HISTOIRE

APRES MOI LE DELUGE …

Confiture

 

C’est un peu comme ça qu’on pourrait interpréter la décision prise par le polichinelle qui nous gouverne d’augmenter les salaires des fonctionnaires de 1,2%. Il faut décidément une belle dose de cynisme pour le faire au moment où la contestation bat son plein contre la loi Travail. Il fait montre de bien peu de vergogne pour le faire à moins de 13 mois de l’élection présidentielle : il ne cherche même pas à masquer son jeu. On ne s’étonnera pas que les deux têtes de l’exécutif plongent dans les sondages, ce qui montre bien que les Français ne sont pas dupes.

C’est vrai que les fonctionnaires ont été l’objet d’une cure d’austérité depuis cinq ans sans que leur point d’indice n’ait été relevé. Même dans le privé il n’y a pas d’exemple d’un gel de cinq ans. Néanmoins ils ont quand même eu les augmentations liées à leur avancement… et la dépense publique à continuer d’augmenter de manière périlleuse. Il ne s’agit pas ici de sous-estimer ce que les fonctionnaires apportent à la richesse nationale et au fonctionnement même du marché. Mais quand on aborde le débat sur la fonction publique, sur ses effectifs pléthoriques, sur la nécessité d’en diminuer la masse salariale pour viser à l’équilibre budgétaire et au désendettement, cela ne signifie pas qu’il faille la supprimer comme certains le souhaitent un peu trop rapidement. Ne méprisons pas les missions qu’ils remplissent. Cela n’empêche pas d’en évaluer le nombre et de chercher à ajuster leurs effectifs aux justes besoins de notre pays pour qu’il soit correctement administré.

Quand on compare les effectifs de nos trois fonctions publiques à ceux des autres pays européens, les nôtres apparaissent énormes, et pour fixer un point de comparaison, près de deux fois plus qu’en Allemagne dont on ne sache pas qu’elle soit mal administrée. Chez nous, on peut affirmer sans hésiter que le recrutement dans la fonction publique d’État et dans les collectivités locales a servi à compenser les ravages du chômage, ce qui aura certes été utile pour ceux qui ont ainsi trouvé un emploi, mais a contribué à nous enfoncer collectivement dans un déséquilibre où la part des emplois publics est trop élevée par rapport à celle du secteur privé. La masse salariale publique ainsi hypertrophiée empêche des investissements qui nous permettraient de lancer de grands travaux structurels et de créer des emplois plus productifs de richesses.

L’idée de réduire le nombre de fonctionnaires alors qu’ils sont notoirement trop nombreux n’est pas sacrilège. C’est même la seule solution au problème du coût de la fonction publique, car une diminution du nombre faciliterait une hausse des traitements. Il est devenu impératif de corriger une complaisance qui nous coûte très cher et que rien ne justifie. Ne pas remplacer une partie des fonctionnaires qui partent à la retraite n’est donc pas une mesure discriminatoire, c’est commencer à introduire un peu de bon sens dans une gestion qui continue à nous valoir les blâmes de Bruxelles, et à juste titre. Mais même en pratiquant le un sur deux, ça ne sera pas suffisant. La solution passera aussi par un retour aux 39 heures, vraie mesure décisive qui permettrait d’en réduire le nombre de façon drastique, soit 500 000 sur un quinquennat. Notre Sapin-les-bas-roses, pseudo Ministre des Finances, peut toujours se réjouir des progrès de la France dans la résorption des déficits structurels qui sont des résultats en trompe l’oeil  alors que nous bénéficions d’une baisse des taux qui nous permet d’emprunter à un taux dérisoire ou presque nul, la Commission européenne continue de nous pointer du doigt en signalant que nous faisons partie du peloton européen des mauvais élèves, au même titre que l’Italie ou le Portugal.


L’État a négocié avec les organisations syndicales le montant de la revalorisation de l’indice à 1,2% ce qui coûtera 2,5 milliard d’euros que nous nous empresserons d’emprunter sur les marchés de capitaux, puisque les caisses sont vides. Il n’a pas pour autant contenté les syndicats qui exigent un rattrapage pour les cinq années sans augmentation ! Emmanuel Macron a évidemment trouvé cette revendication excessive, et pour cause !  Éric Woerth, le spécialiste budgétaire des Républicains, a jugé la démarche gouvernementale « infinançable ». François Hollande, qui a voulu rallier la droite à son projet de loi sur le travail, avant de reculer devant la menace de la rue et d’amender son projet de façon qu’il soit un peu plus acceptable pour la gauche, cherche maintenant à réconforter les fonctionnaires, son électorat naturel. Une manigance politique évidemment. Mais qui sert à quoi ? On va dépenser 2,5 milliards d’euros qu’on n’a pas, ce qui n’est pas rien pour une augmentation de 20 balles par tête de pipe pour soutenir la consommation : tout juste de quoi s’acheter une liquette … fabriquée en Asie ! Macache pour l’emploi en France !


MACRON, LE VOLTIGEUR DE LA GAUCHE CAVIAR

Macron enjoleur
 

L’homme est jeune, indépendant, neuf en politique. Il a la tête bien faite, l’empathie naturelle et il apprend vite. Il présente bien, a le col de chemise impeccable, même sans cravate. Il se veut affranchi des partis politiques, et cultive la parole libre dans un climat de discrédit généralisé de la parole politique. Bref, il apparaît fringant dans un quinquennat à bout de souffle. Il n’en fallait pas plus pour qu’il devienne le chouchou des médias toujours à la recherche d’un « bon client ». Il séduit ceux qui rêvent d’un renouveau en politique et en même temps il agace ceux qui décèlent en lui les vieilles ficelles de l’ambition. Et d’ambition, notre jeune ministre n’en manque pas. Il a d’ailleurs suffi de quelques sondages pour que « l’homme pressé de Bercy » pense qu'il est réellement populaire et pour qu'il se mette en avant pour l'échéance de 2017 faisant même planer le doute sur une éventuelle candidature. Jamais avant lui un inconnu du grand public n’était entré dans le cercle des « présidentiables » en un an. Il bénéficie pleinement de l’engouement pour la nouveauté dans un environnement usé par les échecs et le pouvoir.

Un « diseux » plus qu’un « faiseux ».

Le Ministre des finances aimerait incarner une forme de synthèse idéologique confinant au libéralisme intégral aussi bien en économie que politique et sociétal. A chaque apparition, il décline méthodiquement une doctrine de la réforme avec un goût de la provocation qu’il ne dissimule plus. A l’automne les médias n’avaient d’yeux que pour ce premier de la classe à l’aisance intellectuelle dévoilant les grandes lignes de sa loi Macron 2… qu’on attend toujours. Il n’avait pas hésité, auparavant à ébranler les totems d’une gauche engoncée dans ses vieilles certitudes et ses principes souvent dépassés : il s’en est pris aux 35 heures, s’est dit favorable à la rémunération au mérite dans la fonction publique, a osé revendiquer un libéralisme de gauche. Ce jour-là il décrivait soigneusement les fonds de pensions qu’il souhaitait pour financer les retraites et permettre à tout un chacun de se constituer une rente, tout en apportant un vrai moyen d’apporter aux entreprises une source d’investissement sur le long terme. L’ancien banquier sait de quoi il parle. Il sait aussi que ce faisant il agite un chiffon rouge. C’est bien là le problème : il parle, mais tous ses projets sont retoqués et ses bonnes idées ne passent pas les limites de l’enceinte parlementaire où elles sont systématiquement mises au rebut par une majorité rétive. Pour l’instant son bilan se limite à l’ouverture de lignes d’autocar. Il a, aux yeux de « l’ancien monde » comme il dit de Cambadélis, la tache originelle de l’univers que François Hollande présentait comme son « véritable adversaire, le monde de la finance » et dont il est issu. La banque Rotschild n’était pas un handicap pour Pompidou, elle pourrait être un obstacle de taille pour Macron.

Il faut aussi connaitre les Français.

C’est que l’élection présidentielle est exigeante. Il ne suffit pas d’avoir une vision de la France. Il faut aussi connaître les Français. Il est étonnant qu'un garçon aussi brillant confonde la popularité dans les sondages et la mousse médiatique parisienne avec la popularité réelle de terrain. Si Emmanuel Macron, inconnu du grand public il y a encore quelques mois, est populaire aujourd’hui c’est sans doute parce qu’il incarne par son discours le réformisme qui est dans l’air du temps. Il ne peut pas compter que sur la révolution digitale pour aller à la rencontre du peuple. Si les Français sont fatigués de ces campagnes artificielles dans lesquelles des cars de militants convaincus vont de meeting en meeting applaudir les mêmes personnes et les mêmes discours, il n’en demeure pas moins qu’un minimum de structure d’appui est nécessaire. C’est pourquoi, bien que déconnecté de tout parti, il lance depuis quelques semaines ses filets pour se constituer des réseaux. Il choisit de faire la « une » de l’Express le jour de la mobilisation contre la loi El Khomry. Il y tient un discours sur la réforme qui le conduit à revendiquer et à expliquer les deux mesures qui ont mis le feu aux poudres et sur lesquelles l’exécutif est revenu depuis. En même temps il lance un mouvement, installe des groupes de travail, compense ses positions libérales par un positionnement marqué à gauche sur les questions sociétales… Manifestement, il se prépare. Et il va vite. Il entend profiter de l’espace que la fragilité du gouvernement où il agace de plus en plus, ouvre devant lui. Côté finances, il a le soutien d’Henry Hermand, le riche homme d’affaire qui veut faire de lui un président. Récemment un collectif « Les jeunes avec Macron » a été mis en place revendiquant 3500 adhérents.

Le plus dur reste à faire. 

Prouver que l’astre Macron n’est pas une étoile filante et que son projet ne se résume pas au seul mot de "renouveau", ce n’est pas une mince affaire. Il anticipe une recomposition entre une gauche réformiste et une droite modérée, ce vieux fantasme qui hante la politique française depuis que le centre existe. De là à en faire une réalité, la route peut être longue. Pour l’instant il nous chante en sourdine : « Si j’étais président… ». Une chose est de bâtir une popularité, mais croire que l’homme providentiel existe, c’est un piège dans lequel il lui faudrait éviter de tomber. Surtout que cette popularité lui est acquise plus à droite qu’à gauche. Une opinion n’est jamais un vote, il ne faut pas confondre, même quand on a la tête du gendre idéal et qu’on connait par cœur les répliques des « Tontons flingueurs ». Et il se pourrait bien que plus tard, ce soit un autre air qu’il entonne : « Je m’voyais déjà … »

 


LA PRIMAIRE DE LA DROITE : LE TROP PLEIN ?

Primaire à droite

 

EMBOUTEILLAGE PLACE DES PRETENTIONS

La primaire de la droite était initialement prévue pour éviter la multiplication des candidatures à la présidentielle. Il n’était pas prévu que les candidats à la candidature seraient aussi nombreux : on est rendu à une bonne dizaine rien que chez les Républicains et la liste n’est pas close, puisque d’autres sont encore annoncées. On s’éloigne de la conception gaullienne qui, selon la formule consacrée, faisait de l’élection suprême « la rencontre singulière d’un homme et d’un peuple », une alchimie qui s’élaborait en dehors des partis, même s’ils pouvaient y contribuer. De fait, la cohue qui s’annonce risque bien de nous cacher le « grand homme », s’il y en a un parmi elle. Ce qui a fait dire à un ancien ministre, qui s’amusait un peu en forçant le trait, que la primaire « ressemblait davantage à un mode de sélection des nains de jardin qu’à une propédeutique à l’exercice de la magistrature suprême. »

N’est pas « présidentiable » qui veut.

Chacun sait bien que face à chaque candidat, on se pose vite la question : « est-ce qu’il (elle) a la carrure pour endosser le costume noir à plastron blanc barré par le ruban rouge de la Légion d’honneur ? » On attendra en effet d’un futur président des capacités qui en font une personne exceptionnelle. A deux titres au moins : une capacité à faire bifurquer le cours de l’Histoire à partir d’un grand dessein, une aptitude à incarner la nation dans toutes ses composantes, dans ses valeurs comme dans son histoire. C’est à lui qu’on va confier la direction des armées et le droit de déclencher la bombe atomique. Les responsabilités du chef de l’Etat sous la Vème République sont écrasantes. Elles ne peuvent être confiées à n’importe qui, et quand cela arrive comme depuis 2012, on voit les dégâts. C’est pourquoi les Français sont toujours à la recherche de l’Homme (ou la femme) providentielle, parce qu’ils savent que le navire France est d’un maniement très difficile et qu’il ne peut être confié qu’à un pilote chevronné. C’est pourquoi aussi, le renouvellement à ce poste est si difficile, tant il est compliqué de donner leur chance à de nouvelles têtes. Devenir présidentiable, c’est un aboutissement, c’est le bout d’un long chemin, d’un parcours où l’expérience accumulée garantit un exercice du pouvoir à la hauteur. Le contre-exemple de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault, jamais ministres avant d’être propulsés à l’Elysée et à Matignon ne peut qu’encourager la méfiance envers les novices. L’élection du président de la République au suffrage universel a été adoptée par deux fois par referendum dans notre Histoire, et les Français aiment ça. C’est d’ailleurs le seul scrutin où ils se déplacent en masse.

« La candidature à la candidature » n’est pas assez prise au sérieux.

Cette multiplication des candidatures au sein même du parti Les Républicains confine au ridicule. Elle nuit à l’image souhaitable que doit avoir une telle consultation. Il s’agit de sélectionner « le candidat(e) » qui sera le meilleur pour représenter la droite et le centre au printemps 2017. Ce n’est pas « un concours de beauté », comme l’a raillé Laurent Wauquiez. Trop de candidats entrent en lice pour d’autres motifs que la magistrature suprême à laquelle ils ne peuvent sérieusement prétendre. L’un veut affirmer une ligne politique comme Jean-Frédéric Poisson, du Parti Chrétien-Démocrate, l’une veut se venger ou barrer la route à un adversaire comme Nadine Morano qui fait une fixation contre Nicolas Sarkozy, une autre veut faire valoir sa différence comme NKM ou représenter sa famille si Michèle Alliot Marie se décide, un autre encore tente de reprendre le chemin d’un rêve brisé comme Jean-François Copé. Ces prétendants sont-ils en mesure d’aller jusqu’au bout ? Heureusement non ! Car les conditions sont draconiennes : pour figurer dans la liste finale qui sera validée en septembre, chacun devra réunir les parrainages de 2500 adhérents répartis sur 15 départements et le soutien de 250 élus répartis dans 30 départements, sans compter celui de 20 parlementaires, sachant qu’un député ou un sénateur ne peut soutenir qu’un seul candidat. Espérons qu’ils se concentreront sur les favoris (on les connait) pour limiter à quatre ou cinq les candidats au sein du parti Les Républicains, auxquels pourront s’adjoindre un ou deux autres issus des partis partenaires et qui ne sont pas soumis à ces règles de parrainage.

Faire barrage à la démagogie.

François Hollande est broyé par la démagogie de sa campagne de 2012. Sa présidence est marquée par la faiblesse du leadership, le décrochage économique, la montée du Front National et la perte d’influence en Europe et dans le Monde. Si les primaires fonctionnent bien, il ne faut pas qu’elles nous entraînent dans le même piège. Au contraire, elles peuvent être l’occasion de sélectionner celui qui devra relever le pays. Parmi les prétendants, déclarés ou non, il y en a bien deux ou trois qui peuvent y prétendre : Alain Juppé, François Fillon, Nicolas Sarkozy, peut-être Bruno Le Maire dans le rôle de l'outsider.. L’élection présidentielle est le pivot de la politique française. Il faut qu’elle soit en 2017 le tremplin du renouveau si nécessaire de la France. Celui qui sera élu devra appliquer une thérapie de choc à l’économie, en libérant la capacité d’entreprendre, en réduisant drastiquement les impôts sur le travail et le capital, en assouplissant le code du travail, en augmentant la durée du travail, en détendant les seuils sociaux… Il devra en même temps investir massivement dans l’éducation, la sécurité intérieure et extérieure… et apaiser les tensions de la société française tout en la faisant réellement entrer dans la troisième révolution industrielle. Ce n’est pas seulement le choix d’une personne, mais celui d’un système de gouvernement qui s’appuie sur la vigueur des institutions de la Vème République.  Mais plus qu’un programme aussi bien élaboré soit-il, il nous faudra un visionnaire capable de penser par lui-même et de forger une idée du monde à long terme pour la proposer au peuple. Ainsi, d’une arène politique où les ambitions personnelles priment souvent sur l’intérêt collectif, la primaire peut être l’occasion de révéler le talent, la dimension, la hauteur de vue et jouer ainsi son rôle de machine à sélectionner. Sinon, elle n’aura été qu’une machine à diviser, un bal des prétendants qui concentre les guerres d’égo…. avec les conséquences que l’on peut imaginer.

 


C’EST DIMANCHE, ON S’DETEND !

Franchir le Rubicon

FRANCHIR LE RUBICON

Expression qui s’impose cette semaine avec la multiplication des annonces de candidatures à la primaire de la Droite et (peut-être) du Centre . Il est bien possible qu’elle s’applique aussi à Manolito face aux contestataires avec sa loi sur le Travail… encore que j’en doute.

A l’instar de Jules César, « franchir le Rubicon » consiste à prendre, en toute connaissance de cause, une décision dont on sait que les conséquences seront décisives et irréversibles. Par extension de sens, l’expression peut aussi vouloir dire : « passer outre… »

Petite histoire de l’importance que peut avoir le franchissement d’un ruisseau.

En 60 av. J.C., Rome est agitée de guerres civiles incessantes. Crassus, Pompée et Jules César forment le triumvirat, déterminés à gouverner la République en s’affranchissant de l’avis du Sénat. Chacun des trois reçoit la gouvernement d’une région. Jules César s’installe en Gaule cisalpine (Nord de l’Italie) et en profite pour faire la conquête de la Gaule. Crassus, quant à lui, est tué à la bataille de Carrhes (Turquie) contre les Parthes en 50 av. J.C. et Pompée est nommé consul à Rome. Celui-ci, jaloux de son pouvoir et suspicieux, interdit à tout général de passer avec ses armées le Rubicon, petite rivière du Nord de l’Italie. En 49 av J.C., Jules César, après avoir prononcé son célèbre « Alea jacta est » (le sort est jeté), franchit le cours d’eau avec la XIIIème légion. Pompée s’enfuit de Rome avec ses troupes. Jules César soumet l’Italie puis l’Espagne et rejoint son adversaire en Thessalie (Nord-est de la Grèce). Pompée est défait à la bataille de Pharsale et s’enfuit en Egypte où il est assassiné peu de temps après.

NKM a « franchi le Rubicon » la semaine dernière. On ne sait pas si elle a prononcé la formule consacrée : « alea jacta est ».

 


LE RETOUR DES BRAILLARDS

35 heures 2

Mercredi fut une journée à marquer d’une pierre blanche : c’était pourtant du grand classique de la manif’ avec tout ce que la gauche paléotlithique compte de sicaires, du psychorigide Mailly de FO au moustachu plexygladtzien Martinez de la CGT en passant par tout ce que la gauche de la gauche peut aligner, les grognons frondeurs Paul et cie du PS, Mélenchon évidemment et les débris du NPA… Que c’est drôle de voir tous ces gens hurler contre le gouvernement… de gauche ! Il y a de quoi rire, mais c’est triste à pleurer.

La loi El Khomry : un prétexte.

Il y avait dans les rues de nos villes des cheminots et des agents de la RATP (pour Paris), des salariés d’Air France et de la Poste, des personnels hospitaliers et les porteurs professionnels de banderoles des syndicats protestataires, CGT et FO en tête. Il y avait aussi des gauchistes d’Europe-Ecologie Les Verts, et même des « jeunes socialistes » accompagnés de lycéens et de tout ce que la gauche compte d’organisations sœurs. Il y avait des magistrats du Syndicat de la magistrature ainsi que, des profs (forcément) et des étudiants de l’UNEF. Mais quel intérêt commun ? Beaucoup ont défilé contre le projet de loi El Khomri, que celui-ci puisse ou non avoir un impact sur leur destin, certains défendaient leur pouvoir d’achat, d’autres protestaient contre les suppressions d’emplois… Un melting-pot dont le dénominateur commun trouve sa réponse dans le quinquennat hollandais. Et les gens de gauche ont de quoi être mécontents quand on a cru aux promesses de « réenchantement » de la France, aux deux ans d’efforts suivis de trois ans de récompenses. C’est le peuple des grugés qui subissent la hausse du chômage et les hausses d’impôts. Hollande paie pour ses mensonges. Mais ceux qui n’attendaient rien de lui sont restés à l’écart.

Malheureusement le gouvernement va bouger dans le mauvais sens.

Les cortèges de manifestants avaient beau être moins nombreux qu'attendus, quelques dizaines de lycées bloqués…  si le gouvernement ne crie pas victoire, son soulagement est perceptible. La première journée de contestation contre la loi El Khomri réformant le droit du travail n’aura pas été le raz-de-marée annoncé notamment par les réseaux sociaux. Ce qui est certain, c'est que ce premier mouvement est suffisamment conséquent pour obliger le gouvernement à bouger sur la loi, car l’exécutif voudra désamorcer le vrai test que constituera la mobilisation prévue le 31 mars prochain. La loi El Khomri ne sera donc pas la grande réforme de la loi du Travail qu'on attendait. Elle est déjà suffisamment timide, mais face à la grogne de la gauche de la gauche, aux manifestations, aux pétitions en ligne, le gouvernement va reculer en modifiant  ou rajoutant quelques mesures qui ne changeront rien à la donne ou qui compliqueront un peu plus la vie de nos entreprises.

Martine, Martinet, Martinez…

On a envie de chanter sur l’air de Brel « Rosa, Rosa, Rosae… », les noms des trois dinosaures qui font la une contre la réforme du code du travail. Ils se déclinent comme des cas latins (enfin pour ceux qui connaissent encore quelques rudiments de cette langue), mais des cas, ils en sont dans un autre ordre d’idées : leur argumentation sonne comme une cloche mille fois entendue. Le modèle social qu’ils défendent est plutôt un modèle d’échec. Peu leur chaut qu’il produise depuis quarante ans le même résultat : toujours plus de chômeurs, toujours plus de jeunes à l’écart, … ils entonnent les mêmes refrains. Peu leur importe que nos meilleurs économistes les contredisent, de Jean Tirole notre Prix Nobel à Philippe Aghion, pour ne prendre que les plus incontestables, ce sont des iconoclastes face aux vérités imposées par l’idéologie. Martine, l’amère de Lille joue un drôle de jeu et n’en finit pas de ruminer sa défaite à la primaire socialiste ; la vengeance étant un plat qui se mange froid elle trouve là l’occasion de nuire à un Premier Ministre qu’elle abhorre. Martinet, pur produit de la pouponnière du PS qu’est l’UNEF, cet étudiant de 27 ans et (déjà !) licencié est censé poursuivre des études en master  « d’économie sociale et solidaire » (évidemment) ; mais que sait-il de la vraie vie dans une entreprise lui qui n’y a certainement jamais mis les pieds ? De toute façon, ce n’est pas le sujet, sa carrière est toute tracée s’il réussit son coup : au pire apparatchik au PS, au mieux assistant parlementaire pour être un jour député, et qui sait un jour peut-être Premier Secrétaire… Quant à Martinez, c’est le pur bolcho sorti de la glacière du PC, brut de décoffrage ; le temps n’a pas eu de prise sur son argumentaire à toute épreuve directement sorti des stéréotypes de la machine de la place du Colonel Fabien. Normal qu’il soit là.

Les arguments des opposants ont tout faux.

Ceux qui manifestaient hier ont une conception idéologique des relations du travail et font preuve d’une ignorance coupable des travaux des économistes sur ces questions. L’absence de connaissance du monde réel pousse naturellement à se réfugier dans l’éternelle rengaine de la lutte des classes, bien que l’approche soit tout sauf pertinente.  Il y a derrière une conception simpliste de la pensée économique figée sur des théories dépassées, marxiste ou keynésienne, et empaquetée dans des convictions toutes faites. Et comme nous sommes face à un monde complexe, même dans une zone aussi homogène que l’Union européenne, de nombreux travaux ont été menés pour établir des comparaisons afin de comprendre les différences qui existent entre les différents marchés du travail. Chaque pays étant différent, il est facile pour les « simplificateurs » de refuser de regarder ce qui marche ailleurs. Mais depuis quinze ans au moins, l’économie se transforme grâce aux ordinateurs et aux innombrables données qu’ils peuvent traiter.  C’est pourquoi on peut affirmer sans se tromper que la « protection réduit le niveau d’emploi dans les Etats qui l’ont mise en place, avec un impact plus important sur les femmes et sur les peu qualifiés ». La législation contraignante dont la France s’est fait une spécialité est défavorable à l’emploi, en particulier pour les personnes dont l’insertion dans le marché du travail est la plus difficile : les jeunes, les femmes et les plus âgés. La loi travail de Myriam El Khomry ne créera pas forcément des emplois, mais elle devrait avoir un impact pour ouvrir le marché du travail, notamment pour une entrée plus facile des jeunes.  Il parait que 70% des moins de 35 ans sont opposés à la loi ! Un échec pour le gouvernement dont l'objectif prioritaire est de favoriser l'embauche des jeunes en assouplissant le CDI. Rappelons quand même que le chômage des jeunes actifs est à 25 % et qu'aujourd'hui, un jeune obtient son premier CDI à 27 ans. 85 % des embauches se font aujourd'hui en CDD. Alors, surtout, ne changeons rien !

Et pendant ce temps-là, Bruxelles presse la France de réformer davantage. Notre pays figure, avec la Croatie et le Portugal, parmi les trois états membres de l'UE épinglés pour leurs déficits et leurs déséquilibres excessifs. La Commission enjoint Paris de poursuivre ses réformes, en particulier la loi El Khomri. Qu’est-ce qu’on lui dit à la Commission, que c’est bien mal parti ?

 


L’ETAT FORT DE JUPPE

Alain Juppé Pour un Etat fort001

 

J’ai enfin fini le livre d’Alain Juppé « Pour un Etat fort ».

Sur le contenu, rien à dire. Ce n’est pas sur le « régalien » qu’on pourra le prendre en défaut. Car c’est bien de fermeté et d’autorité dont il est question. Si le ton est modéré, les propositions sont claires et précises. Ceux qui voudraient l’afficher en candidat mou et laxiste en sont  pour leurs frais, en tout cas sur ce qui touche au périmètre de l’Etat.

Fermeté, donc !

Et d’abord pour lutter contre le terrorisme. Il propose de renforcer le renseignement, en particulier le « renseignement territorial », qui lui paraît être le parent pauvre des politiques menées ces dernières années. Il pense aussi au volet pénitentiaire, car il ne lui a pas échappé que les prisons étaient devenues des lieux de radicalisation.  Pour faire face et renforcer le pouvoir des gardiens, il souhaite créer une « police pénitentiaire » dont le rôle serait de renseigner et lutter contre les dérives des détenus. Pour compléter le dispositif, il faudra évidemment « négocier un nouveau traité Schengen ».

La fermeté, il l’exprime aussi dans son souci de simplifier la procédure pénale, de supprimer les remises automatiques de peine et le retour des peines-planchers, de construire  10 000 places de prisons supplémentaires (dans un premier temps), pour rendre efficiente l’application des peines.

Et pour l’immigration aussi !

Quant à l’immigration, Alain Juppé est pour l’adoption d’un plafond annuel voté par l’Assemblée tout en instaurant un système de points pour affiner les profils et choisir ceux qui conviennent le mieux aux besoins de notre pays. Autre mesure de bon sens : conditionner le regroupement familial à l’exercice d’un emploi. Il voudrait aussi trouver le moyen de mettre fin au détournement du « droit d’asile » par l’accélération des procédures  et le retour de la rétention administrative, il y ajoute la restriction de l’aide médicale pour les étrangers. Enfin, il créerait le délit d’entrave à la laïcité qui donnerait des moyens supplémentaires de se faire respecter aux personnels publics confrontés aux surenchères communautaristes (hôpitaux notamment).

Fermeté sans surenchère.

Voilà un ensemble de propositions qui battent en brèche les procès d’intention qu’on lui fait régulièrement concernant par exemple sa complaisance à l’égard de l’Islam. On est en effet loin de tout angélisme, même si Alain Juppé répugne à la surenchère. Il ne perd pas de vue son concept « d’identité heureuse », en rappelant que la diversité n’est viable que si elle prend en compte les valeurs de la République. Il doit y avoir unité sur le sentiment national, incarné par le drapeau et la Marseillaise !  Tout est dit.  A droite, on ne peut que souscrire !

Un livre fastidieux par moment.

Par contre, sur la forme, le livre se révèle assez ennuyeux à lire, particulièrement toute la partie des témoignages qui amène à des redites et qui est plutôt fastidieuse. J’ai sauté des pages. Bien plus intéressante se révèle la formule d’interview avec Natacha Polony. Mais l’ouvrage aurait pu faire 100 pages de moins sans perdre de sa substance. Je comprends le souci pédagogique de présenter les propositions comme le résultat d’une concertation. Mais on touche là aux limites de l’exercice, la formule pouvant paraître même artificielle. De même, la synthèse des propositions, à la fin, n'est pas mise en valeur par la présentation typographique. Dommage.

On retient de cette lecture courage et fermeté.

De la part du Maire de Bordeaux, ce n’est pas surprenant, enfin, pour ceux qui le connaissent un peu. Voilà de quoi rassurer le bon peuple de droite en mal d’autorité par ces temps de laxisme et d’amateurisme à la tête de l’Etat. On n’aura donc aucun mal à voter pour lui. Pour certains ce sera dès la primaire. D’autres attendront peut-être le vrai scrutin si c’est Alain Juppé qui est désigné. Ils n’auront alors aucune raison de retenir leur vote.

 


LE PS A BESOIN DE FAIRE SON « BAD GODESBERG »

VALLS 2014

Le Parti Socialiste de François Mitterrand né du Congrès d’Epinay en 1971 est mort. Avec la charge de Martine Aubry contre la politique Hollande-Valls, le départ annoncé de ses partisans du bureau politique, la rupture est consommée. Avec les  manigances des frondeurs qui se sont rallié les satellites que sont l’Unef chez les étudiants et la Fidl chez les lycéens pour les jeter dans la rue, c’est un front qui s’est ouvert entre deux gauches. Le moment de clarification est arrivé, et le locataire de l’Elysée aura bien du mal cette fois-ci à faire la « synthèse ». 

Il faut en finir avec la gauche archéo-socialiste du "programme commun".

L’intérêt du texte de « l’amère de Lille », n’est pas seulement dans la violence du propos, qui vise tout particulièrement Manolito, mais aussi et surtout dans l’éclairage qu’il donne de la vision de l’économie et de l’entreprise de cette vieille gauche qui n’apprend rien de la réalité : l’entreprise reste, sinon l’ennemie de classe, du moins l’adversaire selon la doctrine marxiste « du lieu d’extraction de la plus-value », autrement dit de « l’exploitation de l’ouvrier ». Pour elle, le capitalisme est de plus en plus dur et il ne peut y avoir de compromis : on ne pactise pas avec le capital car c’est un pari perdu. Avec à la clé, les arguments traditionnels que l’on peut énumérer tels que les salaires sont à la baisse, les conditions de vie s’abiment, les riches sont de plus en plus riches… Les rapports sociaux ne sont pas un dialogue, mais un combat. La lutte des classes…

Cette vision négative, particulière au réduit français, trouve quelques échos ailleurs dans le monde développé, profitant des soubresauts provoqués par la transformation de l’économie sous l’effet de la troisième révolution industrielle, mais fait fi des réalités que sont le recul de la pauvreté sur la planète et de la misère bien plus grande des rares peuples où sévit encore cette doctrine dans toute sa cruauté, comme en Corée du Nord. Et si le capitalisme est si dur que ça, la France est encore un mauvais exemple car il y est rudement ficelé par cette sorte de « communisme mou » qui se mesure à des dépenses publiques qui pompent 57% du PIB, aux inégalités qui y sont contenues et à la protection des salariés qui y est forte. Et si l’on connait un chômage à 10% c’est bien spécifique à notre pays, et c’est bien à cause de l’ensemble des coûts, des lourdeurs et des retards à réformer. Cette vieille gauche développe un autre argument, en ligne avec la doctrine : l’Etat est plus intelligent que la bourgeoisie et est mieux capable de gérer l’économie, donc les entreprises.  On ne peut pas faire confiance à la société civile. Rappelons-nous Montebourg et son « redressement productif » !  Or la société civile montre des signes de dynamisme dont l’Etat ferait bien de s’inspirer, toujours en retard d’une guerre, toujours dans la « demande » alors qu’il faudrait stimuler « l’offre »… Elle se trompe aussi sur les patrons. Ce sont les manœuvres de la Maire de Lille et les discours antiéconomiques des frondeurs qui ruinent la confiance dont ils ont besoin pour prospérer et pour embaucher.

Un « Bad Godesberg » à la française devient urgent.

Il y a quarante ans, en novembre 1959, au Congrès de Bad Godesberg (Rhénanie), le parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) abandonnait deux points clés de sa doctrine: l'étatisation des moyens de production et la lutte des classes. C'était l'aboutissement d'une évolution commencée soixante ans plus tôt. Mais aussi une adaptation à la nouvelle réalité allemande d'après-guerre et une nécessité pour espérer représenter une alternative crédible à la CDU (Union chrétienne démocrate) de Konrad Adenauer, alors incarnation du renouveau de l'Allemagne démocratique.  La mue sociale-démocrate en Allemagne est très ancienne comme on le voit. Ce congrès traduisait la victoire des réformistes sur les doctrinaires marxistes. Ce que nous n’avons jamais connu en France, puisque le congrès d’Epinay qui a vu la naissance d’un PS moderne en 1971, en remplacement de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), ne rompait pas vraiment avec le marxisme pour déboucher sur le « programme commun »  avec le PCF dix ans plus tard. La grande fracture Aubry-Valls est là. Le mal est d’abord français, réformons, dit Valls ! Le temps de la mue réformiste serait-il advenu ? Rien n’est moins certain. Il ne suffit pas d’avoir « une vision moderne de la gauche », les programmes figés dans le temps issus de 1981 des « dinosaures » sont encore bien vivants. La tentative de l’exécutif d’imposer une ligne « sociale-démocrate » se heurte à la résistance de la gauche paléo-socialiste de la génération Mitterrand, qui peut, pour la circonstance, se coaguler pour faire face. A la longueur des défilés on verra si elle est en mesure de bloquer l’évolution pourtant indispensable. Car, en effet, ça n’est pas gagné pour les réformateurs qui sont relativement minoritaires dans leur camp. Ceci explique leur souhait d’une « recomposition » pour trouver des troupes au-delà de leur propre parti.

Pourtant l’exemple de Peugeot leur donne raison. Le préalable à tout regain de l’économie française est le retour à la compétitivité. Peugeot apporte la démonstration de l’efficacité de la politique de « l’offre ». Chez PSA, celle-ci a fait souffrir les salariés, avec la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois, le gel des rémunérations pendant deux ans, la suppression de 17 000 emplois sur 120 000. Mais cela a payé : le groupe a retrouvé une bonne rentabilité avec deux ans d’avance sur son plan, il repart de l’avant, il vient d’offrir une prime de résultat équivalente à un bon mois de salaire à ses salariés… Et il est le groupe qui fabrique le plus en France ! Ce qui est vrai pour Peugeot peut l’être pour le pays tout entier. Mais Peugeot ne va pas embaucher de sitôt en France. Pas tant que le contexte sera celui que l’on connait, en coûts, charges, durée du temps de travail, législation … Mais le groupe est sauvé et il peut engager une croissance qui apportera directement ou indirectement des bénéfices à la France. Il faut souhaiter que les « sociaux libéraux »  du PS réussissent. Car, tant que la vieille gauche dominera, avec son pouvoir de nuisance et son ignorance crasse des rouages économiques, les réformes seront périlleuses à mettre en place. Il suffit de voir la levée de bouclier que suscite le projet de loi El Khomry dont les avancées timides de réforme du marché du travail sont le dixième de ce qu’il faudrait faire. Si la vieille gauche l’emporte, on imagine la violence de l’affrontement en cas de retour de la droite au pouvoir, avec les propositions qu’elle formule aujourd’hui. Elle aura intérêt à remporter une victoire nette et à profiter du moment de « sidération politique » qui suit l’élection pour agir.

On aura certainement l’occasion de revenir sur le sujet dans les jours ou semaines qui viennent, tant il y a à dire. Sur ces jeunes aux idées de vieux qui récitent des slogans tout faits, sur ces politiques qui font l’impasse sur ce que disent nos plus éminents économistes, sur ces syndicalistes qui disent non avant même d’avoir examiné un projet… Portrait édifiant d’une France qui perd !

 

LE XXIème SIECLE EST UNE PROMESSE

Internet

 

Eh bien non, l’avenir n’est pas lugubre !

L’économie mondiale a de beaux jours devant elle. Ses deux moteurs, la démographie et le progrès technique, vont nécessairement déboucher sur une période de prospérité. La population mondiale va passer de 6 à 10 milliards d’habitants ce qui ne peut qu’augmenter la demande qu’il faudra satisfaire. Quant à la technique, avec l’économie numérique, elle va apporter des réponses qui vont bouleverser les services, la production des biens d’équipement, et concerneront aussi des secteurs vitaux comme la santé et l’éducation. Ce n’est pas un hasard si les entreprises multimilliardaires sont issues du numérique comme Amazon, Facebook, Google… et portent la croissance de la bourse américaine. C’est un bouleversement du temps et de l’espace qui met déjà à la portée du consommateur mondial le marché de la concurrence, universel et instantané. Nous sommes entrés dans le monde du XXIème siècle qui est un monde de demandes et d’offres mondiales.

Les turpitudes du monde actuel nous empêchent de voir la réalité.

La politique des banques centrales, la croissance chinoise et la stratégie des saoudiens sur le marché pétrolier obnubilent les observateurs. Or on s’aperçoit que la marge de manœuvre des banquiers centraux devient nulle,  que les marchés fantasment sur l’effondrement de l’économie chinoise qui en fait se stabilise en changeant logiquement de modèle de croissance,  que les bourses s’affolent au moindre écart du prix du pétrole provoqué par la volonté du régime saoudien de tuer l’ours russe, le revenant iranien et l’ami américain. Chacun de ces phénomènes connaitra sa fin même s’ils créent des désordres non négligeables actuellement, comme le montrent l’essoufflement des locomotives mondiales Etats-Unis et Chine, la panne de croissance des BRICS (Brésil, Russie…), l’atonie de l’Europe qui doit se débattre avec les migrants et le Brexit… Et les marchés toujours myopes et abreuvés par la sorcellerie financière, ne voient plus les fondamentaux décrits ci-dessus.

La troisième révolution industrielle.

Depuis les années 80, nous sommes en train de vivre une nouvelle révolution qui a commencé à transformer, d’abord modestement puis de plus en plus rapidement toutes nos activités. On nous annonce, comme toujours, les catastrophes que produiront les effets de la digitalisation et de la robotisation sur la croissance et l’emploi. Et pourtant, il y a gros à parier, que cette troisième révolution, s’appuyant sur les fondamentaux du monde, population associée au progrès technique, loin de détruire l’emploi et la croissance, débouchera sur une longue période de prospérité. Elle repose sur de nouvelles sources d’énergie verte telles que l’éolien, le photovoltaïque, la géothermie, la pile à hydrogène, les hydrates de méthane… qui s’organiseront en réseaux de production de stockage et de partage. En même temps, les formes de communication avec le web, permettent de relier le monde entier rendant possible une nouvelle organisation de la vie économique en « réseaux collaboratifs », et les applications Uber, bla-bla car, Airbnb n’en sont que les prémisses.  Le miracle de l’économie numérique se résume en deux formules : « coût marginal zéro »  et « économie du partage ». Le premier permet de tomber dans l’univers du « gratuit »  comme on le voit déjà pour la musique et les logiciels, et on peut imaginer ce que les imprimantes 3D vont pouvoir faire pour les objets matériels. La seconde avec les financements participatifs et les « plates-formes » à l’exemple d’Uber, ouvrent des horizons inédits qui feront disparaître la « rareté » dans presque tous les domaines économiques, comme l’imprimerie l’avait fait pour le livre. L’élévation du niveau de vie dans les pays émergents permet d’anticiper la constitution d’une classe moyenne mondiale passant de 1,8 milliard de personnes à 4,6 milliards au début des années 2030. La population mondiale à moyen et fort pouvoir d’achat passerait de 2 milliards d’individus à 5 milliards, correspondant à l’offre de nouveaux biens et services en train d’émerger.

L’ubérisation du monde est une chance.

Les innovations technologiques ne vont pas anéantir le travail salarié et la croissance. Certes de nombreuses tâches répétitives sont digitalisables, et c’est tant mieux. Mais il s’en faut de beaucoup que tous les métiers le soient. On estime que 45% des tâches pourront être automatisées dans un avenir proche, mais seulement 10% des métiers, ce qui rassure sur la pérennité du travail. Cela ne veut pas dire que tout est simple : un manque de formation et d’adaptation des individus au marché, le manque de flexibilité a pour conséquence la montée du chômage dans les pays qui ne s’adaptent pas. C’est ce que connait la France aujourd’hui. Mais le problème n’a rien de structurel ni d’irréversible… enfin pas tant que nous aurons les guignols actuellement au pouvoir. Ils ne peuvent empêcher les innovations technologiques de s’imposer, comme on le voit avec le conflit entre les taxis et les VTC d’Uber.  Et on aurait bien tort, car ce sont les innovations qui tirent la croissance, ce sont elles qui nous tentent par des produits nouveaux, mais qui détruisent aussi au passage des emplois « dépassés ».  Le progrès technique ne détruit pas l’emploi mais le transforme. Il ne sert à rien d’entraver la progression de l’économie des « plates-formes » telles qu’Uber. Car les « plates-formes » vont apporter des gains gigantesques d’efficacité. Il faut les encourager. Nous devrions suivre l’exemple américain qui passe du statut de superpuissance à celui de cyberpuissance. Il y a urgence pour nous d’avoir une politique fiscale, industrielle pour ne pas nous faire voler toutes nos mémoires et leur valeur, mettre en place les machines équivalentes, les programmes, la recherche, et avec eux, les emplois. Or, la politique numérique de l’Union en est encore au bricolage.

La feuille de route des politiques.

Elle devrait être claire : accompagner la transformation des emplois ! C’est le seul moyen de conjurer les peurs françaises qui ne correspondent pas au monde réel. D’ailleurs dans toutes les économies développées le chômage diminue grâce à l’alliance de la flexibilité du marché du travail, d’un système de formation performant et d’une politique macroéconomique orientée vers la croissance. La France est à l’écart avec ses blocages et sa gauche encore dominée par le marxisme. Il n’y a pas de fatalité au chômage, il n’y a que de mauvaises politiques. De nombreux pays européens flirtent avec le plein emploi : l’Autriche (45% des jeunes passent par l’apprentissage), le Danemark, le Royaume-Uni, et de nombreux landers allemands. Ce plein emploi ne s’accompagne pas, comme on voudrait nous le faire croire, d’un accroissement des inégalités et de la pauvreté. L’emploi est potentiellement illimité, mais il est rendu rare par les obstacles que l’on met devant lui. Particulièrement en France : le chemin vers la lumière passe par la réforme du marché du travail, la déconcentration de l’Education nationale, la réduction du périmètre des actions de l’Etat, et sans sombrer dans le libéralisme (mot honni chez nous alors que nous l’avons inventé), libérer l’économie des boulets qui l’empêchent de progresser en baissant les prélèvements obligatoires (45% du PIB), la dépense publique (57,5%) et alléger la bureaucratie législative et réglementaire. La mutation économique doit conduire à une évolution du droit social de même ampleur, en n’oubliant pas que le droit est d’abord là pour protéger le salarié. Les citoyens sont beaucoup plus prêts aux réformes que ceux qui les gouvernent, ils évoluent plus vite que la classe politique. La French Tech est reconnue dans le monde et ne demande qu’à prendre son essor, témoignant de notre capital technologique et intellectuel. Et il existe encore une fraction importante de la population qui croit aux valeurs de la République et est disposée à s’engager pour les faire vivre.

Les clés de l’avenir sont désormais dans la société civile : c’est par la mobilisation des acteurs économiques  que se développera le nouvel entrepreneuriat adapté à la société ouverte. Mais pour cela, il faut désadministrer l’économie, réformer pour ne plus subir. Un programme tout tracé pour les candidats à 2017 !

 


LA PRIMAIRE : LE CREDO DU RENOUVEAU

Primaire à droite

BRUNO LE MAIRE, L’AXE ANTISYSTEME…

Le huitième, mais pas le dernier.

Il a franchi le pas. Personne ne s’est étonné tant c’était attendu : Bruno LE MAIRE est candidat à la primaire de la Droite. Sa thématique, sa rhétorique, son fonds de commerce, son leit-motiv c’est son âge mis en exergue, il incarne le « re-nou-veau » (en trois mots comme en un). On veut bien en accepter l’augure. Vous permettrez qu’on y regarde à deux fois quand même. D’abord parce que son « cursus honorum » est encore un peu court, bien que déjà fourni et prestigieux, pour prétendre au poste suprême. Il fait partie de ceux qui veulent aller vite, mais il va se trouver confronté aux « vieux » qui connaissent mieux le chemin parce qu’ils ont l’expérience.

Un candidat brillant et tenace.

Bruno Le Maire n’en est pas à son coup d’essai. Il s’est déjà rôdé en se présentant à la présidence de l’UMP, devenue « Les Républicains », et a obtenu un score plus qu’honorable face à Nicolas Sarkozy. Depuis il n’a pas dételé et a continué de sillonner la France, multipliant les réunions. J’ai assisté à l’une d’elles pendant la campagne des Régionales. Un bon moment. Il nous a fait rire, ce qui met le public de son côté, il était venu soutenir Bruno Retailleau, mais c’est surtout ses propositions qu’il voulait nous vendre. Et là, rien qui puisse effaroucher un électeur de droite, voire du centre (encore que). Son discours, on le connait déjà par coeur depuis le temps qu’il le récite à tous les échos. Il a quitté la fonction publique, voilà pour l’exemple, il veut se battre parce qu’il aime la France, voilà pour la motivation. Son parcours, sans entrer dans le détail est classique : directeur de cabinet de Dominique de Villepin alors Premier Ministre, Secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes puis Ministre de l’Agriculture. A chaque fois, il détonne par son efficacité, notamment à l’Agriculture, un ministère réputé difficile.

Il doit encore travailler la forme.

C’est certain, il n’a pas la patine des vieux routiers qui gagnent cent voix en serrant cinq paluches. Il voudrait faire naturel, mais son numéro fait encore un peu trop théâtral, au sens « travaillé », bien rôdé. En lisant « Le Point », je découvre qu’il est « cornaqué » par un expert en mise en scène de Théâtre. Ceci explique donc cela. Mais voilà, on voudrait oublier la ficelle sans y parvenir tout-à-fait : se promener au milieu des gens ne rapproche pas forcément. On lui reprochait d’être froid et distant, ce que j’avais constaté lors d’un passage à Beaufort-en-Vallée, et bien il a encore un problème avec la proximité : un défaut qui lui vient probablement de son éducation ou de sa réserve naturelle ou les deux. Voilà quelqu’un qui vous serre la main chaleureusement, mais pourquoi ne vous voit-il pas ? (Je ne suis pas le seul à le dire). Bon, mais il peut encore progresser et ça finira par marcher parce qu’il est sincère. Il faut qu’il perde un peu de « melon » pour reprendre l’expression de Christine Boutin.

Son projet s’inscrit dans la logique de la droite.

Naturellement, on n’attend pas d’un candidat de droite qu’il fasse la révolution. Dans ses propositions, on ne trouve que du déjà connu : suppression de l’ISF, refonte de l’imposition sur le capital, baisse des charges des entreprises sans qu’on sache encore comment, remise au goût du jour du Contrat Nouvelle Embauche, durée du travail négociée en entreprise, refonte du code du travail réduit à 150 pages, report de l’âge de la retraite à 65 ans, plafonnement et dégressivité des indemnités chômage, remplacement de Pôle Emploi par des opérateurs privés, réduction du nombre des fonctionnaire de 100 000 par an pendant dix ans, recours aux contrats privés dans la fonction publique territoriale… Toutes ces idées sont déjà dans l’air et on les retrouve plus ou moins chez ses concurrents. Un point de désaccord : il est pour le non-cumul des mandats, je reste convaincu qu’il faut garder la possibilité de deux mandats local-national au risque de dénaturer la Vème République. Il ne veut pas toucher à la loi sur le mariage pour tous : autre point que je ne partage pas. Je souhaite qu’on revienne à « l’Union civile » et qu’on revoie le texte pour empêcher tout recours à la GPA et à la PMA pour les couples de même sexe.

Les limites de la « table rase ».

C’est un point qui m’agace. J’adhèrerais plus facilement au discours de Bruno LE MAIRE s’il ne mettait pas tout le monde dans le même sac. Il n’est pas vrai que rien n’a été fait depuis trente ans. Il y a eu deux présidents réformateurs dont l’action a été efficace : Valéry GISCARD D’ESTAING et Nicolas SARKOZY. Il n’échappera à personne que ce sont ces deux-là qui ont été confrontés aussi aux pires crises que la France ait rencontrées. Simplement, posons-nous ensemble la question : pourquoi la suppression des 35 heures, la simplification du code du travail, la dégressivité des indemnités chômage,  etc… peuvent être envisagées aujourd’hui ? Tout simplement parce qu’entre temps nous venons de vivre quatre ans d’impéritie de la gauche au pouvoir. Ce qui n’aurait pas été possible hier le devient aujourd’hui. Alors oui, ne pas en saisir l’opportunité serait une grave faute politique et un manque de courage évident.

Bruno LE MAIRE joue à fond la carte de la jeunesse et du renouvellement.

C’est un pari osé dans un pays où les vieux sont ceux qui votent le plus, surtout à droite. Son discours antisystème qui prend des accents Lepeniens peut ne pas plaire à tout le monde. Mais c’est un bon candidat. Certains y verront un grand cru prometteur qui ne demande qu’à s’épanouir. Mais comme tous les grands crus, on aurait peut-être tort de le consommer trop tôt. La campagne dira si sa maturité est suffisante. 

 


C’EST DIMANCHE, ON S’DETEND !

Pacte-avec-le-diable

 

« VENDRE SON ÂME AU DIABLE »

Voilà une bien vieille expression qui trouve son origine dans la bible. Qu’est-ce qui m’y fait penser aujourd’hui ? Vous connaissez la réponse : c’est l’actualité qui me fournit le prétexte : avec sa gauche en déliquescence et son PS en mort clinique, comment « Pépère » peut-il imaginer gagner en 2017 sinon en « vendant son âme au diable » !

Le sens de cette expression.

Vendre son âme au diable, cela consiste à renier ses valeurs, sa dignité, dans l’espoir d’obtenir un bénéfice quelconque en contrepartie. J’ajoute qu’à la fin, c’est toujours le diable qui gagne.

L’incarnation du mal.

Dans la Bible, le mal est représenté sous diverses formes, incarnation de la tentation ou anges déchus. C’est dans le livre de Job qu’il est personnifié sous le nom de Satan. Dans le texte biblique, ce vocable désigne ordinairement un adversaire. Devenu nom propre, c’est un ange, chargé de faire respecter la justice divine sur Terre, mais qui fait preuve d’hostilité envers les hommes pour les empêcher d’arriver près du Seigneur. Par la ruse, il s’ingénie à les faire douter de l’amour et de la confiance divine.

Si le démon n’inquiète pas l’Eglise jusqu’au XIVème siècle, une bulle du pape Jean XXII dénonce tout commerce avec le diable. Le pacte avec ce dernier devient le modèle d’association entre les humains et Satan, dans une société médiévale qui repose sur le pacte féodal. Parmi ses mauvais tours, celui-ci offre à ses victimes consentantes des pouvoirs ou la réalisation de vœux en échange de leur âme, vouée alors à l’enfer.

Diable et littérature.

Ces pactes font trembler l’Eglise au XVème siècle et provoquent la chasse aux sorciers, sorcières, mages nécromanciens. Ils offrent à la littérature un sujet fécond : le « miracle de Théophile » de Ruteboeuf, roman dans lequel Théophile, miséreux, renie sa foi en échange de richesses, en est le modèle, tout comme le « Faust » de Goethe, ce vieux savant qui vend son âme à Méphistophélès pour pouvoir vivre une deuxième jeunesse de débauche.

Mais pour que ça marche, encore faut-il avoir une âme. Ce dont je doute pour le pseudo Faust dont nous parlons !

 


SCHISME AU PS ?

Dessins-35-heures_optimise

 

Les socialistes attendent le retour de Hollande, comme on attend le Messie. « Rain Man », qui profite peut-être, entre deux averses, de ses derniers mois de mandat pour faire à nos frais tous les voyages qu'il rêvait de faire, va  devoir arbitrer entre Valls et Aubry. Nous saurons donc si la loi « El Khomri » va suivre le chemin de la loi Macron, ou si on va avoir, enfin, un début de réforme.

« Pas ça, pas nous, pas la gauche ! » 

Le cri du coeur : Martine Aubry charge sabre au clair! Pas étonnant que la femme qui a légalisé la paresse en France s'offusque de la nouvelle loi sur le travail proposée par Valls, mais c’est surtout un prétexte. L’heure de la grande explication a sonné : la charge de l’ancienne Première Secrétaire et de quelques-uns de ses amis contre l’exécutif est d’une telle violence qu’elle ne peut pas rester sans réponse et ne sera pas sans conséquence. D’ailleurs les menaces que contient le texte au vitriol publié dans le Monde (contre le vote sur la déchéance de nationalité, contre la loi El Khomri, et pour la censure éventuellement… ) sont suffisamment précises pour qu’il soit impossible au gouvernement d’esquiver. Tout le texte est violent : il évoque le quinquennat comme un échec qui conduit à l’ « affaiblissement durable de la France ». Il fait le compte des quatre consultations électorales perdues par la gauche, du pacte passé avec le patronat, le CICE, qui n’a pas créé d’emplois, à quoi il faut ajouter la déchéance de nationalité et, enfin et surtout, la réforme du travail telle qu’elle est exposée dans le projet de loi. La charge contient toute la hargne de l’amère de Lille traduite dans un un aveu inquiétant : « Que le patronat institutionnel porte ces revendications, pourquoi pas ? Mais qu’elles deviennent les lois de la République, sûrement pas ! Pas ça, pas nous, pas la gauche ! ». Tout est dit. Le socialisme archaïque de la lutte des classes vient de parler.

Les masques tombent.

A l'approche des élections de 2017, la gauche entre en guerre avec elle-même : d'un côté le camp des historiques passéistes, de l'autre Les « chevau-légers » du camp des sociaux-démocrates réformistes. C’est un combat historique qui se déroule sous nos yeux éberlués. Il était inévitable depuis que l’axe Valls-Macron tente d’imposer sa logique. Il n’est pas certain qu’à l’issue on sache ce que sera la ligne du parti dans les prochaines années. Mais si c’était une bataille pour trancher entre le socialisme historique et celui du réel, ce serait une bonne nouvelle. Ce qui se joue une fois de plus, c’est un nouveau round dans l’affrontement déjà vécu lors des primaires de 2011-2012, quand s’étaient affrontées les idées des Montebourg, Aubry, Valls et Hollande. Doit-on déduire de cette offensive menée en l’absence du principal intéressé, que la coexistence plus ou moins pacifique, seulement troublée par quelques frondeurs velléitaires, plus bruyants que méchants, est terminée ? En résumé, on peut penser que ce qui se joue à propos de l’épisode « El Khomry », c’est une sorte de premier tour des primaires de 2016-2017. Personne ne peut certifier aujourd’hui qu’une telle consultation aura vraiment lieu. Il est possible que les diverses composantes de la gauche aillent en ordre dispersé à l’élection présidentielle. Mais avec les désaccords qui minent les nombreuses tendances du Parti, cette querelle ne sera vidée au moment de l’échéance présidentielle. Mais ce serait un choix périlleux pour le PS.

La gauche de la régression en action.

Calcul ou déclaration de guerre : un peu les deux. Nous assistons à un épisode qui n’est pas que picrocholien. C’est la gauche aveugle qui se réveille, celle qui campe sur ses vieilles lunes, à l’idéologie inoxydable, celle qui pourrit toute velléïté de réforme dans notre pays, celle qui a raison même contre les faits, celle qui intimide la droite quand elle est au pouvoir en organisant le blocage du pays. On lui doit en grande partie l’état de nos finances, de la dette et du chômage. Je demande d’imaginer ce qui se serait passé si Nicolas Sarkozy avait été réélu de justesse, quel pouvoir de nuisance elle aurait mis en branle pour l’empêcher de faire les réformes promises. Cette gauche est capable aujourd’hui de mettre le pays à feu et à sang pour une loi qui n’est que le dixième de ce qu’il faudrait faire pour relancer l’économie. C’est à cause d’elle que la parole publique a perdu son crédit, à force de promettre plus de beurre que de pain, pour n’avoir à la fin, ni l’un ni l’autre ! Tant que cette gauche aura du pouvoir sur les âmes crédules, la réforme sera toujours un exercice de haute voltige et ceux qui nous promettent, à droite, monts et merveilles, feraient bien de s’armer en conséquence pour en tenir compte et surtout nous dire comme ils lui régleront son compte. Peu importe que la tribune de Mme Aubry ne contienne d’ailleurs aucune proposition concrète, elle se veut avant tout un pavé dans la mare. Mais à quoi donc peut-elle servir alors que celui qui est visé est éloigné de la France ? Un coup de poignard dans le dos pour placer l’Elysée et Matignon sur la défensive, car elle oblige le pouvoir à réagir dans un sens ou dans l’autre. Elle casse le parti socialiste et donne des ailes à la gauche de la gauche. Elle divise la gauche à treize mois de l’élection présidentielle et la prive de sa dernière chance de gagner. Bref, elle fait ce qu’il faut pour que 2017 ne soit qu’une explication entre la droite et l’extrême droite.

Au fond, c’est peut-être là la chance pour la droite républicaine de s’emparer de la réforme pour de bon !

 


LA POLKA DU CODE

Code du travail

 

La loi El Khomry prévoit de s’attaquer au code du travail.

Bravo ! On trouve même dans son projet des avancées modestes qui pourraient passer pour audacieuses telles que le déverrouillage des 35 heures qu’on abolirait ainsi sans le dire, ou une plus grande facilité pour licencier, ce verrou qui empêche tant d’embauches mais qui, on ne le dit pas assez, contraint aussi beaucoup d’entreprises au « suremploi ». Mais voilà, les grandes orgues de tout ce qui existe à gauche se sont mises à jouer sous la baguette discrète mais efficace de Laurent Berger, de la CFDT, avec reprise en chœur par la CGT, FO et consorts. Allez, on prend les paris : un pas en avant, trois pas en arrière, le débat parlementaire ce sera la « polka du code ».

L’espoir aura été de courte durée.

Manolito l’a proclamé : « il ira jusqu’au bout ! »… Au bout de quoi ? La promesse d’une avancée réformatrice sur le code du travail secoue toutes les « forces de gauche » qui se mobilisent : escouades de parlementaires ébouriffés par le texte, auxquels s’ajoutent les professionnels de la pétition, les associations bidules et machin, et même, allez savoir qui les excite, les représentants d’une partie de la jeunesse menaçant de descendre dans la rue. Tout cela ne tiendrait pas si ne se joignaient pas aux récriminations les « consciences » (« consciences de gauche », mais faut-il le préciser ?). Tout ce qui compte comme protestataires dans le pays est sur le pied de guerre. Il y a gros à parier que la marche arrière est déjà enclenchée.

Elément de langage : « déséquilibré » !

Car tous se sont donné le mot : le projet du gouvernement est « dé-sé-qui-li-bré ». Et pour le « ré-é-qui-li-brer », ils s’inspireront de la doctrine prônée par Laurent Berger qui justifie ainsi son opposition à la réforme : « Ce qui nous guide, dit-il, c’est l’intérêt des salariés ». Voilà bien le malentendu : la loi El Khomri est pensée dans l’intérêt des chômeurs et a pour principal objet de lever la peur de créer des emplois. C’est une tentative intéressante de tourner le dos à notre trop fameuse « préférence française pour le chômage » qui pèse sur le pays depuis trente ans.

N’exagérons rien.

Même s’il se trouve des députés de l’opposition, principalement chez Les Républicains et au centre,  pour trouver la copie digne d’examen, les débats parlementaires promettent surtout un joli bond en arrière. Et c’est Alain Juppé qui fait la meilleure analyse. Le maire de Bordeaux considère qu’il y a des choses qui vont dans la bonne direction, mais il s’attache surtout à dénoncer les défauts d’un projet qui ne mérite pas autant d’enthousiasme que celui affiché par Frédéric Lefebvre. L’ancien premier ministre a malicieusement souligné que le gouvernement, pris d’une sorte de frénésie de législation, « essayait de piquer des idées plutôt à droite qu’à gauche, signe d’une improvisation extraordinaire », d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une absence totale de consultation avec les organisations syndicales, ce qui est un comble. Ce texte qu’il qualifie d’inspiration libérale est très insuffisant : « rien sur le compte pénibilité, rien sur les seuils sociaux, rien véritablement sur les 35 heures qui sont simplement contournées… Et ce texte ne concerne pas vraiment les PME qui sont pourtant ne première ligne pour la création d’emplois ! ». Dans ces conditions, on peut imaginer que le soutien à ce texte de l’opposition sera d’entrée de jeu, très mesuré, et évoluera certainement en fonction des amendements proposés par la majorité (enfin s’il y en a encore une).

Elan ou paralysie totale ?

On s’interroge sur la position du chef de l’Etat qui se pavane aux antipodes. Manolito a-t-il le feu vert ou force-t-il le destin en profitant de l’éloignement présidentiel … Il y a de fortes chances que l’intéressé, qui n’est pas suicidaire, sifflera la fin de la récrée à son retour. Il inventera nécessairement des contreparties. Ou alors,  il est vraiment prêt à tout pour tenter d’inverser la courbe du chômage. Pari perdu d’avance si c’était le cas, car même votée en l’état, la loi El Khomry  ne produirait des effets qu’à dix-huit mois ou deux ans, avec, inévitablement, en premier effet, un délestage des postes en suremploi dans les entreprises (environ 250 000 chômeurs de plus), avant qu’elles se mettent à réembaucher. C’est, comme le dit sèchement Manuel Valls, le combat de « la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique » contre « la gauche du réel », la gauche réformiste de gouvernement. Cet affrontement est devenu inévitable, il peut procurer un dernier élan avant 2017 ou achever de détruire ce qu’il reste de la majorité présidentielle.

Ainsi va la polka de la réforme  en France, toute avancée faisant l’objet d’un scrupuleux donnant-donnant qui invente de nouvelles contraintes à chaque tentative d’en éliminer quelques-unes. Le décalage n’a pas fini de se creuser entre la France et ses principaux concurrents. On n’est pas près de mettre les phares !

 


LA PRIMAIRE AU BANC D’ESSAI - CHEZ « LES REPUBLICAINS » : EGOS A GOGO !

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Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

Il fallait s’y attendre, les médias n’ont vu du Conseil national « Les Républicains » que l’absence des candidats à la primaire le dimanche matin, interprétée comme un boycott du discours-programme de Nicolas Sarkozy, programme qui sera soumis à la discussion dans tous les comités départementaux.  Mais peut-être que c’était là leur objectif : faire en sorte que l’évènement principal soit occulté. Si c’est le cas, on appelle ça se tirer une balle dans le pied.

L’image catastrophique de la désunion.

D’abord parce que le thème « désunion » est démobilisateur pour notre électorat qui attend du rassemblement et de l’unité. Cela ne veut pas dire être aligné systématiquement sur le « chef ». Mais au moins qu’on le respecte, et avec lui tous les militants qui font l’effort de s’engager et sacrifient un week-end au parti. Il faut être bien crédule pour ne pas y voir une forme de contestation. Mon avis, en écoutant les commentateurs, est que tout le monde y perd.

On a toujours tort d’être absent.

Ensuite parce que la politique de la chaise vide est une erreur de stratégie. La première réunion des instances nouvellement élues méritaient davantage d’attention. Le Président est-il illégitime ? Son élection a-t-elle été contestée ? Evidemment non. Alors peut-on lui reprocher de faire son travail et de vouloir doter le parti d’un projet politique. C’est bien la moindre des choses. Il est le président, c’est donc son projet. Il aurait peut-être pu prendre davantage de précautions en le personnalisant moins, mais qu’aurait-on dit ? Et puis, cela n’empêche pas chacun de continuer à avoir ses propres propositions, pour peu qu’elles ressortent de la même philosophie. Chacun sait que le moment venu, l’élection présidentielle c’est l’affaire d’une personne face aux Français avec « son » programme. Aussi l’absence des principaux candidats à la primaire peut-elle être interprétée comme une marque de mépris à l’égard du travail effectué par les instances élues du parti.

Au judo, quand l’un pousse, l’autre doit tirer à soi… pour déséquilibrer l’adversaire.

Ce comportement est d’autant plus incompréhensible qu’il ne peut que jeter un peu plus la base militante dans les bras de Nicolas Sarkozy qui n’attend que ça. Si les intéressés y ont vu un piège, ils n’étaient pas obligés de tomber dedans. Et ils devraient savoir ce que cela peut coûter : on peut dire tout ce qu’on veut sur le rôle des partis politiques, mais on ne gagne pas d’élection sans le soutien d’une « machine électorale » puissante. Et « les Républicains » en sont une formidablement huilée, avec ses 250 000 adhérents, ses fichiers, ses réseaux d’adhérents et de militants, armée souvent dans l’ombre mais indispensable pour tenir le terrain. Le parti n’est pas tout, mais sans lui rien n’est possible. Nicolas Sarkozy qui a vécu la défaite de Balladur face à la « machine RPR » de Chirac le sait très bien : tenir le parti est primordial, s’en abstraire est suicidaire. Pourquoi croyez-vous qu’il ait mis la présidence du parti comme priorité sur le chemin de son retour ?

Mais voilà, les egos rendent aveugles.

Notre famille politique vit sur le « mythe » de « l’homme providentiel » depuis De Gaulle. Et qui peut nier que dans chacun des candidats à la primaire il n’y a pas cette part d’auto-désignation. Si on y ajoute l’ivresse des sondages pour Alain Juppé, on peut friser la cécité. D’autant plus que la bonne cote attire les soutiens, de conviction ou d’opportunisme. Edouard Balladur a vécu cela aussi, avec le résultat que l’on sait. Toujours est-il que pour ceux qui comme moi n’ont pas encore choisi, les absents du dimanche n’ont pas marqué des points. Je n’étais pas à Paris. Je ne suis plus qu’un simple adhérent de base, et pourtant j’ai ressenti cela comme une petite trahison. De la part de Bruno Le Maire, je n’en suis pas étonné. Venant de François Fillon et d’Alain Juppé, pourtant si brillants, c’est décevant.

Encore une chose.

J’ai écouté, hier soir, mon ami Jean-Pierre Raffarin avec intérêt, mais je l’ai trouvé bien naïf dans son commentaire sur la candidature de Jean-François Copé : « plus il y a de candidats, plus on élargit la base électorale de la primaire ». Au nombre des prétendants qui manifestent leur volonté de s’aligner dans la compétition, de Nadine Morano à Frédéric Lefèvre en passant par Jean-Frédéric Poisson plus je ne sais quel centriste, et parmi eux combien d’ « Iznogoud », je crains plutôt l’effet dissuasif de ce qui ressemble de plus en plus à une foire d’empoigne.

La primaire promet !

 


C’EST DIMANCHE, ON S’DETEND !

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L’expression du jour.

AVALER DES COULEUVRES

 

Elle me paraît très adaptée à l’arrivée de trois verts au gouvernement. Un vert, ça va, trois verts, bonjour les dégâts. Comment en est-on arrivé là ? Pour Placé et Pompili, ce n’est qu’une demi-surprise, tant ils envoyaient de signaux faisant connaître leur « disponibilité ». L’expression du jour peut s’appliquer à leur cas. C’est un des sens qu’on lui attribue : crever d’envie, tout faire pour parvenir à ses fins. En ce qui concerne l’ex-patronne d’EELV, la Coste (en deux mots, pas le crocodile), il s’agit plutôt du sens plus habituel : renoncer à ses convictions pour obtenir un poste en échange d’une promesse inepte.

Revenons à l’histoire de l’expression : avaler des couleuvres.

Bien qu’elle soit une espèce non venimeuse, la couleuvre n’en demeure pas moins un serpent. Comment peut-on en venir à en avaler ?

Une première explication de la locution la fait naître à une époque où les anguilles étaient de grande consommation. En jouant sur la ressemblance de ce poisson avec le serpent, on pouvait servir une couleuvre à un convive de qui on voulait se venger. Le malheureux invité ne se rendant compte de rien avalait donc des couleuvres à son insu. Faire « avaler des couleuvres », c’est donc chercher à tromper quelqu’un soit pour assouvir une rancune, soit pour parvenir à ses fins.

Une autre origine indique que l’expression doit sa naissance à une ancienne signification de « couleuvre » qui désignait une allusion dissimulée, tortueuse, ayant les sinuosités du serpent. Au cours de la période de fixation de la langue française, le terme « couleur » signifiait  avoir une apparence trompeuse. Cette similitude de forme et de sens entre les deux termes, couleur et couleuvre, a pu contribuer à la création de la locution « avaler des couleuvres ».

C’est pourquoi la locution verbale « avaler des couleuvres » possède aujourd’hui une double signification. On l’utilise pour caractériser le comportement d’une personne qui supporte toutes sortes d’affronts sans se plaindre. Elle s’emploie également pour dire que quelqu’un accepte comme des vérités des propos qu’elle ne devrait pas croire.

Un exemple tiré de Balzac :

Il s’agit d’une phrase tirée des Splendeurs et misères des courtisanes : « Lucien eut le courage des parvenus : il vint là cinq jours sur sept de la semaine, avala gracieusement les couleuvres de l’envie, il soutint les regards impertinents… ». L’essentiel pour Lucien de Rubempré était d’atteindre ses objectifs, peu importaient les couleuvres qu’il lui fallait avaler. N’est-ce pas là une bonne définition du parvenu ?

Voilà un adjectif qui s’applique bien à nos trois compères verts. Les deux premiers croient-ils vraiment pouvoir infléchir la politique du gouvernement en étant à des postes subalternes, et ne sont-ils pas plutôt satisfaits d’avoir enfin un poste ministériel pour quelques mois, sachant qu’après 2017, il leur faudrait probablement attendre bien longtemps. La troisième aura été bien crédule d’accepter la place en échange d’un vrai-faux referendum sur NDDL, qui s’avère être une promesse de Gascon. Car de deux choses l’une : ou le chef de l’Etat savait qu’il proposait quelque chose d’infaisable, ou il ne connaissait pas la loi, ce qui serait un peu gros, bien qu’avec lui, tout soit possible. Mais le résultat recherché est là : les Verts sont en miettes et Duflot … à poil !

 


HOLLANDE AUX ABOIS, LES FRANÇAIS AUX ABRIS !

Bricoleur

 

Le monde s’effondre, « il » fait mumuse !

Le krach boursier qui balaie la planète est en train de s’étendre en crise financière et déjà les pays fragiles voient leur dette attaquée par une remontée des taux d’intérêt. Pour l’instant, la France est épargnée, mais pour combien de temps. On est dans un processus qui pourrait conduire à une catastrophe aussi dramatique que celle de 2008 si les banques centrales n’arrivent pas à enrayer le mouvement. Tout cela mériterait une analyse en détail. Dans cette affaire, les politiques ont un rôle déterminant à jouer, en réunissant les organismes financiers mondiaux pour tenter de coordonner ce qui peut l’être… Mais où est la France ? En 2008, avec Nicolas Sarkozy, elle était aux avant-postes des initiatives. Mais non, pépère fait joujou : il remanie son équipe de bras cassés en vue de 2017, sa seule obsession. L’opération montre qu’il est aux abois, le dos au mur et prêt à tout.

Rabibochage, racolage et bricolage.

Voilà un bien triste spectacle. La France vient de se doter d’un « gouvernement » de combat ! C’est à pleurer de rire, si la situation n’était pas aussi grave ! Jamais remaniement n’a prêté à une telle pantalonnade. D’abord les rebuffades : Hulot qui décline est l’arbre qui cache la forêt des refus ; puis les prétentions : le départ de Fabius a suscité bien des convoitises à commencer par celle de la « toquée du Poitou » mais la levée de boucliers et de protestations dans les « milieux autorisés » ont réduit « l’ex » à continuer d’exercer ses foucades (contraction de folles tocades) au même endroit ; la défense aurait intéressé « la butée » de la Santé, Marisol Touraine, mais qui peut faire mieux que Le Drian, malgré son cumul ?

Suivent les ajustements, les vidages et les entrées. Macron est déclassé mais reste, La vipérine Najat continuera de sévir à l’Education, Fleur Pellerin, qui déplaisait dit-on à la Julie, est débarquée sans ménagement et Marilyse Le Branchu, proche de "l’amère de Lille", paie peut-être pour un refus de son mentor. Du côté des recrues il y a de quoi rester pantois : il faut que le chef de l’Etat soit bien démuni pour faire à ce point les fonds de tiroir ou se laisser aller au marchandage ignoble, indigne de la fonction. En matière de recyclage, c’est le retour du sombre Ayrault qui avait si bien échoué comme premier ministre : aux Affaires étrangères, avec lui, on est sûr qu’elles vont le rester. Passons sur le cas Baylet puisqu’ayant épuisé le stock des radicaux de gauche, il ne restait plus que le « vieux » pour les représenter. Enfin le coup de maître c’est l’entrée de trois écolos incarnant toutes les nuances de vert. Avec Pompili et Placé, il n’y a pas eu de difficulté, ils trépignaient depuis si longtemps à la porte, c’est pour eux le gouvernement de la dernière chance… d’être ministre avant longtemps. Placé est casé à la réforme de l’Etat, on ne rit pas et Pompili écope (21) « des relations internationales sur le climat » : celle-là on ne nous l’avait encore jamais faite. Par contre l’arrivée de la patronne d’« EELV », Emmanuelle Cosse, est doublement dramatique et emblématique  du jeu hollandais. Son débauchage en échange d’un referendum local pour NDDL est une première. Qu’un Président de la République s’abaisse à un tel niveau de donnant-donnant est pitoyable, mais surtout, la caser au logement où Duflot a commis les ravages que l’on sait, est un curieux signal envoyé aux investisseurs. Pas certain que le « logement », qui commençait à se relever mollement,  s’en remette ! C’est « costernant ».

On cherche toujours un cap 

Au troisième temps de la Valls, on cherche toujours un axe politique, un cap, une volonté incarnée pour lutter contre le premier fléau, le chômage, et le terrorisme. Au lieu de cela, c’est la confusion, l’ambiguïté, le flou. On voit bien les dosages pour tenter de donner une assise plus large au gouvernement. La réaction de l’état-major des Verts (de rage pour le coup) en dit long sur le peu d’effet de la manœuvre. Quant à l’entrée d’une réfractaire qui a voté « non » à la réforme constitutionnelle, elle est plus le symbole d’une faiblesse que l’image d’une magnanimité de l’exécutif. Moi président, … c’est le retour de la pléthore. 38 ministres et secrétaires d’état : on hésite entre « sauve-qui-peut » et « bande à Basile ». Jamais la gauche n’a été si divisée, et le Président a beau parader, le vote au Congrès reste hypothétique. Avec ses trucages, le remaniement-rabibochage veut faire croire à l’action, mais le ravalement cache mal l’usure.  Il peut toujours affirmer « je dirige », mais personne n’y croit. Il remanie pour « tenir sa ligne », mais on ne sait laquelle, il n’est plus lisible. Il explique vouloir « aller vite », mais plus personne n’écoute. Qui peut croire encore à l’impact de ce barnum ridicule si près de la présidentielle ? En tout cas, pas Mélenchon qui a pris les devants en annonçant sa candidature !

En conclusion, l’élargissement apparaît limité. Aucune personnalité de la gauche du PS ne rejoint l’exécutif. L’entrée des écologistes relève du débauchage, pas d’un accord avec EELV. D'ailleurs que pèsent-ils ? Quant au retour de Jean-Marc Ayrault, c’est peu dire qu’il donne une impression de retour en arrière. Au sein même de la majorité, beaucoup avouaient leur scepticisme : « Ni harmonie ni élan ». La messe est dite, la campagne peut conitnuer.

Français, courez aux abris !

 


LE RASSEMBLEMENT BLUES-MARINE

Le pen blues 2

Comment rebondir après une défaite malgré un score inégalé ? A Marine Le Pen aussi le problème est posé. Sa popularité en baisse en témoigne. Il peut y avoir une lassitude de son électorat devant l’incapacité du FN à concrétiser ses progrès par la conquête, par exemple, d’au moins une région aux élections régionales. Et pour la présidentielle, il faudra bien s’atteler à réformer le programme du parti pour le rendre plus crédible si elle veut séduire une majorité de Français, puisqu’elle a annoncé sa candidature.

L’impitoyable scrutin majoritaire.

Tant que le mode de scrutin sera majoritaire, le Front National ne pourra espérer accéder au pouvoir s’il ne trouve pas d’alliance avec d’autres partis. Et il n’y arrivera pas tant qu’il sera considéré par tous les autres comme un parti sulfureux qui professe des idées qui font peur, même s’il séduit 30% de l’électorat. La « dédiabolisation », mot qui en dit long, trouve ses limites dans les urnes des 2èmes tours. Les thèses que le parti frontiste développe en matière d’immigration, de sécurité, associées à la xénophobie de nombre de ses militants, ce n’est pas ce qui inquiète le plus. Elles expliquent même, en surfant sur l’actualité, ses progrès récents. La crise des migrants plus les attentats de novembre ont été de puissants catalyseurs de voix aux dernières élections. Mais, Marine Le Pen a beau gommer le langage intolérant et raciste de son parti, se positionner sur une laïcité présentée comme une protection contre l’Islam, elle ne parvient toujours pas à faire taire les plus ultra de ses « abonnés » qu’elle exclut quand elle ne peut vraiment pas faire autrement. Sans compter le premier de ses opposants internes en la personne d’un certain… Jean-Marie, dans le rôle du trouble-fête.

Un week-end de réflexion pour trouver la pierre philosophale…

Le Front National manque de crédibilité sur de nombreuses propositions de son programme dont trois points essentiels: il continue de préconiser la sortie de l’euro, la retraite à 60 ans et la semaine de 35 heures. Les deux derniers sont empruntés à la gauche et on sait ce qu’il en est : pratiquement plus aucun Français ne croit sérieusement qu’il est possible de ne pas travailler davantage pendant la semaine, pendant l’année et pendant une vie. Ces solutions sont si peu crédibles que certains voudraient s’en débarrasser. Mais Florian Philippot veille au grain. Interrogé au sujet de l’euro, le numéro deux du parti, a déclaré que le « FN est un parti souverainiste » et que, en tant que tel, il défendait la souveraineté française. Les libéraux de son parti n’ont pas eu gain de cause sur ce point. Cela reste un « totem » nécessaire si l’on veut faire croire que l’on peut protéger l’hexagone contre la mondialisation.  Autre dilemme : le FN peut-il adopter un look « convenable » en éliminant la haine de son langage, en retirant à Marine Le Pen son agressivité habituelle, en s’exprimant avec tolérance et non plus par certitudes, en compatissant aux problèmes posés aux immigrants si malheureux, quand bien même renoncerait-il aux 35 heures et à la retraite à 60 ans, ne risque-t-il pas de se banaliser au point de perdre ce qui le différencie des autres partis en général, et de la droite républicaine en particulier. La normalisation est mortifère pour ce type de parti qui prospère sur la protestation.

Faute de mieux, on va assister à une opération maquillage de grande envergure.

L’objectif est simple : présenter sur le terrain économique une image plus moderne et plus rassurante pour gommer le manque criant de crédibilité qui rebute une grande partie de l’électorat. Le mouvement amorcé pendant la campagne des régionales va se démultiplier pour présenter un éventail de dispositions favorables à l’« innovation », l’« industrie du futur », l’« écologie » ou encore au « patriotisme alimentaire » pour s’arrimer les agriculteurs, et on vantera bien davantage le soutien aux TPE-PME à qui on promet une baisse d’impôts, que la sortie de l’euro. Un « FN-Janus » : je suis souverainiste, regardez Marine, je suis libéral, regardez Marion ! Cette opération de communication ne doit pas masquer le fait que, sur le fond, le Front National ne renonce pas à ses options économiques qui mèneraient le pays dans le gouffre. Pour continuer de capter les votes contestataires de tous horizons, il doit persévérer dans sa défense du retour au franc  qui nécessitera la mise en place de barrières protectionnistes, un programme nationaliste et étatiste agrémenté de dépenses sociales massives à destination d’à peu près tout le monde. On a déjà dit ce qu’il fallait en penser : dramatiquement coûteux et irréalisable. Alors, pour masquer  cet épouvantail et tenter de paraître crédible, condition pour  attirer davantage l’électorat de droite, il va faire miroiter que son but est de faciliter la bonne marche des entreprises et de réduire les prélèvements. Un leurre.  Même en mettant en sourdine la sortie de l’euro, qui ne se ferait de toute façon que de manière « négociée » et après un référendum. Marine Le Pen s’exerce ainsi à l’art de la synthèse.

Chassez le naturel …

Avec un programme économique pour 2017 qui s’annonce encore plus démagogique que le précédent, en réalité, Marine Le Pen impose le choix d’une économie encore plus administrée et collectionne les mesures inapplicables dans le concert européen actuel : retour à l’échelle mobile des salaires, mise en place d’un revenu parental, augmentation de 200 euros des bas salaires financée par une taxe de 3 % sur les produits importés,... sans parler de tout ce qui touche à nos libertés, déjà bien amputées : contrôle des médias et autres. Marine Le Pen veut bien la discussion, mais si tout le monde  est d’accord avec elle à la fin ! Le FN veut garder sa spécificité, ce qui signifie qu’il continuera à horrifier des millions de Français. Il va donc devoir combattre avec une argumentation rejetée par 70 % de  l’électorat. Ce n’est pas à cause de l’euro ou du temps de travail qu’il est insupportable à la plupart d’entre nous, c’est parce qu’il véhicule les débris historiques du pétainisme, parce que ceux qui le rejoignent utilisent des mots choquants pour toutes les minorités, parce qu’il a été fondé, qu’il a prospéré et qu’il s’est imposé en s’appuyant sur des idées anti-républicaines. S’il les abandonnait, il disparaîtrait. Qu’il les garde et comme ça il restera indéfiniment à la porte du pouvoir !

Son projet, c’est « retour vers le passé » garanti.

Il ne suffira pas de quelques coups de pinceau pour lui donner l’apparence de la modernité, même avec un slogan « antithèse » qui vante « l’apaisement et la réconciliation ». Un comble ! C’est le loup de la fable qui se couvre d’une peau de mouton pour amadouer les petits cochons… d’électeurs.

 


LA FRANCE POUR LA VIE

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J’ai lu le livre de Nicolas Sarkozy.

Tous ceux qui ont voté pour lui en 2007 devraient le lire et aussi ceux qui n’ont pas voté pour lui en 2012, mais qui auraient dû. Surtout ne pas se fier à ce que les médias en disent. Manifestement je n’ai pas lu le même livre que Mrs Besson et Schneider qui livrent leur analyse cette semaine dans Le Point. Il ne s’agit pas pour moi de faire une quelconque propagande de sarkozyste aveugle. Comme beaucoup de ceux qui ont soutenu son action, j’avais besoin d’y voir clair et j’attendais des réponses : sur l’absence de communication pour valoriser l’action réformatrice engagée pendant et après la période 2007-2012, sur l’abandon en chemin de certains d’entre elles, sur la réussite de l’action diplomatique internationale, sur le financement de sa dernière campagne… Il fallait un bilan du quinquennat et seul l’intéressé pouvait le faire, avec sa part de vérité, bien entendu.

C’est du Sarkozy dans le texte.

Balayons déjà toutes les supputations qui portent sur la main qui aurait écrit le livre. Aucun doute : c’est du pur Sarkozy. Le style, les expressions, le choix des métaphores, le recours à un vocabulaire volontiers hyperbolique : il suffit de mettre la voix sur le texte pour s’apercevoir de l’authenticité de l’auteur. Je relève ici et là : « l’immense question », « ni plus ni moins », « de fond en comble », « rien de moins que… », « faire l’économie de », « une fois pour toutes », « rien ni personne… », « en lieu et place », toutes ces béquilles si familières de l’expression sarkozienne jalonnent l’ouvrage, et lui confèrent ce rythme que l’on connait trop bien.

Des clés pour comprendre.

Certains ont vu les « mea culpa » sur les attitudes ou les paroles qui ont fait les choux gras de la presse à l’époque, et s’y sont arrêtés. C’est une vue un peu courte. Certes, « La France pour la vie » met en lumière les erreurs du quinquennat, mais le livre montre aussi ce qui a marché, et l’intérêt réside dans les clés qui sont données pour comprendre non seulement les écarts verbaux, mais aussi l’ensemble d’une gestion du temps et de l’action politiques  dans un monde où tout s’accélère et où il est important de remettre en scène le contexte, qu’il soit personnel au président ou extérieur. En bref, un « hyper président » trop humain qui met trop de temps à monter sur son piédestal. Un regret : l’auteur n’insiste pas assez sur les propositions de l’opposition d‘alors. Par exemple : on lui a reproché l’augmentation de la dette en faisant abstraction de la crise dramatique qui a secoué le monde entier alors qu’il fallait laisser filer les « amortisseurs sociaux » et lancer un « plan de relance », mais la gauche hurlait que le gouvernement Fillon n’en faisait pas assez !! J’entends encore les rodomontades de Mrs Hollande, Cahuzac et compagnie.

Un retour d’expérience utile pour l’avenir.

C’est certain, Nicolas Sarkozy s’adresse d’abord à ses partisans qu’il veut fédérer autour de lui, et au-delà aux Français qui peuvent le suivre dans son positionnement. Mais revenir au 1er plan quand on a été battu, aussi minime qu’ait été l’écart, est toujours très compliqué, surtout quand il s’agit de la magistrature suprême. Il faut bien comprendre que pour ceux qui ont renoncé à voter pour lui en 2012, il est un reproche vivant de la catastrophe hollandaise. Le plus que peut apporter l’expérience vécue d’un mandat sera-t-il suffisant ? Il sait bien qu’il n’aura aucune chance  de convaincre Bayrou, le procureur solitaire, ou Cambadélis, le piètre 1er Secrétaire du PS.  Il s’agit de conquérir des électeurs qui se sont éloignés de lui après avoir cru en lui.  Alors, le petit inventaire des erreurs, des fautes de goût et des regrets était forcément nécessaire. Reconnaissons-lui que dans l’exercice il y a des accents de sincérité, un souci de transparence, une volonté de lucidité sur son expérience du pouvoir. Il savait bien que ce qui retiendrait l’attention des médias-à-courte-vue ce sont les « erreurs » de comportement qui retiendraient l’attention (« Casse-toi pauvre con » a la vie dure) et qu’on ironiserait sur le caractère intime d’une confession qui reste pourtant très pudique. Plus intéressantes sont pourtant les précisions apportées sur le contenu des réformes et de l’action déployée pendant cinq ans. Un retour d’expérience sans concession qui vise à lui redonner de la crédibilité. Le message subliminal est « l’art de la politique c’est d’abord l’art du possible ». Sur les 35 heures, le RSA, la fiscalité, la méthode pour réformer, il tire les leçons de ce qui a été utile et de ce qui n’a pas marché. Toutes choses qui ont alimenté sa réflexion et qui justifieraient un mode de gouvernement renouvelé. Ce qui n’était pas possible hier l’est aujourd’hui après bientôt 4 ans d’échecs socialistes.

Des parts d’ombre subsistent.

Alors bien sûr, en 260 pages, il n’a pas pu entrer dans le détail d’une action débordante et riche « agrémentées » de crises à répétition. Quelques détails comme son entrevue avec Poutine à Moscou, sa rencontre avec Bush à Camp David ou la crise Dexia suffisent à montrer sa capacité à gérer et à prendre les décisions. Et beaucoup découvriront alors le poids déterminant qu’il a eu dans la création du G20 ou le sauvetage de l’euro. Néanmoins on aurait aimé en savoir plus sur les conclusions qu’il tire de « l’ouverture » de son gouvernement à Kouchner ou Fadela Amara, au-delà du satisfecit accordé à Besson et Bockel. Il ne s’étend guère non plus sur sa campagne de 2012, les conditions de son financement, et ses relations avec Patrick Buisson. Beaucoup continueront de se poser la question : « comment le patron pouvait-il ignorer l’existence de Bygmalion ? » et de douter qu’il n’ait pas contrôlé les engagements financiers. Or, l’affaire Bygmalion est un point de rupture dans la courbe de ses soutiens.

On peut enfin tirer un trait sur le quinquennat.

Après les regrets et les succès, l’ouvrage sert aussi à présenter les projets de l’ancien président. C’est essentiel de convaincre sur ce chapitre s’il veut reprendre la main. Sans tout dévoiler, car il faut toujours garder des billes et tenir compte de l’existence du parti, Nicolas Sarkozy veut démontrer qu’il est le meilleur grâce à l’expérience qu’il tire de son quinquennat. Ainsi, il ne choisira pas la même méthode pour engager les réformes qui devront être claires et d’envergure dès les tout premiers jours du mandat. Il cite un plan de 25 milliards de baisses d’impôts et de charges et une réduction de 100 milliards des dépenses publiques sur 5 ans, assorti d’une réforme du marché du travail. Evidemment, le projet n’est pas complet. Il s’agit de mettre en appétit avec quelques esquisses qui paraîtront trop superficielles, sur l’éducation, sur l’Europe, sur les dépenses sociales, et une réflexion sur le mariage pour tous qui fait déjà débat…

Nicolas Sarkozy peut passer à autre chose.

En exerçant lui-même son devoir d’inventaire et en remettant tout son bilan en perspective face à celui de Hollande, il peut ouvrir des perspectives nouvelles au moment où va s’engager la campagne de la primaire. Après le temps de l’introspection et du bilan, viendra celui de l’approfondissement du projet, à travers le travail au sein de la maison « Les Républicains » et auréolé du travail accompli, peu avant l’été, il pourra réellement entrer en lice. Les choses sérieuses commenceront réellement.

 

Un livre franc, utile, un bon livre selon Alain Duhamel « parce qu’il a un ton personnel et apporte des informations » avec une part d’autocritique bienvenue sans jamais être insupportable. La bataille peut commencer sur le projet. Le passage de Fillon à C/Politique hier soir, où il a démontré que le sien était mûr, annonce un débat passionnant, dont Juppé au final pourrait faire les frais.

« La France pour la vie » – Nicolas Sarkozy - Plon.

 


C’EST UNE CHOSE ETRANGE A LA FIN QUE CETTE EPOQUE !

Haddock se marre bis

 

Oui, je sais, c’est facile de parodier Jean d’Ormesson. Mais enfin … on marche sur la tête :

Placer en perdant de l’argent !

Nouveaux records à la baisse des taux d'intérêt. Mais jusqu'où peuvent-ils baisser ? On croyait que zéro était le plancher,  puis on a découvert les taux d'intérêt négatifs. L'Allemagne vient de battre encore des nouveaux records. Elle peut emprunter à 5 ans en recevant 0.32% : des investisseurs paient 0.32% par an pour que l'État allemand daigne leur prendre leur argent. Incroyable non ? Mieux, aujourd'hui un quart des emprunts d'état traités dans le monde ont des taux négatifs et malgré ces taux défavorables, la demande est toujours aussi forte. Il y a trop d'argent dans le circuit, les banques centrales continuent d’inonder le monde de liquidités pour relancer l'économie, mais les investisseurs qui en bénéficient ne les investissent pas dans l'économie réelle. Ils préfèrent les stocker à taux négatifs. C'est une aberration économique et financière totale. Manifestement ce traitement n'est pas le bon. Ça finira mal !

Cohn Bendit votera Juppé !

C’est tellement le « bordel » à gauche et chez les écolos que le moins pire est encore de participer à la primaire de la droite en votant Juppé ! On aura tout vu. Que 1968 est loin !

Une réforme constitutionnelle vidée de son sens.

Finalement on va inscrire dans la constitution un principe qui ne servira à rien puisque la « déchéance de nationalité » devra être prononcée par … un juge.

Hulot à la présidentielle.

Il ne manquait plus que lui dans le paysage. Un peu comme une marionnette que l’on ressort pour faire trois tours… Il faut dire que c’est tellement le cirque chez les Verts. Tiens, Hollande pourrait bien lui proposer un maroquin histoire de neutraliser des velléités concurrentielles encombrantes. On parie ?

La France et le cannabis

Ce n’est pas souvent que la France est au premier rang. Elle l’est souvent pour la production de vin. Son palmarès s’enrichit : elle est le premier pays consommateur de cannabis en Europe. 17 millions de Français l’ont déjà essayé et 1.4 million fument régulièrement. Plus inquiétant, 63% des jeunes de 15 à 24 ans disent qu'ils peuvent s'en procurer facilement. Vous croyez qu’il faut que je m'y mette ?

Gaulois incorrigible.

Gilles Bourdouleix, l’excellent maire de Cholet menace de quitter son parti (le CNI, je crois), dont il n’est plus président. Il ne s’entend pas avec le nouveau. Il envisage de créer son propre parti. Un petit chez soi… Quand on le connait, on sait qu’il est capable de mettre sa menace à exécution. C’est d’ailleurs pour ça qu’on l’aime bien !

Allocations dégressives 

Révolution : la gauche va mettre en place des allocations chômage plus dégressives pour favoriser l’emploi. Incroyable, non ? Allez, pas de panique : Macron va nous faire deux ou trois sorties, Manolito deux coups de menton bien sentis et … il ne se passera rien.

NDDL (Notre Dame des Landes)

Les électeurs ont pourtant tranché et bien ! En votant Retailleau, ils ont validé démocratiquement le projet aux 250 recours (au moins)… Manolito, martial, annonce l’évacuation. Mais Royal derrière est à la manœuvre. Elle a, parait-il pris la main. Le pire est donc à craindre pour le projet. En attendant, les opposants peuvent mettre le feu aux engins de chantier et racketter les citoyens. C’est « l’Etat de droit » version Royal. Car tel est mon bon plaisir !

 


LA FRANCE TOUJOURS DANS LE ROUGE

La croissance en panne

 

Notre Sapin-les-bas-roses a beau se targuer d’un déficit de l’Etat meilleur que prévu pour 2015, ce qui reste encore à démontrer, notre pays ne fait pas beaucoup d’efforts pour réduire dette et fiscalité. Il a de moins bons résultats que la plupart de ses voisins européens. Pire, en ce début d’année on assisterait plutôt à une inflation de promesses coûteuses.

Déficit 2015 : amélioration en trompe l’œil.

Le déficit de l’Etat a atteint 70, 5 milliards d’euros, soit 4 milliards de moins que prévu initialement. Ce résultat s’explique en grande partie par une charge de la dette moins élevée que prévu en raison des taux bas et une baisse de la contribution française au budget de l’Union européenne. La lutte contre la fraude a contribué pour un peu plus d’1 milliard et le rabot des dépenses a apporté 1,4 milliard d’économies supplémentaires. Finalement, le gain est plus dû à des paramètres extérieurs qu’à une volonté politique, alors que le contexte hyper favorable aurait permis beaucoup plus. Rappelons que dans le même temps, l’Allemagne a réalisé 12 milliards d’euros d’excédents. Ce qui remet les pendules à l’heure.

Notre pays ne fait pas d’efforts.

En matière de dépenses publiques, la France reste un cancre si on prend comme paramètre la nécessité  de les réduire. Notre déficit public est à 3,9% en 2014 contre 3% en moyenne dans l’Union européenne, nos dépenses publiques représentent 57,1% du PIB en 2015 contre 48,7% dans l’Union européenne et notre dette atteint 96, 9% contre 86,8% dans l’UE.  Notre pays est celui où la dette publique a diminué le moins vite depuis 2010 à cause d’une croissance en berne principalement. C’est aussi dans l’hexagone que la dette publique a le plus progressé, bondissant de plus de 3% contre 1,3% dans l’UE. Le poids des dépenses publiques se traduit par un niveau trop élevé de prélèvements obligatoires dont elle est vice-championne du monde avec le Danemark. En cause une part prépondérante de nos cotisations sociales : une politique dont nous n’avons plus les moyens et qui a forcément recours à la dette pour son financement. Qui plus est, elles pèsent principalement sur les entreprises, faisant de la part des cotisations patronales, la plus élevée d’Europe.  Et puis il y a la multitude de ces petites taxes (192 au rendement inférieur 150 à millions d’euros) qui rapportent quand même plus de 5 milliards. Une manie française que le gouvernement n’arrive pas à inverser. En 2016 on crée 5 taxes nouvelles pour une seule supprimée. En contre coup d’une politique fiscale désordonnée et de dépenses insuffisamment maîtrisées, la TVA rapporte moins qu’ailleurs de même que l’impôt sur le bénéfice des sociétés et l’impôt sur le revenu. Un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire.

L’inflation des promesses coûteuses.

Elles sont belles les promesses du budget 2016 : des impôts censés ne plus augmenter, 16 milliards d’économies, le tout reposant sur une croissance de 1,5%, avec une réduction du déficit à 3,3% du PIB. Seulement voilà, depuis le vote, il a fallu ouvrir le porte-monnaie des dépenses « imprévues ». Je veux bien pour celles concernant la sécurité après les attentats de novembre. Le « pacte de sécurité » l’emporte sur « le pacte de stabilité » s’est empressé d’affirmer le chef de l’Etat, beau prétexte pour se défiler d’engagements intenables. Après 800 millions supplémentaires pour les forces de l’ordre et la justice, le montant aurait été insignifiant s’il s’était arrêté là, le président  a multiplié les vœux dépensiers sans préciser le coût de ce qu’il annonçait (généralisation du service civique, augmentation du nombre des réservistes, évolution du point d’indice des fonctionnaires…). La dépense la plus importante sera affectée à la lutte contre le chômage pour en améliorer les statistiques, près de 2 milliards quand même ! Une nécessité découverte bien tardivement alors que la montée continue du nombre des sans emploi n’est pas une nouveauté. L’équation budgétaire est donc loin d’être garantie au moment où Bruxelles rappelle que la France ne bénéficiera d’aucuns délais supplémentaire. Le vice-président de la commission européenne le constate : « la France ne délivre pas les efforts structurels qui lui avaient été réclamés par le Conseil ».

Rien n’a été fait pour freiner la dérive des déficits.

Pour Agnès Verdier-Molinié, de l’IFRAP, la France ne pourra pas respecter son engagement de ramener à 3% son déficit en 2017. C’est tout simplement impossible. Les calculs de son Institut prévoient un dérapage du budget à 80 milliards pour cette année, et il ne voit aucune raison pour que le solde des comptes publics s’améliore vraiment en 2017. La croissance prévue pour 2016 est déjà sérieusement revue à la baisse en raison du contexte international, ce serait 1,1% plutôt que 1,4 ou 1,5. Quoi qu’il en soit, on sera toujours dans une atonie qui ne permettra pas de créeer suffisamment d’emplois. Bref, l’IFRAP évalue à 3,5% le déficit pour 2017, loin des 1% prévus dans les accords avec l’Europe. Un motif d’inquiétude supplémentaire s’ajoute à ce constat austère : nous allons droit vers les 100% de dette publique. Or, la seule manière de redresser les comptes est de baisser les dépenses. Depuis le début du quinquennat elles sont passées de 1 150 milliards d’euros à 1 280 milliards par an, avec une inflation négligeable et une absence de croissance. La dérive continue donc. En France, que la conjoncture soit bonne ou mauvaise, les comptes sont toujours dans le rouge. Voilà un motif justifié de modification constitutionnelle : mettre dans l’article 34 que tout excédent budgétaire devra être intégralement affecté à la réduction de la dette. De nombreuses mesures techniques sont possibles pour enrayer les mauvaises habitudes et la tendance au laxisme budgétaire. La Cour des Comptes n’est pourtant pas avare de bonnes recommandations. Ainsi nous payons tous les ans 60 milliards de plus que nos voisins en couts de production de nos services publics. Les économies sont sous nos yeux, il suffirait de les ouvrir pour les voir. L’IFRAP fait même un catalogue de 10 propositions pour retourner à l’équilibre budgétaire sans affecter la qualité des services publics. Il suffit de volonté politique.


Reprise France002 Difficile de sortir de l’économie « pouf ».

Cette image utilisée par une chroniqueuse en économie est très parlante. Le "pouf", c'est ce siège confortable dans lequel on s’enfonce mollement mais dont on a du mal à s’extraire ensuite, surtout quand on a un certain âge. C’est le cas de notre « vieille » économie. Notre modèle social et économique amortit les secousses des crises et nos chutes sont plus douces qu’ailleurs. En 2009 la récession en France a été de moins de 3% quand elle atteignait 6% outre-Rhin. Le poids de l’Etat en est la cause. Mais la contrepartie c’est la lourdeur au redémarrage quand la croissance repart. Ce qui était un amortisseur devient un boulet : les prélèvements obligatoires sont un frein à la création de richesse. Le « pouf » agit comme un piège !

En attendant, on n’est pas près de voir le bout du tunnel...

Gilles Carrez et Eric Woerth chiffrent à 4 milliards d’euros les dépenses nouvelles non financées. De quoi rendre la France encore plus vulnérable !

 


TREMBLEMENT DE TERRE A GAUCHE

Taubira départ

La démission de Christiane Taubira « pour désaccord politique majeur » est un vrai séisme pour la gauche avec des répliques qui se prolongent au sein même du parti socialiste où les déclarations hostiles au chef de l’Etat se multiplient. Elle met en échec la stratégie de François Hollande, qui voulait, peu ou prou, se rabibocher avec la gauche pour imposer sa candidature et se présenter à un second mandat.

La situation est résumée par Jean-Luc Mélenchon.

Le procureur des premières heures du quinquennat n’y va pas avec le dos de la cuillère, avec son habituel sens de la formule, il résume assez bien la situation : « Sur tous les marqueurs de l'époque - et au premier rang le chômage - la situation est pire que sous Sarkozy, quant aux dommages moraux, ils sont vertigineux. François Hollande est le nom de toutes nos misères et de toutes nos désillusions… » Le départ de la Taubira a été salué par des cris de joie à droite, mais il ne faut pas que cela occulte l’hommage que lui a rendu une bonne partie du PS et de toute l’extrême gauche. Il a le mérite de délier toutes les langues, de relancer les opposants à gauche qui espèrent récupérer une hégérie à défaut d’un leader. Chacun se croit obligé d’y aller de son avis, et il faut reconnaitre qu’ils sont bien peu nombreux ceux qui défendent l’actuel président. De Christian Paul à Laurent Hamon en passant par Duflot et Montebourg, le front TSH (Tout Sauf Hollande) se met en place, ce qu’a bien perçu le Camba de Solférino.

Le pingouin sur un morceau de glace qui se détache de la banquise.

Et il va bientôt se retrouver tout seul au milieu de l’océan déchainé. Le président de la République et ses amis tentent encore de défendre l’idée qu’il est le candidat « naturel » de la gauche en 2017. Il est vrai que même s’il n’est pas soutenu par trois-quarts des électeurs, il a une notoriété que ne possède aucun de ses concurrents putatifs. Et il peut imposer sa volonté et faire renoncer la gauche à l’organisation de la primaire pourtant prévue par les statuts du PS. Encore qu’il ne soit pas avéré qu’il puisse imposer son point de vue à tous ceux qui contestent son autorité. Beaucoup d’anciens ministres, comme Arnaud Montebourg et Aurélie Filipetti souhaitent qu’une primaire soit organisée à gauche et que Mme Taubira se présente à cette consultation.

Double impasse pour la gauche.

Si l’actuel locataire de l’Elysée accepte qu’une primaire soit organisée, ce sera avouer publiquement qu’il ne dispose plus de l’autorité suffisante pour représenter la totalité de son camp. Même s’il peut légitimement espérer vaincre des candidats qui n’ont pas fait leurs preuves, plus bruyants que populaires, et montrer que ceux-ci risquent de conduire le pays dans une nouvelle mésaventure, il restera les obstacles que sont un chômage toujours en hausse et une popularité très basse. L’humiliation que serait une primaire, en l’obligeant à se distraire momentanément des affaires de l’Etat, n’est pas de nature à améliorer son image déjà bien écornée. En plus elle ne résoudrait rien. En effet il restera toujours l’obstination d’un Mélenchon qui réfute tout compromis et se présentera contre vent et marée. Il risque de ne pas être le seul. Christiane Taubira, Cécile Duflot sont démangées par le prurit de la candidature elles aussi. Si ces hommes et femmes se présentent, ils assureront la défaite du sortant dès le premier tour. En effet, même si les unes ou les autres ne recueillent qu’un nombre limité de voix, ce sera suffisant pour que Hollande ne passe pas le cap.

C’est tellement prévisible que l’on se demande pourquoi il y en a encore à vouloir en découdre avec lui, comme s’ils n’avaient pas compris que leur projet n’offre, au second tour, que le choix entre la droite et le Front national. C’est une stratégie suicidaire et ne doutons pas qu’en habile manœuvrier il va se servir de cet argument ultime. On peut douter qu’il parvienne à ses fins.

Le retrait ne résout rien.

La gauche est en manque de rassembleur. Imaginons que le chef de l’État tienne son engagement de ne pas se présenter parce que la courbe du chômage ne sera pas inversée. Cela donnerait à Manuel Valls une occasion unique de se porter candidat tout en n’excluant pas qu’Emmanuel Macron, le populaire ministre de l’Économie, tente sa chance lui aussi. Dans ce cas on peut être assuré que la gauche dure fera tout pour faire barrage à l’un et à l’autre et présentera son propre candidat. Toutes ces hypothèses aboutissent au même constat : la gauche court au-devant de l’une de ses défaites les plus cuisantes. On peut même craindre le pire : comme le pays sera, en 2017, à ramasser à la petite cuillère, les Français mécontents exprimeront leur colère ou leur désarroi en votant encore plus pour le Front National et augmenteront ses chances de conquérir le pouvoir.

C’est l’autre aspect incompréhensible de la stratégie de la gauche. Mais la gauche du PS, le PC et d’autres, continuent de croire dans leurs certitudes et qu’ils peuvent proposer un projet inspiré du socialisme, pour ne pas dire du marxisme alors que près de deux-tiers des Français se positionnent désormais à droite. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, des gens de gauche prennent des initiatives citoyennes comme celle de Claude Posternak avec « La Transition », pour bousculer le système politique en se servant des réseaux sociaux et tenter de construire un « Podemos » à la française. Confusion assurée !

Il arrive même que les tremblements de terre déclenchent des éruptions volcaniques !

 


DEUX BONNES NOUVELLES !

 

Voilà deux journées à marquer d’une pierre blanche. Oublions les désagréments causés par tous les désordres auxquels un pouvoir incompétent et incapable doit faire face : ce sont ceux de la France en colère. Hier, selon un scénario bien préparé, La Taubira a décidé de quitter le pédalo en perdition. On ne s’en plaindra pas. C’est la première bonne nouvelle. Et aujourd’hui, c’est Alain, qui est reçu à l’Académie Française, je veux dire « MR » Finkielkraut. C’est la seconde bonne nouvelle et on va pouvoir dire : « taisez-vous, Mr Finkielkraut… parle ! ».


Taubira 2La justice est passée !

Ouf, elle est partie. 80% des Français sont satisfaits, c’est dire la popularité de l’ex-Ministre de la Justice. Elle ne pourra plus nuire. Elle laisse derrière elle un bilan catastrophique et (heureusement) bien maigre : déconstruction de l’arsenal répressif avec la suppression des peines planchers, des tribunaux correctionnels pour mineurs, arrêt du programme de construction des prisons puisqu’elle veut les vider, mise en place de la contrainte pénale qui fait de la probation la règle et de l’incarcération l’exception. Heureusement son vaste programme de « justice du XXIème siècle » en est resté aux palabres. On a échappé au pire. Notamment la réforme de la justice des mineurs. Il restera néanmoins son œuvre « totem » : le « mariage pour tous ». On retiendra surtout son « angélisme judiciaire » et son absence de retenue militante : le Syndicat de la Magistrature lui fournit les équipes et les idées avec une cogestion de fait. Sa conduite personnelle, autoritaire et insensible aux opinions contraires, souvent arrogante et même triomphaliste, l’a rendue insupportable, elle était davantage guidée par un sentiment d’injustice né de ses origines guyanaises que par la réalité sécuritaire qui n’autorisait plus le laxisme à l’égard des criminels et l’indifférence que lui inspirent les victimes. Elle est restée animée par la « furia révolutionnaire » de l’époque où elle militait pour l’indépendance de la Guyane, comportement peu en adéquation avec un ministère qui exige recul, retenue et hauteur de vue. On peut lui reprocher d’avoir fait passer la militante politique sectaire avant la Ministre.

Les positions personnelles de la garde des Sceaux n’étaient plus en adéquation avec la politique judiciaire du gouvernement, son départ était devenu inévitable. Elle sera regrettée par la gauche dure, celles des « frondeurs » qui perdent une figure de proue, les communistes, les mélenchonistes, ce dont  on n’a cure. Sa démission apporte une clarification indispensable de la politique conduite par l’exécutif au moment où Manolito présente le projet de réforme constitutionnelle. « Parfois, résister, c’est partir », a dit la Taubira dans une expression laconique qui en dit long. Le président de la République, qui l’a gardée au gouvernement en dépit de divergences éclatantes, sait à quoi il doit s’attendre. Elle ne sera ni inerte, ni muette et combattra ouvertement le gouvernement actuel. Jusqu’à se présenter à la présidentielle comme en 2002 où elle avait fait chuter … Jospin ?! La démission de Taubira « pour désaccord politique majeur » fait échec à la stratégie de « François l’embrouille », qui voulait se rabibocher avec sa gauche pour se présenter à un second mandat. Ce n’est pas nous qui nous en plaindrons.

Alain FinkielkrautBienvenue sous la coupole.

Cette jeune professeure d’Anglais, soi-disant apolitique, qui a pris à partie le philosophe sur le plateau de « Des paroles et des Actes » n’y pourra rien : aujourd’hui Alain Finkielkraut parlera, il va prononcer son discours de réception sous la coupole parmi les « Immortels ». On retiendra de cet échange comme seule la télévision populiste sait nous en proposer,  la grande dignité de notre penseur qui venait de mener un débat courtois de grande qualité avec Daniel Cohn Bendit, face à un discours « victimaire » appris par cœur dans la pure tradition khmère rose chère à notre Ministre de l’inéducation nationale. Comment peut-on reprocher à l’auteur de "La défaite de la pensée" (mon bréviaire) d’être "approximatif", « vaseux » et de contribuer à obscurcir les esprits. Le sourire niais qu’elle afficha pour conclure : « Taisez-vous Mr Finkielkraut ! » est la signature de son inculture. A-t-elle seulement lu les ouvrages du philosophe ? Et si c’est le cas, il faut qu’elle retourne à l’école, car elle a fait la démonstration qu’elle n’a rien compris.

L’idéologie en prêt-à-porter ne fait illusion que trente seconde. A quoi bon lui répondre. La langue utilisée par Finkielkraut n’est pas audible pour elle, d’ailleurs elle n’écoutait pas. Ce qui est grave, c’est l’injonction téléguidée du « taisez-vous ! ». Elle est l’expression du gauchisme culturel dont le journal Le Monde se fait régulièrement le porte-parole : il faut « fuir les débats imposés, refuser de constituer certains idéologues comme des interlocuteurs, certains thèmes comme discutables, certains problèmes comme pertinents. Ces thèmes rendent la confrontation d’idées impossible, les évacuer est la condition du débat ». Ainsi sévit le terrorisme culturel gauchiste. Heureusement, personne n’empêchera Alain Finkielkraut de continuer à se faire « l’accoucheur de notre inquiétude collective ». Il continuera à célébrer et défendre les acquis de notre civilisation qu’il a reçus en partage et si bien intégrés. Aujourd’hui, l’affront est réparé. C’est l’héritier d’une généalogie, d’une histoire, d’une littérature, qui s’avance parmi les Académiciens.

« Taisez-vous, Mr Alain Finkielkraut parle ! »

 


LA PRIMAIRE : « FAIRE », UN LONG CHEMIN POUR FILLON !

Fillon homme_2
 

 

« Road-movie » en continu.

Les mois se suivent et se ressemblent pour François Fillon. Il est sur la route, à la rencontre des Français et des militants,  il travaille, il voyage. Ne rien négliger pour être « au niveau » du combat, qu’il mène comme un sacerdoce. L’été dernier, il a sillonné les Etats-Unis  avant de rencontrer Christine Lagarde et de faire une brève étape à New York, histoire de peaufiner une stature internationale. De retour dans l’hexagone, il a suivi de près l’évolution de la crise agricole. Et pour finir, il s’est imposé une séquence studieuse pour mettre la dernière main à son livre « FAIRE » paru à la rentrée.

Le programme le plus abouti ne suffit pas.

Ce livre-programme est un succès d’édition : plus de 80 000 exemplaires. Je l’ai lu (voir mon article à ce sujet) et affirmer qu’il contient le programme le plus abouti pour redresser la France n’est pas un slogan en l’air, c’est la vérité reconnue par nombre d’observateurs crédibles. La campagne des régionales lui aura permis ensuite d’aller aux quatre coins de la France pour le décliner devant des assemblées souvent nombreuses et enthousiastes. Les sujets collaient parfaitement avec l’actualité : éducation, Europe, sécurité, immigration, économie et finances… Une conception exigeante du redressement national. Et pourtant le sentiment que le candidat piétine persiste. L’adhésion qui devrait être massive ne vient pas. La concurrence est rude.

Un léger décollage dans les sondages.

Depuis le mois de septembre dernier, les efforts de François Fillon lui ont permis de grappiller quelques points dans les études d’opinion. Mais la percée n’est pas vraiment là malgré tous les efforts consentis pour exister. Cela ne semble pas le décourager. L’arrivée est encore loin, et il sait par expérience qu’il suffit de peu de choses pour que ça bascule. Il sait aussi que la ténacité en politique est toujours récompensée. Alors il continue de creuser son sillon, tout en essayant de faire entendre sa différence. Inlassablement, il reprend son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des Français, à raison d’une réunion au moins par semaine.

Une capacité opérationnelle certaine.

De tous les candidats à la primaire actuellement connus, il est de loin celui qui a le plus de parlementaires et d’anciens parlementaires pour le soutenir. Ce sont autant de relais dans toute la France. Il retrouve de ses proches à la tête de régions : Bruno Retailleau, Valérie Pécresse. Il a inauguré un siège de campagne dès le début du mois de janvier et son nouveau site internet est un modèle du genre pour son interactivité. Voilà un candidat qui a un programme, des troupes, un siège avec une équipe opérationnelle composée de gens aguerris… Il a de l’avance dans sa préparation.  Alors, pourquoi la mayonnaise tarde-t-elle à prendre ?

Qu’est-ce qui empêche la percée ?

De nombreuses causes peuvent expliquer ce relatif marasme que suscite sa candidature. Il est possible que les électeurs de la droite et du centre attendent de connaître toutes les candidatures avant de se prononcer. Relativisons en effet les sondages qui prennent en compte des aspirations très larges et peuvent contribuer à gonfler des baudruches. Mais surtout, François FILLON doit se faire une image d’homme qui a la carrure. Il l’a certainement, mais on retient de lui le Premier Ministre du quinquennat précédent : une solide expérience… de second. Et la sotte question revient en boucle : «  Ce que vous préconisez aujourd’hui, pourquoi ne l’avez-vous pas fait alors ? ». Son image reste celle d’un « notable de province », de premier de la classe discret et pudique. Et pourtant, il suffit de l’écouter pour s’apercevoir que derrière ce portrait d’homme réservé se cache une détermination, une autorité, un tempérament de décideur. Cela transparait dans son livre. Mais voilà, le grand public ne vient pas aux meetings et les plateaux de télé sont réducteurs. Enfin, dans ce qui nuit encore à son image, il reste le souvenir persistant de son duel avec Copé. Un désastre à la fois médiatique et militant. Combien ont quitté le parti à ce moment-là et j’en rencontre encore qui n’ont pardonné ni à l’un, ni à l’autre. Le retour de son ancien rival sur la scène politique, de ce point de vue, n’est pas une bonne nouvelle.

La ligne d’arrivée est encore lointaine.

Le chemin est long et la pente est rude, aurait dit Raffarin. Mais le Sarthois aime l’escalade. François Fillon n’a rien à perdre. Il a dit qu’il irait jusqu’au bout. Il va donc continuer à battre la campagne. Il est passé de 6% à 12% dans les sondages. Il a encore une bonne marge de progression. La surprise peut sortir des isoloirs. Il va tout faire pour la créer.

 

 


LE PHENOMENE MACRON : MOI, MOI ET MOI … UNE ESCROQUERIE !

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De manière générale, les Français souhaitent qu'il y ait un renouvellement du personnel politique (56%), actuellement insuffisant à leurs yeux (88%).

C’est une vieille antienne.

On a connu ça avec les « quadras » dans les années 80, avec le succès que l’on sait : c’est toujours un vieux renard qui tire l’épingle du jeu. Et c’est logique. Notre république s’inscrit par son histoire et sa « pyramide des pouvoirs » du local au national, dans la logique du « cursus honorum » de la république romaine, dont nous sommes les lointains héritiers. Impossible de faire l’impasse dessus, et c’est préférable. L’élection de François Hollande en est la preuve un peu iconoclaste : par accident, il a pu s’affranchir du parcours et être élu sans avoir jamais participé à un gouvernement. On mesure chaque jour ce que son manque d’expérience des rouages de l’exécutif nous coûte.

Que signifie la popularité d’un Macron.

Il suffit d’une belle gueule et d’une intelligence brillante pour être propulsé en tête de gondole. Il faut dire que ça n’est pas trop difficile dans l’univers de médiocrité idéologique où il navigue, lui qui n’a aucun engagement ni idéologie, sauf peut-être celle apprise dans la finance. Entouré de bras cassés, au sens propre comme figuré, il jaillit comme une pépite au milieu des scories. Il parle un langage différent, pratique l’empiètement permanent sur les plates-bandes de l’opposition tout en criant sa loyauté à son camp. Voilà de quoi plaire au microcosme médiatique gaucho-bobo-parisien. Celui qui crache dans la soupe est toujours mis en exergue, fût-il minoritaire. Alors, évidemment, il est celui qui incarne le mieux le renouvellement en politique, selon 55% des personnes interrogées (contre 43%). Il est le seul à obtenir une approbation majoritaire, aussi bien à gauche qu'à droite. Il devance la députée FN Marion Maréchal-Le Pen (43%) et le député Les Républicains Bruno Le Maire (36%). Une unanimité factice !

Le culte de l’image.

Devenu la coqueluche des médias, Emmanuel Macron peut se permettre de donner une interview sans rien à annoncer. Dans la page que « Le Monde » lui a consacré, pas de mots qui dérangent ni de totem dénoncé, pour une fois la transgression n’est pas dans les mots,  elle est dans la photo. Emmanuel Macron a « la barbe de trois jours ». Changement de « look », pour attirer l’attention et du coup le « tout Paris » bruisse. Histoire de faire parler de lui au moment où les attentats ont relégué au second plan les priorités économiques. Les moulinets sécuritaires de Manuel Valls conviennent mieux à la période que les coups de bélier verbaux portés aux rigidités françaises par son ministre de l’Economie. La loi Macron2 est d’ailleurs passée à la trappe, absorbée par celle que la ministre du Travail, Myriam El Khomri, prépare sur l’emploi et le Code du travail. Dans ce contexte défavorable il faut pourtant continuer à exister. Donc, il procède par expressions mesurées, le mot « responsabilité » répété. Emmanuel Macron porte la barbe d’un sage ou d’un homme d’affaire parisien où elle est très « mode ». Dans « Le Monde » on fait de la pédagogie, on rappelle l’état de la France, on explique ses fondamentaux car on s’adresse à des « intellos ». On ponctue le tout de quelques aphorismes : « La croissance n’est pas assez riche en emplois », « le devoir qui est le nôtre, c’est d’acter que la croissance ne viendra pas de l’extérieur », « on n’a pas tout fait pour l’emploi ». S’il s’agissait de convaincre le « patron » de donner du contenu au plan pour l’emploi détaillé  le 18 janvier, il en a été pour ses frais. On a vu où menait « l’état d’urgence économique et sociale » ! Alors, Emmanuel Macron bouge à nouveau : il ira chez « Bourdin » et dégainera à nouveau ses vérités, sur un ton beaucoup plus trivial, défendant le patron qui risque son argent…  en semant le trouble chez ses « amis » du côté de sa majorité. Avec ou sans loi, il est là, il ne renoncera pas, avec la complicité des médias, mais jusqu’à quand ? Réponse : tant qu’il fera de l’audience.

Mais c’est une escroquerie intellectuelle.

Rien de ce beau langage réaliste sur l’entreprise, les rigidités qu’il faudrait supprimer dans le marché du travail, le code du même nom, les marges … ne sera appliqué. C’est une « disruption », c’est-à-dire un écran de fumée pour exister soi-même et déstabiliser le camp d’en face. Personne n’est dupe. Macron peut croire à son destin, l’ivresse ministérielle y conduit. Mais en fait, il ne peut aller très loin. Car un destin national ne peut pas se construire sans le soutien solide d’un parti de gouvernement, ses militants, ses électeurs. Sans appareil, pas de conquête du sommet. Et le soutien médiatique fond alors comme neige au soleil.

Le désir de changement est aussi une escroquerie…

Je dirai même que c’est une « tarte à la crème ». Bruno Le Maire tente de surfer sur cette tentation et déploie une énergie phénoménale, mais peine à se faire une place. Si c’était si vrai, il devrait être au « hit-parade » à la place de Juppé.  C’est donc vrai qu’on peut avoir le sentiment que ce sont toujours les mêmes qui reviennent. Pourtant il suffit de gratter un peu pour s’apercevoir que le renouvellement se fait par le bas : combien de nouvelles têtes ont pris des villes, des départements, des régions et sont promises à un avenir national : les Pécresse, Béchu, NKM, et bien d’autres encore. Parmi les mesures à même de favoriser le renouvellement en politique, les Français plébiscitent le non-cumul des mandats (86%) : une autre naïveté héritée du culte égalitariste imposé par la gauche et totalement incongrue dans un pays jacobin et centralisé comme la France où il faut avoir un mandat national pour faire aboutir quelques grands projets locaux. Quant au cumul des indemnités, le trouble est alimenté par les informations qui circulent sur internet, toutes fausses parce qu’elles oublient systématiquement le plafonnement imposé par la loi et l’écrètement. Plus justes ou réalistes seraient l'obligation pour tout élu concerné de démissionner de la fonction publique (84%) et l'interdiction d'exercer plus de 10/15 ans un mandat électif (81%).

En fait, c’est surtout le manque de résultats obtenus par les gouvernements successifs qui crée la lassitude. Comme s’il suffisait de changer le personnel sans se soucier de l’état de l’établissement que celui-ci fait tourner. La gauche, par le désenchantement qu’elle crée et ses erreurs, ses dénis, a aggravé le mal. Mais, les Français seraient bien inspirés  de regarder ce qui se passe autour d’eux : à quoi ont servi les initiatives nées d’internet et des réseaux sociaux ? Réponse : au Portugal et en Espagne à rendre les pays ingouvernables. Belle réussite en effet ! 

Au lieu de critiquer le système, que les Français adhèrent donc massivement dans les partis de gouvernement existants,  ils seront à même alors de provoquer le renouvellement. Mais ce serait trop facile et peut-être trop contraignant de participer ainsi à la vie démocratique.


REJETER SARKOZY ET HOLLANDE DOS-A-DOS : QUELLE INJUSTICE !

Sarko 2012

 

Huit Français sur dix.

Huit Français sur dix ne souhaitent pas voir Nicolas Sarkozy se présenter à l'élection présidentielle de 2017. Selon les sondages successifs, de moins en moins d'électeurs souhaitent voir l'ancien président de la République se présenter. Ils étaient 33% en juillet 2014 et 22% en février 2015. Autre constat, l’actuel locataire de l’Elysée et son prédécesseur font exactement jeu égal : seuls 24% des Français veulent qu'ils soient candidats à la prochaine élection présidentielle, 74% étant d'un avis opposé.

C’est ce constat qui me scandalise le plus.

Vous allez tout de suite penser que je suis un sarkozyste inconditionnel comme on en rencontre dans le noyau dur chez « Les Républicains ». C’est mal me connaître. Je peux comprendre que des électeurs n’aient pas envie de rejouer la même pièce qu’en 2012. Je sais que la multitude des « affaires » que la gauche lui colle sur le dos fait peser un inévitable soupçon sur le personnage. Je vois bien que le financement de sa campagne de 2012 n’est pas clair. J’admets que le personnage à des travers qui peuvent paraître détestables, sa vulgarité parfois, ses petites phrases assassines, ses manies que des stars du show biz ne désavoueraient pas. Mais je ne comprends pas la violence du rejet de certains, même dans mes amis. Ce sont le plus souvent des gens de la bourgeoisie aisée, ou membres de certaines corporations qui ont pu avoir à souffrir de quelques-unes de ses réformes. On ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs. Ce ne sont pas les handicapés ou les personnes âgées qui ont vu indemnités et minimum vieillesse augmenter de 25% entre 2007 et 2012 qui viennent se plaindre. Et les Français, en général, devraient plutôt le remercier pour avoir pris les mesures qui s’imposaient en 2008, pour sauver les banques et donc leur épargne. C’est pourquoi renvoyer François Hollande et Nicolas Sarkozy dos-à-dos m’apparait comme une injustice, une ingratitude même. Il suffit de comparer les deux bilans pour en prendre conscience.

Bilan de l’action de l’actuel président :

Le chômage sous Hollande :

Sur cinq indicateurs clés, les résultats au bout de 43 mois de présidence sont plus catastrophiques que ceux enregistrés par son prédécesseur sur l'ensemble de son quinquennat. Son bilan en matière de lutte contre le chômage et de créations d'emploi est catastrophique.  C’est plus de chômeurs par mois, 16.351 chômeurs supplémentaires chaque mois soit près de 3000 de plus que lorsque Nicolas Sarkozy était à l'Élysée. En 2016 il affichera un aussi mauvais bilan en 4 ans que Nicolas Sarkozy en 5, la crise mondiale de 2008 en moins. C’est plus de chômeurs de longue durée, à fin novembre 2015, on ne compte 782.500, soit 254.700 de plus, au bout de 3,5 ans, que la hausse enregistrée pendant les cinq ans de mandat de Nicolas Sarkozy. C’est plus de chômeurs seniors : depuis mai 2012, Pôle emploi compte 294.400 demandeurs d'emploi de plus de 50 ans en plus, soit 40 000 de plus que le total atteint sous Nicolas Sarkozy, en cinq ans. C’est plus de destructions d'emploi : au troisième trimestre 2015, la France avait détruit pas moins de 191.000 emplois depuis l'élection de François Hollande, soit en 13 trimestres. Sur l'ensemble du quinquennat de Nicolas Sarkozy les compteurs se sont arrêtés à -255.200 emplois, soit en 20 trimestres. Ce qui porte la moyenne du nombre d'emplois détruits par trimestre à 14.692 pour l'actuel chef de l'État, contre 12.760 pour son prédécesseur. 2 000 emplois de plus détruits chaque trimestre qui passe.

Quelques réformes emblématiques :

Il serait fastidieux de passer en revue tous les aspects de l’action de l’actuel président et ses revirements. Retenons quelques réformes emblématiques : le mariage pour tous qui a déchiré la France, la justice en vrac avec Taubira, le matraquage fiscal avec la taxe à 75% heureusement abandonnée, une réformette des retraites qui n’a rien résolu, une réforme territoriale intelligente abrogée et remplacée par un redécoupage des cantons et des régions qui confine à l’absurde, des déficits publics qui ne se résorbent pas, une dette qui continue de croitre (il faudra encore emprunter plus de 180 milliards d’euros en 2016 sur les marchés), le nombre des fonctionnaires qui augmente sans cesse… Où est donc passé la présidence « normale » quand on prend l’avion pour aller inaugurer un cinéma à Tulle ? Et je ne parle pas des décisions prises puis abandonnées : on massacre l’apprentissage, pour le célébrer deux ans après, on surimpose les entreprises pour leur redonner ensuite des primes à l’embauche et des crédits d’impôts. Et que dire du taux de croissance en berne depuis 2012 et du pouvoir d’achat des ménages. Que retiendra l’histoire, sinon  celle d’un quinquennat zigzagant au gré des circonstances. Et tout cela sans crise majeure, ni financière, ni des dettes souveraines, ni de l’euro. Le pouvoir a, au contraire bénéficié d’une conjoncture heureuse dite « d’alignement des planètes », sans en tirer aucun profit pour notre économie. Une occasion gâchée. Sarkozy avait parait-il abîmé la France, alors que dire de l'état dans lequel Hollande va la laisser !

J’ai été un ardent défenseur du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Le « calepin » en est le reflet et je ne pourrais pas dire le contraire. Je n’ai jamais compris pourquoi le bilan de son action n’a jamais été fait réellement, d’abord avant la présidentielle de 2012, et depuis, en dehors de l’initiative (partielle) prise par Valérie Pécresse. A plusieurs reprises j’ai évoqué les nombreuses réformes réalisées. Je l’ai fait d’abord par militantisme, puis c’est davantage le regard de l’historien qui a prévalu. J’ai même été tenté de comparer l’action des deux présidents les plus réformateurs depuis De Gaulle : Giscard et Sarkozy. Mais ce bilan de 2007 à 2012, pour qu’il soit crédible, il n’y a guère que Nicolas Sarkozy qui puisse le faire. Dans son livre peut-être ?

Jetons encore un bref regard sur la période 2007-2012.

On doit à Nicolas Sarkozy la réduction des pouvoirs du Président de la République au profit du parlement et des citoyens, la limitation à deux mandats de cinq ans pour le Président de la République, le droit pour les députés de fixer 1/3 de l’ordre du jour de l’Assemblée, la loi de représentativité des syndicats, l’autonomie des universités aujourd’hui battue en brèche, la réforme des collectivités territoriales qui devait s’appliquer en 2014 et qui fusionnait le mandat de conseiller régional et général, la réforme de la carte judiciaire, de la carte militaire, de la carte hospitalière, le Grand Paris, mise en place d’une même autorité pour les gendarmes et les policiers, création du service civique… Et puis la réforme des retraites qui a permis d’ajuster le dispositif, sauver son financement et sur laquelle il vit encore, Le service minimum dans les transports, le remplacement de la taxe professionnelle, la suppression de la publicité sur les chaines publiques. Les crises successives qui ont marqué les années 2008 à 2010, dont on sait la violence et les effets dévastateurs (50% de recettes fiscales en moins en 2009), n’a pas empêché la relance de l’économie par l’investissement, la réduction de 160 000 fonctionnaires, la mise en place de la rupture conventionnelle pour mette de la souplesse et de la flexibilité dans l’emploi,…  En matière de logement, entre l’action des années 2007-2012 et celle de Duflot, c’est le jour et la nuit : 2 millions de logements dont 600 000 logements sociaux en 5 ans. Sur le plan social, il ne faut pas oublier la  création du RSA, malgré le contexte inapproprié. Un dernier chiffre pour finir : augmentation du pouvoir d’achat de 4% malgré le contexte de crise. A ce bilan intérieur partiel (il y a eu 930 réformes), il faudrait ajouter l’action décisive du président en matière de politique extérieure : au sein de l’Otan, avec la création du G20, au moment de la crise Géorgienne, etc… Une France qui assure un leadership et qui est respectée. Peut-on en dire autant aujourd’hui ?

Alors, certes, son action n’est pas exempte de faiblesses et de reproches.

Ainsi la réforme de la justice n’a pas été menée jusqu’au bout, la réforme du financement des charges familiales par transfert sur la TVA est intervenue trop tard, la baisse de la TVA aux restaurateurs était discutable, sa volonté de débattre sur l’identité nationale a tourné à l’aigre mais aurait été bien utile pour aujourd’hui ! Je pourrais allonger le propos en prouvant qu’il n’a pas gouverné pour les riches comme la gauche a tenté de le faire croire en permanence avec la complicité des médias. Et il a tenu près de 80% de ses promesses. On ne peut pas en dire autant de Hollande.

Une fois que tout cela est dit, il faut vivre avec le réel.

Son passage à Angers lors des dernières régionales m’a laissé sur ma faim. N’ayant aucune aversion à son égard, je reste disponible, comme à l’égard des autres candidats que ce soit Juppé ou Fillon. A lui de prouver qu’il peut être encore le meilleur.

 


LA PRIMAIRE : JUPPE FAIT LA COURSE EN TÊTE

Juppé

 

Depuis le 4 janvier dernier, la campagne est lancée.

Et Alain Juppé qui avait déjà la faveur des sondages tout au long de l’année 2015 peut savourer la dernière étude qui est tombée : non seulement il reste en tête, mais creuse l’écart. Avec 38% des intentions de vote, devant Nicolas Sarkozy à 29% (IFOP), il accroit son avance. Est-ce le résultat de son offensive médiatique avec la publication de son livre sur l’Etat fort ? C’est possible. Les thèses qu’il y développe le rapprochent en effet de l’électorat traditionnel de la droite, qui attend des réponses fermes sur le régalien. Une manière de corriger l’impression que son positionnement concédait trop au centrisme.

Lors du Grand Jury RTL, en octobre dernier, il tenait encore un discours très modéré : « Je suis là pour apaiser et rassembler », répétait-il à l’envi, ajoutant même : « s’il y a des déçus du hollandisme qui veulent nous rejoindre, ou des électeurs du FN, ils sont les bienvenus ». A l’époque, il tenait aussi à se différencier de Fillon, en condamnant toute nécessité de rupture, lui préférant la notion de « changement », plus classique… et aussi moins porteuse de sens. D’ailleurs c’est le style qu’il voulait donner à sa démarche, annonçant vouloir bâtir un projet pour la France qui sorte un peu des clivages traditionnels, se revendiquant « réformiste ». Il pense qu’il ne faut pas ouvrir des fronts de tous les côtés et plaide pour les réformes en douceur. Le point de comparaison là-dessus est facile. Raffarin avait appliqué la méthode Juppé, une réforme après l’autre, avait rencontré beaucoup de difficultés et finalement réalisé peu. Nicolas Sarkozy avait mené de fronts toutes les réformes. Toutes n’ont pas été jusqu’au bout, mais contrairement à ce qui est dit couramment, le total est impressionnant. Néanmoins, le Maire de Bordeaux annonce la sortie des 35 heures, pour revenir à 39 heures, et on le sait maintenant, il veut renforcer le rôle de l’Etat, renégocier Schengen, conditionner le regroupement familial, simplifier la procédure pénale… tout en revendiquant son « identité heureuse ».

Dans son positionnement, on reconnait une posture assez chiraquienne, sur le thème du « rassemblement ». En cela, l’imprégnation gaulliste de sa manière de faire ne renie pas la source de son engagement. Comme son ancien mentor, il sait que les périodes trop longues dans la peau de favori se paient parfois très cher. Sa stratégie était de ne changer ni de tempo, ni de ligne, affichant sa sérénité face à ses concurrents. Son livre sur l’éducation n’avait pas dépassé le succès d’estime et s’était révélé assez ennuyeux à lire. Et de fait il y prenait mille précautions pour ne pas déplaire aux enseignants. C’est pourtant à un changement de pied auquel il s’est livré pour enclencher le deuxième temps de sa campagne avec son livre « Pour un Etat fort ». Il fallait de toute urgence reconquérir une partie du noyau dur de son électorat à droite, un peu hésitant à son égard en raison du soutien réitéré de Bayrou à sa candidature. Il n’a pu rester, comme il le souhaitait, à contre-courant de l’exigence actuelle de fermeté, cherchant à résister à une forme de radicalisation qu’imposait la ligne suivie par Sarkozy. Les attentats de novembre ont dû jouer le rôle d’un électrochoc. Il a visiblement ressenti le besoin d’écouter cette exaspération française qui traverse tout le spectre politique,  au risque sinon de se retrouver décalé par rapport au centre de gravité de l’électorat de droite.

Il ne suffit pas de faire la course en tête. Il faut y rester. Ses concurrents sont eux aussi en campagne. Et on connait la pugnacité d’un Nicolas Sarkozy que ne se laissera pas facilement déposséder de son désir de revenir aux affaires. Alain Juppé est capable d’infléchir sa stratégie, comme on vient de s’en apercevoir. Il a de l’expérience, non seulement pour avoir été de nombreuses fois ministres et même le Premier d’entre eux, mais aussi en matière de tactique. Il n’est pas tombé de la dernière pluie pour mener une campagne. Reste que ses deux passages en Maine-et-Loire ne m’ont pas complètement convaincu. Je l’ai trouvé à chaque fois trop académique, incapable de se passer de son papier qu’il lisait ; le discours était là, mais pas l’orateur. C’est un point qu’il devrait travailler : le souffle, l’emphase doivent emporter une salle. Les campagnes présidentielles, c’est aussi sur la capacité à convaincre par le geste et la voix qu’elles se gagnent. Personne ne conteste qu’Alain est un homme carré, solide, compétent. Son âge n’est pas un handicap a priori, encore qu’il faille tenir un rythme épuisant pendant de longs mois. Il a gardé des munitions : il a prévu de jalonner son parcours tout au long de 2016 en publiant des « livrets » et encore deux livres programmatiques, un sur l’économie et un autre à l’automne. Il a un atout de taille dans son jeu, qui est aussi un non-dit : la seule chance de Hollande, c’est que Sarkozy gagne la primaire et que Bayrou se présente. Et à droite, les électeurs le savent.

Je serais encore plus convaincu si j’étais vraiment certain qu’il est bien devenu girondin. Son dernier livre penche plutôt du côté jacobin. C’est ce qu’il dira sur avenir de l’Europe qui comptera à mes yeux.


FRANCOIS LA FINASSE PRIS DANS LA NASSE

Hollande grimace

 

La manœuvre était pourtant bien pensée : en annonçant la déchéance de nationalité dans son discours devant le congrès, pépère se mettait sur le terrain de Sarkozy pour les mesures sécuritaires et ne pouvait donc pas être soupçonné de mollesse. En même temps, il prenait la précaution de consulter le Conseil Constitutionnel, en espérant une réponse négative, ce qui lui permettait de renoncer à la mesure « malgré lui ». Mais voilà, le dit Conseil a donné son vert. Et là commence l’embrouille.

Un projet parti de travers.

L’affaire de la déchéance de nationalité s’est mise à évoluer de travers et entrave les projets présidentiels. Hollande espérait réunifier la gauche et trouver des soutiens à droite de façon à pouvoir se prévaloir d’une sorte unité nationale avant les élections de 2017. Un joli coup de dés après la séquence post-attentats. Au lieu de cela, la gauche s’étripe et la droite multiplie les exigences pour voter la réforme constitutionnelle dans laquelle il veut inscrire la mesure. Le paradoxe veut qu’il soit combattu par Mélenchon, Aubry et consorts alors que plus des deux tiers des Français souhaitent la déchéance de la nationalité française pour les binationaux terroristes. Les frondeurs, les écologistes (pas tous), les communistes se battent au nom des grands principes contre la volonté populaire, mais peu leur chaut. La violence de la controverse offre même à l’opposition une occasion en or d’exprimer ses thèmes et contraint la gauche à retomber dans le marasme de la zizanie. L’exécutif tente bien de se sortir du piège où il s’est lui-même enfermé en alimentant un débat surréaliste sur une mesure somme toute mineure au regard des difficultés que rencontrent les Français. Manuel Valls défend le projet avec toute la vigueur dont il est capable en cherchant des aménagements susceptibles d’arrondir les angles avec le front des contestataires : déchéance des droits civiques pour les mono-nationaux, par exemple… Voici donc une mesure, dont tout le monde admet qu’elle n’aura aucune efficacité pour lutter contre le terrorisme, mais qui accapare la totalité du débat ; une mesure approuvée par les Français qui, pour la plupart, se désintéressent totalement des arguments moraux, juridiques et politiques que se renvoient défenseurs et adversaires ; une mesure sur laquelle on voit se produire un étrange tour de passe-passe : au nom des valeurs républicaines et de l’égalité, ce sont les plus farouches opposants à la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux qui deviennent les plus ardents promoteurs de la déchéance pour tous. Allez comprendre quelque chose !

On en oublie l’essentiel.

Ce charivari intellectuel est d’autant plus incompréhensible qu’il masque le cœur du sujet : il s’agit de renforcer les pouvoirs de la police et de l’administration. Annoncé dès le discours du chef de l’Etat au Congrès, au lendemain des attentats de Saint-Denis et du Bataclan, le dispositif prévu  devra prendre le relais de l’état d’urgence et pérenniser les pouvoirs que la police et les services de renseignement en ont provisoirement tirés. C’est ça qui est important et répond à la gravité de la menace terroriste. On comprendrait que les débats, les arguments, les divergences se focalisent dessus. Mais non, rien : le ministère de la Justice n’existe plus. Il est comme déchu. Les prises de position intempestives de la Ministre de la Justice, sans qu’elle soit sanctionnée ni amenée à démissionner, alors que d’autres ont été débarqués pour beaucoup moins, achève de décrédibiliser le sommet de l’exécutif. Cela se traduit immédiatement par une chute vertigineuse de la cote des deux têtes de l’exécutif dans les sondages. Il faudra bien qu’on nous explique pourquoi Mme Taubira jouit d’un statut inexplicable qui défie le bon sens.  A moins que machiavéliquement ce ne soit le moyen d’envoyer le Premier Ministre au casse-pipe.

La révision de la constitution court à l’échec.

Car le vote de la réforme est de moins en moins assuré. La révision de la Constitution, nécessaire pour que la déchéance soit incluse dans le texte fondamental, doit recueillir une majorité des deux tiers des députés et sénateurs. La droite est de plus en plus réticente, et ne votera pas si les conditions qu’elle y met ne sont pas remplies, encore moins si les mesures portant réforme de la nomination des membres du Conseil Constitutionnel et du Conseil Supérieur de la Magistrature sont incluses dedans. On comprend d’autant moins cet amalgame qu’il plombe la réforme, à moins que ce ne soit une pirouette supplémentaire pour trouver des boucs émissaires à un échec cuisant : la droite !

Une fracture de plus avec l’aile gauche.

Ce débat, amplifié par les médias, ouvre une nouvelle crise avec la gauche de la gauche et, cette fois, non plus sur les orientations économiques et sociales, mais sur la Constitution, donc sur le socle démocratique du pays. Ce que Martine Aubry a rappelé en montant au front dans une conférence de presse. Si le nombre d’élus n’est pas réuni pour voter le nouveau texte, un référendum pourrait assurer la révision constitutionnelle. Il s’agit donc d’une bataille que l’exécutif peut gagner, mais à quel prix ? Avec un tel passage en force, la fracture du PS serait consommée, les élus communistes, du parti de gauche et écologistes, découvriraient alors qu’ils sont encore plus minoritaires, de quoi garder une rancune tenace contre celui qui les aura mis dans cette situation : François Hollande. De quoi hypothéquer lourdement la réconciliation indispensable (il suffit d’entendre Mélenchon tonner) avant 2017.

Machiavel ne gagne pas toujours.

L’affaire de la déchéance, quelle que soit sa conclusion, aura démontré que, avec l’empiètement éhonté sur les plates-bandes de l’adversaire, il ne faut pas aller trop loin si on ne veut pas perdre la légitimité que l’on tire de son propre camp. Hollande est bien plus machiavélique que ne le laissent croire sa bonhomie et ses blagounettes. Mais le machiavélisme ne suffit ni à se maintenir au pouvoir ni à le conquérir. Il y faut aussi de la sincérité.

En ouvrant la boîte de Pandore de la déchéance de nationalité, le locataire de l’Elysée pensait profiter du trouble que cela créerait au sein de la droite ; en réalité, le désordre qu’il est en train de provoquer à gauche l’empêchera de sortir politiquement vainqueur de cette manigance.

 

 


NOTE ICI ET LA, EN VRAC

Doigts dans le nez

 

Primaire : il y aura 10 337 bureaux de vote dans toute la France pour « la primaire de l’alternance ».

35 heures : une heure de travail en plus des fonctionnaires équivaudrait à 2 milliards d’euros d’économies.

Qui croire ? Selon Agnès Verdier-Molinié, la France sera incapable de tenir ses engagements de réduction des déficits en 2017 : elle serait au mieux à 3,8% en 2016 et 3,5% en 2017. Ce n’est pas l’avis de Pierre Moscovici, Commissaire européen aux affaires économiques et à la fiscalité, qui précise  que « le délai accordé à la France ne saurait être prolongé » ! … A votre avis ?

12 milliards d’euros !!! c’est l’excédent allemand en 2015. Pendant ce temps-là, nous on multiplie les dépenses non financées.

Emplois publics : on va encore augmenter leur nombre pour tenter d’infléchir la courbe du chômage. Une méthode vouée à l’échec : un emploi public détruit 1,5 emploi privé et génère 0,3 point de chômage.

Livre sterling : entre la baisse du pétrole, la chute de la Chine et les craintes de plus en plus fortes de Brexit, la monnaie britannique s'est pris une claque magistrale. Elle est au plus bas depuis plus 5 ans et ce n'est pas terminé. Je vous ai entendu, vous avez pensé « bien fait ! ». Si, si !

Inflation 0 : du jamais vu depuis … 1954, l’inflation a été nulle en France en 2015. Le pétrole est en cause. C’est bon pour le pouvoir d’achat des ménages, mais une moins bonne nouvelle pour les finances de l’Etat. On est loin de l’hypothèse de 0,9% sur laquelle a été bâti le budget.

Même l’Inde : dans mon « Etat des lieux sur les prévisions 2016 », j’écrivais que l’Inde restait un pays à croissance dynamique. En fait, c’est comme pour la Chine : les chiffres sont faux et surévalués. Elle serait entre 3 et 4% de taux de croissance, une réalité qui se mesure à de nombreuses observations comme le fret ou la consommation de ciment en baisse, etc…  Il n’y a pas de miracle. Les oasis de prospérité dans un désert de stagnation ou de ralentissement, ça n’existe que dans la tête des Dupont : mirage !

Piratage : le directeur du renseignement américain a été victime d’un hacker. Si même lui …

77% : C’est la part des individus au sein des classes moyennes inférieures qui, selon une étude du Crédoc, affirment avoir l’impression d’être « perdants » entre « ce qu’elles versent aux administrations publiques et ce dont elles bénéficient en retour à travers les allocations, l’école, la santé, le chômage ou la retraite ». Eh oui, lucides !

Pologne : La Commission européenne a décidé de lancer une procédure formelle de surveillance de l’Etat de droit en Pologne, suite à l’adoption de plusieurs mesures controversées par le nouveau gouvernement populiste. Elle souhaite mener une évaluation préliminaire de la réforme du fonctionnement du Tribunal constitutionnel, où cinq nouveaux juges ont été placés par le pouvoir. En cas d’échec des discussions, d’autres mesures pourraient être prises, pouvant aller  jusqu’au retrait des droits de vote de la Pologne au Conseil. La Commission s’inquiète également des nouvelles règles de nomination des dirigeants des médias publics. Le Parlement européen débattra de la situation en Pologne, lors de sa session plénière.  Un peu ce qui arriverait avec Marine Le Pen si elle était élue.

S’il vous plait, ne payez pas avant l’échéance ! Le canton de Zug en Suisse a décidé de supprimer la décote en cas de paiement anticipé des impôts car il faudrait placer cet argent à des taux négatifs !!  À quand un discount pour les retardataires ? Les suisses nous « étônneront »  toujours !

 


LA PRIMAIRE A DROITE AU BANC D’ESSAI (2)

Primaire à droite

 

LES CANDIDATS DANS LES « STARTING-BLOCS »

La règle du jeu est prête et les modalités sont connues. Les candidatures commencent à se préciser. Certains postulants se retirent comme Xavier Bertrand et Christian Estrosi en raison de leur élection à la tête de leur région. C’est tout à leur honneur. D’autres sont connus de longue date et battent campagne depuis de longs mois déjà comme Alain Juppé et François Fillon. D’autres encore ont fait savoir qu’ils « iraient » comme Jean-Frédéric Poisson pour le Parti Chrétien Démocrate, ou Nadine Morano, sans qu’on sache s’ils réuniront toutes les conditions, et enfin il y a ceux qui font campagne, comme Bruno Le Maire, dont la candidature est un secret de polichinelle, mais qui souhaitent ménager le suspense et évidemment Nicolas Sarkozy qui ne tardera pas à rendre publique son intention, maintenant que l’équipe nationale est remaniée et verrouillée… D’aucuns trouveront que ça commence à faire beaucoup. La liste n’est pourtant pas close. Combien d’autres encore, au centre et chez les radicaux vont tenter l’aventure : le jeu reste ouvert.

Une chose est certaine : les Français qui souhaitent participer à cette épopée unique pour désigner le champion de la droite et (peut-être) du centre pour la présidentielle de 2017 pourront voter moyennant 2 € de participation, pour le premier tour le 20 novembre prochain. Le « cirque » de la campagne va donc occuper nos longues soirées d’hiver, du printemps, de l’été et même de l’automne ! Thierry Solère qui préside le comité d’organisation n’a pas fini d’avoir des sueurs froides. 10 000 bureaux de vote sont prévus et répartis dans les 577 circonscriptions législatives selon un processus très complexe, qu’il faudra encore distribuer commune par commune et quartier par quartier dans les grandes villes. Une haute autorité, composée de quatre membres extérieurs aux partis doit contrôler la mise en oeuvre de tout le processus. Pour l’instant, ce sont les conditions d’application qui sont passées à la moulinette par certains membres du bureau politique chez les Républicains, à la recherche du « loup » qui pourrait favoriser le Président du parti. Comme on le voit, la confiance règne.

Avant de passer au détail des propositions de chaque candidat, il convient d’observer que certains sont plus avancés que d’autres. Un petit point s’impose : le plus avancé est François Fillon avec son livre-programme « Faire », il dispose d’un projet complet, financé, qu’il ne lui reste plus qu’à vulgariser. Pour ce faire (sic), il a inauguré sa permanence de campagne sans perdre de temps et un site internet qu’il veut « à la pointe », en « geek » qu’il est, et interactif. Il dispose aussi du soutien d’une partie importante du groupe parlementaire « Les Républicains », probablement le plus nombreux. L’autre concurrent qui a déjà bien démarré sa campagne, c’est Alain Juppé. Chouchou des sondages depuis de longs mois, il avance par touches progressives, selon un agenda et une méthode différents. Après un livre sur l’Education, un peu décevant reconnaissons-le, il vient d’en publier un autre sur les fonctions régaliennes. Ce qui en a transpiré dans les médias semble le ramèner dans le giron de la droite jacobine classique, mais je vais lire le document avant d’en juger. Alain Juppé fait la course en tête, mais les enquêtes d’opinion, si elles sont des indicateurs, sont néanmoins à prendre en considération avec précautions. On a connu dans le passé le phénomène Simone Veil. Enfin parmi les personnages qui y pensent et s’activent, il y a Bruno Le Maire qui mène une entreprise de labour en profondeur par ses nombreux déplacements à travers tout l’hexagone et dans les départements d’Outre-Mer, pour se faire connaître et exposer ses idées, un programme entièrement axé sur le « renouveau ». En matière de renouveau, il s’agit surtout de sa personne. Pour les idées, beaucoup sont du recyclage de déjà vu. Quand on est à droite, le champ est heureusement limité.

Il reste le cas Sarkozy. Jusqu’à maintenant, il s’est surtout consacré à la remise en ordre de marche du parti et à la réussite des élections départementales et régionales. Ces échéances passées, sa candidature officielle ne devrait plus tarder. On verra alors si le travail sur le projet engagé par Eric Woerth lui sert pour sa campagne. Nous aurons l’occasion de revenir sur la place qu’il occupe dans l’opinion publique et au sein de l’électorat de la droite et du centre.

Affaire à suivre… à petites doses pour ne pas vous lasser. Demain, promis on passe à autre chose. Hollande et le caillou Taubira dans sa chaussure, par exemple.

 


LA PRIMAIRE A DROITE AU BANC D’ESSAI (1)

Primaire à droite

 

UNE METHODE A HAUT RISQUE POUR LA DROITE ET LE CENTRE

Voici un premier article d’une série qui nous permettra de faire le tour de cette primaire dans tous ses aspects : candidats, organisation, campagne … Cette procédure est inédite pour la Droite.

La « primaire » est une nouveauté pour la droite.

D’habitude, c’est le « chef naturel », patron du parti, qui le représente dans la compétition. Ceci nous a valu des premiers tours avec des candidatures multiples de la droite et du centre, chaque sensibilité voulant être représentée pour des raisons aisément compréhensibles : il en va de l’existence et de la notoriété du parti que seule la compétition présidentielle peut valider. Nous avons donc connu les confrontations UDF-RPR, les chocs Chirac-Balladur, la concurrence Sarkozy-Bayrou, … Mais avec l’irruption du Front National à un niveau très élevé, -Merci Hollande-, ce scénario d’éparpillement des voix au premier tour serait suicidaire s’il était appliqué, aussi bien pour la droite que pour la gauche, les deux candidats arrivés en tête étant seuls qualifiés pour le second tour. Les scores obtenus par le FN lui assurant de figurer dans tous les cas. Il y a donc nécessité d’avoir la moindre dispersion des voix pour éviter un scénario à la 2002. Voilà pourquoi la gauche avait fait une « primaire » en 2012. Voilà pourquoi la droite et le centre qui doivent absolument faire front commun doivent en organiser une pour désigner leur champion pour 2017. En espérant que les « marginaux », tels Dupont Aignan, ne progressent pas trop.

Le contexte politique tel qu’il ressort des Régionales.

La droite et le centre n’ont pas fait le plein des voix, tant s’en faut, lors des dernières élections régionales. Le Front national a réalisé un score important, équivalent à celui de la présidentielle, malgré le faible taux de participation. La gauche s’est partiellement réveillée sous l’émotion suscitée par les attentats et la remontée de la cote du Président. On ne peut pas dire que le résultat soit rassurant pour la droite et le centre. Il a fallu attendre le second tour pour observer une mobilisation plus importante de ses électeurs. Certes, les « Régionales » n’attirent pas nos électeurs autant que les échéances majeures, mais l’indicateur est là : certains y lisent une lassitude devant le débat anticipé des primaires, venu polluer la campagne. De fins observateur ont même noté que toutes voix additionnées, la gauche était majoritaire au 1er tour. Un élément que nous serions bien inspirés de ne pas oublier.

Le risque d’aggraver les querelles et les clivages entre les « droites ».

Si à gauche, on est habitué aux débats, jusqu’à en abuser, à droite et au centre, la tradition n’est pas la même. Combien de fois ai-je entendu au cours de ma carrière militante, ce « quand allez-vous vous mettre d’accord ?» qui était la manifestation d’une mauvaise humeur devant nos « concurrences » qui nous paraissaient pourtant naturelles. Cela a fini, après l’avatar de 2002, par la création de l’UMP. La primaire c’est par définition la multiplicité des candidatures. Les candidats seraient bien inspirés d’éviter le dénigrement réciproque, surtout venant des entourages, les petites phrases assassines, le souci du démarquage. Ils devront gérer l’inévitable chevauchement des idées, car, quand on appartient à une même famille, on a nécessairement un capital en commun. Encore faut-il régler l’épine que représente la participation hypothétique du centre. S’il ne s’implique pas, l’initiative perd tout son sens.

Le grand risque tient dans la capacité à organiser le scrutin.

Nous avons gardé un mauvais souvenir du duel Copé-Fillon.  Avec la « primaire », on change de dimension. Faire venir voter plusieurs millions d’électeurs volontaires suppose une organisation sans faille. Il faut du personnel formé aux procédures en nombre suffisant. Il faudra des représentants de chaque candidat, le dépouillement et la collecte devront suivre des procédures à la traçabilité indiscutable. Déjà que le soupçon est permanent à l’intérieur du parti entre les grands rivaux ! En effet, rien que pour les 150 ou 160 bureaux de vote prévus dans le Maine-et-Loire, il faudrait entre 500 et 600 personnes qualifiées pour garantir la bonne tenue du scrutin. Même avec 2 500 adhérents, je ne sais pas où on trouvera les volontaires quand on voit avec quelle difficulté on a recruté quelques délégués pour surveiller ici ou là le scrutin régional. Il y aura donc prétexte à contentieux et à refuser le verdict sorti des urnes. On peut donc craindre le pire.

Le niveau de la mobilisation est un autre risque.

A moins de 2,5 millions de votants, on frisera le ridicule. Comment notre électorat va-t-il recevoir cette initiative ? Je serai tenté de répondre : diversement, selon les régions et le tempérament local. En Anjou, où l’on n’aime pas s’afficher, je vois mal nos électeurs se précipiter vers les urnes d’un scrutin qui « étiquette », au vu et au su de tous. La participation est la clé de la réussite de l’opération. Encore faut-il que la campagne se passe bien, que les candidats se respectent, que les arguments ne volent pas trop bas. Le contexte ne pardonnera pas. Une campagne trop violente ou trop agressive débouchera inévitablement sur une … démobilisation. Sans compter que « le noyau dur partisan » chez les Républicains  n’est pas forcément prêt à jouer le jeu : pourquoi payer une cotisation à 25€ ou 30€ si avec 2€ on peut avoir les mêmes droits ! C’est une remarque qui revient souvent.

C’est donc facile à comprendre : il y a la nécessité d’une déontologie partagée si on ne veut pas mener l’opposition à la catastrophe. A quoi bon dire du mal du concurrent s’il faut au final voter pour lui, je vous le demande ? Personnellement, je ne ferai campagne pour personne. Je serai un observateur scrupuleux et intransigeant du respect de la règle du jeu. J’en rendrai compte sur le calepin. Et chaque candidat aura droit à sa part de compte-rendus et de commentaires. Surtout, ne pas perdre de vue l’objectif final : battre la gauche et l’extrême-droite.

Mais cette primaire est vraiment à hauts risques.

 


2016 : ETAT DES LIEUX (3) – LA GAUCHE DECHIREE, LA DROITE DISPERSEE

Bataille coqs

 

« La maison brûle, mais ils regardent ailleurs »… comme aurait dit l’autre.

L’année commence en effet sur un paysage bien morne. Les nerfs des Français sont mis à rude épreuve : à la crise sociale dont ils souffrent s’est ajoutée l’insécurité morbide créée par les attentats. On aura beau leur dire que le siècle précédent a eu son cortège d’indescriptibles barbaries, à commencer par celles de la seconde guerre mondiale, ils craignent à la fois le présent et l’avenir. Et chacun au fond de soi sait bien que de nouveaux actes de terrorisme ne peuvent être exclus. La prévention, seul moyen efficace de lutter contre nos ennemis de l’intérieur, ne suffira pas à les empêcher s’ils doivent se produire.  Ils n’ont donc aucune raison de se réjouir.

Un monde devenu subitement illisible.

La multiplicité des problématiques nouvelles auxquelles ce 21ème siècle commençant nous confronte, complique sérieusement la donne : les changements fulgurants industriels et commerciaux qui font de nous des victimes désarmées, l’air du temps qui devient irrespirable et l’alternance des saisons qui est chamboulée, les « valeurs » qu’on croyait « inaliénables » et qui brutalement deviennent fragiles au point de vaciller, tous les maux dont notre société souffre depuis si longtemps qui s’aggravent au lieu de s’atténuer : persistance du chômage, précarité galopante, incivilités récurrentes, jeunes en désespérance, … L’idée même de « nation » semble atteinte. Les gens ne reconnaissent plus le monde où ils croyaient vivre : des certitudes qui ont disparu et même de simples espoirs, autrefois naturels, qu’aujourd’hui on ne peut plus nourrir, comme celui d’assurer à ses enfants un avenir meilleur. Même les sacrifices n’ont plus de sens tant les malheurs de longue durée mettent en échec la solidarité nationale, pourtant si coûteuse, et le courage personnel.

Les politiques impuissants.

Nos dirigeants ne contribuent pas à redonner du sens à ce monde tant ils semblent perplexes devant la persistance des maux dont aucune thérapie n’est venue à bout jusqu’à maintenant. Les remèdes appliqués sont loin de produire les résultats escomptés. Jusqu’à l’offre politique, qui, en ce début d’année, contribue certainement à aggraver la morosité et ce manque de confiance dans l’avenir. La « classe politique », expression que je n’aime pas parce qu’elle est utilisée par les « poujadistes » de tout poil, le plus souvent avec mépris, n’est pas au mieux de sa forme. La gauche est allégrement déchirée par la politique sinueuse d’un président virevoltant, agitant les concepts comme on fait sauter les crêpes à la chandeleur. Elle se perd en débats oiseux dont celui sur la « déchéance nationale » est un exemple parmi tant d’autres. A vouloir piéger l’adversaire, on finit par se piéger soi-même. Le PS est profondément divisé, Macron pratique quotidiennement l’escroquerie intellectuelle pour mieux valoriser sa petite personne au puissant ego, Manolito avance à coups de mentons contre ses moulins à vent, les Verts sont devenus une pétaudière où les portes claquent, et l’extrême gauche en est réduite à être extrême par la petitesse de son influence. L’extrême-droite pavoise mais campe amèrement sur son échec et ses divisions internes affleurent  quand elles ne transpirent pas dans le procès père-fifille. La droite républicaine n’aurait plus qu’à se baisser pour ramasser le pouvoir. Mais au lieu de rechercher l’unité et d’approfondir son projet pour en faire un étendard fédérateur du peuple français, elle a mis en place une machine infernale pour se désigner un champion. Par son fonctionnement même, la « primaire » ne peut que fabriquer de la division. Et pourtant on le voit bien : qu’on se tourne vers l’un ou l’autre, les idées sont les mêmes, et comme il faut bien se différencier, on se perd en querelles byzantines.

Vademecum pour éviter une « annus horribilis ». 

Aux Français, il faudra d’abord s’armer de patience, continuer à refuser l’inacceptable, la barbarie, de s’insurger en silence pour ne pas céder à l’adversité. Puisque la société « s’ubérise », demander à chacun d’apporter sa propre contribution à la recherche des solutions, de se demander ce qu’il peut faire pour son pays plutôt que de tout attendre de lui. De se faire un devoir de participer au débat national et d’encourager le civisme, de se sentir plus que jamais partie intégrante de la nation d’autant plus qu’elle est fragilisée par le communautarisme.  Et puis, ne pas céder aux sirènes des idées extrêmes qui, parce qu’elles le sont, ne peuvent nous apporter que des déconvenues supplémentaires.  Les reculs économique, social, sécuritaire, industriel, environnemental, plutôt que de nous abattre et nous diviser devraient au contraire nous galvaniser. Ce qui comptera en 2016, ce n’est pas vraiment le sort de nos hommes et femmes politiques mais les conditions du redressement du pays qui passe par des exigences que nous sommes encore loin de remplir.