LES ENNUIS ARRIVENT !
13 décembre 2021
L’inflation est là.
En France, elle est encore au-dessous des 3%, mais le niveau qu’elle atteint aux Etats-Unis (près de 7%) nous montre très clairement ce qui nous attend à brève échéance. Ce qui devrait être une bonne nouvelle va se transformer en chemin de croix à cause de nos déficits et surtout de notre dette. Et l’alignement des planètes contrariantes est en train de se mettre en place. La rencontre avec Olaf Schultz, nouveau chancelier allemand, avec Macron, malgré les sourires de façade, n’a pas levé l’exigence germanique de retour à l’orthodoxie financière et la BCE tiendra jeudi une réunion de politique monétaire sous haute tension, à l’issue de laquelle elle devrait annoncer l'arrêt des mesures d'urgence contre le Covid. Entre l’explosion des contaminations et les craintes liées au variant Omicron, le moment semble peu propice, mais l’institution joue sa crédibilité, après avoir reporté plusieurs fois sa décision afin de préserver l’économie européenne. D’autant plus que La Fed se réunira mardi et mercredi et se retrouve elle aussi en position délicate, alors que l'inflation est au plus haut depuis quarante ans aux Etats-Unis. Si la divergence entre les deux banques centrales est trop forte, en raison par exemple de mesures trop timides du côté européen, l’euro pourrait en faire les frais, la correction se faisant à la baisse. De quoi compliquer la fin du mandat de « Macron-le-crameur-de-caisse ». Le gros problème, c'est que personne ne sait comment sortir de ces politiques de création monétaire à tout va. Il n'y a que des mauvaises décisions à prendre.
L’impasse américaine.
La réserve fédérale américaine, par la voix de son président, a reconnu qu'elle s'était trompée dans son appréciation de l'inflation. En conséquence, la Fed doit rapidement revoir sa politique de rachat d'actifs à l'aune de cette nouvelle dimension. Cette prise de conscience est bienvenue, notamment compte tenu du risque du maintien de l'inflation à un niveau dangereusement élevé au cours des prochains mois. Beaucoup d'observateurs notent à juste titre que la Fed ne dispose pas des outils nécessaires pour débloquer les chaînes d'approvisionnement ou pour accroître la main-d'oeuvre. Mais plus la Fed tarde à réagir correctement à l'évolution de l'inflation, plus grande est la probabilité qu'elle soit amenée à changer brutalement de politique, devenant elle-même la cause principale d'une tendance inflationniste. Même en ayant ainsi raison, elle risquerait de susciter une récession nationale, la volatilité des marchés et des retombées dommageables pour l'économie mondiale. Une certitude : la Fed doit maintenant diminuer beaucoup plus rapidement ses achats mensuels d'actifs. Une impasse politique pour Joe Biden, mais non sans conséquence pour l’Europe, et donc nous. On sera rapidement fixé.
La fin du laxisme budgétaire.
Il va donc falloir être plus rigoureux. « Rigueur », voilà un gros mot politique qu’il ne faut surtout pas prononcer. Et avec la chance qu’elle a, la droite va reprendre le pouvoir au pire moment, celui de la fin du « quantitative easy ». De quoi compliquer sérieusement les projets électoraux de baisse des charges et d’augmentation des salaires. Nous allons payer 10 ans de laxisme budgétaire Hollande-Macron, ce dernier ayant été de loin, le plus dépensier. De quoi regretter aussi la belle époque de l’alignement des planètes : énergie à bas coût, inflation nulle, taux d’intérêts négatifs, croissance mondiale. C’est à ce moment-là qu’il aurait fallu faire baisser la dette et rétablir nos équilibres financiers… mais comment résister à la tentation d’emprunter dans de telles conditions pour un pays addict à la dépense publique ? Nous serons vite fixés : le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, reçoit aujourd’hui à Paris son homologue allemand, Christian Lindner, pour évoquer une évolution des règles budgétaires européennes. Le grand argentier allemand ne cache pas sa volonté de mettre fin à la gabegie française. Les discussions sur une réforme du Pacte de stabilité vont entrer dans le vif du sujet !
Le déclassement de la France.
Notre Ministre de l’économie a beau se vanter de la croissance forte (6%), jamais vue depuis des décennies, elle n’est que le résultat d’un ressort qui se détend après les restrictions de la pandémie. Le rebond n’est que la conséquence de la chute de 8% du PIB en 2020, et ne rattrape pas complètement la richesse perdue. Il n’empêche, un pays qui importe plus de biens qu’il n’en exporte, dont la dette est achetée massivement par des non résidents, est un pays qui décroche. Les récents succès de nos ventes d’armement sont bons à prendre, mais ils sont l’arbre qui cache non pas la forêt mais l’étendue de notre désert industriel. Si les marges de manœuvre budgétaires se resserrent, comme c’est à prévoir, la tâche de redressement de la France en sera rendue plus ardue. Il y faudra de l’audace et du courage politique qui militent pour une alternance. Car ces deux qualités manquent cruellement au pouvoir actuel, ligoté dans son « en même temps » et réduit à de belles déclarations sans suite concrète la plupart du temps. Cela dit, ce n’est qu’un des enjeux de la bataille électorale qui s’annonce.
La donne politique.
Contre le volontarisme affiché de Valérie Pécresse, l’auberge espagnole de « Ensemble, citoyens » répond en ordre dispersé. Castagnette dénonce le glissement vers l’extrême-droite, le charlatan de l’Intérieur, Darmanin, se décerne des brevets de « droite authentique »… Tous les transfuges montent au créneau contre elle, mauvaise foi en bandoulière. Si la bêtise tuait, ils seraient déjà morts, car on pourrait les renvoyer facilement à leurs anciennes convictions et à leurs contradictions. Le déni de réalité est une caractéristique commune à toute la macronie. Quant à Raffarin, je lui conseille de lire l’analyse de la Fondapol de Dominique Reynié, qui n’est pas spécialement de gauche : « de Zemmour à Le Pen en passant par Dupont-Aignan, la «composante populiste et souverainiste» est désormais majoritaire à droite (elle représente 70% du total des intentions de vote), «Valérie Pécresse ne pourra emporter la présidentielle ni même parvenir au second tour si elle ne tire pas les leçons de cette nouvelle réalité électorale», analyse le directeur général de la Fondapol. Autrement dit, pour ne pas connaître le destin du Parti socialiste, LR et sa candidate devront convaincre au moins une bonne partie de l'électorat lepéno-zemmourien. Cela n’empêche pas de regarder au centre. En 2017, Si Fillon avait su garder Bayrou dans son sillage, il aurait gagné. Aujourd’hui, le Centre peut être utile, malheureusement, il faut être lucide, il n’est plus la priorité.
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