation que de soutiens positifs.
Néanmoins, ces dernières semaines, les journalistes
devraient convenir qu’il y a eu des dérapages qui nuisent à leur crédibilité et
justifient des récriminations. L’exagération, déjà courante pour des raisons
évidentes de commercialisation, y a été portée au paroxysme : par exemple,
l’importance accordée à l’affaire « Mitterrand » n’a aucune mesure
avec les dossiers de politique intérieure et extérieure de la France et a donné
lieu à des accusations lamentables. Les polémiques, que voulez-vous, sont
tellement plus distrayantes que les conflits sociaux ou la misère du monde. Un
autre mal sévit dans les médias : le mensonge ou l’approximation. Autant
on peut admettre la critique, autant elle doit être fondée sur des réalités et des
faits vérifiés et recoupés. A cet égard, l’affaire Jean Sarkozy, a révélé une
certaine complaisance chez certains à véhiculer des informations fausses, même
après qu’elles aient été signalées, à savoir qu’il ne s’agissait pas d’une
nomination mais d’une élection, et que le poste n’était pas rémunéré mais
bénévole. Quand Noël Mamère se complait à le répéter malgré tout, c’est de la
mauvaise foi qui lui est habituelle ; quand c’est le fait d’un
journaliste, c’est une faute professionnelle qu’elle soit intentionnelle ou le
résultat d’une négligence. Les journalistes ne sont pas des saints, et pour
certains, le prosélytisme leur colle aux semelles.
D’un côté, on a la recherche du scoop. De l’autre
l’art de la provocation. La première peut conduire à des abus, des erreurs, des
jugements prématurés. La seconde est une habile utilisation des médias :
le « story-board » est là pour détourner l’attention ou la capter en
permanence, comme on veut. Comme Nicolas Sarkozy excelle dans ce jeu, il est
devrait éviter de se plaindre. Sauf que cela fait partie du jeu. D’ailleurs, il
sait qu’il n’a rien à craindre : dans les médias, une idée pousse l’autre,
une image pousse l’autre. Les mauvais passages sont vite oubliés, comme les
meilleurs. Il y a un tel décalage entre le temps médiatique fait de fulgurances
et la lenteur que met le temps politique à s’accomplir qu’il faut bien
amuser la galerie.
Le Président montre de façon ostentatoire, avec son doigt, la direction qu’il suit. Mais les médias ne regardent trop souvent que le doigt… Pendant ce temps-là, les réformes se font.
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