HISTOIRE
DRÔLE DE BILAN !
IL N’Y A QU’UNE DROITE !

L’ETAU DES TAUX DANS LA CAMPAGNE !

étau des taux

On y est ! 

Le passage du négatif  au positif du taux des obligations d’Etat allemandes,  qui est la référence pour  toute la zone euro, marque un moment clé : le retour  à la normale, et même un peu plus, puisque les taux à 10 ans vont sans doute aller au-delà de ce qu’ils étaient.  C’est le début des ennuis pour  les Etats  surendettés comme la France. Les entreprises et les ménages, dont la dette est souvent à taux fixes, n’auront à souffrir de la remontée des taux que très progressivement. En revanche, les Etats qui ont vu s’alourdir massivement leur dette à cause de la crise vont prendre de plein fouet la hausse des taux.  La  France est aux premières loges, ayant été la plus dépensière et donc  la plus emprunteuse auprès de la BCE. Et elle reste le pays de la zone qui émet le plus de dettes en volume chaque année sur les marchés.

Le mur du pacte de stabilité.

Les gouvernements et les banques centrales ont ouvert une voie qu'il va être difficile de refermer. Ces banques centrales qui, même avec des taux d'inflation supérieurs à 4%, veulent tenter de maintenir des taux bas le plus longtemps possible. Ce qui n’empêche pas la France de vouloir qu'on oublie totalement jusqu'au souvenir les limites européennes de déficit public. Pourtant, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui sent déjà le vent du boulet prend les devants. Ainsi, il a chiffré l'impact d'une hausse d'un point de pourcentage des taux d'intérêt sur les finances publiques françaises : cela coûtera au contribuable la bagatelle de 39 milliards d'euros par an au bout de dix ans ! Une bagatelle ! Cela représente rien de moins que l'équivalent du budget de la Défense. C’est bien pourquoi Emmanuel Macron n’a pas évoqué le sujet à l’occasion de son discours de Strasbourg, ce  qui ne l’empêche pas de manoeuvrer en coulisse pour tenter d'obtenir de l'Allemagne un assouplissement du Pacte européen de stabilité.

La rigueur budgétaire s’imposera « quoi qu’il arrive » !

Il faut que le chef de l’Etat ait en tête, ainsi que tous les autres candidats, qu’une « simple stabilisation » de la dette française n'est pas tenable, comme les en avertit le même Villeroy de Galhau. Car miser sur la seule croissance ou compter sur la stabilité des dépenses publiques ne suffira pas à réduire l'endettement français. Il faudra réformer en profondeur l'Etat et les collectivités. Une tâche d’autant  plus compliquée que le resserrement de la  politique monétaire réduira  les marges de manœuvre. Car, ce qu’il faut savoir, c’est que la dynamique actuelle des taux ne concerne pas que l'Allemagne. La dette de marché européenne n'a pas résisté à la vague de hausse qui touche l'ensemble des taux dans le monde. A 0,40 %, le taux à 10 ans français a retrouvé ses niveaux d'avril 2019. Aux Etats-Unis, le rendement des Bons du Trésor à 10 ans est passé de 0,90 % à 1,50 % en 2021, et il approche désormais 1,90 %. Les investisseurs estiment que la pandémie s'essouffle et augmentent leurs attentes en termes de rémunération. L'inflation continue pour sa part de grimper, avant la décrue attendue. En décembre, elle a atteint 7 % sur un an aux Etats-Unis - un plus haut depuis 1982 - et 5 % en Europe, ce qui pousse les banques centrales à durcir leur politique monétaire. Outre-Atlantique, la Réserve fédérale est en train de mettre fin à ses achats d'actifs et pourrait procéder dès mars à une première hausse de taux - probablement suivie de deux ou trois autres tours de vis cette année. Inéluctablement la BCE sera obligée de suivre sauf à voir l’euro se déprécier. D’ailleurs elle va arrêter son programme « urgence pandémie », privant le marché obligataire d'un soutien non négligeable. La normalisation des taux d'emprunt est donc entrée dans une nouvelle phase. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les pays de la zone euro qui vont devoir lever près de 1 200 milliards d’euros cette année. Le principal risque pour ces pays est de voir leurs taux nationaux s'écarter fortement des taux allemands, avec pour conséquence un regain d’intérêt pour ces derniers, délaissant les autres qui se retrouveraient alors en grande difficultés, la  BCE réduisant elle-même ses achats. De quoi faire grimper un  peu plus les taux. Cette  hypothèse est le scénario du pire. Mais ne vaut-il pas mieux l’avoir en tête ?

En effet, les candidats à la présidentielle prennent soin d'éluder le débat de la réduction du train de vie de l'Etat et de l'assainissement des finances publiques, à l’exception de Valérie Pécresse. Pire, la plupart parlent au contraire de dépenses supplémentaires ! La palme revient à Mélenchon qui ne veut même pas  entendre parler de la dette, ce qui est complètement irresponsable. Nous allons devoir vivre le  trimestre  qui vient avec l’œil sur le thermomètre économique : inflation, intérêts de  la dette, niveau de la dépense publique… Et selon l’évolution, revoir les programmes, sauf à vendre des promesses… verbales !

 

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