HISTOIRE

ON NE TIRE PAS SUR LE PIANISTE !

Nicolas-sarkozy-pianiste
 

Le "Directoire" peut déboucher sur un "Consulat".

L’UMP a réussi son opération « OVERLORD » avec le débarquement des 3 anciens Premiers ministres pour la diriger. Ils seront secondés dans leur tâche par Luc Chatel qui a accepté d’être Secrétaire Général, en faisant l’unanimité du Bureau Politique sur son nom. Le plus dur reste à faire : organiser le congrès et l’élection d’un nouveau président dans la transparence et l’égalité des chances. Ce sera une étape décisive pour la reconstruction du parti sur des bases assainies. Mais il importe que le "Directoire" ne dérive pas en "Consulat", si l'autorité d'un prenait le pas sur les deux autres. Ce serait désastreux. On espère donc que les trois autorités se sont mises d'accord sur leur manière de procéder.

Nul doute qu’il n’y ait pléthore de candidats.

Tant mieux. Encore faudrait-il que chacun s’attache à ne pas transformer l’épreuve en « Règlements de comptes à OK Corral ». Les militants attendent une compétition digne et surtout pas une bataille de chiffonniers. Car le travail à mener est considérable. Il s’agit d’abord de remettre de l’ordre dans une gestion financière catastrophique qui se traduit par un passif de quelques dizaines de millions d’euros, ensuite de faire face aux poursuites judiciaires que l’affaire Bygmalion ne va pas manquer d’entraîner, enfin de rassurer les militants indignés par des pertes qu’ils ont en partie compensées en puisant dans leur poche. Le nouvel encadrement du parti est rassurant dans la mesure où il réunit des hommes insoupçonnables, mais il ne met pas un terme aux divisions ou aux conflits personnels.

Et surtout, chacun serait bienvenu d’éviter de tirer sur le pianiste.

En l’occurrence sur Nicolas Sarkozy.  Surtout si, comme le bon sens le commanderait, il n’est pas candidat. Pour le moment, il semble affaibli : avec la démission de Jean-François Copé et les incertitudes sur le financement de sa campagne de 2012 liées à l’affaire Bygmalion, notre ex-président est beaucoup moins bien placé qu’il y a encore quelques semaines. Sa cote de popularité a commencé à baisser tandis que s’élève celle d’Alain Juppé. Son autorité sur le parti parait beaucoup moins ferme aujourd’hui. Comme le pouvoir  s’ingéniera à remuer les diverses affaires auxquelles son nom est associé, celles-ci jalonneront son parcours politique d’ici à 2017 avec des effets négatifs qu’il n’est pas difficile d’imaginer.  

Aussi serait-il heureux que sa famille le protège ou le ménage.

D’abord parce que l’ancien président n’a jamais démérité, même dans sa défaite. N’oublions jamais que son quinquennat n’a été qu’une suite d’épreuves imposées de l’extérieur, auxquelles se sont ajoutés des campagnes médiatiques ignobles et un acharnement de la gauche que même ce que subit Hollande aujourd’hui  est de l’eau de rose en comparaison.

Ensuite parce que Nicolas Sarkozy, par sa stature et son expérience n’est pas le plus mal placé pour envisager de reconquérir l’Elysée. Sa parole reste forte. Les affaires qu’on lui colle sur le dos pour tenter de l’affaiblir se dissolvent au fur et à mesure que les instructions avancent, faute de faits établis. Ce sera à lui d’exprimer le moment venu ce qu’il souhaite faire. Et il sera incontournable, chacun le sait bien.

L’urgent, c’est de restaurer l’image de l’UMP.

C’est pourquoi, si l’on veut que l’UMP reste forte et attirante pour tous nos amis de la droite et du centre, il vaut mieux éviter les paroles désobligeantes à son égard. Additionnons les arguments pour gagner ensemble plutôt que les soustractions qui font fuir les adhérents et les électeurs, et nous font perdre au bout du compte. Mettons plutôt l’accent sur la nécessaire reprise en main du parti et sur le travail à faire en direction de militants perplexes, déboussolés ou exaspérés. Il est évident que la réunion du bureau politique ne constitue qu’une toute petite première étape dans un périple ardu et semé d’obstacles. Il sera temps, après, d’envisager l’étape suivante qui est celle de l’élection présidentielle. Inutile de mettre la charrue avant les bœufs.


VALLS ENTRE DANS LE « DUR »

 

Valls 2

Le Premier Ministre va  entamer son difficile parcours devant le parlement pour faire adopter son budget modificatif qui devrait enfin avaliser le « pacte de responsabilité » près de six mois après les annonces de l’Elysée. Et à la clé, les 50 milliards d’euros d’économie sur trois ans ! Sur ce sujet comme sur le « pacte de compétitivité » qui doit faire baisser les charges des entreprises de 20 à 30 milliards sans qu’on sache vraiment quel est le bon chiffre, il va rencontrer au sein du groupe socialiste une opposition résolue qui fait déjà ses contre-propositions.

Ces 50 milliards d’euros d’économie sont-ils encore réalisables ?

C’est la question qu’on peut se poser dès lors que l’on connait mieux le contexte des trois prochaines années : absence de croissance, dérive des dépenses qui sont contenues par des coups de rabots et un gel qui ne peut pas s’éterniser, absence des réformes nécessaires… alors que le contexte social se tend comme on le voit avec le conflit des intermittents (encore eux !), de la SNCF (toujours contre tout !), ou encore avec les taxis (corporatisme absolu).

Pourtant ces 50 milliards représentent un engagement pris par la France devant la Commission européenne pour revenir au seuil des 3% de déficit imposé par le « pacte de stabilité » de l’euro. C’est bien l’excès de dépenses publiques depuis de nombreuses années qui causent ces dépassements récurrents de la discipline budgétaire communautaire et sur lequel il convient d’agir, au moment où celles-ci consomment plus de la moitié des 2115 milliards de la richesse nationale (57,2% du PIB) et viennent grossir une dette à peu près du même montant (92% du PIB). Mais cet objectif de réduction de dépenses attendu pour 2017 est devenu irréel depuis que le gouvernement l’a déconnecté du déficit à 3% toujours prévu pour 2015. Il fait diversion avec son discours sur « le déficit structurel » qui se calcule hors des effets de conjoncture oubliant qu’en face des dépenses « structurelles » il fallait aussi des recettes « structurelles » !

Un objectif déconnecté de l'économie réelle.

La réalité, c’est que cet objectif de 50 milliards d’euros d’économies est totalement déconnecté de la situation économique et sous-estime gravement l’effort à fournir. Les économistes qui se sont penchés sur le problème ont évalué à 120 milliards la réduction pour seulement stabiliser les dépenses, voire 145 milliards si l’on tient compte des nouvelles exonérations d’impôts accordées récemment. Il est à craindre qu’avec le « dégel » la progression des dépenses ne reprenne son rythme naturel de 1,6%/an. Et comme 2013 s’est terminée sur un déficit de 4,2% et un trou de 14,5 milliards d’euros de moins-values fiscales…  on voit bien que la pente n’est pas la bonne.

Même si Manuel Valls réussit l’exploit  de faire voter ces fameux 50 milliards sans les écorner, on sera encore loin du compte, car ils ont de fortes chances de se perdre dans le tonneau des Danaïdes. Ce sont de nouvelles hausses d’impôts inévitables pour les classes moyennes qui s’annoncent  et une opinion publique dont la frustration ira croissante avec le sentiment persistant de sacrifices sans issues.

Les 7 recommandations de Bruxelles.

D’ailleurs Bruxelles ne s’est pas gêné pour rappeler la France à ses obligations de ne pas relâcher ses efforts, la commission doutant de l’aboutissement des réformes entreprises et surtout de l’importance de leur impact. Si le plan d’économies n’est pas pris complètement à la légère, la prévision de croissance à 1,7% en 2015 est jugée « optimiste », le chômage hexagonal ne devrait pas diminuer d’ici 2017 et avec 45,9% de pression fiscale, la France a le ratio des impôts par rapport au PIB qui est l’un des plus élevés de l’Union européenne. La commission recommande donc de renforcer la stratégie budgétaire, de veiller à la poursuite de la réduction du coût du travail, de simplifier les règles administratives, fiscales et comptables des entreprises, de s’attaquer aux professions réglementées et ouvrir les services à la concurrence, de rendre le système fiscal plus efficace, de lutter davantage contre les rigidités du marché du travail et enfin de moderniser l’enseignement et la formation professionnelle. Un vrai programme pour … une campagne présidentielle.

Pendant le même temps, les députés de gauche du groupe socialiste, emmenés par Jean-Marc Germain, un proche de Martine Aubry, font des contrepropositions qui sont diamétralement opposées : dépenser de l’argent pour financer des emplois, et une relance de la demande, c’est à dire de la consommation, pour favoriser les exportations chinoises qui n’en demandent pas tant !

Comme quoi, à gauche, ils n’ont toujours pas compris.

 * Dernière minute, Info "l'Opinion" : "Le Conseil des ministres a examiné ce matin le projet de loi de finances rectificatives qui doit permettre de réaliser 4 milliards d’économies, pour compenser le dérapage du déficit en 2013. Sont attendus, le détail de l’annulation de 1,6 milliard d’euros de crédits ministériels, les moyens pour baisser de 2,2 milliards d’euros les dépenses de sécurité sociale et le report de 500 millions d’euros d’investissements d’avenir."

 On rabote, on rabote.... 

 


L’OUTSIDER

Bruno Lemaire 2

Bruno LEMAIRE était dimanche sur BFMTV pendant deux heures dans l’émission de Appoline de Malherbe. S’il y en a un qui incarne le renouveau possible à l’UMP, c’est bien lui. J’avais déjà été séduit par son livre « Jours de pouvoir » et l’approche du rapport humain entre l’élu et la vie publique qu’il y développait. Sa principale qualité étant de mettre en pratique pour lui-même ce qu’il exigerait pour les autres.

Son positionnement dans la crise actuelle que traverse l’UMP est marqué par deux traits qui lui sont bien personnels : l’élégance intellectuelle et le respect du principe de rassemblement. Rien dans ses propos ne peut être retenu comme une volonté de s’affirmer au détriment de concurrents qu’il « habillerait », pratique pourtant courante dans le sport politique. Cela ne l’empêche pas d’exprimer son ambition de jouer le moment venu un rôle de premier plan. Il démontre qu’il en a les capacités par sa dialectique brillante. Il s’en réserve les moyens en n’insultant jamais l’avenir, qu’il s’agisse des décisions qui seront prises mardi soir par les instances dirigeantes de l’UMP ou de l’éventuel retour de Nicolas Sarkozy.

Ce qu’on aime en lui, c’est la franchise. Est-il pris au piège d’une déclaration antérieure, il en donne une explication convaincante ou reconnait tout bonnement qu’elle était inadaptée. Voilà un trait de caractère supplémentaire qui le différencie de tous ceux qui se réfugient dans la langue de bois. Mais vous ne lui ferez pas dire ce qu’il n’a pas envie de dire, ou plutôt ce que l’intervieweuse aimerait lui faire dire.

Sa compétence ne fait aucun doute : il en a donné quelques preuves au gouvernement dans l’exercice d’un ministère plutôt difficile, celui de l’agriculture, qui exige de l’écoute, du discernement, de la finesse, avec les différents interlocuteurs, qu’il s’agisse du monde agricole ou des instances internationales, sur des dossiers toujours ardus. Son argumentation actuelle s’ancre dans les réalités du quotidien, et l’on sent dans ses réponses le terrain parcouru. En même temps, il ne perd jamais une occasion de rappeler les valeurs auxquelles il croit et dans quelle partie du paysage politique il a jeté l’ancre. Attention, derrière l’image de tiédeur apparente qui tient à sa politesse naturelle se cache un homme de conviction dont on pressent le caractère bien trempé.  

Il a des propositions de réforme qui sont bien dans l’air du temps et qui sonnent comme des réponses au problème qu’il cherche à résoudre : cette équation qui a tant éloigné le « politique » de son public. Il veut remettre en place les bons paramètres : pas plus de trois mandats successifs, pas de cumul, réduction raisonnable du nombre des députés et des sénateurs, fin du pantouflage qui permet de passer alternativement de la fonction publique à  fonction élective, … De quoi régénérer un parlement accaparé par une caste de professionnels élus ad vitam aeternam ou presque.

Bruno Lemaire a incontestablement appris. Il a gommé en partie sa froideur qui était chez lui de la pudeur naturelle. Comme un bon vin qui mûrit, il se bonifie avec le temps. Et il est encore en phase ascendante. Il faudra compter avec lui.

 


POUR UNE RECOMPOSITION DE LA DROITE ET DU CENTRE

 

Les élections européennes ont cristallisé tous les ingrédients de la crise économique, sociale et politique de l’hexagone. L’abstention a joué un rôle majeur dans tous les secteurs de l’électorat : à droite comme à gauche, la boussole était folle. Résultat : une photographie déformée du paysage politique avec une hypertrophie populiste. Même si cette situation est à relativiser, il n’y a pas de vague bleu-marine mais un reflux des électorats conventionnels, les conséquences ne sont pas à prendre à la légère car l’abstention massive comme la crise aigüe du vote protestataire sont significatives d’une profonde exaspération des Français.

L’éclatement du paysage politique

Avec 43% de votants, la participation se maintient à un bas niveau. L’enjeu européen n’est pas perçu comme important. L’électorat de droite et celui du Front National se sont davantage mobilisés que celui des gauches. Seulement 42% des électeurs de François Hollande se sont déplacés contre 52% de ceux de Nicolas Sarkozy et 50% de ceux de Marine Le Pen. L’abstention est donc une forme de sanction et de désappointement, pour tous les camps. La gauche en miette, le centre en panne de chef, l’UMP en crise et un FN triomphant, voilà le triste spectacle que la France offre aujourd’hui à l’Europe et au monde.

L’effondrement des gauches

Les listes du PS, avec seulement 14% des suffrages ont subi un camouflet qui les marginalise avec un record de faiblesse dans ce type de scrutin. Le PS est en voie de disparition chez les ouvriers (8%) et dans la France des « petits revenus » (11%). Mais c’est l’ensemble de la gauche qui enregistre un affaiblissement historique en rassemblant à peine 30% de l’électorat. Un discrédit qui érode profondément sa légitimité à gouverner. Après la défaite des municipales, les lendemains s’annoncent difficiles pour le PS qui n’est plus audible.

Les failles de la droite

Avec cette élection, l’UMP connait une récession d’environ 7% par rapport à 2009, grignotée par des centristes unis qui retrouvent quelques succès sur leurs terres de prédilection. Cela l’a non seulement privée de la première place, mais l’arrivée en tête du FN dans la plupart des Régions a pour effet de lui contester la place de principal parti d’opposition. Il faut dire que le parti qui prétend être le « rassemblement de la droite et du centre » n’a pas tout fait pour mobiliser ses électeurs, bien au contraire. Le retour de la querelle interne, les révélations sur Bygmalion, une ligne politique brouillée par les francs-tireurs adeptes des plateaux télévisuels, ont contribué à démobiliser un électorat déjà hésitant. Et constitué autant de failles dans lesquelles s’est engouffrée Marine Le Pen. Néanmoins, on sait maintenant que ce ne sont pas les électeurs de la droite et du centre qui ont été le plus sensibles à son discours qui aura été le plus tranché et le plus radical de la campagne.

Le FN, exutoire privilégié de la sanction et du rejet

L’arrivée en tête du FN a été portée par une convergence de causes qui vont des effets délétères de la crise économique et sociale à l’accentuation du malaise français par rapport à la mondialisation et à l’Europe, en passant par le climat de défiance porté à son paroxysme par l’impopularité du Président et de la majorité actuelle, et par la division entre la droite et le centre, à laquelle s’est ajoutée la confusion des discours à l’UMP.  Du coup, ce que révèle ce scrutin est très intéressant autant qu’inquiétant : le Front National est devenu dans les milieux populaires l’exutoire privilégié de la sanction et du rejet du pouvoir de gauche. Il y est parvenu en s’appropriant le « nationalisme républicain » et en gauchisant ses propositions économiques et sociales, ce qui lui a permis de récupérer toute une série de protestations et d’inquiétudes aussi diverses qu’hétéroclites. Il a aussi prospéré sur la « diabolisation » à laquelle s’accroche la stratégie du PS, et qui provoque l’effet contraire de celui recherché, et sur l’absence d’unité entre la vision d’un Alain Lamassoure et celle d’un Henri Guaino. L’absence de clarté, la brièveté de la campagne qui n’a pas permis une réflexion constructive et nuancée sur l’Europe, le doute sur la nécessité de l’Union qui a gagné une grande partie de l’opinion… tout a concouru à faire le miel du parti populiste.

La crise de l’UMP

Pour le moment, le parti plonge dans un inconnu aux conséquences imprévisibles : la déception électorale, la menace judiciaire et la division interne ont de quoi inquiéter militants et sympathisants. L’opacité financière vient s’ajouter à tous les désordres. Jean-François Copé en est la première victime par sa démission rendue inévitable. Tout montre qu’il n’a pas dit son dernier mot. La justice à l’œuvre fait peser sur les responsables une épée de Damoclès pénale, et le déroulement de la procédure n’a pas fini de jeter le discrédit par la divulgation d’informations « choisies ». La solution qui consiste à convoquer un congrès extraordinaire est bien la moindre des choses, et en en confiant l’organisation au trio Juppé, Raffarin, Fillon, le bon sens semble vouloir s’imposer. Encore faut-il que la transparence soit totale et la collégialité effective. L’annonce de l’intention de Nicolas Sarkozy de revenir dans la bataille n’est pas faite pour simplifier les choses. Il n’y a pas trente-six solutions si l’on veut éviter le drame fatal : respect entre les uns et les autres, respect des règles communes et vote des adhérents qui trancheront aussi bien pour la présidence que pour la candidature en 2017 ! Quant à la ligne politique, elle va désormais de soi : l’UMP doit continuer de s’affirmer sur ses valeurs de droite et doit se rapprocher du centre, car c’est un impératif stratégique face à la montée de l’extrême droite qui se construit sur la colère des électeurs de gauche.

 


MR BRICOLAGE EST REVENU !

  Redécoupage des régions

 

En politique tout est possible, même l’improbable.

Le redécoupage des régions est le dernier avatar élyséen que le chef de l’Etat a inventé pour distraire les Français de la dure réalité à laquelle il les livre par son incurie et ses atermoiements.

Comme il est incapable de proposer une réforme des collectivités locales digne de ce nom, faute de majorité pour modifier la constitution qui serait un passage obligé, après avoir juré le maintien des départements puis leur suppression d’ici 2021, puis leur maintien, il propose maintenant de les vider de leurs compétences tout en les maintenant.

Le maillon faible : les Régions

Alors, on s’attaque au maillon faible, le plus facile : les Régions. Plus facile puisque la gauche en gère 20 sur 22. On va donc en diviser le nombre par deux. Pourquoi pas. Encore faudrait-il savoir dans quel but : refaire les provinces de l’ancien régime comme le réclame les Bretons ou constituer des entités ayant du sens du triple point de vue économique, démographique et d’aménagement du territoire ?  Rappelons aussi qu’il s’agit de faire des économies. Et je n’aurais pas l’outrecuidance d’insister sur la nécessité de simplifier le millefeuille territorial.

Voilà qu’on nous livre un découpage pour le moins fantaisiste, résultat de tripatouillages politiciens ou de convenances, fruit de fastidieuses négociations entre barons, où l’on apprend que la Picardie ne rejoint pas le Nord parce que la puissante fédération du PS n’en voulait pas… Est-ce sérieux ? Et au doigt mouillé, on nous assure que ce puzzle incohérent permettrait de faire entre 10 et 15 milliards d’euros d’économies, sans qu’on nous dise qui a fait ce calcul pour le moins fantaisiste.

Une décision marchandée en petit comité

Le « fait du prince » s’assoit gaillardement sur les réalités du terrain. Si des rapprochements paraissent logiques, comme les deux Normandies, l’Alsace-Lorraine, la bourgogne et la Franche-Comté, si on conçoit que la Corse reste seule –encore que-, comme PACA, la manière dont est traitée la façade atlantique, le rapprochement de l’Auvergne avec Rhône-Alpes ou du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées, le rattachement de la Picardie avec Champagne-Ardennes... ne relèvent pas de l’évidence biblique. Ce qui est sûr, c'est que la Baronne du Poitou se voit dotée d'un immense territoire : favoritisme d'ancien régime ?

Et si on demandait au bon peuple de chaque région ce qu’il en pense ? Une consultation des habitants serait bien le minimum pour un sujet aussi important que l’organisation de la France administrative du 21ème siècle.  Nous sommes loin d’une vraie démarche de décentralisation. Pour aller vite, on propose un projet bâclé !

Une réforme qui marche sur la tête

Le problème est même pris à l’envers. On sait que le vrai gisement d’économies est dans une réforme de l’échelon communal. Que les Départements et les Régions ont des complémentarités qui peuvent être mises en synergie. La seule diminution du nombre des Régions est loin d’être suffisante et il n’est pas prouvé que leur nouvelle taille sera gage d’efficacité accrue.

Et si on revenait au « Conseiller territorial » ?

En fait, ce qui serait vraiment le plus raisonnable et le plus efficace serait de revenir à la précédente réforme que les socialistes ont abrogée en arrivant au pouvoir : celle du « conseiller territorial » qui permettait dans un premier temps de diminuer le nombre des élus, de supprimer les doublons d’administration entre les départements et la Région, et de permettre une diminution progressive du nombre de fonctionnaires territoriaux d’ici 2020, profitant du nombre important de départs en retraite sur la période. Attendre 2020, c’est déjà se priver d’une opportunité qui ne sera plus d’actualité. Il devenait aisé ensuite de savoir ce qu’on voulait faire du département. Mais voilà, c’était une réforme Sarkozy !

Alors que ces super-régions qu’on nous propose vont contribuer à éloigner les élus et les centres de décision de la gestion locale et des habitants des territoires notamment ruraux et péri-urbains, surtout s’ils sont élus au scrutin proportionnel.

Et quid de l’Etat dans les territoires ? Va-t-on garder les préfets dans chaque département ?  Et quel sens aura un échelon de l’administration centrale s’il n’a pas comme partenaire une assemblée élue ? Cela s’appelle la recentralisation !

Pas sérieux ! Une diversion de plus !

 

 


RIEN NE VA PLUS !

La croissance en panne


Le pingouin est passé sous la banquise, niveau popularité, et le dégel ne semble pas pour demain. Le PS est au bord de l’explosion, et le charivari ne va pas se calmer avec le vote du collectif budgétaire. Le Front National fleurit en ce printemps au climat chahuté, depuis qu’on constate qu’il puise l’essentiel de ses voix à FO, à la CGT et même à la CFDT… comme quoi ceux qui continuent à nous faire croire que la droite est menacée nous bourrent le mou. Mais celle-ci ne va pas mieux. L’Alternative n’a pas fait un gros score aux européennes comme elle l’espérait, mais cela ne l’empêche pas de nourrir des ambitions hégémoniques de troisième force, vieille chimère centriste qui date du MRP. Et même l’UMP s’y met : c’est franchement le bordel et il y a des coups de pieds au cul qui se perdent ! On aimerait bien que les « egos » rentrent au vestiaire et que l’humilité gagne les « pachas » comme les « quadras ». Les bras en tombent !  Mais ce n’est pas le plus grave…

Car le plus grave, c’est la situation dans laquelle notre pauvre pays est plongé !

J’ouvre « Les Echos » et je découvre une mauvaise nouvelle par page !

Commençons par la situation du bâtiment. L’immobilier est à l’arrêt. Merci Duflot. Aucuns signes de reprise en vue et c’est ce qui est alarmant pour ce secteur prédominant de l’économie. Ne dit-on pas : « Quand le bâtiment va, tout va ! ». Mais quand il ne va pas, l’inverse est aussi vrai. La politique menée depuis 2012 s’est appliquée à congeler un secteur déjà amoindri par la crise par une loi de mobilisation du foncier mal calibrée, l’accumulation des normes, l’encadrement des loyers… de quoi écoeurer complètement professionnels et investisseurs. Criminel quand il manque un million de logements dans le pays et qu’on laisse s’accumuler un manque annuel de 200 000 nouveaux logements. Une vraie bombe sociale à laquelle il faut ajouter le nombre des emplois laissés ainsi en déshérence.

Sur le front du chômage, la nouvelle aggravation apportée par les chiffres du mois d’avril touche toutes les catégories et toutes les classes d’âge. Les jeunes, les seniors, les chômeurs de longue durée sont en nette progression, ce qui montre que le traitement social a atteint ses limites, et que l’Etat exsangue n’a plus les moyens de continuer le financement. Ce sont plus de 5 200 000 demandeurs d’emplois que compte la France !

Côté finances, ce n’est pas mieux. On nous promet toujours des économies, mais c’est surtout le trou qui se creuse. Ce sont 14,5 milliards d’euros d’impôts qui ne sont pas rentrés en 2013, près de la moitié de la recette fiscale supplémentaire escomptée (30 milliards). Cela n’a pas eu l’air d’émouvoir nos grands médias nationaux qui ont fait preuve d’un autisme déconcertant sur le sujet. Impôts sur le revenu, impôts sur les sociétés, TVA : les trois composantes sont concernées. La faute à l’atonie de la croissance, mais aussi à « des changements de comportements des agents économiques », commente pudiquement le ministère. Autrement dit, la fuite des contribuables et la délocalisation des sièges des entreprises par le biais des « fusions-absorptions » savamment organisées. « L’impôt tue l’impôt » a affirmé Manuel Valls devant l’Assemblée : il en a une belle illustration. Mais c’est 14,5 milliards de plus à trouver ! La Cour des Comptes n’est pas dupe des manipulations de Bercy. L’objectif de retour à l’équilibre structurel de nos finances n’est plus programmé pour 2016 mais 2017 ! Et l’on voudrait que nos partenaires nous prennent au sérieux !

En fait d’économies, c’est surtout la machine à dépenser que l’on voit en marche tous les jours : et je te baisse la cotisation retraite pour les 2 millions de fonctionnaires des basses catégories (450 millions d’euros), et je te rembourse l’impôt pour les bas revenus (environ 800 millions d’euros),  après avoir supprimé la journée de carence pour les fonctionnaires et autres babioles…

Après avoir réussi à revenir en arrière sur la hausse de la TVA qu’avait programmé Nicolas Sarkozy, mais en agissant sur les mauvais taux, voilà le gouvernement contraint  de recourir à des allégements de charges sur les emplois à domicile pour enrayer la chute pourtant largement prévisible. Mais c’est par le biais d’une baisse forfaitaire du prix de l’heure travaillée que le gouvernement compte agir. Un geste qui coûtera 200 millions d’euros, et qui est déjà jugé insuffisant par la profession. Et ce genre de dispositif n’est pas fait pour rassurer les particuliers qui ont renoncé à embaucher, ou qui sont passés au « gris » quand ce n’est pas au « noir ». Tant que le gouvernement ne comprendra pas …

Dans ce contexte, la volonté du Premier Ministre de mettre en œuvre les allégements de charges pour les entreprises qui devraient frôler les 20 milliards d’euros d’ici à 2017, paraissent à la fois comme un geste sans précédent et en même temps largement insuffisant : trop peu et trop tard. Entre l’annonce du chef de l’Etat et aujourd’hui, il s’est déjà passé cinq mois sans que rien ne bouge ! Les usines à gaz que les socialistes mettent en place pour financer les réductions de charges sont révélatrices de leur volonté de continuer à administrer l’économie en voulant tout contrôler. C’est pas comme ça que ça marche ! De la même façon, on s’apprête à alléger les seuils sociaux pour les PME, mais pour trois ans seulement à titre expérimental : avec une telle épée de Damoclès, quel patron envisagera de passer durablement de 10 à 11 ou 12 salariés et de 50 à 51 ou 52… ?

En toute logique, il n’y a donc pas d’embellie en vue pour la croissance en France.

Elle devrait rester faible au 2ème trimestre. L’objectif du 1% annuel ne sera vraisemblablement pas atteint non plus : commencer réaliser alors les économies que seule une économie dynamique pourrait financer. La pente est même inquiétante. La consommation fléchit, touchée par le contexte social, les investissements sont au point mort et les exportations vivotent péniblement. Les trois moteurs sont à l’arrêt. La confiance n’est pas là. Pire, c’est la défiance vis-à-vis du pouvoir qui s’est installée.

Non, rien ne va plus ! Et l’on s’étonne que Le Pen fasse la une. Mais là encore, c’est un mirage déformé par le « j’m’enfoutisme » ou le découragement qui a gagné les 2/3 du corps électoral. On a envie de dire, comme Jean Lefèvre : « Pauvre France ! ».

Merci la gauche ! Je souriais quand ma vieille mère (paix à son âme) disait : « Ces gens-là vident toujours les caisses et ne savent apporter que le malheur ! ». Comme elle avait raison !

 


L’UMP DANS LA TOURMENTE

Logo ump

L’affaire Bygmalion aura eu raison de la présidence de Jean-François Copé. Les liens qu’il entretenait avec la société de communication le rendent évidemment suspect, mais comme il clame son innocence avec véhémence, on lui accordera le principe de la présomption en sa faveur. Néanmoins vu l’ampleur des sommes concernées, près de 20 millions d’euros, il ne pouvait que démissionner de son poste. C’est à la justice d’éclaircir cette affaire, maintenant. Il faudra bien qu’on sache à qui ces malversations ont profité. Et tant pis pour les dégâts. Les militants de l’UMP ont le droit de savoir.

Le départ de Jean-François Copé et son remplacement par une direction collective apparaissent comme des décisions de bon sens. La troïka Juppé, Fillon, Raffarin, est composée d’hommes intègres. Il importe de rassurer les adhérents et de donner le plus vite possible une image moins calamiteuse du parti, que la propagande du Front national continuera à harceler avec le thème éternel de « tous pourris ». Encore que la Marine, dont le micro parti « Jeanne » fait l’objet d’une enquête, devrait bien être prudente. Mais il ne faut pas se cacher que les conséquences judiciaires du scandale vont rendre moins attirante l’UMP aux yeux des électeurs de droite.

Aussi l’idée d’avancer le congrès au mois d’octobre de cette année et de lui donner vocation à refondation est-elle encore la meilleure solution pour redonner un élan à l’opposition, surtout si on profite de l’occasion pour faire participer les militants à la définition de la ligne du parti, avec comme condition indispensable de réussir cette fois, une élection démocratique irréprochable de la direction. Il serait adroit de changer de nom et de logo.

Car, si on peut enterrer un parti, on n’enterre jamais les idées ni un mouvement politique. Les talents de l’UMP sont nombreux. Le parti peut donc trouver dans son personnel les forces humaines dont il a besoin pour se réformer et représenter une alternative politique. Le renouvellement sera un gage supplémentaire car le ras-le-bol des adhérents exige des « sacrifiés » ! Il importe aussi que les cadres qui continueront à faire vivre notre formation politique jouent « solidaires » et se serrent les coudes, que chacun s’engage à faire cohabiter dans le respect mutuel les diverses sensibilités de la droite et du centre qui existent et devront continuer ensemble le combat pour relever notre pays. Il faudrait aussi mettre peut-être fin aux chapelles privées que chacun anime dans son coin. Ces conditions sont indispensables si l’on veut reconstruire un parti puissant au cœur de la vie politique de notre pays.

Ce nouveau parti devra s’ériger surtout en force d’alternance, capable de faire face à une extrême droite qui est d’autant plus intraitable qu’elle se croit puissante, à une décomposition de la gauche au pouvoir, à un abstentionnisme alarmant. Le paysage politique après les européennes est désespérant : la gauche, malgré la nomination de Manuel Valls, se casse le nez sur la crise qu’elle a engendrée ; François Hollande, mauvais oracle de la lucarne magique, parle pour ne rien dire ; l’extrême gauche campe sur ses positions irresponsables. Il est réconfortant de voir qu’en Allemagne, la CDU a réussi à réunir 35% des suffrages et qu’en Espagne, la droite de Rajoy est arrivée en tête. En France, la place est à prendre. Il faudrait qu’on ait la droite la plus bête du monde pour ne pas la ravir.

Enfin, le temps presse. Car tout cela ne doit pas nous faire oublier la déroute du parti socialiste qui est quand même un événement aussi majeur que la première place prise par le FN. La France se débat tragiquement dans les difficultés et rien n’est sûr quant aux solutions promises par le gouvernement, tant la majorité socialiste renâcle. Une crise majeure point à l’horizon et plus tôt une formation réunissant la droite et le centre sera en ordre de marche, mieux ça vaudra.

En politique, d’un mal jaillit souvent un bien.

 


MACHIAVEL A LA MANŒUVRE

 

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Bureau 105 à Monplaisir à Angers. Un quartier de cités comme la périphérie des grandes villes en compte tant. Ici, depuis longtemps on vote à gauche, très à gauche même. Il est 19H, le scrutin est clos : sur les 965 inscrits, seuls 278 électeurs se sont présentés. Les résultats : FN : 78 voix, UMP 45, PS : 40… Que peut-on penser de tels résultats aussi peu représentatifs et une déformation du scrutin qui peut prêter à toutes les interprétations ce que les médias ne vont pas se gêner de faire pour en rajouter. Dans ce bureau, on a bien vu qui a voté Le Pen : ces Français, victimes du chômage et sous la pression communautariste, clients habituels du Front de Gauche et du PC réduits pour la circonstance à un score confidentiel !

Hollande a atteint ses trois objectifs

Derrière la dramatisation de façade, Hollande doit savourer son plaisir. De fait, tout a été fait, depuis un mois pour faire monter le FN, volontairement ou incidemment, avec la complicité des médias : il fallait éviter à tout prix une nouvelle victoire de l’UMP. Mieux valait sans doute que ce soit le FN dont on sait que les élus seront impuissants à Strasbourg. Nous avons un piètre Président, mais reconnaissons que c’est un politicien redoutable d’habileté et de manipulation. Car avec le résultat de dimanche soir, il a atteint ses trois objectifs : déstabiliser l’UMP, vider le Front de Gauche de sa substance et faire oublier la déroute de son parti, affaiblissant au passage son Premier Ministre un peu trop « encombrant » en l’envoyant au charbon à sa place. Voilà pourquoi "sa sérénité élyséenne" a fait profil minimum dans cette campagne en signant une tribune insipide dans le journal Le Monde, aussitôt oubliée trois jours après.

Mais avec 60% d’abstentions, et 30% de Français qui disent avoir voulu sanctionner Hollande, l’image que donne notre pays n’est pas brillante. Quels enseignements en tirer ?

Un immense désintérêt

Si les Français n’ont pas voté, je pense que c’est en grande partie pour exprimer leur désintérêt pour un vote dont ils ne comprennent pas les implications. L’Europe n’est pas la priorité d’un quotidien où les urgences sont ailleurs et nombreuses entre se nourrir, se loger, trouver du travail … la campagne a été trop courte, il n’y a pas eu suffisamment de pédagogie pour montrer les enjeux, la multiplication des listes que favorise le scrutin proportionnel, des débats d’où il ne ressort rien, tout a concouru à semer le doute et la confusion. Et les partis eux-mêmes ont rarement eu un message clair. Soulignons au passage le peu d’intérêt des médias audiovisuels français pour traiter le sujet.

Une victoire du FN aux pieds d’argile

Le Rassemblement Bleu-Marine est arrivé largement en tête avec près de 25% des suffrages exprimés. De quoi susciter l’émotion, surtout des belles âmes qui vont larmoyer dans les salons bobos. L’honnêteté devrait obliger à rappeler que ce sont toujours des victoires sans lendemain, comme celle de l’UMP en 2009, parce qu’elles sont acquises sur une base très étroite en pourcentage des inscrits. Le FN, premier parti de France, est une extrapolation qui peut donner l’occasion à Marine Le Pen de se faire plaisir, mais la réalité est toute autre. Le seul résultat tangible est le hold-up réussi sur les sièges, acquis au prorata des exprimés. Mais ils ne serviront pas à grand-chose à Strasbourg où les députés frontistes se trouveront confrontés à un large bloc européiste.

L’UMP déstabilisée

La victoire aux municipales, comme on pouvait s’y attendre a ravivé les tensions à l’intérieur, pour empêcher Le Président Jean-François Copé d’en tirer trop profit. Le dossier du financement a été relancé opportunément par le Nouvel Obs, afin de mettre de l’huile sur le feu et les journalistes se sont concentrés là-dessus chaque fois qu’il a été possible, ce qui a rarement permis de parler de la campagne et du projet  européen. Nombre de militants m’ont fait part de leur agacement du comportement de François Fillon qui vendredi dernier soufflait encore sur les braises pour se transformer en sauveur du « rassemblement » dimanche soir, jouant ainsi le rôle du pompier pyromane. On lui dira que n’est pas De Gaulle qui veut, et que plus de la moitié des adhérents n’est pas prête à le suivre. De toute façon, malheur à celui qui cassera la maison ! La sagesse voudrait, dans le contexte actuel, qui est une belle piqûre de rappel de 2002, qu’on recherche l’union plutôt que la division. Tout cela a découragé nos électeurs qui ont boudé le scrutin... Constater qu’ en ajoutant au 20% obtenus les 10% de l’UDI-Modem, le résultat est comparable au 29% réalisés au précédent scrutin avec une liste UMP-Nouveau Centre, est une bien maigre consolation. Avec son statut de premier parti d’opposition, en tant que force structurée, l’UMP aurait dû faire plus de voix. Il est urgent de mettre de l'ordre dans la maison quoi qu'il en coûte aux uns ou aux autres.

La déroute de la Majorité présidentielle

Les électeurs de gauche se sentent bafoués et ils l’ont fait savoir au pouvoir en s’abstenant massivement d’aller voter. Quelques socialistes sont allés alimenter les listes vertes, mais sans grand succès. La campagne de Manuel Valls s’est époumonée dans le désert. Il a au moins le courage de reconnaître la défaite et de l’assumer. Au moins, lui, il a un peu d’élégance. La figure marquante du PS, en cette soirée électorale, en dehors des visages fermés sur les plateaux et des sanglots de Mélenchon, aura été l’apparition effarante du nouveau Premier Secrétaire : les Français ont découvert qu’on avait remplacé un ectoplasme par un bouledogue ! Décidément, la reconquête sera dure.

« L’alternative » n’en est pas une

Avec seulement 10% des exprimés, le rassemblement UDI-Modem, qui a pourtant assumé une campagne de conviction clairement fédéraliste, aux arguments souvent convaincants, n’a pas réussi son pari. Si on ramène aux inscrits, on s’aperçoit que le centre campe sur la même représentativité. On remarquera les scores intéressants dans la grande région Ouest, bastion traditionnel naguère des Chrétiens Démocrates, que le PS avait réussi à capter. S’agit-il d’un début de retour au bercail de cet électorat ? Si c’était le cas, ce serait une bonne nouvelle. En attendant, « l’Alternative » ne fait pas le poids.

Quant aux petites listes, excusez-moi, mais on aurait pu s’en passer.

Il reste que malgré tout, certains ne vont pas se priver de ces résultats tronqués et déformés par l’abstention pour alimenter le bal des prétentions.

Un terrain de manœuvre dégagé

Ainsi Hollande a le terrain dégagé pour manœuvrer. On peut donc s’attendre au pire !  Il va jouer de la dramatisation et le PS en ruine ne va pas pouvoir s’opposer à ses projets, avec la menace d’une dissolution implicite en cas d’indiscipline. Il va vouloir activer la réforme territoriale, pour empêcher l’UMP de rafler les Régions en appliquant le même scénario : élection à la proportionnelle et vote des étrangers en chiffon rouge pour faire monter la mayonnaise FN… On peut parier qu’il  va du même coup changer les modalités d’élection de l’Assemblée nationale par l’introduction de la proportionnelle dans la désignation des députés, rendant tout majorité absolue impossible. C’est sur ce champ de ruines qu’il compte bâtir sa victoire en 2017. Une victoire à la Pyrrhus !

Il y a un antidote à ce scénario noir 

Que l’opposition joue plus fin que lui et reprenne la leçon de 2002. C’est pour faire barrage au FN qu’on avait créé l’UMP, rassemblant la droite et le centre. Sans imposer aux transfuges de revenir à la maison, évitons au mois de finir de la démolir et faisons pour les prochaines échéances une plate-forme commune avec les centristes !

 


PRINCIPES D’UNE MANIPULATION DE MASSE

 

MAXIME TANDONNET

Avant de vous livrer d'ici ce soir mon analyse des résultats des élections d’hier, je vous propose cette réflexion de Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, qui vous permettra peut-être de mieux comprendre dans quel monde on vit et comment on essaie de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Cela permet de relativiser les commentaires qu’on veut nous faire avaler et la dramatisation factice avec laquelle on va essayer de nous faire peur.

 

« Sans prétention, sans illusion, j’essaye de comprendre où le monde médiatique dans lequel nous baignons quotidiennement, s’efforce de nous entraîner et ses méthodes.

J’ai plus particulièrement identifié une dizaine de principes de manipulation de masse:

  • L’idolâtrie: l’univers qu’on nous impose en particulier dans le champ politique mais au-delà, se limite au jeux des héros et anti-héros qui s’opposent, polémiquent, se toisent, s’affrontent, jouent, disparaissent, reviennent, tour à tour sublimés ou lynchés, adorés ou détestés, à l’image d’un feuilleton bas de gamme.
  • Le déni: les sujets qui fâchent, inquiètent ou font mal sont désormais passés sous silence ou réduits au strict minimum: le chômage de masse, l’exclusion des jeunes, le repli identitaire, la situation des banlieues, la violence d’une société en décomposition, etc.
  • Le manichéisme: tout est noir ou blanc, le débat européen opposant jusqu’à la caricature les aimables pro-européens aux sombres europhobes et populistes et toute tentative d’instiller un minimum de nuance, d’intelligence, de perspective dans le débat est vouée aux gémonies.
  • La sublimation du vide et du futile: l’univers médiatique donne une importance disproportionnée à l’accessoire, au secondaire, à l’image de la télé-réalité ou de la compétition sportive.
  • L’hexagonisme: nonobstant la mondialisation honnie, accusée de tous les maux, le champ d’intérêt médiatique est essentiellement hexagonal ou local, et plus grand chose ne semble exister au-delà des frontières – dans un monde sans frontières -, l’information de proximité ayant envahi tout journal télévisé au détriment des grands événements planétaires évoqués à la va-vite.
  • La dictature de l’immédiat: le passé est aboli, on oublie tout au-delà de deux ou trois ans et on repart éternellement à zéro ce qui autorise les plus invraisemblables retours en grâce (exemple celui de DSK) ou les réhabilitations partisanes, dites « dédiabolisation », les plus ambiguës.
  • Le crétinisme: les pitres, farceurs, clowns ou pitbulls de l’audiovisuel se voient érigés en nouveaux maîtres penseurs de notre époque, écrivant des bouquins, assénant leurs leçons, alors que l’intelligence et la pensée paraissent sauf exception mis à l’écart du monde médiatique.
  • Le néo-moralisme: le vide médiatique n’est souvent que de surface, recelant une abondance de messages fondés la promotion d’un alter-morale, autour de l’individu roi, sa libre détermination et de la condamnation de l’autorité, de la contrainte et de la hiérarchie.
  • Le relativisme: la ligne de partage entre le permis et l’interdit, le banal et le tabou, est devenue mouvante, instable, évolutive, conditionnelle. Le monde médiatique s’accommode d’expressions que l’on pensait éternellement maudites depuis 1945 alors que sur d’autres sujets, touchant à cette alter-morale, le moindre écart donne lieu à une féroce mise à mort.
  • Le mépris: tout est permis, rien n’arrête le rouleau compresseur de la mauvaise foi manipulatrice. « Plus c’est gros, plus ça passe ». Le monde médiatique vise à s’emparer des consciences, impose même de manière grossière ses choix politiques (à l’évidence, un duel Valls-Le Pen, qui permettra de maintenir le pouvoir socialiste).

Les seules limites à son emprise: l’intelligence, la culture, le bon sens critique… Lire un livre (un vrai) est aujourd’hui le premier acte de résistance ! »

A suivre, les élections européennes : analyses et commentaires. Et j’ai beaucoup à dire !

 


PEUT-ON SUPPRIMER LES DEPARTEMENTS ?

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L’avis de Michel VERPEAUX, Président de l’association française de droit des collectivités territoriales.

(avis publié dans « Acteurs Publics »)

Pour Michel Verpeaux, président de l’Association française de droit des collectivités territoriales et ancien membre du comité Balladur, supprimer les conseils généraux passe obligatoirement par une révision de la Constitution. Et contourner l’obstacle rendrait le processus long et complexe.


« S’il veut supprimer les conseils généraux, le gouvernement devra-t-il passer par une révision de la Constitution ?
Rien de tel n’est possible sans réviser la Constitution. Ce qui est en cause, c’est le département en tant que collectivité territoriale, tel que le mentionne l’article 72 de la Constitution. Le supprimer revient donc à réviser la Constitution.

Le gouvernement peut aussi conserver le conseil général tout en transférant l’essentiel de ses compétences à un autre niveau de collectivité, intercommunalité ou région…
Cela reviendrait à le vider de sa substance et à en faire une coquille vide. Or la Constitution ne dit pas simplement que les collectivités s’administrent librement par des conseillers élus. Une autre exigence, qui résulte de la jurisprudence, est que les collectivités et leurs organes délibérants doivent avoir des “attributions effectives”. Cette notion est un peu vague mais vider ainsi de leurs compétences les conseils généraux reviendrait à nier leur existence. On retombe sur l’article 72 de la Constitution…

Une autre piste consisterait à faire élire un conseil commun à plusieurs niveaux de collectivités…
Oui, c’est une possibilité, mais c’est le retour au conseiller territorial, inscrit dans la loi de 2010 et abrogé en 2013. Pour le gouvernement, la difficulté ne serait pas juridique mais politique car l’actuelle majorité avait bataillé contre ce dispositif quand elle était dans l’opposition. À l’époque, le Conseil constitutionnel n’avait rien dit sur la création du conseil territorial puisqu’on ne supprimait aucune collectivité. Et puis, d’une certaine manière, ce dispositif s’appliquait déjà en Nouvelle-Calédonie et à Paris, où les conseillers sont à la fois conseillers municipaux et conseillers généraux.

Il y a aussi l’idée qui consiste à fondre les départements dans la région afin d’aboutir à une collectivité unique. Serait-ce possible sans réviser la Constitution ?
Oui, mais c’est long et compliqué. La loi de 2010 prévoit la possibilité de fusionner plusieurs régions entre elles et de fondre les départements à l’intérieur des régions. C’est l’exemple alsacien, même s’il n’a pas abouti car les électeurs l’ont rejeté. C’était aussi la solution envisagée pour la Corse en 2003, là aussi écartée par les électeurs. Le projet de loi qui doit être présenté prochainement par le gouvernement prévoit de pouvoir se passer de l’acceptation des électeurs pour la fusion des régions, mais encore faut-il qu’il y ait consentement des collectivités concernées.

Cette piste de collectivité unique, à l’échelle régionale, dans laquelle se fondraient les conseils généraux est donc possible ?
Oui, c’est possible, mais cela implique pour 22 régions, 22 procédures. Et tout le monde doit être d’accord. Je le redis, ce serait long et fastidieux. “Une région et les départements qui la composent peuvent, par délibérations concordantes de leurs assemblées délibérantes, demander à fusionner en une unique collectivité territoriale exerçant leurs compétences respectives”, dit déjà l’article L4124-1 du code des collectivités locales, qui impose toutefois un vote des électeurs.  

Le gouvernement doit donc convaincre les collectivités de s’inscrire dans ce processus…
Il y a même deux processus distincts qui n’obéissent pas aux mêmes contraintes : la fusion des régions qui, elle aussi, est prévue par le code des collectivités territoriales (article L4123-1) et, le cas échéant, l’absorption des départements.

Donc, soit le gouvernement supprime les conseils généraux, mais il doit réviser la Constitution. Soit il contourne l’obstacle, mais le processus s’annonce long, complexe et donc incompatible avec la volonté d’aller vite…
Il est probable que les élus locaux fassent de la résistance. Sans vouloir polémiquer, tout cela donne l’impression d’une impréparation du gouvernement. »

Un éclairage intéressant  dans la confusion actuelle.

 


L’EUROPE MERITE MIEUX QU’UN VOTE DEFOULOIR

 

  Européennes campagne 2014


Cette campagne décidément trop courte n’aura pas permis d’aborder les vrais enjeux de l’élection de dimanche. Toutes les conditions sont réunies pour qu’en France, comme dans d’autres pays de l’Union, les électeurs se réfugient dans l’abstention ou le vote de punition. Punition, non pas de l’Europe, dont la plupart ne savent pas comment elle fonctionne, mais des gouvernants, des politiques, des responsables de tout poil…

Pire, beaucoup d’entre eux ne savent même pas qu’il y a une élection dimanche, et quand ils le savent, ils n’ont pas compris qu’il n’y a qu’un tour ou sont submergés par le nombre incroyable de listes, dont beaucoup ne sont même pas identifiables, faute d’affiche sur les panneaux, de circulaires dans les enveloppes officielles, voire même de bulletin de vote qu’il faudrait aller chercher sur internet… De quoi semer le trouble et la confusion et renforcer encore le discrédit de la consultation.

Et pourtant, voter dimanche est important. Je ne cherchera pas à convaincre ceux qui s’apprêtent à voter Le Pen de ne pas le faire. Leur comportement échappe au rationnel et ils n’écouteront pas.

Au moins quatre raisons de voter. Moi, j’irai voter.


Europe circonscriptions001Parce que le parlement européen est la seule institution de l’Union européenne à être directement élue par les citoyens
. C’est une des plus grandes assemblées démocratiques avec 751 députés (nombre défini par le traité de Lisbonne) choisis tous les 5 ans par près de 400 millions d’électeurs. En France ils sont élus à la proportionnelle au prorata du score obtenu par chaque parti politique sur la base d’un scrutin de listes. En France, il y a huit eurocirconscriptions. Les 751 sièges sont répartis entre les états membres en fonction de leur population : la France élit 74 députés. Avec le Conseil des ministres de l’UE, le Parlement européen adopte la majorité des textes législatifs et le budget européen. Son pouvoir s’étend à de nombreux domaines comme l’énergie, l’environnement, l’agriculture, les transports, la santé publique et la justice. Il approuve les accords internationaux négociés par l’UE. Il aura donc a voter le traité transatlantique ! Le Parlement exerce aussi un contrôle politique sur la Commission européenne.

Parce que le Parlement européen vote des législations qui touchent notre quotidien. Environ 1/3 des législations et des ordonnances appliquées en France sont issues de textes européens. Cette proportion dépasse 50% dans certains secteurs comme la pêche, l’économie et l’écologie. Le Parlement européen est à l’origine de progrès significatifs en matière d’efficacité énergétique, de protection des victimes, d’emploi avec le FSE et la « garantie pour la jeunesse », d’éduction avec le programme Erasmus, de protection bancaire avec l’union bancaire.

Parce que je peux choisir un projet politique pour l’Europe.

En effet, les députés Europe parlement001européens se regroupent non par nationalités mais par sensibilités politiques. Il y a sept groupes politiques. Choisir un candidat, c’est décider d’avoir un impact sur les législations adoptées. Le Parlement compte 20 commissions permanentes qui sont le lieu des négociations et des accords politiques. Si je vote UMP, c’est parce que je souhaite que le PPE (Parti Populaire européen) qui regroupe les députés de droite et du centre, continue d’être dominant et parce que ses députés travaillent assidûment, comme Alain Cadec, tête de liste pour l’Ouest, classé parmi les 10 premiers députés de l’assemblée.

Europe institutions001Parce que mon vote contribuera à désigner le prochain président de la Commission européenne. Le traité de Lisbonne a créé un lien direct entre le résultat de l’élection et le choix du candidat à la présidence de la Commission, qui est en quelque sorte l’exécutif de l’Europe. Ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui proposent un candidat, mais ils doivent tenir compte du résultat démocratique. Les députés valideront le choix OU NON après avoir auditionné ce candidat. Mais le Parlement influence aussi la composition de l’ensemble exécutif européen.

Voilà quatre bonnes raisons d’aller voter.

En plus, en me déplaçant, j’ai conscience d’appartenir à un ensemble unique dans le monde de 28 pays qui ont décidé de joindre leur destin pacifiquement. C’est souvent difficile à 28, il y a certainement des progrès à faire dans le fonctionnement, mais nous devrions avoir davantage conscience que cette construction nous dépasse, nous permet de compter dans le monde et surtout qu’elle défend, malgré tous ses défauts, une civilisation, un art de vivre, uniques au monde.

Européennes 14


SARKOZY : POUR UNE RENOVATION DE L’EUROPE !

 

Sarko Le Point europe


A trois jours de l’élection des députés européens, dans une tribune publiée aujourd’hui dans Le Point et le quotidien allemand Die Welt, Nicolas Sarkozy appelle à une rénovation en profondeur de l'UE qu’il présente comme la garantie « d’un modèle de civilisation ». Celle-ci doit s'appuyer sur « une grande zone économique franco-allemande » qu’il avait commencé à construire. Il préconise aussi la sortie de l'actuel Schengen.

« Nous devons être Européens et Français »

Résolument pro-européen, l'ancien président dit comprendre que l’actuelle Union Européenne soit source d’exaspération et de colère pour les Français mais « ce n'est pas un paradoxe que de plaider tout à la fois pour l'Europe et pour la défense de notre identité, c'est-à-dire la spécificité de notre modèle », explique-t-il, connaissant pertinemment les nombreuses réticences de nos compatriotes envers Bruxelles et sa bureaucratie.

On ne sera pas surpris qu’il n’appelle pas à voter pour l'UMP. Mais le message est cependant clair. Quand Nicolas Sarkozy s’exprime, c’est en tant qu’ancien Président, et donc il n’est pas question pour lui d’aller ferrailler dans l’arène politique. Il s’agit de se placer au-dessus de la mêlée en prenant de la hauteur pour proposer des solutions afin de corriger les erreurs du fonctionnement actuel de l'Union : « Nous devons profondément refonder notre politique européenne », affirme-t-il.

« Une grande zone économique franco-allemande »

Lui qui qui s'était efforcé, durant son quinquennat, à faire du couple franco-allemand le moteur de l'UE (d'où le surnom de « Merkozy » qui qualifiait ses relations avec la chancelière Angela Merkel) défend à nouveau « la création d'une grande zone économique franco-allemande cohérente et stable au cœur de la zone euro qui permettra d'abord de mieux défendre nos intérêts (…) en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux.». Aussi dénonce-t-il « l'absence actuelle de leadership qui met l'Europe en danger, car sans vision, sans cap et sans priorité ». Une critique à peine voilée envoyée à son successeur dont il ne cite pas le nom. Cette grande zone « nous permettra d’abord de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande, en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux et ensuite de prendre le leadership des 18 pays qui composent notre union monétaire. Inspirons-nous de ce qui marche en Allemagne et des réussites de la France. Imposons un équilibre dans nos rapports. Défendons nos lignes rouges », décline l'ancien président.

« Un nouveau projet pour l’Union »

Nicolas Sarkozy souhaite plus d'intégration pour les 18 pays de la zone euro. Alors que l'étendue des pouvoirs dévolus à Bruxelles est régulièrement dénoncée par la classe politique française, il veut supprimer pas moins de la moitié des actuelles compétences communautaires. Celles-ci « devront demain être assumées par les Etats nationaux, et en regroupant les compétences de l’Europe en une petite dizaine de politiques prioritaires et fondatrices : l’industrie, l’agriculture, la concurrence, les négociations commerciales, l’énergie, la recherche... », précise-t-il. «La Commission ne devrait plus avoir de compétences législatives puisqu'il y a un Parlement européen. Elle demeurera en charge de la mise en œuvre, du contrôle et éventuellement de la sanction». Une réflexion qui approfondit sa vision : il n'avait jamais été aussi loin lorsqu'il était à l'Elysée.

« Il faut un Schengen II »

Face à « l'échec sans appel de la question essentielle des flux migratoires » - dont le front national a fait son cheval de bataille - Nicolas Sarkozy veut « suspendre immédiatement Schengen et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu’après avoir préalablement adopté une même politique d’immigration ». « C'est une évidence, affirme-il, ainsi il serait mis fin au détournement de procédure qui permet à un étranger de pénétrer dans l’espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses », avec cette mise en garde :  « Si nous ne réagissons pas rapidement dans les années qui viennent, c'est notre pacte social qui va exploser ». C’est du simple bon sens.

« Une Europe qui protège »

Comme il l'avait abondamment fait durant sa campagne, Nicolas Sarkozy vante également une Europe qui « protège, notamment des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent », poursuit-il, allusion claire qui vise le pouvoir socialiste actuel. « La dérive à laquelle nous assistons serait pire encore. Impôts sans limite, dépenses publiques sans frein, déficits explosés ». Mais « l'Europe a une responsabilité aujourd'hui : contribuer au règlement des crises pour éviter que (cet) anneau de révolutions ne devienne pour l'Europe une ceinture de dangers incontrôlables

Cette tribune est aussi un appel aux électeurs de droite à aller voter dimanche prochain. Si Nicolas Sarkozy ne dit pas pour quelles listes il faut voter, ce n’est pas son rôle, le message est fait pour être entendu. "Je suis bien heureux qu'il publie une tribune pour venir appeler les Français à la mobilisation !", a lancé Jean-François Copé, sous les applaudissements du public venu assister au meeting.

Si l'Europe se cherche un leader...

 


DEUX ANS ACCABLANTS !

 

  Hollande trempé

La France n’en finit pas de sombrer. En fait de retournement, c’est une économie atone qui stagne à 0% et qui tire l’Union européenne vers le bas. Le président, au lieu de s’occuper de l’essentiel, préfère aller à une finale de numéros d’improvisation. Cela ne s’invente pas : il improvise depuis deux ans qu’il est élu, c’est donc un amateur « éclairé » qui a remis le trophée !

Rien dans ce début de quinquennat ne vient plaider en sa faveur. Pire, les Français lui en veulent de s’être fait élire en faisant des promesses intenables et beaucoup s’en veulent d’avoir voté pour lui ! Sa cote de popularité n’en finit pas de baisser et selon un hebdomadaire, elle plongerait même à 8% de satisfaits !

Un état accaparé.

A peine élu, le nouveau pouvoir a aussitôt procédé à une véritable « purge » des fonctions de l’Etat à tous les niveaux. La valse des nominations donne le tournis au point que d’aucun évoquera du jamais vu sous la Vème République, même en 1981. La valse des têtes touche tous les corps : 50% des recteurs dans les trois premiers mois dont trois n’ont pas hésité à parler d’épuration,  les préfets, la justice, la police où les intéressés sont souvent prévenus la veille de leur remplacement, les grands établissements comme la Caisse des Dépôts ou l’Institut du Monde Arabe, les Directions importantes des Ministères. Tous les moyens ont été bons pour faire partir les intrus : pressions, menaces voilées, voire éviction sans ménagement. Il s’agissait de mettre la bonne personne à la bonne place, pourvu qu’elle soit… proche du pouvoir et de gauche. La promotion Voltaire de l’ENA est à l’honneur. Hollande, décidément sans vergogne, piétinant ses discours moralisateurs de campagne et sa fameuse anaphore, nomme ses proches sans hésitation. Quelques exemples emblématiques d’une liste qui serait trop longue à énumérer ici : Olivier Schrameck au CSA, Jean-Pierre Jouyet à la Caisse des Dépôts avant de permuter avec Pierre-René Lemas, Jack Lang à l’IMA, Nicolas Dufourcq à la BPI où il est rejoint par… Ségolène Royal. On a en tête le lynchage du juge Courroye, le débarquement sans précaution de Daniel Canepa, Président de l’association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires…  Une mise au pas menée au cœur de l’été 2012, et qui continue encore aujourd’hui avec la nomination par Taubira de procureurs, tous de ses amis. Celui qui dénonçait un Etat UMP a fait bien pire, dans le silence général de médias qui n’y voient pas de mal ! A cela, il faut rajouter le tripatouillage électoral : redécoupage inique des cantons, manipulation de la représentation des arrondissements à Paris, modification du mode d'élection des sénateurs pour tenter de garder la haute assemblée, et maintenant réforme des collectivités territoriales dont on peut attendre le pire avec report probable des élections dont le mandat a été déjà prolongé d'un an !

L’économie du pays en panne.

Les mois passent et l’économie française ne repart toujours pas. Pire, elle a détruit près de 25 000 emplois au premier trimestre 2014, plus de 60 000 sur un an, et les investissements restent au point mort. La consommation qui s’était réveillée à la fin de l’an dernier replonge sous l’effet de l’assommoir fiscal. Le discours lénifiant du nouveau ministre de l’économie frise le ridicule. Après avoir cherché vainement le retournement de la courbe du chômage qu’il lisait dans une boule de cristal, c’est celui de la croissance qu’il tente de lire dans la même boule… avec le même résultat. Avec une économie atone qui fait 0% au premier trimestre, on se demande comment on tiendra l’objectif annuel fixé à 1% et 1,5% en 2015. La tragique erreur de l’été 2012 semble irréparable et les 12 milliards de plus qui vont peser cette année sur les ménages ne vont rien arranger. Et l’Etat n’en finit pas de continuer à dépenser : baisse d’impôts pour ceux qui n’en payaient pas, diminution des cotisations retraite pour les fonctionnaires… Quoi comprendre ?

La société française déchirée.

Non content d’avoir planté l’économie, le pouvoir socialiste, pris à contre-pied par l’exigence de réduire les dépenses, a tenté de faire diversion en donnant satisfaction à son électorat avec des lois « sociétales ». Mais il n’a réussi qu’à attiser les tensions dans la société. La loi sur le mariage pour tous a jeté dans les rues de Paris des centaines de milliers de manifestants venus crier leur opposition, sans qu’on prenne un instant pour les écouter. La mobilisation a été telle que le gouvernement a préféré reculer sur la PMA et la GPA. Mais le résultat est là : le rejet et la radicalisation restent présents dans les esprits. Celui qui prétendait « apaiser » la France l’a fracturée comme jamais.

Une majorité politique en crise.

Le changement de premier ministre n’y a rien fait. Le cap n’est toujours pas clair. Les économies ne sont toujours pas documentées et restent donc virtuelles, les impôts font des allées et venues selon les circonstances. Le discours de justice devient une comédie qui ne prend plus d’autant que ceux que l’on assomme sont de plus en plus les classes moyennes, faute de … riches. Au sein même du Parti socialiste on n’est d’accord sur rien. Le Front de gauche est entré dans l’opposition depuis longtemps et les Verts y ont un pied dedans. La confiance n’a été obtenue que de justesse, avec plus de 60 députés PS qui ne l’ont pas accordée : un signe inquiétant pour les mois à venir. La France est au bord d’une grave crise politique. Car, à la radicalisation de la droite, il faut ajouter le transfert des voix de gauche sur le FN, ce qui lui assure des gains électoraux.

La France inexistante en Europe et dans le monde.

Hollande a voulu nous faire croire à la fable de la renégociation du pacte de stabilité. On sait qu’il n’en est rien. Depuis qu’il est élu, il n’a rien obtenu, ni de Merkel, ni des Etats du sud, ni de Bruxelles. Il a joué les figurants au sein du G8 et du G20. La France n’a pris aucune initiative majeure depuis 2012, hormis le coup d’éclat du Mali, et semble se désintéresser de ce qui se passe aux confins de l’Europe. Deux ans après, on ne peut que constater l’affaiblissement de l’influence de notre pays. Une échéance électorale importante aura lieu dimanche prochain : cherchez où est passé le Président ! Ce n’est pas en cherchant à se faire oublier quand il faudrait montrer le chemin qu’il va retrouver l’estime des Français.

Au bilan désastreux s’ajoute une crise morale.

Aujourd’hui, les Français subissent la présidence comme une purge. Ils ont assisté au triste spectacle de l’affaire Léonarda, en direct, et l’ont ressenti comme une humiliation. C’est ensuite pour découvrir que le chef de l’Etat partait faire ses galipettes à scooter avec une starlette… Le vaudeville tourne à la mauvaise farce : on se croirait revenu sous la IVème République et aux frasques des gouvernants comptées par les chansonniers du Grenier de Montmartre ! Et on voudrait que nos concitoyens aient le moral ! Eux qui sont attachés aux Institutions les voient galvaudées tous les jours avec la vulgarisation (le mot est faible) de la fonction présidentielle.

Deux ans de fiasco !

Certains en arrivent à se demander comment on pourrait bien faire pour se débarrasser d’un tel boulet. Comme sa démission est improbable, faut-il s’en remettre à la providence ?  En attendant la colère gronde et s’exprimera dans les urnes le week-end prochain.

 


GISCARD A LA BARRE...

Giscard 1974

Il y a 40 ans, le 19 mai 1974, les Français élisaient leur plus jeune président de la République du XXème siècle. Valéry Giscard D’Estaing battait d’une courte tête François Mitterrand et entamait un septennat qui allait faire entrer la France dans la modernité. La barre était entre de bonnes mains et le capitaine regardait loin au-dessus de l’horizon. Nostalgie !

A la même époque, Jean Ferrat se demandait en chanson : « A quoi ça sert un Jeune Républicain Indépendant ? ». Il avait la réponse : à faire élire un jeune président de la République.  On l’a en effet oublié, mais la candidature de Giscard avait suscité dans la jeunesse centriste et libérale un élan d’enthousiasme rarement égalé depuis. Au lendemain de l’élection les JRI se transformaient en un mouvement qui allait accompagner le nouveau président pendant son septennat : « Génération Sociale et Libérale », une enseigne qui était aussi un programme, les « chevau-légers » de la « société libérale avancée ».

La Présidence de Giscard a été résolument moderne. De la « décrispation », autre mot pour l’ouverture, à « deux Français sur trois », que le chef de l’Etat voulait rassembler en un grand groupe central pour lequel il souhaitait  trouver les consensus, la volonté de réforme associant changement (déjà) et sécurité pour chacun de nos compatriotes, aura touché à presque tous les domaines.

On a brocardé son souci de ralentir le rythme de la Marseillaise pour en faire un hymne plus apaisé, mais cela ne doit pas faire passer au second plan la loi Veil sur l’avortement, le vote avancé à 18 ans aujourd’hui passé dans les mœurs, les efforts consentis en faveurs des personnes âgées et des handicapés, la fin du monopole de l’ORTF … Des bouleversements qui ont modifié en profondeur la société française et sur lesquels on n’est jamais revenu.

Giscard, c’est aussi la modernisation de notre économie. C’est sous son impulsion que nous sommes sortis de l’économie administrée héritée de la guerre : fin du contrôle des prix, libéralisation et concurrence dans tous les secteurs et pour les Français, le symbole en a été la fin du prix  de la baguette fixé par l’Etat. Et pourtant le contexte n’était pas facile : il a fallu faire face à deux chocs pétroliers en sept ans !

Un septennat important pour l’Europe, au cours duquel on jette les bases de la monnaie unique avec le SME (serpent monétaire européen) qui permet de faire évoluer ensemble un « paniers » de monnaies des pays qui se regrouperont ensuite dans l’euro. C’est avec Giscard et Schmidt que nait le Sommet européen des chefs d’Etat véritable exécutif commun, et ils donnent une impulsion démocratique décisive avec l’élection au suffrage universel du Parlement européen.

A la fin des années 70, le MIT (Massachusset’s Institute of Technology) écrit un ouvrage intitulé : « l’envol de la France dans les années 80 ». En 1981, le pays s’est largement modernisé, mais le renchérissement du prix du pétrole pèse lourd dans la balance, alors que le programme électro-nucléaire, mis en œuvre par Michel d’Ornano, ne donne pas encore toute sa mesure, le jeune président est battu par un Mitterrand qui jette ses derniers feux dans la bataille politique. Là encore, il s’en est fallu de peu. Le jeu diviseur de Chirac pèsera lourd dans le résultat du 2ème tour. On ne refait pas l’histoire, mais la droite ne retrouvera la présidence qu’en… 1995.

Valéry Giscard d’Estaing a été un président réformateur comme la France en aura rarement connu. Un président stratège qui occupe la scène internationale, qui fait rayonner la France parmi les grandes puissances, qui donne le cap au gouvernement et qui sait prendre les risques en tant que chef des armées, comme lorsqu’il fait sauter la légion sur Kolwezi pour délivrer les otages. Il laisse un pays peu endetté, respecté, et des institutions en bon état. Seul le quinquennat de Nicolas Sarkozy s’est approché d’un tel bilan. Mais comme pour celui de Giscard, Les socialistes arrivés au pouvoir ont eu vite fait de dilapider les acquis.

 


UMP : OUI A LA SYNTHESE, NON AU PARASITAGE !

 

Européennes 14

Les egos surdimensionnés de quelques-uns ne doivent pas nous dissuader de voter pour les listes UMP.

Il faut saluer le travail de Jean-François Copé à qui tous ces ténors en mal de lumière compliquent la tâche. Cela dit, le rassemblement de la droite et du centre n’a jamais été une partie de plaisir, et l’on sait bien que des divergences opposent sur la construction européenne des souverainistes à des partisans plus ou moins avoués du fédéralisme ; entre les deux, il y a un juste chemin d’équilibre qui a été choisi à la quasi-unanimité du bureau politique. Le devoir de tous serait de s’y tenir, au moins par respect pour les militants et nos électeurs. Cela ne veut pas dire que les uns et les autres doivent se taire, mais nous leur demandons simplement de la retenue et de ne pas franchir comme Henri Guaino la ligne rouge que constitue le refus de vote pour convenance personnelle.

Ne nous laissons pas abuser par quelques-uns !

L’UMP n’est pas assurée d’arriver en tête au moment où, les abstentions aidant,  tout le monde s’attend à un très bon score du Front National. La campagne officielle  qui a à peine commencé risque, à la faveur de débats aussi tonitruants qu’inutiles, d’encourager une partie des électeurs sympathisants à choisir l’abstention.  On sait bien que la querelle avec l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy s’appuie sur un désaccord sur le fond : le traité de Maestricht qu’il n’a toujours pas accepté, alors que le parti, qui rassemble la droite et le centre, propose une politique européenne dans une version tempérée pour tenter de dépasser les contradictions. Il s’agit de donner à notre électorat les arguments susceptibles de mettre fin à la perplexité qui pourrait naître de la querelle. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, député de Haute-Savoie, estime qu’ « on ne peut pas se réclamer d’une formation politique et ne pas voter pour la liste qui porte ses idées ».  Donc, que ceux qui ne l’approuvent pas rejoignent les souverainistes de Dupont-Aignan, ce serait plus honnête ! Non au parasitage de la campagne !

Il ne s’agit pas de changer d’Europe, ce qui revient à poursuivre une chimère, mais de la faire évoluer. Le programme de l’UMP est clair et devrait donner satisfaction à tout le monde. Que propose-t-il ?

Une Europe qui protège :

Pour lutter contre l’immigration, des frontières européennes mieux respectées : plus de nouvel élargissement, refus de l’entrée de la Turquie, réforme de Schengen.

Pour une Europe plus offensive, plus active, plus protectrice afin de faire face à la mondialisation, avec de grands projets à l’échelle européenne : une politique industrielle qui fasse émerger des champions mondiaux, la réalisation d’infrastructures qui aménage le territoire européen, une politique du numérique, une politique spatiale, une politique de la recherche. Il faut aussi imposer la réciprocité dans tous les accords commerciaux et soumettre les importations à des normes éthiques sanitaires, sociales et environnementales.

Une Europe qui avance :

Pour relancer la croissance et créer des emplois en France, plus de convergence fiscale et sociale en Europe : c’est agir pour que la BCE soutienne la croissance et l’emploi, réserver une part de marché pour les PME produisant en Europe, mettre fin à la concurrence déloyale par l’harmonisation fiscale et sociale, renforcer le fonds social européen pour la formation pour faciliter l’emploi des jeunes, soutenir une politique agricole commune forte dotée d’un budget ambitieux.

Pour plus d’efficacité au service des Français, une Europe à géométrie variable, qui permette d’organiser des coopérations entre différents cercles d’états européens. Il faut renforcer le couple franco-allemand, moteur principal de l’Union. Il faut aussi simplifier et réduire les normes européennes et concentrer l’action de l’Union européenne là où elle est vraiment utile.

Pour faire entendre la voix de la France, une Europe forte et respectée dans le monde, avec une défense commune et une vraie diplomatie.

Ne perdons pas de vue l’objectif.

Ce ne sont que les têtes de chapitre. Le programme a été élaboré en tenant compte des apports de tous les « courants ». Il est réaliste et équilibré. Autrement dit, la guerre de tranchée que mènent quelques-uns est d’autant plus irresponsable.

Ils donnent le visage d’une UMP divisée alors qu’elle ne l’est pas. Il reste quelques jours pour le montrer.

Il s’agit d’envoyer à Bruxelles le plus grand nombre de députés pour que le PPE (Parti Populaire Européen), c’est-à-dire la droite, ait une majorité et permette à son candidat, Jean-Claude Junker, de devenir Président de la Commission.  

A chacun de nous de savoir ce qu’il veut. Il est important d’aller voter. Les absents ont toujours tort.

Et n'oubliez pas ce soir :

  Européennes Cadec


CEUX QUI S’APPRETENT A VOTER LE PEN DEVRAIENT SAVOIR …

Marine le Pen 2013


… Qu’ils seraient les premiers sacrifiés... !

Dans cette campagne, ce n'est pas le PS qui est dangereux, on ne tire pas sur une ambulance. Par contre le fait que les sondages mettent la liste FN en bonne position mérite qu'on en remette une couche.

L’Europe est mise au banc des accusés par les souverainistes et particulièrement par Marine Le Pen qui n’a pas de mots assez durs pour dénoncer tous ses méfaits. « Une machine folle, l’UE » clame-t-elle… tellement facile de surfer sur le désastre engendré par la gestion socialiste pour profiter du mécontentement et se livrer à tous les amalgames. Mais, ce sont ceux qui s’apprêtent à voter pour elle qui seraient les premières et douloureuses victimes de son programme s’il était appliqué.

Car la folie, c’est son programme.

A commencer par son leit-motiv, celui d’abandonner l’euro pour revenir au Franc. Le principal argument avancé est double : la perte de souveraineté qu’il a entrainée puisque la monnaie est entre les mains d’un organisme indépendant, la BCE, et sa valeur trop élevée qui nous ruine en rendant plus chères nos exportations. Deux faux problèmes ! D’ailleurs la grande majorité des Français ne la suit pas sur ce chemin et c’est heureux. Il n’est pourtant pas inutile de rappeler ce que ce projet aurait pour conséquences.

La souveraineté : nous ne l’avons pas perdue, elle est partagée, puisque la France contribue à garantir la monnaie commune. Et le fait qu’elle soit gérée par la BCE est plus une garantie qu’un handicap. La banque européenne a pour mission essentielle de maintenir l’inflation à un taux bas. Un progrès est cependant nécessaire, sur lequel tout le monde s’accorde aujourd’hui, ce serait d’ajouter à sa mission, la possibilité d’agir en faveur de la croissance en Europe.

Sa valeur trop élevée, on l’a déjà dit, provient des garanties qu’elle offre parce que le marché européen est bénéficiaire et offre une stabilité économique forte. Si la France est à la ramasse c’est à cause du manque de sérieux de sa gestion et de son manque d’adaptation à la compétition internationale. Ainsi, on ne peut mettre sur le dos de l’euro l’érosion très forte de la part de marché mondiale de la France qui a chuté de près de moitié entre 1999 et 2013. C’est même le confort apporté par la monnaie unique et les faibles taux d’intérêts qu’elle permettait qui ont alimenté la politique constante, pendant la même période, de relance par la consommation assise sur l’emprunt.

Rappelons aussi ce que l’euro nous a apporté.

Il a permis la réalisation du grand marché européen, qui est le débouché principal de l’activité de la France, en produits et services.

Il a installé un environnement de stabilité des prix dans la zone euro, propice au développement des échanges. Avant sa création, l’inflation en Europe était un fléau et compliquait les transactions.

Il nous a mis à l’abri de la tourmente financière américaine, en maintenant fortement la stabilité économique et en empêchant l’explosion des taux d’intérêt. Imaginons un seul instant ce qui se serait passé si nous avions été exposés avec nos monnaies nationales aux charges spéculatives des marchés.

Il permet à l’Europe de dégager un excédent commercial de 150 milliards en 2013 et la zone euro maintient globalement ses parts de marché.

Si des Français ont le sentiment d’avoir perdu la prospérité à cause de l’euro, ils se trompent de responsables en s’en prenant à l’Europe. Car ce sont les décisions de nos gouvernants successifs qui en sont la cause, parce qu’ils ont sans cesse retardé la modernisation nécessaire et les réformes structurelles qui auraient permis de rester dans la compétition.  Le gouvernement socialiste s’est empressé  de ruiner les efforts commencés sous Sarkozy. La Commission et la BCE n’y sont pour rien.

La sortie de l’euro serait une Bérézina.

Le supplément de compétitivité à attendre d’une sortie de la monnaie unique, en la remplaçant par un euro-franc dévalué seraient de courte durée. Regardons l’expérience japonaise ! Par contre, ce serait le signal d’une guerre commerciale avec nos partenaires : les exportations de la France hors zone euro ne représente que 11% du PIB français contre 20% intra zone. Cherchez l’erreur ! Cela n’améliorerait pas notre compétitivité réelle qui ne peut provenir que d’une réforme profonde à la fois fiscale et réglementaire.

Le surenchérissement des produits importés est à prendre en compte, d’autant plus que la balance commerciale de notre pays est déficitaire. Il faudrait s’attendre à une augmentation du coût de l’énergie et des carburants et de nombreux produits manufacturés ou issus  de l’industrie agroalimentaire.

L’augmentation des coûts de production aussi, car notre industrie est intégrée dans le tissu européen, et notre activité manufacturière a besoin de composants venant de partout, y compris de l’extérieur de notre continent.  

En conclusion, ce serait un tsunami économique, avec l’appauvrissement immédiat des épargnants, la mise à mal de notre agriculture, l’affaiblissement de nos banques, l’explosion de la charge de la dette publique, sans compter l’exposition facilitée aux attaques spéculatives qu’offrent une monnaie faible. Ce serait un choc économique estimé au moins à 12% de la richesse nationale avec la destruction d’1 million d’emplois à la clé.

Et ce sont les plus démunis que Mme Le Pen prétend défendre qui seraient en première ligne pour les dégâts.

L'union fait la force !

L’euro est la deuxième monnaie mondiale. Si l’Union européenne progressait vers une gouvernance encore plus partagée, elle serait la première. Sa création a été l’événement le plus important de ce début de 21ème siècle et constitue le levier majeur d’un ensemble qui, en PIB consolidés, est déjà la première puissance économique mondiale, regroupant 500 millions d’habitants et le quart des échanges de la planète !

L’Europe est confrontée à des défis : les dérèglements de la finance mondiale, retour de l’impérialisme russe,  déclin américain, montée en puissance de l’Asie, … Ce n’est pas en la défaisant que nous nous protégerons le mieux !

Il y a mieux que la souveraineté nationale, vaine quand on dépend complètement des autres. Il y a les souverainetés partagées avec nos voisins et partenaires chaque fois que l’Europe est un plus pour nous. Plus que jamais, l’Union fait la force !

  Européennes 14


LE BON DIEU EXISTE !

Affiche qu-est-ce-qu-on-a-fait-au-bon-dieu

Dieu existe, mais si je vous dis que je l’ai rencontré, vous ne me croirez pas. Et vous aurez raison. Par contre, comme des millions de Français je suis allé voir « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? », dès sa sortie, parce que j’avais eu l’occasion de voir la bande annonce. Et quand on a vu le film, on peut croire au « bon dieu ».

Une comédie réussie

D’abord parce que ce film est un régal par toutes ses facettes : les acteurs, le scénario, les situations, les dialogues… Une perle de précision et d’équilibre. Et un vrai moment de détente. Clavier en notaire coincé, gaulliste de province version 1958, et Chantal Lauby en bourgeoise type, non moins provinciale, jouent leur partition avec finesse et justesse. Il n’y a pas à regarder bien loin autour de nous pour retrouver ces stéréotypes bien vivants. Les filles et les gendres ne sont pas en reste avec un florilège de poncifs racistes dénoncés avec humour, de ces idées toutes faites qu’on véhicule volontiers dans les dîners en ville pour rigoler, mais qu’on évite désormais en public de crainte d’être jeté en pâture à l’inquisition officielle de la Licra ou de SOS racisme, quand ce n’est pas du CRAN… On s’étonne que le film soit alors un défouloir.

Le prototype social que le film nous propose est plausible et tout-à-fait contemporain. Qu’est-ce qui peut expliquer que quatre filles de bonne famille se retrouvent dans la situation d’épouser un mari en dehors de leur cadre conventionnel ? Tout simplement parce qu’elles ont reçu une éducation catholique qui ne les a pas enfermées dans un intégrisme et des interdits religieux. A cela il faut rajouter la cohérence sociale fournie par la poursuite d’études et le brassage  que permet l’université laïque. Ensuite, le fait qu’il y ait un juif, un musulman et un asiatique sur lesquels viendra se greffer un catholique noir n’est que prétexte à la comédie.

Nous sommes tous concernés

Comme dans une pièce de Molière, il y a peu de chances qu’on rencontre dans la vie réelle ce cas extrême. Par contre des mariages de ce genre sont loin d’être exceptionnels. On remarquera que les maris en question sont certes attachés à leur identité et à leurs traditions mais ont pris une certaine distance vis-à-vis d’elles, parce que leur niveau d’études leur permet de les relativiser, ce qui permet la coexistence voire la complicité, une fois qu’on a dépassé les clichés racistes. Les deux temps forts, la Marseillaise chantée la main sur le cœur et la messe de Noël confirme avec humour que l’éducation républicaine et celle de la tolérance ont fonctionné et ont permis une certaine « assimilation ». Et si le film reçoit cet accueil, c’est parce qu’il correspond à une réalité qui concerne plusieurs générations d’immigrés et quantité de familles françaises. J’ai envie de dire : nous sommes tous concernés.

Tout le monde a en tête le fameux sketch de Muriel Robin quand la fille annonce à sa mère son mariage avec un… noir. Une de mes connaissances avait l’habitude de dire, « qu’un de mes garçons me ramène une noire ou une arabe ne me pose aucun problème, mais si c’est ma fille, j’aurai toujours peur de la retrouver voilée ou emmenée en Afrique ». Cette prévention est dépassée par nos enfants. C’est pourquoi, dans le film, le rôle donné aux femmes est à souligner. C’est par elles que se fait l’émancipation. Ce n’est pas un hasard. C’est la prise en compte d’une réalité observée. Dans la lutte contre l’emprise communautariste, ce sont elles qui ont le plus à gagner ou à perdre.

Un antidote à la tentation communautariste

Il ne faut pas nier pour autant que la tentation communautaire se développe dans de trop nombreux quartiers avec ses séquelles ségrégationnistes et stigmatisantes. On voit bien que la pression intégriste qui s’exerce sur les femmes notamment est de plus en plus forte et de plus en plus voyante. Et le film « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » est un antidote à cette pression. Car, finalement, les Français de « souche » ne sont pas les affreux xénophobes dépeints par SOS Racisme, la méfiance vis-à-vis de l’autre n’est pas que leur fait, elle est aussi celle des français ayant d’autres origines et d’autres traditions.

Comme l’explique Alain Finkielkraut, dans « l’identité malheureuse » le problème de fond tient beaucoup dans ce sentiment d’appartenance collective.  Pour faire simple : par exemple, quand je suis dans un pays musulman, il ne me vient pas à l’esprit de protester contre le port du voile, même si je le réprouve, car je ne suis pas chez moi. Par contre, la même situation vécue en France conduit au réflexe dévastateur : « Je ne suis plus chez moi ! » parce que nos moeurs ne sont pas des options facultatives si on veut vivre chez nous, souligne l’auteur. Il parait que l’affirmer n’est pas politiquement correct. Pourtant, c’est pourquoi  le législateur a interdit le port du niqab ou de la burqa parce qu’il s’agit de défendre un mode d’être, une forme de vie, un type de sociabilité qui façonnent une identité commune.

Un succès populaire qui est aussi un message

Le parallèle avec « Intouchables » vient à l’esprit. La sympathie qu’a inspirée ce film tient pour une grande part au rôle joué par Omar Sy. La preuve que la grande majorité des Français n’est pas raciste ni xénophobe. Et si ces Français de toutes catégories sociales, de tous âges et de tous milieux confondus, en se pressant dans les cinémas qui projettent le film de Philippe Chauveron, voulaient envoyer le message  aux intégristes de tout poil et de toutes religions qui nous pourrissent la vie : « Voilà l’intégration que nous aimons ! »

De ce point de vue, « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » est une bénédiction !


MERCI QUI ?

Contribuable détroussé

 

Voici le moment tant attendu de la déclaration d’impôts sur les revenus 2013. Bonjour les dégâts pour les classes moyennes. L’impôt, c’est fini, avait pourtant dit le pingouin : ça dépend pour qui !

Voici un cas précis qu'on m'a communiqué, dont le calcul va concerner plein de foyers fiscaux. : couple retraité ayant eu trois enfants. Pour un revenu de 68 700 € en 2012 avec deux parts, l’augmentation a été de 9,5% en 2013, soit 75 000 €, logique puisque la prime de 10% pour avoir élevé trois enfants est intégrée dans le revenu imposable. L’impôt 2012, hors défiscalisation, s’était élevé à 7 950 €. C’était déjà une augmentation conséquente par le gel du barème. Le calcul simulé pour 2013 donne 9 940 €, soit une augmentation de 25% !!! Vous lisez bien : une hausse de 25% pour une augmentation de revenus de 10% !!

L’explication tient essentiellement dans la manipulation des plafonds des tranches imposables et surtout dans l’intégration du supplément de 10%  pour les trois enfants élevés qui font allégrement sauter d'une tranche. Bonjour les dégâts pour les retraités concernés ! Au moins on sait où sont les 14 milliards supplémentaires prélevés sur les ménages.

Si on ajoute que les retraites, cette année, ne seront pas revalorisées, le pouvoir d’achat va être encore un peu plus touché. L'automne va être chaud avec la tombée des feuilles et le paiement du solde de l'impôt. « C’est toujours les mêmes qui paient », ce n’est pas qu’un sentiment, c’est un constat. On aimerait bien que le gouvernement privilégie enfin la baisse de ses dépenses autrement qu’en paroles.

Ras-le-bol d'alimenter le tonneau des Danaïdes !

C’est certain, le 25 mai, je ne penserai pas qu’à l’Europe quand j’irai voter !

 


LA FRANCE VA-T-ELLE TOURNER LE DOS A L’HISTOIRE ?

Drapeau européen

 

Le 9 mai est « la journée de l’Europe ».

Cette date a été choisie en souvenir de la déclaration du Ministre des Affaires étrangères français Robert Schuman qui, à l'instigation de Jean Monnet alors Commissaire général au Plan, proposa le 9 mai 1950 aux pays européens qui s'étaient combattus en 1914-18 et en 1939-45 de gérer en commun leurs ressources de charbon et d'acier dans une organisation ouverte aux autres pays d'Europe qui le souhaiteraient. Cette proposition, connue sous le nom de « déclaration Schuman », est considérée comme l'acte de naissance de l'Union européenne.

La Journée de l'Europe est l'occasion d'activités et de festivités qui rapprochent l'Europe de ses citoyens et ses peuples entre eux. Les associations, les écoles et les citoyens se mobilisent pour la célébrer. De très nombreuses manifestations de plus ou moins grande envergure sont organisées dans les villes et dans les écoles, à l’initiative des associations, des enseignants, des collectivités locales...

En cette période de campagne électorale pour l’élection des députés européens, elle prend une signification particulière.

« La double Pen »

Marine Le Pen fait une campagne de marchande de poisson à coups de formules assassines sur l’union européenne qui sont autant de mensonges. Ce faisant elle renoue avec le style familial. On lui doit l’élection de François Hollande, dont on paie tous les jours la politique désastreuse. Depuis, les voix de gauche déçues par le début du quinquennat permettent au Front National d’améliorer ses scores aux élections, d’autant plus que le vote bleu-marine est facilité par un double langage, un discours gauchisant que n’aurait pas désavoué Georges Marchais. L’immigration pour les voix de droite, la démagogie sociale pour les voix de gauche. Le 25 mai, ces voix vont-elles contribuer à nous imposer la double peine ? Après s’être trompés en votant en 2012, les Français, dans un désir de contestation bien compréhensible, vont-ils récidiver en 2014 ? Je n’ose pas imaginer le tam-tam médiatique si le score du parti d’extrême-droite le place en tête  au soir de l’élection. Ce serait dramatique à la fois pour la France et le Parlement européen. Le pays de Descartes et de Pascal, de Spinoza et d’Auguste Comte, de Montaigne et de Tocqueville, le pays de la raison et des « lumières » ne peut pas tourner le dos ainsi à l’Histoire, en suivant des prophètes de malheur qui les caressent dans ce qu’ils ont de plus sensibles : le sentiment national !

Le véritable enjeu du scrutin

C’est l’Europe, évidemment et pas nos petits problèmes franco-français. Il ne s’agit pas de voter pour ou contre l’euro. Il ne s’agit pas de voter pour ou contre l’intervention en Ukraine. Ces sujets-là sont à côté de la plaque. Il s’agit d’élire les députés européens et de façonner par notre vote la configuration du futur parlement de Strasbourg. Et ce n’est pas anodin : de la majorité qui se dégagera dépendra le choix du futur président de la Commission européenne. Ce sera Martin Shultz le social-démocrate allemand ou Jean-Claude Junker pour le Parti Populaire européen. Le vote défouloir n’y changera rien, pas plus que les états d’âme d’Henri Guaino ou l’esbrouf de Laurent Wauquiez pour vendre son livre. Par contre, les orientations qui suivront pour les cinq prochaines années seront déterminantes. Il ne faut donc pas se tromper d’élection.

Face à une Chine qui est en passe de devenir cette année la première puissance économique mondiale, face à une Amérique en pleine reconquête, face à une Russie redevenue impérialiste, les défis à relever sont gigantesques. Seule l’Europe est à la mesure. Croire que la France recroquevillée sur elle-même pourrait résister avec ses petits bras même pas musclés, est une farce tragique. Le dénigrement systématique et suicidaire de ce qui a été fait jusqu’à présent ne peut servir de feuille de route, pas plus que le repli sur soi ultra-souverainiste que nous servent les antieuropéens.

L’Europe est l’avenir de la France !

Je crois que la génération à laquelle j’appartiens, qui a connu la guerre froide, la division de l’Europe et le rideau de fer a le devoir de lutter contre le désenchantement qui gagne les peuples de l’Europe et particulièrement nos concitoyens. Une Europe plus dynamique, plus forte, plus démocratique, avec un gouvernement économique au service du modèle social caractéristique du vieux continent, est à notre portée. Des initiatives franco-allemandes fortes ouvertes aux autres pays, une volonté commune de mener la transition écologique au service d’une vraie politique énergétique, un esprit civique européen, peuvent donner consistance au rêve européen et nous donner les moyens de faire face souverainement aux défis du monde.

Préparer l’avenir suppose un état d’esprit offensif, du réalisme et surtout de l’audace, celle de croire encore en l’Europe. Les derniers mois des progrès importants ont été accomplis, notamment avec l’union bancaire. C’est la preuve qu’il est possible de bâtir ensemble un chemin qui donnerait du sens à l’Union, susciterait sinon la ferveur, à tout le moins l’adhésion.

 


PARLER POUR NE RIEN DIRE…

 

Le_Radeau_de_La_Meduse
Le radeau de la Méduse

Des moulinets dans le vide

Français Hollande s’est livré mardi matin, sur BFM-TV et RMC, à un laborieux exercice de communication. Face à Jean-Jacques Bourdin,  interlocuteur tyrannique, il a dû répondre à des questions qui portaient toutes sur son sinistre bilan. Impopularité, absence de résultats, sombres perspectives, promesses non tenues, il y a gros à parier que l’on aura retenu les questions plus que les réponses.

Il a voulu donner l’image d’un président « de combat ». On a surtout vu un bateleur prêt à tout pour assurer sa survie politique, comme si des annonces péremptoires pouvaient remplacer ou influencer la réalité. Sans doute n’avait-il pas le choix. Il est difficile de commémorer deux ans d’échecs et de débâcle économique. Aussi  le jeu de l’interview est-il périlleux : les questions ont toutes la forme de jugements négatifs sur son immense impopularité, sur l’échec des deux premières années du quinquennat, sur les difficultés énormes qu’il aura dans la recherche de résultats et dans la quête d’un second mandat. Car finalement cette quête apparaît comme son unique préoccupation. Pour cela, il est prêt à toutes les contradictions, à tous les reniements. Et maintenant qu’il a Manuel Valls à la tête du gouvernement à qui il a confié une feuille de route claire et précise, à ce qu’il dit, il espère que ses décisions relativement audacieuses lui profiteront plus qu’à son nouveau Premier ministre. « Je n’ai plus rien à perdre ! » : terrible aveu qui résume tout.

La colère des Français.

Evidemment, il est suffisamment aguerri pour trouver une réponse à n’importe quelle question, si accablante soit-elle ; suffisamment roué pour nous dire qu’un second mandat est moins important que le redressement du pays ; assez expérimenté pour nous faire croire que la gravité de la crise explique la désaffection de l’électorat, et donc qu’il souhaite être jugé non sur 2012 et 2013 mais sur la durée complète du quinquennat. Il reste que la vacuité de ses propos a déclenché une vague médiatique qui déjà se retourne contre lui car la colère du public a atteint un niveau tel que la protection naturelle qui enveloppe normalement la fonction présidentielle a été détruite. Les irrévérencieux s’en donnent à cœur joie : les journalistes assènent au président d’épouvantables vérités et les téléspectateurs lui présentent des cas personnels pour lesquels il ne peut rien. On a connu la même chose avec Nicolas Sarkozy : la télé-réalité est cruelle. Aux gens qui n’ont plus pour vivre que le minimum social, que voulez-vous dire sinon énumérer les recours possibles. Mais la vérité est bien plus brutale : l’état doit faire des économies, il faut donc qu’il raréfie les largesses, alors, allez expliquer à Mme Michu, qui vit avec moins de 700 euros et qui mériterait sûrement bien plus, qu’elle coûte déjà trop cher ! Une sentence inhumaine impossible à prononcer en public pour un président.

Le grand bazar…

L’épreuve aurait pu être l’occasion, pour le président,  de mesurer la gravité des erreurs qu’il a commises quand il a lancé une campagne électorale foisonnant de promesses irréalistes et quand, une fois parvenu au pouvoir, il a voulu, par une sorte de coupable honnêteté, les tenir. Il lui a fallu du temps pour constater qu’il ne suffisait pas d’augmenter les impôts pour rétablir les comptes. Il n’y avait pas d’autre voie que celle de la rigueur, de la contraction de la dépense publique, de l’encouragement fiscal aux entreprises. N’ayant plus le choix, il a dû s’y conformer. Ce faisant, il fait poindre, sous la crise économique et sociale dont il est responsable, une crise politique qui va peser sur l’avenir. Car il n’a pas fini d’être confronté aux adeptes d’une vérité révélée qui continue à dicter des rêves idéologiques qui n’ont plus aucun rapport avec la mondialisation que les Français veulent ignorer ou avec l’Europe qu’ils soupçonnent de les appauvrir. Et au passage, il ne manque pas de rappeler qu’il est attaché au vote des étrangers, histoire de faire monter un peu plus le vote Le Pen, dont il se réjouira certainement si sa liste arrive en tête aux européennes.

… Et l’entourloupe !

Il a donné un coup d’accélérateur à son programme, affirme-t-il, et il demande qu’on attende que sa politique fournisse des résultats. Mais encore faut-il que les propositions soient crédibles. Que penser d’une réforme territoriale subitement précipitée, annoncée sans aucune précision sur la réforme de l’état qui devrait l’accompagner, sans dire ce qu’on fera des dettes des départements supprimés, des préfectures et sous-préfectures, de tous les fonctionnaires … sinon à retenir qu’elle donne le prétexte pour reculer les élections régionales et cantonales d’un an, que d’ici là le Sénat sera probablement repassé à droite et que la nécessaire réforme constitutionnelle deviendrait alors très aléatoire. Du tripatouillage politicien digne de la IVème République et la France ravalée au rang de république bananière ! Quant au désendettement on a déjà tout dit sur les fameux 50 milliards.

Mais dès l’instant où les institutions ne nous laissent pas le loisir de changer de président à volonté, il a raison d’exiger qu’on le juge sur la totalité du quinquennat, mais ça changera quoi ? On voulait de la clarté, on a toujours la confusion, les annonces d’aujourd’hui contredisant les précédentes.

Nous ne sommes donc pas au bout de nos surprises avec un revirement par trimestre ! On ne s'étonnera pas qu'il n'ait convaincu personne !

Il aurait été mieux inspiré de se taire !

 

 


L’EURO : CHANCE OU HANDICAP ?

 

Euro

A l'approche des élections européennes, le débat resurgit en France sur l’euro « fort ». Beaucoup d’industriels se plaignent d'être pénalisés à l'exportation. Faut-il faire baisser l'euro ? La BCE, pour une fois, semble vouloir aller dans ce sens. Mais le problème est de savoir si cela résoudrait le défi de la balance commerciale française.

Voilà maintenant près de 15 ans que la monnaie unique a été mise en place. Il circule beaucoup de bêtises à son endroit, et il n’est pas toujours facile de démêler le vrai du faux. Pour certains, elle serait la source de tous nos maux, pour d’autres, la bénédiction viendrait de l’indépendance de la BCE vis-à-vis des gouvernements. Le tropisme le plus courant, c’est la focalisation sur les exportations qu’elle rendrait plus compliquées, en tout cas pour nous, cela dit sans prendre le temps de s’interroger de son impact sur les importations. Nous vivons dans un monde compliqué, et les arguments les plus percutants sont presque toujours les plus simplistes, ils sont malheureusement, la plupart du temps, bâti sur une hérésie quand ils ne sont pas un vrai mensonge.

L’euro est-il déterminant pour la croissance ?

Entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 2013, le PIB de la France a progressé de 22%.  Si on se compare à l’Angleterre, elle a fait beaucoup mieux avec 29% sur la période, mais le Danemark n’a réalisé que 13%. Intrazone, l’Espagne a fait 31%, l’Irlande 60% et l’Allemagne seulement 20%. Autrement dit, ni le fait d’être en dehors de la zone euro, ni l’appartenance n’ont garanti une performance économique. La monnaie n’est donc pas le seul déterminant ! Le fait de dévaluer la monnaie commune de 20%, ce qui correspond à notre perte de compétitivité sur la période, redonnerait de l’oxygène à notre économie. Mais c’est une illusion monétaire, car le but de la dévaluation c’est de pouvoir dépenser davantage et éviter de procéder aux réformes douloureuses. L’expérience menée par Shinzo Abe au Japon devrait nous rendre prudent. L’euro n’est pas responsable de notre déclin pas plus qu’il ne peut faire revenir la prospérité comme par magie. La France aurait dû se rénover profondément pour profiter de l’union monétaire, il ne suffisait pas de changer les billets de banque.

L’euro a-t-il provoqué une hausse des prix ?

Contrairement à l’idée couramment admise que le passage à l’Euro a fait monter les prix, notamment par le jeu des arrondis au moment de l’abandon du Franc, quinze ans après on constate des évolutions contrastées d’un produit à l’autre. Si on prend comme référence le prix d’une baguette de pain, qui était en 2000 de 4,50 F, peut-on dire que son prix d’aujourd’hui de l’ordre de 0,80 € à 1€ (soit entre 5,25 F et 6,50 F) a exagérément augmenté si on prend en compte le prix de l’énergie, de la farine, des charges diverses… sans oublier l’inflation. Si on se réfère à l’évolution des prix de l’électro-ménager, on oscillera entre stabilité et baisse. On trouvera bien des produits qui ont fortement augmenté, c’est certains, mais il est bien difficile de dire ce qui se serait passé si on avait gardé le Franc. Une certitude : ce n’est pas l’euro qui a fait baisser le pouvoir d’achat des Français.

Pourquoi sa valeur est-elle aussi élevée ?

Si l'euro affiche aujourd'hui une santé éclatante vis-à-vis des principales devises, il le doit en partie au fait que la zone euro dans son ensemble affiche… un excédent de sa balance courante. Selon les derniers chiffres d'Eurostat, elle était excédentaire de 67,4 milliards d'euros au dernier trimestre 2013, contre 42,3 milliards d'euros au dernier trimestre 2012. Si l'on isole la seule balance commerciale des biens, là encore, la zone euro affiche un confortable excédent de 44,7 milliards d'euros contre 28,2 milliards. Le Fonds Monétaire International, lui, avance dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, un excédent courant de 295 milliards de dollars pour 2013 pour la zone euro, à comparer au déficit de 473,5 milliards de dollars des Etats-Unis. Ce constat fait, il n'est guère surprenant d'assister à la revalorisation de l'euro contre le dollar.

Certains ne manquent pas de rétorquer que les excédents de la zone euro proviennent essentiellement de deux pays : l'Allemagne et les Pays-Bas dont les performances commerciales dépassent de loin celles de leurs partenaires. C'est incontestable. L'Allemagne n'a cessé d'accroître ses excédents commerciaux qui ont culminé à près de 200 milliards d'euros l'an dernier.

Dans le même temps, la France affichait un déficit de près de 76 milliards d'euros. La comparaison des performances commerciales de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne et de la France dans le détail est encore plus riche d'enseignements. A l'exception de la France, ces trois pays n'ont pas cessé d'améliorer leur balance commerciale globale. La performance de l'Espagne est encore plus spectaculaire puisque les chiffres s'établissent à 10 milliards d'euros en février dernier. Parallèlement, l'Italie, elle, a doublé ses ventes. La série statistique d'Eurostat dément donc le discours voulant que la hausse de la monnaie unique handicape les exportateurs. Une tendance qui explique pourquoi la France est quelque peu isolée sur le dossier d'autant plus que la dégradation du commerce français est à rechercher ailleurs.

Dévaluer, pour quoi faire ?

Les performances des quatre pays cités depuis le début de l'année 2008 en ce qui concerne leurs exportations dans les seuls pays de la zone euro sont édifiantes. L'Espagne et l'Italie ont significativement amélioré leur balance commerciale pour revenir près de l'équilibre. L'Allemagne, elle, continue d'afficher de confortables surplus. La France, elle, n'a pas cessé de voir sa position se dégrader. Les difficultés à l'exportation des entreprises françaises, sinon la dégradation, sont concentrées sur les seuls pays partageant la même monnaie. La hausse de l'euro, si elle peut avoir des effets contraires sur les marchés hors de l'Europe, n'explique pas le déficit de la balance commerciale française. Le Conseil d'analyse économique précise que « la baisse de l'euro ne peut être la réponse unique » au déficit de compétitivité de la France, «… une dépréciation nominale n'a qu'un effet de court-moyen terme sur la compétitivité alors que les réformes structurelles permettant une baisse des coûts ou une amélioration de la qualité des biens produits ont un effet permanent sur la compétitivité. »

Aux réticences européennes face aux souhaits de la France s'ajoute l'idée même que l'euro n'est pas surévalué. C'est ce que souligne Jérôme Héricourt, chargé de recherche au Cepii. « Le taux de change effectif réel de l'euro n'est pas à son plus haut historique constaté au milieu des années 1990. Et à cette époque, la France dégageait des excédents commerciaux », dit-il.

Une baisse de l'euro ne résoudrait donc pas les problèmes de la France. Voilà sans doute pourquoi le gouvernement s'est désormais engagé, avec le « pacte de responsabilité », sur la voie d'une baisse des charges pour les entreprises. Pour doper vraiment leur compétitivité globale.

L’euro était une chance, nous en avons fait un handicap.

Nous n’avons pas respecté le traité et les cadres fixés à la monnaie. Nous avons abusé de la protection que la monnaie unique offrait en ne permettant pas les attaques monétaires, pour vivre à crédit et emprunter à tout va, pris au piège d’une erreur de stratégie économique qui nous a fait privilégier le tertiaire et le rêve d’une économie dématérialisée. Le réveil est douloureux. Mais l’abandonner serait encore bien plus pénalisant et… coûteux.

Si notre pays est sérieux, il redeviendra une chance, comme pour l’Allemagne.

 

 


POUR EN FINIR AVEC « L’HERITAGE » !

 

Sarko 2012

5 mai 2014 : seulement deux ans !

Que le temps semble long sous la hollandie normale. Et il est grand temps de solder les comptes !

« Vous ne l’avez pas fait pendant dix ans ! » s’exclamait un député socialiste, commentant les mesures présentées par Manuel Valls pour économiser 50 milliards. A les entendre, il ne s’est rien passé pendant les cinq années du mandat Sarkozy.  Ils ont pourtant mis beaucoup d’empressement à défaire les réformes qui avaient été menées à bien.

Mais par-dessus tout, ce qui est insupportable, c’est que deux ans après ils en sont encore à prendre comme excuse « l’état dans lequel ils ont trouvé les finances du pays », citant l’accroissement de la dette et le déficit public. Ce pourrait être  au mieux une approximation, au pire un mensonge volontaire, mais en vérité c’est une véritable escroquerie intellectuelle. Car ils ne pouvaient pas ne pas savoir.

Revenons deux ans en arrière.

Janvier 2012. La France sort de trois ans et demi de crises aigües qu’elle a dû subir et dont elle n’est en rien responsable : financière avec les subprimes, économique avec la paralysie des échanges mondiaux, monétaire avec la crise de l’euro et des dettes souveraines. Une réaction en chaine. Il a fallu faire face. D’ailleurs à l’époque tous les observateurs tressaient des lauriers à Nicolas Sarkozy pour son sang-froid et sa maitrise devant la gravité des événements. Avec deux trimestres seulement de récession, notre pays s’en est effectivement plutôt bien sorti. Mais il a bien fallu l’intervention de l’Etat, d’abord pour sauver les banques, c’est-à-dire l’épargne des Français, puis pour financer les amortisseurs sociaux qu’il n’était pas question de laisser sans moyens, enfin pour relancer l’économie. Ce qui a permis à la fois de maintenir le pouvoir d’achat, d’endiguer la montée du chômage et de faire redémarrer les entreprises. Evidemment, il a fallu avoir recours à l’emprunt. La dette a forcément gonflé. Le déficit s’est creusé jusqu’à  frôler les 8% du PIB. Comment faire autrement quand le ralentissement de l’activité fait chuter de 50% les recettes de l’Etat ? Que préconisait donc l’opposition de gauche : de dépenser plus ! Le plan de relance de 40 milliards d’euros était jugé trop timide !  Autrement dit de creuser encore plus le trou ! ‘entends encore le sombre Ayrault fulminer dans l’hémicycle !

Quelle était la situation en 2012 ?

Au moment où la gauche prend le pouvoir, 2010 et 2011 avaient vu le retour de la croissance, le déficit était en voie de résorption et la barre des 3% était visée pour la fin 2013. Le budget de l’Etat voté fin 2011 montrait le chemin : pour la première fois depuis le début de la Vème république il était en diminution de 1 milliard d’euros par rapport à celui de l’année précédente, en réel et pas en « tendanciel » comme on dit aujourd’hui. Il prévoyait un recul de 14 milliards d’euros du déficit qui devait le ramener à 4,5% du PIB fin 2012 et 3% fin 2013. Donc des finances en voie d’assainissement et une économie encore convalescente que la baisse des charges sur les entreprises votées fin 2011 avec un transfert sur la TVA (dite sociale) devait consolider. Toutes choses attestées par la Cour des Comptes, dans son rapport sur la certification des comptes 2011 et l’audition de mai 2012. Didier Migaud précise : « L’amélioration du solde budgétaire est réelle et incontestable, la trajectoire de réduction du déficit a été respectée, pour la première fois depuis 2007 le solde budgétaire s’est amélioré par rapport à l’exercice précédent. Ainsi parmi les trois composantes du déficit public, Etat, collectivités territoriales, sécurité sociale, on peut considérer que l’Etat a tenu ses objectifs. L’amélioration du déficit public repose pour l’essentiel sur un redressement des recettes fiscales qui confirment le rebond observé en 2010. Ce redressement du niveau des recettes a directement et principalement contribué à la réduction du déficit ; le respect des normes de dépenses dans le cadre de l’exécution 2011 a contribué incontestablement à la maîtrise de la dépense. Un tel ralentissement des dépenses, dont certaines composantes sont très dynamiques, comme la charge de la dette, constitue un résultat méritoire et qui n’a guère de précédent. »

Il y a pire comme héritage !

L’impact du choc fiscal.

Le choc fiscal intervient dès juillet 2012,  accompagné du dérapage des dépenses avec le collectif budgétaire que Hollande fait voter, avec notamment l’abrogation de la loi instituant la TVA anti-délocalisation, réduisant à néant le sérieux du budget voté fin 2011. L’économie en stand bye pendant la présidentielle ne redémarrera jamais, le chômage explose, les impôts tuent le peu de croissance qui lui avait été léguée. Pourtant la Cour des Comptes avait prévenu : « Les efforts consentis en 2011 devront être répétés, amplifiés au cours des exercices suivants pour rester sur cette trajectoire… Seule une baisse des effectifs (publics) est à même de fournir une marge de manœuvre en matière de politique salariale… Si la réduction des niches fiscales ne suffisait pas à dégager les recettes attendues, il pourrait être nécessaire d’augmenter le taux d’impôt à assiette large, c’est-à-dire la CSG ou la TVA ! » Le message est clair. Le nouveau gouvernement, qui avait demandé l’audit, n’en a pas tenu compte !

L’héritage n’est pas en cause.

C’est l’abandon de la trajectoire mise en place par le gouvernement Fillon et recommandée par la Cour des Comptes qui plonge le pays dans les difficultés. Le gouvernement du sombre Ayrault n’aura jamais le courage de prendre les mesures nécessaires, toujours repoussées pour ne pas déplaire à un électorat à qui on avait promis la Lune. La France était convalescente, les socialistes, en vrais Diafoirus, l’ont soignée à coups de saignées fiscales, remède qui s’est avéré pire que le mal ! Le déficit, malgré les hausses d’impôts continue d’augmenter. Le chômage devient une vraie catastrophe : dans les six derniers mois sous Sarkozy, le nombre des chômeurs avait augmenté de 83 200, c’est encore trop, mais le chômage était contenu. Pour bien montrer où se trouve la rupture, il faut remonter aux  24 derniers mois du quinquennat précédent pour accumuler un chiffre comparable soit  211 800 chômeurs supplémentaires contre 214 400 pour les six premiers mois de Hollande !

Deux ans après.

La France fait-elle face à une crise venue de l’extérieur ? Non ! On s’aperçoit qu’elle a fait du surplace, que la situation économique et sociale s’est dégradée profondément. S’il y a crise, c’est celle du socialisme au pouvoir et de ses idées fausses : malgré le matraquage fiscal, la France n’a résorbé ni sa dette, ni son déficit, et ce bien que les taux d’intérêts soient restés d’une sagesse inespérée (pour des raisons externes à la France, précisons-le). Elle compte un nombre record de chômeurs : plus de 3 millions. La croissance se traine lamentablement à peine tirée par une reprise économique mondiale qui se dessine. Pire, les socialistes y ont ajouté une crise morale par des comportements qui insultent tous les jours les leçons qu’ils prodiguaient naguère, Président en premier. Et on dit qu’il n’y a pas de différence entre la droite et la gauche ?

C’est la faute à Sarko, c’est la faute à l’euro, c’est la faute à l’Europe…

Et si c’était tout simplement la faute à Hollande !

Cela les Français l’ont bien compris, il suffit de voir sa cote de popularité pour s’en convaincre.

« Putain, encore trois ans ! »

 

 

 


50 MILLIARDS ET MOI, ET MOI, ET MOI…

Des-liasses-de-billets

 

La comédie que les socialistes nous jouent depuis une dizaine de jours se terminera comme il se doit par un vote bien rose du pacte de stabilité. Il serait surprenant en effet que même les plus réfractaires choisissent le suicide tant ils ont gros à craindre d’une dissolution qui serait fatale à leur siège. Manuel Valls n’a donc pas grand-chose à craindre. Mais une fois le vote passé, la vie continuera et le groupe parlementaire PS lui mènera une guérilla sans relâche, surtout qu’il y aura un collectif budgétaire à voter en juin !

Une comédie bien utile quand même.

Elle nous apprend que le gros des troupes votera à contre cœur les 50 milliards d’euro d’économies du pacte de « stabilité », sachant que pour appliquer le pacte de « responsabilité », 25 milliards manquent toujours à l’appel. Cela veut dire que a majorité des députés socialistes n’est toujours pas convertie à la sociale-démocratie et continue de prôner la relance par la consommation. Ils n’ont toujours pas compris !

Combien de fois faudra-t-il expliquer que ce mécanisme est une erreur économique majeure dans le contexte économique actuel : relancer la consommation c’est inutile ! Cela ne produit pas de croissance réelle : en effet, si ce type de relance peut produire une augmentation du PIB, il faut amputer celle-ci de l’accroissement du déficit commercial induit puisque nous ne fabriquons plus ce que nous achetons, auquel il faut ajouter les intérêts liés au creusement de la dette puisque la relance ne peut se faire qu’en augmentant les dépenses publiques avec de l’argent que nous n’avons pas. Le résultat, on le connait : c’est plus de chômage et plus de dette !

Quant à l'effort que certains n'hésitent pas à présenter comme historique, au prétexte que personne avant eux ne l'a fourni, c'est oublier celui de François Baroin quand il était aux finances, à hauteur de 40 milliards, et sans psychodrame ni massacre de la croissance.

La comédie ne se joue pas qu’à gauche.

Le centre nous a produit un petit festival « d’opposition constructive » qui peut faire sourire. Le centre, je connais bien : j’en viens. Il n’a vraiment pas de mémoire. Chaque fois qu’il a fait la courte échelle à la gauche, il en a été pour ses frais. Rappelons-nous l’épisode rocardien, et plus près de nous l’impasse Bayrou aux présidentielles. On peut pontifier sur l'état de la France qui justifierait a minima une abstention « positive » pour encourager le gouvernement à aller dans le bon sens. Si tel était le cas, Manuel Valls ne se serait pas contenté de la politique du rabot. Il ne faut donc pas se leurrer, on voit très bien la limite de l’exercice pour le PS et le sénateur Arthuis est trop fin pour ne pas le savoir.  Alors que cherchent les centristes ? Une posture d’opposition pour se démarquer de l’UMP et tenter d’exister, tout simplement. Ce faisant, il sous estiment probablement la radicalité de l’électorat de la droite et du centre qui sait par avance que tout ça se terminera par de nouvelles hausses d’impôts. On peut mettre dans le même sac ces quelques élus de l’UMP tentés par la même démarche. Ils n’en tireront pas autre chose qu’une gloire éphémère, une fois le « buzz » de leur posture retombé !

Une comédie qui n’arrive pas à cacher la tragédie.

Le dossier Alstom n’est que l’arbre qui cache la forêt. Il tombe à point pour nous rappeler la glissade vertigineuse que connait notre pays depuis deux ans. Le déclin industriel était déjà amorcé. Les décisions prises par la gauche au pouvoir depuis son arrivée ont accéléré le processus. Pour fuir l’enfer fiscal, nos grandes entreprises ont quitté le territoire avec armes et bagages. En douceur, sans faire de bruit, par le jeu des fusions-acquisitions, pour aller prospérer ailleurs. A quoi bon s’énerver sur Alstom quand on a vu partir Péchiney au Canada, Usinor passer chez les Indiens, le chimiste Rhodia être repris par les Belges,  le cimentier Lafarge partir en Suisse… Entre temps, quel grand industriel a choisi de venir s’implanter en France : aucun.  Il faut se demander pourquoi les entreprises françaises ne semblent trouver leur salut que hors de France ! Et le mal est bien plus profond. Car ce sont des états-majors entiers qui déménagent discrètement à Londres ou ailleurs. Ce sont nos ingénieurs qui s’expatrient, ce sont nos jeunes créateurs de start-up qui préfèrent Londres ou la Californie… Les moulinets étato-patriotiques du Don Quichotte Montebourg ne changeront pas ces réalités ! Il est temps que nous comprenions tous, citoyens et élus, que la compétition est mondiale, et que si les décideurs sont ailleurs, les emplois ici sont forcément menacés.

Une tragédie dont nous ne sommes pas encore, malheureusement, au dernier acte.

 


TOUCHE PAS A MON EUROPE !

Europe_le_volontarisme_politique

Après le « cri d’amour » d’Alain Juppé, mon cri de protestation !

Quand Marine le Pen affirme que « tout a échoué dans l’Union européenne, absolument tout ! » elle profère un odieux mensonge. Elle peut faire la liste de tout ce qui ne lui convient pas, on le conçoit : abolition des frontières, la directive détachement des travailleurs, l’aide aux banques, l’immigration ou l’euro trop fort… Mais qu’elle ne le fasse pas avec les arguments qu’elle utilise qui sont ceux de l’ignorance de ce qui a été fait et donc ceux d’une élue qui n’a pas rempli correctement son mandat à Strasbourg !

Quand Henri Guaino et Laurent Wauquiez, avec d’autres parlementaires UMP signent une tribune dans le Figaro pour faire d’autres propositions que celles de la plate-forme de synthèse votée par le bureau politique, ils commettent une grave faute : ils plantent un coup de poignard dans le dos de nos candidats qui font campagne dans les Régions, ils sèment la confusion dans l’esprit de nos militants et de nos électeurs, et ravivent inutilement au sein de notre famille les tensions entre pro et nonistes ce qui est dépassé. Le temps n’est plus au débat, il est à la campagne active. Leur attitude profite au Front National, ce qui n’est probablement pas le but qu’ils recherchent, et peut contribuer à affaiblir le score de notre parti, ce qui n’est pas souhaitable !

A nos amis qui se demandent s’ils vont aller voter, je peux déjà leur proposer deux objectifs : empêcher le Front national d’arriver en tête, dire une deuxième fois « stop » à Hollande. Si déjà on arrivait à ça, ce ne serait pas si mal. Mais je voudrais aussi leur faire partager quelques-unes de mes réflexions pour qu’on vote en fonction du véritable enjeu : il s’agit d’élire l’instance démocratique de l’Union. Auparavant, sachons au moins de quoi on parle !

A-t-on besoin d’Europe ?

L’union fait la force. Cet adage n’a jamais eu autant de signification que sur le sujet de l’Europe. Dans le monde globalisé qui est la marque de notre époque, ne pas la vouloir est suicidaire. On le voit encore aujourd’hui avec le drame d’Alstom. Certes comme l’a très bien montré Alain Juppé, l’Union est imparfaite. Cela ne l’empêche pas d’être nécessaire et ne nous interdit pas de travailler à la renforcer. La puissance de la France passe aujourd’hui par une Europe puissante politiquement. Le 25 mai nous pouvons choisir la catastrophe et le déclin définitif en tournant le dos à l’Europe. Nous pouvons aussi choisir le chemin de la construction jamais finie de l’Union européenne, chemin difficile mais le seul porteur d’avenir pour nos enfants.

Depuis cinq ans, qu’est-ce qui a été fait ? A quoi l’Union européenne a-t-elle servie ?

Nous autres Français, en avons peu conscience, tant nos politiques savent habilement se défausser sur l’Union européenne, bouc émissaire de leur lâcheté électorale. La gauche est experte en la matière, on l’a vu avec la soi-disant renégociation du « pacte de stabilité ». Pourtant si on regarde ce qui s’est passé depuis 2008 avec les crises successives qui se sont abattues sur le Monde et sur l’Europe, l’Union aura été notre bouclier : elle a été secouée mais elle a tenu. La monnaie commune nous a mis à l’abri de la tourmente monétaire, les européens, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, puis du tandem France-Allemagne, ont été à la manœuvre et à l’origine d’avancées significatives dans la régulation de la finance mondiale, et quand les marchés s’en sont pris à l’Euro, ils ont dû reculer face à la volonté politique commune de le défendre.

Pendant ces cinq dernières années, l’Union européenne a progressé. L’adoption récente de l’Union bancaire en est un bon exemple. On lui doit nombre de décisions qui facilitent notre vie quotidienne : du brevet européen peu coûteux et unique aux frais d’itinérance des téléphones en passant par le plafonnement des bonus financiers, de l’Erasmus élargi aux non diplômés à la protection des données personnelles, la liste est longue. Une superstructure technocratique, l’Union ? C’est l’hôpital qui se fiche de la charité : il y a autant de fonctionnaires à Bruxelles qu’à …la mairie de Paris !! Derrière chaque décision de la commission, il y a une décision politique de nos représentants, voilà la vérité.

Le Parlement européen est-il important ?

C’est une platitude que de rappeler que nos députés européens sont élus au suffrage universel. Moins d’un Français sur deux le sait : consternant ! Pourtant l’Europe n’est pas plus complexe dans ses institutions que notre fameux « millefeuille ». Le parlement européen est donc un « levier de pouvoir » dont nous devons avoir pleine conscience. Il faut peser sur les choix européens et donc envoyer à Strasbourg des élus responsables. D’autant plus que l’assemblée élue en mai prochain verra son pouvoir élargi puisqu’elle désignera le Président de la Commission qui ne sera plus nommé par les chefs d’Etats. Un progrès démocratique évident.

Et l’euro ? Que faut-il en penser ?

Il serait trop fort. Tu parles ! Ce discours sert à masquer notre propre insuffisance de réformes que tous nos partenaires ont su réaliser pour se redonner des marges de manœuvre : baisse des charges sur les entreprises, retraite retardée, flexibilité du marché du travail, simplification administrative, rigueur de la dépense publique… Nous n’avons su lever aucun de ces freins qui pèsent sur notre économie et donc sur notre croissance. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, la France est un boulet pour l’Union européenne. Depuis qu’elle a abandonné la voie du redressement sur laquelle l’avait placée Nicolas Sarkozy après la crise de 2010. Ce n’est pas le cours de l’euro qui est trop élevé, c’est notre économie qui est trop faible, engluée qu’elle est dans son carcan étatique.

Mais la politique monétaire de l’Union est un véritable sujet pour l’avenir. La gestion de l’euro mérite un vrai débat. Il est possible d’en faire une arme de croissance et pas seulement de lutte contre l’inflation au même titre que le dollar. Cela suppose des inflexions dans les objectifs qui lui sont assignés et la mise en place d’une véritable gouvernance politique, déjà largement amorcée. On pourra alors aborder le sujet épineux de la « mutualisation » de la dette.

La souveraineté de la France est-elle menacée ?

Encore une farce marinesque ! La souveraineté de la France est menacée si elle s’isole et se referme sur elle-même, ça oui ! Dans l’architecture actuelle de l’Union européenne, il y a des « souverainetés partagées », c’est vrai. L’euro en est une. J’en suis partisan chaque fois que c’est nécessaire. D’ailleurs, nous aurions intérêt à élargir le domaine des « souverainetés partagées » à l’énergie, la défense, de grands projets structurants. C’est aussi la réponse aux défis de notre temps. Comment se positionner face à Moscou ? Comment exister face à la Chine ? Comment résister à l’hégémonie américaine ? Comment avancer dans la lutte contre le réchauffement climatique ? … Voilà autant de sujets pour lesquels la réponse franco-française n’est pas à la taille du défi. L’Europe, avec nos partenaires, c’est la bonne dimension.

Et si on voyait l’Union européenne comme un écrin au sein duquel pourrait s’épanouir non seulement la France, mais l’avenir de nos enfants !

  Européennes 14

 


EUROPE, MON AMOUR ! par Alain JUPPE

Je relaie ici, l'excellent texte de notre ancien Premier Ministre, dont je partage pleinement le contenu. Alain Juppé nous dit tout. C'est une manière pour moi de lancer la série d'article que le calepin va consacrer à la campagne pour l'élection du Parlement européen.

Le 25 mai, votons, faisons voter; pour les listes UMP !

Daniel

 

Juppé 2 Europe, mon amour !

"Je mesure ce qu’il y a de provocateur dans le titre que j’ai choisi de donner à ma déclaration.

Par les temps qui courent, ma douce Europe, tu inspires plus de désamour que de sentiments amoureux.

Il n’est question que d’euro-scepticisme, voire d’euro-hostilité. Chaque matin, médias et politiques te chargent de tous les péchés du monde. Tu es, à les en croire, trop peu démocratique et beaucoup trop technocratique, souvent naïve, impuissante et divisée, assoiffée d’austérité et source de chômage, j’en passe et des pires.

« Bruxelles » est devenu le grand épouvantail, que nos amis belges nous pardonnent.

Nier qu’il y ait une part de vérité dans le procès qui est instruit contre toi serait faire preuve d’aveuglement.

Ceux qui t’aiment ont beau dire que ton Parlement a conquis de réels pouvoirs de co-décision, les Européens ne se pressent pas aux urnes quand il s’agit d’élire leurs députés.

Il est vrai que la bureaucratie bruxelloise est nombreuse, lointaine, compliquée et qu’elle produit trop de normes dans trop de domaines.

Ta banque centrale gère ta monnaie sans qu’un véritable gouvernement économique puisse dialoguer avec elle comme, aux Etats-Unis, le Secrétaire au Trésor, Ministre des Finances, le fait avec la Réserve Fédérale.

Schengen, cet accord qui devrait réguler les mouvements de population, ne marche pas parce que tu n’es pas capable de contrôler tes frontières extérieures.

Les Européens ont le sentiment que tu ne sais pas répondre à leurs attentes en mettant, par exemple, en œuvre une politique de croissance efficace fondée sur l’innovation, ou en organisant une réelle transition énergétique pour relever le défi du changement climatique.

Tu n’as pas pu empêcher l’annexion de la Crimée par Poutine ni la déstabilisation de l’Ukraine.

Avant de te décider à soutenir l’action de la France au Mali où tes intérêts sont directement en jeu, tu as atermoyé pendant des mois.

La vision du commerce international qui continue d’inspirer ta Commission est en retard d’une globalisation. Le dogme de la concurrence pure et parfaite semble intangible dans tes hautes sphères, alors que nos grands partenaires, américains ou chinois, assurent la protection de leurs intérêts comme Monsieur Jourdain faisait de la prose : sans user du mot mais en profitant de la chose.

La manière dont tu négocies avec les Etats-Unis d’Amérique un accord de libre-échange présenté comme stratégique n’est pas un modèle de transparence. J’entends bien que dans une négociation aussi âpre on ne met pas d’emblée toutes ses cartes sur table. Mais il est essentiel que l’exécution du mandat donné au négociateur reste sous contrôle.

Tu vois, je ne suis pas complaisant avec toi. Je te dis tes quatre vérités. Qui aime bien châtie bien.

Ce qui m’autorise à parler vrai, aussi, à tes détracteurs.

Et de leur dire : non l’Europe n’est pas responsable de tous nos maux ! La crise qui a failli emporter non seulement la finance mais aussi l’économie mondiale en 2008-2009 n’est pas son fait. La pratique des «subprimes» et le dérèglement des marchés qui en est résulté a pris naissance en Amérique. Et la crise des dettes souveraines en Europe n’est pas à mettre au débit de « Bruxelles ». Il faut chercher les responsabilités à Dublin, à Athènes, à Rome, à Madrid… ou à Paris dont les gouvernements n’ont pas respecté leurs engagements de réduction des déficits publics et de maitrise de l’endettement.

Certains, en France, sont malvenus de s’insurger contre les rappels à l’ordre de la Commission : c’est nous-mêmes qui l’avons chargée de vérifier que nous nous mettons en conformité avec les règles que nous avonsnous-mêmes édictées, et, à défaut de nous sanctionner.

Je vais plus loin : non seulement tu n’es pas responsable de tous nos maux mais tu nous as protégés au milieu de la tourmente que l’économie mondiale traverse depuis quelques années.

C’est une grande chance que d’avoir une monnaie stable. A mes amis gaullistes, je demande de faire retour une cinquantaine d’années en arrière : le premier objectif du Général de Gaulle quand il revint au pouvoir ne fut-il pas de guérir la France de l’instabilité monétaire et de la doter d’un nouveau franc ?

L’euro stable, ce sont des taux d’intérêt historiquement bas, sans quoi le refinancement de notre dette nous entraînerait droit dans le mur.

Et là encore, ne rejetons pas la responsabilité de nos mauvaises performances sur autrui.

Dans le commerce des biens industriels (j’emprunte ces chiffres à l’excellent livre de Pascal Lamy, « Quand la France s’éveillera ») tu dégages, mon industrieuse Europe, « un excédent qui a triplé en dix ans pour atteindre plus de 200 milliards d’euros et maintiens [tes] parts de marché, alors que celles de [tes] concurrents américains ou japonais ont régressé. »

Aujourd’hui le Japon qui pratique les « Abenomics » c’est-à-dire une politique du yen moins fort, enregistre le pire déficit commercial de son histoire.

Si la France souffre, elle aussi, d’un lourd déficit commercial, la raison n’en est pas principalement le cours de l’euro, mais l’insuffisante compétitivité de ses entreprises et l’inadaptation de son secteur productif à la demande mondiale, faiblesses qui résultent de notre propre incapacité à mettre en œuvre les réformes nécessaires.

Faut-il ajouter que, dans le nouveau monde qui a émergé depuis trois décennies, tu es, ma puissante Europe, une extraordinaire chance ?

Avec toi, nous pesons 500 millions de citoyens, le plus grand PIB du monde, et le quart des échanges mondiaux.

Nous, Français que la mondialisation effraie… au point que quelques bons esprits chez nous vont jusqu’à prôner la « dé-mondialisation » ; nous que traumatise le déplacement du centre de gravité de la richesse et de la puissance vers d’autres horizons ; nous qui souffrons de n’être plus le centre du monde… nous devrions nous tourner, plus que jamais, vers toi, Europe, nous jeter dans tes bras, t’exprimer la confiance que nous mettons en toi pour, ensemble prendre toute notre place dans le nouveau monde, y faire rayonner nos idées et nos valeurs, y défendre nos intérêts

Et pas simplement nos intérêts économiques.

D’abord et avant tout le bien suprême que tu nous as apporté : la paix après un siècle de massacres.

Avons-nous bien conscience que ce bien n’est pas acquis pour toujours ?

La guerre a sévi dans les Balkans il y a 20 ans, à nos portes.

Notre voisinage oriental, je pense bien sûr à l’Ukraine, traverse une crise d’une grande gravité.

Et dans les frontières de l’Union elle-même, les vieux démons ne sont pas morts : quelques groupuscules défilent aujourd’hui dans les rues de Budapest un brassard à croix gammée à l’épaule.

Faire exploser la zone euro, c’est engager un processus de déconstruction de l’Europe et dès lors, tout redevient possible y compris le pire. Pascal Lamy rappelle ce message de François Mitterrand : « Le nationalisme, c’est la guerre ».

Voilà pourquoi je plaide pour toi, Europe, et suis décidé à combattre avec toute mon énergie ceux qui veulent, en le disant ou sans le dire, te déconstruire.

La meilleure manière de te défendre, c’est évidemment de te réformer. Et Dieu sait si tu as besoin de réformes.

L’urgence, c’est de doter ton cœur battant, c’est-à-dire la zone euro, d’une gouvernance efficace. Des progrès ont été récemment accomplis en ce sens, souvent à l’initiative de la France. Il faut aller plus loin et doter le Conseil Européen des moyens d’assurer le pilotage qui lui revient : une présidence forte qui devrait incomber à l’une des principales économies de l’union, un secrétariat performant qui veille à la mise en œuvre des décisions prises.

Mon choix de gouvernance, on le voit, est plutôt de nature inter-gouvernementale parce que c’est là qu’existe la légitimité démocratique.

Mais pour éviter les blocages, il faudra bien progresser vers plus d’intégration et si l’on veut notamment une réelle harmonisation fiscale, cesser de faire de l’unanimité une règle intangible.

Tout le monde ne voudra pas suivre.

L’idée que la zone euro est le cercle de solidarité maximum et qu’au-delà, la souplesse est de règle pour tous ceux qui se contentent de moins, finit peu à peu par s’imposer.

La gouvernance n’est pas tout. Ce que les Européens attendent, c’est certes une Europe qui fonctionne mais surtout une Europe qui réalise.

Il faut, dès lors, que tu choisisses. Tu ne pourras pas tout faire. Il faut abandonner ton ambition de tout régenter.

Il faut te concentrer sur quelques objectifs prioritaires.

En voici trois, qui n’épuisent pas la question :

  • une politique de stimulation de la croissance par le soutien à l’innovation sous ses diverses formes. Une suggestion : le « programme des investissements d’avenir » que la France a lancé en 2010/2011 et qui commence à produire ses premiers effets pourrait inspirer une initiative européenne.
  • une politique de l’éducation qui favorise la circulation mais aussi la compréhension mutuelle de nos jeunesses. Je préconise depuis longtemps l’apprentissage obligatoire d’au moins 2 langues vivantes étrangères dans tous nos systèmes éducatifs.
  • une politique énergétique qui semble aujourd’hui hors de portée compte tenu des choix divergents faits par la France et l’Allemagne mais que l’urgence climatique et l’urgence diplomatique -je pense au desserrement de notre dépendance vis-à-vis du gaz russe- peuvent demain rendre possible.

Suis-je en train, mon Europe, de te faire rêver, de te raconter une belle histoire, de te promettre la lune ?

Beaucoup le pensent. Mais je l’assume…

Peut-être est-il utopique de rêver d’une Europe politique, acteur à part entière de la scène mondiale, dotée des moyens de se défendre, capable de conduire une action diplomatique cohérente. Une Europe puissance, expression taboue.

C’est pourtant bien le but où nous conduit le chemin sur lequel je te propose d’avancer.

Y sommes-nous seuls ?

Sans doute aujourd’hui.

Est-il utopique de rassembler des partenaires prêts à partager notre espérance ? Peut-être.

Mais peut-on vivre sans utopie ?

J’ai deux raisons de penser que ce rêve n’est pas illusoire.

D’abord la France et l’Allemagne. C’est la clef. L’Allemagne hésite. Aujourd’hui, la France n’a pas la capacité de la convaincre parce qu’elle a perdu sa crédibilité. Si nous reprenons force et influence, nous pouvons redevenir un partenaire attractif et convaincant.

Tout en dépend.

Et puis, tu existes ma belle Europe.

Il suffit de voyager à travers le vaste monde, en Asie, en Afrique, en Amérique… pour prendre conscience d’une réalité que nous apercevons mal en vision rapprochée : tu existes. Nous, Européens, nous avons un bien commun, nous partageons une culture commune, des valeurs, des idées sur le monde.

Loin de moi de sous-estimer nos différences… ni de vouloir les effacer ; elles font notre richesse.

Mais il existe un socle commun. Démocratie, liberté, dignité de la personne humaine… où donc ces valeurs s’épanouissent-elles mieux qu’en Europe ?

Philosophie, littérature, musique, arts… n’existe-t-il pas une « marque » européenne ?

Il serait prétentieux, de ma part, de vouloir m’essayer à la définir en quelques lignes. D’autres, plus savants ou plus profonds, l’ont fait et le feront. Mais je ressens en moi-même tous les sentiments qui m’ont donné envie de te faire cette déclaration.

Les abominations dont tu as été le théâtre au siècle dernier ont certes ébranlé nos certitudes et nourri une vaste entreprise de déconstruction de l’humanisme dont nous nous enorgueillissions et qui a failli.

Mais je te sens capable, Europe, de reconstruire un humanisme du XXIème siècle, lucide et exigeant.

 Tu en as les moyens. Tu dois en avoir la volonté."

                                                                                    Alain Juppé

 

Européennes 14

 

 

 

 


LA MAGIE DU SAPIN...

 

Noel
Le sapin et le gel ...

Chez nous, la magie du sapin existe réellement, chaque année, à Noël. Enfin pour les petits que l’on envoie regarder un dessin animé à l’étage vers 23H et que l’on fait redescendre après un simulacre de passage du barbu à manteau rouge, à base de clochettes, de coupure de courant et de bruits étranges. Il faut voir alors les yeux émerveillés devant le tas des paquets déposés en (trop) grand nombre au pied du sapin ! Pour ceux qui les découvrent, c’est forcément de la magie : celle du Père Noël ! Et ça marche ! Sauf que c’est une manipulation.

C’est quelque chose du même genre que notre Sapin-le-financier essaie de nous faire gober avec ses « additions dynamiques ». Eh oui, voilà la solution à nos turpitudes financières. On sait que les 50 milliards d’économies n’y seront pas, et quand bien même ils y seraient, que ce ne serait pas suffisant pour combler le trou de nos déficits. Les projections qui relèvent de 0,2% les prévisions du taux d’engagement par rapport au PIB en 2014 et 2015 en sont un aveu à peine dissimulé.

Il n’importe. Grâce à la magie du Sapin, nous allons atteindre sans coup férir et sans effort supplémentaire le nec plus ultra du désendettement. Comment ? Grâce au redémarrage d’une croissance bénie des dieux socialistes, au retour surprise des investissements et à une subite consommation rose vif, sans parler des exportations ressuscitées. Du coup on va créer 200 000 emplois, pour faire bon poids, bonne mesure, grâce au pacte de responsabilité. Voilà une économie rêvée telle qu’on ne peut la trouver que dans un cerveau de gauche : une économie administrée qui obéit au doigt et à l’œil à l’Etat. Mais voilà, c’est pas comme ça que ça marche ! La magie des « additions dynamiques » c’est un peu comme les bougies qu’on va faire brûler chez le marabout.

L’économie n’est pas un monde enchanté, mais un monde de réalités autrement plus âpres. La réalité, c’est que le gouvernement est au pied du mur de sa majorité rétive. Il faudrait faire plus, mais il va être obligé de faire moins. La quadrature du cercle ne peut être résolue que par l’intervention de la providence. D’où les « additions dynamiques ». On notera au passage que l’élément de langage à la mode chez les ministres c’est : « je comprends ». On comprend l’inquiétude des « petits » retraités, des « petits » fonctionnaires, des « petits salariés ». C’est fou comme on compatit pour les « petits ». Quant aux « moyens » et aux « gros », on les prend pour des (petits ?) cons !

Vous l’avez compris, le "programme de stabilité" tel qu’il va sortir la semaine prochaine de la moulinette du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, relève du pari  osé. Croire que tout va s’arranger parce que l’économie mondiale va mieux, parce que l’on donne un peu d’oxygène à contre cœur à nos entreprises, parce que l’on va ménager quelques milliers de foyers et qu’ainsi les affaires vont reprendre. Inutile donc de faire les efforts indispensables puisque l’argent va rentrer à nouveau dans les caisses …

Il faudra expliquer à notre Sapin-le-financier que la magie du sapin, pour que ça fonctionne, d’abord que c’est à Noël, qu’ensuite il faut croire au Père Noël et qu’en plus il faut des parents qui aient les moyens d’acheter les cadeaux.

On n’est pas à Noël, on ne croit pas au Père Noël socialiste et on n’a de moins en moins les moyens ni l’envie de payer des cadeaux au gouvernement !

 

 


LES DOIGTS DANS LA « DECONFITURE »

  Confiture

Aquilino Morelle, ce conseiller influent du président Hollande qui contribuait notamment à la rédaction de ses discours enflammés contre la finance et les riches forcément sans vergogne, a été obligé de démissionner. Un article de « Mediapart » a en effet accusé Aquillino Morelle, qui est médecin, d’avoir été impliqué dans un conflit d’intérêts : en 2007, alors qu’il était inspecteur de l’IGAS, il avait accepté de travailler pour un laboratoire pharmaceutique danois. L’intéressé affirme qu’il en avait demandé l’autorisation à son autorité de tutelle, mais à l’IGAS on n’en aurait aucune trace écrite. Plutôt drôle de voir ce méprisant donneur de leçons se faire accuser d’avoir mis les doigts dans le pot de confiture.

« Mediapart » nous révèle un conflit d’intérêts portant sur une somme relativement modeste de12 500 euros (les plus démunis apprécieront), mais surtout l’article fait du conseiller de l’Élysée un portrait très particulier qu’il semble prendre plaisir à dépeindre en détail. Ainsi, au-delà des traits de caractère qui rendent le personnage peu sympathique, le Dr Morelle a des goûts de luxe qu’il ne craignait pas d’exhiber à l’Élysée et notamment on apprend qu’il faisait entretenir ses chaussures de luxe par un cireur professionnel dans un salon qu’il réservait spécialement. Voilà un travers regrettable pour quelqu’un qui a fait de la chasse aux riches son obsession épistolaire. On n’insistera pas sur ses deux voitures de fonction… Ce qui est inquiétant, c’est que le pouvoir l’ait laissé faire, sans le rabrouer. Elle est belle la république exemplaire ! Et à droite on a beau jeu de railler de telles moeurs !

Petit meurtre entre camarades…

La gauche a trouvé une occasion de plus de s’affaiblir, comme si elle n’en manquait pas déjà. L’affaire entretient l’idée que le président ne sait pas choisir ses lieutenants. Comment peut-on entrer à l’Élysée et y prendre du galon sans avoir subi un examen attentif de son passé. Ce devrait être le minimum.

Mais surtout ce qui pose question, c’est la manière dont les journalistes de Médiapart ont pu être informés. Car ce scoop tombe vraiment à point. Je ne voudrais pas sous-estimer leur talent d’enquêteurs mais il est bien possible qu’ils n’aient pas eu à chercher beaucoup. En effet, l’accusation de conflit d’intérêts qui risquait de ne pas être décisive a servi de prétexte à des révélations plus croustillantes sur les goûts luxueux du conseiller, comme si l’intention  était d’obtenir la destruction politique du personnage : objectif atteint en un temps record. Est-ce François Hollande qui était visé ? Ou est-ce plutôt Manuel Valls ? Valls et Morelle, tous deux d’origine espagnole, se connaissent bien et s’entendent. La presse supposait d’ailleurs que M. Morelle était pour le nouveau Premier ministre un « correspondant » à l’Élysée.

Or les informations publiées ne peuvent venir que de l’Élysée, où le départ de Jean-Marc Ayrault et le remplacement de Pierre-René Lemas par Jean-Claude Jouyet au poste de secrétaire général, ont pu être mal vécus par divers autres conseillers qui n’approuvent pas le programme de Manuel Valls. Il est donc fort possible que Aquillino Morelle, que certains accusent d’avoir contribué au choix de Manuel Valls, soit la victime d’une cabale vengeresse plus ou moins inspirée par le sombre Ayrault, par procuration évidemment. Au moment où le plan d’économies annoncé par le nouveau Premier ministre soulève la colère noire d’une partie du PS, voilà un petit projet pervers pour l’affaiblir en contraignant l’un de ses amis à démissionner, bien dans les mœurs de nos chers amis de la « gauche morale et irréprochable ».

Au-delà, on soulignera le caractère odieux très « dénonciation » de l’article, un jeu que les procureurs de Médiapart affectionnent. On n’ose imaginer à quelle police « morale » on serait confronté si ces gens-là étaient au pouvoir !

 


ECONOMIE : PETITES NOUVELLES DU FRONT



Monde :

Aux Etats-Unis, les ventes de détail sont en forte hausse, avec une progression de 1,1% en mars. C’est la plus forte enregistrée depuis 18 mois : un signe supplémentaire de reprise de la 1ère économie mondiale. Tous les secteurs sont concernés par cette amélioration.

Le ralentissement de l’économie chinoise se confirme, mais tout de même avec un  taux de croissance de 7,4% au premier trimestre tout en étant le plus bas depuis 18 mois. Cet essoufflement annonce une période troublée pour la seconde économie mondiale au moment où le pays est confronté à un alourdissement de sa dette au niveau des gouvernements locaux et des secteurs de l’acier et de l’immobilier.

Toujours en Chine, une grève géante de près de 40 000 ouvriers d’une usine de sous-traitant Nike et Adidas qui réclament des arriérés de cotisations sociales, a nécessité un important déploiement de forces de l’ordre autour de l’usine Yue Yuen.  La promesse de régularisation d’ici 2015 a été repoussée, les ouvriers en grève se méfient de la direction qui pourrait fermer l’usine pour la délocaliser avant d’honorer ses promesses, pratique courante en Chine.

Japon : les « Abenomics » génèrent le pire déficit de l’histoire du pays. En dépit de l’affaiblissement de sa devise, il a affiché un déficit de 91 milliards d’euros en 2013. Le pari de shinzo Abe de rétablir la compétitivité par la dévaluation n’a pas fonctionné.

Europe :

L’Allemagne prévoit 1,8% de croissance en 2014, en ligne avec l’estimation de l’Union européenne et légèrement au-dessus de celle de la Bundesbank (1,7%) et Berlin table sur une hausse de 2% en 2015.

Le Portugal coupe encore dans ses dépenses de fonctionnement. Le gouvernement annonce un plan d’économies de 1,4 milliards d’euros qui vise à ramener le déficit à … 2,5% du PIB ! Bon élève, le pays enregistre des résultats qui permettent d’envisager une croissance de 1,5% en 2015 et une baisse accrue du taux de chômage.

En Italie, Matteo Renzi, le premier ministre orchestre une vague de nominations inédite et sabre dans les gros salaires de centaines de postes publics qu’il veut rajeunir et féminiser. Le pays connait une embellie de l’excédent commercial qui s’est établi à 2,6 milliards d’euros en février.

Le Parlement européen a adopté l’union bancaire, par 570 voix contre 88, dont l’objectif est d’éviter de faire payer par les contribuables d’éventuelles faillites de banques de la zone euro.

Dans la zone euro, l’excédent commercial a été de 13,6 milliards en février (il était de 9,8 milliards un an plus tôt), selon Eurostat. Les exportations se sont accrues de 1,2% et les importations de 0,6% (en dcvs). La production industrielle a progressé de 0,2%, hausse modeste mais jugée encourageante par les économistes qui y voient un signe de reprise. Sur un an la hausse de la production industrielle est de 1,7%.

France :

La semaine de l’industrie a braqué les projecteurs sur un secteur dont les besoins en recrutement sont immenses : ils sont estimés à 100 000 par an pour les cinq prochaines années. Mais les métiers de l’industrie peinent à recruter en raison d’un déficit d’image. L’apprentissage  est l’une des principales portes d’entrée et il y a des efforts à faire pour promouvoir ce modèle facilitant les liens entre les écoles et les entreprises. En France l’apprentissage est encore trop souvent un « second choix ». 500 000 emplois en ces temps de chômage massif, ça n’est pas rien. Encore faudrait-il ne pas amputer les aides qui sont attribuées à l’apprentissage !

FO appelle à la grève le 15 mai, en réaction au pacte de responsabilité et à la réduction de 50 milliards des dépenses publiques sur trois ans. Le syndicat appelle les agents publics à une journée d’action dans les trois fonctions publiques « seule réponse possible à cette politique suicidaire » !!

Cherchez l’erreur !