UNE SORTE DE CUBA EN EUROPE…
04 janvier 2022
Voilà un pays qui croule sous une bureaucratie omnipotente, qui voit ses jeunes prendre le large pour trouver un avenir, incapable de rembourser sa dette, au tissu industriel anémié et qui a vu ses exportations agricoles s’effilocher… Vous allez me dire : « Tiens, il parle de la France ». Eh non, il s’agit de Cuba ! La différence c’est que l’ile caribéenne a su développer des compétences en médecine, notamment une importante industrie vaccinale qui peut faire pâlir notre institut Pasteur.
Plus sérieusement, même si le trait est un peu gros, l’état de la France a de quoi inquiéter les Français et n’est pas celui, à l’eau de rose, décrit par notre cher Président avant le réveillon de la Saint-Sylvestre. Affirmer que le pays est plus fort en 2021 qu’en 2017 ne tient pas. Le pays était déjà très amoindri à la fin du quinquennat Hollande et celui qui s’achève n’a rien arrangé, notamment à cause des deux crises majeures, l’une nationale, celle des gilets jaunes et l’autre internationale, celle du Covid. Il aurait fallu un miracle pour que la France en sorte renforcée.
Le gouvernement exploite et tente de prolonger une embellie conjoncturelle, pensant en tirer profit pour la campagne présidentielle, mais ce faisant, il continue d’aggraver les paramètres négatifs qui pèsent sur notre avenir. Certes, il peut s’enorgueillir de quelques réussites dans les créations d’entreprises et l’essor de la French tech qui à elle seule a levé 10 milliards en 2021. Mais la forte reprise de cette année avec 6,7% de taux de croissance, la stabilisation du chômage n’est en réalité que l’effet de rattrapage de la récession historique de 8% du PIB en 2020 provoqué par le confinement. De même que la diminution du chômage , alors qu’un million d’emplois restent non pourvus, doit prendre en compte la démographie et un simple coup d’œil sur la pyramide des âges permet de comprendre le phénomène : le creux de natalité entre 1985 et 2010 bat son plein et les 20-35 ans manquent furieusement à l’appel. Quant à la progression du pouvoir d’achat de 1,6% par an, elle est en grande partie le fait de la redistribution par l’Etat qui pour la réaliser a continué d’écraser d’impôts nos entreprises –quoi qu’il en dise- et de ce fait a contribué à gelé les salaires. Autrement dit, un pouvoir d’achat saupoudré, factice et financé par de la dette en plus. La performance d’ensemble reste donc médiocre, d’autant plus que l’inflation a fait son retour à près de 3% et elle risque d’être beaucoup plus durable que ne le pense notre grand apothicaire.
Loin de révolutionner le modèle français de croissance à crédit, le Président l’a, au contraire poussé dans ses extrémités, avec 1 000 milliards de dette supplémentaire. Quand j’entendais Amélie de Montchalin développer son argumentation de fuite en avant face à Eric Ciotti, tenant pour ringard un retour à l’orthodoxie financière, je me disais que ces gens-là sont irresponsables. Ils ne voient pas que notre pays a perdu sa souveraineté et du même coup la maîtrise de son destin. Ou alors c’est du cynisme. La France dépend de la Chine pour son approvisionnement en biens de consommation, des Etats-Unis pour la technologie et de l’Allemagne pour la réassurance de sa dette. Sans l’euro, notre déficit public doublé de celui de notre commerce extérieur auraient placé la France au bord du dépôt de bilan. Si le modèle économique et social fondé sur la distribution et l’endettement est reconduit, la chute deviendra irréversible. Nous sortirons du peloton des dix premières puissances mondiales avant 2030 et sur le plan financier nous n’échapperons pas à une crise majeure quand les taux d’intérêt dépasseront la croissance nominale, ce qui ne manquera pas d’arriver au cours de la décennie.
La France est le pays le plus égalitaire si l’on en croit les statistiques. Ce n’est qu’apparence, car les poches inégalitaires sont partout. L’effet pervers de la stabilisation des écarts de revenu a été le fort accroissement des inégalités de statut et de patrimoine. Les paramètres qui permettent de mesurer les performances d’un pays sont tous au rouge et consacrent le décrochage de la France : le déficit extérieur s’est envolé à 86 milliards en 2021 et atteindra 95 milliards en 2022 (3,7% du PIB), résultat d’une chute de 3% à 2,5% des parts de marché mondial ; le déficit public a explosé portant la dette de 98% à 116% du PIB et la course folle des dépenses publiques se poursuit ; le déclassement de la production industrielle a été pleinement mis en lumière par la déroute du secteur de la santé, incapable de mettre au point un vaccin contre le Covid. Même notre agriculture, qui était un fleuron, est à la peine alors que notre dépendance alimentaire s’est creusée avec l’importation de plus de 20% de notre consommation. Je ne m’étendrais pas sur l’embolie générale de nos services publics de santé, justice, sécurité, éducation… partout, trop d’administratifs et pas assez d’agents « en action ». Leur paupérisation doit faire face à une fuite des talents et des compétences alors même que les moyens qui leur sont consacrés ne cessent de croître, mais comme un marteau qui tape à côté du clou.
Cuba a perdu la tutelle de l’URSS mais continue de souffrir de la mentalité d’assistanat et reste le « royaume » de la débrouille. L’économie reste anémiée et les pénuries sont récurrentes… Quant à la bureaucratie, elle est toujours aussi obèse. Une idée de ce qui pourrait nous attendre. Mais cette évolution n’est pas gravée dans le marbre : le déclin français peut être enrayé. Le pays regorge d’atouts qui pourraient lui permettre de redevenir une puissance prospère du 21ème siècle : entrepreneurs et cerveaux, pôles d’excellence publics et privés, épargne, énergie nucléaire, à quoi on peut encore ajouter culture et civilisation. La tâche principale consiste à corriger les dysfonctionnements de l’Etat obèse et impuissant pour l’adapter aux nouvelles réalités du monde. Il faut en faire un état fort et agile, il nous faut nous doter d’une industrie et d’une recherche dynamiques, rétablir l’égalité des chances par l’éducation et axer les efforts sur les technologies de l’information. Il faut un projet de rupture pour recréer les conditions d’une bonne cohésion sociale et d’une confiance des citoyens dans leurs institutions. On y parviendra si on donne la priorité à la production, à l’innovation, à la modernisation de l’Etat et à la défense sans faiblesse des valeurs qui fondent notre République. Il s’agit de rassembler les énergies et de « faire ». Ce sont les Français, plus que l’Etat qui sont la solution à la crise de notre modèle économique et de la nation. C’est le projet de Valérie Pécresse !
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