HISTOIRE
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MESSAGE DE MALIKA SOREL

RETRAITES : MACRON RELANCE LA REFORME

Retraites

 

Le candidat Macron met à son programme une nouvelle mouture de la réforme des retraites, fondée principalement sur la prolongation progressive des carrières jusqu’à 65 ans. Ce faisant, il n’hésite pas  à marcher sur les plates-bandes de la droite LR, dont la candidate, Valérie Pécresse, a présenté une réforme des retraites très semblable. Ce n’est pas la première fois qu’il vient piocher dans le programme des  Républicains, c’est même devenu une habitude, et d’ailleurs le projet s’adresse essentiellement à l’électorat de droite que Macron va chercher sans vergogne. Cependant, si à bien des égards, ce recul de l’âge de départ s’impose, à la différence de Valérie Pécresse, la  question est : « la fera-t-il vraiment ? ». Reconnaissons  que le moment choisi pour l’annoncer est habilement politicien : Macron profite de l’effet  crise qui joue en sa faveur et qui le place au-dessus de la mêlée, ce qui  limite le risque car cette proposition est tellement explosive qu’elle pourrait réduire son avance sur les autres candidats.

Cela  n’empêche pas de regarder la réalité en face.

Les régimes de retraite perdront 10 milliards par an s’ils ne sont pas révisés.  L’impératif économique n’a donc pas changé et aucun président ne peut l’ignorer. D’ailleurs, cette réforme aurait dû être faite sous le quinquennat qui se termine. On a perdu un temps  précieux avec un projet non abouti en forme d’usine à gaz, auquel personne ne comprenait rien,  qui, au final, a terminé à la poubelle.  Il va donc falloir travailler plus longtemps, avec une trajectoire précise (65 ans d'ici à 2032), à l'instar de ce que prône peu ou prou Valérie Pécresse. « Plagiat », dénonce-t-on chez LR. Il y a une part de vrai, mais en réalité, et au-delà du calcul électoral, la France n'a guère le choix, alors que l'âge légal de départ (62 ans) se situe aujourd'hui bien en deçà de ce qui se pratique dans les autres pays européens. C’est que relever l’âge de départ est la mesure la plus efficace, en dépit des coûts induits, pour équilibrer  les comptes et faire des économies   au moment  où il existe un rare consensus transpartisan pour augmenter très fortement les dépenses : sécurité, éducation, santé, défense, dépendance, etc... le tout dans un contexte économique mondial inquiétant, et avec des finances publiques lestées d'un endettement record.

Sans surprise, les syndicats sont contre.

Evidemment, les syndicats et parmi eux, ceux qui demeurent le plus ouverts à une réforme des retraites comme par exemple la CFDT de Laurent Berger, ont riposté par des déclarations alarmantes susceptibles de jeter dans la rue pas mal de monde. Travailler plus longtemps implique non seulement un sacrifice pour ceux dont le métier n’est pas agréable, et pose la question des plus de cinquante ans dont les entreprises françaises n’ont pas l’air de raffoler. Le risque d’une réforme par l’âge, clament-ils, c’est de mettre au chômage, donc à la charge de la collectivité, des centaines de milliers de salariés. Relever  l’âge de départ  rapporte plus que baisser les pensions ou augmenter les  cotisations (réforme Hollande) dont les marges sont devenues quasi nulles. Bien sûr, le recul du départ peut créer des effets induits avec des « effet d’éviction » vers d’autres prestations sociales : chômage, invalidité, handicap, arrêts  maladie. Avec une facture  qui pourrait être conséquente venant en débit du gain recherché. D’autre part il y a ceux qui prédisent une hausse progressive du chômage, freinant les salaires et la consommation des ménages et par conséquent freinant les recettes. Ce sont ceux qui crient avant d’avoir mal. Or, si  on regarde les effets de la réforme Sarkozy de 2010 qui a reporté l’âge de départ de 60 à 62 ans, on constate qu’elle n’a pas eu d’effet  marqué sur le taux de chômage des  séniors. La même étude du Trésor affirme que prolonger l’emploi des plus âgés ne pénalise pas les jeunes. Et cela d’autant plus que la pyramide des âges de la France connaît actuellement un creux démographique des 20-35 ans assez  prononcé et qui va se prolonger sur plusieurs  années. Le  décalage de l’âge de départ  à la retraite est la seule mesure permettant de créer des emplois, de  la richesse et de  libérer des marges de manœuvre budgétaires à terme.

Ceux qui promettent plus de beurre que de pain.

Car, qui peut croire les promesses d'abaissement de l'âge de la retraite de certains candidats ? Marine Le Pen, en quête de crédibilité pour un débat de second tour, affirme que son projet réaménagé, mais pas très clair, ne coûterait « que » 10 milliards d'euros ? Décidément, le quoi qu'il en coûte a fait perdre tout repère… Quant à Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, ils veulent le retour de la retraite à 60 ans que les « riches paieront » (as usual), les autres se cantonnant au statu-quo, qui ne fait pas  l’affaire  comme on sait.

La France n’a pas vraiment le choix.

La plupart des autres pays d’Europe ont déjà fait cet effort. Si la France veut rester crédible auprès des investisseurs pour continuer de financer la dette à très bas prix, elle doit envoyer des signaux et ne pas s'en remettre uniquement au parapluie de la BCE. Le relèvement de l'âge légal en fait partie. C'est la garantie d'une volonté de financer notre modèle social en produisant davantage. Il restera à élaborer des règles de départs anticipés plus justes pour ceux qui travaillent dans des conditions pénibles ou qui ont commencé très jeunes – à cet égard, plusieurs dispositifs se sont sédimentés sans logique. Il faudra  aussi garantir des pensions plus élevées, en particulier pour les bas salaires. On n’échappera  pas  non plus à la nécessité de mettre vraiment la pression sur les entreprises concernant le travail des seniors, en favorisant des transitions plus douces vers la retraite. Sur ce sujet, la France est très en retard. Comme on le voit, au-delà du report de l'âge, il y a beaucoup de critères à définir.

Espérons que cette fois le projet sera mis en œuvre si le candidat Macron est élu et qu’il n’aura pas été qu’un leurre électoral. Avec Pécresse, on n’aurait pas cette incertitude.

 

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