COMMENT SORTIR DE L’ADDICTION A L’ARGENT PUBLIC ?
15 février 2022
La maladie des subventions.
L’économie française et la société sont malades des subventions à tout va nous explique Jean-Pierre Robin, du Figaro. Consommateurs, salariés, entreprises : l’Etat envoie la monnaie à tous les étages et par tous les moyens : chèques, subventions, diminution de charges, avec pour conséquence de se substituer aux employeurs pour le pouvoir d’achat, de réduire les cotisations patronales pour réduire le coût du travail, etc … Mais la très forte progressivité des charges en fonction du salaire qui en est la conséquence entraîne des effets de seuils dissuasifs, bloque les hausses salariales et l’ascenseur social. Cela explique aussi que les grands groupes industriels français ont 62% de leurs effectifs en dehors de l’hexagone, délocalisant leurs activités haut de gamme, ce qui condamne le territoire français au bas de gamme. L’Etat tente de corriger cette politique ubuesque par les mécanismes fumeux des différents crédits d’impôts (13 milliards par an de manque à gagner) et en laissant prospérer les niches fiscales (84 milliards en 2022). La pandémie a rajouté à l’addiction les PGE (prêts garantis par l’Etat) pour 141 milliards.
Appauvrissement généralisé.
Cette addiction à l’argent public est cause d’appauvrissement généralisé. C’est une faiblesse structurelle facile à comprendre. Le cercle vicieux de toutes les addictions aux subventions d’Etat qu’il s’agisse des consommateurs, des entreprises ou de leurs salariés conduit aux bas salaires et à la faiblesse de fonds propres qui rend peu résilients les uns et les autres aux chocs, comme en témoigne l’état de tétanisation du gouvernement face aux records des prix de l’essence à la pompe. Nous assistons à une faillite collective, nous dit Nicolas Baverez. Malgré les performances exceptionnelles de l’année 2021 marquée par une croissance de 7% et par la création d’un million d’entreprises et de 650 000 emplois, qui relèvent d’une pure logique de rattrapage, le modèle économique français reste plus que jamais insoutenable. Contrairement à ce que veut faire croire le gouvernement, il reste caractérisé par la poursuite de la désindustrialisation, avec une activité manufacturière inférieure de 3,5% à son niveau avant épidémie, un déficit du commerce extérieur de 86 milliards et une dette publique qui culmine à 116% du PIB, le tout se soldant par un appauvrissement de 100 à 200 milliards si on tient compte de tous les déficits qui ne sont pas comblés par le gain de PIB. Ce qui est corroboré par le constat d’Agnès Verdier-Molinié de l’augmentation continue du nombre de pauvres en France. Le moment est venu de prendre le taureau par les cornes. Le débat de l’élection présidentielle que M. Macron veut occulter doit être l’occasion de faire la vérité sur la situation réelle de la France et de décider des orientations à donner à un tournant de l’histoire de notre pays. La France ne peut pas s’offrir le luxe d’une reconduction de la même politique cinq ans de plus, alors que l’inflation s’installe et que la remontée des taux va gager les faibles marges de manœuvre de l’Etat.
Les conditions du sursaut.
Un sursaut s’impose, et il imposera des efforts et des bouleversements. Le cacher aux électrices et électeurs serait une imposture démocratique qui conduirait inévitablement à des lendemains dramatiques. Car à toute cette problématique d’un Etat omnipotent s’ajoute un autre écueil central de la France, qui explique ses faiblesses, c’est celui de l’école et de l’insuffisance des compétences. Nous sommes en train de changer d’ère, mais peu de nos politiques l’ont compris. Les classements de l’OCDE, que l’Education nationale regarde distraitement, montrent que cette faiblesse concerne les jeunes comme les adultes. Cette situation désastreuse est la cause de l’inemployabilité de trop de monde, de la faible modernisation des entreprises, de la désindustrialisation et donc de la dégradation de nos finances publiques. Or, il est urgent d’inverser la spirale. En relevant les compétences cela ferait repartir vers le haut les emplois, la qualité des emplois et les salaires. Ce serait aussi une manière d’accompagner le recalibrage de l’Etat-providence dont les contours doivent être redessinés pour l’adapter à un monde d’énergie chère, de mobilité chère, d’alimentation plus coûteuse. Recalibrage évident dans un pays où les prélèvements sont déjà si lourds que l’enveloppe globale ne peut être augmentée. C’est le moment de passer de l’Etat dépensier à l’Etat garant en mobilisant pour les investissements prioritaires, avec une garantie publique, l’épargne des ménages, surabondante avec la pandémie. Ce serait aussi un bon moyen de remobiliser les classes moyennes en leur permettant d’accéder à des placements sans risques et plus lucratifs que les actuels livrets d’épargne aux rendements nuls. L’Etat se contenterait d’accompagner le redressement de l’économie privée sans bourse déliée mais seulement en recourant à sa signature qui ne coûte rien mais pourrait valoir de l’or.
Une France nouvelle !
Face au bilan du président sortant qui a « cramé la caisse » et dont les réformes structurelles sont quasi inexistantes ou au mieux homéopathiques, il convient d’opposer un programme qui privilégie les économies et cible mieux les dépenses indispensables tout en cherchant à diminuer la charge qui pèse sur l’appareil productif et qui mette au cœur la rénovation du système éducatif pour l’adapter au monde qui advient. Il est grand temps de faire la réforme de notre système de financement des retraites, en portant l’âge de départ à 65 ans, voire 67 ans à terme, car c’est le moyen le plus efficace pour en assurer la pérennité, en dépit des coûts induits, et sans dommage sur le marché de l’emploi car la pyramide des âges (ci-dessus) en accentue l’opportunité : nous sommes à un moment de creux démographique des 20-35 ans. Il faut accompagner le mouvement par une réduction du nombre des fonctionnaires conséquente (en Allemagne 56 agents publics pour 1 000 habitants, 85 chez nous !) en parallèle avec une nouvelle et puissante décentralisation, meilleur moyen d’enrayer le socialisme technocratique larvé qui paralyse par sa passivité et ses doublons l’action de l’Etat.
Ce programme existe, c’est celui de Valérie Pécresse.
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