HISTOIRE
BORIS SANS FOI, NI LOI !
PEUT-ON SAUVER L’EDUCATION ?

MANU LE BARATINEUR

Macron interview

 

France 2030.

Il n’a  pas son pareil  pour enfoncer les portes ouvertes, asséner les vérités toutes faites, dire à son auditoire ce qu’il a envie d’entendre, commenter l’actualité  pour faire croire qu’il la maîtrise. Ainsi va Manu en campagne sans faire campagne tout en distribuant les  chèques au nom de « l’action ».  Le Prince  a condescendu à dévoiler son plan   « France 2030 » qui prévoit d’investir 30 milliards  d’euros sur cinq ans dans quinze secteurs prioritaires afin de relancer  l’industrie et  l’innovation dans notre  pauvre pays. On se prend à imaginer le cauchemar s’il avait  concocté un  plan 2050… et 50 milliards.

Une annonce politique.

Voilà un plan de plus qui s’inscrit dans la longue liste  des plans  portés par  l’Etat « stratège », un bien grand mot au vu des résultats obtenus par les plans successifs, du programme des « investissements d’avenir » au plan de 57 milliards de 2017… qui ont tous échoué sans qu’on en tire la moindre leçon et malgré le Commissaire Bayrou.

Il  ne fait guère de doute que le redressement de la France passe par sa réindustrialisation et par un énorme effort de recherche.  En effet, Le décrochage du pays s’est accéléré depuis les années  2 000, avec un recul  de la 4ème  à la 7ème  place  des économies mondiales, à cause notamment  du déclin industriel dont  le poids dans le PIB a chuté de 24% à 10%. On le voit avec  l’Allemagne,  l’industrie joue un rôle déterminant dans la qualité et le volume de l’emploi, dans l’innovation et l’exportation. De fait, si notre commerce extérieur est si  gravement  déficitaire c’est  bien parce que nous n’avons plus grand-chose à vendre.

Mais le plan proposé n’est  pas à la hauteur des enjeux. Il présente deux défauts qui le disqualifient : d’abord son montant  est sous-calibré et ne permettra  pas de combler  le retard d’investissement et d’innovation  accumulé par la  France, ensuite il s’annonce évidemment trop coûteux car financé en totalité  par la dette publique qui atteint près de 120% du PIB (116), et non par la réorientation de dépenses courantes  qui vont encore grossir de 11 milliards d’euros l’année prochaine.

Le  plan n’est que le support des bavardages de campagne électorale pour président sortant en mal de bilan. Ni sérieux, ni responsable !

Le  mur des réalités.

L’économie française, malgré les cocoricos du coq Le  Maire, présente tous les caractères d’une entreprise au bord de la  faillite. Elle possède des actifs et des activités de grande valeur. Encore faut-il remplir  les conditions qui permettraient de relancer leur exploitation. On en compte au moins trois : traiter  les problèmes de coûts, assainir la structure financière sur laquelle elle est assise, transformer sa gouvernance  en changeant les hommes et les  structures qui sont à l’origine des problèmes. Sinon,  réinvestir ne servira qu’à dilapider  un  peu plus d’argent public comme précédemment, et les 30 milliards seront dépensés mais les 45 milliards de gains attendus comme les emplois escomptés resteront virtuels.

D’autant  plus qu’il  repose sur un  postulat énoncé par le Président lui-même : il est  indispensable pour financer le  modèle social français. Autant financer  un gouffre. On sait, et le Covid n’a fait que le  confirmer, que le fameux modèle social est « insoutenable ».  Il explique notamment l’effondrement de la croissance depuis trente ans et la majeure partie de la dette publique. Il conduira notre pays irrémédiablement  au « défaut » quand les  taux d’intérêt remonteront.

Enfin dernier défaut et non des moindres de ce plan : le choix des 15 secteurs prioritaires n’a été précédé d’aucun diagnostic partagé avec les entreprises, d’aucune  cartographie des opérateurs, d’aucune expertise sur les compétences requises. Comme on peut s’y attendre, on assistera à  un saupoudrage et à une distribution selon un inventaire  à la Prévert. Un exemple : 6 milliards  pour les semi-conducteurs ! Génial direz-vous.  Le taïwanais TSMC s’apprête à investir 100 milliards dans ses usines d’ici 2024 : ça remet  les pendules à  l’heure !

Passons à autre chose.

Cet  aimable  plan de communication pour candidat à la présidentielle en campagne sans le dire  n’est donc qu’un prétexte. Sa marque : saupoudrage et amateurisme. L’argent est tombé  de l’Europe, mais il faudra bien le rembourser.

L’Etat ferait mieux de se consacrer à solder son inefficacité  chronique, de se moderniser en diminuant ses coûts de fonctionnement, et  de mettre fin aux logiques destructrices qu’il a mises en œuvre avec la santé ou le nucléaire, par exemple. Il  devrait se consacrer  en priorité à rétablir des conditions viables pour les entrepreneurs de tout poil au lieu de les euthanasier avec l’enfer des  taxes, des impôts  et des réglementations. Car l’Etat stratège qui se prend pour l’Etat entrepreneur, c’est comme le capitalisme sans capital : ça ne peut pas marcher.

 

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