Après une
semaine à Rome, Madrid paraîtrait bien
fade. Rome est la ville de tous les superlatifs avec ses ruines incroyables,
ses églises rutilantes, ses fontaines monumentales, ses habitants élégants, sa
circulation trépidante, ses klaxons débridés….
Il n’y a
pas une Rome. Il y en a cent, selon que l’on s’intéresse à son passé romain, à
la chrétienté, à l’art baroque, aux peintres de la Renaissance, à l’eau et aux
fontaines, aux spaghettis, aux Smarts, aux scooters (c'est le nid) ou au circuit des bus.... Que sais-je encore ? Mais
quelle que soit votre approche, vous buterez sans cesse sur deux constructions
monumentales qui marquent la ville de quelque endroit qu’on la regarde : la
place Saint-Pierre et son énorme basilique et la « pièce montée »
comme disent les autochtones pour désigner le grandiose monument à la mémoire de
Victor Emmanuel II. Tous les chemins mènent au Vatican, dit-on, mais ils
passent forcément devant la colossale construction blanche plantée sur le
rebord du Capitole.
Rome, c’est
d’abord les Romains de l'Empire du même nom. Enfin, pour moi qui ait dû en enseigner l’histoire aux
petits de 6ème pendant de nombreuses années. Je regrette bien d’avoir
attendu si longtemps pour venir me rendre compte sur place et je sais
maintenant où les Italiens puisent leur fierté si affirmée. Il suffit de voir le
Colisée, rien que le voir… Alors vous pensez, des journées entières à arpenter
les forums, les thermes, les portes fortifiées, les villas du Palatin, sans
parler de ces vestiges qu’on découvre au détour d’une rue, plantée au milieu
des immeubles modernes, comme un pied de nez à ces bâtiments incongrus qui sont venus se greffer. Il faut avoir vu
les mausolées d’Adrien, devenu Saint-Ange, et d’Auguste dont « l’autel
de la paix » a été mis sous cloche. Et toutes ces églises dont les
colonnes ont été empruntées aux temples détruits… Ah ces Romains, quels
bâtisseurs ! Et quel art de vivre !
Evoquer Rome,
c’est forcément l’image de la capitale de la chrétienté qui surgit aussitôt. La
« ville éternelle ». Et elle nous le fait savoir. Le Vatican, bien sûr,
avec ses gardes "suisses", ses musées aux trésors inestimables et sa chapelle sixtine, est
incontournable. La basilique Saint-Pierre ne donne pas le vertige seulement
quand on monte dans la coupole, elle le donne aussi d’en bas quand on lève le
regard vers les voûtes, tant elle est impressionnante par ses dimensions. Impossible
de ne pas faire un arrêt devant l’émouvante pieta de Michel Ange.
Mais elle
nous fait savoir qu’elle est la capitale de la chrétienté aussi par la
multitude d’églises qui la quadrillent. Parfois à touche-touche. Sur le plan d’un
quartier du centre, on en a dénombré près de 70. Le rite catholique règne en
maître, mais on trouve toutes les nuances de la chrétienté : orthodoxes,
protestantes… Il y en a de très anciennes comme Santa Maria in Cosmedin ou Santa Maria in Trastevere, mais la plupart
sont baroques, avec leurs autels monumentaux et l’or à profusion qui scande les
peintures des grands maîtres. En voir une, c’est en voir dix. Nous nous sommes
attardés à Saint-Jean de Latran, première église papale. Nous en avons apprécié
les proportions plus humaines et la beauté du cloître attenant.
Et puis il
y a une manière plus originale de se laisser guider dans la ville. Rome est la ville des fontaines. De la plus
exubérante, celle de Trévi, assiégée en permanence par des « hordes »
de touristes, à la plus modeste, accolée à un mur et à laquelle on peut tendre
sa bouteille pour faire provision. Car l’eau y est toujours potable et…
délicieusement fraîche. Il faut avoir vu
la « barque » de la place d’Espagne, avoir fait la pose devant l’une
des monumentales fontaines de la place Navone, que l’on doit au Bernin, et
contemplé le « Tritone ». Mais il y en a de plus discrètes, qu’il
faut savoir trouver et tout aussi spectaculaires par les sculptures délicates
qui les composent. Devant le Palais Farnèse, qui abrite l’ambassade de France, il
en trône deux étranges par leur forme : ce sont en fait des baignoires
monumentales en marbre récupérées dans les thermes de Caracalla, d’où leur
forme massive …et déroutante. Enfin, il y a celles qui se manifestent par le
faste de leurs jeux d’eau, comme celle de la place de la République.
On pourrait
faire la Rome des « villas », c’est-à-dire des parcs et des jardins. La
Rome des sept collines pour les panoramas ou les couchers de soleil…. Le sujet
est inépuisable.
Difficile
alors de comprendre la complainte de Joachim du Bellay, « Plus me plait le séjour qu’on bâti mes aïeux
que des palais romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plait l’ardoise
fine, plus mon Loir gaulois que le Tibre latin, plus mon petit Liré que le mont
Palatin… » Rome sous le soleil,
c’est un éblouissement permanent !