DIPLOMES EN BOIS
02 mai 2009
Une année
pour rien ! C’st le cri de désespoir de nombreux étudiants étrangers venus
étudier chez nous dans le cadre d’Erasmus. « On ne nous y reprendra pas ! »,
« Nous ne conseillerons pas de venir en France ! »…. On les comprend.
Certaines Facs sont bloquées par quelques irréductibles depuis plusieurs mois. Même
en rattrapant le maximum de cours, il sera difficile de boucler les programmes,
et organiser les examens relève du casse-tête chinois. Autant dire que le cru
2009 sera particulièrement dévalorisé et difficile à « vendre » sur le
marché de l’emploi. D’ailleurs, pour arranger les choses, la « coordination »
ne demande rien moins que des diplômes « à blanc », sans épreuves.
La crise
des universités débouche sur un affaiblissement dont elles auront du mal à se
relever. Et au bout du compte, on peut se demander quelle réforme en sortira. Même
si on peut avoir diverses opinions sur la qualité des mesures préconisées par
le gouvernement, le résultat obtenu par les étudiants contestataires, largement
minoritaires avec leurs revendications plus obsessionnelles que réalistes, aura
été de ruiner leur outil d’apprentissage.
Et
pourtant, personne ne niera la nécessité de réformer la « vieille dame ».
Ce sur quoi tout le monde s’accorde. Mais entre le renforcement étatique
souhaité par les contestataires, étudiants comme professeurs, et la volonté de
rendre autonome les établissements, comme cela se fait partout dans le monde
avec succès, il y a un précipice infranchissable. Dès lors, toute réforme est
impossible dans le consensus. C’est bien cela le fond du problème. Le mal qui ronge notre université, c’est l’idéologisme
dans laquelle elle baigne.
Pourtant l’état
n’a pas l’intention de faire financer l’enseignement par les entreprises du
jour au lendemain. Il prévoit une concurrence entre les établissements qui en
fait hurler beaucoup. Mais en accordant aux universités une autonomie
progressive, on voit se développer la créativité et la qualité de l’enseignement
parallèlement. Les conseils d’administration seront responsables à 100% de leur
budget, ce qui signifie qu’elles devront afficher leurs résultats. C’est une
méthode qui crée des risques et des incertitudes, d’autant plus que les
financements privés sont proportionnels au penchant qu’ont les entreprises pour
la formation. C’est tout dire. Comme les enseignants et certains étudiants
haïssent ce système, on n’est pas rendu au bout du chemin. Qui plus est, la loi
de 2007 transfère aux présidents d’universités la gestion des carrières des
personnels, ce qui entraîne l’épineuse question de l’évaluation de chaque
enseignant. Des compromis ont été trouvés et partiellement acceptés.
Mais, tant
qu’on n’a pas éprouvé le système, on ne peut pas dire qu’il est bon ou pas bon.
Ce qui gêne dans la contestation, c’est qu’elle exprime une opposition par principe,
à tout changement, sauf celui qu’elle souhaite : augmenter les effectifs
et ne rien changer au fonctionnement. Le gouvernement a fait de nombreuses concessions
dont va pâtir en profondeur la réforme, sans pour autant faire taire les
manifestants. La porte de sortie est étroite et la montagne risque d’accoucher
d’une souris, uniquement parce qu’un carré d’irréductibles a décidé de faire « plier
SARKOZY » à tout prix. Pari perdu d’avance. Perdu aussi pour l’Université
française et perdu pour les étudiants.
Puisse la
volonté affichée des pouvoirs publics, même si la réforme n’a pas toute la
force souhaitée, servir de leçon aux entêtés de la contestation. Les derniers
sondages concernant le score du président, si l’élection avait lieu maintenant
devraient les faire réfléchir.
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