ENERGIE : CASTEX ARROSE LE SABLE !
26 janvier 2022
Comme dirait l’autre, « ça coûte rien puisque c’est l’Etat qui paie ». En attendant, c’est le cochon de payant qu’est l’usager qui passe à la caisse chaque fois qu’il va à la pompe, et la mesure qui consiste à augmenter de 10% le barème de l’indemnité kilométrique, que notre Premier Sinistre (dixit Coluche) propose, sans être gratuite (autour de 400 millions), ne répond pas au sujet. Ce dont les ménages ont besoin c’est de conserver leur pouvoir d’achat aujourd’hui, car les fins de mois deviennent difficiles. L’augmentation du barème n’apporte pas cette réponse immédiate. Et d’ailleurs, il y aurait beaucoup à dire sur la cohérence du ciblage ainsi opéré. Les bénéficiaires seront les gros rouleurs, notamment ceux qui doivent effectuer un long trajet en voiture pour aller travailler ; mais d’un point de vue écologique, cette disposition incite à rester à l’essence, en contradiction avec les aides à la conversion électrique. En outre, à nombre de kilomètres identiques, la baisse d’impôt sur le revenu sera d’autant plus élevée que le contribuable est assujetti à une tranche élevée : curieux effet anti-redistributif.
Rappelons que cette aide vient à la suite d’un train qui s’allonge à mesure que le prix de l’énergie augmente : chèque énergie de 100 € en septembre (600 millions), indemnité inflation du même montant, accordée aux personnes gagnant moins de 2 000 € (3,8 milliards), gel du tarif du gaz et bouclier tarifaire limitant celui de l’électricité (8 milliards pour l’Etat et autant pour EDF détenu à 84% par l’Etat). Le tout à crédit, évidemment, puisque l’Etat n’a pas la queue d’un. Mais surtout, ça n’apporte pas de solution pérenne à la baisse du pouvoir d’achat. Comme il semble bien que le recul des cours mondiaux de l’énergie n’est pas pour demain, en raison du contexte international, conflit avec la Russie, flux d’approvisionnements perturbés, … la campagne électorale poussant à « agir », le gouvernement pourrait bien nous sortir de son chapeau une nouvelle aide d’ici avril. Tant que l’élection ne sera pas passée, l’exécutif se croira obligé d’arroser le sable pour faire croire qu’il fait quelque chose. C’est prendre un peu les électeurs pour des benêts. Et plus le sable aura été arrosé, plus il sera difficile au prochain président de fermer le robinet.
En même temps, la fin de l’année a été particulièrement lucrative pour les caisses de l’Etat. L’accélération de la croissance a drainé une quinzaine de milliards d’euros de recettes supplémentaires : cinq milliards sur les ménages et 10 milliards sur l’impôt sur les sociétés. Grâce, notamment, au dynamisme de la TVA dont une partie est redistribuée aux collectivités, les recettes des régions devraient bondir d’un peu plus de 800 millions d’euros cette année, d’un peu moins de 800 millions pour les départements et de 400 millions d’euros pour les intercommunalités. A cela s’ajoute une revalorisation exceptionnelle de 3,4 % des valeurs cadastrales votée dans le projet de loi de finances pour 2022. Ces valeurs servent de base de calcul à la taxe foncière et à la taxe d’habitation (qui continue d’exister). Cette hausse, inédite depuis 1989, rapportera aux communes et aux intercommunalités plus d’un milliard d’euros supplémentaires. Si elle devrait permettre aux collectivités de reconstituer un peu leur épargne brute, nécessaire à l’investissement, et de faire face, en partie à la hausse des coûts de l’énergie, elle n’empêchera pas pour autant une répercussion à la hausse sur les taxes foncière et d’habitation, d’autant plus que le gâteau sera entamé par une baisse de 4% de la CVAE (ex taxe professionnelle). Vous m’avez compris, ces bonnes nouvelles n’en sont pas forcément pour tout le monde et les ménages devront comme toujours mettre la main au porte-monnaie.
On n’est plus à une contradiction près. On attend même avec une certaine curiosité la prochaine aide. Et v'lan, voilà une aide de plus qui tombe à l'instant où j'écris : une aide exceptionnelle pour les travailleurs indépendants !
C'est Noël jusqu'en avril !