HISTOIRE

PRESIDENTIELLE AMERICAINE : CE SERA BIDEN CONTRE TRUMP

Biden trump 2020

Pour changer un  peu de  la politique hexagonale... Un peu d'exotisme  !

La prochaine élection présidentielle américaine opposera donc Joe Biden, ex-vice président de Barack Obama et figure de l'establishment démocrate, à Donald Trump. Bernie Sanders a jeté l'éponge sans attendre les résultats de la primaire du Wisconsin, après s'être accroché longtemps. Une enquête du Wall Street Journal situe le tournant au moment de la primaire du Michigan, le 10 mars dernier, un état qui concentre tous les problèmes qui ont empêché Bernie Sanders, à deux reprises, d'accéder à la Maison-Blanche.  Au moins espère-t-il, en se ralliant, que Biden retienne certaines de ses propositions alors que l'épidémie de Covid-19 remet l'Etat fédéral au centre du jeu, du côté des démocrates comme des républicains. La consécration de Joe Biden se produit dans un contexte électoral bouleversé par la pandémie : des primaires ont été annulées et on ne sait pas très bien comment les conventions des deux partis, prévues pour le mois d’août, pourront être organisées.

Que le spectacle commence.

Joe Biden, sans surprise, encore que … il a mené sa campagne des « primaires » avec une nonchalance surprenante, et avant que Bernie Sanders ait jeté l’éponge, il avait complètement disparu de la scène politique, peut-être à cause de l’épidémie. Sans doute pensait-il que la multiplication des discours n’était pas utile dans un pays tétanisé par le virus et que les résultats des primaires ayant précédé la mise sous cloche du pays avaient suffi, sous l’impact de ses victoires successives, à démontrer sa supériorité sur les autres candidats démocrates. Joe Biden est une personnalité politique qui ne se laisse guère impressionner par les provocations de Donald Trump, et contrairement à Sanders qui, deux fois, en 2016 et 2020, a sué sang et eau pour se faire une place au soleil, à 77 ans, il laisse calmement venir à lui l’investiture du parti démocrate. Il faut dire que l’ancien vice-président de Barack Obama bénéficie du charisme du président précédent. Donc Sanders, en homme intègre, lui a promis son soutien qui sera aussi celui des minorités et des classes pauvres. Il gauchira inévitablement le programme de Biden, mais il ne sera pas vice-président. Ce  serait plutôt Kamala Harris, 55 ans, la belle sénatrice de la Californie qui présente plusieurs atouts auxquels Biden est sensible. Un choix qui, s’il se confirmait, renforcerait le « progressisme » de son programme et, en somme, pourrait fort bien convenir à son ancien concurrent. Bref, il part du bon pied.

Le calme et le furieux.

Joe Biden est grandement aidé par l’épidémie que le président en exercice a gérée par le déni et le mensonge, avec des résultats catastrophiques en termes de décès et de cas graves, notamment dans l’État de New York. Jusqu’à présent, il s’est contenté de dire qu’un second mandat trumpiste serait insupportable pour le peuple américain. Mais face à Trump, cependant, il va falloir qu’il s’exprime et qu’il dénonce la gestion du pays par  les Républicains, tous unis autour d’un chef qu’ils vouaient aux gémonies il y a quatre ans. Cela fait des mois que les administrations décentralisées des États n’écoutent même plus la voix de Washington, préférant adopter des mesures locales dans nombre de domaines qui vont et surtout face à la pandémie. L’approche infantile des crises par Trump a non seulement isolé les États-Unis, mais elle a soumis la fédération à des forces centrifuges qui font que désormais on ne vit pas de la même façon au nord et au sud, à l’ouest et à l’est. Enfin, Donald Trump s’est toujours targué d’avoir accru la prospérité américaine, un atout qu’il a perdu presque instantanément avec la mise au chômage de dix millions de travailleurs abandonnés à leur sort par le système social le plus cruel des pays industrialisés. Mais Joe Biden aurait tort de penser qu’il suffit de jouer le jeu du centriste calme, éloigné de la clameur des primaires, comptant plus sur son curriculum vitæ que sur un art oratoire qui n’est pas son fort.

Trump est capable de tout.

Certes le président en exercice ne pouvait pas prévoir un tel cataclysme et en Europe on se demande toujours pourquoi il est resté populaire malgré les innombrables casseroles qu’il traîne. Bien qu’il ait encore le temps de rebondir, et on le voit à l’œuvre en débloquant des fonds pour soutenir les chômeurs, le virus pourrait bien lui donner le coup de grâce, d’abord parce qu’il a mis à jour parfaitement l’injustice du système de santé américain qui ne fonctionne que si on peut se l’offrir, ensuite parce qu’il est privé de son succès économique, soudain transformé en déroute. Le recul de l’économie américaine ne saurait être inscrit à son passif, même si gouverner, c’est prévoir. Mais Trump est réactif et capable de toutes les volte-faces. Certes, l’électeur américain est versatile et, bien que Trump dispose d’un noyau de partisans qui ne renonceront jamais à lui, le centre et la classe moyenne pourraient bien quand même lui faire payer l’addition. Et donc laisser le vent de sa légèreté et de sa versatilité emporter le président le moins compétent de l’histoire des États-Unis.

En chute dans les sondages face à Biden, il veut que le pays redémarre au plus vite. Pour le confinement, il ne veut pas aller au-delà de début mai : « Economy first ». Dès que l'épidémie sera terminée, la campagne électorale va vraiment commencer. On a hâte de voir ça !

Avantage  Biden, mais le match n’est pas joué.

 


L’ALERTE DEMOCRATIQUE

Alerte démocratique Baverez002

 

Puisque confinement il y a, il faut bien s’occuper. La  lecture est un bon passe-temps et c’est le  moment de mettre à exécution les intentions souvent repoussées parce qu’on a mieux à faire.

Le dernier ouvrage de Nicolas Baverez est dense. L’auteur s’inquiète de l’explosion populiste, mais pas seulement. Nos démocraties libérales peuvent-elles mourir ? La réponse est « oui ! ». Dans un style parfois aride mais jamais abscons, l’auteur procède par constats implacables, qu’il s’agisse d’énoncer ce qui est grave ou déplaisant ou au contraire ce qui permet d’espérer. C’est un fin analyste des  phénomènes économiques et sociaux et de leurs conséquences politiques. La  formation de l’énarque le conduit à catégoriser et à énumérer les faits avec une logique imparable.  Mais l’humanisme du normalien qui a lu Tocqueville (et en a fait un livre paru récemment) n’est jamais loin. Voilà un prochain sujet de réflexion tout trouvé pour le bloc-notes, puisque  Nicolas  Baverez rejoint Jacques Julliard qui titre l’un de ses articles sur ses « carnets » :  « Obsolescence de Marx, actualité de Tocqueville ».

Une grave crise de la démocratie.

« La démocratie reste très  minoritaire dans le monde. Elle  est prise sous le feu croisé de trois menaces : l’Islam politique qui a partout échoué sauf en Iran où le régime des  mollahs est très contesté, les démocratures qui ont le vent en poupe avec l’exportation du total-capitalisme chinois, et le populisme qui corrompt la démocratie de l’intérieur et constitue le plus grand danger. » Il faut insister sur le ou les « populismes » qui portent, selon Nicolas Baverez, un projet destructeur pour la liberté politique et on en voit l’émergence avec la  « démocratie illibérale »  comme en Hongrie.  On en sous-estime le caractère pernicieux. Celle-ci cantonne l’intervention des citoyens aux élections qu’elle manipule et récuse les contre-pouvoirs, l’Etat de droit, le pluralisme, le respect de la minorité. Deux exemples doivent nous inquiéter : Donald Trump et Boris Johnson. Et l’Europe est au coeur du sujet car elle est la cible privilégiée.

Le produit d’une double rupture économique et sociale.

La crise  de 2008 a été un accélérateur : le krach du capitalisme mondialisé s’est transformé en krach de la démocratie dans la décennie qui a suivi, bien que les ruptures soient plus anciennes. En cause la révolution numérique et la mondialisation qui ont provoqué une polarisation excessive des richesses, la stagnation des revenus pour la majorité de la population et la marginalisation de pans entiers de la société et du territoire, par l’explosion des inégalités. A cela il faut ajouter les  données  proprement politiques liées à l’indigence des gouvernants tels que le désarroi identitaire face au renouveau migratoire, au défi islamiste, à la montée de la violence. Sans parler de la volonté de la Chine de dominer  le monde à l’horizon 2049. Mais le krach de 2008 a été aussi celui du capitalisme de « bulles » et des vices économiques qu’il avait générés comme les  « subprimes ». Il cumule aujourd’hui croissance faible, gains de productivité nuls, dette dont le stock atteint 300 000 milliards de dollars et inégalités record. Un modèle insoutenable. Il faut sortir du capitalisme de rente pour retourner à un capitalisme d’innovation qui remette en ligne le capital humain, financier, culturel et environnemental.

La France a la démocratie la  plus corrompue (malade).

Il ne s’agit pas de la corruption des personnes. Pour Nicolas  Baverez cela veut dire qu’on assiste à une décomposition intérieure par la démagogie. La  France est avec l’Italie, le pays d’Europe le plus exposé à cette dénaturation de la démocratie. Notre pays cumule 40 années de décrochage avec en plus l’onde populiste qui parcourt l’Europe depuis 2016. Et il est particulièrement exposé à cause de son modèle  de développement insoutenable qui associe 1% de la  population mondiale, 3% de la production et 15% de transferts sociaux de la  planète sur fond d’une dette publique qui a dépassé 100% du PIB. La  société est vulnérable avec  la  montée du communautarisme et de la violence alors que les institutions de la Vème République cumulent l’impuissance à réformer et l’étatisme. Quand l’Etat est bien dirigé et le citoyen prospère, tout va bien. Aujourd’hui rien ne va plus parce que l’Etat est paralysé et surendetté et le citoyen atomisé et paupérisé,  livré à des peurs souvent irrationnelles. Les  espoirs suscités  par l’élection de Macron sont rapidement retombés.  Le quinquennat est sorti de route : réformes qui sanctuarisent le secteur publique sans y toucher vraiment, incohérences, impréparation, illisibilité… Résultat d’un pouvoir hypertechnocratique et hypercentralisé, créant un vrai vide politique propice à toutes les  agitations. L’Etat de droit est menacé, or, c’est le pilier de la démocratie avec le suffrage universel. Ses pouvoirs régaliens sont contournés de plus en plus par les réseaux sociaux ou dénaturés par les magistrats eux-mêmes quand ils cèdent à la tentation de substituer leur morale au droit avec la complicité des  médias.

La démocratie libérale n’est pas morte.

On le voit avec les peuples qui se battent pour leur liberté comme à Hong-Kong, à Taïwan, à Istanbul, à Caracas ou à Alger … La  crise du coronavirus va rebattre toutes les cartes,  mais elle nous confirme, après le « big brother » numérique, que le rêve chinois est un cauchemar totalitaire. Ce n’est pas parce que les populismes échouent toujours que leur essor est compromis  pour autant. Cela impose de réinventer notre démocratie !  L’enjeu central du XXIème siècle est à nouveau la liberté  politique !

Mais tout ceci n’est qu’un résumé.  Il faut lire « L’alerte démocratique ».  D’autant plus passionnant que la  crise que nous vivons en direct va rebattre les cartes d’un jeu dont  Nicolas Baverez nous décrit avec précision toutes les cartes.

« L’alerte démocratique »  aux Editions de l’Observatoire.

 


QUE NOUS RESERVE 2020 ET APRES ?

Fin du monde tintin

 

Je ne vais pas tenter de vous faire croire que je possède une boule de cristal ou que je lis dans le marc de café. J’ai beau avoir quelques réminiscences de culture gréco-romaine, je ne sais pas pour autant jouer les augures ni interpréter les auspices, pas plus que je n’ai sous la main la Pythie de Delphes pour consulter ses oracles… Bref, tout ça pour vous dire que je m’en suis tenu benoitement à une compilation des avis parus ici et là en ce début d’année. Avec une constante quand même : alors que le pessimisme prévalait début 2019, la fête boursière avec un indice qui a bondi de 25% sur l’année, conduit aujourd’hui à l’euphorie sur les marchés.

Politique et banques centrales.

Rien ne semble avoir prise sur l’impact des politiques d’aisance monétaire menée par les banques centrales. Marc Fiorentino le constate : « Aucun événement politique majeur n’a eu d’impact durable depuis que les banques centrales ont inondé les marchés de liquidités gratuites ou à taux négatifs,  ni l’élection de Donald Trump, ni le Brexit, ni, plus récemment, les attaques sur les infrastructures pétrolières saoudiennes ou encore la procédure de destitution de Trump. Rien ne peut gâcher la fête sur les indices boursiers. » Les jours qui viennent vont constituer un test important pour les marchés en 2020. Nous allons savoir s’il faut définitivement ignorer les événements politiques et géopolitiques majeurs et si la puissance des banques centrales est telle que les « cygnes noirs », sont pulvérisés dès leur apparition. Et il ne va pas en manquer : Trump qui a endossé l’uniforme de chef de guerre a frappé au cœur du régime iranien. Il y aura des représailles qui passeront par l'intermédiaire des multiples milices financées par l’Iran dans la région. Et il faut s’attendre au pire puisque en représailles des représailles Trump a menacé de frapper 52 cibles iraniennes. « 52, comme le nombre des otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979 », a-t-il dit. On aura aussi du nouveau du côté du Brexit…

Les songes d’Attali.

Il ne s’agit pas de l’héroïne de Racine, mais de Jacques. Dans sa chronique hebdomadaire des Echos, il nous livre une liste de 12 événements improbables auxquels il faut néanmoins se préparer. Il appuie son raisonnement sur les événements surprises survenus depuis 2010, dont l’un des plus significatifs fut l’élection « d’un total inconnu à la présidence de la République française »… Je vous livre cet inventaire sans développer : en 1. Le plus « sympathique », l’effondrement du système financier mondial sous les coups d’une très grande crise financière (il n’est pas le seul à y penser) 2. Un tir de missile balistique nucléaire de la Corée du Nord vers Tokyo, ou Washington 3. La dislocation de l’Eglise catholique (ça c’est plus original) 4. L’invasion d’un des pays baltes par la Russie, suivie d’aucune réaction des Etats-Unis 5. La constitution d’un nouveau califat islamique de la Lybie au Nigeria 6. L’élection en France d’une présidente de la république d’extrême-droite (on n’y est pas encore) 7. La victoire à l’élection présidentielle américaine d’une femme sociale-démocrate et écologiste 8. Des découvertes majeures permettant la guérison des cancers les plus résistants 9. Une prise de conscience écologique planétaire avec un prix mondial du carbone à 100 dollars la tonne 10. Une charte contraignante édictée par les 50 plus grands fonds d’investissement du monde pour ne plus investir que dans les entreprises durables 11. Des révolutions démocratiques victorieuses en Russie, en Turquie ou en Chine 12. Des œuvres d’art et de nouveaux courants artistiques changeant notre regard sur le monde. C’est une liste à la Prévert, j’en conviens. Je vous laisse le soin d’imaginer les développements, c’est plus romanesque.

Le regard de Nicolas Baverez.

Voilà un économiste sérieux. Certes, il verse facilement dans le pessimisme, mais les temps y prédisposent. Il analyse le cycle de démondialisation auquel nous assistons sous la poussée des populismes, qui explique le contexte économique beaucoup plus dur, marqué par une diminution de la croissance et des emplois ainsi qu’une hausse des risques politiques et financiers. Pour lui, l’abandon de toute discipline monétaire et budgétaire (les deux vont ensemble), dans les grands pays développés renforce la probabilité d’un nouveau krach. Il prédit que les années 2020 seront placées sous le signe de la crise de la démocratie représentative et du regain (déjà en cours) des nationalismes. Car l’échec économique des populistes n’arrive pas à remettre en cause leur capacité à arriver au pouvoir et même à s’y maintenir, profitant de la déstabilisation des classes moyennes ou de la polarisation des territoires, des désarrois identitaires et de la montée de la violence… Triste tableau. L’antidote au national-populisme, c’est le patriotisme et la liberté. Encore faut-il le mettre en œuvre.

A vous de faire votre opinion.

Allez, une bonne nouvelle pour terminer, comme quoi rien n’est impossible : la Grèce où la bourse d'Athènes triomphe des indices boursiers mondiaux avec 52% de hausse. Et elle emprunte à des taux plus bas que l'Italie. Hé, Hé ! Et Carlos Ghosn qui s’évade du Japon, c’est pas un joli pied de nez ? Pendant ce temps-là, nous, on concocte une réforme des retraites qui se voudrait universelle et juste et qui ne sera ni universelle, ni juste…

Bah, le principal n’est-il pas d’être en bonne santé !

 

 


NOUS VIVONS UNE EPOQUE EPIQUE !

Planche à billets

 

Notre siècle marche sur la tête. On s’apprête à fabriquer des enfants sans pères avec des parents de papier et en économie, il vaut  mieux avoir des dettes que de l’argent de côté…. Mais où va-t-on ?

Plus personne n’y comprend rien du fonctionnement de l’économie. 

Les  banques prêtent  à des taux négatifs,  ce qui veut dire qu’elles ne gagnent pas d’argent et que si vous placez  vos économies, il faudra bientôt payer pour qu’elles vous les prennent. Aujourd’hui l’argent est « gratuit » !  C’est donc le  moment d’emprunter. Ce  que font les entreprises fautes de trouver d’autres financements. Conclusion : partout la dette enfle ! Il y a deux secteurs qui prospèrent sur cette  opportunité : la bourse,  que plus rien n’effraie et l’immobilier. 

Le revers de la médaille.

Dans un monde qui tourne à l’envers,  il y a forcément un loup quelque part. Les épargnants ne sont pas les bienvenus dans le  monde de l’économie liquide, et ils subissent une sorte de hausse des taxes via les taux d'intérêts négatifs (-0.5% depuis quelques jours) qui ne sont ni plus ni moins qu'un nouvel impôt qui est considéré comme « nécessaire » pour relancer l'inflation. Mais voilà, la recette  n’a  pas  marché  jusqu’à maintenant et aurait  plutôt  contribué à accélérer le  ralentissement économique mondial. Rappelez-vous mon article  sur la  « baignoire ».  Eh bien,  ça ne marche pas, raison de  plus pour continuer ! L'argent coule à flots mais il alimente les bulles, sur les marchés et sur l'immobilier, mais il n'atteint pas ou peu l'économie réelle. Les banques centrales vont continuer à déverser des milliers de milliards mais cela ne sert plus à grand-chose. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que le Japon a des taux zéros depuis près de 30 ans et fait tourner à fond sa planche à billets mais que sa croissance et son inflation n'ont jamais décollé.

La récession se rapproche.

Depuis cet été, plus personne ne nie que la croissance économique mondiale ralentit et que ce ralentissement risque de s'accentuer. Les  derniers chiffres de la Chine le confirment. Il y a encore un débat entre les optimistes qui pensent que ce ralentissement est purement conjoncturel, et en partie dû à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et les réalistes, qui pensent que nous sommes entrés dans une phase de décroissance structurelle pour les raisons déjà exposées : vieillissement démographique, révolution technologique et numérique, révolution sociétale avec changement du mode  de consommation des  « Milleniums ». L'Allemagne est entrée dans un cycle baissier et frôle la récession et l’Europe suit. Pour tenter d’enrayer le mouvement, la BCE s’est lancée à nouveau dans un programme massif de baisse de taux et de quantitative easing sans avoir l’assurance que cela ait un impact sur l'économie européenne. Car il est  apparu que les banquiers centraux ne peuvent pas tout faire, et que la baisse des taux et la planche à billets ne peuvent pas, à elles seules, relancer l'économie. Cette arme est même devenue inutile, elle ne sert plus qu'à alimenter la hausse des marchés (CAC à 5 600).

La relance !

Les gouvernements doivent faire de la « relance ». C’est la « nouvelle recette-miracle » pour relancer la croissance économique. Il fallait une nouvelle histoire à raconter pour faire à nouveau rêver les investisseurs et les marchés. La future patronne de la BCE, Christine Lagarde a appelé les « pays riches » à faire plus pour relancer la croissance, et en temps normal, cela ne devrait concerner que les pays qui ont les moyens de le faire. Une manière aussi de mettre la pression sur l’Allemagne. Le raisonnement est simple : l'Allemagne a des surplus budgétaires massifs,  un surplus commercial et une dette en chute libre. Il faut donc qu’elle lance un programme ambitieux de relance de l'économie. C'est évidemment ce que lui demandent les Français qui eux n'ont rien fait pour réduire ni leurs dépenses ni leurs dettes mais donnent tout de même des leçons. Tout le monde, Macron en tête, incite donc l'Allemagne à faire de la relance. Mais ceux qui n’ont pas les moyens s’y mettent aussi. C'est la musique qu'on entend en Italie et même chez nous. Là encore le raisonnement est simple : lâchons les vannes, ça on a l’habitude, augmentons les dépenses, ça aussi on en a l’habitude, lançons des grands programmes d'infrastructure… Tant pis si cela coûte de l'argent. Tant pis si cela fera déraper des déficits et les dettes. Cela n'a aucune importance puisque les taux d'intérêt sont négatifs et qu'aujourd'hui, plus vous dépensez et plus ça vous RAPPORTE de l'argent. Un bon déficit français, à l'ancienne, rapporte aujourd'hui  0,40% par an sur 10 ans... Pourquoi se priver, nous disent les cigales, alors que les fourmis triment pour mettre de l'argent de côté qui leur COÛTE de l'argent. Bref, on tourne en rond.

L’arme fatale.

L’imagination n’ayant pas de limite, au lieu de revenir aux fondamentaux  de discipline budgétaire, de désendettement et de financement de l’économie réelle, si la relance ne marchait  pas, on nous a inventé l'arme ultime, l'arme fatale contre la déconsommation et contre la décroissance : « l'Helicopter money ». Non, ça n’est pas une plaisanterie ! C’est  la dénomination qu’on donne  au projet des banques centrales de distribuer l'argent directement aux consommateurs pour qu'ils consomment, sans transiter par les banques et les circuits financiers. Non, vous ne rêvez  pas !  Bref : les banques centrales, directement, sans passer par les gouvernements ou le système financier, distribueraient des bons de consommation aux ménages, de 500 € à 1 000 € par mois, gratis : la seule obligation que vous aurez c'est... de les dépenser. Avec ça, allez récompenser « l’effort » ? C’est qu’il faut échapper à la grande récession qui nous menace par tous les moyens, quitte à dynamiter Les règles de « gestion » classiques et les principes économiques. En attendant, le gouvernement français procède donc aux derniers arbitrages sur le budget et le déficit.  On abandonne les réductions des dépenses publiques : pourquoi se fatiguer à faire des efforts alors qu'on peut financer les déficits à « MOINS 0,40% » ? Nous aurons donc un déficit de 2,1 ou 2,2% au lieu des 1,4%... Pourquoi s’inquiéter, de toute façon, on doit bien mourir un jour !

A court terme, cela recule l'heure fatidique de la récession, peut-être de une ou deux années, et cela rend les investisseurs euphoriques.

À long terme, c'est évidemment destructeur. Car un monde sans différentiel entre les zones et pays, cela n'a jamais existé, vu qu'il y a des différences majeures entre les peuples au niveau de la production. Bon, on ne sait pas à ce stade quel différentiel va mettre à mort l'euro. On sait juste que c'est inévitable. Rien que ça !





G7 : LE MONDE ENTIER, ET MOI, ET MOI, ET MOI

G7 Biarritz

 

Président du Monde !

Enfin, pas tout-à-fait, du ½ Monde puisque le G7 représente aujourd’hui un peu moins de 50% du PIB de la planète. Mais Narcisse est toujours là. Il s’était déjà pris pour le Président de l’Europe avec le succès que  l’on sait. Il avait juré que la crise des gilets jaunes l'avait rendu humble. Mais on mesure  combien il est difficile d’aller contre sa nature. A  Biarritz, Macron s’est donc pris pour le Président du monde : il a été sur tous les fronts, l'Amazonie, l'environnement, l'Iran, l'Inde et le Pakistan, la paix dans le monde (conseillé par Raffarin ?)…  Il a fait venir Poutine,  il a  ménagé  un coup de théâtre en faisant venir le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, sur place, en marge du sommet.   Il donne des leçons à tout le monde, à Trump, à Boris Johnson et à tous les leaders dits « populistes » contre lesquels il est en croisade. Il est même tombé dans le piège de la  manipulation sans se renseigner outre  mesure sur les incendies (qui ne  sont  pas extraordinaires) de  la forêt amazonienne (qui n’est pas le  poumon de la planète) pour faire  la leçon à Bolsonaro. Procédé indigne. Président du monde alors qu'il y aurait déjà fort à faire pour être Président de la France.

Le tam-tam et le concert de louange.

Rarement on aura vu une telle  mise en scène, à grand renforts de « points presses » bien huilés. La  communication a vraiment  pris le dessus,  ça permet de cacher la réalité, et il faut dire que l’Elysée a fait fort sur ce coup-là.  Il était amusant de lire et d'écouter les commentaires français bien sûr, sur le G7 de Biarritz. Finalement,  voilà un G7 « historique » : ce serait  le  seul  G7 de tous les  G7 qui aurait été utile. La France a repris sa place, au centre du monde,  évidemment ! Donc Trump aurait cédé sur tout, face à notre président : il aurait accepté de reprendre le dialogue avec l'Iran, sujet essentiel ; il aurait décidé de ne pas taxer les produits français et de mettre en place une taxe GAFA à l'échelle mondiale. C’est bien simple, tous  les  problèmes du monde y ont été réglés et même l’Amazonie va  être sauvée. Tous ? Enfin pas tous : la  guerre commerciale de Trump avec la Chine va continuer de peser sur l’économie  mondiale. Ah, il faut voir les titres élogieux  de la presse, et je passe sur les multiples plateaux en continu de la télé-réalité-people : « Amazonie, Iran, GAFA: les paris réussis de Macron », « Macron à l'offensive au G7, Trump infléchit ses positions », « Les initiatives et le volontarisme du chef de l’État ont permis des avancées sur plusieurs dossiers sensibles lors du sommet de Biarritz », « Macron-Trump : la détente cordiale », « Le président français réussit un coup diplomatique sur l'Iran ». Il ne s’agit que de la  presse française, évidemment. C’était donc THE sommet !

Retour à la réalité.

Il  n’était pas bien difficile d’imaginer la suite. Trump reste fidèle  à lui-même, et il aura bientôt tout oublié ce qu’il a promis au gré des aléas de sa campagne électorale et repartira dans ses attaques si nécessaire. Contre la France, contre  l’Iran,  contre la Chine… Entre autres. Il vient d’apporter son soutien à Bolsonaro. Déjà un couac, et on n’est que le 29 août. L’annonce conjointe par Trump et Macron d’une future détente entre les US et l’Iran ouvrant la voie à un possible nouvel accord sur le nucléaire iranien, grand moment du G7,  eh bien c’est raté : Rohani appelle ce matin Washington à « faire le premier pas » en levant l’intégralité des sanctions qui plombent l’économie iranienne, condition sine qua non à tout sommet Iran/US, ce qui est impensable pour Trump qui s’y est toujours opposé. Et Zarif, le Ministre des Affaires Etrangères iranien a surenchéri en affirmant qu’une poignée de mains Trump/Rohani était aujourd’hui « inimaginable » ou possible « que sur Photoshop ». En attendant, Bolsonaro a refusé l'aide de 20 millions d'euros du G7 pour l'Amazonie, enfin pas tout-à-fait… En fait, les contorsions avec ses  propos sur Mme Macron continuent. Ailleurs le G7 n’a eu aucune influence sur le retour de Giuseppe Conte comme Président du conseil en Italie, après l’accord  entre le parti démocrate et le M5S ; aucune influence sur Bojo, toujours prêt à  livrer le Royaume Uni à Trump avec le Brexit et qui vient de tenter un coup de force contre le Parlement qui pourrait provoquer sa perte.

Trump  et  la Chine.

Pendant ce temps Trump continue à souffler le chaud et le froid sur la guerre commerciale avec la Chine. Il veut taxer davantage, puis il ne veut plus taxer. Il ne veut plus discuter avec les Chinois, puis il veut discuter avec les Chinois qui ont tapé à la porte. Xi Jinping est l'ennemi des États-Unis ; Xi Jinping is a « great guy, a friend, a great leader ». C'est sa façon de négocier et sa façon de mettre la pression sur la Fed, pour qu'elle baisse ses taux afin de lui garantir de la croissance jusqu’à sa réélection. Le  Monde, il s’en fout. Alors la France …

Mais l’essentiel n’est pas là.  L’essentiel c’est que les Français croient le  conte de fée qu’on vient de leur raconter et qu’ils ont un « grand Président » qui aimerait avoir les  mains libres pour la rentrée.  La réalité est plus modeste : les manœuvres politiques sont à peine commencées  avec une belle reculade sur les  retraites. Et on attend la suite.  Car ça bout toujours dans la marmite !

 


PEUT-ON ECHAPPER A LA CRISE QUI VIENT ?

Fin du monde tintin

 

Chaque jour qui passe, elle semble se rapprocher et les signaux d’alerte sont de plus en plus nombreux. Les révisions à la baisse des  prévisions de croissance s’enchaînent mois après mois, mais elles semblent accentuer la folie. Déjà, de nombreux pays sont entrés en récession industrielle. Le stock total des dettes publiques et privées est au plus haut (environ trois ans de PIB mondial). Dans ce contexte, une récession provoquerait une nouvelle crise financière avec d’énormes risques de défaillances en chaîne. A l’image de la  planète qui brûle, les financiers entretiennent le brasier au lieu de tenter de l’éteindre.

La  folie de l’argent gratuit.

Comme le  constate Jean-Claude Trichet « l’endettement public et privé a continué d’augmenter au même  rythme qu’avant la crise de 2008 alors que celle-ci était largement due à un formidable excès d’endettement ». Tous les grands chocs ont pour point commun l’augmentation incontrôlée de la  gratuité des  moyens de paiement. Or, il n’y a pas de prospérité illimitée, mais la  fascination pour les  fortunes rapides  et la croyance dans l’affranchissement des contraintes d’équilibre financier, monétaire ou budgétaire pour soutenir la croissance, pour faire face à la révolution technologique, ou parce que le monde géopolitique serait différent, aveuglent les autorités politiques. Ainsi les   banques centrales se sont lancées dans des baisses des taux d’intérêt et de nouvelles injections de liquidités.

Des relances budgétaires irresponsables.

Pourtant, la drogue monétaire n’est qu’un palliatif qui reporte les  solutions à la crise en gonflant les bulles d’actifs de l’immobilier, des obligations, de la bourse. Il s’agit de maintenir à tout prix l’activité. Le  pire exemple  vient des Etats-Unis où la Fed a  interrompu ses efforts et baissé ses taux de 0,25%. La baisse des taux favorise l’expansion monétaire et va donc de pair avec des relances budgétaires.  Les américains connaîtront un déficit public de 1 000 milliards de dollars en 2020 soit 5,5% du PIB, au moment où le taux de chômage est au plus bas (3,7%) et la frénésie des emprunts gagne tous les secteurs. Cette expansion monétaire est dangereuse : elle ne soutient que marginalement l’économie, car  les  banques centrales ne peuvent contrôler l’usage et l’affectation des moyens qu’elles émettent ;  la pénalisation de l’épargne déstabilise  les classes moyennes des pays développés et nourrit le populisme ; l’argent facile est une machine à distribuer du pouvoir d’achat factice et à créer des bulles spéculatives. Un bon exemple pour illustrer que les liquidités déversées ne vont pas en priorité à l’investissement qui améliorerait la  vraie croissance et la  productivité tient dans la distribution des dividendes qui n’a jamais été aussi élevée en France,  favorisée par la flat  tax, alors que la productivité est au point mort et que notre croissance reste atone.

Un système bancaire fragilisé.

L’expansion monétaire et budgétaire prive les banques de toute capacité de réaction.  Elles sont ruinées par les taux négatifs qui entretiennent  la finance de l’ombre, d’autant plus que le travail de sape de Donald Trump contre les  institutions multilatérales, limite  les possibilités de coopération internationale et de stratégies concertées, qui jouèrent pourtant un rôle  décisif pour endiguer la crise  de 2008. La monnaie  est un outil de politique économique qui ne doit être utilisé qu’en période de krach ou de déflation, mais certainement pas en période de plein-emploi qui consiste alors à entretenir une « surchauffe ».  L’argent gratuit est une addiction qui ne peut connaître d’issue heureuse. La fin est certaine : le  krach, seul le moment est incertain.

Des solutions existent.

Echapper à la crise qui vient suppose de relancer massivement l’investissement mondial par une intensification de  la  coopération internationale. Mais on n’en prend pas le chemin. L’Europe a les  moyens de se mettre à l’abri. Au moins pourrait-on achever la construction européenne  autour de l’euro  qui permettrait une défragmentation financière de la zone et la création d’un support d’épargne commun pour drainer les  capitaux vers une union de financement de l’investissement et de l’innovation. C’est réalisable : la zone euro dispose  de la  première épargne du monde (340 milliards d’euros) qui n’est malheureusement pas investie dans l’espace monétaire commun.  Cette union de financement nous mettrait à l’abri de la prochaine crise systémique. Mieux, elle ferait de l’euro légal du dollar. Réalisation de l’union bancaire et des marchés  de capitaux : voilà une belle tâche à la hauteur des compétences de Christine Lagarde. Si le mouvement pouvait s’accompagner d’une convergence fiscale, sociale et environnementale, l’Europe serait armée pour faire face. Cela ne dispenserait pas de la nécessité d’une conférence internationale définissant les conditions d’une relance mondiale, comme le G20 l’avait imposée en 2008, mais c’est une autre histoire et avec des Trump, des Johnson et Salvini dans le paysage, c’est pas gagné !

Il nous faudrait un Sarkozy, et nous n'avons qu'un Macron...

 


MON PETIT RAPPORTEUR

Cedric demande à ton père

 

Capitalisme fou : la  dernière sortie de Macron devant l’OIT (Organisation Internationale du Travail). Il aime bien dire ce que son auditoire a envie d’entendre. No comment. 

Le tweet : “The United States has very low inflation, a beautiful thing !”.  Trump se réjouit que l’inflation est très basse  et trouve que c’est une bonne nouvelle.  En économie, c’est une aberration.  Bref !

Ralentissement du commerce  mondial : on l’attribue à la guerre commercial US-Chine.  Probable.  Mais on oublie que l’argent en est le carburant, or avec les taux très bas, les banques n’ont pas assez d’argent. Bah oui, on oublie ce  qui est basique !

Les  taux bas : la France emprunte à 10 ans à pratiquement 0%.  Un vrai poison pour un pays addict à la dépense publique.

Les taux bas, toujours : ils dopent l’emprunt dans tous les domaines, notamment l’immobilier et les  entreprises (175%  du PIB). La hausse de l’endettement privé est elle aussi inquiétante. Des « bulles » se forment un peu partout.

Les taux bas, encore : Les  Français auraient bénéficié de 8,5 milliards d’euros de pouvoir d’achat supplémentaire depuis l’automne dernier, mais ils n’en auraient consommé que 3 milliards.  Le  reste est stocké en économies, même si ça ne rapporte rien. Vous avez dit « inquiets » ?

Dirigisme fou : L'échec du rapprochement entre Fiat Chrysler et Renault-Nissan illustre les erreurs de l'Etat actionnaire, qui ne peut pas grand-chose non plus pour apaiser les tensions avec Nissan… Et si Le Maire foutait la paix à Sénard ?

Electricité : Les  énergies renouvelables et le  fait  que c’est un faux marché expliquent largement les hausses du prix : + 6% en juin, + 1 ou 2% en août. Le « renouvelable intermittent » est  un gouffre qui bénéficie de subventions massives.  C’est  un faux marché parce qu’il n’y a pratiquement qu’un seul producteur en France : EDF. On a là une caricature de marché concurrentiel, sans vrais concurrents, mais avec beaucoup de subventions. On n’a pas fini de payer.

Corruption : il paraît qu’elle continue de saper  la croissance économique de la Russie.

Signe prémonitoire : Le chêne planté dans le jardin de la Maison Blanche en symbole de l’amitié Trump-Macron est mort.  La  greffe n’a pas pris, et l’arbre n’a pas survécu.

Nouvelle cible : Trump tire tous azimuts.  Il a maintenant le vin français dans le collimateur : les Etats-Unis en importent trop et nous nous n’achetons pas assez du leur. Peut-être que le nôtre est meilleur ? C’est bien ce que je disais. En fait il ne sait plus quoi faire pour affaiblir la concurrence européenne.

Victoire écrasante : après sa défaite 2-0 contre la Turquie, la France écrase Andorre 4-0. Il paraît que c’est rassurant.  On se console comme on peut.

41 000 : c’est en 4 mois le nombre de demandeurs d’asile, 10 000 de plus par mois en moyenne. Mais pourquoi veulent-ils tous venir en France ?

Novlangue : « nous avons parfois construit les bonnes réponses mais trop loin de nos concitoyens » c’est du Macron et ça ressemble à « nous avons été trop intelligents et trop subtiles » de Legendre. Ils nous prennent toujours pour des cons, quoi !

Le retour du trou : Ah,  le  « fameux trou de  la sécu », il était soi-disant rebouché. Eh bien non, le revoilou,  autour de 4 milliards. Le retour à l’équilibre pour 2019 est compromis. La faute, entre autres,  aux  mesures Macron d’exonérations de cotisations…  On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.L’Etat continue de creuser des trous pour reboucher les précédents. C’est le « libéralisme » à la française !

8 points de PIB : une étude de Rexecode nous dit que si la France avait maintenu son niveau d’exportations d’avant 2 000 on serait riche de 8 points de PIB supplémentaires. Nos parts à l’export sont passés de 18% à 14,3% (export total de la zone euro).  En cause : la hausse du coût salarial dans l’industrie (donc les 35h). On serait 185 milliards d’euros au-dessus  de l’an dernier. De quoi laisser Le Maire rêveur …

 

 


PETIT JOURNAL DE L’ECONOMIE

Economie  bourse

 

Le « nouveau monde » selon Le Maire…

Les méthodes employées par notre « grand financier » relèvent des recettes économiques de notre arrière-grand-mère. Il fait partie d’un gouvernement dont le Premier Ministre, en bon social-démocrate, croit fermement aux vertus de l'intervention de « la main bien visible de l'Etat » dans l'économie. Voilà un environnement de rêve pour ce technocrate dont la besace regorge de propositions toutes plus étatistes les unes que les autres. On le retrouve donc sur le front de toutes les entreprises en difficultés avec  le succès que l’on sait : De General Electric  (merci Macron) à Ascoval et Blanquefort, on peut  mesurer l’étendue de l’efficacité de « l’Etat-stratège ». Mais le top de l’efficacité a été atteint par le  « fonds pour l'innovation » constitué au sein de l'établissement public Bpifrance, structure contrôlée par l'Etat. Un dispositif tellement performant que la Cour des comptes est venue mettre son nez dans son fonctionnement et, dans un rapport publié le 15 mai, s'est prononcée « pour sa suppression et la réintégration des 250 millions d'euros annuels dans le budget général via les dispositifs classiques de financement de l'innovation ». En cause, la multiplicité et la complexité des opérations nécessaires à la constitution de ce fonds n'ont pas permis de le rendre opérationnel en 2018, pour reprendre les mots de la Cour. Bref : du gaspillage d’argent public ! ? Il est clair que la création de ce fonds, annoncée en grandes pompes car répondant à des enjeux d'affichage politique, est une usine à gaz conçue dans la plus pure tradition française. L'efficacité de « l'Etat stratège » n'est qu'une légende, laquelle sévit en France au moins depuis le XVIIe siècle, et  prospère  plutôt dans les beaux cerveaux des technocrates jacobins. Un dernier exemple  ce matin : Fiat Chrysler ne veut plus de deal avec Renault qui avait demandé une journée de plus pour réfléchir. Il semble que Nissan soit parvenu à saborder le deal avec ses réticences. Xavier Bertrand va  être  content, pas  Bruno Le Maire !

Youpi, les investissements étrangers …

Voilà de quoi pousser un joli cocorico : une enquête sur le nombre de projets d'investissements étrangers montre que... la France a dépassé l'Allemagne ! Leur nombre en France en 2018 s’est monté à 1027 contre 973 en Allemagne.  Serait-on devenus champions d’Europe ? Eh non : la Grande-Bretagne est devant avec 1054. Sorry !  Ce serait quand même mieux si les investissements étaient français, mais voilà, au pays de l’enfer fiscal le capitaliste se fait rare. On est donc premiers sur les centres de Recherche & Développement financés par des capitaux étrangers. Et c’est bien normal puisque nous avons un système de crédit d'impôt recherche, financé par nos impôts, extrêmement généreux. Non seulement les étrangers investissent chez nous mais ils en profitent pour défiscaliser. Et  c'est nous qui payons...

Eclaircie sur la pompe ?

Le prix du pétrole s'est effondré, en dessous des 53 dollars sur le brut américain. Il était à 77 dollars il y a peu. Pourtant le pétrole iranien n'arrive plus sur le marché. Mais l'Arabie Saoudite alimente pour que les États-Unis continuent à mettre la pression sur l'Iran.  Et aussi la production du pétrole de schiste aux États-Unis continue à progresser, favorisée par les prix élevés. Il  y a une autre raison moins réjouissante :  les investisseurs anticipent un fort ralentissement de l'économie mondiale, notamment à cause des gesticulations tweetesques de Trump. Si ça se confirme, ça n'est pas réjouissant du tout.

Les  taux bas ne font pas les bons totaux.

Et c'est reparti, partout dans le monde. L'Australie en tête avec sa première baisse des taux depuis 3 ans pour contrer les effets négatifs du ralentissement de l'économie chinoise. De  son côté, Trump va pouvoir continuer son offensive commerciale contre la Chine, le Mexique et bientôt l'Europe, sans peser sur l'économie et les marchés, grâce à l'aide, une fois de plus, de la Banque centrale américaine.Il a suffi d'un mois de baisse relative sur les indices boursiers en mai, pour que le patron de la FED, Jay Powell, annonce que la Banque Centrale se tenait prête à baisser les taux. Il va donc continuer ses guerres commerciales au risque de faire dérailler l'économie et les marchés.

En France, en mai le taux de crédit immobilier moyen a atteint un nouveau record de baisse : 1,29%.
Du jamais vu depuis les 1.33% de décembre 2016. Et cela devrait continuer en juin. Les banques baissent les taux et repartent à l'attaque. Jamais les niveaux d’emprunts ont été aussi élevés…  L’argent pas cher rend fou !  Mais combien de temps les banques centrales vont-elles tenir l'économie mondiale et les marchés à bout de bras avec la baisse des taux d'intérêt ? Une fuite en avant !

Forcément ça finira mal… un jour  ou l’autre.

 


AMERICA GREAT AGAIN ? PAS SÛR !

Donald Trump

Une guerre commerciale aux effets contradictoires.

Trump s’agite  beaucoup et régente le monde à coups de tweets rageurs. Il a fait de la Chine le principal  adversaire des Etats-Unis avec un objectif : empêcher le pays d’Asie de lui passer devant. En apparence, tout semble lui réussir : l’économie américaine tourne à fond et le chômage n’a jamais été aussi bas. Mais ce n’est qu’une facette.  Selon Patrick Artus, les droits de douane imposés par Trump ont creusé le déficit commercial américain sans pour autant bénéficier à l'économie du pays. Il a d'abord mis en place des droits de douane sur l'acier, l'aluminium, le bois, les machines à laver, le lait, les panneaux solaires. Puis il a ajouté 10 % de droits de douane sur 200 milliards de produits chinois qui sont devenus 25 % le 10 mai. Entre temps il a négocié un accord avec les Chinois, puis ceux-ci ont rompu… On dispose de  suffisamment d'évaluations des mesures mises en place l'année dernière et elles montrent exactement ce qui était prévisible, à savoir qu’elles n'ont eu aucun effet positif sur l'économie américaine. Certes les recettes douanières ont permis de financer en partie des  baisses  d’impôts  monumentales qui ont bénéficié surtout aux entreprises, mais  elles renchérissent les  produits importés pour les consommateurs. Comme les Chinois n'achètent plus de produits énergétiques ni de produits agricoles aux États-Unis, le résultat ne s’est pas fait attendre : le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine est en train d'exploser. Autrement dit, les mesures ont surtout fait que les Américains payent plus cher ce qu'ils importent. Le protectionnisme produit deux effets qui s'annulent, d’un côté on taxe des produits importés qu’on paie plus cher mais comme c'est une taxe il faut la redistribuer. Donc ce qu'on vous prend dans une main en payant plus cher les importations on vous le rend de l'autre en rendant le produit de la taxe sur les importations. Voilà pourquoi l'effet sur l'économie américaine est quasi nul, donc ça peut durer.  Cette  économie de  Parkinson, Trump la pratique à des fins uniquement électoral, parce qu’elle lui donne l’apparence du beau rôle.

La  guerre commerciale  n’est qu’un aspect de l’affrontement entre les États-Unis et la Chine. C’est aussi une guerre technologique et même  une guerre économique totale. Il s’agit du leadership économique et technologique mondial. Trump tape là où ça fait mal, mais pour combien de temps ? L'affaire Huawei est un bon exemple de ce qui se passe, parce qu’elle est devenue une affaire mondiale  et constitue l’un des noeuds du conflit entre la Chine et les États-Unis. Huawei, créé en 1987 à Shenzhen, est un fournisseur de réseaux de télécommunication aux opérateurs. Trump en a fait une cible en l'accusant d'espionnage. Le Japon et la Grande-Bretagne, de peur des représailles américaines, ont donc décidé de ne plus partager de technologie avec Huawei. C'est un revers majeur pour le Chinois qui n'a plus accès aux puces de Qualcomm,  fabricant de composants électroniques américain, ou encore Intel et qui ne pourra plus intégrer Androïd. Est-ce ce conflit qui en est la cause ? Toujours est-il que Qualcomm s’est pris 12% de baisse : 10 milliards de dollars envolés. Et un juge vient de donner raison à la commission de la concurrence américaine, la FTC, qui accuse Qualcomm d'avoir verrouillé le marché des iPhone. Comme quoi, rien n’est facile   !

Il reste quand même la grande inquiétude : la  guerre qui fait rage bride inévitablement le commerce   mondial  et la  croissance va s’en ressentir.  Le FMI vient d’abaisser la prévision pour la deuxième fois à  3,3%  avec un coup de mou en Europe. Il semblerait que l’Allemagne rechute.  Heureusement pour la France tout va bien. Enfin,  on aimerait le croire !

En attendant les marchés plongent.

 

 


QUE SERA 2019 ?

Orages

Pessimisme ambiant.

Si j’en crois les titres que je lis, l’année qui commence n’arrive pas avec les meilleurs auspices. « Année lourde d’incertitudes pour l’économie mondiale » titre  Le Figaro ; « L’économie mondiale enregistre un endettement record » surenchérissent les Echos ; Macron va être confronté  à « un retournement de conjoncture plus fort que prévu », nous prévient l’économiste Jean-Marc Daniel ; « Les entreprises doivent se préparer à  une année risquée »  analyse David Barroux… Et cerise sur le gâteau (enfin, façon de  parler), le livret A fait perdre de l’argent aux épargnants avec sa rémunération gelée à 0,75% jusqu’en 2020 alors que l’inflation est à 2% ! Du coup, on ne sait plus si on doit enfiler un gilet jaune ou pas, à cause de la récupération par les casseurs et les gauchos, prendre un stylo rouge comme les  profs pour demander qu’on arrête de maltraiter les retraités, adopter une toque verte pour signifier à nos mauvais écolos que de la  façon dont ils s’y prennent le combat est  perdu d’avance.

Entrons dans les faits.

Les nuages s’accumulent en effet sur l’économie mondiale, et par contre coup sur la croissance européenne. Les signes annonciateurs ont été observés dans les fluctuations des bourses et leur ralentissement, qui trouvent leur justification dans de nombreuses incertitudes. Celle du bras de fer commercial engagé par Trump avec la Chine vient en premier.  Sans compter que le FMI vient de révéler que la dette mondiale (publique et privée) a atteint 184 000 milliards de dollars … à la fin de 2017, soit 225%  du PIB de la planète. Et on peut se dire que la glissade a continué en 2018. Avec le resserrement des conditions financières dans de nombreux pays, les perspectives ne sont pas réjouissantes. A cela s’ajoute la perspective du Brexit qui risque de se faire dans les pires conditions, aggravée par la montée des populismes qui risquent de paralyser l’Europe après le mois de mai.  Toujours est-il que du FMI à l’OCDE, en passant par les grandes banques, tous les prévisionnistes, au fil des mois ont révisé leurs chiffres vers  le  bas. De  leur côté, les  « émergents » restent sur des fondations fragiles et cela ne s’améliorera pas en 2019.  Ils dépendent de l’épargne du reste du monde et la prudence plus marquée des investisseurs et la hausse des taux d’intérêts américains ne sont pas des éléments qui leur soient favorables. Beaucoup vont voir leur croissance ralentir. Quant à la France, les gilets jaunes font broyer du noir aux économistes.  On devrait assister à un gros coup de frein sur la fin de l’année, après  trois trimestres déjà faiblards.  L’élan est brisé et ça n’est pas la meilleure façon d’aborder  la nouvelle année. D’autant plus que les événements ont contribué à charger un peu plus la barque de nos dépenses publiques alors que les ressources stagnent. Et l’on a du mal à évaluer quel effet aura le prélèvement à la source sur la consommation des ménages. Inflation, chômage qui reste  élevé, croissance en berne : voilà un mauvais cocktail que Macron va devoir diriger. Et  nous avec !

La France file un mauvais coton.

Avec  les « Gilets Jaunes », nous sommes en présence d’une révolte contre la fiscalité doublée d’une crise de la démocratie représentative, l’une ayant d’ailleurs alimentée l’autre. A lire et à entendre toutes  les déclarations, on se demande bien comment le pays va pouvoir s’en sortir entre un pouvoir sourd qui ne veut rien entendre, des  révoltés  qui se radicalisent, des  oppositions démocratiques qui n’impriment pas et des extrêmes en embuscade.  Si ce que projette  Macron voit le jour, il n’y a rien à attendre de bon pour les classes moyennes en matière de fiscalité avec des idées tout droit sorties de Terra Nova ou de France Stratégie, ni en matière de démocratie  sinon un affaiblissement du pouvoir  législatif,  avec à la clé une emprise encore  plus grande de la technocratie.  La  vérité,  c’est  que nous sommes au bout d’un système,  celui de l’Etat-providence, qui se révèle incapable de produire de la richesse par la  croissance et qui est entré depuis plusieurs années déjà dans le cercle pervers du prélèvement aux uns pour redistribuer aux autres.  Pour en sortir, il faudrait prendre le chemin du libéralisme, de la concurrence et de la responsabilité… Un chemin bien malaisé par les  temps  qui courent. Et si l’Europe se retrouve paralysée et qu’elle ne peut plus nous protéger de nos démons en nous imposant des limites, qu’est-ce qu’on va devenir ? S’il est vrai que nous avons un million et demi de jeunes sans formation, stage ni emploi, alors  ne nous étonnons pas que la colère l’emporte contre ceux qui ont généré un tel bilan. Sauf que la tentation est grande de mettre tout le monde dans le même panier. Et  ça, ça peut conduire au pire.

« Les Républicains » depuis un an et demi ont porté tous les thèmes qui affleurent aujourd’hui dans les revendications, mais tout a été fait pour qu’ils ne soient pas entendus. Ils sont les premiers à défendre les retraités et à avoir dénoncé la hausse de la CSG, ils sont les premiers à avoir mis en avant la fracture territoriale et le prix excessif des carburants,  la  bêtise de la limitation à 80 km/h, ils sont les premiers défenseurs de la classe moyenne, celle qui paie tout et ne reçoit rien et ils sont les derniers défenseurs de la famille… Souhaitons que des retrouvailles aient lieu. Le moment est peut-être propice. L’espoir fait vivre ! Comme dit Guillaume Larrivé : « La France a commencé l’année 2019  en marche arrière ! » (admirez au passage  la subtilité du jeu de mot  qui aura échappé à Gilles Legendre). Faisons en sorte qu’avec « Les Républicains » elle passe en marche avant !

 


NOUVELLES D’ICI ET D’AILLEURS…

En attendant le débat  ...

Globe-terrestre-

Nouvelles de France

La majorité au Sénat refuse d’examiner un budget 2017, « maquillé comme une voiture volée » : après un examen minutieux, elle évalue la sous-estimation des dépenses à 12 milliards d’€, celle du déficit à 20 milliards et à 25 milliards les dépenses non financées (cadeaux électoraux) reportée sur les budgets ultérieurs. Cela fait beaucoup pour celui qui succèdera.

A gauche, c’est la guerrilla : Malek Boutih dégaine violemment contre une candidature de pépère qui dit-on est imminente, et tenez-vous bien, Arnaud Montebourg appelle les électeurs de droite à participer à la primaire de la gauche pour virer Hollande en votant pour lui !! On est en plein western spaghettis !

Taubira s’en mêle : L'ex-ministre  a qualifié de « cocktail ultralibéralisme-régression sociale » le programme de François Fillon, appelant donc indirectement à voter Alain Juppé. Comme cette caste est aveugle : elle refuse de voir les dégâts de la politique de « gôôôche » dont  elle se réclame. Ces gens-là ne savent que sortir les mêmes « scies » convenues. Bah, laissons le peuple parler, ils ne vont pas  être déçus !

Exode fiscal : voilà une réponse à Taubira qui illustre les méfaits de  l’aveuglement idéologique. L'exode fiscal, loin d’avoir ralenti s'est accéléré. Les départs des foyers gagnant plus de 100 000 euros continuent d'augmenter. Et les chiffres viennent directement du Ministère des Finances : 4100 départs, 10% de plus que l'année précédente. Pour où ? Direction la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Suisse.  Comme quoi il est urgent que la droite reprenne le manche si on ne veut pas devenir un pays que de pauvres, dont la gauche s’occupe  activement d’augmenter le  nombre.

La Gauche Travelo : Macron publie son livre « Révolution » à 200 000 exemplaires. Sa vie, son œuvre, ses espérances présidentielles… On s’en fout ! Il va faire un tour de France des dédicaces.  Tiens, comme qui déjà ?

Nouvelles d’Europe

Brexit : en attendant de savoir s’il sera « hard » ou « soft », il est « slow » comme un poison lent. La croissance du Royaume-Uni est revue à la baisse, le retour à l’équilibre budgétaire reporté. Aucun effort supplémentaire n’est annoncé, pour ne pas pénaliser l’économie. Le gouvernement de Theresa May est bien obligé d’admettre que la perspective du Brexit accentuera le ralentissement économique et que les finances publiques accuseront le coup en conséquence. Au cours des cinq prochaines années, le déficit cumulé sera gonflé de 122 milliards de livres. La richesse britannique aurait fondu de 1.400 milliards d'€ après le Brexit. On mesure l’ampleur du « trou noir du Brexit ». Et on n’est qu’au début ! On n’entend plus Marine Le Pen.

L'Italie, maillon faible de l’Europe : à l'approche du referendum de Matteo Renzi, l'Italie est sous pression. La bourse italienne a un peu profité de l'emballement des marchés des derniers jours, et Milan affiche la pire performance boursière de l'année avec une baisse de plus de 20%. Et les taux d'emprunt italiens continuent à remonter,  au-dessus de 2%, un écart de plus de 50 points de base avec l'Espagne. Les sondages donnent le non gagnant, avec 7 points d'avance  (11 points d'avance dans le Sud particulièrement touché par la récession). Il faut s’attendre à une crise politique. Et pourtant la réforme qu’il propose est courageuse. Elle vise à ramener le rôle du Sénat à un rôle consultatif et surtout réduire drastiquement le nombre de sénateurs. Elle s'attaque aussi au millefeuille régional avec un retour à une centralisation plus rationnelle.

Angela IV : Angela Merkel s'est adressée au Bundestag pour évoquer sa candidature à un quatrième mandat. Elle s'est attachée à transmettre le message que, pour les Allemands, jamais la vie n'avait été meilleure. L'ouverture du pays au monde a permis d'apporter des conditions de vie que les Allemands n'ont jamais connues. Démarche intéressante et courageuse que d'expliquer enfin à son peuple que ce n'était pas mieux avant !

L’Euro 2ème monnaie du monde : la monnaie chinoise est rétrogradée à la troisième place au rang des monnaies les plus utilisées dans le commerce international.

Nouvelles du Monde

L’étau des taux : le revoilà. Nous assistons à un véritable krach des emprunts et à une envolée des taux d'intérêt. Les États-Unis mènent la danse. Pour la première fois depuis l'été 2015, le taux de référence, le taux d'emprunt à 10 ans a atteint les 2.40% après une hausse spectaculaire hier. Et tous les taux d'intérêt dans le monde suivent. Ce qui ne manquera de poser des problèmes de service de la dette pour la plupart des pays développés, y compris la France, qui sont surendettés.

Les monnaies s’affolent : avec un nouveau record tous les jours pour le dollar au plus haut depuis 13 ans. Cette hausse va devenir rapidement un sujet politique sensible. Car face au dollar, ce sont des monnaies comme le yen et le yuan qui chutent. Et comme Trump a promis de s'attaquer au dumping asiatique et en particulier au dumping des chinois, ceux-ci profitent largement de la fenêtre de tir de la transition avant janvier pour dévaluer leur monnaie. Mais en janvier, le combat va être rude ! Personne ne pouvait anticiper une flambée simultanée du dollar, des taux d'intérêt et des indices boursiers. La hausse simultanée de ces trois marchés est une anomalie et forcément une correction va intervenir. Soit les taux vont rebaisser, soit ce sont les marchés qui vont devoir le faire. Nos  gouvernants doivent prendre rapidement conscience que avons brutalement changé de paradigme et qu'il va falloir adapter nos logiciels de pensée sur les marchés et sur les taux. Un tournant brutal qu’il va falloir négocier si on ne veut pas la sortie de route.

Cure d’assainissement indienne : pour combattre la corruption et l'évasion fiscale, le gouvernement a annoncé, du jour au lendemain, que les billets de 500 et de 1000 roupies (soit 6,50 euros et 13 euros) seront inutilisables à partir de 2017. Des millions d'Indiens se sont donc rués dans les banques pour les changer. Ces billets de 500 et 1000 roupies représentent 220 milliards de dollars, soit 86% du cash en circulation. 80 milliards ont déjà été rapportés. On a même eu quelques suicides d'Indiens qui pensaient que ces billets n'avaient, du jour au lendemain, plus aucune valeur. Cette mesure brutale et sans précédent devrait coûter 1% de croissance à l'Inde.

 


TRUMPERIE : LE JOUR D’APRES …

Drapeau américain

Vus d’Europe, les Etats-Unis ne sont pas un pays toujours très compréhensible, tant nos cultures sont différentes. Je suis notamment toujours très perplexe devant l’obscurantisme de millions de citoyens qui nient les travaux de la paléontologie et se réfugient dans un créationnisme rétrograde et fondamentaliste, sans parler des multiples sectes qui pratiquent un communautarisme proche de la  ségrégation, qui vouent aux armes un véritable culte, et dont la culture se limite  trop souvent à l’horizon de leur petit état. Mais je reconnais que mon jugement est probablement superficiel. Je suis effrayé à l’idée que ce qui s’y passe pourrait préfigurer notre avenir à plus ou moins long terme.

Arrêtez de prendre le citoyen lambda pour un ignare boiteux !

Depuis hier, dans les journaux  on « décrypte », comme si les  bulletins « Trump » avaient été écrits en hiéroglyphes. Les rois de l’analyse décrypte ce qui, finalement, était évidemment... évident et auraient dû sauter aux yeux : le rejet des élites, la déconnexion de la classe politique et du monde médiatique avec la réalité de l'Amérique, la faillite des sondeurs (récurrente aux US), la révolte des « petits blancs », la précarité galopante…Chacun y va de son argumentaire. Bref, tout était prévisible ! Et, tenez-vous le pour dit, cela vaut pour la France : Juppé devrait baliser et Dupont Aignan se voit déjà en Président !!! Etonnant cette facilité avec laquelle on nous explique maintenant que l'élection de Trump était finalement évidente.  Mieux, on nous explique même que la présidence de Trump est en fait une super nouvelle pour l'économie des États-Unis et l'économie mondiale, et donc pour les marchés. "L'effet récessif des barrières douanières ? - A la trappe !" Mouais, encore faudrait-il accepter de se fier à une bourse sous la morphine de l’argent pléthorique dont le robinet n’est pas encore fermé et qui la maintient en état second !

Trump est un président mal élu.

La participation électorale américaine a été d’environ 55%. C’est le taux le plus bas depuis le duel entre George W. Bush et John Kerry en 2004. Ce record signifie que seulement un quart des Américains (26,4%) inscrits sur les listes électorales a voté pour Donald Trump. Son adversaire a  même fait près de 200 000 voix de plus que lui. Cela ne lui permet pas de contester l’élection,  mais doit être pris en compte quand on sait que celui qui gouvernera bénéficiera des pleins pouvoirs avec les majorités acquises dans les deux chambres et même les nominations  à la cour suprême. Ce type de configuration est extrêmement rare, la constitution américaine étant faite justement  pour la rendre quasi impossible. Donc Trump est mal élu mais dispose d’un large pouvoir. Il n’aura pas d’excuses s’il n’applique pas son programme. C’est une leçon pour tous les abstentionnistes, notamment les jeunes et peut-être beaucoup de noirs déçus d’Obama,  qui sont peut-être parmi les manifestants qui protestent alors qu’ils ont perdu leur droit de contester. L’abstention est toujours une lâcheté qui se paie au prix  fort.

Le programme de Trump.

Parmi les premières décisions que Donald Trump a promis d’adopter dès sa prise de fonctions, figure la suppression « d’Obamacare », la réforme-phare de l’administration Obama. Une priorité à l’ordre du jour confirmée hier par le chef de l’opposition républicaine au Sénat Mitch Mc Connell.

Voici en résumé les grandes lignes du programme. Réalisable, pas réalisable ?

  1. Il est contre le traité Trans-Pacifique et veut modifier le NAFTA avec le Mexique et le Canada.
  2. Il veut rompre l'accord avec l'Iran, se rapprocher de la Russie et remettre en cause le traité de l'OTAN.
  3. Il veut supprimer l'Obamacare (cf. ci-dessus).
  4. Il veut réduire drastiquement les impôts, notamment pour les entreprises (15%).
  5. Il veut une Cour Suprême beaucoup plus conservatrice.
  6. Il veut annuler l'accord sur le climat de la COP 21.
  7. IL veut construire un mur avec le Mexique, bannir l'immigration des Musulmans et expulser les 11 millions d'immigrants sans-papiers.

Dans son discours d’acceptation, il a annoncé qu’il allait doubler la croissance aux Etats-Unis. Comme il vient de gagner, il y aura bien sûr des gens assez naïfs pour le croire. Cela veut dire que le candidat qui a raconté un peu tout et n’importe quoi pendant la campagne continue à mentir et à annoncer des lendemains qui chantent. Il  met en avant comme arguments ses qualités de gestionnaire de l’économie. Le fait qu’il soit milliardaire n’est pourtant pas une garantie suffisante quand on sait qu’il ne connait absolument rien aux rouages de l’Etat américain. La preuve en est que c’est son Vice- Président, Mike Pence, qui va prendre en main la lourde charge des « dépouilles ». Trump est d’autant moins préparé à la tâche qui l’attend qu’il n’avait pas même songé à former son équipe de gouvernement.

Promesses, promesses … et réalité.

C’est un peu un inventaire à la Prévert : en vrac, la baisse des impôts pour les riches et les entreprises, dont on ne sait pas comment elle sera financée, les grands travaux (l’Amérique en a bien besoin tant ses infrastructures ont vieilli) dont on ne sait pas non plus comment ils seront financés, une plus grande liberté laissée aux entreprises, dont on ne sait pas comment elle se traduira en matière d'emplois… Tout ce qu’on ne réalisait pas jusqu'à hier devient possible comme par magie et constitue désormais d'excellentes nouvelles.  Du coup, après sa chute brutale de la nuit électorale, le dollar a retrouvé de belles couleurs avec un euro à 1.0940 $ et il s'est envolé contre le yen à 105.40 yens. L'or a régressé mais reste tout de même très proche des 1300 dollars, preuve que tout le monde ne croit pas au scénario qu'on veut nous vendre. Quant au pétrole, il reste au-dessus des 45 dollars. On peut même se mettre à nouveau à attendre les réunions de la FED, car il n’est  pas certain que les taux remontent à la fin de l’année… Pour l’instant le nouvel élu a d’autres chats à fouetter : il travaille à constituer son cabinet, et ça n’est pas rien. Ah, j’allais oublier : il a eu une conversation de huit minutes avec le Président français ! Enfin, pour terminer sur une note concrète, le Canada contrôle un peu plus ses frontières. En effet, de nombreux Américains affolés par la victoire de Donald Trump cherchent à rejoindre le pays de Justin Trudeau, au point d’avoir fait sauter le site de l’immigration d’Ottawa mercredi matin. La confiance règne !

 

 


DETRUMPEZ-VOUS !

Donald Trump

 

Seul contre tous !

Vous savez  ce qu’a fait Donald ( pas  le copain de Mickey,  l’autre) quand il a vu qu’il gagnait ? Il a ri ! (ouaf , ouaf, !).  Celle-là, depuis le temps qu’elle attendait, il fallait que je la fasse (de rat, dit le Chinois). Bon, reconnaissons que l’hypothèse de Fiorentino du Trump qui ne voulait pas gagner a  fait « splash ! ». On a beau détester le personnage et ses idées nauséabondes, il faut reconnaître le talent de l'artiste  et son énergie à 70 ans (ça, ça peut rassurer Juppé). Le  grand  blond a gagné seul, sans aucun appui, même pas celui de son parti. Le  fait est qu’il  s’est retrouvé seul contre tous : contre les Démocrates, contre les leaders de son parti, contre Obama, contre les élites, contre Wall Street, contre Hollywood, contre la Silicon Valley, contre l'Europe et même contre Jay Z et Beyoncé… C’est tout dire ! Il est tellement seul qu'on se demande même avec qui il va gouverner. Enfin seul n’est peut-être pas le bon mot. La vodka doit probablement couler à flots au Kremlin et wikileaks sabrer le champagne.

Pourquoi Trump ?

Les  docteurs en sciences politiques vont nous expliquer doctement (forcément) qu’il faut y voir là la grande colère des peuples, contre  la  globalisation, la mondialisation, patin-couffin… avec Marine Le Pen en première ligne suivie de la Méluche et pourquoi pas de notre Nicolas. Chacun veut y voir ce  qui l’arrange. C’est un peu faire fi de la réalité. La colère rend aveugle : en voilà un bon exemple.  Oui,  il y a une partie des américains qui est en colère : ce sont les « petits blanc » de la classe  moyenne qui n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de vie d’avant la crise de 2008 et qui en ont payé largement le prix en déclassement social. Ceux-là ont été sensibles au discours populiste du candidat milliardaire, sans se rendre compte qu’ils seront les premiers à payer le prix de ses promesses. Mais, numériquement ils ne sont pas assez nombreux pour avoir fait gagner leur candidat. L’élection de Trump est donc un ultime avatar de 2008 et des subprimes. Est  venue s’y ajouter la déception des deux mandats Obama. Celui-ci n’a  pas  pu aller au bout de ses projets, empêché par un Congrès républicain qui n’a cessé de lui mettre des bâtons dans les roues. Les noirs et les latinos se sont probablement davantage abstenus et c’est autant de voix en moins pour Hillary. Enfin, dernière raison, les Démocrates ont présenté en face de Trump, une candidate usée par quarante ans de vie politique.  Et en plus, elle a eu le grand tort d’être une femme. Dans un pays encore très macho, c’était évidemment un handicap.

A quoi faut-il s’attendre ?

D’abord, que Trump sera rattrapé par la réalité. Il a déjà changé de discours. Le roi de la « télé réalité » n’a pas son pareil  pour changer de pied.  Dans son discours de nouveau président, il a changé diamétralement de ton à l’égard de sa concurrente qu’il traînait naguère dans la boue. Comme Reagan dont l’élection avait été l’objet de quolibets sur son incompétence, et qui s'était révélé ensuite un bon président, peut-être y aura-t-il une surprise Trump ? Cependant son programme, s’il est appliqué peut provoquer bien des dégâts. Si on se demande encore s'il y aura un « hard Brexit » ou un « soft Brexit », il ne peut y avoir qu'un « hard Trump ». Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n'a jamais été soft pendant sa campagne et on voit mal comment il pourrait le devenir alors qu'il devient le maître du monde. D’autant plus qu’il a remporté non seulement l’élection présidentielle  mais obtient en sus la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. Il pourra gouverner avec les deux chambres et disposera donc de tous les pouvoirs. L'Europe a déjà du mal à se faire  à l'idée de quatre ans de présidence Trump. Sa victoire doit être vue côté européen comme une très grande urgence maintenant pour nous de prendre en main notre propre destin, notre propre défense et donc notre propre politique étrangère. Nous n’avons que trop tardé, il faut rattraper ce retard. Le contraire de ce qui réjouit MLP. Les Mexicains verront peut-être s’ériger le mur de six mètres de haut le long de leur frontière. Quant au Canada, il va devoir réfléchir à la nécessité de construire son mur, lui aussi, tant le flot de « migrants » américains risque de le submerger.

Conclusion (provisoire).

Ce qui s’est passé aux Etats-Unis dans la nuit de mardi à mercredi est sans précédent. Il ne s’agit pas seulement d’un changement de majorité, il s’agit aussi du basculement d’un peuple de 330 millions d’habitants dans une orientation politique inédite et aventureuse. Les solides institutions américaines sont maintenant au service d’une vision originale, mais qui reste aussi inquiétante aujourd’hui que lorsqu’elle était énoncée pendant la campagne électorale. Donald Trump a prouvé des centaines de fois qu’il était imprévisible et bien que l’exercice du pouvoir soit de nature à le normaliser, on peut craindre qu’il mette en oeuvre les idées, souvent inapplicables, qu’il n’a cessé d’exposer.

Sa victoire est une surprise pour le monde entier. Des politologues très sérieux, d’excellents experts de la politique intérieure américaine, l’ensemble des gouvernements européens, ceux du Proche-Orient et de l’Asie, notamment du Japon, n’ont pas cru qu’elle fût possible. Elle reste aussi une humiliation pour le parti démocrate, pour son électorat, pour la presse et les sondeurs. Tous souhaitaient le succès de Hillary Clinton, peut-être parce qu’elle appartenait au monde connu. Alors, si une erreur d’analyse a été commise, elle est partagée par des centaines de millions de personnes. A un détail près quand même, toute l’Amérique n’est pas derrière le vainqueur, loin s’en faut, malgré sa défaite Hillary Clinton a fait 180 000 voix de plus que lui, ce qui peut générer une hostilité dans la rue,  compte tenu de la violence de la campagne. Il n’empêche, tout le  monde est saisi d’inquiétude, et même d’angoisse, comme en témoigne les titres de la presse en France. Donald Trump a tout à fait le droit de savourer son triomphe, celui-ci n’en est pas moins perçu comme un désastre.

L’argument de la colère n’est guère convaincant, parce que s’il existe un pays plein d’opportunités, où tout le monde peut se faire encore une place au soleil, c’est bien l’Amérique que laisse Obama. Non, ce n’est pas la colère du peuple qui a triomphé de la sagesse conventionnelle. C’est le populisme qui profite de la fragilité des démocraties. C’est la liberté, qui permet à chacun de jeter son bonnet par-dessus les moulins, la liberté d’un Trump qui a pu dire tout et n’importe quoi pour l’emporter, cette liberté des électeurs qui votent non en fonction d’une analyse, mais de leurs émotions. La démocratie de Madame Michu, en quelque sorte, celle du peuple contre les élites, celle qui proclame la supériorité de l’électeur sur l’élu… Le peuple le veut, courbons l’échine ! C’est toujours comme  cela que se terminent les expériences populistes. 

Voilà une leçon que les Français feraient bien de méditer pour 2017 avant de voter Macron ou Le Pen ...

 

 


IL FAUT LE SAVOIR …

Fin du monde tintin

 

Souriez, détendez-vous, on est dimanche !

PAUVRE CROISSANCE !

Alors que l'Allemagne annonce qu'elle va distribuer au moins 6 milliards d'euros dès le début de l'année à ses contribuables, et ce ne sera qu'un début, la France accumule les mauvaises nouvelles. Le gouvernement a enfin admis que la croissance n'atteindra pas les 1.5%. L'Insee annonce même 1.3%. Mais surtout ne changeons rien, Sapin-les-bas-roses est confiant !

PAUVRE DEMOCRATIE !

La présidente du Front National, Marine Le Pen, progresse dans les intentions de vote au premier de tour de l'élection présidentielle dans les trois fonctions publiques, souligne une étude du Cevipof qui a comparé l'évolution entre le début d'année et septembre 2016. A l'autre bout de l'échiquier, Jean-Luc Mélenchon progresse lui aussi.

PAUVRE AUTOMOBILISTE ! 

Les recettes issues du contrôle automatique des radars atteindront un niveau record l’an prochain à 844 millions d’euros. Le nombre des engins va augmenter pour enrayer la hausse des morts sur la route : 4.700 prévus pour 2018. Les radars vont fleurir au bord des routes, comme coquelicot au printemps.

PAUVRE MACRON !

Les cars « Macron » devaient créer 22 000 emplois. On en compte à ce jour 1340 seulement. Et les trois opérateurs longue distance encore vivants ( Flixbus, Ouibus, Isilines) accumulent les pertes. Cela donne une idée de l’efficacité des promesses qu’il peut faire.

 PAUVRE JUSTICE !

Selon un rapport qui vient d'être publié par le Conseil de l'Europe, sur les systèmes judiciaires européens, la France est le pays d'Europe dans lequel les magistrats du parquet doivent supporter la plus grande charge de travail : avec 10,5 juges professionnels pour 100.000 habitants et un budget dédié au système judiciaire de 64 euros par habitant. Elle fait partie des quatre pays où les procureurs cumulent l'ensemble des tâches susceptibles d'incomber aux magistrats du parquet, de la supervision des enquêtes de police au pouvoir de classer une affaire pénale ou de négocier une sanction en passant par son rôle dans les procédures civiles et administratives ; mais avec seulement 2,8 procureurs pour 100.000 habitants. Et on s’étonne que ça dysfonctionne !

PAUVRE JACK !

L'ancien ministre de la Culture est décidément bien chouchouté par le pouvoir. Nommé en 2013 à la tête de l'Institut du Monde Arabe, avec un salaire de 10 000 euros par mois, Jack Lang vient d'obtenir une nouvelle faveur de la part de François Hollande (dixit le Canard enchaîné) : des bureaux dans le somptueux hôtel de Marigny, un hôtel particulier proche de l'Elysée et qui appartenait autrefois à la famille Rothschild. Jack ne pourra plus critiquer. Et ne pourra que soutenir le sortant. Passe-moi la rhubarbe …

PAUVRE FINANCE !

Pauvre, c’est le cas de le dire : le niveau de la dette mondiale a atteint un record avec un montant de 152 000 milliards de dollars. C’est le dernier rapport du FMI qui le dit. On ne s’étonnera pas qu’il tire la sonnette d’alarme sur une dette qui représente 225% de l’économie mondiale !! (C'est plus de deux fois la taille de l'économie mondiale). Le FMI n’arrête plus de s’alarmer. Il avait pointé il y a quelques jours la faiblesse de la croissance mondiale surtout dans les pays développés, puis il a dénoncé les dangers de la montée du populisme, des élections aux États-Unis et du Brexit. On broie du noir chez Christine !

PAUVRE MONDE DEVELOPPE !

Ce chiffre de la dette mondiale devrait nous empêcher de dormir. Le problème que souligne le FMI est triple. Tout d'abord cet océan de dettes qui recouvre la Terre n'a pas relancé l'économie. D'autre part, une dette, normalement, ça se rembourse. Mais comment le faire quand elle est deux fois plus gosse que l'économie mondiale ? Et que se passera-t-il si les taux devaient remonter ? Enfin, cette dette est concentrée dans les pays développés, justement où les taux sont très bas. Seule exception significative : la Chine. Et ça, ça devrait faire réfléchir ! On comprend que le FMI soit inquiet, très inquiet même !

PAUVRE UKIP !

Une photo a fait la une de toute la presse anglo-saxonne et des réseaux sociaux. On y voit un homme gisant inconscient face contre terre sur le sol du Parlement Européen. C’est Steven Woolfe, le favori à la succession de celle qui n'a remplacé que quelques jours Nigel Farage, le dirigeant historique de UKIP. Une bagarre a eu lieu au Parlement entre Woolfe et un autre député européen à cause d'un rapprochement éventuel avec les conservateurs de Theresa May. On savait qu’à UKIP on utilise des arguments frappants.

PAUVRE TRUMP !

Il est en passe de réussir son pari : ne pas être élu aux élections américaines mais, malgré ses obscénités, fédérer la classe moyenne blanche américaine, qui sera prête à consommer un média anti-Clinton pendant 4 ans, un média sous marque « Trump », of course. The loser will be the winner. Avec Trump, il y a toujours moyen de gagner des dollars même avec une défaite, c’est d’ailleurs sa spécialité.

 


LES ETATS-UNIS ENTRE GAUCHISME ET POPULISME

Bernie Sanders   Hillary Clinton   Donald Trump

 

L’Amérique change de visage. Déjà, elle avait élu Barak Obama, c’était un signe d’évolution mais ce n’était pas un changement en profondeur tant le président noir avait les codes de la société traditionnelle américaine incarnée pendant des décennies par les WASP (White Anglo-Saxon Protestant). L’évolution démographique – les latinos sont désormais plus nombreux que les blancs- et la crise de 2008 ont modifié à la fois la sociologie électorale et les mentalités.

Des primaires plus démocratiques qu’on ne le pense.

La campagne des primaires est un révélateur de ces transformations. Derrière le « barnum » des « super Tuesdays » et autres « caucus », il y a bien un processus démocratique dans le déroulement de la consultation : innombrables meetings, centaines de débats, multiples rapports, commentaires, sans compter les heures consacrées par les médias aux analystes de tout poil. Mais cette fois, les primaires ont pris une tonalité différente : le fait que Donald Trump  écrase tous ses rivaux du côté Républicain et qu’Hillary Clinton soit bousculée par un Bernie Sanders rendent visibles le désarroi d’une Amérique mutante. Les citoyens ont envie de participer, d’entendre les candidats et aussi de se faire entendre d’eux. On découvre ainsi une défiance à l’égard de « l’establishment » et des candidats qui le représentent beaucoup plus forte que les fois précédentes.

La percée populiste de Trump.

Déjà, on avait vu le Parti Républicain traversé par le courant ultra conservateur du « Tea Party ». Cette fois-ci, ce sont les candidats de l’élite du parti qui ont été éliminés ou mis à l’écart. Ainsi le troisième représentant de la dynastie Bush, Jeb, a dépensé 140 millions de dollars pour rien, il a dû jeter l’éponge, Marco Rubio s’est retiré et si Ted Cruz reste en course, ses chances s’amenuisent au fil des élections. Son profil d’ultra conservateur ne lui permet pas de rassembler. Donald Trump s’est taillé un boulevard malgré le « Tout Sauf Trump » qui continue parmi les cadres du Great Old Party. Il surfe sur l’énorme frustration économique, la misère aussi, et sur une classe moyenne qui tremble devant la menace d’un déclassement social et se sent abandonnée ou oubliée par les élites. A chaque primaire, son avance se confirme, malgré ses outrances et ses erreurs. Il est le symptôme d'un mal américain qu'on ne peut pas ignorer : la peur de perdre son identité. « América first ! »

Le glissement à gauche des « démocrates ».

Côté démocrate, Sanders est le grand gagnant. La nomination comme candidat lui échappera sans doute, mais une étude de Harvard attribue au sénateur du Vermont la « gauchisation » radicale des opinions politiques des jeunes Américains (18-29 ans) : 45% se prononcent pour davantage de dépenses publiques pour réduire la pauvreté, 51% se disent opposés au capitalisme et 33% se déclarent même « socialistes ». Cette évolution est à prendre au sérieux et marque un tournant important de ce que l’on pourrait appeler la « gauche » américaine. En effet, cette génération des « millenials » est en train de remplacer celle des baby-boomers comme fraction numériquement la plus importante de la population des Etats-Unis et leur domination continuera à augmenter jusqu'en 2030 où ils représenteront un adulte sur trois.

La défiance des élites et des institutions.

Une grande partie des Américains a le sentiment que les actions de Washington ne se décident pas en fonction du bien commun, mais dans l’intérêt particulier des plus privilégiés. Ce sentiment explique beaucoup de choses, et notamment les grandes difficultés rencontrées par Hillary Clinton. Il est annonciateur de changements idéologiques dans la société US. Bernie Sander a longtemps été  considéré comme une « curiosité » de la vie politique que l’on expliquait par son origine : élu du Vermont, état classé le plus à gauche des Etats-Unis. Son langage clair et simple, assis sur des propositions précises et concrètes pour résoudre les problèmes économiques et les demandes sociales urgentes, lui assure le soutien massif des jeunes générations. Un discours qui fait écho à l’inégale répartition des richesses, à l’évasion fiscale ressentie comme intolérable et qui propose de s’occuper davantage des équipements collectifs. De quoi compliquer sérieusement l’action d’Hillary Clinton plus en phase avec la stratégie dite du « recentrage » chère à Bill Clinton et qui lui avait valu son succès. Mais l’Amérique n’est plus la même et le contexte idéologique laissé par la crise a profondément changé.

D’un côté la perte d’identité fait le succès de Donald Trump, de l’autre la peur du déclassement social favorise la « renaissance » d’une gauche affirmée.


MONDE A LA DERIVE CHERCHE LEADER(S)

Bagarre_village_gaulois

 

Le monde actuel va mal. Quel que soit le côté où l’on se tourne, ce n’est qu’incertitude, difficulté et pessimisme. J’entends déjà votre reproche : « Daniel, arrête de jouer les Cassandre ! ». Mais que voulez-vous, je n’y peux rien si la réalité est ce qu’elle est. La preuve par l’observation : faisons un petit tour d’horizon.

Les menaces qui pèsent sur la croissance mondiale

On en compte au moins quatre : la transition économique de la Chine pèse sur les échanges internationaux parce que son gouvernement peine à maitriser les mutations que génère le passage du modèle tourné vers l’export à celui de la consommation intérieur ; les pays émergents sont menacés d’un retrait massif des capitaux internationaux, soit parce qu’ils dépendent trop de leurs matières premières dont les prix chutent, soit parce qu’ils sont en crise politique comme le Brésil ; de nombreux pays en développement sont déstabilisés durablement par la volatilité des marchés financiers et connaissent une récession ; enfin, la plupart des pays développés dont l’Europe et le japon, affichent une croissance faible et restent au bord de la déflation. Ces menaces ont été rappelées par Christine Lagarde, présidente du FMI.

L’arrêt de la globalisation

La conjonction de tous ces facteurs, s’ils intervenaient au même moment comme cela semble se profiler,  pourrait entraîner un mouvement inverse de celui de la « mondialisation ». Ce phénomène de repli sur soi généralisé serait peut-être loué par les apôtres populistes mais serait en réalité une véritable catastrophe pour notre planète. En effet, la plupart des économistes s’accordent sur le constat que l’ouverture généralisée des frontières a permis à près d’un milliard d’êtres humains de sortir de l’extrême pauvreté. Cela n’empêchera pas le spectre d’une crise financière mondiale de hanter tous les esprits. Car les systèmes bancaires de plus en plus interconnectés, les mouvements de capitaux dont la taille n'a cessé de croître et qui sont devenus plus volatils, les acteurs non bancaires du type fonds de gestion, « hedge funds », compagnies d'assurances, centres offshore, sans parler du marché parallèle des « bitcoins »,  gagnent en importance mais avec une distorsion de l’impact sur l’économie réelle par la création de « bulles »: toutes ces évolutions multiplient les risques encourus par l'économie mondiale. Tant et si bien que certains économistes prédisent une nouvelle crise encore plus dévastatrice que celle de 2008, alors que les efforts de régulation ont été engagés mais ne sont pas à la hauteur.

L’absence généralisée de leaderships

A ce climat, viennent s’ajouter trois risques supplémentaires majeurs. Le premier, c’est l’élection américaine. La course de Donald Trump est à cet égard préoccupante. On sait, en effet, que son élection serait le signal d’un repli des USA sur eux-mêmes, tant le discours qu’il développe est ultra protectionniste. Un repli qui se ferait évidemment aux dépends du reste du monde, puisqu’il s’agit d’exacerber la puissance américaine contre tous les autres. Le second risque, c’est l’Europe. On voit bien partout les causes d’immobilisme ou de stagnation : une Espagne paralysée qui doit retourner aux urnes, un Portugal qui recule avec son gouvernement de coalition de gauche, la Grèce qui nous refait le coup du chantage comme tous les dix-huit mois et qui en est encore à faire les fonds de tiroir pour payer ses fonctionnaires, la menace du Brexit qui serait une catastrophe pour la deuxième économie de l’UE s’il se réalisait et pour tous les autres partenaires, le climat des affaires qui se dégrade en Allemagne… Et je ne parle pas de la France, puisqu’il parait qu’elle va mieux (je plaisante). Le dernier risque auquel nous devons faire face, c’est la crise migratoire à quoi on peut associer les tensions religieuses et l’explosion du terrorisme, et le repli identitaire qu’elles déclenchent partout. La dernière élection en Autriche n’envoie pas un signal réconfortant. La fermeture progressive de toutes les frontières serait un formidable frein au développement. Et dans aucun pays, il n’y a un leader qui s’impose avec une vue d’ensemble, et encore moins au niveau continental voire mondial. Le monde court au désordre et il n’y a personne pour prendre les décisions qui l’empêcherait.

Une triple conjonction

Imaginons ce que pourrait produire une déconnection Nord-Sud, associée à une balkanisation de l’Europe et une démondialisation liée au double repli américain et chinois ! Imaginons ce que produiraient les replis de capitaux, la guerre des monnaies qui ne manquerait pas de s’en suivre, et les désastres en chaine amplifiés par les réseaux connectés. Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne : les pays émergents n'ont pas accès à tous les instruments financiers de défense et surtout, ils n'ont pas le privilège d'émettre une monnaie de réserve internationale à l'instar des Etats-Unis, des membres de la zone euro et du Japon. Sans parler de la Chine qui ne se laissera pas faire. Sans parler de la Russie, des pays du golfe….

Heureusement, ce n’est pas parce qu’une catastrophe est prévisible qu’elle se réalisera. Comme dirait l’autre : « les prières sont les bienvenues ». Et avec la chance qu’on a, la droite pourrait bien reprendre le pouvoir au pire moment. On mesurera alors amèrement le temps perdu pendant cinq ans pour mettre nos finances d’équerre quand « la conjonction des planètes était favorable ».

 


POUR ROUSSEF L’AVENIR SENT LE ROUSSI !

Dilma Rousseff

Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, s'est rapprochée un peu plus de la sortie depuis que le Parti centriste qui était dans la coalition gouvernementale a préféré quitter le navire. D'autres petits partis pourraient suivre d’autant plus que de nouvelles procédures de destitution ont été lancées. La présidente va encore essayer de tenir, puis elle tentera probablement de passer le bâton du pouvoir à un autre éléphant de son parti tout autant impliqué dans les affaires de corruption. Le Brésil n'est donc pas sorti de l'ornière.

L’affaire Petrobras.

La fièvre était un peu retombée avec le carnaval. Elle est remontée depuis et les manifestations se multiplient, réclamant la démission de Dilma Roussef, sous le coup d’une procédure « d’impeachement » pour  ses compromissions dans les affaires du géant pétrolier Petrobras. L’implication de l’ancien président Lula, qu’elle a appelé près d’elle au gouvernement pour lui faire bénéficier de l’immunité, a mis le feu aux poudres. Il a été interpellé manu militari par la police fédérale car il est soupçonné d’avoir touché des avantages en nature de la part des entreprises impliquées dans le vaste scandale de corruption autour du pétrolier. Il n’aurait pas déclaré être le propriétaire d’une grande maison de campagne et d’un appartement à la plage.. Ce dernier nie tout en bloc et crie à la persécution, sachant fort bien que ses partisans encore nombreux crieront « touche pas à Lula ! ». Néanmoins le parquet a ouvert des poursuites judiciaires contre lui. Etre de gauche et mettre la main dans le pot de confiture, est-ce possible ? Luchini a bien raison de dire qu’être « de gauche », c’est du boulot !

Un feuilleton judiciaire.

La suspension, par un juge du Tribunal suprême fédéral, de la nomination de l’ancien président Lula à la Casa civil du gouvernement, un rôle équivalent à celui de Premier Ministre, pour « obstruction à des procédures judiciaires », illustre bien la crise institutionnelle que traverse le Brésil. Une grande défiance s’est installée entre les juges et l’opinion vis-à-vis de la classe politique soupçonnée de corruption, doublée d’une défiance du Parlement vis-à-vis de l’exécutif, incarné par Dilma Rousseff en raison de la procédure de destitution engagée contre elle. Une procédure qui s’annonce longue et incertaine. Il faudra quinze sessions de la commission spéciale composée de  soixante-cinq parlementaires, qui soumettra un rapport à l’assemblée plénières du Congrès des députés, une majorité des deux tiers étant requise pour mettre en accusation et saisir le Sénat … Un vote des eux tiers des Sénateurs serait ensuite nécessaire pour une destitution. On n’est pas rendu au bout.

La coalition se délite.

Le mariage de raison contracté en 2003 entre le parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) et le parti de Lula et Dilma Rousseff, vient de finir par un divorce. Le PMDB a décidé de claquer la porte du gouvernement. Ce parti qui a été de tous les gouvernements depuis trente ans avait réussi à imposer son leader, Michel Temer, comme bras droit de la présidente et sa désaffection pourrait en hâter la chute. Dans un système avec plus de trente-trois partis représentés au Parlement, la capacité à faire émerger une nouvelle majorité s’avère compliquée. Plusieurs petits partis devraient néanmoins suivre le mouvement, devant l’ampleur de la crise. Mais le calcul du PMDB s’explique surtout par l’approche des élections municipales dans sept mois, les maires sortants ne voulant plus être associés au gouvernement alors que la crise économique a des effets dévastateurs. Et surtout, en cas de destitution de Dilma Rousseff, c’est Michel Temer, actuel Vice-Président, qui devrait hériter du poste.

Une course de vitesse.

Mais il lui faut pour cela accélérer le vote au Congrès. En effet, le Tribunal suprême électoral est saisi d’une plainte déposée par le Parti de la Social-Démocratie Brésilienne (PSDB), opposition de droite. Celui-ci dénonce des financements illégaux dans la campagne de l’actuelle présidente, et si le Tribunal qui examine les comptes annulait l’élection, elle annulerait aussi  celle de Michel Temer par contrecoup. Le PMDB a voté la sortie du gouvernement et ses ministres devront le quitter avant le 12 avril, sauf Michel Temer qui sera le seul à s’y maintenir en attendant que la commission parlementaire propose la destitution de la présidente. On y verra plus clair fin avril.

 


RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE !

Draghi

 

C’est le dernier scénario mis en place par Mario Draghi, dit « Super Mario », avec les dernières décisions prises par la BCE, annonçant des mesures très agressives qui vont bien au-delà des attentes du marché. Rappelons l’intérêt supposé de cette politique « non conventionnelle » : il s’agit d’abaisser les taux d’intérêts quasiment à zéro, et cette fois-ci on y est, et de créer massivement de la monnaie par  « Quantitative Easing » (assouplissement quantitatif) pour empêcher les faillites de banques, re-solvabiliser les Etats surendettés et stimuler la reprise, avec un objectif de sortir de la déflation. La BCE a donc décidé la semaine dernière une politique de taux de refinancement amené à zéro, de taux sur les dépôts enfoncé en territoire négatif, de rachats d’actifs en quantité toujours plus importante… Des décisions sévèrement critiquées par la presse allemande.

Des politique monétaires discutables.

Car, en effet, il y a tout juste un an, la BCE lançait son programme de rachat de dettes souveraines dans le but de faire remonter l'inflation et de booster l'économie. Force est de constater qu’un an plus tard, le bilan est plus que mitigé. La planche à billets a peut-être permis d'éviter la spirale de la déflation, mais l'inflation est toujours aussi basse et l'économie est restée très molle. De quoi jeter le doute sur l'efficacité de ces politiques monétaires. On se souvient également du flop de la Banque centrale japonaise après la mise en place de taux négatifs. Alors bien sûr, à l'annonce de ces dernières décisions massives, les marchés se sont envolés, l'euro s'est effondré. Mais quelques minutes plus tard, l'euro rebondissait violemment et les indices boursiers rechutaient. Ce qui veut dire que les marchés eux-mêmes doutent de l'efficacité des politiques des banques centrales. L’arme monétaire, c’est comme un antibiotique : il ne faut s’en servir que sur de courtes périodes. Sinon, on perd l’effet potion magique. Non seulement le malade ne guérit pas, mais il peut subir de graves effets secondaires ! En effet, en entretenant ces brutales oscillations des marchés, à la hausse comme à la baisse, les banquiers centraux découragent l’investissement dans les actifs risqués, notamment les actions ou les obligations d’entreprises. Ils n’incitent pas non plus les Etats – drogués à l’argent bon marché – à se désendetter. Et les gouvernements ne font pas les réformes structurelles qui permettraient de relancer la croissance et l’emploi.

Peu d’effets bénéfiques.

On a fini par s’apercevoir que les taux négatifs, ce n'était pas normal, et surtout que leur effet à long terme pouvait être destructeur. Des grands patrons de banques commerciales européennes ont déclaré qu'ils ne pourraient pas supporter longtemps les taux négatifs. Pour l'instant ces taux ne peuvent pas être répercutés aux dépôts des clients mais cette situation est intenable. D’autant plus que cela nuit à la profitabilité des banques et donc la survie de leur modèle est mis en péril. On voit bien que la magie des banques centrales n'opère plus, ce dont on se doutait depuis quelques semaines. Mais elle permet tout de même de limiter la casse : de fait, les marchés ont rechuté mais ils restent, pour l'instant, à des niveaux de relative stabilité. Le CAC a même repris 13% depuis son niveau le plus bas de l'année. Ce n'est donc pas un échec total pour Mario Draghi. Avec tout ce qu'il a annoncé et ce qu'il pourrait continuer à annoncer si la situation économique se dégradait, les marchés reçoivent quand même une dose de dopage monétaire exceptionnelle. Elle n’est peut-être pas suffisante pour alimenter l'euphorie mais elle permet de rester en lévitation dans des paradis artificiels.

L’assouplissement quantitatif semble inadapté.

Si certains pays, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou l'Allemagne, ont profité de cette manne financière pour s’adapter au nouvel environnement mondial, d'autres comme la France n'ont absolument rien fait. Et quand les mesures exceptionnelles deviennent une habitude, c’est une accoutumance malsaine. Il vaudrait mieux prendre en main notre destin économique. C’est d’autant plus nécessaire que ce type de politique a plus d’inconvénients que d’avantages. Le Japon, qui a poussé l’expansion monétaire à l’extrême, n’a pas vaincu sa déflation… Et l’on voit bien que la BCE n’arrive ni à atteindre son objectif de 2 % d’inflation, ni à faire redémarrer l’économie. Au contraire, les liquidités qu’elle injecte donnent des munitions à la sphère financière, sans profiter à l’économie réelle. Comme les banquiers centraux se trompent de diagnostic, ils appliquent de mauvais remèdes. Ils ont des objectifs d’inflation qui datent des années 1980 quand on stimulait l’économie en ouvrant en grand les vannes de liquidités. Or la croissance faible que l’on connait est due à des problèmes sur lesquels la politique monétaire n’a aucune prise : ralentissement démographique, gains de productivité insuffisants, manque d’investissements dans les nouvelles technologies, inégalité dans la répartition des richesses… Mais plus cette politique laxiste dure, plus il sera difficile d’en sortir.

Les marchés restent fébriles.

L'autre élément intéressant de ces derniers jours, c'est l'importance du pétrole pour les marchés. Celui-ci se maintient pour l'instant autour de 40 dollars et tant qu'il ne rechute pas les marchés trouvent là aussi un point de stabilisation. Après la BCE, les marchés vont attendre probablement les annonces de la Banque centrale américaine dont ils espèrent qu'elle va donner des indications sur le fait qu'elle va continuer à relever ses taux… ou pas. Et la prochaine tendance des marchés sera déterminée par les indicateurs économiques. Et en particulier ceux des américains. Alors la panique du début 2016 va-t-elle devenir un lointain souvenir ? Il ne faut pas trop rêver : les problèmes fondamentaux demeurent. Malgré les projections à 5 ans de la croissance chinoise,  la Chine est toujours en phase de transition économique majeure. Malgré la trêve décidée par l'Arabie Saoudite, le pétrole, et les matières premières en général demeurent en surplus. Et surtout, l'économie mondiale ne montre aucun signe de rebond. Il ne faut  donc pas s’étonner si les doutes sur l'efficacité des interventions des banques centrales sont de plus en plus vifs. D’ailleurs, la Banque des Règlements Internationaux vient de lancer un cri d'alarme sur les conséquences néfastes des taux négatifs.

La BCE a créé une bulle obligataire, avec des taux s’intérêt à long terme anormalement bas. Le jour où cette bulle éclatera –comme avec un retour de l’inflation dû à une brutale remontée du prix du pétrole – les dégâts seront effroyables. Les emprunteurs, à commencer par les états, seront insolvables. Quant aux prêteurs, banques et assurances, ils encaisseraient des pertes considérables en capital. Beaucoup se retrouveraient alors en cessation de paiements. On comprend que les Allemands aient la dent dure, d’autant plus que, à elle seule, la politique des taux d’intérêt bas n’a quasiment rien rapporté, fragilise les banques et ruine les épargnants !

Personne ne sait vraiment sur quoi peut déboucher la politique actuelle, en dehors de la catastrophe, ce qui est le plus facile à envisager !

 


LE T.A.F.T.A.

Tafta

 

A ne pas confondre avec le taffetas, cette jolie étoffe de soie qu’on utilise encore en ameublement et en confection. Rien à voir donc avec le « Tafta » qui est l’acronyme pour désigner le « traité transatlantique » en cours de négociation entre les Etats-Unis et l’Union Européenne. Encore que son éléboration relève du « tissage » laborieux. Le « Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) » surnommé « Tafta (Transatlantic Free Trade agreement) » par ses détracteurs, est un projet de zone de libre-échange lancé début 2013 par Barack Obama et les dirigeants de l’Union européenne, José Manuel Barroso et Herman Von Rompuy, avec le soutien des 27 Etats-membres européens (qui sont maintenant 28). L’objectif est de libéraliser au maximum le commerce entre les deux rives de l’Atlantique, en réduisant les droits de douane et les « barrières réglementaires », c’est-à-dire les différences de réglementations qui empêchent l’Europe et les Etats-Unis de s’échanger tous leurs produits et services, et qui génèrent des coûts supplémentaires.

La plus grande zone de libre-échange du monde.

Les négociations sur la plus grande zone de libre-échange du monde ont repris à la fin du mois de février. C’est le douzième round. Bruxelles et Washington affirment vouloir aboutir avant la fin de cette année. Ce dont on peut douter. D’une part à cause de la présidentielle américaine et d’autre part parce que des « lignes rouges » ont été fixées de part et d’autre qui compliquent terriblement le calendrier. En clair, l’enjeu est de lever tous les obstacles, tarifaires et non-tarifaires et au-delà, d’influer sur les normes internationales de demain… en faisant barrage au passage à l’empire chinois. Tout cela est bien joli, mais quand on aborde le concret, l’affaire s’avère très complexe et suscite bien des crispations. Les ONG, les syndicats, des politiques s’inquiètent et agitent le chiffon rouge, dénoncent les risques d’abaissement des normes sociales et environnementales. De là à faire de l’Oncle Sam un ogre qui veut tout dévorer avec ses multinationales, il n’y a qu’un pas que certains franchissent vite, et vous promettent force malbouffe et mort de nos PME… la Commissaire européenne en charge des négociations s’emploie à rassurer les consommateurs européens sans trouver beaucoup d’appuis auprès des gouvernements peu désireux de communiquer sur le sujet.

Des négociations denses et difficiles.

Il est vrai que les négociations butent sur plusieurs dossiers, tant les lobbys de part et d’autre sont actifs pour protéger leurs pré carré. « Sans un réel accès aux marchés publics américains, nous ne signerons pas ! » proclamait encore il y a quelques jours notre Secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl. Malgré les déclarations optimistes des négociateurs, cinq gros dossiers n’ont toujours pas abouti : la fin des barrières douanières tarifaires, la convergence des normes réglementaires, l’ouverture des marchés publics américains, la combat pour la protection des indications géographiques, la réglementation des litiges entre Etats et investisseurs. Ce serait fastidieux d’entrer dans le détail. Retenons que l’Europe n’est pas prête à se laisser imposer par les Etats-Unis n’importe quelles conditions. La question agricole fâche, la mise en oeuvre de normes communes est un véritable casse-tête, les américains freinent sur l’ouverture de leurs marchés publics au nom du « Buy American Act » sur le respect duquel le Congrès est très vigilant, pour la France la reconnaissance des « AOC » européenne est un impératif et pas seulement pour les vins, et elle est suivie par l’Espagne et l’Italie, enfin le projet de mécanisme d’arbitrage entre investisseurs et Etats a fait l’objet d’une telle levée de boucliers en France et en Allemagne que Bruxelles a suspendu sa négociation.

L’absence de transparence alimente tous les fantasmes.

En plus le manque de transparence est une constante de la négociation. D’un certain point de vue, cela se comprend. Les points abordés sont ardus et il faut éviter les fuites génératrices d‘informations fausses parce que prématurées. Sous la pression de Paris et de Berlin, les états membres ont obtenu la possibilité  de consulter les documents dans les capitales européennes au lieu de Bruxelles. Une bien piètre avancée tant les conditions d’accès au document sont compliquées. Et le seul document disponible que les députés peuvent consulter concerne le 10ème round qui date de juillet 2015. Rien sur celui de Miami, qualifié de « très important », qui a eu lieu en décembre dernier. Et évidemment, cette absence laisse libre court à tous les fantasmes. La faiblesse de nos gouvernants actuels n’est pas faite pour les calmer.

C’est vrai qu’avec l’Europe dans l’état de segmentation qu’elle connait actuellement, on peut avoir des raisons de craindre qu’elle plie devant le rouleau compresseur des lobbys américains.

 


LE XXIème SIECLE EST UNE PROMESSE

Internet

 

Eh bien non, l’avenir n’est pas lugubre !

L’économie mondiale a de beaux jours devant elle. Ses deux moteurs, la démographie et le progrès technique, vont nécessairement déboucher sur une période de prospérité. La population mondiale va passer de 6 à 10 milliards d’habitants ce qui ne peut qu’augmenter la demande qu’il faudra satisfaire. Quant à la technique, avec l’économie numérique, elle va apporter des réponses qui vont bouleverser les services, la production des biens d’équipement, et concerneront aussi des secteurs vitaux comme la santé et l’éducation. Ce n’est pas un hasard si les entreprises multimilliardaires sont issues du numérique comme Amazon, Facebook, Google… et portent la croissance de la bourse américaine. C’est un bouleversement du temps et de l’espace qui met déjà à la portée du consommateur mondial le marché de la concurrence, universel et instantané. Nous sommes entrés dans le monde du XXIème siècle qui est un monde de demandes et d’offres mondiales.

Les turpitudes du monde actuel nous empêchent de voir la réalité.

La politique des banques centrales, la croissance chinoise et la stratégie des saoudiens sur le marché pétrolier obnubilent les observateurs. Or on s’aperçoit que la marge de manœuvre des banquiers centraux devient nulle,  que les marchés fantasment sur l’effondrement de l’économie chinoise qui en fait se stabilise en changeant logiquement de modèle de croissance,  que les bourses s’affolent au moindre écart du prix du pétrole provoqué par la volonté du régime saoudien de tuer l’ours russe, le revenant iranien et l’ami américain. Chacun de ces phénomènes connaitra sa fin même s’ils créent des désordres non négligeables actuellement, comme le montrent l’essoufflement des locomotives mondiales Etats-Unis et Chine, la panne de croissance des BRICS (Brésil, Russie…), l’atonie de l’Europe qui doit se débattre avec les migrants et le Brexit… Et les marchés toujours myopes et abreuvés par la sorcellerie financière, ne voient plus les fondamentaux décrits ci-dessus.

La troisième révolution industrielle.

Depuis les années 80, nous sommes en train de vivre une nouvelle révolution qui a commencé à transformer, d’abord modestement puis de plus en plus rapidement toutes nos activités. On nous annonce, comme toujours, les catastrophes que produiront les effets de la digitalisation et de la robotisation sur la croissance et l’emploi. Et pourtant, il y a gros à parier, que cette troisième révolution, s’appuyant sur les fondamentaux du monde, population associée au progrès technique, loin de détruire l’emploi et la croissance, débouchera sur une longue période de prospérité. Elle repose sur de nouvelles sources d’énergie verte telles que l’éolien, le photovoltaïque, la géothermie, la pile à hydrogène, les hydrates de méthane… qui s’organiseront en réseaux de production de stockage et de partage. En même temps, les formes de communication avec le web, permettent de relier le monde entier rendant possible une nouvelle organisation de la vie économique en « réseaux collaboratifs », et les applications Uber, bla-bla car, Airbnb n’en sont que les prémisses.  Le miracle de l’économie numérique se résume en deux formules : « coût marginal zéro »  et « économie du partage ». Le premier permet de tomber dans l’univers du « gratuit »  comme on le voit déjà pour la musique et les logiciels, et on peut imaginer ce que les imprimantes 3D vont pouvoir faire pour les objets matériels. La seconde avec les financements participatifs et les « plates-formes » à l’exemple d’Uber, ouvrent des horizons inédits qui feront disparaître la « rareté » dans presque tous les domaines économiques, comme l’imprimerie l’avait fait pour le livre. L’élévation du niveau de vie dans les pays émergents permet d’anticiper la constitution d’une classe moyenne mondiale passant de 1,8 milliard de personnes à 4,6 milliards au début des années 2030. La population mondiale à moyen et fort pouvoir d’achat passerait de 2 milliards d’individus à 5 milliards, correspondant à l’offre de nouveaux biens et services en train d’émerger.

L’ubérisation du monde est une chance.

Les innovations technologiques ne vont pas anéantir le travail salarié et la croissance. Certes de nombreuses tâches répétitives sont digitalisables, et c’est tant mieux. Mais il s’en faut de beaucoup que tous les métiers le soient. On estime que 45% des tâches pourront être automatisées dans un avenir proche, mais seulement 10% des métiers, ce qui rassure sur la pérennité du travail. Cela ne veut pas dire que tout est simple : un manque de formation et d’adaptation des individus au marché, le manque de flexibilité a pour conséquence la montée du chômage dans les pays qui ne s’adaptent pas. C’est ce que connait la France aujourd’hui. Mais le problème n’a rien de structurel ni d’irréversible… enfin pas tant que nous aurons les guignols actuellement au pouvoir. Ils ne peuvent empêcher les innovations technologiques de s’imposer, comme on le voit avec le conflit entre les taxis et les VTC d’Uber.  Et on aurait bien tort, car ce sont les innovations qui tirent la croissance, ce sont elles qui nous tentent par des produits nouveaux, mais qui détruisent aussi au passage des emplois « dépassés ».  Le progrès technique ne détruit pas l’emploi mais le transforme. Il ne sert à rien d’entraver la progression de l’économie des « plates-formes » telles qu’Uber. Car les « plates-formes » vont apporter des gains gigantesques d’efficacité. Il faut les encourager. Nous devrions suivre l’exemple américain qui passe du statut de superpuissance à celui de cyberpuissance. Il y a urgence pour nous d’avoir une politique fiscale, industrielle pour ne pas nous faire voler toutes nos mémoires et leur valeur, mettre en place les machines équivalentes, les programmes, la recherche, et avec eux, les emplois. Or, la politique numérique de l’Union en est encore au bricolage.

La feuille de route des politiques.

Elle devrait être claire : accompagner la transformation des emplois ! C’est le seul moyen de conjurer les peurs françaises qui ne correspondent pas au monde réel. D’ailleurs dans toutes les économies développées le chômage diminue grâce à l’alliance de la flexibilité du marché du travail, d’un système de formation performant et d’une politique macroéconomique orientée vers la croissance. La France est à l’écart avec ses blocages et sa gauche encore dominée par le marxisme. Il n’y a pas de fatalité au chômage, il n’y a que de mauvaises politiques. De nombreux pays européens flirtent avec le plein emploi : l’Autriche (45% des jeunes passent par l’apprentissage), le Danemark, le Royaume-Uni, et de nombreux landers allemands. Ce plein emploi ne s’accompagne pas, comme on voudrait nous le faire croire, d’un accroissement des inégalités et de la pauvreté. L’emploi est potentiellement illimité, mais il est rendu rare par les obstacles que l’on met devant lui. Particulièrement en France : le chemin vers la lumière passe par la réforme du marché du travail, la déconcentration de l’Education nationale, la réduction du périmètre des actions de l’Etat, et sans sombrer dans le libéralisme (mot honni chez nous alors que nous l’avons inventé), libérer l’économie des boulets qui l’empêchent de progresser en baissant les prélèvements obligatoires (45% du PIB), la dépense publique (57,5%) et alléger la bureaucratie législative et réglementaire. La mutation économique doit conduire à une évolution du droit social de même ampleur, en n’oubliant pas que le droit est d’abord là pour protéger le salarié. Les citoyens sont beaucoup plus prêts aux réformes que ceux qui les gouvernent, ils évoluent plus vite que la classe politique. La French Tech est reconnue dans le monde et ne demande qu’à prendre son essor, témoignant de notre capital technologique et intellectuel. Et il existe encore une fraction importante de la population qui croit aux valeurs de la République et est disposée à s’engager pour les faire vivre.

Les clés de l’avenir sont désormais dans la société civile : c’est par la mobilisation des acteurs économiques  que se développera le nouvel entrepreneuriat adapté à la société ouverte. Mais pour cela, il faut désadministrer l’économie, réformer pour ne plus subir. Un programme tout tracé pour les candidats à 2017 !

 


DANS QUEL MONDE SOMMES-NOUS ENTRES ?

Chantier

 

Quelques éléments du baromètre mondial.

Pour ceux qui en doutaient encore, l'Europe s'est installée dans la déflation : moins 0,2% en février. La voilà sur le même chemin que le Japon. Ce n’est pas rassurant car c’est une déflation durable. L'euro a accusé le coup en chutant au-dessous des 1,09 malgré (ou à cause ?) les anticipations d'une intervention musclée de la Banque Centrale Européenne en mars. Certains commencent à douter que Mario Draghi a encore ses super-pouvoirs.

En Chine, à quelques jours de l’ouverture de l’Assemblée nationale populaire qui doit entériner le plan quinquennal 2016-2020, de nouveaux indicateurs dévoilés pour le mois de février montrent que la deuxième économie mondiale continue de ralentir. Voilà qui ne va pas manquer d’inquiéter les investisseurs.

Les Américains, eux, indifférents à la montée de Trump, affichent de bons indicateurs sur la production industrielle, et veulent une relance. Ils ont clairement dit au G20 qu'ils en avaient assez de tirer la croissance mondiale, ils craignent qu’elle finisse par les ralentir.

On attendait le G20 avec impatience.

Le G20 a frôlé le fiasco. Les voix ont été dissonantes, provoquant une déception des marchés. Il a néanmoins permis à chacun des pays d'exprimer sa différence. Mais aucune mesure concrète de relance coordonnée de l’économie mondiale. Ce G20 est probablement le premier d'une longue série car il faudra plusieurs sommets avant qu'on obtienne ces mesures concrètes qui sont inévitables. Tout le monde est conscient qu’une concertation est nécessaire, inévitable même. Mais il faudra du temps faute d’un chef d’orchestre qui entraine derrière lui. Pour tout dire, il manque au G20 un Sarkozy ! Mais où était donc la France ? Faudra-t-il encore plus  de volatilité sur les marchés pour que les dirigeants politiques se mobilisent ? Toujours est-il que le G20 s'était à peine achevé sur le thème : « Ce n'est plus aux banques centrales de booster la croissance mais aux gouvernements », que la Banque centrale chinoise a mis plus de 100 milliards de dollars sur le marché en réduisant les réserves obligatoires des banques. Comme pied de nez aux autres pays, on ne fait pas mieux ! Ce serait drôle si ce n’était pas un signe tragique de chacun pour soi.  

Un nouveau monde éclot peu à peu sous nos yeux.

Nous sommes à un tournant pour l'économie mondiale comme le prouve l'extrême fébrilité des marchés depuis le début d'année. Le monde connait des situations aux effets durables qui bouleversent nos données habituelles et notre perception : vieillissement démographique qui touche l’Europe et le Japon, mais pas seulement, universalisation du capitalisme qui s’affranchit des frontières et des Etats, réveil des empires tels que Chine, Russie, Iran, sous la pression des réflexes nationalistes et des tensions religieuses, transition écologique traduite par la Cop 21 et imposée par les conséquences du réchauffement climatique, sans parler de l’émergence de Daech et de sa terreur panislamique… Il en résulte des crises aigües qui se superposent à l’échelle planétaire : terrorisme, pandémies, catastrophes industrielles, désastres naturels… Et quand une entreprise comme Apple refuse de collaborer avec le FBI pour lutter contre le terrorisme, on comprend que les Etats tels que nous les concevons ne sont plus vraiment opérationnels face à la montée du cybermonde, l’ubérisation des économies ou la percée de l’intelligence artificielle.

Un monde sans puissance(s) dominante(s), voué à lui-même.

Aussi Les Etats sont-ils à la peine pour garantir la paix civile et la souveraineté telle que nous les concevons. D’ailleurs ils sont affaiblis par le surendettement autant que par la fragilité de leurs régimes politiques, notamment les démocraties, plus vulnérables que les dictatures totalitaires. L’Europe est particulièrement concernée. Elle est sous le feu croisé d’un choc déflationniste qui va ruiner les classes moyennes et de menaces intérieures et extérieures –terrorisme et migrations- qui déstabilisent les pouvoirs en place. Les pays  de l’Union voient leurs institutions déligitimées et le populisme se développer. Elle se divise avec la menace de sortie de la Grèce et du Royaume-Uni, au lieu de se renforcer. Même les Etats-Unis n’échappent pas à la règle –on le voit avec le succès de Trump-, en se désengageant du monde, n’ayant plus ni la volonté ni les moyens de dominer le capitalisme et d’assurer la sécurité planétaire.

Et la France continue de sombrer.

En France, le quinquennat de François Hollande fait basculer progressivement le pays dans la révolte sous toutes ses formes. Plus que jamais, l’étatisme connait une crise de légitimité et toute réforme est bloquée par des institutions balkanisées défendant leur pré carré. Face à l’arrogance de l’exécutif avec sa fiscalité confiscatoire, ses dépenses publiques non maitrisées, sa fonction publique privilégiée au détriment des activités privées, la prolifération de ses réglementations jusqu’à la prétention de dicter les comportements individuels, les Français ont commencé par opposer un droit de retrait de citoyenneté en boudant les élections voire en votant pour le Front National pour manifester leur mécontentement. Mais les données sociétales et économiques montrent d’autres formes de révolte : grève des naissances (- 19 000 en 2015) pour riposter à l’attaque en règle menée contre la famille, grève de la production qui stagne pour l’industrie à son niveau de 1994, grève de l’investissement toujours très au-dessous de son niveau d’avant-crise (- 7%), grève de l’emploi marchand figé à son niveau de 2002, grève du dialogue social qui n’a plus aucun sens puisque bloqué systématiquement par les syndicats. Les parents et les enseignants contestent les réformes stupides, les médecins mettent en échec le tiers payant généralisé, les professions agricoles refusent d’appliquer le compte pénibilité, bientôt suivis par les artisans. Chaque année, 80 000 personnes à haut potentiel quittent la France et son enfer fiscal. Le Ministre des Finances se targue de faire revenir quelques dizaines de millions d’euros d’avoirs cachés en Suisse ou ailleurs, mais ce sont près de 300 milliards d’euros de capital productif qui se sont exilés. Les entreprises changent leurs statuts pour pouvoir devenir « européennes » et se réinstaller plus facilement ailleurs dans l’Union… Enfin, il y a les formes plus violentes de contestation  comme le montrent actuellement les professions agricoles, mais aussi les conflits autour des taxis. La France est au bord de la faillite et même de l’implosion. Voilà la réalité. Et elle n’est pas gouvernée, c’est le moins qu’on puisse dire.

Il y a pourtant des signes positifs qui permettent de garder l’espoir. C’est ce qu’on verra dans le prochain billet du bloc-notes.

 


2016 : ETAT DES LIEUX (5) - L'ECONOMIE MONDIALE

Tintin Bonne annee neige

 

QUAND LA CHINE ETERNUE…

… C’est l’économie mondiale qui s’enrhume !

Le ralentissement chinois.

L’effondrement des bourses chinoises a provoqué une belle panique en ce début d’année : mouvements en tous sens des monnaies, forte volatilité des capitaux, cris d’alarme sur l’économie mondiale et annonce d’une nouvelle crise plus violente que celle de 2008… On a constaté comme effet une chute de tous les indices boursiers. Il faut dire que les Chinois nous ont raconté un conte merveilleux pendant 10 ans, celui d'une croissance à 10% alimentée par des exportations et celle de réserves de change énormes qui leur permettraient de s'acheter une partie du monde. En fait, cette croissance était gonflée par des surinvestissements bidons et des dettes colossales. Ils nous racontent maintenant une nouvelle histoire : c'est la transition d’une économie d'exportations et de surinvestissements publics vers une économie de consommation interne à rythme de développement moins rapide, avec l'émergence d'une classe moyenne. Seulement voilà, on ne change pas de modèle sans période d’adaptation. Le changement prend du temps, car il passe par une transition longue et difficile et cela fait bien sept ans que la Chine a pris ce chemin.  La durée de cette période de transition finit par inquiéter. Mais le ralentissement économique de la Chine n’est pas une nouveauté. Pour se relancer, elle va devoir, comme l'ont fait le Japon et l'Europe, laisser filer sa monnaie. La chute boursière n’est qu’un épiphénomène. En fait, elle est surtout due à la libéralisation décidée par le gouvernement chinois qui redonne la possibilité aux investisseurs de vendre librement leurs actions après des mois de contraintes. Quant à l’impact du ralentissement chinois sur la croissance mondiale, il a déjà eu lieu, il ne fait que continuer.

La croissance mondiale sera molle de toute façon.

Le vrai problème de la croissance mondiale date de 2008. La démographie, le poids des dettes et le développement de la technologie, viennent se surajouter au ralentissement chinois  si bien que nous entrons dans un monde d'inflation nulle et de croissance molle durable. Certains décrivent ça comme les effets de la transition vers la nouvelle économie. Celle-ci a déjà fait plonger les matières premières et les marchés émergents. Donc il ne faudra pas compter sur les « BRICS » sauf peut-être l’Inde, pour relancer l’activité. C’est facile à comprendre quand l’un des plus gros consommateurs d’énergie et de matières premières, la Chine, divise par deux ou par trois son taux de croissance. Et forcément tous les autres marchés sont impactés. Il suffit de voir comment le cours actuel du prix du pétrole met en difficulté l’économie de tous les pays producteurs qu’ils soient du golfe persique, russe ou américains du Nord ou du sud. D’autre part, en période de déflation et de croissance lente, la valeur des actifs monte rarement. Or la bourse américaine a triplé depuis 2009 : l’ajustement interviendra à un moment ou un autre, forcément. Une nouvelle secousse est inévitable. Ce qu’on appelle crise est en fait le passage à une nouvelle économie, et l’histoire nous enseigne que cela se fait toujours avec des à-coups et avec une volatilité qui restera forte sur les marchés. Le problème est aggravé par l’incapacité qu’ont certains pays à retrouver un rythme de développement dynamique : le Japon est un bon exemple d’économie plombée par le vieillissement de la population. Il est incapable de se relancer.

Et la France risque le coup de froid.

Christine Lagarde nous a avertis. Il n’y aura pas grand-chose à attendre de la croissance mondiale en 2016. La France va devoir affronter l’année plus faible que jamais. Elle n’a pas mis à profit la conjoncture très favorable constituée par « l’alignement des planètes » pour réduire ses handicaps financiers et se réformer. Les taux bas masquent le poids préoccupant de ses dépenses publiques.  Ils rendent la dette potentiellement explosive en cas de retournement de tendance. Le baril peu cher entretient l’illusion d’une restauration des marges des entreprises et d’une augmentation du pouvoir d’achat des ménages, quand la bataille de la compétitivité est loin d’être gagnée. L’euro faible dope nos exportations, et encore, sans vraiment raviver l’investissement. Face à cet échec avéré, la parade est toute trouvée. Ce sera la faute à la Chine, aux pays émergents, à l’Europe, à la Réserve fédérale, aux attentats… et pour preuve de leur volontarisme, les guignols qui nous gouvernent  pourront bientôt proclamer un état d’urgence économique et social. Mais la vérité est ailleurs. Elle sort de la bouche du ministre de l’Economie : si la croissance ne se décrète pas, elle se prépare, s’entretient et « dépend d’abord de notre volonté ». On avait les Raffarinades, on a maintenant les « Macronneries », nouvelle version des vérités de la Palice ! Le gouvernement s’est trouvé un Tartuffe.

 


LE GRAND BAZAR DU CLIMAT

Cop 21

« 76% des Français ne se sentent pas concernés par la COP 21, 42% pensent que la hausse des températures sera plus agréable pour leurs vacances, 72% pensent que la venue des 150 leaders mondiaux en avion privé polluera trop la planète, et 98% des Franciliens qui travaillent sont furieux. » C’est ainsi que Marc Fiorentino ouvre la semaine sur son blog. De quoi sourire… mais est-il si loin de la vérité ?  Aujourd’hui, dans Le Figaro, à la question du jour : « le réchauffement climatique est-il une priorité ? », 52% des 55 000 qui répondent disent : « non !»

On peut douter en effet que ce grand déploiement fasse avancer le « schmilblick ! »

Les faits ne sont pas contestables : le réchauffement de la Terre entraîne des désordres naturels et économiques, des sècheresses qui menacent la vie de certaines populations ou une élévation de la mer qui pourrait submerger les gens qui vivent sur les îles du Pacifique ou sur des coraux. On pourra discuter sans fin sur les causes et la part que l’on peut attribuer aux activités humaines. De toute façon, il vaut mieux essayer de faire quelque chose. Il est donc grand temps d’agir. On aurait même dû agir beaucoup plus tôt. Mais les difficultés sont considérables : la pollution provient en premier lieu de la démographie. On sait qu’elle va se stabiliser pendant le siècle actuel, mais à un niveau élevé. Les désordres proviennent aussi de l’utilisation massive des énergies fossiles, par lesquelles nous sommes intoxiqués, alors que les alternatives sont loin d’être toutes convaincantes. Ces désordres entrainent des crises politiques, des migrations et de la violence un peu partout dans le monde. Chacun vient au Bourget avec son cahier des charges : les Indiens défendent leur droit au développement, les Chinois leur droit à la croissance, les Saoudiens leur droit au pétrole, les Polonais leur droit au charbon et les Américains leur droit à la liberté d’action.

La COP21 échappera-t-elle au flop que lui promettent tant d’observateurs ?

C’est la question qu’on peut se poser, car la diplomatie, pas plus que la politique, ne repose sur les grands sentiments. L’objectif mondial a été défini. Il reste à l’atteindre. Comme il n’y a pas de vote, les défenseurs de l’environnement devront convaincre tous les gouvernements, ceux qui ont besoin d’être aidés financièrement et ceux qui ne veulent pas que leur développement soit freiné ou diminué par les contraintes écologiques. Ce sera très difficile de contraindre la Chine à se hâter de trouver une alternative au charbon, l’Inde à polluer moins, les monarchies pétrolières à passer à l’énergie solaire et… à exporter moins de pétrole. On ne voit pas comment il sera possible de discipliner tous les États du monde alors que beaucoup d’entre eux, en Afrique et au Proche-Orient, sont absorbés par des conflits bi-ou multilatéraux, quand ils ne sont pas en proie à des guerres civiles. C’est pourquoi, réunir près de deux cents intérêts particuliers, autant que de pays, derrière un seul objectif universel est illusoire, sauf à se réfugier dans la généralité. Ce n’est évidemment pas l’objectif climatique qui est en cause mais la manière de gérer ces défis.

Un objectif doublement ambitieux.

L’objectif de contenir en dessous de 2 degrés le réchauffement et qui plus est par un accord contraignant met la barre bien haut. La conférence paraît bien organisée. La France n’a pas d’argent mais sait recevoir. Par contre, ce qu’on peut voir, c’est à quel point ce barnum a l’air, dès le premier jour, complètement décalé dans un pays qui vient de subir les violences que l’on sait : il fige la vie d’une région pour faire circuler des convois officiels, il nous inonde d’images de ces estrades où s’enchaînent toutes les trois minutes les discours des chefs d’Etat et de gouvernement, il nous impose ces décors grandiloquents et colorés… La démesure ! Et en même temps une vraie machine à créer de la déception.  On est impressionné quand on découvre que les discours des chefs d’État sont limités à un temps si court. Et pourtant tous les orateurs ont souligné l’importance de l’enjeu. Mais derrière les grands mots, chaque Etat s’accroche à ses intérêts propres, chaque dirigeant à son agenda particulier ; on cherche les grands remèdes. C’est le grand risque qui plane sur cette COP21 : montrer aux habitants de la planète que ceux qui les dirigent ne savent pas, ou ne veulent pas, répondre aux défis qu’ils ont eux-mêmes énoncés.

Le pouvoir ne peut même pas compter sur les écologistes.

On a promis aux écologistes qu’on allait mettre l’écologie au premier rang à partir du 30 novembre. En remerciement, ils ont manifesté, en bravant l’état d’urgence. Si ce n’était que ça, mais des casseurs se sont glissés dans leurs rangs et ont provoqué une émeute place de la République, profanant en quelque sorte les ex-votos posés là en mémoire des victimes du 13 novembre. Pire même, loin de s’excuser pour son mouvement, Cécile Duflot, fidèle à elle-même, a exprimé sa surprise : « l’état d’urgence, proteste-t-elle, ne devrait pas s’appliquer aux manifestations en faveur de l’écologie. » Attitude d’autant plus curieuse que des élus d’EE-LV ont voté pour la mise en place de celui-ci. Décidément, EE-LV ne changera jamais, et montre en la circonstance sa vraie nature : un petit groupe d’agitateurs gauchistes ! Cela en dit long sur la confiance qu’ils ont dans la réussite de la COP21.

Il est possible en effet que la montagne accouche d’une souris.

Car la réflexion sur l’environnement devrait être avant tout affaire de sagesse et de savoir scientifique. Il semble qu’on en soit bien loin.

 


LA GUERRE DU PETROLE, ON N’EN PARLE GUERE …

Baisse petrole

Et pourtant elle a bien lieu. Et même sous nos yeux. Mais les troubles du monde rapportés par les médias nous la cachent, trop affairés qu’ils sont à mettre le sang à la une quand ce ne sont pas les débats futiles baba-bobo du microcosme parisien.

Les pays producteurs de pétrole sont bel et bien en guerre. Il n’y a pas de coups de canons, bien sûr, encore que… On voit bien que depuis quelques mois l'Arabie Saoudite manoeuvre avec une stratégie simple : inonder le marché pour accentuer la chute des cours et affaiblir ses ennemis politiques (l’Iran) ou économiques (Les Etats-Unis). Le rapport de l'OPEP qui vient d’être publié, montre qu'elle vient déjà de remporter une bataille contre les États-Unis.

Le rapport de l'OPEP est très instructif. L'Arabie Saoudite a décidé de continuer à augmenter sa production malgré la chute des cours du pétrole avec deux objectifs. D’abord affaiblir son ennemi juré - l'Iran - qui a besoin d'un pétrole à 130 dollars pour équilibrer son budget. Ensuite un objectif stratégique et économique : freiner l'explosion du secteur du pétrole de schiste aux États-Unis. Le rapport est assez explicite à cet égard : pour la première fois depuis 2008, la production de pétrole aux États-Unis sera en baisse en 2016 et ce sera une baisse significative. Car l'effondrement des cours du pétrole de plus de 50% a obligé les producteurs américains à réduire leurs investissements de façon drastique, du coup, le nombre de plateformes pétrolières diminuent et les licenciements se multiplient. Et comme toujours au pays des cow-boys, la croissance du secteur s'était appuyée sur un niveau élevé d'endettement, insoutenable avec des cours inférieurs à 50 dollars.

Disons que l’Arabie saoudite a gagné une manche. Les États-Unis restent bien évidemment dans la course et leur progression n'est que momentanément freinée. Néanmoins, elle a atteint un de ses objectifs en mettant les producteurs américains en difficulté : une stratégie qui a payé. La bataille n’est pas terminée. Car la chute des cours ne met pas seulement les Etats-Unis en difficulté. Nombre de pays dont le pétrole est la ressource primordiale souffrent et alimentent la chute de la croissance mondiale. L’Arabie saoudite ne pourra donc pas tenir trop longtemps son petit jeu solitaire. D’autant plus qu’elle est soupçonnée de financer par en dessous le terrorisme islamiste.

Mais de qui parle-t-on ?Certainement pas du pays avec qui notre matamore de premier ministre vient de signer pour 10 milliards d’euros de projets. Cachez ce pétrole impur que je ne saurais voir ! Nous, pendant ce temps-là, on en profite un peu à la pompe, en espérant que notre autre mirlitonne de ministre de l’écologie n’en profite pas pour augmenter ses taxes. Vous avez vu comme moi qu’elle va augmenter le prix du gazole pour le rapprocher de celui de l’essence. Il ne lui serait pas venu à l’idée de baisser celui de l’essence, ce qui produirait un effet bien meilleur si on veut vendre davantage de voitures qui l’utilisent.

 


OU VA L’ECONOMIE MONDIALE ?

Baisse de l'euro

Triste fin de mois de septembre. Les nuages s’accumulent sur la planète, qu’il s’agisse des guerres et du terrorisme ou de l’évolution de l’économie dont les signaux envoyés sont de plus en plus alarmants.

La réalité économique mondiale.

Sept ans après la faillite Lehman Brothers, le monde n'a pas retrouvé ses niveaux de croissance, loin s’en faut. L'inflation est toujours à zéro ou presque ce qui signifie une modification profonde de l’économie mondiale : dans tous les pays développés, y compris les États-Unis qui connaissent plutôt une belle croissance par rapport à nous, les forces déflationnistes ne reculent pas et commencent à faire exploser bulles après bulles, la bulle chinoise, la bulle des émergents et la bulle des biotechs. Elles se sont maintenues malgré la politique des banques centrales qui inondent le monde de milliers de milliards de dollars, d'euros, de yens et autres monnaies. Le stock de ces injections est tellement massif qu'aucune banque centrale ne sait comment commencer à l'éponger. A tel point que même la Fed américaine hésite toujours à remonter ses taux, alors qu’on sait bien qu’il faudra le faire d’ici la fin de l’année… sauf s’il y a un krach boursier. En attendant l’inflation ne repart pas et on reste loin des 2% qui restent l’objectif visé par toutes les banques centrales. La conséquence, c’est que des zones comme la Chine et les pays émergents s'enfoncent dans un ralentissement voire même une récession. L’exemple du Brésil est à cet égard significatif.

Cette déflation a pour conséquence une croissance anémique.

La Chine fait l’objet d’un consensus des économistes : le dégonflement de son économie contribue à provoquer un effondrement des cours des matières premières. Cependant, même en dehors de l'énergie et des matières premières, l'inflation reste proche de zéro. Le vieillissement de la population apporte une autre explication. Enfin, il est probable que la révolution technologique que nous vivons soit fortement déflationniste et on sait qu’elle va encore s'accélérer. Quoi que fassent la FED ou les autres banques centrales, la déflation n'est donc pas prête de faiblir. Résultat incontournable qui nous est donné par un rapport de l'Organisation Mondiale du Commerce : la croissance des échanges mondiaux s'effondre à un rythme inconnu. Et ce n’est pas joyeux comme pourraient le penser les adversaires de la « globalisation». Le contenu de ce rapport est tellement spectaculaire qu'on se demande si nous ne sommes pas en train d'assister en direct à la fin d'un cycle de la mondialisation. On observe 3% seulement de croissance annuelle depuis 2010 alors qu'on tournait à plus de 6% de 1983 à 2008. Et pour 2015, nous sommes sur un chiffre de 1% de croissance seulement. La prévision précédente était de 3,3% pour l'année. C’est dire si c’est une sacrée révision à la baisse. Même les États-Unis se referment aussi. Depuis le début d'année, leurs exportations ont chuté de près de 6%. Et si on ajoute à ça une Europe dont la reprise est anémique, on est face à un monde où chaque zone économique se replie sur elle-même.

Un krach à la clé ?

De nombreux experts annoncent pour ce mois d’octobre un krach majeur sur les indices boursiers et le début d’une nouvelle crise  financière globale pire que celle de 2008. Les oscillations des indices depuis quelques semaines qui jouent au yoyo en sont les signes précurseurs, comme les secousses telluriques qui annoncent un séisme. La nervosité des investisseurs se traduit toujours par une forte volatilité. Le CAC est pratiquement revenu à son niveau de fin 2014 effaçant une année de gains : plus de 20% de performance évaporée en quelques semaines. Les marchés américains qui avaient plutôt bien résisté récemment, ont eux aussi plié, mais  brutalement. Les marchés finissent toujours par s’aligner sur les fondamentaux de l’économie réelle. Le problème, c’est que ceux-ci sont mauvais partout sur la planète.

 

 


LA CHINE COMMUNISTE MALADE DU CAPITALISME !

Chine communiste
Rien ne va plus au pays de l’économie planifiée. Pékin s’était adapté au capitalisme en pensant le diriger avec la main de fer du parti communiste et de l’Etat. Le but : s’adapter à la concurrence internationale, et tout en contrôlant tous les leviers économiques, des importations aux exportations en passant par les investissements, tourner le pays vers le développement économique. Il faut dire que jusque-là, ça avait plutôt bien marché, avec des taux de croissance à deux chiffres flatteurs. C’est toujours plus facile de les réaliser quand on part de très bas. Mais depuis quelques années, la machine s’est essoufflée et les aléas de l’enrichissement d’une classe moyenne de plus en plus nombreuse, de la corruption et des fraudes ont fait apparaître des anomalies comme celles qui se produisent dans un système capitaliste classique, bien qu’en Chine, il soit difficile de parler de régulation du marché par la loi de l’offre et de la demande. C’est même cette absence qui est probablement à l’origine de la crise boursière qui survient.

Un krach chinois très prévisible.

Aujourd’hui, c’est la débandade sur les marchés chinois. Le principal indice boursier a plongé de 32% en moins d’un mois, après une nouvelle chute de 6% ce mercredi et plus de la moitié des valeurs sont suspendues. Autant dire que c’est un véritable désastre pour les particuliers qui se sont rués sur les actions chinoises, et pour le pouvoir central, qui cherche par tous les moyens à contenir l’explosion d’une bulle qu’il a lui-même suscitée. Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour faire gonfler la bulle qui vient d’éclater fort logiquement. Les apprentis boursicoteurs se sont multipliés – on en compte 90 millions, soit davantage que de membres du Parti communiste, parce que l’Etat a encouragé les placements en bourse, fermant les yeux, quand il n’incitait pas, sur des pratiques risquées comme le « trading sur marge », qui consiste à acheter des actions avec des fonds empruntés, mécanisme à l’origine de  la crise de 1929 à Wall Street. Les autorités ont manié la propagande d’Etat pour pousser un maximum de Chinois vers la Bourse provoquant une envolée boursière artificielle.

Il s’agit bien d’un krach !

La formation de la bulle boursière est si belle qu’elle deviendra un cas d’école selon les spécialistes de la finance. On l’enseignera dans quelques années aux côtés de la tulipomanie néerlandaise du XVIIème ou de la récente crise des subprimes américains : 150% de hausse en un an avec uniquement des particuliers spéculant à crédit. Le paradoxe tient dans la situation à la fois étonnante et totalement prévisible. Depuis quelques jours, on assiste en direct à l'explosion d'une bulle que tout le monde, y compris les autorités chinoises, ont vu venir. Et pourtant celles-ci n'ont rien tenté pour la circonvenir. Alors c’est la panique et aujourd'hui, elles prennent des mesures réellement extraordinaires. Le gouvernement chinois fait ce qu'il peut pour ralentir la chute. Les autorités de marché n'ont pas trouvé d'autres solutions que de stopper le trading sur 40% de la cote Chinoise pour arrêter l'hémorragie, mais rien n'y fait pour l'instant. Le marché chute depuis le 12 juin. La purge doit se faire et personne ne sait combien de temps elle durera. La bourse c'est toujours ce mélange d'appât du gain et de peur, c’est ce pourquoi, bien que le danger soit identifié, la machine continue de s’emballer jusqu’à la catastrophe finale.

Radioscopie du mécanisme.

L'explosion de la bulle Chinoise était prévisible. Pourquoi ? On avait tous les ingrédients de la bulle parfaite : une hausse spectaculaire des cours malgré une situation économique de plus en plus dégradée,  associée à une ruée des particuliers. C’est ainsi que des dizaines de millions de Chinois n'ont fait que jouer en Bourse et gagner pendant un an, abandonnant presque leurs activités principales. Enfin, il s’agit d’une spéculation exclusivement ou presque à crédit : imaginez que les achats d'actions à crédit par les particuliers ont été multipliés par cinq en un an, transformant la bourse en un casino où on gagnait à tous les coups en ayant le sentiment de ne prendre aucun risque. Quand une bulle est aussi clairement identifiée, on sait qu'elle va exploser, mais on ne sait pas quand et c'est là le problème.  On  a beau savoir que ce n'est qu'une question de semaines ou de mois, on espère toujours qu’on peut encore faire des gains. Ce qui rend l’explosion difficile à contrôler d’autant plus que l'effet de levier utilisé pour acheter des actions provoque des liquidations forcées dans la panique, avec des pertes considérables.

Des effets sur l’économie mondiale.

La bourse de Tokyo était nettement orientée à la baisse à la mi-séance mercredi en raison des inquiétudes liées aux marchés chinois qui peinent à se relancer en dépit des mesures incitatives prises par les autorités de Pékin le week-end dernier. La Chine n'en finit pas de voir son économie ralentir, ralentissement voulu par le gouvernement Chinois mais qui ressemble de plus en plus, à l'image de la Bourse de Shanghai, à un dérapage totalement incontrôlé. Ce ralentissement affecte toutes les matières premières du fer au cuivre en passant évidemment par le pétrole. On a une demande Chinoise en baisse mais une offre Américaine pléthorique pour le pétrole. Pour la première fois depuis un an, le nombre de puits exploités aux États-Unis repart à la hausse et c'est peut être l'élément essentiel qui a fait basculer le pétrole à la baisse en tendance lourde depuis quelques mois. Le maître du Kremlin de son côté accueille à Oufa, capitale de la République de Bachkirie, le 7e sommet des BRICS réunissant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’ Afrique du Sud avant de présider dans la foulée, au même endroit, la 15e réunion du Conseil des chefs d'Etat de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) jeudi et vendredi. La mise en place d’une banque commune d’investissements tombe à pic pour une économie chinoise un peu sonnée par ce qui vient de lui arriver.

 3 000 milliards de dollars partis en fumée : à côté, la dette grecque fait sourire !

 


MELI-MELO ZAPPING

Copie de longue vue

 

La croissance américaine s’est contractée de 0,7% sur les trois premiers mois de l’année, un chiffre qui contraste fortement avec ceux des deux trimestres précédents (5 % et 2,2 %). Elle anéantit pratiquement tout espoir de voir la Réserve fédérale relever les taux d’intérêt au mois de juin. Depuis la crise financière, l’économie américaine ne peut s’empêcher de faire du yo-yo. Elle affiche un grand dynamisme pendant deux ou trois trimestres, avant de retomber comme un soufflé ensuite.

Christine Lagarde a parlé de la possibilité d'un Grexit. C'est la confusion depuis quelques jours. Tsipras annonce l'imminence d'un accord et provoque l'envolée des indices boursiers, le lendemain le FMI évoque la sortie de la Grèce de l’euro et les marchés perdent leur latin, ou plutôt leur grec ! On sait que les négociations n'ont pas encore abouti. On sait aussi que le FMI est plus ferme que l'Europe et veut des engagements plus sérieux du côté des Grecs. Ce qu'on sait encore c'est que le gouvernement Grec ne veut pas faire, officiellement, plus de sacrifices : une posture pour satisfaire l’aile gauche de Syriza. Mais en réalité, Tsipras est prêt à tout accepter pour obtenir les quelques milliards dont il a cruellement besoin à très court terme pour payer les salaires des fonctionnaires et les pensions des retraités. Les dettes, au fond, il s’en tape, car il sait pertinemment qu'il ne pourra pas respecter ses engagements. On est de toute façon dans un marché de dupes. Personne n'a le courage de prendre la décision difficile mais nécessaire alors que le Grexit n'a plus l'air de faire peur.

Deux ans après avoir enclenché un gigantesque programme d’assouplissement quantitatif, qui constitue le principal élément des « Abenomics » du Premier ministre, l’exécutif japonais assiste à une détérioration des indices économiques qu’il espérait réveiller. La BoJ et l’exécutif avaient pourtant promis, dès 2013, que leurs initiatives allaient permettre de générer, en un peu plus de deux ans, une inflation « saine » d’au moins 2%. Rien à faire, la déflation est toujours là !

Au lendemain d’une rencontre avec Manuel Valls, François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), a présenté une étude sur « l’évolution des finances des communes et des intercommunalités et la forte baisse des investissements publics locaux ». L’AMF estime que l’investissement local, qui représente 70% de l’investissement public, pourrait chuter de 25% à 30% du fait de la baisse des dotations de l’Etat. Manuel Valls ne bougera pas pour autant et a confirmé qu’il n’y aurait « pas de retour sur la diminution programmée des dotations de l’Etat sur trois ans ». Après le rapport de la Cour des comptes, on voit bien qui doit faire les efforts et qui n’en fait pas !

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a relaxé Eric Woerth, soupçonné « d'abus de faiblesse » et de « trafic d’influence » dans l'affaire Bettencourt. On se souvient avec quelle violence les socialistes l’avaient trainé dans la boue en 2010, Ségolène Royal en tête, l’amère de Lille à la rescousse… On aimerait des excuses !!! Si ce n’est pas trop demander à nos mères-la-vertu.

La dégringolade de la part des exportations françaises de biens et services sur le marché mondial est spectaculaire, de 6,1 en 1995 elles passent à 3,5% en 2013. Autre signe inquiétant, notre appareil exportateur reste concentré autour des grands groupes et de leurs filiales, qui réalisent 99% des exportations, bien qu'ils ne représentent que la moitié des exportateurs.  

Merkel et Hollande vont présenter un nouveau projet pour l'Europe. Celui-ci vise une Europe plus resserrée, plus intégrée économiquement, avec une convergence plus forte notamment sur la fiscalité et les lois sociales. Tout le contraire de ce que souhaite la Grande-Bretagne qui veut encore plus de liberté au sein de l'Europe et surtout moins de droits pour les membres de l'Union Européenne qui viennent dans le pays. L'heure de vérité a sonné et chacun semble prêt à assumer sa différence. L'Europe n'a pas peur du Brexit : on ne veut pas sacrifier la construction européenne aux contraintes électoralistes de Cameron. Les électeurs Britanniques devront choisir : plus d'Europe ou pas d'Europe. Il n'y aura pas de compromis. Et c’est tant mieux !

Karine Berger, la gaucho qui a fait sa belle dans les courants du PS avec  sa motion, a déclaré : « Nicolas Sarkozy abîme la République ». Et son « bouffon » de président, il fait quoi, lui ? Il laissera la France dans un état pitoyable bien pire que celui dans lequel il l’a trouvée en arrivant.

 


BORLOO L’AFRICAIN

Borloo

« C’est nous les Africains qui revenons de loin… ». Ce trait d’humour pour saluer le retour d’un Jean-Louis Borloo plein de vie et d’énergie. Et le revoilà qui surgit dans l’arène à un endroit où on ne l’attendait pas. Retiré de la vie politique depuis près d’un an, il s’est lancé dans un projet de fondation destinée à électrifier l’Afrique. Il a présenté la semaine dernière sa fondation pour l’énergie en Afrique, continent où il se rend régulièrement. Parmi les personnalités présentes pour le soutenir, les présidents des deux assemblées, le patron du Medef, quelques élus et intellectuels comme Eric Orsena. Avec en sus, la visite surprise de l’hôte de l’Elysée venu se montrer sans avoir été invité, mais "l’esprit" du 11 janvier permet tout.

Borloo le « visionnaire ».

Est-ce la maladie qui a donné à cet ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy cette nouvelle vision internationale, qui ne manque pas de lucidité ? On le connaissait surtout pour avoir mis en application ses idées sur le développement urbain et la politique de la ville. On lui doit notamment la loi de rénovation urbaine et l’ANRU qui a permis la réhabilitation de nombreux quartiers. S’il a renoncé à la politique nationale, c’est pour raison de santé. Celle-ci étant revenue, il n’a pas souhaité revenir dans le jeu du marigot des centres, probablement trop compliqué pour cet homme pragmatique avide de concret. Il va donc investir son génie dans son nouveau cheval de bataille : l’électrification de l’Afrique, condition préalable au développement de ce continent et surtout, nécessaire au soutien de la croissance en Europe. Et c’est avec énergie et passion qu’il a présenté son projet. « Le relais de croissance pour l’Europe se trouve en Afrique », s’est-il exclamé, dénonçant la situation « intenable » de l’Afrique en matière d’énergies, convaincu d’avoir trouvé là un axe vital pour notre croissance, pour notre stabilité, et un supplément d’âme pour l’Europe. Et d’énoncer ses arguments : « Notre avenir se joue là-bas, à notre porte. Les Africains sont 1 milliard aujourd’hui, ils seront 2 milliards en 2040 ! Nous devons prendre conscience de ce train démographique infernal. » Pour Jean-Louis Borloo, si on maîtrise cette réalité, on peut en faire une chance à la fois pour l’Afrique et pour l’Europe dont le continent noir sera le principal relais de croissance. Sinon, ce pourrait être le chaos, un cocktail explosif pour le monde entier.

"S’occuper de l’Afrique, c’est s’occuper de nous."

Or, selon lui, l’Europe n’a pas pris la mesure de l’enjeu. Elle n’a pas de stratégie africaine et fait preuve de cécité. Il prend pour exemple la dernière réunion de l’Union africaine à Adis-Abeba, en Ethiopie, où il a été surpris de ne pas croiser un seul représentant de l’UE, alors que pullulaient Chinois et Indiens ! Et pour Jean-Louis Borloo, cet oubli est catastrophique alors que nous avons les moyens d’intervenir. Et surtout par le passé africain des pays européens, nous sommes les mieux placés pour le faire. Le principal problème, à ses yeux, est celui de l’électrification, un domaine où nous excellons. Hors le Maghreb et l’Afrique du Sud, le continent vit dans le noir : « Imaginez qu’il y a 650 millions de portables et que seulement 200 millions d’habitants ont l’électricité. Si on ne facilite pas l’accès de la population  à la lumière, la déstabilisation de l’Afrique est certaine et celle de l’Europe avec ! ». Sans faire de jeu de mot, l’obscurité conduit tout droit à l’obscurantisme. On comprend aisément que l’énergie est un préalable nécessaire à l’essor de l’Afrique.

« Energies pour l’Afrique »

Tout cela, c’est bien gentil, mais ça va coûter et on n’a pas un fifrelin. Jean-Louis Borloo balaie l’argument. C’est là qu’est le génie de notre homme. Comme pour les banlieues, il a imaginé un montage qui rend possible l’opération en « fédérant » les sources de financement. Il tente de lancer une espèce plan Marshall, avec l’impératif pour les africains de se prendre en main. Il se fait fort de décider les 54 chefs d’états de fonder  « l’Agence d’électrification de l’Afrique » et de la rendre opérationnelle d’ici la fin de l’année. Sa mission : faire de l’ingénierie et mettre son savoir-faire au service de tous les pays, sans pour autant assurer une tutelle dirigiste. Il faudra 250 milliards d’euros d’investissements, dont 25% non remboursables. Cet argent peut être levé sur les marchés financiers et les grandes entreprises, dont la plupart sont partantes. La Banque africaine de développement est au coeur du dispositif et ses experts sont déjà sur le pied de guerre. Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi : la source énergétique devra être adaptée à chaque terrain, alternant solaire, hydraulique, thermique… Ce programme est prévu pour courir sur une dizaine d'années. 

Un projet déjà bien avancé.

Il faut aller vite et lancer ce programme « avant le 30 juin » prochain. Notre ancien ministre a réussi à convaincre Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne,  de constituer une équipe dédiée à son projet et il espère obtenir un débat au Parlement européen. Il compte sur la France, et la visite du Président français à sa conférence de presse est un bon indicateur (il faut dire que la réussite est de son intérêt évident), et il veut associer toutes les forces vives du pays, partis politiques, partenaires sociaux, intellectuels, entrepreneurs… Jean-Louis voit grand et veut rassembler large. C’est sa part de naïveté et c’est ce qui le rend si sympathique et … convaincant. Ce faisant, il nous montre que la politique lui colle à la peau.

 


EN ASIE, LA CHINE S’ESSOUFFLE …

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Le chiffre : + 6,16%

c'est la progression du PIB de l'Asie émergente en 2014 (moyenne)

En 2014, les cartes de l’Asie émergentes sont rebattues au profit des petits pays. Les taux de croissance des grosses locomotives que sont la Chine, l’Inde et l’Indonésie restent attractives, mais la Corée du Sud est le bon élève, suivie par les Philippines. Tout cela sur fond  de tensions qui s’exacerbent. C’est en Asie, en effet, là où l’économie mondiale trouve l’essentiel de sa croissance, que l’évolution des relations est la plus inquiétante. Pékin semble ne plus se satisfaire du statu quo et veut profiter de son réveil économique pour imposer de nouvelles règles dans la région, ce qui alimente l’effort de réarmement matériel et idéologique impulsé au Japon par Shinzo Abe.

En Chine, le ralentissement va toucher les voisins.

C’est le pays qui suscite les plus fortes différences d’appréciation : de 7,7%, le taux de 2013 devrait passer en 2014 à 8,2%, 7,4% ou 6,9%, selon les différents établissements de prévision. Ainsi, la Chine a triplé la masse monétaire depuis 2006, laissé se constituer un système bancaire clandestin qui atteint 44% du PIB, et accumulé une dette publique et privée qui culmine à 218% du PIB. Si elle est devenue la première puissance commerciale de la planète avec 4 000 milliards de dollars, les dirigeants du plus gros atelier du monde ont un doute qui va croissant, centré sur la finance. Deux raisons : Le développement du crédit pour maintenir la croissance la plus forte possible a multiplié par cinq l’endettement intérieur avec une belle proportion de prêts pourris et les déséquilibres qui en résultent sont tels que les autorités ont donné l’impression de perdre le contrôle à plus d’une reprise ces derniers mois ; ensuite, ces mêmes dirigeants entendent ajouter à la prééminence économique une dimension financière, or la finance chinoise est fragile, peu structurée, et une ouverture mal maîtrisée risque de provoquer une tempête dévastatrice. Car la finance « informelle » pourrait devenir incontrôlable, ce « shadow banking » qui offre des financements aux petites sociétés qui, à 90% n’ont pas accès au crédit bancaire. C’est pourquoi les autorités tentent de remettre de l’ordre dans un système financier nébuleux où la corruption complique la tâche. En 2014, les salaires devraient augmenter encore de 10% au risque de peser sur la croissance comme cela a été le cas l’an passé. Le modèle économique de la Chine s’essouffle. Elle n’est plus le seul atelier du monde, concurrencée par le Vietnam et l’Indonésie. Le tassement de la croissance lié à une demande et des investissements moins soutenus pourrait donc se poursuivre en 2014. Voilà qui donnent des marges d’incertitudes qui hantent autant les experts que les dirigeants. Mais en basant désormais son mode de développement sur la demande interne, la transition chinoise va avoir des répercussions sur les pays limitrophes par la modification à la baisse de ses achats de matières premières et d’énergie, notamment.

Des indicateurs économiques mitigés pour l’Inde et l’Indonésie.

Destins parallèles pourrait-on dire. L’inde et l’Indonésie sortent d’une année 2013 difficile. Leurs monnaies ont perdu de la valeur sur fond de ralentissement de la croissance, à moins de 5% pour la première et sous la barre des 6% pour la seconde. Le fait que les deux pays doivent faire face à des échéances électorales majeures n’arrange rien. Les deux économies sont face à des pressions inflationnistes réelles avec des répercussions immédiates sur la consommation. De la même façon, les deux pays doivent affronter le creusement de leurs déficits courants qui ne risquent pas de se résorber à la veille d’élections. Le tout est aggravé par un environnement des affaires néfaste et la corruption qui pèsent sur les décisions d’investissement. En Inde, la croissance qui était de 3,8 % en 2013, devrait osciller entre 4,8% et 5,5% en 2014 et l’Indonésie qui était à 5,3% pourrait se contenter d’un petit 5,5% à 5,8%.

Les bonnes surprises coréenne et philippine.

La Corée du Sud n’est plus à mettre dans les « émergents ». Sa bonne santé économique devrait se confirmer en 2014 et son 2,8% de 2013 pourrait bondir à 3,6% voire 4%. Un taux de croissance qui est celui d’un pays qui en a fini avec sa période de rattrapage. Sa balance des paiements est solide, et l’économie est tirée par les exportations. Une production qui devrait profiter cette année du raffermissement de la demande des pays développés. Le seul sujet de préoccupation, à plus long terme, c’est le vieillissement de la population qui devrait raboter les performances. Séoul a encore de bonnes années devant elle.

L’archipel philippin connait une accélération récente, avec une croissance annuelle proche de 7%. L’année se présente dans un contexte exempt de tensions sur l’appareil de production et de pressions inflationnistes. De plus, les 11% de la population installée hors sol génèrent des recettes en devises importantes. Aussi, les réserves de change ne cessent de progresser. Un contexte qui permet au pays de dégager un excédent courant à 3% du PIB en moyenne, sur les dix dernières années. Touché par le typhon Haiyan qui a laissé l’appareil de production intact, l’archipel devrait connaître un regain d’activité lié à la reconstruction.

En fonction de leur degré d’intégration mondiale, les pays d’Asie vont plus ou moins rapidement bénéficier de la reprise. Pour beaucoup, l’accélération ne devrait se faire sentir qu’au cours de la seconde partie de l’année.