50 MILLIARDS ET MOI, ET MOI, ET MOI…
29 avril 2014
La comédie que les socialistes nous jouent depuis une dizaine de jours se terminera comme il se doit par un vote bien rose du pacte de stabilité. Il serait surprenant en effet que même les plus réfractaires choisissent le suicide tant ils ont gros à craindre d’une dissolution qui serait fatale à leur siège. Manuel Valls n’a donc pas grand-chose à craindre. Mais une fois le vote passé, la vie continuera et le groupe parlementaire PS lui mènera une guérilla sans relâche, surtout qu’il y aura un collectif budgétaire à voter en juin !
Une comédie bien utile quand même.
Elle nous apprend que le gros des troupes votera à contre cœur les 50 milliards d’euro d’économies du pacte de « stabilité », sachant que pour appliquer le pacte de « responsabilité », 25 milliards manquent toujours à l’appel. Cela veut dire que a majorité des députés socialistes n’est toujours pas convertie à la sociale-démocratie et continue de prôner la relance par la consommation. Ils n’ont toujours pas compris !
Combien de fois faudra-t-il expliquer que ce mécanisme est une erreur économique majeure dans le contexte économique actuel : relancer la consommation c’est inutile ! Cela ne produit pas de croissance réelle : en effet, si ce type de relance peut produire une augmentation du PIB, il faut amputer celle-ci de l’accroissement du déficit commercial induit puisque nous ne fabriquons plus ce que nous achetons, auquel il faut ajouter les intérêts liés au creusement de la dette puisque la relance ne peut se faire qu’en augmentant les dépenses publiques avec de l’argent que nous n’avons pas. Le résultat, on le connait : c’est plus de chômage et plus de dette !
Quant à l'effort que certains n'hésitent pas à présenter comme historique, au prétexte que personne avant eux ne l'a fourni, c'est oublier celui de François Baroin quand il était aux finances, à hauteur de 40 milliards, et sans psychodrame ni massacre de la croissance.
La comédie ne se joue pas qu’à gauche.
Le centre nous a produit un petit festival « d’opposition constructive » qui peut faire sourire. Le centre, je connais bien : j’en viens. Il n’a vraiment pas de mémoire. Chaque fois qu’il a fait la courte échelle à la gauche, il en a été pour ses frais. Rappelons-nous l’épisode rocardien, et plus près de nous l’impasse Bayrou aux présidentielles. On peut pontifier sur l'état de la France qui justifierait a minima une abstention « positive » pour encourager le gouvernement à aller dans le bon sens. Si tel était le cas, Manuel Valls ne se serait pas contenté de la politique du rabot. Il ne faut donc pas se leurrer, on voit très bien la limite de l’exercice pour le PS et le sénateur Arthuis est trop fin pour ne pas le savoir. Alors que cherchent les centristes ? Une posture d’opposition pour se démarquer de l’UMP et tenter d’exister, tout simplement. Ce faisant, il sous estiment probablement la radicalité de l’électorat de la droite et du centre qui sait par avance que tout ça se terminera par de nouvelles hausses d’impôts. On peut mettre dans le même sac ces quelques élus de l’UMP tentés par la même démarche. Ils n’en tireront pas autre chose qu’une gloire éphémère, une fois le « buzz » de leur posture retombé !
Une comédie qui n’arrive pas à cacher la tragédie.
Le dossier Alstom n’est que l’arbre qui cache la forêt. Il tombe à point pour nous rappeler la glissade vertigineuse que connait notre pays depuis deux ans. Le déclin industriel était déjà amorcé. Les décisions prises par la gauche au pouvoir depuis son arrivée ont accéléré le processus. Pour fuir l’enfer fiscal, nos grandes entreprises ont quitté le territoire avec armes et bagages. En douceur, sans faire de bruit, par le jeu des fusions-acquisitions, pour aller prospérer ailleurs. A quoi bon s’énerver sur Alstom quand on a vu partir Péchiney au Canada, Usinor passer chez les Indiens, le chimiste Rhodia être repris par les Belges, le cimentier Lafarge partir en Suisse… Entre temps, quel grand industriel a choisi de venir s’implanter en France : aucun. Il faut se demander pourquoi les entreprises françaises ne semblent trouver leur salut que hors de France ! Et le mal est bien plus profond. Car ce sont des états-majors entiers qui déménagent discrètement à Londres ou ailleurs. Ce sont nos ingénieurs qui s’expatrient, ce sont nos jeunes créateurs de start-up qui préfèrent Londres ou la Californie… Les moulinets étato-patriotiques du Don Quichotte Montebourg ne changeront pas ces réalités ! Il est temps que nous comprenions tous, citoyens et élus, que la compétition est mondiale, et que si les décideurs sont ailleurs, les emplois ici sont forcément menacés.
Une tragédie dont nous ne sommes pas encore, malheureusement, au dernier acte.
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