L’EUROPE MERITE MIEUX QU’UN VOTE DEFOULOIR
23 mai 2014
Cette campagne décidément trop courte n’aura pas permis d’aborder les vrais enjeux de l’élection de dimanche. Toutes les conditions sont réunies pour qu’en France, comme dans d’autres pays de l’Union, les électeurs se réfugient dans l’abstention ou le vote de punition. Punition, non pas de l’Europe, dont la plupart ne savent pas comment elle fonctionne, mais des gouvernants, des politiques, des responsables de tout poil…
Pire, beaucoup d’entre eux ne savent même pas qu’il y a une élection dimanche, et quand ils le savent, ils n’ont pas compris qu’il n’y a qu’un tour ou sont submergés par le nombre incroyable de listes, dont beaucoup ne sont même pas identifiables, faute d’affiche sur les panneaux, de circulaires dans les enveloppes officielles, voire même de bulletin de vote qu’il faudrait aller chercher sur internet… De quoi semer le trouble et la confusion et renforcer encore le discrédit de la consultation.
Et pourtant, voter dimanche est important. Je ne cherchera pas à convaincre ceux qui s’apprêtent à voter Le Pen de ne pas le faire. Leur comportement échappe au rationnel et ils n’écouteront pas.
Au moins quatre raisons de voter. Moi, j’irai voter.
Parce que le parlement européen est la seule institution de l’Union européenne à être directement élue par les citoyens. C’est une des plus grandes assemblées démocratiques avec 751 députés (nombre défini par le traité de Lisbonne) choisis tous les 5 ans par près de 400 millions d’électeurs. En France ils sont élus à la proportionnelle au prorata du score obtenu par chaque parti politique sur la base d’un scrutin de listes. En France, il y a huit eurocirconscriptions. Les 751 sièges sont répartis entre les états membres en fonction de leur population : la France élit 74 députés. Avec le Conseil des ministres de l’UE, le Parlement européen adopte la majorité des textes législatifs et le budget européen. Son pouvoir s’étend à de nombreux domaines comme l’énergie, l’environnement, l’agriculture, les transports, la santé publique et la justice. Il approuve les accords internationaux négociés par l’UE. Il aura donc a voter le traité transatlantique ! Le Parlement exerce aussi un contrôle politique sur la Commission européenne.
Parce que le Parlement européen vote des législations qui touchent notre quotidien. Environ 1/3 des législations et des ordonnances appliquées en France sont issues de textes européens. Cette proportion dépasse 50% dans certains secteurs comme la pêche, l’économie et l’écologie. Le Parlement européen est à l’origine de progrès significatifs en matière d’efficacité énergétique, de protection des victimes, d’emploi avec le FSE et la « garantie pour la jeunesse », d’éduction avec le programme Erasmus, de protection bancaire avec l’union bancaire.
Parce que je peux choisir un projet politique pour l’Europe.
En effet, les députés européens se regroupent non par nationalités mais par sensibilités politiques. Il y a sept groupes politiques. Choisir un candidat, c’est décider d’avoir un impact sur les législations adoptées. Le Parlement compte 20 commissions permanentes qui sont le lieu des négociations et des accords politiques. Si je vote UMP, c’est parce que je souhaite que le PPE (Parti Populaire européen) qui regroupe les députés de droite et du centre, continue d’être dominant et parce que ses députés travaillent assidûment, comme Alain Cadec, tête de liste pour l’Ouest, classé parmi les 10 premiers députés de l’assemblée.
Parce que mon vote contribuera à désigner le prochain président de la Commission européenne. Le traité de Lisbonne a créé un lien direct entre le résultat de l’élection et le choix du candidat à la présidence de la Commission, qui est en quelque sorte l’exécutif de l’Europe. Ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui proposent un candidat, mais ils doivent tenir compte du résultat démocratique. Les députés valideront le choix OU NON après avoir auditionné ce candidat. Mais le Parlement influence aussi la composition de l’ensemble exécutif européen.
Voilà quatre bonnes raisons d’aller voter.
En plus, en me déplaçant, j’ai conscience d’appartenir à un ensemble unique dans le monde de 28 pays qui ont décidé de joindre leur destin pacifiquement. C’est souvent difficile à 28, il y a certainement des progrès à faire dans le fonctionnement, mais nous devrions avoir davantage conscience que cette construction nous dépasse, nous permet de compter dans le monde et surtout qu’elle défend, malgré tous ses défauts, une civilisation, un art de vivre, uniques au monde.
Commentaires