HISTOIRE
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LA PRIMAIRE : LE CREDO DU RENOUVEAU

Primaire à droite

BRUNO LE MAIRE, L’AXE ANTISYSTEME…

Le huitième, mais pas le dernier.

Il a franchi le pas. Personne ne s’est étonné tant c’était attendu : Bruno LE MAIRE est candidat à la primaire de la Droite. Sa thématique, sa rhétorique, son fonds de commerce, son leit-motiv c’est son âge mis en exergue, il incarne le « re-nou-veau » (en trois mots comme en un). On veut bien en accepter l’augure. Vous permettrez qu’on y regarde à deux fois quand même. D’abord parce que son « cursus honorum » est encore un peu court, bien que déjà fourni et prestigieux, pour prétendre au poste suprême. Il fait partie de ceux qui veulent aller vite, mais il va se trouver confronté aux « vieux » qui connaissent mieux le chemin parce qu’ils ont l’expérience.

Un candidat brillant et tenace.

Bruno Le Maire n’en est pas à son coup d’essai. Il s’est déjà rôdé en se présentant à la présidence de l’UMP, devenue « Les Républicains », et a obtenu un score plus qu’honorable face à Nicolas Sarkozy. Depuis il n’a pas dételé et a continué de sillonner la France, multipliant les réunions. J’ai assisté à l’une d’elles pendant la campagne des Régionales. Un bon moment. Il nous a fait rire, ce qui met le public de son côté, il était venu soutenir Bruno Retailleau, mais c’est surtout ses propositions qu’il voulait nous vendre. Et là, rien qui puisse effaroucher un électeur de droite, voire du centre (encore que). Son discours, on le connait déjà par coeur depuis le temps qu’il le récite à tous les échos. Il a quitté la fonction publique, voilà pour l’exemple, il veut se battre parce qu’il aime la France, voilà pour la motivation. Son parcours, sans entrer dans le détail est classique : directeur de cabinet de Dominique de Villepin alors Premier Ministre, Secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes puis Ministre de l’Agriculture. A chaque fois, il détonne par son efficacité, notamment à l’Agriculture, un ministère réputé difficile.

Il doit encore travailler la forme.

C’est certain, il n’a pas la patine des vieux routiers qui gagnent cent voix en serrant cinq paluches. Il voudrait faire naturel, mais son numéro fait encore un peu trop théâtral, au sens « travaillé », bien rôdé. En lisant « Le Point », je découvre qu’il est « cornaqué » par un expert en mise en scène de Théâtre. Ceci explique donc cela. Mais voilà, on voudrait oublier la ficelle sans y parvenir tout-à-fait : se promener au milieu des gens ne rapproche pas forcément. On lui reprochait d’être froid et distant, ce que j’avais constaté lors d’un passage à Beaufort-en-Vallée, et bien il a encore un problème avec la proximité : un défaut qui lui vient probablement de son éducation ou de sa réserve naturelle ou les deux. Voilà quelqu’un qui vous serre la main chaleureusement, mais pourquoi ne vous voit-il pas ? (Je ne suis pas le seul à le dire). Bon, mais il peut encore progresser et ça finira par marcher parce qu’il est sincère. Il faut qu’il perde un peu de « melon » pour reprendre l’expression de Christine Boutin.

Son projet s’inscrit dans la logique de la droite.

Naturellement, on n’attend pas d’un candidat de droite qu’il fasse la révolution. Dans ses propositions, on ne trouve que du déjà connu : suppression de l’ISF, refonte de l’imposition sur le capital, baisse des charges des entreprises sans qu’on sache encore comment, remise au goût du jour du Contrat Nouvelle Embauche, durée du travail négociée en entreprise, refonte du code du travail réduit à 150 pages, report de l’âge de la retraite à 65 ans, plafonnement et dégressivité des indemnités chômage, remplacement de Pôle Emploi par des opérateurs privés, réduction du nombre des fonctionnaire de 100 000 par an pendant dix ans, recours aux contrats privés dans la fonction publique territoriale… Toutes ces idées sont déjà dans l’air et on les retrouve plus ou moins chez ses concurrents. Un point de désaccord : il est pour le non-cumul des mandats, je reste convaincu qu’il faut garder la possibilité de deux mandats local-national au risque de dénaturer la Vème République. Il ne veut pas toucher à la loi sur le mariage pour tous : autre point que je ne partage pas. Je souhaite qu’on revienne à « l’Union civile » et qu’on revoie le texte pour empêcher tout recours à la GPA et à la PMA pour les couples de même sexe.

Les limites de la « table rase ».

C’est un point qui m’agace. J’adhèrerais plus facilement au discours de Bruno LE MAIRE s’il ne mettait pas tout le monde dans le même sac. Il n’est pas vrai que rien n’a été fait depuis trente ans. Il y a eu deux présidents réformateurs dont l’action a été efficace : Valéry GISCARD D’ESTAING et Nicolas SARKOZY. Il n’échappera à personne que ce sont ces deux-là qui ont été confrontés aussi aux pires crises que la France ait rencontrées. Simplement, posons-nous ensemble la question : pourquoi la suppression des 35 heures, la simplification du code du travail, la dégressivité des indemnités chômage,  etc… peuvent être envisagées aujourd’hui ? Tout simplement parce qu’entre temps nous venons de vivre quatre ans d’impéritie de la gauche au pouvoir. Ce qui n’aurait pas été possible hier le devient aujourd’hui. Alors oui, ne pas en saisir l’opportunité serait une grave faute politique et un manque de courage évident.

Bruno LE MAIRE joue à fond la carte de la jeunesse et du renouvellement.

C’est un pari osé dans un pays où les vieux sont ceux qui votent le plus, surtout à droite. Son discours antisystème qui prend des accents Lepeniens peut ne pas plaire à tout le monde. Mais c’est un bon candidat. Certains y verront un grand cru prometteur qui ne demande qu’à s’épanouir. Mais comme tous les grands crus, on aurait peut-être tort de le consommer trop tôt. La campagne dira si sa maturité est suffisante. 

 


C’EST DIMANCHE, ON S’DETEND !

Pacte-avec-le-diable

 

« VENDRE SON ÂME AU DIABLE »

Voilà une bien vieille expression qui trouve son origine dans la bible. Qu’est-ce qui m’y fait penser aujourd’hui ? Vous connaissez la réponse : c’est l’actualité qui me fournit le prétexte : avec sa gauche en déliquescence et son PS en mort clinique, comment « Pépère » peut-il imaginer gagner en 2017 sinon en « vendant son âme au diable » !

Le sens de cette expression.

Vendre son âme au diable, cela consiste à renier ses valeurs, sa dignité, dans l’espoir d’obtenir un bénéfice quelconque en contrepartie. J’ajoute qu’à la fin, c’est toujours le diable qui gagne.

L’incarnation du mal.

Dans la Bible, le mal est représenté sous diverses formes, incarnation de la tentation ou anges déchus. C’est dans le livre de Job qu’il est personnifié sous le nom de Satan. Dans le texte biblique, ce vocable désigne ordinairement un adversaire. Devenu nom propre, c’est un ange, chargé de faire respecter la justice divine sur Terre, mais qui fait preuve d’hostilité envers les hommes pour les empêcher d’arriver près du Seigneur. Par la ruse, il s’ingénie à les faire douter de l’amour et de la confiance divine.

Si le démon n’inquiète pas l’Eglise jusqu’au XIVème siècle, une bulle du pape Jean XXII dénonce tout commerce avec le diable. Le pacte avec ce dernier devient le modèle d’association entre les humains et Satan, dans une société médiévale qui repose sur le pacte féodal. Parmi ses mauvais tours, celui-ci offre à ses victimes consentantes des pouvoirs ou la réalisation de vœux en échange de leur âme, vouée alors à l’enfer.

Diable et littérature.

Ces pactes font trembler l’Eglise au XVème siècle et provoquent la chasse aux sorciers, sorcières, mages nécromanciens. Ils offrent à la littérature un sujet fécond : le « miracle de Théophile » de Ruteboeuf, roman dans lequel Théophile, miséreux, renie sa foi en échange de richesses, en est le modèle, tout comme le « Faust » de Goethe, ce vieux savant qui vend son âme à Méphistophélès pour pouvoir vivre une deuxième jeunesse de débauche.

Mais pour que ça marche, encore faut-il avoir une âme. Ce dont je doute pour le pseudo Faust dont nous parlons !

 


SCHISME AU PS ?

Dessins-35-heures_optimise

 

Les socialistes attendent le retour de Hollande, comme on attend le Messie. « Rain Man », qui profite peut-être, entre deux averses, de ses derniers mois de mandat pour faire à nos frais tous les voyages qu'il rêvait de faire, va  devoir arbitrer entre Valls et Aubry. Nous saurons donc si la loi « El Khomri » va suivre le chemin de la loi Macron, ou si on va avoir, enfin, un début de réforme.

« Pas ça, pas nous, pas la gauche ! » 

Le cri du coeur : Martine Aubry charge sabre au clair! Pas étonnant que la femme qui a légalisé la paresse en France s'offusque de la nouvelle loi sur le travail proposée par Valls, mais c’est surtout un prétexte. L’heure de la grande explication a sonné : la charge de l’ancienne Première Secrétaire et de quelques-uns de ses amis contre l’exécutif est d’une telle violence qu’elle ne peut pas rester sans réponse et ne sera pas sans conséquence. D’ailleurs les menaces que contient le texte au vitriol publié dans le Monde (contre le vote sur la déchéance de nationalité, contre la loi El Khomri, et pour la censure éventuellement… ) sont suffisamment précises pour qu’il soit impossible au gouvernement d’esquiver. Tout le texte est violent : il évoque le quinquennat comme un échec qui conduit à l’ « affaiblissement durable de la France ». Il fait le compte des quatre consultations électorales perdues par la gauche, du pacte passé avec le patronat, le CICE, qui n’a pas créé d’emplois, à quoi il faut ajouter la déchéance de nationalité et, enfin et surtout, la réforme du travail telle qu’elle est exposée dans le projet de loi. La charge contient toute la hargne de l’amère de Lille traduite dans un un aveu inquiétant : « Que le patronat institutionnel porte ces revendications, pourquoi pas ? Mais qu’elles deviennent les lois de la République, sûrement pas ! Pas ça, pas nous, pas la gauche ! ». Tout est dit. Le socialisme archaïque de la lutte des classes vient de parler.

Les masques tombent.

A l'approche des élections de 2017, la gauche entre en guerre avec elle-même : d'un côté le camp des historiques passéistes, de l'autre Les « chevau-légers » du camp des sociaux-démocrates réformistes. C’est un combat historique qui se déroule sous nos yeux éberlués. Il était inévitable depuis que l’axe Valls-Macron tente d’imposer sa logique. Il n’est pas certain qu’à l’issue on sache ce que sera la ligne du parti dans les prochaines années. Mais si c’était une bataille pour trancher entre le socialisme historique et celui du réel, ce serait une bonne nouvelle. Ce qui se joue une fois de plus, c’est un nouveau round dans l’affrontement déjà vécu lors des primaires de 2011-2012, quand s’étaient affrontées les idées des Montebourg, Aubry, Valls et Hollande. Doit-on déduire de cette offensive menée en l’absence du principal intéressé, que la coexistence plus ou moins pacifique, seulement troublée par quelques frondeurs velléitaires, plus bruyants que méchants, est terminée ? En résumé, on peut penser que ce qui se joue à propos de l’épisode « El Khomry », c’est une sorte de premier tour des primaires de 2016-2017. Personne ne peut certifier aujourd’hui qu’une telle consultation aura vraiment lieu. Il est possible que les diverses composantes de la gauche aillent en ordre dispersé à l’élection présidentielle. Mais avec les désaccords qui minent les nombreuses tendances du Parti, cette querelle ne sera vidée au moment de l’échéance présidentielle. Mais ce serait un choix périlleux pour le PS.

La gauche de la régression en action.

Calcul ou déclaration de guerre : un peu les deux. Nous assistons à un épisode qui n’est pas que picrocholien. C’est la gauche aveugle qui se réveille, celle qui campe sur ses vieilles lunes, à l’idéologie inoxydable, celle qui pourrit toute velléïté de réforme dans notre pays, celle qui a raison même contre les faits, celle qui intimide la droite quand elle est au pouvoir en organisant le blocage du pays. On lui doit en grande partie l’état de nos finances, de la dette et du chômage. Je demande d’imaginer ce qui se serait passé si Nicolas Sarkozy avait été réélu de justesse, quel pouvoir de nuisance elle aurait mis en branle pour l’empêcher de faire les réformes promises. Cette gauche est capable aujourd’hui de mettre le pays à feu et à sang pour une loi qui n’est que le dixième de ce qu’il faudrait faire pour relancer l’économie. C’est à cause d’elle que la parole publique a perdu son crédit, à force de promettre plus de beurre que de pain, pour n’avoir à la fin, ni l’un ni l’autre ! Tant que cette gauche aura du pouvoir sur les âmes crédules, la réforme sera toujours un exercice de haute voltige et ceux qui nous promettent, à droite, monts et merveilles, feraient bien de s’armer en conséquence pour en tenir compte et surtout nous dire comme ils lui régleront son compte. Peu importe que la tribune de Mme Aubry ne contienne d’ailleurs aucune proposition concrète, elle se veut avant tout un pavé dans la mare. Mais à quoi donc peut-elle servir alors que celui qui est visé est éloigné de la France ? Un coup de poignard dans le dos pour placer l’Elysée et Matignon sur la défensive, car elle oblige le pouvoir à réagir dans un sens ou dans l’autre. Elle casse le parti socialiste et donne des ailes à la gauche de la gauche. Elle divise la gauche à treize mois de l’élection présidentielle et la prive de sa dernière chance de gagner. Bref, elle fait ce qu’il faut pour que 2017 ne soit qu’une explication entre la droite et l’extrême droite.

Au fond, c’est peut-être là la chance pour la droite républicaine de s’emparer de la réforme pour de bon !

 


LA POLKA DU CODE

Code du travail

 

La loi El Khomry prévoit de s’attaquer au code du travail.

Bravo ! On trouve même dans son projet des avancées modestes qui pourraient passer pour audacieuses telles que le déverrouillage des 35 heures qu’on abolirait ainsi sans le dire, ou une plus grande facilité pour licencier, ce verrou qui empêche tant d’embauches mais qui, on ne le dit pas assez, contraint aussi beaucoup d’entreprises au « suremploi ». Mais voilà, les grandes orgues de tout ce qui existe à gauche se sont mises à jouer sous la baguette discrète mais efficace de Laurent Berger, de la CFDT, avec reprise en chœur par la CGT, FO et consorts. Allez, on prend les paris : un pas en avant, trois pas en arrière, le débat parlementaire ce sera la « polka du code ».

L’espoir aura été de courte durée.

Manolito l’a proclamé : « il ira jusqu’au bout ! »… Au bout de quoi ? La promesse d’une avancée réformatrice sur le code du travail secoue toutes les « forces de gauche » qui se mobilisent : escouades de parlementaires ébouriffés par le texte, auxquels s’ajoutent les professionnels de la pétition, les associations bidules et machin, et même, allez savoir qui les excite, les représentants d’une partie de la jeunesse menaçant de descendre dans la rue. Tout cela ne tiendrait pas si ne se joignaient pas aux récriminations les « consciences » (« consciences de gauche », mais faut-il le préciser ?). Tout ce qui compte comme protestataires dans le pays est sur le pied de guerre. Il y a gros à parier que la marche arrière est déjà enclenchée.

Elément de langage : « déséquilibré » !

Car tous se sont donné le mot : le projet du gouvernement est « dé-sé-qui-li-bré ». Et pour le « ré-é-qui-li-brer », ils s’inspireront de la doctrine prônée par Laurent Berger qui justifie ainsi son opposition à la réforme : « Ce qui nous guide, dit-il, c’est l’intérêt des salariés ». Voilà bien le malentendu : la loi El Khomri est pensée dans l’intérêt des chômeurs et a pour principal objet de lever la peur de créer des emplois. C’est une tentative intéressante de tourner le dos à notre trop fameuse « préférence française pour le chômage » qui pèse sur le pays depuis trente ans.

N’exagérons rien.

Même s’il se trouve des députés de l’opposition, principalement chez Les Républicains et au centre,  pour trouver la copie digne d’examen, les débats parlementaires promettent surtout un joli bond en arrière. Et c’est Alain Juppé qui fait la meilleure analyse. Le maire de Bordeaux considère qu’il y a des choses qui vont dans la bonne direction, mais il s’attache surtout à dénoncer les défauts d’un projet qui ne mérite pas autant d’enthousiasme que celui affiché par Frédéric Lefebvre. L’ancien premier ministre a malicieusement souligné que le gouvernement, pris d’une sorte de frénésie de législation, « essayait de piquer des idées plutôt à droite qu’à gauche, signe d’une improvisation extraordinaire », d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une absence totale de consultation avec les organisations syndicales, ce qui est un comble. Ce texte qu’il qualifie d’inspiration libérale est très insuffisant : « rien sur le compte pénibilité, rien sur les seuils sociaux, rien véritablement sur les 35 heures qui sont simplement contournées… Et ce texte ne concerne pas vraiment les PME qui sont pourtant ne première ligne pour la création d’emplois ! ». Dans ces conditions, on peut imaginer que le soutien à ce texte de l’opposition sera d’entrée de jeu, très mesuré, et évoluera certainement en fonction des amendements proposés par la majorité (enfin s’il y en a encore une).

Elan ou paralysie totale ?

On s’interroge sur la position du chef de l’Etat qui se pavane aux antipodes. Manolito a-t-il le feu vert ou force-t-il le destin en profitant de l’éloignement présidentiel … Il y a de fortes chances que l’intéressé, qui n’est pas suicidaire, sifflera la fin de la récrée à son retour. Il inventera nécessairement des contreparties. Ou alors,  il est vraiment prêt à tout pour tenter d’inverser la courbe du chômage. Pari perdu d’avance si c’était le cas, car même votée en l’état, la loi El Khomry  ne produirait des effets qu’à dix-huit mois ou deux ans, avec, inévitablement, en premier effet, un délestage des postes en suremploi dans les entreprises (environ 250 000 chômeurs de plus), avant qu’elles se mettent à réembaucher. C’est, comme le dit sèchement Manuel Valls, le combat de « la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique » contre « la gauche du réel », la gauche réformiste de gouvernement. Cet affrontement est devenu inévitable, il peut procurer un dernier élan avant 2017 ou achever de détruire ce qu’il reste de la majorité présidentielle.

Ainsi va la polka de la réforme  en France, toute avancée faisant l’objet d’un scrupuleux donnant-donnant qui invente de nouvelles contraintes à chaque tentative d’en éliminer quelques-unes. Le décalage n’a pas fini de se creuser entre la France et ses principaux concurrents. On n’est pas près de mettre les phares !

 


SI L’EUROPE NE CONVIENT PAS, OUSTE !

Brexit

David Cameron va organiser un referendum pour demander aux Britanniques de dire s’ils veulent rester ou non dans l’Union européenne. Je serais curieux de voir la réponse si on posait la même question aux Français. Personnellement je répondrais « non » sans hésiter. Non pas que je fasse de l’anglophobie à propos de notre « ennemi héréditaire », mais enfin voilà des gens qui veulent bien le beurre sans trop s’engager avec la fermière. L’Europe on est dedans ou on est dehors !

Il faut dire que depuis son entrée dans la CEE de l’époque, en 1973, le Royaume-Uni s’est toujours comporté comme un associé difficile réclamant sans cesse des régimes d’exception. Il a fallu multiplier les « options de retrait » pour les sujets de « sa gracieuse majesté ». Autrement dit « jamais complètement d’accord ». A tel point qu’on rapporte que Jacques Chirac, agacé par les exigences thatchériennes, avait murmuré à la table du Conseil : « Et mes cou…es, tu les veux sur un plateau ! ». Ambiance.

Voilà donc un membre de l’Union qui ne fait pas partie de la zone euro, de l’espace Schengen, de l’espace judiciaire, et qui n’a pas ratifié non plus à la « charte fondamentale » ni la fiscalité. Il n’y a que sur le « marché unique » que les Anglais sont d’accord. Depuis son adhésion, Londres ne voit dans l’Union Européenne qu’un grand marché pour faire ses affaires. Et encore, à condition que la « City » ait son régime particulier.

Je ne dis pas que tous les autres pays sont exemplaires. Mais aucun n’a jamais mis en avant des réticences et des exigences, disons « les bâtons dans les roues » comme les Britanniques. Et c’est au moment où l’Europe est fragilisée par la mondialisation et les vagues migratoires que la Grande Bretagne menace ses partenaires d’un « Brexit ». Retranchés dans leur île, de quoi ont-ils donc peur, ces godons ? Les migrants, ils nous les bloquent sur les rives du « Channel » à Calais ! Leur indépendance n’est même pas menacée puisqu’ils ont gardé leur monnaie et pratiquement toutes leurs prérogatives souveraines. S’il y a bien un pays dont la souveraineté n’est pas partagée, c’est bien celui-là ! Ils veulent retourner vers le grand large en se désarrimant du continent : grand bien leur fasse ! Mais qu’ils ne viennent pas se plaindre ensuite s’il faut payer des droits de douane pour commercer avec l’Union.

Le signal envoyé par Cameron est irresponsable. Il se garde bien de dire à ses compatriotes (encore que ça peut venir...) quel serait le coût d’une sortie de l’Union, à commencer par tous les traités dont la Grande Bretagne bénéficie dans le cadre de l’Union et qu’il lui faudrait renégocier un à un, car dès lors que le pays aurait quitté l’UE, ils seraient caduques. Il y en aurait pour dix à quinze ans, selon les experts. Et qu’en penseront les Ecossais qui sont eux très europhiles ? Que se passera-t-il s’ils décident de prendre leur indépendance pour rester dans l’UE ? Il y a gros à parier que l’Angleterre ne s’en remettrait pas de sitôt. Le repli, c’est le retour des nations, des frontières, de la guerre des monnaies avec leur lot de dévaluations compétitives assassines.

Au moment où nous commémorons le centenaire de la bataille de Verdun, il y a autre chose à faire de l’Europe. Elle seule peut donner des réponses coordonnées aux problèmes que nos vieux pays rencontrent. Le moment est venu de relancer le projet européen en s'appuyant sur le noyau dur des fondateurs : à six au pire, à douze comme au temps de la CEE, ou à dix-neuf pour coller avec la zone euro… peu importe. On prend tous les volontaires qui veulent participer à un bond en avant de l’Union.

On cherche des refondateurs ! Urgent !

 


C’EST DIMANCHE, ON S’DETEND !

Calendrier_romain

 

RENVOYER AUX CALENDES GRECQUES

C’est le referendum concernant l’aéroport de Notre-Dame des Landes qui me refait penser à cette vieille expression. N’est-ce pas un moyen de renvoyer sa réalisation « aux calendes grecques » !

Les « Calendes grecques », comme le « 36 du mois » ou la « Saint-glinglin », ça n’existe pas. C’est donc remettre à jamais l’accomplissement de la tâche évoquée.

Selon la tradition romaine, la création de Rome et celle de son calendrier seraient concomitantes. C’est le calendrier « pompilien » (pas de rapport avec Pompidou), du nom du deuxième roi de Rome, Numa pompilius (7ème s. av JC) qui s’impose jusqu’à Jules César. Les mois comptent 29 ou 30 jours et sont divisés en trois périodes, les « calendes », « nones » et « ides », correspondant aux principales phases de la Lune. Le calendrier de Jules César, dit « julien », est solaire mais garde la même division en calendes, nones et ides. Les calendriers grecs suivent aussi un cycle lunaire et les mois sont eux aussi divisés en décades, le premier jour portant le nom de « néoménie ». Lors de leurs conquêtes, les Romains ont imposé leur calendrier, mais les Grecs ont conservé le nom de leurs jours et mois. Donc, pas de « calendes » chez les Grecs !... Donc les « calendes grecques » ça n’existe pas !

 


ECONOMIE MONDIALE : APRES LA TOURMENTE, LA CONFUSION

Des-liasses-de-billets

 

Un calme troublant. Ce qui est important c'est le signal envoyé par l'Arabie Saoudite.

L’Arabie saoudite a gagné son rapport de force sur le pétrole. Après s’être préparée à une guerre d’usure en augmentant ses ressources par un énorme emprunt, elle a déclenché les hostilités en ouvrant à fond les vannes pour faire baisser le prix du pétrole, une action dévastatrice aussi bien pour les producteurs que pour les marchés financiers. Son objectif est atteint : elle a mis au tapis pour quelques années l'industrie du schiste aux États-Unis, dont  les producteurs américains, petits et moyens, ne survivent pas avec un baril à 30 ou 35 $, et elle fait en sorte, en même temps de limiter les recettes de l'Iran, son adversaire chiite, qui revient sur le marché. Mais l’Arabie ne veut pas de pétrole en-dessous de 30 dollars, et on peut penser qu'au-dessus de 50 ou 60 dollars, elle rouvrira les robinets. C'est un élément de la volatilité des marchés qui disparaît. L'Arabie Saoudite se comporte comme la Banque centrale du marché du pétrole, et pour la première fois depuis la débâcle boursière, elle est intervenue sur les marchés, envoyant un signal clair. La stabilisation du pétrole qui a regagné 20% en quelques séances a permis leur rebond, permettant aux valeurs massacrées dans la panique de se refaire une santé. Les indices boursiers ont enchaîné plusieurs séances de hausse, avec, pour Paris par exemple, une hausse de 6%. Le calme semble être revenu.

La panne de l’économie mondiale se confirme.

Quelques semaines après le FMI, c'est au tour de l'OCDE de réviser ses prévisions de croissance à la baisse pour 2016. L’Office lance un cri d'alarme : l'économie mondiale est en panne, et il est urgent de la relancer. C’est le message délivré par l'institution, qui a révisé à la baisse la perspective de croissance de quasiment tous les pays en dehors de la Chine et de l'Inde : 1,4% seulement en zone euro contre 1,8% précédemment, avec la France qui chute à 1,2% et les États-Unis qui tombent de 2,5% à 2%. Au total, la croissance mondiale sera, avec 3%, équivalente cette année à celle de 2015, alors qu'elle était prévue initialement à + 3,3 %. Il faudrait une « action collective forte », précise l'OCDE, sous forme de réformes structurelles et fiscales qui doivent permettre de transmettre à l'économie les effets des politiques monétaires accommodantes des banques centrales. La recherche d’un redémarrage de l’inflation est toujours à l’ordre du jour.

Pour les Etats-Unis, c’est le brouillard.

Le rapport de la dernière réunion de la Banque centrale américaine (FED) révèle ses anticipations ou ses inquiétudes. Il donne une vision intéressante de l'économie américaine. Et justement on découvre dans ce rapport que la FED ne comprend pas bien ce qui se passe, n'a pas de visibilité à court terme et est totalement troublée par la situation. Notamment les patrons de la politique monétaire américaine ne s’expliquent pas le fossé entre l'économie réelle américaine et les marchés, alors que l'Amérique se porte plutôt bien, que l'emploi continue à progresser malgré le plein emploi, et que les salaires décollent enfin avec des hausses significatives. Ils sont perturbés par la déconnexion entre la croissance et les marchés et ne comprennent pas l'anticipation de récession en 2016 qui circule sur les marchés,  et ils comprennent encore moins la chute des marchés. Mais si celle-ci était durable elle aurait un impact immédiat sur l'économie. Ils insistent aussi sur le possible impact de la situation en Chine sur l'économie américaine bien qu'ils ne voient pas de signes tangibles de ralentissement. Donc, tant que les marchés seront nerveux, ils ne toucheront pas aux taux. Ils ne les remonteront pas. Sauf si …  Ce n’est qu’un « stand by » !

Les autorités monétaires japonaises sont totalement perdues.

Le Japon est passé récemment en taux négatifs, le Nikkei s'est effondré et le yen s’est renforcé, le contraire de l’effet attendu, faire rebondir le Nikkei et baisser le yen. Les investisseurs japonais mettent leur argent sur des emprunts d'État à 10 ans à moins 0.035% ! La seule solution pour la Banque du Japon serait d'intervenir sur le marché des changes en achetant massivement du dollar. Ce qui se passe au Japon devrait attirer l’attention des européens car c’est peut-être ce qui nous attend. Rappelons-nous, quand Shinzo Abe revient au pouvoir en 2012, il explique sa méthode « des trois flèches » pour redresser l'économie : la relance budgétaire, les réformes structurelles et une politique monétaire ultra-accommodante. Et tout le monde y a cru, au Japon comme à l'étranger. Le Nikkei s'est envolé. Les autres gouvernements se demandaient même s'ils n'allaient pas copier les Abenomics. Plus de 3 ans après, les effets de la relance budgétaire se sont volatilisés, les réformes structurelles n'ont toujours pas démarré, et le pays se tire chaque jour les flèches de la politique monétaire dans le pied avec le résultat que l’on sait : la chute du Nikkei et l'envolée du yen. On attend toujours la grande réforme du marché du travail, un peu comme en France, elle est toujours annoncée mais jamais réalisée. Avec sa population très vieille, le Japon est le modèle d’un krach historique et durable puisque le Nikkei est en baisse de plus de 60% par rapport à son record historique de 1989, le modèle d'une croissance nulle ou molle sur 25 ans, le modèle de la déflation probablement liée à une démographie dévastatrice. Un modèle qu’on ferait bien de ne pas imiter, car si l'Europe ne trouve pas sa voie, elle pourrait se nipponiser.

La bombe à retardement des banques chinoises. 

Les banques chinoises ont distribué des crédits en janvier à un rythme record, elles ont accordé 2.510 milliards de yuans de nouveaux prêts (soit 360 milliards d'euros). C'est quatre fois plus qu'en décembre. C'est la preuve que Pékin cherche à relancer l'économie avec une politique monétaire plus agressive. La Chine va tout faire pour stopper le ralentissement du pays et elle peut y parvenir. Après la semaine de vacances pour cause de nouvel an, la Banque centrale chinoise a pris les marchés à contre-pied en poussant le yuan à la hausse, provoquant la plus forte hausse de la monnaie chinoise contre le dollar depuis plus de 10 ans. Le problème c’est qu’elle devrait au contraire faire baisser sa monnaie pour relancer son économie…  Comme on sait, la Chine a décidé de changer de modèle pour passer d’une économie tournée vers les exportations à bas coûts et les surinvestissements publics financés par les dettes, à une croissance plus durable mais plus faible assise sur la consommation intérieure. Mais voilà, les créances douteuses sont elles aussi en train de battre des records. A fin décembre, il y en avait pour 1 274 milliards de yuans, du jamais vu. Comme les autres grandes banques centrales, la banque chinoise fait tourner la planche à billets à plein régime et le paradoxe est qu’en procédant ainsi elle a peut-être  mis en route une machine infernale. Les marchés n'en ont donc pas fini avec la Chine ! 

L’Europe en « stagflation ».

Croissance molle et absence d’inflation vont continuer de caractériser l’économie européenne. La France campe sur sa position de cancre et plus personne ne croit que ses objectifs de réduction des déficits et de la dette seront tenus, d’autant plus que les dernières prévisions de croissance pour 2016 sont en-deçà de celles sur lesquelles le budget a été bâti. Mario Draghi veut continuer sa politique « accommodante » de liquidités,  c'est ce que révèle le rapport de la dernière réunion de la Banque centrale européenne, sans se rendre compte qu’elle ne produit pas l’effet escompté, tant la planète financière est déconnectée de l’économie réelle. A quoi bon baisser encore des taux déjà négatifs. Il y a gros à parier que ses décisions inquiéteront plus les marchés qu'elles ne les rassureront. Ceux-ci ne croient plus à une hausse des taux et la pression sur la BCE continue d’être forte alors que les anticipations d’inflation décrochent.

 

 


ECONOMIE MONDIALE : ON COMMENCE A Y VOIR PLUS CLAIR !

Baisse petrole

Je vais essayer de faire simple... pardonnez-moi si c'est un peu compliqué !  Je pense que comme moi vous voulez comprendre pourquoi, malgré la politique généreuse de la BCE et de la Fed qui inondent le monde de liquidités, on a, en ce début d'année, après une euphorie boursière, un quasi krach financier !

D’abord, on a bien un effondrement global des marchés.

Les économistes non seulement n’ont rien vu venir, comme d’habitude, mais ont peiné à donner des explications suffisamment éclairantes. Il faut espérer que la consolidation qui s’est installée depuis le début de la semaine permette à la fois d'avoir des comportements plus rationnels mais également des analyses plus argumentées. Sur les marchés boursiers, tout devait être simple : en baissant les taux d'intérêt à zéro, puis en descendant même en-dessous de zéro, les banques centrales voulaient pousser les banques et les épargnants à investir dans des actifs plus risqués, notamment les actions. Et c'est ce qui s'est passé, puisque  nous avons pu observer, au cours de l’année dernière, des records sur la plupart des indices boursiers. Ainsi le CAC montait à 5200 points et certains le voyaient déjà à 6000 pour la fin 2015. Pourtant la situation s’est retournée, et assez violemment dès le début 2016. Cet argent investi dans les actifs en actions devait servir à financer l'économie réelle. Sauf que les entreprises n'ont pas besoin que d'argent,  elles ont  aussi besoin de perspectives pour investir. Le manque de confiance a fait que l'argent distribué par les banques centrales est resté cantonné sur les marchés financiers ou, pire, est revenu se placer à des taux négatifs auprès des banques centrales et des gouvernements. Et c’est ainsi que le piège s’est refermé par un mécanisme simple à comprendre : les taux négatifs ont eu (et ont encore) un effet dévastateur en envoyant un signal peu rassurant. Car plus les banques centrales baissent leurs taux, plus le message perçu est celui d’une situation économique dégradée. De fait les perspectives de l’économie mondiale sont plutôt moroses et n’incitent pas à la sérénité. C’est là que la réaction en chaîne s’installe : les banques totalement asphyxiées par les taux négatifs voient leur cours s'effondrer ce qui entraîne les indices à la baisse. Du coup, tous les investisseurs qui ont cru à l'effet positif des taux négatifs sur les actifs risqués subissent le krach boursier et s'appauvrissent. Nous observons alors une nouvelle phase où les taux négatifs ont un effet négatif sur les marchés. Ce qui n’empêche pas, allez comprendre pourquoi, les banque centrales de continuer à inonder les dits marchés de liquidités.

La conjonction de plusieurs facteurs de crise.

Plusieurs facteurs de crise se sont en fait superposés. Les économistes patentés ont tout mélangé : crise économique, krach boursier, crise financière, krach bancaire, assortis d'analyses qu’on voudrait éclairées sur la Chine ou les conséquences de la chute du pétrole. Ces facteurs qui ne sont pas liés se sont déclenchés en même temps. Des ajustements comme l’économie en produit régulièrement mais qui interviennent cette fois-ci simultanément. Il y a d’abord la Chine dont le problème spécifique est celui d’un changement de modèle de croissance ; le pétrole qui est d’abord une guerre d’offres à quoi il faut lier une guerre tout court entre l’Arabie Saoudite, le schiste américain, la Russie et maintenant l’Iran ; les banques comme on vient de le voir ci-dessus qui sont confrontées à un problème de modèle économique, celui des taux négatifs. L’effondrement des marchés est la conséquence logique de tous ces problèmes cumulés mais aussi d'un réajustement à un nouvel environnement de croissance marqué par l'absence d'inflation. Ce qui veut dire que nous sommes probablement dans un nouveau cycle économique. Il a démarré en 2008 et il est alimenté par trois données fondamentales qui sont la démographie, la nouvelle évolution technologique et l’endettement des états. En toute  logique, la conséquence majeure que l’on observe c’est la croissance molle et la déflation, qui risquent de durer sur une période longue. Un ajustement de la valeur des actifs était inévitable. Il avait eu lieu pour les matières premières chez les émergents. Il se fait aujourd’hui sur les marchés des pays développés.

La suite, demain : le Japon, la Chine, les Etats-Unis et l’Europe… Pour un peu plus de détails.

 


RSA : LE BON SENS … OU PAS

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Le RSA a remplacé le RMI et n’a pas servi à grand-chose : pas mieux en terme d’activité pour les bénéficiaires. Voilà pourtant une « promesse tenue » de Nicolas Sarkozy. Et quand le dispositif a été pensé et présenté, il paraissait susceptible de faire revenir à l’emploi les personnes au chômage de longue durée qui en étaient les plus éloignées. C’était en 2006-2007 et la France connaissait une période de croissance qui faisait reculer le chômage, réduit à 7% de la population active début 2008, une situation qui frôlait le plein emploi. Dans ce contexte la mise en place du RSA paraissait amplement justifiée. Le temps que Martin Hirsch fasse adopter les textes et publie les décrets d’application, la situation avait changé du tout au tout : en 2008, la crise des subprimes vient déstabiliser violemment l’économie mondiale et la France est prise dans la tourmente. Le dispositif d’aide au retour à l’emploi est complètement pris à contrepied et la montée du chômage rend son application périlleuse. Il n’a, depuis, jamais vraiment réussi à remplir l’objectif qui lui était assigné et s’est transformé en dispositif coûteux d’assistance.

Les promesses sont toujours faites dans un contexte donné qui peut varier.

Une première réflexion me vient à l’esprit, à destination de tous ceux qui se complaisent à raconter que les politiques ne tiennent pas leurs promesses. Celles-ci devraient être indexées sur l’environnement économique et social au moment où elles sont faites. Or, il arrive que celui-ci varie sans que les politiques en soient responsables : la crise de 2008-2010 venue de l’extérieur en est un bon exemple. Bien des projets tombent inévitablement à l’eau ou doivent être revus. Toujours se souvenir que la politique n’est que l’art du possible. Evidemment, je ne mets pas dans le même cas, les promesses intenables assises sur des contre-vérités évidentes comme celles de Hollande en 2012. On ne s’étonnera pas qu’ils ait été obligé de les renier, la plus emblématique étant celle de la renégociation du traité européen sur le « pacte de stabilité ».

Le RSA est une bombe à retardement.

Les départements découvrent chaque jour un peu plus l’impasse dans laquelle le dispositif les plonge financièrement. Ils n’ont plus un euro en caisse, l’Etat leur rabote les dotations et beaucoup de majorités ont été élues sur un engagement de ne pas augmenter les impôts. La faillite les guette et la révolte gronde. A fin 2015, le nombre des bénéficiaires a atteint 1,6 millions de personnes. Les conseils départementaux doivent 110 millions d’euros aux Caisses d’allocations familiales au titre du RSA. Celles-ci sont à leur tour menacées de difficultés de trésorerie par contre coup, mettant en péril le versement du RSA aux bénéficiaires.

Le Conseil départemental du Haut Rhin a souhaité récemment proposer que les bénéficiaires du RSA puissent accomplir 7 heures hebdomadaires de bénévolat au service de la collectivité. La polémique s’est enflammée aussitôt. Balayons d’entrée de jeu l’argument consistant à refuser le principe pour ne « pas stigmatiser » les bénéficiaires. C’est l’attitude généralement mise en avant par les gens de gauche « touche pas à mes pauvres ! ». Comme si le fait d’être au RSA n’était pas stigmatisant en soi. Essayons d’examiner la proposition, sans a priori. Le Hic, c’est que le gouvernement augmente l’allocation, mais ce sont les départements qui paient.

Lier le RSA à une activité est-il approprié ?

On peut faire trois réserves recevables qui vont à l’encontre de l’idée. D’abord le lien entre bénévolat et activité obligatoire n’est pas évident. Celui-ci ne saurait être ni obligé, ni rémunéré, ou alors ce n’est plus du bénévolat. Ensuite, certains avancent, non sans raison, qu’établir un lien entre le RSA et le bénévolat c’est dégrader la notion de bénévolat : certains allocataires sont déjà bénévoles dans des associations de solidarité ou non. Enfin la rémunération pose problème : payer une activité définie subordonnée à un titulaire du RSA reviendrait à la qualifier en salariat, indemnités ou honoraires. Sans parler des autres problèmes posés aux autres bénévoles, de concurrence déloyale ou autre… Sans compter que ceux qui savent compter mettront en avant que 7 heures de mise à disposition pour 450 euros par mois, ça fait 16 euros de l’heure, en gros deux fois le SMIC ! Sac de nœuds assuré.

La politique de lutte contre la pauvreté.

C’est un angle plus convaincant.  Conditionner le versement du RSA à la réalisation d’une action bénévole pose le problème de l’efficacité des politiques de lutte contre la pauvreté. La proposition du Conseil départemental du Haut-Rhin est pertinente si on l’aborde sous l’aspect rationnel de « l’équilibre des droits et des devoirs ». Le principe est clair : tous ceux qui reçoivent une aide publique et qui peuvent travailler ont l’obligation de participer à la vie de la cité. Il existe de multiples tâches possibles qui ne soient ni stigmatisantes, ni marchandes. C’est d’autant plus justifié que, à la différence des allocations chômage, le RSA est un revenu accordé grâce aux impôts payés par tous les Français. Ces politiques « droit-devoir » sont appliquées ailleurs en Europe, au Danemark et aux Pays-Bas. Chez les Scandinaves on les considère comme naturelles. Elles sont à la fois un outil de régulation de la dépense publique et de valorisation de la personne. En plus, ces politiques facilitent la réinsertion. Autre idée : et si on laissait aux collectivités la possibilité de mener les politiques qui leur paraissent pertinentes sur leur territoire, nous verrions peut-être émerger de bonnes pratiques qui pourraient être ensuite imitées par les autres. Si ça donne des résultats à l’étranger, pourquoi pas chez nous ?

Question de bon sens, voilà tout !

 


LA PRIMAIRE AU BANC D’ESSAI - CHEZ « LES REPUBLICAINS » : EGOS A GOGO !

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Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

Il fallait s’y attendre, les médias n’ont vu du Conseil national « Les Républicains » que l’absence des candidats à la primaire le dimanche matin, interprétée comme un boycott du discours-programme de Nicolas Sarkozy, programme qui sera soumis à la discussion dans tous les comités départementaux.  Mais peut-être que c’était là leur objectif : faire en sorte que l’évènement principal soit occulté. Si c’est le cas, on appelle ça se tirer une balle dans le pied.

L’image catastrophique de la désunion.

D’abord parce que le thème « désunion » est démobilisateur pour notre électorat qui attend du rassemblement et de l’unité. Cela ne veut pas dire être aligné systématiquement sur le « chef ». Mais au moins qu’on le respecte, et avec lui tous les militants qui font l’effort de s’engager et sacrifient un week-end au parti. Il faut être bien crédule pour ne pas y voir une forme de contestation. Mon avis, en écoutant les commentateurs, est que tout le monde y perd.

On a toujours tort d’être absent.

Ensuite parce que la politique de la chaise vide est une erreur de stratégie. La première réunion des instances nouvellement élues méritaient davantage d’attention. Le Président est-il illégitime ? Son élection a-t-elle été contestée ? Evidemment non. Alors peut-on lui reprocher de faire son travail et de vouloir doter le parti d’un projet politique. C’est bien la moindre des choses. Il est le président, c’est donc son projet. Il aurait peut-être pu prendre davantage de précautions en le personnalisant moins, mais qu’aurait-on dit ? Et puis, cela n’empêche pas chacun de continuer à avoir ses propres propositions, pour peu qu’elles ressortent de la même philosophie. Chacun sait que le moment venu, l’élection présidentielle c’est l’affaire d’une personne face aux Français avec « son » programme. Aussi l’absence des principaux candidats à la primaire peut-elle être interprétée comme une marque de mépris à l’égard du travail effectué par les instances élues du parti.

Au judo, quand l’un pousse, l’autre doit tirer à soi… pour déséquilibrer l’adversaire.

Ce comportement est d’autant plus incompréhensible qu’il ne peut que jeter un peu plus la base militante dans les bras de Nicolas Sarkozy qui n’attend que ça. Si les intéressés y ont vu un piège, ils n’étaient pas obligés de tomber dedans. Et ils devraient savoir ce que cela peut coûter : on peut dire tout ce qu’on veut sur le rôle des partis politiques, mais on ne gagne pas d’élection sans le soutien d’une « machine électorale » puissante. Et « les Républicains » en sont une formidablement huilée, avec ses 250 000 adhérents, ses fichiers, ses réseaux d’adhérents et de militants, armée souvent dans l’ombre mais indispensable pour tenir le terrain. Le parti n’est pas tout, mais sans lui rien n’est possible. Nicolas Sarkozy qui a vécu la défaite de Balladur face à la « machine RPR » de Chirac le sait très bien : tenir le parti est primordial, s’en abstraire est suicidaire. Pourquoi croyez-vous qu’il ait mis la présidence du parti comme priorité sur le chemin de son retour ?

Mais voilà, les egos rendent aveugles.

Notre famille politique vit sur le « mythe » de « l’homme providentiel » depuis De Gaulle. Et qui peut nier que dans chacun des candidats à la primaire il n’y a pas cette part d’auto-désignation. Si on y ajoute l’ivresse des sondages pour Alain Juppé, on peut friser la cécité. D’autant plus que la bonne cote attire les soutiens, de conviction ou d’opportunisme. Edouard Balladur a vécu cela aussi, avec le résultat que l’on sait. Toujours est-il que pour ceux qui comme moi n’ont pas encore choisi, les absents du dimanche n’ont pas marqué des points. Je n’étais pas à Paris. Je ne suis plus qu’un simple adhérent de base, et pourtant j’ai ressenti cela comme une petite trahison. De la part de Bruno Le Maire, je n’en suis pas étonné. Venant de François Fillon et d’Alain Juppé, pourtant si brillants, c’est décevant.

Encore une chose.

J’ai écouté, hier soir, mon ami Jean-Pierre Raffarin avec intérêt, mais je l’ai trouvé bien naïf dans son commentaire sur la candidature de Jean-François Copé : « plus il y a de candidats, plus on élargit la base électorale de la primaire ». Au nombre des prétendants qui manifestent leur volonté de s’aligner dans la compétition, de Nadine Morano à Frédéric Lefèvre en passant par Jean-Frédéric Poisson plus je ne sais quel centriste, et parmi eux combien d’ « Iznogoud », je crains plutôt l’effet dissuasif de ce qui ressemble de plus en plus à une foire d’empoigne.

La primaire promet !

 


C’EST DIMANCHE, ON S’DETEND !

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L’expression du jour.

AVALER DES COULEUVRES

 

Elle me paraît très adaptée à l’arrivée de trois verts au gouvernement. Un vert, ça va, trois verts, bonjour les dégâts. Comment en est-on arrivé là ? Pour Placé et Pompili, ce n’est qu’une demi-surprise, tant ils envoyaient de signaux faisant connaître leur « disponibilité ». L’expression du jour peut s’appliquer à leur cas. C’est un des sens qu’on lui attribue : crever d’envie, tout faire pour parvenir à ses fins. En ce qui concerne l’ex-patronne d’EELV, la Coste (en deux mots, pas le crocodile), il s’agit plutôt du sens plus habituel : renoncer à ses convictions pour obtenir un poste en échange d’une promesse inepte.

Revenons à l’histoire de l’expression : avaler des couleuvres.

Bien qu’elle soit une espèce non venimeuse, la couleuvre n’en demeure pas moins un serpent. Comment peut-on en venir à en avaler ?

Une première explication de la locution la fait naître à une époque où les anguilles étaient de grande consommation. En jouant sur la ressemblance de ce poisson avec le serpent, on pouvait servir une couleuvre à un convive de qui on voulait se venger. Le malheureux invité ne se rendant compte de rien avalait donc des couleuvres à son insu. Faire « avaler des couleuvres », c’est donc chercher à tromper quelqu’un soit pour assouvir une rancune, soit pour parvenir à ses fins.

Une autre origine indique que l’expression doit sa naissance à une ancienne signification de « couleuvre » qui désignait une allusion dissimulée, tortueuse, ayant les sinuosités du serpent. Au cours de la période de fixation de la langue française, le terme « couleur » signifiait  avoir une apparence trompeuse. Cette similitude de forme et de sens entre les deux termes, couleur et couleuvre, a pu contribuer à la création de la locution « avaler des couleuvres ».

C’est pourquoi la locution verbale « avaler des couleuvres » possède aujourd’hui une double signification. On l’utilise pour caractériser le comportement d’une personne qui supporte toutes sortes d’affronts sans se plaindre. Elle s’emploie également pour dire que quelqu’un accepte comme des vérités des propos qu’elle ne devrait pas croire.

Un exemple tiré de Balzac :

Il s’agit d’une phrase tirée des Splendeurs et misères des courtisanes : « Lucien eut le courage des parvenus : il vint là cinq jours sur sept de la semaine, avala gracieusement les couleuvres de l’envie, il soutint les regards impertinents… ». L’essentiel pour Lucien de Rubempré était d’atteindre ses objectifs, peu importaient les couleuvres qu’il lui fallait avaler. N’est-ce pas là une bonne définition du parvenu ?

Voilà un adjectif qui s’applique bien à nos trois compères verts. Les deux premiers croient-ils vraiment pouvoir infléchir la politique du gouvernement en étant à des postes subalternes, et ne sont-ils pas plutôt satisfaits d’avoir enfin un poste ministériel pour quelques mois, sachant qu’après 2017, il leur faudrait probablement attendre bien longtemps. La troisième aura été bien crédule d’accepter la place en échange d’un vrai-faux referendum sur NDDL, qui s’avère être une promesse de Gascon. Car de deux choses l’une : ou le chef de l’Etat savait qu’il proposait quelque chose d’infaisable, ou il ne connaissait pas la loi, ce qui serait un peu gros, bien qu’avec lui, tout soit possible. Mais le résultat recherché est là : les Verts sont en miettes et Duflot … à poil !

 


HOLLANDE AUX ABOIS, LES FRANÇAIS AUX ABRIS !

Bricoleur

 

Le monde s’effondre, « il » fait mumuse !

Le krach boursier qui balaie la planète est en train de s’étendre en crise financière et déjà les pays fragiles voient leur dette attaquée par une remontée des taux d’intérêt. Pour l’instant, la France est épargnée, mais pour combien de temps. On est dans un processus qui pourrait conduire à une catastrophe aussi dramatique que celle de 2008 si les banques centrales n’arrivent pas à enrayer le mouvement. Tout cela mériterait une analyse en détail. Dans cette affaire, les politiques ont un rôle déterminant à jouer, en réunissant les organismes financiers mondiaux pour tenter de coordonner ce qui peut l’être… Mais où est la France ? En 2008, avec Nicolas Sarkozy, elle était aux avant-postes des initiatives. Mais non, pépère fait joujou : il remanie son équipe de bras cassés en vue de 2017, sa seule obsession. L’opération montre qu’il est aux abois, le dos au mur et prêt à tout.

Rabibochage, racolage et bricolage.

Voilà un bien triste spectacle. La France vient de se doter d’un « gouvernement » de combat ! C’est à pleurer de rire, si la situation n’était pas aussi grave ! Jamais remaniement n’a prêté à une telle pantalonnade. D’abord les rebuffades : Hulot qui décline est l’arbre qui cache la forêt des refus ; puis les prétentions : le départ de Fabius a suscité bien des convoitises à commencer par celle de la « toquée du Poitou » mais la levée de boucliers et de protestations dans les « milieux autorisés » ont réduit « l’ex » à continuer d’exercer ses foucades (contraction de folles tocades) au même endroit ; la défense aurait intéressé « la butée » de la Santé, Marisol Touraine, mais qui peut faire mieux que Le Drian, malgré son cumul ?

Suivent les ajustements, les vidages et les entrées. Macron est déclassé mais reste, La vipérine Najat continuera de sévir à l’Education, Fleur Pellerin, qui déplaisait dit-on à la Julie, est débarquée sans ménagement et Marilyse Le Branchu, proche de "l’amère de Lille", paie peut-être pour un refus de son mentor. Du côté des recrues il y a de quoi rester pantois : il faut que le chef de l’Etat soit bien démuni pour faire à ce point les fonds de tiroir ou se laisser aller au marchandage ignoble, indigne de la fonction. En matière de recyclage, c’est le retour du sombre Ayrault qui avait si bien échoué comme premier ministre : aux Affaires étrangères, avec lui, on est sûr qu’elles vont le rester. Passons sur le cas Baylet puisqu’ayant épuisé le stock des radicaux de gauche, il ne restait plus que le « vieux » pour les représenter. Enfin le coup de maître c’est l’entrée de trois écolos incarnant toutes les nuances de vert. Avec Pompili et Placé, il n’y a pas eu de difficulté, ils trépignaient depuis si longtemps à la porte, c’est pour eux le gouvernement de la dernière chance… d’être ministre avant longtemps. Placé est casé à la réforme de l’Etat, on ne rit pas et Pompili écope (21) « des relations internationales sur le climat » : celle-là on ne nous l’avait encore jamais faite. Par contre l’arrivée de la patronne d’« EELV », Emmanuelle Cosse, est doublement dramatique et emblématique  du jeu hollandais. Son débauchage en échange d’un referendum local pour NDDL est une première. Qu’un Président de la République s’abaisse à un tel niveau de donnant-donnant est pitoyable, mais surtout, la caser au logement où Duflot a commis les ravages que l’on sait, est un curieux signal envoyé aux investisseurs. Pas certain que le « logement », qui commençait à se relever mollement,  s’en remette ! C’est « costernant ».

On cherche toujours un cap 

Au troisième temps de la Valls, on cherche toujours un axe politique, un cap, une volonté incarnée pour lutter contre le premier fléau, le chômage, et le terrorisme. Au lieu de cela, c’est la confusion, l’ambiguïté, le flou. On voit bien les dosages pour tenter de donner une assise plus large au gouvernement. La réaction de l’état-major des Verts (de rage pour le coup) en dit long sur le peu d’effet de la manœuvre. Quant à l’entrée d’une réfractaire qui a voté « non » à la réforme constitutionnelle, elle est plus le symbole d’une faiblesse que l’image d’une magnanimité de l’exécutif. Moi président, … c’est le retour de la pléthore. 38 ministres et secrétaires d’état : on hésite entre « sauve-qui-peut » et « bande à Basile ». Jamais la gauche n’a été si divisée, et le Président a beau parader, le vote au Congrès reste hypothétique. Avec ses trucages, le remaniement-rabibochage veut faire croire à l’action, mais le ravalement cache mal l’usure.  Il peut toujours affirmer « je dirige », mais personne n’y croit. Il remanie pour « tenir sa ligne », mais on ne sait laquelle, il n’est plus lisible. Il explique vouloir « aller vite », mais plus personne n’écoute. Qui peut croire encore à l’impact de ce barnum ridicule si près de la présidentielle ? En tout cas, pas Mélenchon qui a pris les devants en annonçant sa candidature !

En conclusion, l’élargissement apparaît limité. Aucune personnalité de la gauche du PS ne rejoint l’exécutif. L’entrée des écologistes relève du débauchage, pas d’un accord avec EELV. D'ailleurs que pèsent-ils ? Quant au retour de Jean-Marc Ayrault, c’est peu dire qu’il donne une impression de retour en arrière. Au sein même de la majorité, beaucoup avouaient leur scepticisme : « Ni harmonie ni élan ». La messe est dite, la campagne peut conitnuer.

Français, courez aux abris !

 


LE RASSEMBLEMENT BLUES-MARINE

Le pen blues 2

Comment rebondir après une défaite malgré un score inégalé ? A Marine Le Pen aussi le problème est posé. Sa popularité en baisse en témoigne. Il peut y avoir une lassitude de son électorat devant l’incapacité du FN à concrétiser ses progrès par la conquête, par exemple, d’au moins une région aux élections régionales. Et pour la présidentielle, il faudra bien s’atteler à réformer le programme du parti pour le rendre plus crédible si elle veut séduire une majorité de Français, puisqu’elle a annoncé sa candidature.

L’impitoyable scrutin majoritaire.

Tant que le mode de scrutin sera majoritaire, le Front National ne pourra espérer accéder au pouvoir s’il ne trouve pas d’alliance avec d’autres partis. Et il n’y arrivera pas tant qu’il sera considéré par tous les autres comme un parti sulfureux qui professe des idées qui font peur, même s’il séduit 30% de l’électorat. La « dédiabolisation », mot qui en dit long, trouve ses limites dans les urnes des 2èmes tours. Les thèses que le parti frontiste développe en matière d’immigration, de sécurité, associées à la xénophobie de nombre de ses militants, ce n’est pas ce qui inquiète le plus. Elles expliquent même, en surfant sur l’actualité, ses progrès récents. La crise des migrants plus les attentats de novembre ont été de puissants catalyseurs de voix aux dernières élections. Mais, Marine Le Pen a beau gommer le langage intolérant et raciste de son parti, se positionner sur une laïcité présentée comme une protection contre l’Islam, elle ne parvient toujours pas à faire taire les plus ultra de ses « abonnés » qu’elle exclut quand elle ne peut vraiment pas faire autrement. Sans compter le premier de ses opposants internes en la personne d’un certain… Jean-Marie, dans le rôle du trouble-fête.

Un week-end de réflexion pour trouver la pierre philosophale…

Le Front National manque de crédibilité sur de nombreuses propositions de son programme dont trois points essentiels: il continue de préconiser la sortie de l’euro, la retraite à 60 ans et la semaine de 35 heures. Les deux derniers sont empruntés à la gauche et on sait ce qu’il en est : pratiquement plus aucun Français ne croit sérieusement qu’il est possible de ne pas travailler davantage pendant la semaine, pendant l’année et pendant une vie. Ces solutions sont si peu crédibles que certains voudraient s’en débarrasser. Mais Florian Philippot veille au grain. Interrogé au sujet de l’euro, le numéro deux du parti, a déclaré que le « FN est un parti souverainiste » et que, en tant que tel, il défendait la souveraineté française. Les libéraux de son parti n’ont pas eu gain de cause sur ce point. Cela reste un « totem » nécessaire si l’on veut faire croire que l’on peut protéger l’hexagone contre la mondialisation.  Autre dilemme : le FN peut-il adopter un look « convenable » en éliminant la haine de son langage, en retirant à Marine Le Pen son agressivité habituelle, en s’exprimant avec tolérance et non plus par certitudes, en compatissant aux problèmes posés aux immigrants si malheureux, quand bien même renoncerait-il aux 35 heures et à la retraite à 60 ans, ne risque-t-il pas de se banaliser au point de perdre ce qui le différencie des autres partis en général, et de la droite républicaine en particulier. La normalisation est mortifère pour ce type de parti qui prospère sur la protestation.

Faute de mieux, on va assister à une opération maquillage de grande envergure.

L’objectif est simple : présenter sur le terrain économique une image plus moderne et plus rassurante pour gommer le manque criant de crédibilité qui rebute une grande partie de l’électorat. Le mouvement amorcé pendant la campagne des régionales va se démultiplier pour présenter un éventail de dispositions favorables à l’« innovation », l’« industrie du futur », l’« écologie » ou encore au « patriotisme alimentaire » pour s’arrimer les agriculteurs, et on vantera bien davantage le soutien aux TPE-PME à qui on promet une baisse d’impôts, que la sortie de l’euro. Un « FN-Janus » : je suis souverainiste, regardez Marine, je suis libéral, regardez Marion ! Cette opération de communication ne doit pas masquer le fait que, sur le fond, le Front National ne renonce pas à ses options économiques qui mèneraient le pays dans le gouffre. Pour continuer de capter les votes contestataires de tous horizons, il doit persévérer dans sa défense du retour au franc  qui nécessitera la mise en place de barrières protectionnistes, un programme nationaliste et étatiste agrémenté de dépenses sociales massives à destination d’à peu près tout le monde. On a déjà dit ce qu’il fallait en penser : dramatiquement coûteux et irréalisable. Alors, pour masquer  cet épouvantail et tenter de paraître crédible, condition pour  attirer davantage l’électorat de droite, il va faire miroiter que son but est de faciliter la bonne marche des entreprises et de réduire les prélèvements. Un leurre.  Même en mettant en sourdine la sortie de l’euro, qui ne se ferait de toute façon que de manière « négociée » et après un référendum. Marine Le Pen s’exerce ainsi à l’art de la synthèse.

Chassez le naturel …

Avec un programme économique pour 2017 qui s’annonce encore plus démagogique que le précédent, en réalité, Marine Le Pen impose le choix d’une économie encore plus administrée et collectionne les mesures inapplicables dans le concert européen actuel : retour à l’échelle mobile des salaires, mise en place d’un revenu parental, augmentation de 200 euros des bas salaires financée par une taxe de 3 % sur les produits importés,... sans parler de tout ce qui touche à nos libertés, déjà bien amputées : contrôle des médias et autres. Marine Le Pen veut bien la discussion, mais si tout le monde  est d’accord avec elle à la fin ! Le FN veut garder sa spécificité, ce qui signifie qu’il continuera à horrifier des millions de Français. Il va donc devoir combattre avec une argumentation rejetée par 70 % de  l’électorat. Ce n’est pas à cause de l’euro ou du temps de travail qu’il est insupportable à la plupart d’entre nous, c’est parce qu’il véhicule les débris historiques du pétainisme, parce que ceux qui le rejoignent utilisent des mots choquants pour toutes les minorités, parce qu’il a été fondé, qu’il a prospéré et qu’il s’est imposé en s’appuyant sur des idées anti-républicaines. S’il les abandonnait, il disparaîtrait. Qu’il les garde et comme ça il restera indéfiniment à la porte du pouvoir !

Son projet, c’est « retour vers le passé » garanti.

Il ne suffira pas de quelques coups de pinceau pour lui donner l’apparence de la modernité, même avec un slogan « antithèse » qui vante « l’apaisement et la réconciliation ». Un comble ! C’est le loup de la fable qui se couvre d’une peau de mouton pour amadouer les petits cochons… d’électeurs.

 


CRAC, BOUM, … AIE !

 

Récession

J’avais prévu de vous parler du « blues » de Marine, et aussi du RSA, mais voilà, actualité brûlante (avec accent circonflexe) oblige : parlons du « krach » bancaire, puisqu’il y a « krach » ! Le reste viendra demain...

La plongée mondiale des bourses.

Depuis le début de l’année le CAC 40 a perdu 14% et est repassé sous les 4000 points. La bourse grecque fréquente à nouveau les abysses, retrouvant le niveau des années 90. Face à la montée des incertitudes, les investisseurs se détournent des actifs risqués et, en premier lieu, des actions. Ils ne s’inquiètent plus seulement pour la croissance chinoise où les marchés sont fermés une semaine pour le nouvel an, et pour les déséquilibres nés de la baisse du prix du pétrole. Ils s’interrogent aussi sur les risques de récession aux Etats-Unis, dont l’économie souffle le chaud et le froid, et sur l’éventualité d’un retour du désordre dans la zone euro. On assiste à une déroute ou une panique d’une violence qu'on a rarement vue depuis la crise de 2008. Heureusement pour les Chinois que leurs marchés sont fermés car nul doute qu’on les aurait encore accusés d'être responsables de la baisse !  Mais non, les marchés s’écroulent tout seul, sans même le prétexte d’une mauvaise statistique. Un parfum de panique flotte dans l’air comme si nous étions à la veille d’une secousse de très grande envergure, comme l’avait un peu prédit Patrick Artus, récemment.

Le système bancaire vacille.

Les banques sont au cœur de la tourmente. En Europe, elles ont perdu presque un quart de leur valeur. Voilà de quoi rappeler de mauvais souvenirs aux marchés. Débâcle, affirment même certains, en constatant avec étonnement, car personne ne s’y attendait, que les banques du monde entier, en Europe, aux Etats-Unis et en Asie sont touchées. Deutsche Bank se retrouve à son niveau de 1999, et les banque italiennes sont en chute libre, attendant que leur gouvernement les débarrasse de leurs créances pourries. La défiance s’étend à tout le secteur bancaire et même les valeurs sûres comme Goldman Sachs ou certaines banques françaises se font massacrer. Pourtant on ne peut pas dire que les valeurs bancaires étaient surévaluées, mais tout se passe comme lors d'une explosion de bulle. Pour comprendre, on évoque leur exposition à des secteurs en crise comme le pétrole, l'impact des taux bas et négatifs, le ralentissement économique, mais toutes ces explications ne sont pas convaincantes. Elles justifieraient une stagnation ou une baisse modérée mais pas un krach.

Néanmoins, les banques ne semblent pas en danger.

Heureusement les banques  sont largement plus solides que lors de la crise des subprimes ou celle de la dette européenne. L'arrêt d'une partie de leurs activités de spéculation les expose moins aux risques du marché et elles ont renforcé leurs bilans. Si dans des pays comme l’Italie ou la Grèce, elles sont encore très fragiles, on ne peut pourtant pas parler de risque immédiat de crise bancaire. La réalité c’est que les marchés sont très volatils et très nerveux parce que les investisseurs paniquent et vendent à n'importe quel prix et le cycle s’est mis en place : la baisse entraîne la baisse. Il y a trop d’argent disponible et il ne sait plus où se poser. Les investisseurs ont peur de tout : ils ont fait plonger les valeurs pétrolières, ils ont continué avec les valeurs bancaires et demain ils s'acharneront peut-être sur le secteur numérique. La spirale de la défiance sera difficile à enrayer. Et vous savez quoi ? Les banques pourraient bien être tentées de remonter les taux d’intérêt pour franchir cette mauvaise passe, entraînant pour le coup une réédition de la crise des dettes souveraines. Une vraie catastrophe !

Consolons-nous, il y a plus grave : hier soir « Les Tuches » ont fait un carton sur TF1 avec 8,5 millions de téléspectateurs ! On fait ce qu’on peut pour se remonter le moral.

 


LA FRANCE POUR LA VIE

France pour la vie001

 

J’ai lu le livre de Nicolas Sarkozy.

Tous ceux qui ont voté pour lui en 2007 devraient le lire et aussi ceux qui n’ont pas voté pour lui en 2012, mais qui auraient dû. Surtout ne pas se fier à ce que les médias en disent. Manifestement je n’ai pas lu le même livre que Mrs Besson et Schneider qui livrent leur analyse cette semaine dans Le Point. Il ne s’agit pas pour moi de faire une quelconque propagande de sarkozyste aveugle. Comme beaucoup de ceux qui ont soutenu son action, j’avais besoin d’y voir clair et j’attendais des réponses : sur l’absence de communication pour valoriser l’action réformatrice engagée pendant et après la période 2007-2012, sur l’abandon en chemin de certains d’entre elles, sur la réussite de l’action diplomatique internationale, sur le financement de sa dernière campagne… Il fallait un bilan du quinquennat et seul l’intéressé pouvait le faire, avec sa part de vérité, bien entendu.

C’est du Sarkozy dans le texte.

Balayons déjà toutes les supputations qui portent sur la main qui aurait écrit le livre. Aucun doute : c’est du pur Sarkozy. Le style, les expressions, le choix des métaphores, le recours à un vocabulaire volontiers hyperbolique : il suffit de mettre la voix sur le texte pour s’apercevoir de l’authenticité de l’auteur. Je relève ici et là : « l’immense question », « ni plus ni moins », « de fond en comble », « rien de moins que… », « faire l’économie de », « une fois pour toutes », « rien ni personne… », « en lieu et place », toutes ces béquilles si familières de l’expression sarkozienne jalonnent l’ouvrage, et lui confèrent ce rythme que l’on connait trop bien.

Des clés pour comprendre.

Certains ont vu les « mea culpa » sur les attitudes ou les paroles qui ont fait les choux gras de la presse à l’époque, et s’y sont arrêtés. C’est une vue un peu courte. Certes, « La France pour la vie » met en lumière les erreurs du quinquennat, mais le livre montre aussi ce qui a marché, et l’intérêt réside dans les clés qui sont données pour comprendre non seulement les écarts verbaux, mais aussi l’ensemble d’une gestion du temps et de l’action politiques  dans un monde où tout s’accélère et où il est important de remettre en scène le contexte, qu’il soit personnel au président ou extérieur. En bref, un « hyper président » trop humain qui met trop de temps à monter sur son piédestal. Un regret : l’auteur n’insiste pas assez sur les propositions de l’opposition d‘alors. Par exemple : on lui a reproché l’augmentation de la dette en faisant abstraction de la crise dramatique qui a secoué le monde entier alors qu’il fallait laisser filer les « amortisseurs sociaux » et lancer un « plan de relance », mais la gauche hurlait que le gouvernement Fillon n’en faisait pas assez !! J’entends encore les rodomontades de Mrs Hollande, Cahuzac et compagnie.

Un retour d’expérience utile pour l’avenir.

C’est certain, Nicolas Sarkozy s’adresse d’abord à ses partisans qu’il veut fédérer autour de lui, et au-delà aux Français qui peuvent le suivre dans son positionnement. Mais revenir au 1er plan quand on a été battu, aussi minime qu’ait été l’écart, est toujours très compliqué, surtout quand il s’agit de la magistrature suprême. Il faut bien comprendre que pour ceux qui ont renoncé à voter pour lui en 2012, il est un reproche vivant de la catastrophe hollandaise. Le plus que peut apporter l’expérience vécue d’un mandat sera-t-il suffisant ? Il sait bien qu’il n’aura aucune chance  de convaincre Bayrou, le procureur solitaire, ou Cambadélis, le piètre 1er Secrétaire du PS.  Il s’agit de conquérir des électeurs qui se sont éloignés de lui après avoir cru en lui.  Alors, le petit inventaire des erreurs, des fautes de goût et des regrets était forcément nécessaire. Reconnaissons-lui que dans l’exercice il y a des accents de sincérité, un souci de transparence, une volonté de lucidité sur son expérience du pouvoir. Il savait bien que ce qui retiendrait l’attention des médias-à-courte-vue ce sont les « erreurs » de comportement qui retiendraient l’attention (« Casse-toi pauvre con » a la vie dure) et qu’on ironiserait sur le caractère intime d’une confession qui reste pourtant très pudique. Plus intéressantes sont pourtant les précisions apportées sur le contenu des réformes et de l’action déployée pendant cinq ans. Un retour d’expérience sans concession qui vise à lui redonner de la crédibilité. Le message subliminal est « l’art de la politique c’est d’abord l’art du possible ». Sur les 35 heures, le RSA, la fiscalité, la méthode pour réformer, il tire les leçons de ce qui a été utile et de ce qui n’a pas marché. Toutes choses qui ont alimenté sa réflexion et qui justifieraient un mode de gouvernement renouvelé. Ce qui n’était pas possible hier l’est aujourd’hui après bientôt 4 ans d’échecs socialistes.

Des parts d’ombre subsistent.

Alors bien sûr, en 260 pages, il n’a pas pu entrer dans le détail d’une action débordante et riche « agrémentées » de crises à répétition. Quelques détails comme son entrevue avec Poutine à Moscou, sa rencontre avec Bush à Camp David ou la crise Dexia suffisent à montrer sa capacité à gérer et à prendre les décisions. Et beaucoup découvriront alors le poids déterminant qu’il a eu dans la création du G20 ou le sauvetage de l’euro. Néanmoins on aurait aimé en savoir plus sur les conclusions qu’il tire de « l’ouverture » de son gouvernement à Kouchner ou Fadela Amara, au-delà du satisfecit accordé à Besson et Bockel. Il ne s’étend guère non plus sur sa campagne de 2012, les conditions de son financement, et ses relations avec Patrick Buisson. Beaucoup continueront de se poser la question : « comment le patron pouvait-il ignorer l’existence de Bygmalion ? » et de douter qu’il n’ait pas contrôlé les engagements financiers. Or, l’affaire Bygmalion est un point de rupture dans la courbe de ses soutiens.

On peut enfin tirer un trait sur le quinquennat.

Après les regrets et les succès, l’ouvrage sert aussi à présenter les projets de l’ancien président. C’est essentiel de convaincre sur ce chapitre s’il veut reprendre la main. Sans tout dévoiler, car il faut toujours garder des billes et tenir compte de l’existence du parti, Nicolas Sarkozy veut démontrer qu’il est le meilleur grâce à l’expérience qu’il tire de son quinquennat. Ainsi, il ne choisira pas la même méthode pour engager les réformes qui devront être claires et d’envergure dès les tout premiers jours du mandat. Il cite un plan de 25 milliards de baisses d’impôts et de charges et une réduction de 100 milliards des dépenses publiques sur 5 ans, assorti d’une réforme du marché du travail. Evidemment, le projet n’est pas complet. Il s’agit de mettre en appétit avec quelques esquisses qui paraîtront trop superficielles, sur l’éducation, sur l’Europe, sur les dépenses sociales, et une réflexion sur le mariage pour tous qui fait déjà débat…

Nicolas Sarkozy peut passer à autre chose.

En exerçant lui-même son devoir d’inventaire et en remettant tout son bilan en perspective face à celui de Hollande, il peut ouvrir des perspectives nouvelles au moment où va s’engager la campagne de la primaire. Après le temps de l’introspection et du bilan, viendra celui de l’approfondissement du projet, à travers le travail au sein de la maison « Les Républicains » et auréolé du travail accompli, peu avant l’été, il pourra réellement entrer en lice. Les choses sérieuses commenceront réellement.

 

Un livre franc, utile, un bon livre selon Alain Duhamel « parce qu’il a un ton personnel et apporte des informations » avec une part d’autocritique bienvenue sans jamais être insupportable. La bataille peut commencer sur le projet. Le passage de Fillon à C/Politique hier soir, où il a démontré que le sien était mûr, annonce un débat passionnant, dont Juppé au final pourrait faire les frais.

« La France pour la vie » – Nicolas Sarkozy - Plon.

 


C’EST DIMANCHE, ON SE DETEND !

Tournoi entrer en lice

 

Le vocabulaire politique fourmille d’expressions venues des profondeurs de notre histoire. Je vous propose d’en passer quelques-unes en revue au gré de l’actualité, et comme l’Histoire est plutôt malmenée, ce sera l’occasion de rafraîchir quelques mémoires ou tout simplement d’instruire.

« ENTRER EN LICE »

Le monde politique bruit à droite comme à gauche à propos des primaires que l’on organise pour sélectionner les « hérauts » qui auront le privilège de porter les couleurs de leur camp pour la compétition présidentielle. Occupons-nous du cas de la droite et du centre, puisqu’à gauche on est empêtré dans des querelles de principe. Les prétendants sont nombreux, bien que tous n’aient pas encore fait connaître leur décision de participer. Tous ne sont pas encore « entrés en lice » !

Entrer en lice : l’expression vient du Moyen Age. Les Lices ont d’abord désigné les fortifications en bois qui ceinturaient les premiers châteaux forts. Ensuite, ces mêmes palissades ont servi à entourer les champs dans lesquels on organisait les tournois. Ils apparaissent au XIIème siècle et sont des reproductions codifiées des batailles qui permettent aux jeunes chevaliers de montrer leur savoir- faire et aux princes de renforcer leur vassalité. Le combat oppose d’abord des groupes de cavaliers armés de lances qui s’attaquent frontalement en se jetant les uns sur les autres. A partir du XIIIème siècle, le tournoi devient individuel pour permettre à l’aristocratie chevaleresque de se distinguer. C’est alors que la « joute » apparaît. Les « lices » deviennent une palissade séparant chacun des concurrents et forçant les chevaux à se faire face. L’enjeu est de désarçonner son adversaire par la puissance de la lance, face à un public friand du spectacle. Le tournoi devient une fête où le seigneur du lieu doit briller. Entrer en lice, c’est donc aborder le combat, en entrant dans l’espace où il se livre.

Aujourd’hui, l’expression a perduré : c’est s’engager dans une joute symbolique, un concours, une élection, un débat, une compétition… Les concurrents ainsi en lice se préparent à l’affrontement, à l’image des chevaliers des tournois.

 


LA GRECE A L’EPREUVE DU POPULISME

Tsipras

La Grèce paie le prix fort pour avoir choisi Syriza. Le PIB a reculé de 7 points et elle est paralysée par les contraintes imposées par ses créanciers en raison de réformes attendues qui tardent à se réaliser. Où est passé la « superbe » de celui qui annonçait un matin de janvier 2015 « il en sera fini de l’humiliation nationale. Nous mettrons un terme aux ordres venus de l’étranger ! » Eloquence et promesses intenables se sont fracassées contre la réalité. Un an après on cherche vainement les effets du « miracle » attendu.  L’austérité sévit plus que jamais, Alexis Tsipras et sa gauche radicale ont dramatiquement échoué. Ils voulaient imposer à l’Europe un autre modèle économique, c’est l’Europe qui continue de dicter sa loi, et il ne faut pas que les Grecs se plaignent, parce que sans elle le pays se serait complètement effondré. 

Le Populisme, ça ne marche pas.

On n’entend plus Marine Le Pen louer le gouvernement d’Athènes.  Et pour cause, il a fait perdre à son pays un temps précieux. Alors que la Grèce était en train de sortir de l’ornière fin 2014, l’économie affichait une croissance de 1,3% et on attendait 2,9% pour 2015. Aujourd’hui elle est toujours en récession. L’économie vit en quasi autarcie avec un contrôle des capitaux toujours en vigueur. Les 55 milliards d’euros qui ont fui ailleurs ne sont pas revenus, obligeant les banques à une nouvelle recapitalisation. Il faut dire que les réformes imposées ont un impact récessif, alors même qu’elles ne vont pas assez loin, comme celle des retraites. Conséquence : à Athènes les manifestations ont repris : agriculteurs, avocats, entrepreneurs sont dans la rue pour protester contre les réformes. 

Tsipras n’a même pas changé les habitudes.

Le népotisme demeure, sauf qu’il bénéficie maintenant aux proches du nouveau pouvoir. De quoi alimenter une grogne croissante. La dette atteint 187,8% du PIB et le pays est à nouveau menacé par la faillite. « Tsipras-du-vent », dont la popularité était restée longtemps intacte suscite désormais déception et colère. Incapable de rigueur, maniant le double langage, il est contraint, à chaque bras de fer, de rendre les armes. Le cynisme a remplacé l’habileté tactique qui lui avait permis d’obtenir un « oui » au referendum du 5 juillet dernier. L’heure du reniement est venue. Il a bien été obligé de demander un plan d’aide puisqu’il ne pouvait pas changer l’Europe, faute d’être suivi d’aucun partenaire. Il a bien remporté de nouvelles élections mais au prix d’une scission de son parti, avec son aile gauche qu’il retrouve aujourd’hui dans les opposants. Combien de temps pourra-t-il tenir le rôle de Sisyphe avant d’être écrasé par le rocher des réalités ? Le pays va droit dans le gouffre.

La Grèce est dans une impasse politique.

Le nouveau leader de la droite ne fera aucun cadeau à Tsipras et fera tout pour précipiter sa chute. Mais son projet politique ne peut que reprendre les mesures impopulaires du memorandum européen face à une société grecque qui subit de plein fouet les aléas politiques qu’elle a provoqués, et comme prise au piège, continue de résister aux mesures d’austérité. Où trouver les assises pour une reconstruction durable et acceptée par une majorité ?

Comme on le voit, la Grèce n’est pas sortie de l’auberge. Pour arranger les choses, elle est en première ligne de Schengen et faute de contrôle aux frontières, certains européens envisagent son exclusion provisoire… Une autre humiliation supplémentaire peut-être pas souhaitable !

Plus de pauvres encore plus pauvres, merci Alexis !

 


C’EST UNE CHOSE ETRANGE A LA FIN QUE CETTE EPOQUE !

Haddock se marre bis

 

Oui, je sais, c’est facile de parodier Jean d’Ormesson. Mais enfin … on marche sur la tête :

Placer en perdant de l’argent !

Nouveaux records à la baisse des taux d'intérêt. Mais jusqu'où peuvent-ils baisser ? On croyait que zéro était le plancher,  puis on a découvert les taux d'intérêt négatifs. L'Allemagne vient de battre encore des nouveaux records. Elle peut emprunter à 5 ans en recevant 0.32% : des investisseurs paient 0.32% par an pour que l'État allemand daigne leur prendre leur argent. Incroyable non ? Mieux, aujourd'hui un quart des emprunts d'état traités dans le monde ont des taux négatifs et malgré ces taux défavorables, la demande est toujours aussi forte. Il y a trop d'argent dans le circuit, les banques centrales continuent d’inonder le monde de liquidités pour relancer l'économie, mais les investisseurs qui en bénéficient ne les investissent pas dans l'économie réelle. Ils préfèrent les stocker à taux négatifs. C'est une aberration économique et financière totale. Manifestement ce traitement n'est pas le bon. Ça finira mal !

Cohn Bendit votera Juppé !

C’est tellement le « bordel » à gauche et chez les écolos que le moins pire est encore de participer à la primaire de la droite en votant Juppé ! On aura tout vu. Que 1968 est loin !

Une réforme constitutionnelle vidée de son sens.

Finalement on va inscrire dans la constitution un principe qui ne servira à rien puisque la « déchéance de nationalité » devra être prononcée par … un juge.

Hulot à la présidentielle.

Il ne manquait plus que lui dans le paysage. Un peu comme une marionnette que l’on ressort pour faire trois tours… Il faut dire que c’est tellement le cirque chez les Verts. Tiens, Hollande pourrait bien lui proposer un maroquin histoire de neutraliser des velléités concurrentielles encombrantes. On parie ?

La France et le cannabis

Ce n’est pas souvent que la France est au premier rang. Elle l’est souvent pour la production de vin. Son palmarès s’enrichit : elle est le premier pays consommateur de cannabis en Europe. 17 millions de Français l’ont déjà essayé et 1.4 million fument régulièrement. Plus inquiétant, 63% des jeunes de 15 à 24 ans disent qu'ils peuvent s'en procurer facilement. Vous croyez qu’il faut que je m'y mette ?

Gaulois incorrigible.

Gilles Bourdouleix, l’excellent maire de Cholet menace de quitter son parti (le CNI, je crois), dont il n’est plus président. Il ne s’entend pas avec le nouveau. Il envisage de créer son propre parti. Un petit chez soi… Quand on le connait, on sait qu’il est capable de mettre sa menace à exécution. C’est d’ailleurs pour ça qu’on l’aime bien !

Allocations dégressives 

Révolution : la gauche va mettre en place des allocations chômage plus dégressives pour favoriser l’emploi. Incroyable, non ? Allez, pas de panique : Macron va nous faire deux ou trois sorties, Manolito deux coups de menton bien sentis et … il ne se passera rien.

NDDL (Notre Dame des Landes)

Les électeurs ont pourtant tranché et bien ! En votant Retailleau, ils ont validé démocratiquement le projet aux 250 recours (au moins)… Manolito, martial, annonce l’évacuation. Mais Royal derrière est à la manœuvre. Elle a, parait-il pris la main. Le pire est donc à craindre pour le projet. En attendant, les opposants peuvent mettre le feu aux engins de chantier et racketter les citoyens. C’est « l’Etat de droit » version Royal. Car tel est mon bon plaisir !

 


LA FRANCE TOUJOURS DANS LE ROUGE

La croissance en panne

 

Notre Sapin-les-bas-roses a beau se targuer d’un déficit de l’Etat meilleur que prévu pour 2015, ce qui reste encore à démontrer, notre pays ne fait pas beaucoup d’efforts pour réduire dette et fiscalité. Il a de moins bons résultats que la plupart de ses voisins européens. Pire, en ce début d’année on assisterait plutôt à une inflation de promesses coûteuses.

Déficit 2015 : amélioration en trompe l’œil.

Le déficit de l’Etat a atteint 70, 5 milliards d’euros, soit 4 milliards de moins que prévu initialement. Ce résultat s’explique en grande partie par une charge de la dette moins élevée que prévu en raison des taux bas et une baisse de la contribution française au budget de l’Union européenne. La lutte contre la fraude a contribué pour un peu plus d’1 milliard et le rabot des dépenses a apporté 1,4 milliard d’économies supplémentaires. Finalement, le gain est plus dû à des paramètres extérieurs qu’à une volonté politique, alors que le contexte hyper favorable aurait permis beaucoup plus. Rappelons que dans le même temps, l’Allemagne a réalisé 12 milliards d’euros d’excédents. Ce qui remet les pendules à l’heure.

Notre pays ne fait pas d’efforts.

En matière de dépenses publiques, la France reste un cancre si on prend comme paramètre la nécessité  de les réduire. Notre déficit public est à 3,9% en 2014 contre 3% en moyenne dans l’Union européenne, nos dépenses publiques représentent 57,1% du PIB en 2015 contre 48,7% dans l’Union européenne et notre dette atteint 96, 9% contre 86,8% dans l’UE.  Notre pays est celui où la dette publique a diminué le moins vite depuis 2010 à cause d’une croissance en berne principalement. C’est aussi dans l’hexagone que la dette publique a le plus progressé, bondissant de plus de 3% contre 1,3% dans l’UE. Le poids des dépenses publiques se traduit par un niveau trop élevé de prélèvements obligatoires dont elle est vice-championne du monde avec le Danemark. En cause une part prépondérante de nos cotisations sociales : une politique dont nous n’avons plus les moyens et qui a forcément recours à la dette pour son financement. Qui plus est, elles pèsent principalement sur les entreprises, faisant de la part des cotisations patronales, la plus élevée d’Europe.  Et puis il y a la multitude de ces petites taxes (192 au rendement inférieur 150 à millions d’euros) qui rapportent quand même plus de 5 milliards. Une manie française que le gouvernement n’arrive pas à inverser. En 2016 on crée 5 taxes nouvelles pour une seule supprimée. En contre coup d’une politique fiscale désordonnée et de dépenses insuffisamment maîtrisées, la TVA rapporte moins qu’ailleurs de même que l’impôt sur le bénéfice des sociétés et l’impôt sur le revenu. Un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire.

L’inflation des promesses coûteuses.

Elles sont belles les promesses du budget 2016 : des impôts censés ne plus augmenter, 16 milliards d’économies, le tout reposant sur une croissance de 1,5%, avec une réduction du déficit à 3,3% du PIB. Seulement voilà, depuis le vote, il a fallu ouvrir le porte-monnaie des dépenses « imprévues ». Je veux bien pour celles concernant la sécurité après les attentats de novembre. Le « pacte de sécurité » l’emporte sur « le pacte de stabilité » s’est empressé d’affirmer le chef de l’Etat, beau prétexte pour se défiler d’engagements intenables. Après 800 millions supplémentaires pour les forces de l’ordre et la justice, le montant aurait été insignifiant s’il s’était arrêté là, le président  a multiplié les vœux dépensiers sans préciser le coût de ce qu’il annonçait (généralisation du service civique, augmentation du nombre des réservistes, évolution du point d’indice des fonctionnaires…). La dépense la plus importante sera affectée à la lutte contre le chômage pour en améliorer les statistiques, près de 2 milliards quand même ! Une nécessité découverte bien tardivement alors que la montée continue du nombre des sans emploi n’est pas une nouveauté. L’équation budgétaire est donc loin d’être garantie au moment où Bruxelles rappelle que la France ne bénéficiera d’aucuns délais supplémentaire. Le vice-président de la commission européenne le constate : « la France ne délivre pas les efforts structurels qui lui avaient été réclamés par le Conseil ».

Rien n’a été fait pour freiner la dérive des déficits.

Pour Agnès Verdier-Molinié, de l’IFRAP, la France ne pourra pas respecter son engagement de ramener à 3% son déficit en 2017. C’est tout simplement impossible. Les calculs de son Institut prévoient un dérapage du budget à 80 milliards pour cette année, et il ne voit aucune raison pour que le solde des comptes publics s’améliore vraiment en 2017. La croissance prévue pour 2016 est déjà sérieusement revue à la baisse en raison du contexte international, ce serait 1,1% plutôt que 1,4 ou 1,5. Quoi qu’il en soit, on sera toujours dans une atonie qui ne permettra pas de créeer suffisamment d’emplois. Bref, l’IFRAP évalue à 3,5% le déficit pour 2017, loin des 1% prévus dans les accords avec l’Europe. Un motif d’inquiétude supplémentaire s’ajoute à ce constat austère : nous allons droit vers les 100% de dette publique. Or, la seule manière de redresser les comptes est de baisser les dépenses. Depuis le début du quinquennat elles sont passées de 1 150 milliards d’euros à 1 280 milliards par an, avec une inflation négligeable et une absence de croissance. La dérive continue donc. En France, que la conjoncture soit bonne ou mauvaise, les comptes sont toujours dans le rouge. Voilà un motif justifié de modification constitutionnelle : mettre dans l’article 34 que tout excédent budgétaire devra être intégralement affecté à la réduction de la dette. De nombreuses mesures techniques sont possibles pour enrayer les mauvaises habitudes et la tendance au laxisme budgétaire. La Cour des Comptes n’est pourtant pas avare de bonnes recommandations. Ainsi nous payons tous les ans 60 milliards de plus que nos voisins en couts de production de nos services publics. Les économies sont sous nos yeux, il suffirait de les ouvrir pour les voir. L’IFRAP fait même un catalogue de 10 propositions pour retourner à l’équilibre budgétaire sans affecter la qualité des services publics. Il suffit de volonté politique.


Reprise France002 Difficile de sortir de l’économie « pouf ».

Cette image utilisée par une chroniqueuse en économie est très parlante. Le "pouf", c'est ce siège confortable dans lequel on s’enfonce mollement mais dont on a du mal à s’extraire ensuite, surtout quand on a un certain âge. C’est le cas de notre « vieille » économie. Notre modèle social et économique amortit les secousses des crises et nos chutes sont plus douces qu’ailleurs. En 2009 la récession en France a été de moins de 3% quand elle atteignait 6% outre-Rhin. Le poids de l’Etat en est la cause. Mais la contrepartie c’est la lourdeur au redémarrage quand la croissance repart. Ce qui était un amortisseur devient un boulet : les prélèvements obligatoires sont un frein à la création de richesse. Le « pouf » agit comme un piège !

En attendant, on n’est pas près de voir le bout du tunnel...

Gilles Carrez et Eric Woerth chiffrent à 4 milliards d’euros les dépenses nouvelles non financées. De quoi rendre la France encore plus vulnérable !