HISTOIRE

FISCALITE DEPARTEMENTALE ET REGIONALE : COMMENT S’Y RETROUVER ?

Territoiresnews

Le  paysage fiscal des collectivités  a beaucoup évolué ces dernières  années,  notamment depuis  la décision imbécile de supprimer la taxe d’habitation. C’est un sujet important, car  les départements et les  Régions, comme les communes, tiennent leurs budgets propres  dont les ressources proviennent d’impôts locaux  et de dotations financières de l’Etat,  de fiscalité transférée et de revenus des services publics  locaux. A la suppression de la taxe  d’habitation qui s(étire jusqu’en 2023, il faut ajouter la baisse des impôts de production annoncée début septembre dans le cadre du plan de relance.

Le bonneteau fiscal.

Il a donc bien fallu compenser ces pertes de recettes.  Pour la taxe  d’habitation, les  communes se sont vues attribuer la part départementale de la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) ; sauf Paris qui a été doté d’une fraction de TVA. Du coup, il a fallu compenser pour  les départements le manque à gagner et l’Etat leur a attribué  une fraction de l’impôt à tout faire, c’est-à-dire la TVA. Les  Régions, elles, sont principalement touchées par la baisse de 10 milliards d’euros des impôts de  production (loi de finances 2021)  et  vont recevoir là encore une part de TVA. 

Une régression d’autonomie de gestion.

Les Régions sont particulièrement touchées par le rétrécissement de leurs ressources. En termes d’impôts locaux, elles sont privées depuis cette année de la CVAE, cotisation sur la valeur ajoutée, et ne reçoivent plus que des ressources pour la formation professionnelle.  Quant aux départements, hors la part de TVA, ils n’ont plus que la contribution économique territoriale (contribution foncière des entreprises et CVAE) et la redevance des  mines.

Des compétences précises.

En face de ces financements, qui réduisent l’autonomie de gestion à peau de chagrin, chaque collectivité a des compétences particulières. Les départements pilotent les politiques d’action sociale (enfance, personnes handicapées, personnes âgées, revenu de solidarité active), d’infrastructures tels les ports, aérodromes, roues départementales, et la gestion des collèges. Les marges financières sont d’autant  plus étroites qu’ils doivent souvent financer des politiques dont l’Etat décide pour eux de la dépense en augmentant les tarifs des prestations, sans toujours compenser. Les Régions, sont depuis la  loi Notre de 2015 en charge des sujets économiques : elles sont responsables du développement économique, de la  formation professionnelle, des chômeurs, de l’aménagement du territoire,  des transports non urbains et de la construction et de la gestion des lycées. Elles sont plus que jamais dépendante de la croissance puisque leur principale recette est une fraction de TVA. Le recours à la  TVA  rend acrobatique la gestion de ces collectivités  dont les charges augmentent mécaniquement alors que la recette dont elles disposent est par nature fluctuante, puisqu’elle dépend du taux de croissance.

Les majorités sortantes n’en ont que plus de mérite à se désendetter ou de  recourir le moins  possible à l’emprunt. Après on s’étonne que les taxes foncières augmentent  …


AU NOM DE LA FIDELITE

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Les 20 et 27  juin prochains se tiendront les élections départementales. Comme toutes les échéances électorales elles revêtent une importance que beaucoup d’entre nous ne soupçonnent pas. L’assemblée départementale, autrefois Conseil Général, par les compétences qui lui sont dévolues joue en effet un rôle majeur dans notre vie quotidienne, d’autant plus que  les deux tiers de ses dépenses concernent l’action sociale, dont, par  exemple, les résidences pour personnes âgées.

Le choix des candidats n’est pas non plus anodin.

En Maine-et-Loire, nous avons la chance d’avoir une majorité sortante de centre-droit, dont le bilan largement positif est salué partout : humanisme, bonne gestion des finances publiques, choix efficaces. Cette action a été menée sous la conduite de Christian GILLET qui en assurait la présidence et qui se représente dans le Canton Angers 1 (Angers centre).

Si j’habitais sur le canton, c’est à lui que je donnerais mon suffrage. Pour au moins trois raisons.

La première, c’est la fidélité à ses convictions. Une denrée qui devient rare. Je connais Christian GILLET depuis de nombreuses  années. Depuis toujours je l’ai connu « centriste », naguère UDF, aujourd’hui UDI, cette sensibilité humaniste et sociale de centre-droit modéré, à laquelle il n’a jamais dérogé.

La seconde raison, c’est la loyauté. Là encore, c’est une denrée qui se fait rare en politique. Nous avons appartenu au début au même mouvement, l’UDF, puis nos chemins se sont quelque peu séparés quand je suis devenu secrétaire départemental de l’UMP. Mais autant que je me souvienne, cela n’a jamais empêché que nous menions les  batailles électorales ensemble, côte-à-côte, car nous sommes dans un pays où l’on gagne rarement tout seul mais en coalition. Avec  Christian nous nous sommes toujours retrouvés dans le même camp, les mêmes majorités. Il a toujours été un allié fidèle et loyal. Une qualité qui compte !

La troisième raison, c’est son sens du service à nos concitoyens qui se traduit chez lui, en premier, par  un devoir de bonne gestion des deniers publics. La preuve tient dans le bilan de son mandat : quand il a pris la direction de l’assemblée départementale, le Département que lui laissait M. Béchu était très endetté et n’avait plus aucune marge de manœuvre. Sous son mandat, la dette  qui est passée de 400 à 300 million d’euros, alors que dans le même temps les participations de l’Etat baissaient de 40 millions, permet de mesurer l’effort consenti. Cela a permis à la collectivité de retrouver une marge d’investissement de 80  à 100 millions par an, qu’elle n’avait plus, pour les collèges, les routes …

J’ajouterai une raison supplémentaire : Christian GILLET se représente avec une équipe renouvelée dont le dynamisme profitera à tous pour ce nouveau mandat. A la rigueur de gestion il faut ajouter les orientations qui ont fait le succès de la majorité départementale : accompagnement plutôt qu’assistanat, dimension humaine de l’accueil plutôt que les solutions collectives anonymes, dialogue et concertation… Avec sa majorité il propose un projet qui répond aux aspirations des habitants de l'Anjou : ruraux, urbains et périurbains. L'écologie du quotidien, la citoyenneté et les usages du numérique sont les piliers du projet harmonieux qu’ils ont imaginé pour les habitants du département.

Christian GILLET est une valeur sure qui conjugue compétence et envie d’agir.

Face aux girouettes qui briguent leur place, lui et son équipe, avec Rim RIDANE, double championne du monde de boxe française, comme binôme, Anne-Sophie le DUC-BANASZUK et Benoit TRIOT, comme remplaçants, méritent toute votre confiance.

 


UNE JOURNEE DANS LA FRANCE « PROGRESSISTE »

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Le jour se lève.

Les premières nouvelles tombent. Des voitures ont encore brûlé quelque part dans une banlieue. Lot quotidien devenu presque banal. Tant pis pour ces banlieusards privés de leur moyen de locomotion, souvent une vieille guimbarde qu’ils auront du mal à remplacer. Hier, c’était une ado poignardée à la sortie de son lycée, ou une bataille rangée entre deux bandes rivales, avec armes blanches quand ce ne sont pas des coups de feu qui sont tirés. L’autre nuit, c’est un commissariat d’une ville de la banlieue parisienne qui a subi une attaque en règle aux mortiers d’artifice par une bande de voyous. En province, c’est un élu qui est molesté pour avoir rappelé à quelques individus quelques règles de civilités. Une femme a été violée sur la voie publique près de la colline du crack, quartier de Stalingrad, à Paris, par un « zombie » drogué et alcoolisé, puis deux autres ont subi le même sort. Les riverains n’en peuvent plus. Rien n’est vraiment fait pour mettre fin à une situation qui dérape tous les jours. On n’entend pas les « féministes » protester : les viols ne sont pas le fait de mâles blancs suprémacistes ! La litanie ne serait pas complète si on n’ajoutait pas l’inévitable agression au couteau d’un fonctionnaire de police, municipal ou d’Etat. Mr Darmanin s’épuise à « se rendre sur place » et Mr le Garde des Sceaux est « en goguette » dans le Nord où il fait campagne.  Pas un jour qui n’apporte son lot de violences.

Le tocsin.

Pourtant, partout sonne le tocsin. Voici un appel des présidents de cour d’appel qui  « appellent (justement) à refonder le pacte républicain pour la justice », dans un autre quotidien, 50 préfets honoraires adjurent le Président de la République de ne pas détruire la « préfectorale ». Ils font suite  à l’alarme sur le « délitement » de la nation lancée par les généraux en retraite, rejoints bientôt par des militaires d’active. Enfin, ce sont les policiers, qui paient cher, chaque jour, leur tribu à l’insécurité et à la guerre civile larvée, qui manifestent nombreux et républicainement devant l’Assemblée nationale, pour attirer l’attention du pouvoir sur la gravité de la situation. Ils relaient en cela, les nombreuses déclarations des élus de tous bords qui s’inquiètent du délitement de plus en plus profond de nos institutions. Certes on pense à Eric Ciotti, mais c’est aussi Julien Dray, qui ne reconnaît plus sa « gauche », ou encore François Pupponi (qui connaît Mr Pupponi, vous vous souvenez), qui constate que « la France est au bord du chaos. Elle est en miettes, fracassée, éparpillée, … » Des propos qui feraient penser qu’ils auraient adhéré aux Républicains, ou « pire » au RN. Et pourtant, il ne se passe rien. Si, des discours, j’exagère.

Les « dénis-oui-ouistes ».

Mains non, tout va bien. A l’instar de Marc Dugain qui ose écrire, cette fin de semaine, dans Les Echos : « le sentiment d’insécurité est largement entretenu par un phénomène de loupe sur des événements qui ne sont pas forcément représentatifs mais qui affolent une population vieillissante… » . On se croirait revenu sous Jospin, vingt ans en arrière. Discours convenu de bobo parisien. C’est l’extrême-droite qui exagère et cherche à faire peur. Avec le même discours, Jean-Marie Le Pen s’est retrouvé au second tour de l’élection présidentielle. Avec le même discours, demain Marine sera élue. Ils refusent de voir l’effondrement du système, accéléré par le progressisme. Progressisme d’une gauche américanisée, empêtrée dans le racialisme,  qui hait la police et l’ordre par tradition, comme Mme Pulvar ou Mme Hidalgo. Elites progressistes qui pourrissent l’université, méprisent la France profonde et alimentent la nouvelle détestation antifrançaise, assumée par la contre-société que tente d’instaurer l’islamisme politique. Pourtant de quoi nous plaignons-nous, nous avons la chance d’avoir à la tête du pays le Président le plus intelligent du monde !

Le poisson pourrit par la tête.

Justement parlons-en. Sa flatterie récente de la « déconnade » avec ses youtubeurs, dit le mépris dans lequel il tient le pays. Sa désinvolture affichée est une indécence. La rigolade, qui se veut un clin d’œil aux jeunes électeurs se fait sur fond d’infantilisation de la population. Le thème majeur de ce quinquennat aura été la « déconstruction ». Le « en même temps » est un double langage de caméléon qui change avec chaque interlocuteur mais qui ne camoufle même pas l’action de « transformation » engagée. On célèbre Napoléon, mais on avoue que notre histoire doit être déconstruite, on considère que la droite et la gauche c’est dépassé, mais c’est pour mieux déconstruire la vie politique en tuant les partis, on estime que le covid doit être combattu « quoi qu’il en coûte » mais c’est pour mieux déconstruire le budget de l’Etat qui va déraper à 220 milliards d’euros, 47 de plus que prévus qui ne sont autres que des cadeaux électoraux, parce que tout peut s‘acheter. Et maintenant on s’attaque à l’Etat en annonçant la réforme de l’institution préfectorale qui en est un pilier majeur. Ce ne sont pas les préfets, le problème, c’est l’utilisation centralisée qui en a été faite ; les remplacer par des commissaires politiques c’est la faillite de la République assurée. Tels sont les stigmates de notre décadence que le progressisme précipite. Et cerise sur le gâteau, le discours de Macron est si faible qu’il en assume le vide dans son adresse aux 18-25 ans ; et le même, dans « Zadig » évoquant la Seine-Saint-Denis ose : « il ne manque que la mer pour faire la Californie ».

Que va-t-il rester de la France dans un an ? Giscard avait eu à cœur de rendre les institutions intactes. On ne pourra pas en dire autant de l’actuel locataire de l’Elysée. On comprend la rage de Philippe de Villiers, le premier à s’être fait berner. Heureusement, il reste des Gaulois qui résistent. Malgré toutes les tentatives de débauchage, rue De Vaugirard, ils résistent encore et toujours. Et si c’était eux la solution ? (J’y reviendrai) D’ailleurs LR est en tête des intentions de vote avec 27%, comme quoi …

 


UN PRESIDENT, VRAIMENT ?

Macron enjoleur

 

« Pitre de la République », le propos de Philippe de Villiers est acerbe, mais sonne juste.

En se prêtant  à une bouffonnerie grotesque avec deux « youtubeurs » humoristiques, Mcfly et Carlito, et en tentant ainsi de se présenter comme un copain, Emmanuel Macron s’illusionne et, surtout, ment à nos jeunes concitoyens qui n’en croient pas un mot. Il me fait penser  à ces enseignants des années 70 qui pensaient s’accommoder leurs élèves en pratiquant la familiarité, se laissant tutoyer, et dont les yeux se mouillaient  d’un « il  est sympa, le prof ! » lancé à la fin d’une partie de foot avec sa classe. Ecume qui n’apportait ni respect, ni autorité, ni meilleur apprentissage. Au contraire. Ces enseignants voulaient ainsi se faire « aimer » et ne faisaient qu’abaisser leur fonction, constat qu’ils faisaient ensuite souvent à leurs dépens. Un prof n’a jamais été un « copain » !

De la même façon, le Président de la République abaisse sa fonction en la ramenant à un jeu d’amuseur public. N’a-t-il pas autre chose à faire que de se transformer en saltimbanque, croyant ainsi capter le vote des jeunes Français, après l’octroi d’un pass-culture à 300 € pour tenter de les « acheter » ! C’est une faute sans appel qui tente de faire croire que le Président est leur copain. La seule note positive, si j’ose dire, que j’ai entendue autour de moi c’est « il faut avoir tout de même du courage pour accepter de passer pour un con ! ». Tout est dit.

Malheureusement  ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron ridiculise sa fonction : on se souvient de la fête de la musique à l'Elysée en 2018, de sa pose  enlacée avec deux jeunes ultra-marins à l'ile Saint-Martin qui faisaient un « doigt d’honneur ». Spectacles peu en accord avec sa fonction et suintant la basse démagogie. Sans parler de la pantalonnade de l’affaire Benalla.

La démocratie qui est la nôtre a besoin que s’exerce l’autorité qui en est l’un des piliers.  Dans la constitution de la Vème République, le Président, par les hautes fonctions qui lui sont conférées,  a besoin de prestige pour les exercer,  notamment à la face du monde. C’est  pourquoi, il est en quelque sorte placé sur un piédestal qui le  sacralise aux yeux du peuple souverain qui l’a élu. En se livrant à de telles activités, aux yeux de la très grande majorité des Français, il abaisse la fonction présidentielle à un niveau qui, par nature, n’est pas la sienne, il déchoit son autorité, et de fait il entame sa crédibilité ! D’autant plus que ses propos à l’endroit du peuple sont souvent méprisants et maladroits : après les « gaulois réfractaires », voici les « moyen-âgeux » ! 

Et je me demande quel crédit il peut bien avoir ensuite quand il élève le ton pour réclamer des sanctions contre le dictateur biélorusse. Celui-ci doit bien rire.

« L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans éloignement » (Charles de Gaulle).

 


CE QUE LE MILITANTISME FAIT A LA RECHERCHE !

Je vous propose cet article de Nathalie Heinrich, paru dans Le Figaro, qui vient démentir de manière cinglante les récents propos de Jean-Luc Mélenchon sur le « gauchisme à l’université ». La sociologue, directrice au CNRS fait une démonstration scientifique dans la plus pure tradition de notre université. Imparable !

Nathalie Heinrich

Nathalie Heinich: «Certains chercheurs font croire qu’une bouillie militante serait de la science»

ENTRETIEN - La sociologue et directrice de recherche au CNRS publie Ce que le militantisme fait à la recherche, un texte incisif et profond. Avec une particulière netteté, elle analyse la crise que traversent l’enseignement supérieur et la recherche, minés par de puissants courants idéologiques, décoloniaux, féministes ou intersectionnels.

Par Eugénie Bastié

Publié le 24/05/2021 à 20:21, mis à jour le 24/05/2021 à 21:29

 

Nathalie Heinich pointe le rôle déterminant de Pierre Bourdieu dans cet enrôlement de la sociologie à des fins politiques et critique la prolifération des «studies» sur les campus. Elle s’afflige du manque de rigueur scientifique de ces travaux. Pour la chercheuse, ces «académo-militants» sont dangereux, car ils dénaturent la mission même de l’université: l’élaboration et la transmission des connaissances.

 

LE FIGARO. - En dénonçant l’entrisme de l’«islamo-gauchisme» à l’université, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a lancé une intense controverse. Quel regard jetez-vous sur cette polémique et la façon dont elle s’est déroulée?

Nathalie HEINICH. - Cette controverse a commencé dès le mois d’octobre 2020, lorsque Jean-Michel Blanquer a, le premier, dénoncé cet islamo-gauchisme universitaire, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty par un islamiste. Ce n’était en rien irresponsable, comme l’ont prétendu certains: il existe des courants des sciences humaines et sociales issus d’une tradition militante d’extrême gauche, aveugles à la réalité de l’islamo-fascisme, qui ne voient dans l’islamisme radical qu’une réaction aux discriminations et à l’héritage colonial. Ces courants alimentent l’idée qu’il existerait un «racisme d’État» ou une «islamophobie» structurelle ; la laïcité serait une arme contre les musulmans et l’interdiction du voile à l’école, de la burqa et du burqini, une discrimination raciste contre les musulmanes: autant de contre-vérités dont s’emparent les islamistes pour justifier leurs velléités séparatistes voire excuser les auteurs d’attentats commis au nom de l’islam, ou plutôt de la version politique totalitaire qu’en promeuvent les plus radicaux d’entre eux. Ces chercheurs contribuent ainsi à légitimer le terreau dans lequel s’épanouissent les assassins de l’école Ozar Hatorah, de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher ou des terrasses de l’Est parisien.

En réitérant quatre mois plus tard les accusations portées par Blanquer - soutenu dans une tribune signée par une centaine d’universitaires -, Frédérique Vidal n’a eu que le tort de se réveiller un peu tard et, surtout, de se tromper d’outil en demandant une inspection au CNRS dont ce n’est pas le rôle (et qui est tout aussi traversé que l’université par ces courants). Ses nombreux et bruyants détracteurs ont fait mine de s’inquiéter d’une mainmise du pouvoir sur la recherche, usant et abusant de l’épouvantail d’un prétendu «maccarthysme», alors que rien n’est plus normal que le contrôle de la scientificité des productions académiques par les pairs. Or c’est là que le bât blesse, et les «académo-militants», comme je les nomme dans mon texte, le savent bien: leur production est si faible, si peu conforme aux règles de rigueur et à l’esprit de découverte attendu de tout chercheur qu’ils ont tout à perdre à une expertise sérieuse de leurs travaux et de leurs enseignements. D’où - par-delà les convictions idéologiques - la levée de boucliers au nom d’une «liberté académique» qu’ils sont les premiers à bafouer en acceptant que des impératifs militants dictent le contenu des enseignements et des publications, comme c’est le cas avec la «cancel culture».

Vous attribuez la tendance de la sociologie française, depuis le début des années 1990, à importer le «combat politique» dans l’espace scientifique à un certain courant bourdieusien devenu hégémonique. Quel rôle a joué Bourdieu dans la politisation de la sociologie?

Ce que je nomme le «militantisme académique» remonte, hélas, bien au-delà de la dernière génération, et ne concerne pas que la sociologie: il suffit de se souvenir de la période stalinienne et de sa «science prolétarienne», après-guerre, ainsi que des délires maoïstes dans les universités des années 1970. Mais la sociologie de Bourdieu, dans la version «engagée» qu’il a lui-même encouragée à partir de son livre La Misère du monde (la sociologie comme «sport de combat»), a beaucoup fait pour accréditer l’idée qu’il serait légitime de mettre le travail universitaire au service d’objectifs politiques, rejoignant ainsi les mouvements militants de la gauche radicale du type Attac (ce que mon collègue Didier Lapeyronnie, dans un article remarqué, qualifia d’«académisme radical»). Pour beaucoup de jeunes sociologues, la sociologie ne peut être que cette «sociologie critique», vouée à mettre en évidence les inégalités et à expliquer opinions, idées et actions par la «position dans le champ» et les «effets de domination». Or, lorsque Max Weber étudiait les formes de domination, c’était dans une perspective analytique de compréhension du monde et non pas, comme chez le Bourdieu «militant», dans une perspective de dénonciation. Celle-ci est parfaitement légitime dans l’arène politique, mais n’a rien à faire dans l’arène universitaire, dédiée à la production et à la transmission des connaissances.

L’abandon du découpage en disciplines au profit des « studies » fabrique des universitaires incultes, qui ne connaissent que ce qui touche immédiatement à leur objet et ignorent l’essentiel des concepts, des problématiques, des méthodes des sciences sociales

D’où vient la prolifération des «studies» dans le champ des sciences sociales et en quoi ces nouvelles recherches rompent-elles avec la démarche scientifique?

Le modèle américain des «studies» s’est développé aux États-Unis à partir des années 1980 et, en France, des années 2000. Il s’agit d’une reconfiguration des domaines de recherche autour des objets d’étude, définis par leur appartenance à des «communautés»: les femmes («gender studies»), les gens de couleur («race studies», «postcolonial studies»), les homosexuels («gay studies»), voire aujourd’hui les obèses («fat studies») ou les handicapés («disabled studies»). Le problème, du point de vue de la rigueur scientifique, est double: d’une part, ce type de découpage importe directement des problématiques militantes, où les objets sont d’emblée définis comme discriminés, donc comme victimes, donc comme devant être défendus et non pas seulement étudiés ; d’autre part, l’abandon du découpage en disciplines (histoire, sociologie, anthropologie, etc.) fabrique des universitaires incultes, qui ne connaissent que ce qui touche immédiatement à leur objet et ignorent l’essentiel des concepts, des problématiques, des méthodes des sciences sociales. Ils fabriquent ainsi des micro-compétences valables dans des micro-groupes, et qui n’ont guère d’autres débouchés que celui des luttes politiques, faute de compétences intellectuelles permettant de généraliser, de comparer, de se déplacer dans les multiples possibilités exploratoires offertes par les sciences sociales.

Les «académo-militants», comme vous les appelez, citent souvent Durkheim, pour qui «la sociologie ne vaut pas une heure de peine si elle ne devait avoir qu’un intérêt spéculatif». La recherche doit-elle vraiment échapper à tout agenda de transformation du monde? N’a-t-elle pas pour but d’améliorer la société? La frontière entre science pure et politique n’est-elle pas poreuse?

Les chercheurs et les universitaires ont le privilège d’être payés par la collectivité pour produire et transmettre des connaissances. Tout autre objectif relève d’une autre arène, notamment l’arène civique ou politique - où il est bien sûr parfaitement légitime de vouloir transformer le monde. Mais utiliser les moyens qui nous sont offerts au profit d’objectifs n’ayant rien à voir avec la science relève, à mes yeux, d’un détournement de fonds publics. Quant à la porosité entre «science pure» et «politique», elle est volontairement entretenue par ceux qui professent leur mépris de la science en ne la jugeant pas suffisamment valable en elle-même pour justifier «une heure de peine». Tous les chercheurs sérieux savent très bien repérer les énoncés qui ne relèvent plus du constat ou de l’analyse, produits selon les règles de ce que Max Weber nommait la «neutralité axiologique» (l’abstention d’opinion morale, politique ou religieuse dans le cadre académique), mais qui s’égarent dans le jugement de valeur, la promotion d’une idéologie ou la dénonciation d’une injustice.

Le lieu commun du militantisme académique cumule la naïveté et un naturalisme sous-jacent, qui postule implicitement que seul ce qui est naturel serait nécessaire, de sorte que, par exemple, la différence des sexes deviendrait contingente dès lors qu’elle serait déclarée « socialement construite », et donc transformable ou annulable à volonté

Les thèmes du «pouvoir» (Foucault) et de la «domination» (Bourdieu) sont omniprésents dans la vulgate sociologique contemporaine. Ils pèchent selon vous par une forme d’hyper-constructivisme qui suggère que tout est socialement construit et donc modifiable à l’envi. Qu’entendez-vous par là?

La mode «post-moderne» développée dans le monde anglo-saxon dès les années 1980 à partir de penseurs français (la «French theory») a beaucoup fait pour asseoir la pensée critique sur l’idée que tout serait «socialement construit», donc modifiable et malléable à merci. Le lieu commun du militantisme académique cumule la naïveté (car qu’est-ce qui, dans l’expérience humaine, pourrait échapper au «social», c’est-à-dire au langage, aux institutions, aux interactions, aux systèmes de valeurs?) et un naturalisme sous-jacent, qui postule implicitement que seul ce qui est naturel serait nécessaire, de sorte que, par exemple, la différence des sexes deviendrait contingente dès lors qu’elle serait déclarée «socialement construite», et donc transformable ou annulable à volonté. On confond ainsi les évolutions collectives et transgénérationnelles avec les désirs individuels de changement immédiat.

Le néo-féminisme abreuvé aux «gender studies» use et abuse de ce sophisme, agrémenté depuis peu de la notion, américaine elle aussi, d’«intersectionnalité», qui croise discriminations liées au sexe et discriminations liées à la race, concluant ainsi qu’une femme de couleur tend à être moins favorisée qu’un homme blanc: c’est ce que j’appelle découvrir la lune - une activité que pratiquent avec ferveur et constance les académo-militants.

On a tendance à relativiser la portée de ces théories, en les disant marginales et sans influence. En quoi sont-elles selon vous dangereuses?

Des collègues de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires ont montré, grâce à une recherche par mots-clés dans les titres de thèses et de colloques, les appels à contribution, etc., que les termes relevant de ces nouveaux courants (décolonialisme, genre, intersectionnalité, islamophobie, racialisation, etc.) sont présents aujourd’hui dans plus de la moitié du corpus. Peut-on prétendre dans ces conditions que ces tendances seraient marginales ou minoritaires? Elles siphonnent par ailleurs une bonne partie des budgets octroyés aux projets de recherche, que ce soit en France ou au niveau européen. Et que les tribunes contre l’islamo-gauchisme publiées en novembre et en février aient pu susciter en réponse des pétitions comptant des centaines de signatures dit assez la force de ces courants. Il n’est donc nullement superflu de les combattre, comme j’ai essayé de le faire dans ce «tract», car ils sont objectivement dangereux.

Le principal danger à mes yeux consiste à faire croire aux jeunes générations que cette bouillie militante serait de la science, et qu’en cela consisterait la recherche: autant dire qu’ils sont formés dans l’idée que le savoir n’est pas une valeur en soi, puisqu’il ne se justifierait que d’un objectif de transformation du monde. On leur vend donc le contraire de ce pour quoi ils sont censés entrer à l’université, et on gaspille les énergies pour des productions dont le niveau intellectuel est souvent misérable.

Il existe par ailleurs un autre danger, plus directement politique: celui d’accréditer une définition communautariste et essentialisée de la citoyenneté, au rebours des valeurs de l’universalisme républicain dont notre pays est le fer de lance depuis la Révolution française. Mais il s’agit là d’une problématique politique, qui nous éloigne de la cause proprement épistémique - relative au savoir - que j’ai voulu défendre en dénonçant «ce que le militantisme fait à la recherche»…

"Ce que le militantisme fait à la recherche" chez Gallimard.

 


SORTIR DE L’ILLUSION DE L’ENDETTEMENT PERPETUEL.

Dette publique

Mon article sur la peur du retour de l’inflation avait un peu d’avance sur la presse spécialisée. Aujourd’hui, je vous propose de démonter le mécanisme  du pseudo remboursement de la dette.

La France, à cause de son endettement, est dans une situation fragile.

Il est donc important de rassurer ses prêteurs, français ou étrangers : donc elle honorera ses échéances sans essayer d'y échapper par des biais politiques, ce qui provoquerait à notre encontre un véritable cataclysme. C’est pourquoi notre « grand argentier » assure haut et fort que la « dette » sera remboursée. Les articles qui paraissent ces jours-ci  annoncent la durée qu’il faudra pour le faire : entre 60 ans et 100 ans … ce qui ne semble pas effrayer outre mesure nos gouvernants. Et  pour cause,  le remboursement dont il s’agit est un mensonge. Il repose sur une mécanique relativement simple : effectivement aux échéances prévues  nous remboursons  mais au prix d’un nouvel emprunt, et c’est rendu possible grâce aux  taux d’intérêts très bas qui permettent à la dette globale, qui ne diminue pas et augmente même, de rester « soutenable ».  On dit qu'elle « roule » et cela peut certes durer jusqu'à perpétuité. A condition que les prêteurs soient convaincus que le processus est maîtrisé. Il ne peut l’être que si deux conditions sont remplies.

Il faut que  les taux d’intérêt restent bas. Ce qui paraît être une évidence.

Il faut aussi que les soldes primaires de nos finances  publiques compensent le différentiel entre taux de croissance et taux d’intérêt. Et ça, c’est plus compliqué.

Dans une situation économique normale, le taux de croissance à long terme est inférieur ou égal au taux d'intérêt. Dans ce cas, la dette publique, rapportée au PIB, s'accroît spontanément chaque année de la différence entre le taux d'intérêt et le taux de croissance. Pour qu'elle soit stabilisée en pourcentage du PIB (donc renouvelable), il est nécessaire que l'excédent budgétaire primaire (hors intérêts sur la dette) compense cette différence et soit donc positif. Or, depuis un demi-siècle, nous connaissons la plupart du temps des déficits budgétaires ou soldes primaires déficitaires. Ce qui fait que notre dette ne cesse d'augmenter, sans aucune stabilisation, par un effet boule de neige. Si l'on continue ainsi, le scénario tournera nécessairement à la catastrophe car on ne peut pas vivre éternellement avec une dette de plus en plus déconnectée des capacités productives du pays.

Au début des années 2000, notre dette publique était contrainte par la limite théorique de 60 % du PIB, maximum autorisé par le pacte de stabilité européen. A l'époque, les intérêts à payer chaque année se montaient à environ 3 % du PIB. Aujourd'hui la dette a plus que doublé et, grâce à la politique monétaire menée par la BCE, sa charge annuelle n'est plus que de 1,4 % du PIB  en 2019 avec une prévision à 0,7 % à fin 2022. Pourquoi alors s’inquiéter ? A minima, après la crise sanitaire qui aura détruit une partie des facteurs de production, la différence positive entre des taux de croissance en réduction et les taux d'intérêt risque de diminuer encore.

Taux de croissance et taux d’intérêt.

« L'effet-levier » macroéconomique deviendra alors moins efficace. Mais surtout, on ne peut exclure qu'il s'inverse durablement, l'endettement croissant des acteurs économiques et l’inflation finissant par faire monter les taux. Peu de Français savent que la situation change du tout au tout suivant la relation existante entre taux de croissance et taux d'intérêt et que l'effet-levier, bien connu des investisseurs privés, s'applique mutatis mutandis à l'endettement public. Et on ne peut pas juger aujourd’hui à quelles conditions les prêteurs seront convaincus que la dette future ne continuera pas de grossir excessivement, qu'elle finira par se stabiliser en pourcentage du PIB et qu'elle sera donc indéfiniment renouvelable. Cet espoir est trop loin de la réalité historique pour être crédible. Depuis le début des années 2000, le taux de croissance de l'économie française a presque toujours été inférieur au taux d'intérêt payé sur la dette publique. Ce n'est que sur les années 2016-2019 que la différence inversée a été plus favorable. Mais pas beaucoup plus, car le taux de croissance a diminué parallèlement au taux des charges financières : la différence a été en moyenne de l'ordre de 1,5 % du PIB, trop fragile pour en faire une donnée de longue durée. 

Revenir à des budgets sans déficits.

Le laxisme auquel nos gouvernants se sont habitués en matière de dépenses publiques et de déficit budgétaire peut faire qu'on soit brutalement contraints, comme l'Italie ou la Grèce, de revenir à un excédent budgétaire primaire est une hypothèse plausible. Comment, sur courte période, pourra-t-on réduire de 50 à 60 milliards d'euros nos dépenses publiques ? La  fuite en avant à laquelle on assiste, et favorisée par le climat préélectoral – il faut bien financer quelques largesses comme le chèque offert aux jeunes-, repose bien sur une illusion. Ou plutôt un mirage.

Seul le retour à une orthodoxie financière le plus tôt possible, qui n’empêchera pas la dette dans un premier temps, pourra nous sauver de la catastrophe.

 


« CLAIRE, LE PRENOM DE LA HONTE. »

Claire koç001

 

L’assimilation refait surface.

Face à l’arrivée massive des immigrants, les faiseurs d’opinion abordent le sujet en parlant « de difficultés d’intégration » et de « rétablissement de la mixité sociale ». Mais parler d’assimilation est impossible, l’idée heurte  la « bien-pensance » et fait hurler les racialistes et autres racisés qui y voient une amputation et une obligation de renoncer à son identité d’origine. Et pourtant l’assimilation, qui a permis  à tant d’étrangers anonymes ou de renom de s’épanouir en France, c’est  bien le seul moyen de trouver sa place dans la société française.  Et une génération de femmes, n’hésite plus à braver la  vindicte  pour clamer haut et fort leur refus de l’idéologie victimaire et les assignations à résidence identitaires. Sonia Mabrouk, Rachel Khan, Lydia Guirous, Fatiha Agag-Boudjahlat, Zineb El Rhazoui, Claire Koç, font entendre leur attachement à la culture française. Le  fait que ce soit les femme n’est peut-être pas un hasard. Elles sont rejointes par quelques hommes tels Abnousse Shalmani et Amine El Khatmi. Longtemps silencieux, tous se rebiffent pour clamer que la  France n’est pas le pays raciste systémique et islamophobe que nous décrivent les militants décoloniaux et autres entrepreneurs de la cause identitaire.

« Claire, le prénom de la honte. »

L’exemple d’un parcours d’assimilation nous est donné par Claire Koç dans son ouvrage « Claire, le prénom de la honte ». Fille d’immigrés turcs, Cigdem Koç est devenue Claire Koç en 2008. La jeune journaliste raconte le cheminement qui l’a conduite à faire ce choix et les réactions de rejet de sa famille et de ses proches.  Un témoignage poignant de la volonté de fer dont il lui a fallu faire preuve et en même temps c’est une plongée  dans une France en voie de désintégration. Mais c’est l’éloge de l’assimilation qui l’emporte. Cette assimilation qui, on le découvre, n’est vraiment plus à l’ordre du jour de nos gouvernants et de ceux dont ce devrait être la préoccupation quotidienne. Claire, c’est le prénom qu’elle s’est choisi pour son adoption par la grande famille qu’est la  France.  C’est un choix personnel qui relève  de son identité intérieure, explique-t-elle, « un choix de cœur et d’esprit ». Pour autant elle affirme qu’elle ne renie pas son origine turque dont l’identité reste présente et qu’elle jugerait insensé de rejeter.

De l’intégration à l’assimilation.

Au début tout allait bien. La  famille, arrivée en 1984,  vit dans une cité HLM au milieu de Français dits « de souche ». Les années de primaires se passent sans tabous et ses voisins  lui serviront de modèle. Et puis l’engrenage de l’homogénéité de peuplement s’est installé, bientôt aggravé par  l’antenne parabolique, moment fatidique selon l’auteure. Chaque communauté  était raccordée en permanence à son pays d’origine. La France était devenue inexistante. Des associations conseillaient même de poursuivre sa façon de vivre sans faire le moindre effort d’intégration. Heureusement pour elle, avant de se refermer, ses parents l’avaient ouverte à la France. Mais le cycle infernal de l’endogamie était enclenché : commerces turcs, boulanger turc, vêtements turcs… C’est  le communautarisme. Chacun dans son coin.  Les  Turcs détestent les arabes et réciproquement.  Chacun vit sur son  secteur. Pourtant l’assimilation reste encore  possible selon elle, les candidats €s sont nombreux mais silencieux. Encore faudrait-il que l’école soit plus convaincue : elle devrait apprendre à être fier d’être citoyen français. Ailleurs dans le monde, à commencer par la Turquie, l’adhésion aux valeurs du pays d’accueil ne se discute pas. Une autre difficulté vient du réseau tentaculaire des associations communautaristes. Ainsi les partisans d’Erdogan exercent un lobbying en infiltrant des associations, des partis politiques, en cherchant à imposer des exigences séparatistes. Même quand on est déterminé, les  obstacles  s’accumulent : ainsi, jeune journaliste elle s’aperçoit que dans le  média où elle travaille pour avoir des « piges » il faut entrer dans le jeu des racisés au vu et au su de la direction qui laisse faire. Elle s’en affranchira, mais au prix d’une lutte forcenée.

Interdiction d’aimer la France.

Il ne fait pas bon défendre l’assimilation à la française. A cause de son livre, Claire Koç reçoit des insultes sur les réseaux sociaux, sur Twitter, et même des  menaces. Elle a été obligée de porter plainte pour incitation à la haine et  menaces de mort de la part de militants pro-Erdogan.  Elle fait l’objet d’une discrète protection policière.  Une campagne insidieuse, faite de fausses informations  la présentant comme une kurde membre du PKK, … Bref, « on » lui a collé une cible dans le dos. « Tout en toi pue la France » : une vindicte à  laquelle elle est habituée. Chez les racisés victimaires, il ne fait pas bon être du côté des « colonialistes ».  Mais par la même, c’est le rejet du modèle  républicain qui s’exprime. 

Devenir français.

Le  problème auquel notre  pays est confronté est dû à la présence sur notre sol de certains individus qui ne se reconnaissent pas dans la culture française. Ils ignorent les codes nécessaires pour devenir français. Il faut en priorité s’occuper d’eux et leur faire apprendre la langue française : s’il n’y a pas d’obligation d’apprendre la langue d’accueil, comment construire une nation ? Il faut rendre plus contraignantes les conditions pour obtenir la nationalité et faire que la  culture générale soit un critère déterminant. Si la France a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de l’étranger, on ne dit jamais  assez que l’étranger a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de la France. Autant d’affirmations qui parsèment les pages, frappées au coin du bon sens.

Extraits.

« Je me demande souvent pourquoi on ne m’a pas inculqué les belles valeurs de notre République au cours des longues heures que j’ai passées dans les salles de classe ? J’ai acquis ce sentiment d’appartenance à notre beau pays en autodidacte et en m’émancipant du carcan familial. Aucun enseignant ne m’y a incitée ! ».

« Ce n’est pas en brandissant une culotte tâchée du sang de mes règles au visage de mes parents ni en brodant une vulve au dos d’un sweat à capuche que j’ai combattu le patriarcat turco-musulman. Si  j’ai réussi à me tailler une place au sein de la  société française, je ne le dois pas non plus au soutien des néo-féministes de salon trop occupées à culpabiliser le mâle blanc plutôt qu’à s’attaquer au fondamentalisme qui étreint jusqu’à l’étouffer la vie des femmes de certains quartiers. » 

Malgré tout, Claire Koç prouve que l’assimilation individuelle reste possible, mais le contexte n’a jamais été aussi défavorable. L’assimilation ne peut fonctionner qu’à plusieurs conditions, en effet : il faut que la personne ait vraiment la volonté de s’assimiler à la culture et aux mœurs de son pays d’accueil ; que les flux d’immigration restent raisonnables et étalés dans le temps ; que l’immigrant puisse facilement rompre ses liens avec son pays d’origine et qu’il n’y ait pas déjà une forte communauté non intégrée de personnes issues de l’immigration dans son entourage immédiat.  Encore faut-il que le pays d’accueil ait suffisamment confiance dans son identité et ses valeurs pour offrir quelque chose à quoi s’assimiler et surtout qu’il en ait la volonté…

L’assimilation est un chemin qu’il faut reprendre.  La tâche est rude avec un corps enseignant largement communautariste et un pouvoir qui tient un double langage.

Je n’ai fait qu’effleurer le sujet. Un livre qui se lit d’une traite. Rafraîchissant à certains égards.

« Claire, le prénom de la Honte. »  De Claire Koç, chez Albin Michel.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte tombeau

L'HERITAGE ET LA LEGENDE

L’Empereur mort laissait à la postérité et au monde l’image d’un soldat luttant pour la cause des peuples asservis,  l’inspirateur du principe des nationalités succombant sous les coups de la Contre-Révolution, le dernier tenant des rêves philosophiques et révolutionnaires du XVIIIème siècle. Le Mémorial de Sainte-Hélène fait éclater le génie publicitaire, une fois de plus, de Napoléon. « Il eût voulu le même principe, le même système partout : un code européen, une Cour de cassation européenne, … une même monnaie sous des coins différents, les mêmes poids, les  mêmes mesures, les mêmes lois,... L’Europe, disait-il, n’eût bientôt  fait de la sorte, véritablement, qu’un même  peuple, et chacun, en voyageant, partout se fût trouvé toujours dans une patrie commune. »

L’empreinte européenne.

Les  armées de la Révolution et de Napoléon n’ont pas seulement gagné des batailles et modifié les frontières politiques de l’Europe. Elles ont amené d’importants changements dans l’évolution des Etats conquis et vassaux. Après la défaite de 1809, l’Autriche de Metternich poursuivit les réformes héritées du « despotisme éclairé », mais c’est surtout l’Allemagne qui connut les transformations les plus spectaculaires : sa carte fut simplifiée, le Saint-Empire romain germanique disparut. Dans les pays annexés, les lois françaises ont été directement appliquées et dans les Etats vassaux ou alliés, la législation s’inspirait également du Code civil. En Prusse, des hommes comme Stein, Hardenberg, Scharnhorst, imposèrent une série de réformes sociales et militaires, tandis que l’Université de Berlin forma  les cadres de l’avenir, inspirés par l’idéal nationaliste qu’exprimaient les célèbres « discours à la nation allemande » de Fichte. La péninsule italienne, de son côté, a été profondément marquée par la domination française : simplification des frontières, unification des lois et de l’administration, démantèlement du vieil ordre féodal. Malgré ses aspects oppressifs, l’occupation napoléonienne  a hâté la prise de conscience nationale. Seul point noir, en Espagne, une guerre inexpiable a rendu les réformes inopérantes. Après le retour du roi, une répression brutale s’est abattue sur le pays et l’Espagne restera nettement à l’écart du grand courant modernisateur.

L’histoire de Napoléon est celle d’une fuite en avant.

On s’aperçoit rapidement qu’il n’y a pas d’alternative entre la chute de la France et la soumission de l’Europe tout entière. L’Empereur dut désarmer les coalitions qui ne cessaient de renaître grâce à l’or anglais. Le meilleur moyen aurait été certainement de nouer des alliances solides qui, favorisant l’établissement d’une paix continentale durable, auraient permis de consacrer tous les efforts financiers et militaires, à la lutte contre Albion. Mais jamais les diplomates n'ont pris le relais des  militaires et les régimes politiques s’avéraient par trop différents. A plusieurs moments, on a pu croire que les  Britanniques étaient prêts à traiter avec  la  France comme a pu le laisser penser la « paix d’Amiens » en 1802. En fait ce n’était qu’une pause. Car les Anglais n’avaient pas le choix, il leur fallait vaincre ou périr. Ils ne pouvaient accepter une Europe dominée par la France. Depuis un siècle ils luttaient pour que le continent demeurât divisé  afin qu’aucun de ses Etats ne pût leur dicter sa loi. Ils avaient combattu Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. A cette guerre séculaire, la Révolution avait ajouté une épine supplémentaire qui ne pouvait trouver de solution négociée : l’annexion de la Belgique et l’occupation du port d’Anvers par lequel le commerce anglais accédait au marché européen. Et Napoléon de son côté était prisonnier de l’engagement qu’il avait pris auprès des Thermidoriens que la Belgique resterait Française. Le conflit devenait donc une guerre à mort.  Comme quoi le Brexit s’inscrit dans une longue tradition.

Napoléon qui était tenté de croire, parce qu’il était toujours vainqueur, que de la guerre pouvait naître une paix durable, savait aussi qu’une paix solide ne pouvait être conclue qu’entre gens qui parlent le même langage. Or depuis 1789, les Européens ne se comprenaient plus. La Révolution avait creusé un gouffre entre cette toute jeune république et les vieilles monarchies du continent. Les  monarchies se méfieront toujours du souverain français, même devenu lui-même monarchique. Si les rois étaient obligés de plier devant lui, ils ne l’accepteront jamais comme un des leurs et c’est lui qui sera la dupe du tsar.

Un legs inestimable.

L’héritage de Bonaparte est multiple. Il a mis fin à la guerre civile et a œuvré pour la réconciliation nationale et la stabilité après dix ans de déchirures. Une grande œuvre a été accomplie en quatre ans sous le Consulat (voir le chapitre correspondant). Il a légué à la France la constitution administrative, la monnaie stable avec  le « Franc germinal » qui ne sera jamais dévalué jusqu’en 1914, les bases d’une paix religieuse avec le concordat, et évidemment le Code civil. Tout en étant de fait le « fossoyeur de la Révolution », il a permis d’en inscrire les  principales conquêtes dans la durée, en empêchant notamment une restauration monarchique en 1800. Napoléon, même au fait de sa puissance, n’est pas tout-puissant.  Les anciens régicides, casés au Sénat, accompagnent le régime en échange de prébendes mais sont les gardiens de deux principes intangibles : pas de retour des Bourbons et conservation des « frontières naturelles », c’est-à-dire la rive gauche du Rhin. Carnot défendra encore cet héritage de la Révolution pendant les Cent Jours.

On ne peut contester que le régime napoléonien était un régime d’autorité qui tendit à partir de 1809-1810 vers le pouvoir personnel, complété par la mise sous tutelle et sous surveillance de la liberté politique. Ce ne fut pas, pour autant, une dictature : les contre-pouvoirs, la force de certains principes limitèrent l’action de l’exécutif et les circonstances réduisirent  souvent ses marges de manœuvre. D’ailleurs tant le nombre des exécutions (deux, dont le Duc d'Enghien) que le nombre réduit de prisonniers politiques en attestent. L’armée est toujours restée à l’écart du pouvoir et l’acceptation du régime par le peuple et les élites fut large, exprimée par les plébiscites, les élections intermédiaires, le consentement à la conscription et à l’impôt, etc…  

On lui doit l’installation d’un Etat fort et efficace, bien administré avec tous ses rouages, un développement de l’agriculture et des manufactures, la  construction de routes, de ponts, notamment à Paris, la construction des quais de la Seine. Il ne supportait pas les dépenses inutiles, reprenant tous les comptes. L’oeuvre de codification des lois se prolongea jusqu’en 1810 avec les codes de commerce,  d’instruction criminelle et le Code pénal. C’est en caracolant à la tête de la Grande Armée qu’il décida d’aligner des platanes le long des routes pour que les chevaux soient épargnés par le soleil. On n’en finirait pas ! Alors, c’est vrai, il laissa la France plus petite qu’il ne l’avait  trouvée.

Un homme de son temps.

Marqué par les convulsions de la Révolution, Napoléon Bonaparte, élevé sous la monarchie absolue, est bien inscrit dans son temps. Dès la campagne d’Italie, il a conscience de son génie. Il a, de fait, une évidente supériorité de tempérament, de volonté,  d’intelligence. Il a séduit presque tous ceux qui l’ont servi, même Talleyrand.  Cambacérès était fasciné par son charisme,  son esprit de décision et sa ténacité. C’est aussi un homme  qui vivait dans l’action et qui était capable de s’occuper de  tout.  Un homme des Lumières qui avait à coeur d’acquérir la gloire par une œuvre utile.

C’est  aussi un caractère bienveillant qui savait obtenir de chacun tout ce qu’il pouvait donner et qui était capable de pardonner même les trahisons, car il n’attendait rien des autres. Enfin, il aimait l’ordre et sa vie était réglée  comme du papier à musique. Les repas officiels étaient expédiés en vingt minutes et son souci du temps rempli allait jusqu’à dupliquer à l’identique les lieux qu’il habitait, au livre qu’il appréciait près, placé au bon endroit. Quant au procès qu’on lui a fait sur sa misogynie, il mériterait tout au  moins d’être nuancé. Il était, ni plus ni moins, représentatif de la mentalité de son époque. Il suffit de rappeler que les figures féministes de l’époque, les Manon Roland, Théroigne de Méricourt ou Olympe de Gouges finirent pour la plupart sur l’échafaud et les clubs féministes impitoyablement fermés. Au moment du Code civil la cause féminine avait quasiment disparu. Le Code auquel il participa ne fit que reprendre ce qui  était dans l’air du temps de la bourgeoisie de l’époque : la famille placée sous l’autorité du père et du mari ; la femme ne jouissait de l’intégralité de ses droits au si elle était célibataire et capable de subvenir à ses besoins. L’inégalité juridique perdura  jusqu’en 1946 et ne disparut totalement qu’en 1965. En échange, le père ou le mari lui devait protection personnelle et patrimoniale.

La légende.

La Monarchie de Juillet, avec Louis-Philippe va servir de caisse de résonance au « mythe » napoléonien. Les livres qui paraissent alors réveillent le souvenir de l’Empereur. Las Cases donna corps à la légende du Napoléon du peuple, le "petit caporal à la capote grise". En quête de légitimité, Le roi Louis-Philippe voulait se rattacher aux grands souvenirs, faute de pouvoir se  placer dans une tradition monarchique. Et Napoléon c’est "la gloire de la France". Il pensait couper l’herbe sous le pied aux opposants à la monarchie qui s’en servaient pour enflammer les esprits.  Le peuple s’émouvait au souvenir des bulletins de la Grande Armée et de sa fin misérable sur le « rocher » de Sainte-Hélène. Grognards revenus dans leurs foyers, historiens, poètes, écrivains, se plaisaient à faire revivre l’épopée du grand homme. Il négocia donc le retour des cendres de l’Empereur aux Invalides qui rassembla un million de Français en 1840. Il fit ériger la  colonne Vendôme et ainsi se nourrit la légende napoléonienne qui allait se retourner contre lui,  préparant sans le savoir le terrain au prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de l’Empereur qui sera élu président de la République avec 74% des voix dix ans plus tard.

Alors oui, il faut rendre honneur à l’Empereur.

En même temps, c’est rendre honneur au peuple français. Ne commettons pas d’anachronisme. Les guerres de la Révolution et de l’Empire sont le dernier épisode d’une longue guerre de cent ans avec l’Angleterre qui n’a jamais dit son nom. Napoléon continue de nous éblouir parce qu’il incarne la France qui croit en la  force  de son destin. Sa volonté de puissance et son absence de lucidité après 1806 sur sa responsabilité dans l’effondrement de l’Empire n’enlèvent rien au caractère évidemment prodigieux du personnage et de sa vie. Il reste pour l’éternité dans nos mémoires, et si besoin était, l’Arc de triomphe de L’Etoile, les  boulevards des Maréchaux qui ceinturent Paris, les ponts d’Iéna et d’Austerlitz, l’avenue de la Grande Armée… nous la rafraîchiraient. Il a innové dans bien des domaines, laissant son sceau, sa griffe, sur tout ce qui fait notre état moderne. Ce n’est pas pour rien qu’il est l’une des figures les plus populaires au monde, hors de nos frontières.

Deux siècles après la mort de Napoléon, la France continue de rêver qu’elle est une grande puissance mondiale.

 


MACHIAVEL-MACRON

Machiavel

Obsession 2022.

Affaiblir les Républicains à tout prix pour préserver son face à face avec Le Pen qui seul, pense-t-il, lui permettrait de se faire réélire. Or, seuls les Républicains sont en capacité de troubler le jeu.  La gauche, n’en parlons pas.  Alors Macron agit selon deux  axes : d’abord empêcher Xavier Bertrand d’être élu, parce qu’il est le  plus menaçant pour l’instant.  Pas  moins de trois ministres sont à la manœuvre avec l’envoi en kamikaze de Dupont Moretti, qui aurait pourtant d’autres chats à fouetter. Le  prétexte de « chasser le RN » est un leurre. Mais faute  de pouvoir faire un score honorable,  la liste  LRem  sera au pied du mur. Car le Président  sortant des  Hauts de France a été très clair : aucune alliance, ni au premier tour, ni au second. Se maintenir, si c’est possible pour LRem, aura comme conséquence inéluctable : la Région passera au RN. Deuxième axe : pratiquer le baiser mortel comme en PACA  quand le ver est déjà dans le fruit. Montrer que LRem qui n’existe  pas  sur le terrain et Les Républicains, c’est l’alliance qui fait gagner. Un gros mensonge, malgré le martèlement médiatique. Parce que c’est perdant à tous les coups.  On l’a vu aux municipales, notamment à Bordeaux. On le voit dans les sondages en PACA. Ce  type d’alliance ne prend pas en compte  la toxicité de LRem pour une grande partie des électeurs de droite qui ne reconnaissent pas dans le parti du président une politique de droite. En PACA , les  sondages montrent qu’un accord  mobiliserait  des abstentionnistes de gauche pour le RN et ferait fuir  une partie des électeurs de droite sur le même RN ou dans l'abstention. Résultat Mariani l’emporte facilement. Macron joue avec le feu, car c’est le scénario qui s’appliquerait  en cas de face-à-face avec Marine Le Pen. Cela veut dire que LR a un rôle clé à jouer, à condition de ne pas entrer dans le jeu d'Emmanuel Macron.

Tout le monde s’y met.

Sondages, pilonnage en règle, hystérie des macronistes, tel Castaner, qui accusent Les Républicains d’une « extrême violence », on se croirait revenu au déchaînement de la gauche du temps de Sarkozy,  quand Martine Aubry accusait le  Président d’abîmer la  France  et l’UMP d’être la "droite dure". Faut-il que ce parti soit encombrant. On veut nous faire croire, comme M. Attal, que LR court après le RN, alors que c’est l’inverse : c’est Marine Le Pen qui, tel un caméléon, vient se couler sur le terrain de la droite. On croit rêver, mais tout est bon pour discréditer le parti de Christian Jacob. C’est vrai qu’avec 105 députés, premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, premier  groupe parlementaire et majoritaire du Sénat , 56%  des communes de plus de 9 000 habitants, on ne le mettra pas facilement sur la touche. Aussi, il faut qu’il perde absolument des Régions pour tenter au moins de montrer qu’il est sur le déclin. Et  tant pis si c’est au profit du RN.

Un enjeu de clarté.

Dans cette exigence de clarté, il y a un enjeu de survie pour la droite. Notre famille politique meurt  des ambiguïtés créées par ceux qui quittent le parti après avoir oeuvré souterrainement depuis quatre ans, comme Estrosi. Chacun est, bien sûr, libre de ses idées, mais ils auraient dû se mettre en conformité avec leurs actes et rejoindre LREM. Le plus grave est que ces reniements minent notre vie démocratique jusqu'au sein même des fidèles. Il ne peut y avoir aucune confiance en nos institutions, si la classe politique semble n'avoir ni cohérence ni clarté. La droite, elle, doit préparer l'alternance dans la clarté et la constance. Sinon, elle n'a plus de raison d'être. Or je suis convaincu que cette alternance est plus que jamais nécessaire pour la France. Heureusement, LR a une réserve de candidats tous aussi talentueux et en capacité d’assurer la charge suprême. Oui, le débat politique a  besoin de clarté, ce que le  « en même temps »  n’apporte pas, on le voit encore avec la candidate voilée de LRem qui renforce le doute sur Macron et le communautarisme. Sur le régalien, l’insécurité et les violences quotidiennes, l’immigration incontrôlée, la dette, les dépenses publiques, le redressement économique, l’écologie responsable, seuls Les Républicains ont un positionnement cohérent et clair. Leur travail parlementaire est sous-médiatisé et celui sur le projet avec les « conventions thématiques » méconnu du grand public. Les républicains sont plus que jamais utiles.

La victoire écrasante de la droite à Madrid peut servir d’exemple et entretenir l’espoir.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte Waterloo

LES CENT JOURS ET WATERLOO

La première restauration.

Le 24 avril 1814 seulement, l’ancien Comte de Provence qui, depuis 1795 avait pris le titre de Louis XVIII, débarqua à Calais, décidé à rétablir dans son intégralité le gouvernement « qui fut pendant quatorze siècles la gloire de la France ». Néanmoins, avant d’entrer dans la capitale qu’il n’avait  pas revue depuis 1791, il promit dans la « Déclaration de Saint-Ouen » de gouverner en monarque constitutionnel. Le 3 mai, il entra à Paris. Le Te Deum à Notre-Dame s’imposait : la première Restauration était accomplie. Louis XVIII arrivait au pouvoir âgé, presque impotent, et assagi par son long exil. D’une intelligence fine, il se rendit compte qu’un retour à l’Ancien Régime était  impossible.  La Révolution et l’Empire avaient changé à tout jamais les conditions de la vie politique. La  « Charte » promulguée en juin au Palais-Bourbon, installa une monarchie constitutionnelle. Elle était plus libérale que toutes les constitutions de l’Empire, mais elle était mal  présentée.  Elle était « octroyée », un mot  malheureux. Deux chambres, la Chambres des pairs et la Chambre des Députés, avaient un pouvoir législatif limité. Elles  votaient notamment les impôts. Mais le régime n’était en rien un régime parlementaire et démocratique, car seul le roi avait le droit d’initiative et il avait en plus un droit d’ordonnance qui lui permettait de rédiger des règlements ayant force de lois, en cas de circonstances graves. L’élection des députés se faisait au suffrage censitaire et le cens était élevé.

Mais la Charte garantissait l’essentiel des conquêtes de la Révolution : égalité devant la loi, abolition des privilèges, liberté individuelle, liberté des cultes et de la presse. Une partie de l’opinion était indisposée par le « préambule » qui présentait Louis XVIII comme le « Roi de France et de Navarre par la grâce de Dieu » et le replaçait dans la suite de la monarchie en datant son règne de la « dix-neuvième année ». De plus, de nombreux émigrés revenus s’opposaient au roi constitutionnel, le « jacobin couronné »,  et refusaient de reconnaître la Charte. Ils  se  firent très vite menaçants  en se regroupant autour du Comte d’Artois qui se présentait comme n’ayant pas changé depuis 1789, et encourageait la « réaction ». Le roi, dépassé par son entourage, commit alors faute sur faute : menace sur les biens nationaux, réduction des effectifs de l’armée avec le licenciement de 12 000 officiers de Napoléon avec  mise en demi-solde tout en réintégrant à des grades importants d’anciens émigrés.  Il laissait humilier les maréchaux de France à la cour, et ultime erreur, il remplaça le drapeau tricolore par le drapeau blanc de la monarchie. Le  peuple craignit pour ses droits si chèrement acquis. Dès lors, un seul homme pouvait encore tout sauver : Napoléon !

Le « vol de l’aigle ».

Napoléon hantait tous les esprits.  Curieusement, il devint le  symbole des idées libérales  et s’installa une ambiance nostalgique de son épopée. La rumeur de son retour se répand et déjà de hauts personnages comme Fouché, qui avaient contribué à sa chute conspirent en sa faveur. Dans les salons bonapartistes un complot s’organisait et préparait des appuis au sein de l’armée. Carnot publia « un mémoire au roi » où il dénonçait les fautes de  la  Restauration qui se vendit à des centaines de milliers d’exemplaires.

Dans son île, Napoléon prêtait l’oreille au revirement de l’opinion publique en sa faveur et n’ignorait pas que Louis XVIII songeait à le faire transférer « à cinq cents lieues d’aucune terre».  Il décida de passer sur le continent après sa fameuse proclamation : « Soldats, arrachez ces couleurs que la nation a proscrites et qui pendant vingt cinq ans servirent de ralliement à tous les ennemis de la France ! Reprenez les aigles que vous aviez à Ulm, à Austerlitz, à Iéna, à Eylau … L’aigle avec les couleurs nationales volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame   ! » Entre le 28 février et le 20 mars 1815, Napoléon marcha sur Paris. Débarqué le 1er mars à golfe Juan, il prit la route des Alpes. Une anecdote parmi tant d’autres : au village de Laffrey, confronté  pour la  première fois aux troupes envoyées pour l’arrêter,  il s’avança seul : « s’il en est un parmi vous qui veuille tuer son Empereur, me voilà ! ». Ses  anciens soldats répondirent par des vivats. A Auxerre,  le maréchal Ney, décidé à « ramener Bonaparte dans une cage de fer » se précipita dans ses bras. Louis XVIII s’enfuit à Lille puis gagna Gand. Le 20 mars Napoléon entrait aux Tuileries, porté en triomphe par la foule.

Les « Cent Jours ».

Napoléon recommençait sa vie, celle d’un général révolutionnaire dont le peuple attendait qu’il le sauvât d’un retour à l’Ancien Régime. Il choisit la voie libérale pour se concilier la bourgeoisie. Mais le chemin était étroit.  Le peuple  l’avait rappelé pour l’opposer à Louis XVIII, pas pour lui voir  tenir le rôle d’un monarque. Il confia à Benjamin Constant la tâche de rédiger un projet de constitution.  Le 22 avril fut publié « l’acte additionnel aux Constitutions de l’Empire » qui recopiait la Charte  sans beaucoup l’améliorer. Au passage, il abolissait l’esclavage, mais cela passa inaperçu.  Un texte qui déçut les démocrates et n’apaisa pas la défiance des bourgeois libéraux. Un plébiscite  marqua bien l’état des esprits : sur 5 à 6 millions d’électeurs, seulement 1 300 000 « oui » et 4 000 « non ». L’abstention était massive. La  France avait besoin de paix pour refaire ses forces, mais les alliés avaient aussitôt renouvelé le pacte de  Chaumont. Le Congrès de Vienne déclara le « perturbateur du repos du monde » hors la loi. Napoléon fit savoir au tsar et à l’Empereur d’Autriche, qu’il avait l’intention de respecter le traité de Paris. Malgré cela, et sans attendre que Napoléon ne reconstituât une armée, Blücher concentrait ses forces près de Namur, Wellington débarquait à Anvers et rassemblait une armée hétéroclite d’Anglais, de Belges et d’Allemands, en tout 213 000 hommes. Dès lors, Napoléon fut obligé de reprendre le combat.

Waterloo.

L’Empereur quitta Paris le 14 juin à la tête d’une armée de 130 000 hommes. A son habitude, il  choisit l’offensive.  Ney fit battre en retraite Wellington près de Bruxelles, et le duc de Brunswick fut tué, pendant que Napoléon attaquait les Prussiens qu’il désarçonna, Blücher manqua d’être pris et ne dut son salut qu’à la nuit tombante. Ces victoires n’avaient rien résolu. De  son côté Grouchy commit de graves erreurs et ne sut pas s’interposer entre les deux armées ennemies. Napoléon décida alors de renforcer Ney face aux Anglais qui s’étaient installés sur le plateau du Mont Saint-Jean pour couvrir la route de Bruxelles. C’est le 18 juin 1815 qu’allait se dérouler la bataille de Waterloo. Les  conditions étaient médiocres, il avait beaucoup plu, et les Anglais étaient bien retranchés. L’artillerie ne put être mise en place qu’en fin de matinée. Les  assauts se  multiplièrent, la bataille était  acharnée sans que les Français puissent prendre l’avantage. Entre temps, les Prussiens étaient arrivés sur le champ de bataille, moment évoqué par Victor Hugo par le  célèbre vers : «Napoléon s’écria : Grouchy !, C’était Blücher ! ». Attaqués  de deux côtés,  la garde et les grenadiers finirent par plier sous le choc de la cavalerie prussienne.  La panique s’installa et le gros de l’armée s’enfuit. Napoléon, Ney et Cambronne s’enfermèrent au milieu des soldats qui tenaient aux cris de « Vive l’Empereur ! ».  A la nuit, Napoléon se retira, perdu, au milieu de son armée en déroute. Il s’en était fallu de peu que le sort ne basculât en sa faveur, mais ce n’était pas le bon jour. L’Empereur, rentré à Paris songeait encore à la lutte. Mais la situation intérieure était grave.  Fouché, trahissant une fois de plus obtint de la chambre qu’elle mette Napoléon  en demeure d’abdiquer, ce qui fut fait le 22 juin. Une foule énorme entourait le Palais. Elle criait : « Résistez ! Ne partez pas ! » Mais Napoléon ne voulait pas armer le peuple. Pensant gagner l’Amérique, il se rendit à Rochefort où il se livra finalement aux Anglais.

Sainte Hélène et la fin.

Napoléon écrivit au Prince-Régent, fils de George III : « Je viens comme Thémistocle, m’asseoir au foyer du peuple britannique. Je me mets sous la protection de ses lois que je réclame de votre Altesse royale, comme du plus puissant, du plus constant et du plus généreux de mes ennemis. ». Il fut embarqué sur le Bellérophon, à destination de Plymouth où on lui refusa de débarquer et où il apprit son destin : prisonnier de guerre, il irait terminer  ses jours à Sainte-Hélène, au large de l’Afrique australe. Ce fut une lente agonie entre solitude,  désoeuvrement et mesquineries de ses gardiens. Le 5 mai 1821 il s’éteignit. L’autopsie révéla un ulcère mortel à la sortie de l’estomac. Il laissait à la postérité le « Mémorial de Sainte-Hélène », dicté à Las Cases, les  Mémoires et œuvres historiques dont le général Gourgaud et Montholon étaient officiellement les rédacteurs et firent éclater le génie publicitaire de Napoléon. Deux ans après sa mort, Las Cases publia le Mémorial.  La « légende napoléonienne » commençait. Napoléon  ne savait pas que bientôt un certain  Louis-Napoléon, fils de Louis, s’en servirait pour reprendre le flambeau des Bonaparte.

A suivre : L’oeuvre de Napoléon. Dernier chapitre en guise de bilan.

 


LE POINT SUR L’ECONOMIE

Planche à billets

 

LA PEUR DU RETOUR DE L’INFLATION

Intéressant le rapport de l’ancien ministre des Finances, Jean Arthuis. Il nous montre un horizon bien sombre à  l’horizon 2030, un moment où notre dette se situerait entre 130 et 150%  de note PIB. Et ce  rapport explique à demi-mot qu’il est impossible de concevoir un plan de rétablissement de nos finances publiques. Et pourtant nous allons vers les 3 000 milliards de dette, car nous continuons à emprunter 1 milliard d’euros par jour sur les marchés.

Trop de liquidités.

Les banques centrales injectent trop de liquidité et les gouvernements en font trop. Le principal danger vient du risque avéré de surchauffe de l’économie, et particulièrement de  l’économie américaine du fait des plans successifs de Joe Biden qui injectent des dollars par dizaines de milliards. Avec  la crise sanitaire on a un effet  de cumul : l'épargne des ménages, la trésorerie des entreprises, les liquidités des banques centrales, les plans de relance, constituent un cocktail explosif.  Le 4 mai dernier, Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain a, pour la première fois, évoqué la possibilité d'une hausse des taux d'intérêt. C’est un tournant. Elle a très précisément déclaré qu'il faudrait peut-être augmenter les taux d'intérêt pour que l'économie US n'entre pas en surchauffe. Elle alimente l’idée que l'inflation va revenir, et qu’inévitablement les taux d'intérêt vont remonter, surtout aux États-Unis. Les prévisionnistes s’accordent sur une inflation américaine qui devrait dépasser les 3,5 ou 4%. D’autant plus que la hausse des matières premières va aussi alimenter la hausse de l'inflation.
L’Europe suivra. En Europe, la reprise sera forte mais moins forte qu'aux États-Unis et les pressions inflationnistes seront moins fortes. Le travail de la BCE  devrait donc s’avérer moins complexe que celui de la FED. Notons tout de même que le taux de référence en France, le taux d'emprunt à 10 ans, n'est plus négatif. Il reste bas à 0 ,12%, mais il n'est plus négatif. Les taux d'emprunt d'État remontent partout en zone euro, 0,81% en Italie, 0,43% en Espagne. L'Allemagne a encore un taux négatif à -0,23% mais rappelons qu'il était tombé à -0,67% il y a 6 mois. Ce sont des signes avant-coureurs.

Rappelons que, en économie, si on accroît massivement les liquidités en circulation, la masse monétaire augmente et si la masse monétaire augmente, inéluctablement, l'inflation dérape. On aurait donc dû  avoir un retour de l’inflation depuis des années compte tenu des baisses des taux et des injections massives de liquidités par les banques centrales. Celle-ci n'est jamais venue. On a déjà expliqué pourquoi : les pressions déflationnistes structurelles étaient fortes : la démographie avec  l’effondrement des taux de fécondité et le vieillissement de la population, du fait de la digitalisation de l'économie, et enfin du fait de la révolution sociétale, et notamment de la prise de conscience écologique qui pèse sur la surconsommation.

Le retour de l’inflation.

L’inflation semble maintenant pointer son nez et ça va  changer la donne, tant sur l'économie que sur les marchés. Le facteur déclenchant aura été la crise sanitaire. Les masses d'argent mobilisées par les gouvernements et les banques centrales ont atteint des niveaux tellement délirants qu'à la sortie de la crise sanitaire, la consommation et l'investissement explosent, comme on le voit en Chine ou aux Etats-Unis. Et la pression est tellement forte que, cette fois, la hausse de l'inflation est inéluctable. Désormais, le débat porte sur son caractère plus ou moins durable. Les banques centrales font le pari  que cette hausse de l'inflation sera conjoncturelle et accompagnera la sortie de crise en raison du retard de consommation et d'investissement accumulé pendant la crise. La FED et la BCE tentent de rassurer sur les craintes d'inflation, et, pour l’instant, n’envisagent pas de  monter les taux pour la contrer. Mais rien n’est moins certain. Il peut y avoir un dérapage de l'inflation, car il y a trop d'argent en circulation dans l'économie, et cela risque de provoquer des turbulences. L’indicateur  à suivre de près c’est l'inflation aux États-Unis. Si elle dérape, il faudra se mettre aux abris.

Cycle de hausses ?

Le risque est d’autant plus difficile à appréhender que les matières premières industrielles, agricoles, l'énergie, sont entrées dans un cycle de hausses, du cuivre au plus haut depuis 2011 au soja au plus haut depuis 8 ans, en passant par le maïs, le minerai de fer ou encore le sucre, tout monte. Les raisons sont les  mêmes : la masse de liquidités déversée par les banques centrales, les plans de soutien et les plans de relance massifs des gouvernements, le rebond de l'économie post-crise sanitaire en Chine et aux États-Unis avec l'effet rattrapage de la consommation et de l'investissement, la « transition écologique » qui provoque des ruées sur certaines matières premières. Enfin, la Chine est le premier consommateur au monde de matières premières et son économie a redémarré sur les chapeaux de roue. Même si elle anticipe un cycle de croissance plus contrôlé, les prévisions de ses besoins sont impressionnantes. Le  redémarrage de l’économie américaine ajoute aux tensions d’approvisionnement. La flambée des matières premières va inévitablement alimenter la hausse de l'inflation. Autant d’éléments qui plaident pour un dérapage de l'inflation dans les mois qui viennent.

Voilà pour le contexte.

Et pendant ce temps, en France… 

Les français ...épargnent, épargnent et épargnent encore. Nous allons de records en records, notamment pour l'assurance vie : 1 812 milliards d'euros d'encours, 1 milliard d'euros de collecte nette en mars, 4 milliards en 3 mois. Mais ce qui se passe en France est grave, et nous risquons d'en payer les conséquences pendant longtemps : grisé par un sentiment de totale liberté et par l'ivresse du chèque en blanc de la Banque centrale européenne, le gouvernement dépense sans compter. Le problème c’est qu’il dépense, il n'investit pas, et  qu’il essaie de faire passer la masse des dépenses publiques préélectorales pour de la « relance ». Pas un jour ne passe sans que nous distribuions une aide qui additionnées se comptent en centaines de millions, voire en milliards d'euros. Des aides de soutien évidemment nécessaires pour les secteurs, les entreprises et les personnes en difficultés. Mais cela va bien au-delà de ce qui est nécessaire. Sous couvert de soutien à l'économie du fait de la crise sanitaire, le gouvernement a fait exploser des dépenses publiques qui n'ont rien à voir avec ce soutien. Nos gouvernants y ont vu une opportunité historique de distribuer de l'argent sans compter, et pour que ça passe mieux vis-à-vis de nos partenaires, nous changeons les étiquettes : nous labellisons de simples dérapages des dépenses publiques avec une étiquette « plan de relance ». On disait qu'en France, il y avait une taxe pour chaque problème. Aujourd'hui il y a une aide pour chaque problème. Rien n’a été fait pour limiter les mauvaises dépenses publiques que nous accumulons sous forme de déficit depuis 1974, celles qui dépassent nos revenus et sont faites totalement à fonds perdu, avec une efficacité de plus en plus réduite, comme on l'a vu avec notre système hospitalier pendant la crise.  Elles ne seront jamais remboursées et vont donc peser sur la croissance à venir. Quand la crise sanitaire sera terminée, nous ferons une fois de plus figure de cancres et de tricheurs. Et que se  passera-t-il  si l’inflation repart et entraîne une remontée  des taux…

Notre dette est  déjà un enjeu de souveraineté  puisque plus de 51% est détenu par des investisseurs étrangers.  De 250 à 300 milliards d’euros d’obligations tricolores s’accumuleraient dans les caisses de la banque centrale chinoise.

Aussi devrions-nous avoir, parallèlement à la fin des aides de sortie de crise une stratégie claire de réduction des dépenses associant une baisse durable des impôts pour sauver la croissance et  l’emploi.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte abdication

 

LA  CHUTE DE L’EMPIRE  1812-1814

L’entrevue d’Erfurt avait montré les réticences du tsar. Aussi l’alliance avec Napoléon ne dura pas. Le  mariage autrichien, le tort causé à l’économie russe par  le  Blocus continental, la résurrection de la Pologne, sont autant de motifs pour la rupture. La campagne de Russie sera le signal  déclencheur d’une avalanche que l’Empereur ne pourra pas arrêter,  avec son cortège de révoltes et de trahisons.

Le tsar Alexandre était vivement critiqué par la noblesse et le blocus gênait considérablement les intérêts des grands propriétaires en stoppant toutes les exportations vers l’Angleterre.  Le mariage de Napoléon avec Marie-Louise, l’envoi de Bernadotte en Suède, l’annexion par la France des ports allemands de la Baltique étaient autant de menaces pour le Russie qui n’y trouvait pas son compte. La résurrection de la Pologne sous la forme du grand-duché de Varsovie fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Dès la fin de 1810, Alexandre avait rouvert ses ports aux neutres, donc indirectement aux Anglais. En juin 1812, la  guerre éclatait de nouveau, avec aux côtés  de  la Russie, l’Angleterre et la Suède de Bernadotte  qui trahit pour conserver son trône. La 6ème coalition est née, elle sera bientôt  renforcée par  la Prusse et l’Autriche.

Le désastre en Russie.

Lorsqu’il franchit le Niemen, le 24 juin 1812, Napoléon ne songea pas un seul  instant à se rendre maître de Moscou. A la tête d’une armée de 500 000 hommes, c’est l’armée des vingt nations, il pensait écraser très rapidement un ennemi très inférieur en nombre. Elle ne comprenait que 200 000 Français, rattachés au centre du dispositif où Davout et Napoléon lui-même commandaient. Il voulait une campagne éclair et une victoire décisive qui obligeât l’adversaire à demander la  paix. Mais  les  Russes  pratiquèrent une tactique à laquelle il ne s’attendait pas : villes désertées et en feu, terre brûlée, Vilna, Vitebsk, Smolensk.  Napoléon entra dans cette dernière, vide de sa population et de ravitaillement. Au lieu de faire une pause, pour se refaire des forces, il continua la poursuite alors qu’il pouvait aller frapper  le coup  mortel à Saint-Pétersbourg. Grave erreur ! C’est  ainsi qu’il se retrouva sans l’avoir voulu, aux portes de l’ancienne capitale. La  bataille a enfin lieu  le 7 septembre à Borodino. Ce fut la plus meurtrière qu’eût jamais connu l’armée française : il en coûta 30 000 hommes à Napoléon pour forcer  le passage de la Moskova. Malgré de lourdes  pertes, l’armée russe n’était pas vaincue et Koutouzov lui réservait encore des surprises. La  ville de Moscou fut incendiée sur l’ordre de son propre gouverneur.

Désormais, c’était un peuple tout entier qui voulait chasser l’envahisseur. Sous la pression populaire le tsar  refusa la paix.  Quant à l’armée de Napoléon elle commençait à s’affaiblir en raison des maladies, de la malnutrition et des nombreuses désertions. L’Empereur, au lieu de marcher sur Saint-Pétersbourg commit l’erreur de prendre le même chemin qu’à l’aller, et trop tard : le  19 octobre, il  neigeait déjà. Ce fut une retraite sans ravitaillement, tout ayant été pillé, harcelée par les cosaques qui ne cessaient de monter des escarmouches. Koutouzov pensait  encercler le reste  de  l’armée française sur les rives de la Bérézina, mais grâce aux pontonniers d’Eblé, la plus grande partie réussit à franchir le fleuve. Napoléon fut obligé de quitter ses troupes le 5 décembre pour rentrer rapidement à Paris, alerté par la rumeur d’un coup d’Etat du général Malet. C’est Murat et le Prince Eugène qui ramenèrent les soldats, terriblement éprouvés par l’hiver russe.  Ils n’étaient plus que 25 000 à refranchir le Niemen le 16 décembre. Un vrai désastre ! La retraite de Russie fit dire  à Talleyrand qui avait commencé à « manigancer », « c’est le commencement de la fin ».

La farce du général Malet.

Ce fut un épisode rocambolesque. Le général Malet, personnage assez médiocre, était en disponibilité depuis dix ans. Avec  quelques complices, il tenta de  prendre le pouvoir.  Un jour d’octobre, muni d’un faux « sénatus  consulte » qui annonçait la mort de l’Empereur, l’abrogation de l’Empire et qui le nommait commandant militaire de la place de Paris, il disposa d’hommes en arme, alla arrêter Savary, le ministre de l’Intérieur qui avait remplacé Fouché,  et  le Préfet Pasquier. Mais dans sa tournée pour arrêter les hautes personnalités, il butta sur le général Hulin qui ne tomba  pas dans le panneau. Comme on lui résistait, Malet ouvrit le feu mais la garde de Hulin riposta et désarma l’escorte  de  l’insurgé. Malet était neutralisé. Mais il s’en était fallu de peu. La facilité avec laquelle il avait pu agir prouvait la fragilité de la monarchie impériale.

La campagne d’Allemagne.

La Prusse se retourna contre la France dès février 1813. Le tsar Alexandre pouvait se prétendre le champion d’une croisade contre le grand Empire. Napoléon savait qu’il devrait forcément s’engager vers l’Ouest et il espérait bien renouveler un nouvel Austerlitz. Il rassembla à la hâte 160 000 hommes et sans attendre lança une nouvelle offensive en Allemagne, et porta deux coups à ses adversaires : à Lutzen en mai  il repousa russes et prussiens sur l’Elbe et les fit reculer par une nouvelle victoire à Bautzen deux semaines plus tard. Un armistice fut signé le 4 juin, l’Autriche jouant les bons offices, mais les conditions de la paix  étaient telles que Napoléon refusa de s’y plier.  La conférence de Prague échoua. L’Autriche rejoignit la coalition le 10 août 1813. C’était la septième ! L’Empereur avait déclaré à Metternich : « Que veut-on de moi, que je me déshonore ? Jamais. Vos souverains, nés sur le trône, peuvent se laisser battre vingt fois et rentrer dans leurs capitales. Moi, je ne le puis pas, parce que je ne suis qu’un soldat parvenu ! ». Dès le mois d’octobre, trois armées de la coalition convergent vers l’ouest : au nord, les troupes suédoises sous le commandement de Bernadotte, au centre Blücher commandant une armée russo-prussienne, au sud, Schwarzenberg dirigeait les forces autrichiennes. Napoléon affronta 320 000 coalisés à Leipzig du 16 au 19 octobre. Après avoir perdu 60 000 hommes, l’armée française fut obligée de refluer vers le Rhin.

La campagne de France et la 1ère abdication.

Au début de 1814, la France fut envahie. Face à 250 000 hommes, l’Empereur livra avec ses « Marie-Louise », l’une de ses plus belles campagnes : Champaubert, Montmirail, Château-Thierry, Vauchamps. Mais il ne put empêcher les coalisés de prendre Paris le 30 mars. Avec 60 000 hommes qu’il lui restait, il s’installa à Fontainebleau. Le 3 avril, à l’instigation de Talleyrand,  il apprit que le Sénat avait voté sa déchéance. Le 4, il décida de rédiger un acte d’abdication en faveur de son fils. Mais Marmont l’abandonna. Désormais à la merci des coalisés, il fut obligé d’abdiquer sans conditions. Marie-Louise tenta en vain de le rejoindre. Découragé, il signa enfin le 11 avril le traité qui lui assurait la souveraineté sur l’île d’Elbe en échange de sa renonciation définitive à la France. Dans la nuit du 12 au 13 avril, il aurait tenté de s’empoisonner. Le 4 mai 1814 il débarqua à Portoferraio, capitale de l’île d’Elbe. Talleyrand avec l’aide d’une soixantaine de sénateurs avait formé un gouvernement provisoire dont il assumait la direction. Le traité de Paris fut signé le 30 mai 1814. La France retrouvait la plupart de ses colonies,  mais ses frontières sur le Rhin et sur les Alpes étaient ramenées à celles de 1792.  Le Sénat avait décrété que Louis XVIII serait « roi des Français » dès qu’il accepterait une constitution.

 


LES MENSONGES DES ECOLOGISTES ET AUTRES BALIVERNES (2)

Voiture électrique

 

Comment faire quand les mensonges véhiculés par les idéologues écologistes sont repris par nos institutions démocratiques et font comme s’ils étaient la vérité incontournable au point d’inscrire des objectifs contraignants par la loi ou d’engager des dépenses pharaoniques pour les financer avec l’argent des contribuables. Il en va ainsi de la voiture électrique, de l’eau, de l’extinction de la biodiversité et des OGM.

L’escroquerie de la voiture électrique.

Peu de gens savent que les nouvelles générations de moteurs diesel sont aussi propres, si ce n’est plus, et moins polluantes pour la planète que les voitures électriques. Et pourtant, l’Europe nous oblige à marche forcée à des horizons de plus en plus courts, avec des normes de rejet de CO2 toujours plus basses, à reconvertir toute notre industrie pour fabriquer des véhicules électriques  soi-disant propres. C’est une monstrueuse escroquerie, quand on comptabilise les capitaux que nous allons devoir engager pour reconvertir toutes nos usines. Il faut abandonner les fonderies de moteurs thermiques et très rapidement renoncer à la  fabrication de moteurs diesels considérés comme responsable de la pollution même si ses émissions de CO2 sont inférieures à celles des moteurs à essence. Il faut adapter l’outil industriel aux moteurs électriques, en passant par l’hybride rechargeable qui fait produire des véhicules plus lourds, plus gourmands en carburant et à l’autonomie électrique ridicule. J’ai déjà démontré en quoi le véhicule électrique était loin d’être propre : extraction du graphique et des métaux rares, surconsommation du cuivre, composition des batteries et coût de leur recyclage, sans parler de  la manière dont l’électricité est produite pour les alimenter qui fait aussi appel aux centrales thermiques. En fait, on déplace la pollution. Quelle hypocrisie ! On va diviser par deux les effectifs des personnels qui travaillent dans l’industrie automobile avec le coût social qui en découlera, il va falloir créer des infrastructures de ravitaillement le long des routes et autoroutes. L’Etat, avec  ses caisses vides, n’en a pas les moyens. Les grandes entreprises sont lancées dans une course folle mais la mutation demande du temps. Une fuite en avant qui nous envoie dans le mur à coup sûr, dont nous ne maîtrisons pas  les approvisionnements soumis au bon vouloir de la Chine ; dans vingt ans nous aurons détruit notre industrie automobile et nous n'aurons que nos yeux pour pleurer. Après, on nous assure que la vente des véhicules électriques décolle enfin : on n’oublie de nous dire que leur prix devient accessible parce que la plupart sont subventionnés à 40%. Quand vous voyez passer une « Zoé », saluez-là bien bas, vous en avez payé la moitié avec vos impôts. Et au même horizon, il faudra financer le nouveau mixte énergétique sans nucléaire…

Les contre-vérités sur l’eau et la biodiversité.

« La France va manquer d’eau ! ». Les écolos veulent aussi nous faire croire que nous allons manquer d’eau à cause du réchauffement climatique. La France transformée en désert aride. Désolé, mais c’est encore un mensonge. Sur les 176 milliards de litres d’eau de précipitations qui ruissellent ou s’infiltrent, l’activité humaine n’en évapore que 3%, le reste part à la mer. Evidemment, un écosystème précis peut manquer d’eau en été. Mais les 1 600 retenues collinaires permettent d’écrêter les crues d’hiver et de remettre de l’eau en été quand la nappe phréatique est basse. Les problèmes d’eau sont locaux et datés. Comme le dit très bien Jean de Kervasdoué, « le fait de se priver d’eau à Paris ne va permettre d’abreuver les éléphants du Zimbabwe ». A écouter nos brillants penseurs verts, il faudrait détruire, au nom du respect de la nature, les barrages, tel Serre-Ponçon, et pourquoi pas les lacs d’Orient en amont de Paris qui régulent la Seine ou encore détruire la Camargue, où s’épanouissent les flamants roses et les chevaux sauvages, au prétexte qu’elle est due à l’aménagement du Rhône par les hommes !

De même, la biodiversité n’est pas menacée en France. La forêt gagne du terrain grâce à des politiques intelligentes de reboisement, à tel point qu’on manque de chasseurs pour réguler les espèces animales comme les sangliers ou les cervidés qui deviennent trop nombreux. Aujourd’hui, il y a trop de phoques en Bretagne. Ceux qui plaident pour le retour de la forêt primaire oublient le fait qu’ils ne pourraient pas y vivre parce qu’il n’est pas possible d’y avancer de plus de deux mètres. A les croire, il faudrait brûler nos futaies de hêtres et de chênes au prétexte qu’elles sont une création humaine. Ils marchent sur la tête et  des gens les croient.

L’hypocrisie sur les OGM.

« Les OGM sont dangereux ! ». Grâce aux progrès de la science, nous avons, par exemple des blés à paille courte, plus nourrissants, plus sains. Depuis dix mille ans, l’Homme travaille pour obtenir des mutations génétiques favorables qui ont permis d’améliorer et de rendre plus nourrissante sa nourriture. La sélection des gènes, autrefois aléatoires, est aujourd’hui maîtrisée. Faut-il s’en plaindre ? Au nom de l’écologie, la France et l’Allemagne refusent de cultiver des plantes génétiquement modifiées, mais elles les importent. Encore  une hypocrisie. Pourtant, on est bien content d’avoir à notre disposition les vaccins ARN et le  plasma humain produit par des chèvres génétiquement modifiées. Trop souvent, les entreprises françaises qui étaient en pointe ont transféré leurs essais ailleurs dans le monde et l’on est tout surpris de découvrir que la  production d’un vaccin aux Etats-Unis est due à un Français. C’est grâce à la technique des « ciseaux génétiques », découverte par la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna, que le vaccin ARN a pu être développé facilement. Demain, ce sera  le traitement des  maladies dues à des déficiences génétiques qui sera rendu possible. Quand l’idéologie combat la science, l’obscurantisme n’est pas loin.

Derrière l’écologie, la décroissance.

L’écologie cache une autre idéologie, celle qui a été recyclée du marxisme. La France est un pays au bilan carbone vertueux, grâce à la science, puisque  c’est essentiellement dû à nos centrales nucléaires. Il n’empêche, elle doit montrer l’exemple. Donc tuer son économie : mais en rayant de la carte son industrie, son agriculture, tous les avions, les camions, en arrêtant de nous chauffer l’hiver …  en supprimant tout ce qui peut polluer, cela changerait-il le sort de la planète ? Non, en aucun cas. Par rapport aux milliards de Chinois et d’Indiens et à leur croissance ultra rapide,  la  France est quantité infinitésimale. Notre exemple servirait strictement à rien, zéro. C’est là que la « transition écologique »  qu’on essaie de nous vendre tourne à la farce. Ainsi, on donnerait l’exemple au monde entier en passant  de 90 à 80 km/h  sur les routes et en augmentant le prix  du carburant. Un délire qui a provoqué le mouvement des « gilets jaunes ». En fait, derrière tous ces beaux discours sur le réchauffement climatique et la fin du monde, qui prônent un autre modèle de production, plus solidaire, plus collectif, moins productiviste, opposé au capitalisme,  se cache un nouvel autoritarisme. On sait ce qu’il a donné dans les pays où il a été appliqué. On en a un vestige sous nos yeux avec la Corée du Nord. Le chemin c’est la décroissance et le déclin avec au bout la misère et la pauvreté généralisée. Et la dictature à la clé. Pas  étonnant que les verts et les rouges fassent liste commune aux régionales, n’est-ce pas Monsieur Orphelin ?

« Viens à la manif, on va changer le climat ! »  Sans moi !

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte chef de guerre

 

L’EMPIRE CONTINENTAL 1807-1812

L’affrontement avec l’Angleterre devint l’axe majeur de la politique de l’Empereur. Après Trafalgar, elle était maîtresse des mers ce qui lui permit de résister au « blocus continental » imposé par Napoléon. La volonté de le rendre plus rigoureux l’entraîna  dans une politique d’annexions et de guerres qui inquiétaient les monarchies. L’invasion de l’Espagne, en 1808, procédait de cette exigence mais se transforma en un guêpier où la grande armée perdit son statut « d’invincibilité ». L’Europe soumise se remit alors à espérer, alimentant les complots, les revirements des monarques et le renouvellement des coalitions. L’entrevue d’Erfurt avec le tsar Alexandre montra la fragilité de l’empire napoléonien.

Le blocus continental.

Dès lors Napoléon était prisonnier de la logique du système : il fallait à tout prix empêcher les marchandises anglaises d’entrer sur le continent. En 1807, il fit occuper la Poméranie suédoise. Tous les grands ports de la mer du Nord passèrent sous la souveraineté française ; la Hollande fut annexée en 1810… ll restait à régler le sort du Portugal, vieux client et ami de l’Angleterre. Face au refus de fermer ses ports aux Anglais, Junot fut chargé de conquérir le pays, et en novembre 1807, il entrait  dans Lisbonne. L’occupation de l’Espagne s’imposa alors. Celle-ci semblait être une proie facile.

Le guêpier espagnol.

L’arrivée des troupes françaises commandées par Murat (1808) provoqua des troubles. Charles IV dut abdiquer et son successeur Ferdinand, craignant la révolte populaire, fit appel à l’aide française. Murat entra dans Madrid en mars et Napoléon organisa la « tragi-comédie » de Bayonne où il convoqua la famille royale espagnole. Il venait d’apprendre le soulèvement de Madrid le 2 mai et la sanglante répression qui s’en était suivie. Napoléon imposa à Ferdinand de rendre la couronne à son père qui s’empressa d’abdiquer en faveur du « grand Napoléon, son ami » qui l’offrit aussitôt à son frère Joseph. Rien n’était résolu. Des milliers de partisans prenaient les armes, une junte, réunie à Séville dirigeait l’insurrection et organisait la « guerrilla ». En juillet 1808, le Général Dupont capitulait à Baïlen, Joseph dut quitter Madrid. 16 000 Anglais débarquèrent au Portugal et Junot capitulait à Cintra au mois d’août. A Erfurt, Napoléon s’efforça d’obtenir des garanties suffisantes du tsar avant de partir pour l’Espagne, mais rien de précis n’en sortit. En novembre l’Empereur était en Espagne pour y engager un combat difficile avec la « grande armée ».  Comme toujours, la campagne commença par une série de victoires et il entra le 4 décembre à Madrid. Le siège de Saragosse par Lannes montra que la résistance espagnole était loin de s’éteindre. Napoléon qui craignait une nouvelle guerre continentale rentra à Paris en 1809 où Talleyrand et Fouché, inquiets pour l’avenir, complotaient. Les troupes françaises tenaient les villes mais ne parvinrent jamais à se rendre maîtresses des campagnes. Napoléon perdit en Espagne des forces précieuses qui manquèrent par la suite. L’affaire se solda par le renvoi de Ferdinand sur son trône en 1812 !

Une cinquième coalition.

A peine rentré, Napoléon dut faire face à l’Autriche qui entrait à nouveau en guerre. Trois fois déjà, elle s’est trouvée en guerre contre la France révolutionnaire et impériale (1797, 1801, 1805), et elle a été à chaque fois battue. En 1809, elle espère qu’un soulèvement de toute l’Allemagne viendra la soutenir amis la tentative de rallier la Prusse avorte et « l’appel de l’archiduc Charles à la nation allemande », en avril 1809 n’obtient que des résultats sporadiques. Si, après la prise de Vienne, Essling fut un échec pour Napoléon, il écrasa définitivement les Autrichiens à Wagram en juillet 1809, malgré une bataille difficile où il laissa 20 000 morts. Pour l’Autriche, une crise financière totale venait s’ajouter à la défaite militaire. Elle dut accepter la dure paix de Vienne (octobre 1809). La France continuait son expansion territoriale jusqu’aux « provinces illyriennes » et l’Empereur obtint la main de Marie-Louise d’Autriche. Napoléon répudia Joséphine et le mariage avec l’archiduchesse fut célébré solennellement en 1810. L’alliance matrimoniale des Habsbourg avec l’ennemi et l’usurpateur, considérée comme une infamie par l’empereur François, permettrait, pensait Metternich appelé aux affaires, de préparer en paix le relèvement intérieur autrichien. L’archiduchesse était réellement éprise de Napoléon et lui donna un héritier en 1811, complétant le triomphe de l’Empereur. Celui-ci reçut le titre de « roi de Rome », vieux titre du Saint-Empire romain germanique. Plus encore que la Prusse en 1806, l’Autriche avait accepté et adopté l’Empereur des Français. Metternich sera fidèle à Napoléon jusqu’au début de 1814. La puissance de la France, qui étend son pouvoir de l’Adriatique aux bouches de l’Elbe, en Europe occidentale, lui paraissait conciliable avec celle de l’Autriche en Europe centrale.

La défaite de Masséna au Portugal en mai 1811 réalisait la prophétie de Joseph Bonaparte : « Sire, votre gloire échouera en Espagne ». Le dernier chapitre de l’épopée va bientôt s’ouvrir avec le nouveau conflit voulu par le tsar Alexandre.


CONTRE-VERITES ET AUTRES BALIVERNES DES ECOLOGISTES

éoliennes

 

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les causes du réchauffement climatique, et l’attribuer aux hommes est caricatural. Surtout quand on établit systématiquement un lien avec les catastrophes climatiques : par exemple, les incendies en Australie s’expliquent par l’exclusion des Aborigènes qui maîtrisaient la gestion des forêts. Un peu de connaissance de l’histoire climatique de la Terre ne nuirait pas, car le réchauffement a commencé à la fin de la dernière glaciation, ce qui explique que les ports de l’Antiquité sont tous sous l’eau. Quant au domaine alimentaire, si la bio était si bon que ça, comment expliquer que la DGCCRF ait retiré du marché l’an passé uniquement des produits bio au motif de leur dangerosité pour la santé humaine… La pression écologiste nous conduit tout bêtement à pénaliser inutilement notre industrie, notre agriculture et au bout du compte les ménages. Excluons aussi du débat toutes ces mesures prises par les nouveaux maires écolos, sapin de Noël et autres délires « genrés » qui relèvent des idéologies à la mode chez les « progressistes » mais non aucun fondement scientifique.

L’écologie radicale dans la constitution.

La proposition du Président de la République de réviser la Constitution pour y introduire dans l’article 1er « la garantie de la préservation de l’environnement et de la diversité biologique » ouvre la voie à une politique écologique qui fait de cette « garantie » un absolu qui prévaudra sur tout autre droit, tout autre objectif d’intérêt général, toute autre considération politique. Une disposition dans laquelle s’engouffrera  tous les écologistes radicaux pour empêcher tous les projets qu’ils jugeraient, selon leurs critères, nuisibles à l’environnement. Elle nous fait courir le risque d’une régression à la fois politique, sociétale et démocratique en faisant table rase des acquis du développement durable que la Charte de 2005, à valeur constitutionnelle, promeut. Avec le verbe « garantir » il y a une obligation de résultat qui vient en contradiction avec l’article 6 de la Charte qui dispose que « les politiques publique… concilient la protection et la mise en valeur de l’environnement, le développement économique et le progrès social ». Le développement durable n’est pas la « décroissance ». L’écologie radicale à l’oeuvre dans le projet de révision constitutionnelle est une fuite en avant qui nous ferait sortir de l’écologie humaniste dont les principes inspirent la Charte de 2005.

Le  mensonge énergétique.

Les écologistes diabolisent le nucléaire au profit d’énergies qui seraient plus vertes. Déjà, ils oublient de dire que pour financer les éoliennes et le photovoltaïque, les Français et les entrepreneurs paient plus cher l’électricité avec 20% de taxes dédiées. On peut ajouter que l’électricité produite en France à partir du nucléaire et de l’hydraulique est déjà décarbonée. Le nucléaire a fait la preuve de sa maîtrise et exige peu d’espace, sa production est fiable. Quant au traitement des déchets, les plus radioactifs peuvent être recyclés sur les surgénérateurs. Le plutonium produit relève d’un autre débat quant à son utilisation.

L’énergie du vent est diffuse et aléatoire et les éoliennes ont un niveau de production faible, capricieux, auquel il faut être capable de substituer une autre production immédiatement disponible, donc gaz ou charbon. La fermeture de Fessenheim, pour faire plaisir aux écologistes, alors que la centrale offrait toutes les garanties de fiabilité, a failli provoquer, le 8 janvier dernier, un « black-out » en raison d’un pic de consommation électrique. Heureusement, les entreprises, en raison du télétravail tournaient au ralenti… Là est tout le problème : la variabilité de l’éolien et du solaire dont la production ne survient pas forcément quand les consommateurs ont besoin d’électricité. Cela suppose d’investir lourdement pour construire entre 40 et 60 gigawatts de capacité supérieures de production pour conserver des marges et faire face aux pics de consommation. De plus, particuliers et entreprises devront, en outre, adapter leur consommation en fonction de l’électricité disponible. Une autre difficulté reste encore à résoudre : le maintien stable du réseau à 50 hertz, que les grosses centrales nucléaires sont seules capables de maintenir.

Dernier obstacle : passer à un mix énergétique à plus de 50% « d’énergies renouvelables » suppose de densifier les parcs éoliens et solaires, avec le maillage équivalent du réseau des lignes électriques. Et on s’aperçoit alors de la forte résistance locale aux adaptions nécessaires. Les parcs éoliens sont vécus de plus en plus souvent comme des envahisseurs qui défigurent les paysages et ces moulins de plus en plus hauts, lourds, bruyants font l’objet d’un rejet des populations pour des raisons de préservation de leur environnement mais aussi parce que nombre de citoyens ne tombent pas dans la fiction écolo, peu persuadés qu’ils sont que l’énergie qu’ils produisent est propre, et même qu’ils en produisent.

En 2050, la France pourrait se passer du nucléaire, nous dit un rapport de RTE et de l’AIE, mais les auteurs n’ont ni évalué le coût des investissements nécessaires pour y parvenir ni leur impact sur les prix de l’électricité. Il y a une autre voie plus sûre pour remplacer les centrales nucléaires existantes, celle des EPR. Ce serait le bon sens. Mais les écolos en manquent cruellement.

A suivre : L’escroquerie de la voiture électrique, les contre-vérités sur l’eau et la biodiversité, l’hypocrisie sur les OGM, derrière l’écologie, la décroissance.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte empereur

L’APOGEE NAPOLEONIENNE 1804-1807

L’exécution du duc d’Enghien leva les dernières inquiétudes des anciens révolutionnaires qui craignaient une restauration de Louis XVIII par le Premier consul. Ils acceptèrent que la dictature fût habillée en monarchie pour conforter le régime, garant des conquêtes de la révolution. Napoléon ne sera pas roi, mais empereur, titre qui correspond bien au mimétisme de l’empire romain à la mode. De plus on pensait que cela allait lui permettre de parler d’égal à égal avec les empereurs d’Autriche et de Russie. Un referendum est organisé en 1804 sur la question : « Le peuple français veut-il l’hérédité de la dignité impériale dans la descendance directe, naturelle, légitime et adoptive de Napoléon Bonaparte ? ». Il y eut plus de 3,5 millions de « oui » pour 2579  « non ». Bonaparte devient Napoléon Ier, empereur des Français, s’entourant d’une cour et d’un appareil qui rappelle la tradition monarchique. Le sacre n’était pas prévu dans la constitution, mais on pensait qu’il renforcerait l’autorité de l’empereur. Il eut lieu à Paris, à Notre-Dame, le 2 décembre  1804 en présence du pape. L’histoire retient surtout de l’événement, le tableau de David exposé au Louvre qui attire toujours un public nombreux et qui représente le couronnement de … Joséphine par Napoléon ! Celui-ci à 35 ans.

La monarchie impériale.

Comme les rois, Napoléon voulut une cour, à la fois instrument de pouvoir et de contrôle. La famille de l’Empereur formait les dynasties princières, au-dessus de six grands dignitaires, quatorze maréchaux, huit grands officiers civils et militaires. A la cour, l’étiquette effaçait les souvenirs du tutoiement des bivouacs. Sabres et galons étaient proscrits.  Seul l’Empereur s’habillait en soldat, adoptant l’uniforme des chasseurs de la garde. Une nouvelle noblesse  fut fondée, comme instrument de règne : il y eut bientôt  trente fiefs en Italie. L’Empereur distribua des trônes à sa famille : Louis devint roi de Hollande, Joseph, roi d’Espagne, Jérôme, roi de Westphalie, Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie  … Désireux de fonder une dynastie, Napoléon se désolait de ne pas avoir de fils. Il se croyait stérile puisque Joséphine avait eu deux enfants de son premier mariage jusqu’au jour où la comtesse Walewska lui donnera un fils.  Raison d’Etat obligeant, il répudia Joséphine et devint le gendre de l’Empereur d’Autriche. Une manière de rattacher sa dynastie à celle qu’il avait renversée. Marie-Louise lui donna l’héritier tant attendu : le roi de Rome. Napoléon a même donné un « style » : meubles, draperies, décors.

L’expansion économique.

Au recensement de 1802, la France comptait 27 millions d’habitants et ce chiffre s’accrut jusqu’en 1814 pour atteindre 29 millions. Avec  le retour de l’ordre et de l’autorité sous le Consulat, le pays retrouva peu à peu sa prospérité. L’agriculture était devenue plus féconde. La pomme de terre, introduite dans la culture donnait aux paysans une nourriture plus consistante et plus saine, les récoltes de blé étaient plus abondantes,  la consommation de vin et de viande augmentait. On commença à tirer le sucre de la betterave, une production stimulée par la demande en l’absence du sucre de canne. L’industrie était aussi en pleine progression avec le développement du machinisme notamment dans les textiles : Oberkampf pour la toile de Jouy, Jacquard pour les soieries, Richard et Lenoir dans les cotonnades étaient des patrons modernes.  Chaptal, Berthollet, Vauquelin s’employaient à l’essor de la chimie. De nouvelles mines de houille furent mises en exploitation ce qui tripla la production, tandis que De Wendel utilisait le coke pour fondre le minerai de fer de Moselle et pourvoyait aux fournitures d’artillerie de l’Etat. De son côté l’Etat favorisait les entreprises par des subventions et des commandes ainsi que l’organisation de foires expositions. L’économie était aussi soutenue par une politique de grands travaux : routes, canaux, ports, voies alpestres, aménagement de Paris avec la construction de nouveaux ponts, le percement de la rue de Rivoli et du carrefour de l’Arc de Triomphe. Enfin, les  ouvriers étaient tenus en main avec le « livret ouvrier » et l’interdiction des grèves.

Les guerres interminables.

Bonaparte en avait assez du caractère belliqueux des Anglais. Il rêvait de débarquer sur l’île. Mais comment faire ? Il envisagea une double opération : d’abord rassembler une armée de débarquement imposante et éloigner  la flotte anglaise pendant au moins six heures, le temps de faire travers la Manche à ses troupes.  C’est ainsi qu’au camp de Boulogne furent concentrés 150 000 hommes (cinq ans de service  militaire, ça aide !). Ses bateaux étant bloqués dans les ports par la flotte anglaise, il ordonna à Villeneuve qui commandait la flotte de Méditerranée de faire une manœuvre de diversion. Mais Nelson ne tomba pas dans le piège qui  lui était tendu.  Le Français,  au lieu de se réfugier dans la rade de Brest, préféra prudemment  rejoindre Cadix. Ayant reçu l’ordre de Napoléon, furieux, de venir à Brest, il prit la mer  le 21  octobre  1805 et ce fut… Trafalgar. Une déroute avec un lot de consolation : Nelson y trouva la mort quand la France perdait le tiers de sa flotte. Les Anglais gardaient la maîtrise des mers. Il fallut abandonner le  projet d’invasion.

Par contre sur le continent, les victoires s’enchaînaient contre la  troisième coalition : Ulm, Austerlitz, Iéna. Napoléon imposa le « blocus continental ». Il faut savoir que deux mois avant les hostilités, il avait dicté un plan de campagne : on reste confondu, encore aujourd’hui de voir comment ces plans furent systématiquement réalisés, les batailles livrées et les dates presque respectées selon ses prévisions. Mais, sans nul doute, la plus prestigieuse  victoire et la plus géniale dans sa manœuvre fut celle d’Austerlitz, utilisant le brouillard puis le fameux soleil qui apparut au moment primordial,.  Inutile d’entrer dans les détails. Il suffit de dire qu’elle eut lieu un an jour pour jour après le sacre ! La plus belle manière pour fêter un tel anniversaire. « Soldats, je suis content de vous. Mon peuple vous reverra avec joie, il vous suffira de dire : j’étais à Austerlitz pour que l’on vous réponde : voilà un brave ! » Détail : les canons pris à l’ennemi servirent à fondre la colonne Vendôme. L’Empereur d’Autriche signa la paix de  Presbourg…

Mais Napoléon allait devoir faire face à la quatrième coalition. Là encore, son génie tactique lui permit d’écraser la Prusse, le 14 octobre 1806 à Iéna pendant que Davout, à Auerstaedt, rencontrait le gros de l’armée prussienne qui se débanda.  Contre les Russes,  la bataille d’Eylau fut une effroyable boucherie, mais les Français restèrent maîtres du terrain. Ce fut la paix de Tilsitt. Sur un radeau installé au milieu du Niemen, le  25 juin 1807, Napoléon et le tsar Alexandre Ier pouvaient décider du sort du monde. Le maître de la Russie était las de la guerre et outré par la politique des Anglais qui ne faisaient aucun effort pour constituer une armée terrestre. La paix fut signée le 8 juillet.

Napoléon est au sommet de sa gloire.

A suivre : l’Empire continental et la chute.

 


« UNE BELLE SALOPERIE ! »

Archibald en colère

 

Cette manière de faire de la politique me donne envie de vomir.

En politique, ce que vient de faire Renaud Muselier, s’appelle « une belle saloperie ». C’est l’expression qu’aurait utilisé autrefois un ancien maire d’Angers qui était mon ami. Car elle a été faite dans le dos de tous ceux qui lui faisaient confiance. Muselier a mené ses tractations souterrainement, a attendu d’être réélu à la tête de sa fédération et a passé son accord en contournant les consignes liées à son investiture par le parti LR et qu’ils connaissaient parfaitement : pas d’alliance avec LRem au premier tour. Et l’annonce intervient alors qu’il reste peu de temps avant le dépôt des listes. Des conditions de réalisation qui rendent la manœuvre encore plus sordide. Muselier, un maillon faible, ça n’est pas nouveau, c’est bien pour ça que Gaudin n’a jamais voulu lui passer le manche à la mairie de Marseille. Et tout ça parce que son manque d’envergure le faisait arriver derrière le RN dans les sondages. Mais additionner deux faiblesses n’a jamais fait une force. Rien ne dit que l’accord passé lui permettrait de gagner, les sondages sont souvent trompeurs face à une dynamique électorale. Qui peut mesurer en région PACA, le taux de répulsion qu’inspirent Macron et LRem dans l’électorat LR ?

Le poker menteur de Macron.

Macron aime tirer les ficelles, car le coup de PACA vient de l’Elysée. Il a une bête noire : Les Républicains qui existent encore et toujours. Ils sont la cible privilégiée car c’est de là que pourrait venir l’alternance qui le mettrait au chômage. Son assurance-survie, c’est Marine Le Pen. Mais PACA n’est peut-être pas le bon choix pour tester sa stratégie d’absorption à droite (on dit pudiquement de « recomposition » comme le répète si mal le perroquet Castex). En effet, ce n’est pas non plus un hasard si Marine Le Pen a mis en tête de liste Thierry Mariani, cet ancien LR, ancien ministre de Sarkozy. Et dans ce cas de figure, elle pourrait bien remporter le « jackpot » : nombre d’électeurs LR de PACA auraient moins de  mal à franchir le Rubicon en votant pour un ancien de la maison plutôt que pour un « traître » (on est dans le midi). Macron pourrait bien vérifier le scénario qu’il souhaite pour 2022 à ses dépens. Si le RN remportait la région PACA, quel signal  pour la  présidentielle !!! Et dans ce cas-là, ce n’est pas un « « bla-bla tour de France » qui changerait la donne. Justement, parce qu’on a déjà donné avec le simulacre du « grand débat ».

LR n’a pas dit son dernier mot. 

D’abord Muselier a perdu son investiture, ce qui est logique et sain. Et ce serait bien que le parti soit  en capacité de vider la liste du parjure et d’en monter une autre « LR grand teint ». Avec en tête de liste un « David Lisnard » : ça aurait de la gueule ! Le Cannois n’aurait rien à perdre étant donné les conditions, et il est capable de mener une campagne « à la hussarde », d’autant plus que LR est très bien implanté dans tous les départements de la Région. Et d’autant plus que toutes les études montrent que l’épicentre politique de la France est aujourd’hui à droite. Et en PACA probablement encore plus. Le  meilleur moyen de démontrer qu’on ne peut pas évacuer notre famille politique est encore de la faire exister.

Ce qui ne tue pas renforce.

Macron voudrait souder tous les Républicains qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Car le parti, fort de son ancrage territorial, est plus solide que les médias qui ne répercutent que l’écume des choses veulent bien le dire. Car, bien évidemment, la droite aura «un» candidat en 2022. Chaque jour qui passe nous montre qu’elle a des représentants dignes de la représenter, qui ont des convictions, du souffle, de l’énergie, une vision pour la France, tels les Retailleau, Bertrand, Pécresse, Lisnard, Juvin. Demain peut-être ce sera le tour des Wauquiez, Barnier, Baroin, et j’en passe. Nos talents ne manquent pas. Les Républicains ont de quoi être au « rendez-vous ».  Et je suis frappé par la grande cohérence de leurs discours. Les adeptes de la martingale « anti-Le Pen » devraient savoir qu’elle se retournera inévitablement contre eux, parce que le discours que tient Attal est usé jusqu’à la corde et parce que 80% des Français ne veulent pas d’un nouveau duel Macron-Le Pen. De quoi donner aux électeurs affamés l’envie d’aller chercher un autre menu. Du coup, la responsabilité de la droite est immense !


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte 2le Premier Consul

 

LE  CONSULAT 1800-1804

Après le 18 brumaire, Bonaparte, auréolé du titre de Premier Consul, est le maître de la France. Avec la nouvelle constitution, tous les pouvoirs procèdent de lui. Le Consulat exerce une rigoureuse centralisation administrative qui marque encore  la France aujourd’hui, rétablit les finances, assure la paix religieuse par le concordat de 1801, met au point le Code civil.

Un administrateur exceptionnel.

Dès les premières semaines du Consulat, le pays et ses élites se rendirent compte qu’ils s’étaient donnés à un homme d’Etat exceptionnel aux immenses qualités. Bonaparte savait s’entourer et écouter les avis de collaborateurs choisis pour leurs compétences, leurs capacités de travail et leurs compétences… au moins  jusqu’au moment où « Napoléon » prit le dessus. Des hommes qui ont aussi souvent laissé leur nom dans l’Histoire : Cambacérès, son numéro deux, pour l’analyse juridique et la stratégie politique, Gaudin et Barbé-Marbois pour les finances publiques, Fouché pour la police, Portalis pour les grands textes, Talleyrand, évidemment, pour la politique étrangère, mais pas seulement. Il avait sa garde rapprochée avec Berthier, Duroc, Murat, Savary et côté familial il pouvait compter sur ses frères Joseph et Lucien, les  Beauharnais et les Clary. Bourreau de travail et homme d’autorité, ce jeune chef de l’Etat de trente ans frappait tous ceux qui l’approchaient par sa soif d’agir et de décider, par son implication jusqu’aux moindres détails et très souvent par la justesse de sa vision. Il se voulait « national », c’est-à-dire, dans son esprit, hors et au-dessus des factions.

La paix civile.

En un semestre, de janvier à juin 1800 des dizaines de lois et de décrets remirent  la France en ordre. La  loi du 17 février 1800 établit une centralisation administrative telle que la France n’en avait jamais connue : une organisation hiérarchisée avec un découpage territorial uniforme en départements, arrondissements et communes, et les collectivités sous tutelle avec les préfets, sous-préfets et maires nommés.  La justice fut réorganisée avec 29 cours d’appel et des magistrats nommés ;  auprès de chaque tribunal un commissaire faisait fonction de ministère public et avait aussi pour tâche de surveiller ses collègues. La restauration des finances était nécessaire : Gaudin créa la Direction des contributions directes et la Caisse d’amortissement ; un groupe de banquiers fonda la Banque de France qui eut le monopole de l’émission des billets. Le budget fut rapidement équilibré. Le Franc « germinal » de 5g en argent, la  pièce de 20 francs en or devaient rester stables jusqu’en 1914. La réforme éducative de 1802 mit en place les lycées. La paix civile put s’appuyer sur un système  policier relevant exclusivement de l’Etat et de nouveaux corps intermédiaires virent le jour telles les chambres de commerce et d’agriculture, et les professions judiciaires furent elles aussi rénovées. Enfin, la Légion d’honneur fut instituée pour récompenser les fidèles.

Le Code civil.

L’outil principal de « l’ordre public » devait être la règle de droit. En ce domaine, le travail qui fut mené fut colossal pour aboutir à un ensemble cohérent et pérenne. Les conseillers d’Etat sous la direction de Cambacérès et de Bonaparte reprirent le travail de la Convention et rassemblèrent les articles du code civil en articles simples et clairs : égalité, liberté, laïcité, partage égal des successions, suppression des dernières féodalités, mais aussi sacralisation des valeurs bourgeoises comme la propriété, ou la domination du père de famille. A cet égard, Napoléon Bonaparte, était un homme de son époque sur la répartition des rôles des femmes et des hommes dans la société. Après la période troublée que la France venait de traverser, les grèves et les coalitions ouvrières étaient interdites. L’œuvre fut terminée en 1804 et porta d’abord le nom de « Code Napoléon », car bien qu’il ne rédigeât rien lui-même, il était celui qui avait rendu possible cette codification sans précédent  qui marquait le triomphe du droit écrit unique sur les coutumes et les législations locales. Une petite moitié des articles actuels datent encore de 1804,  preuve qu’au fond, Napoléon Bonaparte n’avait pas tort lorsqu’il déclarait à Las Cases que « son » Code resterait une des vraies gloires de son règne. De fait la France contemporaine vit encore beaucoup sur cet héritage.

Le Concordat.

La paix religieuse était, pour Bonaparte, une autre condition essentielle du redressement de la France. Il n’était pas un pratiquant convaincu mais il appréciait la puissance du catholicisme et pensait qu’il était nécessaire de rallier l’Eglise à la France moderne. Politiquement, l’appui du clergé lui semblait indispensable à la consolidation de son pouvoir. Et il était urgent de régulariser la situation du culte catholique. Le traité entre la puissance temporelle du Consulat et la puissance spirituelle de Rome, le Concordat, fut signé le 15 juillet 1801. Le catholicisme n’était pas religion d’Etat,  mais reconnu comme celle de la grande majorité des Français.  Le Premier Consul nommait les évêques, qui, à leur tour, nommaient les curés : l’Etat leur assurait un traitement en échange d’un serment de fidélité. Le pape mettait fin au schisme révolutionnaire et gardait le contrôle du clergé régulier. Il reconnaissait la vente des biens du clergé.  Les articles organiques établirent le nombre des évêchés et des cures et renforcèrent le contrôle du gouvernement sur la liturgie et le catéchisme. En guise d’apaisement, 16 évêques réfractaires furent nommés en même temps que 12 constitutionnels. La religion protestante était légalement reconnue elle aussi.

La vie politique étroitement encadrée et surveillée.

La paix civile n’en fut pas autant instaurée immédiatement comme par magie. L’organisation mise en place par Fouché pour surveiller et encadrer les activistes de tout bord nécessitait un peu de temps pour produire ses effets. Elle en avait bien besoin car les opposants, royalistes et jacobins restaient actifs. Le 24 décembre 1800, alors que le Premier Consul se rendait à l’opéra, un baril de poudre explosa rue Saint-Nicaise, tuant un grand nombre de personnes. Napoléon en sortit sain et sauf, il avait été protégé par le plancher de son carrosse. L’enquête établit de manière accablante que les « chouans » avaient préparé la machine infernale à l’instigation de Cadoudal, mais ce sont les  Jacobins qui furent incriminés, ce qui permit une répression féroce et de se débarrasser des irréductibles de la gauche dont une centaine furent déportés. Progressivement le régime se durcit, la presse fut de plus en plus censurée, et en 1802 les opposants furent exclus des assemblées. Un plébiscite nomma Bonaparte Consul à vie et la Constitution de l’an X lui donna le droit de nommer son successeur tout en augmentant encore ses pouvoirs devenus quasi absolus.  A la fin de 1803, les royalistes tentèrent un suprême complot, avec Pichegru et l’accord  tacite de Moreau, concurrent éconduit de Bonaparte. Cadoudal, débarqué d’Angleterre préparait l’enlèvement de Bonaparte et attendait pour agir, l’arrivée d’un des princes émigrés. Il est arrêté le 2 mars 1804 après avoir abattu deux agents. Le 15 mars suivant, Bonaparte fit enlever le Duc d’Enghien, descendant du Grand Condé, en Allemagne, et après un simulacre de jugement, il fut condamné à mort et fusillé  séance tenante dans les fossés du château de Vincennes. Les conséquences, par le retentissement que prit l’événement, furent multiples et contribuèrent notamment à ce qu’une partie de l’aristocratie se détachât du pouvoir consulaire.

La reprise de la guerre.

La paix fut de courte durée. Dès 1803 les hostilités reprirent avec l’Angleterre, à son initiative. Le traité d’Amiens n’avait pas abordé les questions de fond. Les Anglais voyaient d’un mauvais œil le redressement français, le retour d’une politique coloniale active notamment dans les Antilles, l’interventionnisme permanent dans les « républiques italiennes » et en Allemagne. Les Français à Anvers, c’était un pistolet braqué sur le cœur de Londres. La reprise des hostilités avec l’Angleterre à cause de Malte est suivie d’une troisième coalition avec  la Russie et à nouveau l’Autriche, suivis de la Suède et de Naples… Aucune des deux puissances ne fait d’efforts pour sauvegarder une paix à laquelle personne ne tient vraiment.

La question de l’esclavage.

 C’est le moment d’en parler. Présenter Napoléon Bonaparte comme une icône de l’esclavage est un anachronisme qui ne tient compte ni de la situation, ni de l’époque. Quand la France récupéra les îles antillaises des mains des Anglais en 1802, l’esclavage n’y avait pas été aboli. Et l’exemple de Toussaint Louverture qui finira en drame par sa faute même, pourrait servir d’exemple a contrario. Le général noir, français, s’était autoproclamé quasi chef d’Etat de Haïti, partie française de Saint-Domingue, et après avoir aboli l’esclavage avait fait voter des lois sur le travail forcé, ce qui revenait au même. Napoléon n’avait qu’une idée en tête : il fallait relever l’agriculture en ruine et la France avait besoin du sucre. L’esclavage fut donc maintenu par nécessité, pour des raisons économiques –ne pas déstabiliser l’économie des îles-  et géopolitiques.  Ses consignes sur le sujet furent d’ailleurs floues et ne furent guère appliquées pour la simple raison que la France reperdit ses colonies avec la reprise des hostilités avec l’Angleterre. L’expédition aventureuse contre Toussaint Louverture relevait  d’autres raisons : l’île était livrée aux désordres et Toussaint Louverture avait décidé d’envahir la partie espagnole alors que Napoléon venait de signer une alliance avec l’Espagne. Napoléon reconnut d’ailleurs dans ses mémoires que ce fut deux erreurs.

La reprise de la guerre avec l’Angleterre accéléra le glissement vers l’Empire en 1804.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON.

Bonaparte 18 brumaire001

LE 18 BRUMAIRE ET LE CONSULAT

L’instabilité gouvernementale.

A partir de la fin 1797, le Directoire entre dans une période confuse. Les Directeurs se servent de l’armée pour régler leur conflit avec les assemblées. Le 18 fructidor (4 sept  1797) les troupes de Hoche interviennent contre les députés royalistes et permettent au Directoire de s’octroyer des pouvoirs étendus. En mai 1798 (le 22  floréal), un nouveau coup d’Etat annule de nouveau les résultats d’élections trop favorables cette fois aux jacobins. S’en suivirent une répression féroce contre monarchistes et jacobins, une politique d’assainissement financier avec la  « banqueroute des deux tiers » et de nouveaux impôts. Mais la 2ème coalition vint perturber une situation fragile. Au printemps 1799,  les armées républicaines reculaient sur tous les fronts. Un nouveau Directoire se mit en place avec Sieyès, et le général Bernadotte au ministère de la guerre. La reprise en  main nécessita des mesures impopulaires : réquisitions et emprunts forcés.  

Le coup d’Etat du 18 brumaire.

Lorsque Napoléon arriva d’Egypte à Paris le 24 vendémiaire (16 octobre 1799), après s’être secrètement échappé d’Egypte, le régime était en plein désarroi. Les élections de « l’an VIII » menaçaient de remettre en question à nouveau l’équilibre gouvernemental. Seule l’armée paraissait alors en mesure de résoudre la crise dans un pays où la population aspirait à un pouvoir fort. C’est alors qu’une poignée d’hommes parmi lesquels figuraient Sieyès (encore lui), Benjamin Constant et Talleyrand, décida d’y mettre un terme par un coup d’Etat. Ils avaient d’abord pensé au général Joubert, mais celui-ci fut tué à la bataille de Novi en août 1799. Le prestige dont jouissait le jeune Bonaparte était immense : on ne voyait en lui que le prestigieux vainqueur d’Italie.  Il leur parut être  l’homme de la situation. Cette proposition rencontrait les ambitions du Corse et il accepta. La mécanique se mit en place. A un député qui invoquait le danger d’un « complot terroriste », les Anciens votèrent le transfert des Conseils à Saint-Cloud et mirent les troupes sous le commandement de Bonaparte, tandis que Lucien Bonaparte était porté à la présidence des Cinq-Cents. Sieyès et Ducos étaient prêts à remettre leur démission, il fallait obtenir celle de Barras que Talleyrand était chargé « d’acheter », ce qui fut fait le 18 brumaire (9 novembre 1899).

Bonaparte posta le lendemain 5 000 hommes autour du château de Saint-Cloud et se présenta devant les Conseils pour effectuer le coup d’Etat. Si les Anciens lui firent bon accueil bien qu’il peinât à expliquer qu’on les faisait siéger à Saint-Cloud pour échapper à un complot parisien,  il put prononcer une harangue dans laquelle il promettait d’abdiquer des pouvoirs extraordinaires qu’il réclamait dès que tout danger serait écarté. Il pénétra ensuite dans la salle des Cinq-Cents sans autorisation du président, entouré de grenadiers et d’officiers généraux ; il fut accueilli aux cris de « à bas le dictateur ». Il fut même assailli et bousculé et dut être entraîné dehors par ses grenadiers. La  discussion continuant dans la confusion, son frère Lucien réussit à retarder le vote de la "mise hors la loi" qui équivalait à une condamnation à mort sans jugement. Exfiltré par un peloton du service d’ordre, ce fut encore Lucien, monté sur un cheval qui convainquit l’armée hésitante d’intervenir, en faisant croire qu’une minorité avait tenté d’assassiner leur général. Les troupes sous le commandement de Murat et Leclerc évacuèrent la salle et dispersèrent les représentants. L’opération changea de sens. Le  coup d’Etat devait être parlementaire, en faisant voter les députés sur un nouveau gouvernement et la nécessité d’une nouvelle constitution, il devint de fait un coup d’Etat militaire.

La confusion tourna pourtant à l’avantage de Bonaparte.  C’est lui qui tenait désormais les rênes du pouvoir en s’appuyant sur l’armée.  Le soir même, le Directoire était dissous par la majorité des Anciens et la minorité des Cinq-Cents, et remplacé par une commission consulaire de trois membres, Sieyès, Bonaparte et Ducos, investis des pleins pouvoirs. Deux commissions de vingt-cinq membres, chargées de voter les lois présentées par les Consuls et de préparer la révision  de la constitution  prirent la place des Conseils. Napoléon Bonaparte avait eu chaud. Sa maladresse avait failli lui coûté cher. Sans son frère, le coup d’Etat aurait tourné court ou se serait terminé par un bain de sang.

Le Consulat.

Le 15 décembre 1799, la  constitution de l’an VIII  était promulguée. Elle consacrait autorité et centralisation. Elle était en réalité essentiellement l’œuvre de Bonaparte. Le suffrage universel était rétabli. En fait, on n’élisait plus : les  électeurs désignaient 1/10 d’entre eux parmi les notabilités communales qui élisaient dans les mêmes proportions les notabilités départementales.  Un dernier échelon conduisait aux notables nationaux (En gros le même mécanisme que sous le Directoire mais sans le « cens » électoral). Parmi eux, le gouvernement choisissait les fonctionnaires et les membres des assemblées. Le pouvoir exécutif était confié à trois Consuls nommés par un Sénat pour dix ans et rééligibles. La totalité du pouvoir était entre les mains du Premier Consul, qui nommait ministres et fonctionnaires, possédait l’initiative des lois et le pouvoir réglementaire pour leur application. Les deux autres Consuls n’avaient qu’une voix consultative. Quatre assemblées se partageaient le pouvoir législatif : le Conseil d’Etat (30 à  50 membres) nommé par le Premier Consul était chargé de préparer les projets de lois que ce dernier lui proposerait ;  le Tribunat (100 membres désignés par le Sénat) se contentait d’émettre un vœu pour ou contre, autrement dit discutait les textes sans voter ; le Corps législatif (300 membres) votait par scrutin secret sans aucune discussion. Le Sénat (60 puis 80 membres de 40 ans au moins) choisis par les trois Consuls puis par cooptation, désignait les membres du Tribunat et décidait de la constitutionnalité des lois. La souveraineté populaire s’exerçait aussi par plébiscite qui proposait au peuple de voter sur un texte à registre ouvert par oui ou par non. En février, un plébiscite ratifia cette constitution à une énorme majorité. Bonaparte, c’est-à-dire l’armée, tenait la réalité du pouvoir.

Napoléon était bien le général appelé à mettre fin à la révolution. Désormais, il voulait imposer une paix qui « finirait la guerre de la Révolution en assurant l’indépendance et la liberté de la grande nation ». La France était dans un état lamentable, ruinée, la population appauvrie et au bord de la famine. Si la Vendée était boursouflée de cadavres, les plaines du Nord et les campagnes du Midi étaient couvertes de « croix humaines ». La bourgeoisie aspirait à l’ordre, indifférente quant à la forme du gouvernement. Elle ne voulait surtout pas de la restauration de l’Ancien Régime qui effrayait les acquéreurs de biens nationaux. En deux ans, Napoléon redressa la situation financière, pacifia la Vendée, signa un concordat avec le Pape qui permit la reprise du culte.

Restait à mettre fin à la guerre. Descendant par la Suisse et le Grand Saint-Bernard en Italie, Bonaparte battit à nouveau les Autrichiens à Marengo (14 juin 1800), grâce à Desaix qui y laissa sa vie. La  victoire de Moreau à Hohenlinden, en Bavière (décembre 1800) contraignit les Autrichiens à traiter : la paix de Lunéville (février 1801) renouvelait les stipulations de Campoformio et reconnaissait les « républiques-sœurs ». Le tsar Paul 1er fut assassiné le mois suivant. L’Angleterre, à nouveau esseulée, qui connaissait de sérieuses difficultés intérieures, ouvrit les négociations en mars 1801, après la démission de Pitt.

Les préliminaires de Londres débouchèrent sur la Paix d’Amiens le 25 mars 1802. L’Angleterre rendait les Antilles à la France (on y reviendra) et toutes leurs possessions à l’Espagne et à la Hollande, alliées des Français. En échange la France évacuait l’Egypte et les ports napolitains. Cette paix fit pousser à toute l’Europe, comme à la France, un immense soupir de soulagement. Bonaparte, de « Petit Caporal » devint le « héros pacificateur ». En 1802 un plébiscite fit de lui un « Consul à vie », témoignage de la reconnaissance nationale. Il avait  pu compter encore sur sa bonne étoile : le  coup d'Etat sauvé par son frère, et la bataille de Marengo, mal engagée sauvée par la cavalerie de Desaix qui meurt et lui laisse la victoire et l'aura qui va avec. 

Cependant, le Consulat ne fut pas de tout repos pour le nouveau maître de la France. A tous points de vue. C’est entre 1800 et 1804 que l’essentiel de l’œuvre de rétablissement du pays est menée.

A suivre.

 


LE PROPHETE ET LA PANDEMIE

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DU MOYEN-ORIENT AU JIHADISME D'ATMOSPHERE

Par Gilles KEPEL

Certes  l’ouvrage est ardu à lire.  C’est une enquête très serrée et très documentée mais un outil indispensable  pour qui veut comprendre ce qu’est aujourd’hui « l’islamisme », ou « islam politique », et quels en sont les différents acteurs, les alliances qu’ils nouent et les stratégies qu’ils développent, face aux grands acteurs mondiaux : Europe, Etats-Unis, Russie et même Chine. L’auteur y explique comment on est passé d’un djihadisme de commanditaires avec Al Qaïda et Daech à un « djihadisme d’atmosphère » alimenté par des « entrepreneurs de colère ».

Le livre de Gilles Kepel trouve toute son actualité, malheureusement, avec le nouvel  attentat qui vient de frapper la France, et qui entre en une triste résonnance avec  les  mécanismes qu’il décrit. Voilà un livre que tout responsable public, homme politique ou fonctionnaire exécutif devrait lire. Cela éviterait à certains leur attitude de déni.

Gilles Kepel est directeur de la chaire « Moyen-Orient Méditerranée » à l’Ecole Normale supérieure. Il est l’un des rares spécialistes français du monde arabe et fin connaisseur du Moyen-Orient. Son savoir gène les mouvances décoloniales et « indigénistes » à l’œuvre dans l’Université et les grandes écoles dont il affirme qu’elles  participent indirectement de ce djihadisme d’atmosphère. Il en a vécu personnellement  les effets par la fermeture de la  chaire « Moyen Orient Méditerranée » à Sciences Po, créée en 1985 par Rémy Leveau et dont il avait pris la suite, et qui rayonnait dans le monde entier. « La connaissance a été éradiquée pour faire  place nette à l’idéologie, et l’on a vu apparaître le « hidjab day » à l’instigation d’associations islamistes et les études postcoloniales » précise-t-il. Or Gilles Kepel déplore le délaissement des études de la langue et de la civilisation arabes quand elles n’ont pas été détruites volontairement par de hauts fonctionnaires omniscients mais incultes et des « cuistres universitaires » selon lesquels  « ça ne sert à rien de connaître l’arabe pour comprendre ce qui se passe en banlieue ». Il  plaide au contraire pour que soit renforcée en France et à l’université la connaissance du monde arabe, de ses langues, de ses cultures et civilisations qui ne se réduisent nullement à la simplification salafiste. Une faiblesse que la  loi « confortant les principes républicains » ne saurait compenser.

Dans son livre « Le Prophète et la pandémie », il tente un parallèle avec la progression du coronavirus : « et si le djihadisme prospérait dans notre pays à la manière d’un virus ? ». En retraçant l’année 2020, de l’effondrement du marché pétrolier à l’assassinat de Samuel Paty, d’Ankara aux banlieues françaises, il démonte les rouages d’un mécanisme qui se met en place, s’appuyant sur « une atmosphère » entretenue par des activistes qui ne peinent pas à motiver quelques « idiots utiles » qui passent à l’acte. Les ressorts sont souvent complexes et les alliances à géométrie variable courantes : ainsi en Syrie, Turcs et Iraniens parrainent deux camps ennemis mais communient dans le patronage du mouvement palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza… Cartes et chronologie à l’appui, il met en perspective l’actualité de l’année 2020 ce qui permet de comprendre la trame profonde des évolutions à l’œuvre. Ainsi vous saurez comment s’est forgée « l’entente d’Abraham » sous l’égide des Etats-Unis qui établit la paix entre les pays arabes et Israël avec la bénédiction discrète du saoudien Mohamed Ben Salman, et comment cette entente se heurte au front « fréro-chiite » animé par Qatar, Turquie et Iran, avec le soutien ponctuel de la Russie…

Parmi les indispensables : le président turc Erdogan en profite pour mener une « blitzkrieg » pour tenter de refaire d’Istanbul le centre de l’islam mondial. Ainsi il rend au culte musulman la  basilique Sainte Sophie dont Atatürk, pour « l’offrir à l’humanité », avait fait un musée 85 ans auparavant. Il fait de la France sa bête noire pour faire oublier l’héritage très francophile d’Atatürk, mène une campagne déchaînée contre le président Macron qu’il couvre d’insultes en réaction à son « islamophobie » présumée, permettant à son contempteur de conforter la figure du héraut des musulmans offensés. Il devient de ce fait, l’un des principaux entrepreneurs du djihadisme d’atmosphère, d’autant plus qu’il peut attiser les affrontements avec la république laïque honnie par les leviers qu’il  possède sur notre propre territoire, telle l’association Milli Görüs. Il peut même provoquer des désordres comme on l’a vu à Décines où des « Loups gris », des extrémistes nationalistes turcs, sont venus en commando, s’attaquer aux descendants du génocide arménien, depuis longtemps réfugiés en France et intégrés. Par ailleurs, il bénéficie de la mollesse de l’Europe qu’il n’hésite pas à humilier.

En dehors du Moyen Orient, il existe un autre territoire qui cristallise l’ensemble  des crises : la Libye.  On y trouve un concentré des  problèmes :  des hydrocarbures aux migrations, du terrorisme aux rivalités  entre Tripolitaine - où Turquie et Qatar soutiennent, avec la mansuétude américaine, un pouvoir issu des Frères musulmans -, et la Cyrénaïque, - où Abou Dhabi et Le Caire appuient leurs rivaux avec le support de Moscou -. Sur le terrain les  deux camps se combattent grâce à des mercenaires syriens prélevés parmi les insurgés islamistes et les miliciens pro-Assad démobilisés, tous les ingrédients sont réunis pour que viennent s’installer là le vecteur de la déstabilisation de l’Afrique du Nord et derrière elle de l’Europe,  en parallèle au contentieux qu’Ankara cultive contre Athènes en Méditerranée. Et profitant que l’Europe  est divisée entre les intérêts concurrents de l’Italie et ceux de la France.  

Le résultat en est un terrorisme qui frappe  en France, en Autriche, avec des combattants sans organisation. Passant tous les attentats au crible, il met à jour, preuves à l’appui, le système des « entrepreneurs de colère », mobilisant foules et réseaux sociaux du monde musulman pour venger le prophète face à l’Occident, qui servent de support de motivation. Mille autres détails passionnants ou éclairants émaillent un ouvrage riche en références.

On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.

A lire en prenant son temps !

« Le Prophète et la Pandémie », du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère – Gilles Kepel – Chez Flammarion. Collection Esprits du Monde.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte en Egypte"Soldats, du haut de ces pyramides 40 siècles vous contemplent !"

L’EXPEDITION D’EGYPTE

Pour comprendre pourquoi la France est engagée par le Directoire dans l’expédition d’Egypte, il nous faut à nouveau faire un petit détour pour rappeler l’enchaînement des événements.

On se souviendra qu’en 1789, les Etats-Généraux réunis par Louis XVI s’étaient proclamés « Assemblée Constituante ». Elle accoucha d’une monarchie constitutionnelle, accordant au Roi un pouvoir très limité, l’essentiel des prérogatives étant entre les mains de « l’Assemblée Législative », élue  pour deux ans. Celle-ci se réunit le 1er octobre 1791. La fuite du Roi rattrapé à Varennes, les débuts catastrophiques de la guerre contre l’Autriche et la 1ère coalition,  les insurrections de 1792, conduisirent la Législative à suspendre le roi et convoquer une nouvelle assemblée, la « Convention nationale ».

La  nouvelle assemblée élue, organisa le procès du Roi pour trahison et procéda à son exécution. Elle proclama la République. Et elle se mit à la tâche pour installer le nouveau régime pour remplacer la monarchie constitutionnelle : elle vota en juin 1793 une nouvelle constitution mais elle ne fut pas appliquée. La guerre civile, la crise économique, les troubles et les rivalités politiques conduisirent au « Comité de salut public » qui la suspendit, installa la « Terreur » et la dictature de Robespierre. Après la chute de celui-ci, la Convention thermidorienne se remit au travail et proposa la Constitution de l’an III. Vous suivez ?

La constitution de l’an III.

Elle met en place Le régime du « Directoire ». Elle est mise au point par une commission de 11 membres, où dominent les républicains modérés et les monarchistes constitutionnels. Elle marque le retour aux principes de 1789, et en réaction aux excès de la Terreur et des révoltes  populaires, elle rejette la démocratie politique pour confier le pouvoir aux  propriétaires aisés et aux « notables ». La Déclaration des Droits  de l’Homme qui la précède est en recul  par rapport  à celle de 1789 : seule l’égalité civile est reconnue. Elle est assortie d’une « Déclaration des devoirs ». Elle établit le suffrage censitaire à deux degrés : les « citoyens actifs » qui sont en capacité de payer le cens électoral nomment les « électeurs », environ 30 000 pour toute la France.  Ceux-ci  élisent le « Corps législatif », composé du « Conseil des Anciens » de 250 membres âgés d’au moins 40 ans, et du « Conseil des Cinq-Cents », âgés d’au moins 30 ans, l’un et  l’autre renouvelables  par tiers chaque année.

Les « Cinq-Cents » ont l’initiative des lois et adoptent des résolutions que les « Anciens » peuvent transformer en lois. Le pouvoir exécutif est confié à un « Directoire » de cinq membres nommés par le Conseil des Anciens, et renouvelable par cinquième chaque année. Ses pouvoirs sont étroitement encadrés. On s’aperçoit tout de suite que cette nouvelle constitution est écrite avec une volonté de ne pas revivre l’accaparement du pouvoir par une faction, elle met en place un pouvoir conservateur, qui émiette les responsabilités et marqué par la méfiance du peuple. Coupé de la réalité politique qui restait encore agitée comme on l’a vu précédemment, il révéla une faible autorité. La période fut propice à des tentatives de coups d’Etat : comité insurrectionnel de Gracchus Babeuf (mars 1796), agitation des royalistes…

Au printemps 1797, l’impopularité du Directoire était à son comble : l’effondrement de l’assignat avait provoqué une crise économique très grave, les troupes manquaient d’armes et de munitions et se détachaient d’un gouvernement incapable d’imposer son autorité. Les royalistes parvinrent même à obtenir la majorité du Corps législatif. Le conflit entre le Directoire et les assemblées devenait inévitable. Les Directeurs jouèrent l’armée contre la monarchie et s’octroyèrent des pouvoirs étendus, réduisant les Conseils à un rôle secondaire.  Mais il avait perdu tout contrôle sur les généraux qui donnaient libre cours à leurs ambitions, dont notamment Bonaparte qui imposa « son » traité de Campoformio. Il devint urgent de les éloigner.

L’expédition d’Egypte.

19 mai 1798. 340 navires embarquèrent 40 000 hommes commandés par les meilleurs généraux de la République : Bonaparte, général en chef, Berthier, chef d’état-major, Desaix, Kléber, Lannes, Davout, Murat, entre autres, et de nombreux savants illustres tels Monge, Berthollet, Dolomieu. Ils appareillèrent de Toulon, Marseille, Ajaccio, Gênes et Civitavecchia. La destination, tenue secrète ne sera dévoilée aux troupes que le 28 juin, veille de l’arrivée. C’était l’Egypte ! Un pays dont probablement la plupart n’avait jamais entendu parler. Le choix, il était simple, Bonaparte l’expliqua lui-même à ses soldats : «  Vous porterez à l’Angleterre le coup le plus sûr et le plus sensible, en attendant que vous puissiez lui donner le coup de mort ».

Trois objectifs plus un.

L’Angleterre, restée seule contre la France, malgré tout s’installait dans la guerre. Pour l’amener à traiter, il fallait la toucher dans sa force vive, c’est-à-dire dans son commerce. L’expédition d’Egypte répondait à trois objectifs : en occupant l’isthme de Suez, couper l’une des routes de l’Angleterre vers l’Inde, utiliser l’Egypte comme base d’attaque contre l’Inde ou s’était insurgé Tippo-Saïd, et fonder une colonie qui se substituerait aux Antilles que nous avait enlevées l’Angleterre. Une autre raison plus noble est invoquée : la découverte scientifique d’un pays que « Les Ruines » de Volney avait mis à la mode. Cette mission aura un grand retentissement ensuite, avec la publication très documentée de la « Description de l’Egypte » et la découverte de la pierre de Rosette qui permettra à Champollion de déchiffrer les Hiéroglyphes.

L’Egypte était une proie facile selon les dires du Consul de France sur place à Alexandrie. L’autorité du sultan de Constantinople y était purement nominale et la domination des Mamelouks très affaiblie.

Après avoir occupé Malte, les Français débarquèrent à Aboukir et enlevèrent Alexandrie. En juillet, la  bataille des Pyramides leur livrait Le Caire. Poussés par les Anglais, les Turcs qui avaient la légitimité de leur suzeraineté, entrèrent aussi en guerre. Bonaparte se porta à leur rencontre en Syrie. Il prit Gaza et Jaffa,  mais échoua devant Saint-Jean d’Acre. Entre temps, Nelson avait découvert la flotte française dans la rade d’Aboukir. Les bateaux  pris au dépourvu n’eurent pas le temps de se  mettre en ordre de bataille et les Anglais  les envoyèrent pratiquement tous par le fond.  Napoléon était piégé, coupé de toute possibilité de ravitaillement et de renforts.

La 2ème coalition.

D’autre  part, sur le continent, les Anglais réussirent à reconstituer un front des  monarchies contre la République française. C’est la 2ème coalition. C’était la réponse de l’Europe à la politique expansionniste de la France, avec les « Républiques sœurs ». Autour des anglais, on retrouva la Russie, l’Autriche, le Royaume des Deux-Siciles et la Turquie. En « métropole », le Directoire privé de sa meilleure armée bloquée en Egypte, ne disposait que de 170 000 hommes. Il dut affronter 300 000 coalisés. Le cauchemar sembla recommencer. Les Français reculèrent d’abord sur tous les fronts. La situation se redressa grâce à la victoire de Masséna sur les Russes à Zurich et au St-Gothard (sept. 1799), à l’action de Brune en Hollande  et aux dissensions entre les alliés. L’offensive coalisée était brisée. Les Russes retirèrent leurs troupes.  Bonaparte, informé de la situation, rentra secrètement en France, après avoir laissé l’armée d’Egypte à Kléber,  mais il arriva trop tard pour être le sauveur sur les champs de bataille.

Napoléon avait-il un rêve « oriental » ? On lui a prêté l’idée de se constituer un empire dans la lignée d’Alexandre. Certaines de ses déclarations ont pu le laisser penser. En fait, Bonaparte est allé en Egypte pour conquérir la France. Car, malgré ses faiblesses, pour ne pas dire ses déboires, l’expédition, après ses victoires en Italie, allait lui valoir un immense prestige. Après la paix de Campoformio, il avait déjà pensé qu’il  pourrait renverser le Directoire, mais Talleyrand l’en avait dissuadé. C’était trop tôt. Cette fois, l’heure était venue. Il sut s’imposer.

Le coup d’Etat du 18 brumaire lui donna le pouvoir.  Ce sera le prochain épisode.


EXASPERATION !

Archibald en colère

 

Le crime barbare de Rambouillet fait monter en moi une forte envie de révolte.

Une fonctionnaire de 49 ans, désarmée, habillée en civil, se fait égorger à l’intérieur  d’un commissariat de police au fin fond de l’Ile-de-France. Le fait qu’elle soit mère de deux enfants encore adolescents rend le geste d’autant plus monstrueux. Comment est-ce possible ? On hallucine ! Alors bien sûr, on va avoir les fleurs et les hommages, l’inévitable marche blanche et puis … circulez, il n’y a rien à voir. Ce sont les cache-misère de l’impuissance tout comme les  « nous ne céderons rien » ! Autant le dire tout de suite, nous ne ferons rien de plus, jusqu’à la prochaine fois. Peut-être une loi de plus qui ira grossir l’arsenal pléthorique des textes suant les bonnes intentions martiales, et l’eau passera sous les ponts, le temps qu’elle soit votée et que les textes d’application paraissent, et qui sera appliquée ensuite avec parcimonie par une justice précautionneuse. Je parierais bien que d’ici là… mais non, n’en rajoutons pas à notre désarrois.

Il va bien falloir que ça s’arrête. Trop c’est trop !  La France n’a pas vocation à être le terrain de prédilection où  les fanatiques islamistes peuvent venir assouvir leurs pulsions barbares. Il n’y a plus de place pour le « en même temps » ni pour les discours. Il faut une réaction forte : que l’événement se soit produit dans un commissariat de police, au cœur même de l’Etat de droit, est une provocation qui ajoute à l’insupportable.  Alors assez de  mollesse, assez de génuflexions, assez de repentance, assez de prudence  pour ne pas « stigmatiser » car ce ne sont pas les musulmans qui sont en cause, mais ceux qui instrumentalisent la religion !

Désormais, tous les sujets doivent être posés.

Il n’est pas anodin que l’assassin ait été fraîchement « régularisé », ce qui veut dire qu’il était entré irrégulièrement en France, tout comme celui de Nice, lui aussi originaire de Tunisie, qui arrivait clandestinement d’Italie en n’ayant pas obtempéré aux injonctions de retour dans son pays. Migrations et régularisations  d’étrangers venus sur notre sol sans y être autorisés sont un seul et même sujet, rendu encore plus sensible par le contexte djihadiste que nous ne pouvons ignorer. Le contrôle des frontières, la gestion des flux migratoires, le mécanisme européen du « nouveau pacte migratoire », tout doit être réexaminé.

La question migratoire est l’une des dimensions principales du rapport à la France des pays d’Afrique du Nord et du Sahel, dont est originaire le groupe d’immigrés et de leurs descendants directs le plus important à s’être implanté. En 2018, l’INSEE  établit que le poids de ces habitants de confession presque exclusivement musulmane représente un nombre supérieur à celui des citoyens de l’ensemble des Emirats arabes. L’attractivité de la France et de l’Europe reste forte en dépit des protestations récurrentes contre les discriminations, le racisme et autre « islamophobie » dont les « fréristes » ont fait leur ritournelle. Le flux migratoire répertorié, sans compter les clandestins, vers  la France, au cours de la décennie 2010, oscille entre 150 000 et 200 000 entrées par an… même en ayant une vision négative de notre pays : « La misère de la France est un paradis pour nous ! »  clame un candidat à l’émigration, selon un journaliste du Monde. Autant dire que nous sommes face à une impossibilité « d’intégrer » tous ces gens, si tant est qu’ils le souhaiteraient. 

La menace de « l’Islamisme politique ».

Nous ne pouvons pas ignorer non plus, que les répercussions de l’islamisme politique, inspiré  par les Frères musulmans et le djihadisme d’une manière générale, font peser une menace sur le devenir du mode de vie libéral européen, et du nôtre en particulier, tant que l’immigration n’aboutit pas à une intégration culturelle dans les pays d’accueil dont les nouveaux arrivants auraient vocation à partager les valeurs, alors que nombre d’entre eux se réfugient dans un « séparatisme islamiste » qu’ils prônent ou tentent d’imposer. Il n’est pas certain qu’une loi soit suffisante pour régler ce problème. Si nous étions ne fût-ce qu’un seul instant en guerre contre le terrorisme islamiste, nous placerions cette cause tout en haut de nos priorités. Le drame de Rambouillet est d’une clarté aveuglante : il met en cause l’immigration et la présence de l’islamisme politique dans notre pays.

Il souligne l’absence béante d’une politique d’assimilation digne de ce nom, négligée par un Etat plus prompt à parler de la République que de la faire vivre. L’augmentation du nombre des policiers n’y changera rien. Ils resteront encore pour un moment des « cibles », ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas un rôle essentiel à jouer.

Pas d’état de droit sans police.

Encore faudrait-il que nos islamo-gauchistes ne jouent pas à la « cinquième colonne ». Classer Sonia Mabrouk (avec mépris) dans la « droitosphère », comme le fait Libération, parce qu’elle revendique son assimilation et fait la guerre au séparatisme communautariste, est un signe qui ne trompe pas. Pour un peu, ce serait une « réac » ou une « facho » ! Cependant, il y a des coïncidences qui ne s’inventent pas et sont particulièrement significatives : jeudi soir dernier, Élise Lucet a consacré son numéro d’« Envoyé spécial » aux « violences policières »,  avec comme invité un certain M. Zécler, ce producteur passé à tabac… Comme s’il fallait à tout prix nous persuader que croiser une patrouille de police en France, c’était risquer sa peau surtout si elle n’est pas blanche. En tout cas, c’est ce leitmotiv qu’Élise Lucet a cherché à nous faire avaler, en l’accompagnant comme il se doit des traditionnelles précautions de langage, censées cerner une « infime minorité de brebis galeuses ». On ne pourra s’empêcher de rapprocher les deux événements : quelques heures après la diffusion de ce reportage, où M. Zecler a été mis en exergue, c’est Stéphanie, policière depuis vingt-huit ans, qui aura été sacrifiée sur l’autel de la République. Elle s’ajoute à la trop longue liste des policiers qui ont versé leur sang pour défendre nos vies, et même celle des gauchistes qui leur crachent dessus… On ne peut pas faire la guerre à la fois au terrorisme et à la police. Il faut en finir avec l’idée qu’en France, les musulmans seraient persécutés et que la police serait structurellement raciste.

Alors oui, la tâche est immense.

Les solutions existent, les sources du mal sont connues. Mais d’abord commençons par fermer le « robinet ». Ensuite, il sera question d’urbanisme et de mixité sociale, d’éducation et du rôle de l’école, des réseaux sociaux, des paraboles qui enferment dans la culture d’origine quand elles ne déversent pas la haine de la France, de justice ferme, de renforcement du renseignement, de surveillance ... et enfin d’appliquer sans faiblesse les lois qui obligent à respecter la République, La France !

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte 1

LA  CAMPAGNE D’ITALIE

Donc, le 26 mars 1796, Napoléon est à Nice. Dès le lendemain, il rencontre les généraux placés sous ses ordres, et  pas les moindres : Masséna, Augereau, Laharpe et Sérurier. Dire qu’ils sont enthousiastes face à ce jeune général qui ne compte à son actif que la reprise du port de Toulon et l’écrasement de  l’insurrection royaliste à Paris, avec ses canons,  serait beaucoup dire. Il n’a jamais participé aux campagnes sur les champs de bataille de  l’Europe. Pour Masséna c’est un intrigant ou un comploteur, quant à Augereau il le prend tout simplement pour un imbécile. Il était si petit et  malingre que ses subordonnées ne daignèrent même pas enlever leur chapeau. Il les aurait subjugués d’un seul regard, paraît-il.  Mais l’armée d’Italie est considérée comme secondaire, même si elle  n’est pas si mal équipée que Napoléon l’a décrite plus tard. Elle compte 60 000 hommes. Elle manquait de vivres et de  munitions et l’inaction poussaient les soldats  à l’indiscipline.  Pour le Directoire, elle n’a qu’un rôle de diversion. L’action extérieure a l’avantage d’occuper quelques généraux gênants. Il faut abattre l’Autriche, dernière puissance de la coalition encore debout sur le continent. Au nord, l’armée du Rhin,  commandée  par Moreau porte l’essentiel des espoirs.

Commencée en avril 1796, la  campagne d’Italie devait être l’une des plus retentissantes de l’histoire. En face, l’armée austro-sarde, compte 80 000 hommes, commandée par des officiers vieillissants tels  Beaulieu ou Wurmser qui ont 70 ans. Par comparaison, Bonaparte et Joubert en ont 26 !

Surprise et rapidité.

Bonaparte pratique avec succès deux principes qui seront sa marque en matière de stratégie : la surprise et la rapidité. La rapidité de ses déplacements lui permet la concentration de ses forces pour affronter les uns après les autres ses adversaires sans se disperser. C’est ainsi qu’il surgit par le col de Calibone le 11 avril 1796 entre les forces autrichiennes et l’armée sarde et en trois jours les sépare.  Alors que Moreau piétine au nord contre l’archiduc Charles, Bonaparte improvisant la victoire, vainc les Sardes en quatre batailles : il repousse les Autrichiens à Montenotte, le 12 avril, écrase sur sa gauche les Sardes à Millesimo le 13 puis sur sa droite les Autrichiens à Dego le 15. Coupés des Autrichiens, durement éprouvés, les Sardes sont anéantis à Mondovi le 21 avril et poursuivis jusqu’à Turin. Le souverain du Piémont-Sardaigne dépose les armes et signe la paix le 15 mai. Il reconnaît par le traité de Paris, l’attribution de la Savoie et du Comté de Nice à la France.

Reste à affronter à nouveau les Autrichiens de Beaulieu qui veut défendre Milan à tout prix. Bonaparte franchit le Po à Plaisance le 7 mai, et la bataille a lieu à Lodi le 10 mai. Le général autrichien a abandonné la ville aux Français pour se replier sur la rive gauche de l’Adda, de l’autre côté d’un vieux pont qu’il n’a pas pu détruire. Après une bataille acharnée,  les Français le franchissent obligeant ses adversaires à battre en retraite. La route de Milan est ouverte et le général français y  entre triomphalement le 15 mai, scène immortalisée avec  lyrisme par Stendhal dans la Chartreuse de Parme : « Le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d’apprendre au monde qu’après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur ! ».  A la tête de son armée,  il pénètre successivement à Parme et Modène, avant même que les Autrichiens puissent intervenir, et entreprend le siège de Mantoue, place forte qui commandait la route de l’Autriche. Les armées autrichiennes tentèrent vainement de débloquer cette ville clef : à Castiglione, Arcole, Rivoli, d’août 1796 à janvier 1797, ils furent battus et Mantoue capitula. A Rivoli, près du lac de Garde, Masséna se couvrit de gloire, avec la fameuse 32ème demi-brigade ;  la vitesse des manœuvres, l’emploi de la cavalerie eurent raison d’Alvinczy qui avait 82 ans. Masséna avait fait faire à ses troupes plus de 110 km et trois batailles en quatre jours. Le sort de l’Italie était joué. Le pape Pie VI signa la paix. Bonaparte prenait déjà la route des Alpes pour marcher sur Vienne à travers les montagnes, lorsque l’Autriche accepta des négociations de paix qui débouchèrent sur le traité de Campoformio, en octobre 1797.

Le traité de Campoformio.

Daté de Campoformio,  petit bourg de Vénétie, mais signé en réalité à Passariano, où réside Bonaparte, il est précédé par l’armistice et les préliminaires de paix de Leoben du 18 avril 1797. Le traité est signé le 18 octobre 1797 entre Bonaparte et le gouvernement autrichien représenté  par   Cobenzl. François II d’Autriche renonce au profit de la France à  la possession des Pays-Bas autrichiens. Comme souverain du Saint-Empire, il consent par des articles secrets à l’annexion de la rive gauche du Rhin par la France, à l’exception de la région de Cologne, et s’engage, lors du congrès prévu à Rastatt entre la France et l’empire, «  à employer ses bons offices pour que la République française obtienne cette même frontière ». En Italie, il abandonne la Lombardie à la France et reconnaît comme « puissance indépendante » la République cisalpine constituée par Bonaparte avec la Lombardie, le duché de Modène, la Romagne et les légations enlevées au Pape, les territoires de  Mantoue, Crémone, Brescia et Bergame, enlevés à la République de Venise qui est rayée de  la carte. L’Istrie,  la Dalmatie, Venise sont donnés à l’Autriche qui obtient ainsi un accès à l’Adriatique en échange de la cession de la Lombardie. Le traité de Campoformio ne tient aucun compte du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et dans ses  négociations, Bonaparte n’a pas tenu compte non plus des instructions données par le Directoire qui comportaient la cession de la rive gauche du Rhin et le rétablissement de la République de Venise. Néanmoins, le gouvernement s’incline devant l’immense popularité que valent à Bonaparte, dans un  pays las de la guerre, ses succès et la conclusion de la paix.  Le Directoire n’en ratifie pas  moins le traité qui couronnait la  « campagne d’Italie » et reconnaissait à la France ses « frontières naturelles ». La paix continentale est établie et seule l’Angleterre reste en guerre contre la France.

Bonaparte avait conquis ses hommes, galvanisés par les victoires remportées. 

A Lodi, à l’issue de la bataille, les soldats élevèrent le « soldat Bonaparte » au grade de « caporal » pour le courage dont il avait fait preuve. Le surnom de « petit caporal » vient de là. « Après Lodi, dira plus tard Napoléon, je me regardai non plus comme un simple général, mais comme un homme appelé à influer sur le sort d’un peuple ». A Arcole, autre fait d’arme devenu légendaire, Bonaparte donne de sa personne. Le lundi 15 novembre 1796, ses troupes se trouvent à Ronco, face à Arcole qu’occupent les Autrichiens de Wurmser.  Reliant les deux localités, le pont d’Arcole, enjambe l’Alpone, affluent de l’Adige.  Les « habits blancs » le tiennent fermement, contraignant sous la mitraille les Français à marquer le pas dans les marais. Alors, agacé par l’hésitation de ses soldats, Bonaparte saisit un drapeau et le plante sur l’ouvrage. Le geste subjugue ses grenadiers qui s’élancent et enlèvent à moitié la position. Mais un feu de flanc les met en panique et  ils  battent en retraite, bousculant parmi eux  leur général qui tombe accidentellement dans la boue. Vite dégagé, il ressaisit ses braves et  à la charge emporte le pont,  puis le bourg. Bon, certains disent que c’est Augereau qui a commis l’exploit. La victoire d’Arcole n’est acquise que le 17 novembre, en plaine.  Elle coûte aux Autrichiens  qui se sont pourtant battus à deux contre un, 40 000 hommes. C’est Napoléon que le peintre représentera sur le célèbre tableau commémoratif de l’épisode dans la posture de l’homme qui entraîne  ses soldats à sa suite.

Après la campagne d’Italie, Bonaparte a acquis une gloire énorme, d’abord auprès de ses soldats,  mais elle déborde rapidement jusqu’au peuple tout entier. Il a consolidé son autorité et peut désormais assouvir de nouvelles ambitions.

L’Autriche battue, restait l’Angleterre…

 


DU «EN MÊME TEMPS» A «L’ESSUIE-GLACE»

Macron voeux 2020

 

"IL" ne pense plus qu’à ça : comment être réélu. A un an de l’échéance, Emmanuel Macron a lancé sa campagne électorale.  Après avoir tenté de séduire les jeunes en donnant une interview sur les réseaux sociaux avec Brut, constatant qu’il avait perdu 17 points dans l’électorat de droite il donne une interview au Figaro pour tenter de « rassurer » en s’emparant du thème de la sécurité. Il réaffirme au passage quelques principes « qu’il ne valide pas » en contradiction  avec ses propos précédents. Puis dans la foulée, il est interviewé par la chaine américaine CBS, interview au cours de laquelle il explique que la France doit « déconstruire » son histoire à cause de son passé colonial.  De quoi plaire aux oreilles américaines … mais là encore en contradiction avec ce qu’il avait dit auparavant : il n’était pas question de déboulonner les statues !  Autant d’interlocuteurs, autant de discours complaisants. Ce n’est pas nouveau. Toute l’année 2020, il est  passé  de la mise en avant des idées communes au centre gauche et au centre droit à l’envoi de signaux désordonnés aux deux camps. Plus il parle et moins on l’entend, plus il s’explique, moins on le comprend. Bien malin est celui qui sait ce qu’il pense vraiment. Chez nous on appelle ce genre d’individu « un charlatan » !

Le confusionniste.

Le  propos est de Jacques Julliard.  Voilà quelqu’un qui manie sciemment le contresens et les contradictions dans ses discours. « Nous sommes un peuple de paradoxes »  prévient Emmanuel Macron. Si c’est vrai, il est un expert en la matière. Sur l’identité, il énonce dans une interview donnée au Point, « Etre français, c’est habiter une langue et une histoire », ajoutant même la laïcité au triptyque « liberté, égalité, fraternité ». Cependant, il ajoute aussitôt, « Comme Président, je ne reconnais qu’une communauté nationale, mais je ne dénie pas aux autres communautés, le droit d’exister ». Il oublie de dire qu’en aucun cas ces communautés d’origine ou de culture ne doivent s’ériger en concurrentes de la communauté nationale. Une brèche dans laquelle les islamistes se sont engouffrés. En affirmant « qu’on peut être français et cultiver une autre appartenance », il avoue son communautarisme. Sur Brut, il a été capable de prendre la défense de la police tout en dénonçant les « violences policières », élément de langage qui est une manière de donner satisfaction à l’extrême gauche. La polémique sur la loi de sécurité globale l’a conduit à dire tout et son contraire en quelques jours selon qu’il s’adressait à des jeunes ou à des policiers. Emmanuel Macron déplore notre déclassement industriel et affirme « l’élite économique s’est mondialisée… elle est partie, elle est devenue de nulle part ».  Le  « libéral-libertaire » de 2017 qui devait adapter la France à la mondialisation et qualifiait les migrants de « héros » dénonce désormais « la trahison des clercs », une autre manière de nommer les élites dirigeantes économiques et politiques.  Le but est le même qu'en 2017 : reprendre des thèmes de gauche et de droite, poussant les politiques des deux camps à se radicaliser pour exister, et donc à dériver vers les marges. Mais sa mise en oeuvre a changé, faite d'embardées puis de coups de frein.

Le démagogue.

Philippe Bilger, commentant l’interview récente au Figaro n’y va pas par quatre chemins. Quand le président affirme : « Je me bats pour le droit à la vie paisible », il se moque de nous. Et il poursuit : « Je relève, dans ses réponses, son goût du verbe, son appétence pour le commentaire qui pourrait séduire la gauche avec ses considérations sociologiques, la surestimation de son action et le caractère provocateur d’annonces in extremis, comme si on n’aurait pas dû en bénéficier bien avant. » L’ancien magistrat dénonce la  volonté d’occuper le terrain parce qu’il sent l’exaspération monter face à la délinquance et que ça influera sur l’élection présidentielle : « Il est clair que nous avons une action à bride abattue pour créer l’illusion d’un pouvoir qui aurait été conscient depuis le début des exigences régaliennes, alors que les Français n’ont cessé de constater dans leur quotidien les errements et les abstentions de cette présidence dure avec les faibles et molle avec les forts. Dont le « en même temps », n’arrêtant jamais son cours, fait se succéder rigueur proclamée et impuissance concrète. » Tout est dit, exemples, ils sont multiples, à l’appui. Un mélange dévastateur de démagogie et de cynisme. Je me demande encore comment quelqu’un d’aussi intelligent que Christophe Béchu peut suivre un tel personnage… à moins qu’il ne soit comme lui.

L’adolescent attardé.

On a l’impression que chaque intervention  présidentielle est une dissertation comme on en fait encore probablement à Sciences-Po, avec les trois parties, thèse, antithèse, synthèse. Emmanuel Macron parle trop, trop longtemps et en tous sens. C’est son souci de tout dire, d’aller au-devant de toutes les objections qui l’amène à la profusion et à la confusion. Or, diriger c’est choisir ! Il cherche encore sa vérité qu’il n’a pas atteinte, c’est évident. Mais en politique, ce type de discours porte un nom : la duplicité ! Nous avons affaire à une espèce de caméléon politicien : le personnage de 2021 ne parle pas comme celui de 2017 et pas  plus probablement que celui de 2022, au moment de  l’échéance. L’ivresse qui l’accapare dans le maniement des concepts a quelque chose d’adolescent (le constat est de Jacques Julliard) .  Il faut simplement se demander si l’Elysée est l’endroit adéquat pour continuer son éducation. On peut être séduit par son intelligence, son énergie, mais « le petit prince de la technocratie, combinant l’ouverture de la société avec le souci de la verticalité »  voit sa « rêverie » violemment interrompue par les vents violents qui agitent l’arène politique, les mouvements sociaux,  les « gilets jaunes », jusqu’au déferlement du coronavirus. Le fait est qu’il ne rassure pas grand monde. Il voulait être le chantre du centrisme, cette union de la droite de la gauche avec la gauche de  la droite, contre la droite de la droite et la gauche de la  gauche, un jeu politique  qui a toujours été incompréhensible pour l’opinion publique. Il n’est en réalité que celui du centrisme étatique,  ou centralisme, vieux courant jacobin, qui, s’appuyant sur une technocratie inamovible, domine encore dans la gestion de notre  pays et qui passe à côté du clivage économique, social et culturel entre la France du centre, les métropoles, et la France périphérique. L’obsession des sondages qui servent de boussole explique les motivations actuelles du chef de l’Etat. Les personnes âgées qui sont les  plus assidues aux élections demandent une protection sanitaire et de l’ordre et ses rivaux de droite restent  plus dangereux que ceux de gauche. D’où les signaux moins fréquents à gauche qu’à droite, d’autant plus que le centre gauche semble rester fidèle, probablement parce que l’action menée lui convient alors que les discours qui s’adressent à la droite en restent souvent aux paroles.

Qu’en sera-t-il à l’heure du bilan ? Si le président jouit d’un socle de popularité stable, les Français n’en jugent pas moins très sévèrement son action.

 


DANS LES PAS DE NAPOLEON

Bonaparte Saint-Roch

 

PREMIERS FAITS D’ARMES

La  Corse, c’est terminé. Il réintègre l’armée  et rejoint la cause des « montagnards » et tourne le dos à la cause fédéraliste  désormais  honnie à cause de Paoli. Capitaine d’artillerie, il arrive au siège de Toulon en septembre 1793 avec l’armée de la Convention.

Le port de Toulon.

Premier coup d’éclat : son génie militaire permet de précipiter la chute du port tenu par les royalistes et les Anglais, grâce à ses canons. Les révolutionnaires sont généreux avec les promotions.  Dès le 22 décembre 1793 il est nommé général de brigade. Mais il doit cette promotion au frère de Robespierre.  Encore une mauvais pioche. La chute de « l’incorruptible » le 27 juillet 1794 (9 thermidor)  lui vaut d’être destitué et même mis en état d’arrestation un court moment. C’est l’insurrection royaliste contre la Convention qui va le remettre en piste.  Barras qui défend l’assemblée a besoin  des généraux républicains qui se trouvent à Paris.  Il connaît Bonaparte qu’il a rencontré lors d’une mission dans le midi. Il le réintègre et une fois de plus,  les canons du jeune général vont faire la différence alors que l’assemblée est cernée par 25 000 insurgés le 5  octobre 1795 (13 vendémiaire).

Devant l’église Saint-Roch.

Bonaparte avait assisté à la prise des Tuileries  le 10 août 1792. Il a encore en mémoire la violence de l’émeute. Cette fois, il empêche la concentration des sections contre-révolutionnaires en interdisant l’accès aux avenues qui mènent à l’assemblée avec ses pièces d’artillerie. Il est aidé par un jeune chef d’escadron : Joachim Murat. On gardera de l’épisode l’image de la canonnade de la foule sur les marches de l’église Saint-Roch, qui relève plutôt de la légende, mais il disperse les insurgés sans faiblesse, mettant fin à l’épisode.  La restauration monarchique attendra. La voie est libre pour mettre en place le Directoire.

La percée du jeune Bonaparte.

Il est enfin dans le camp des vainqueurs. Et en plus il y gagne la main d’une ancienne maîtresse de Barras, Joséphine de Beauharnais, dont il tombe follement amoureux. Un bonheur n’arrive jamais seul : on lui confie le commandement de l’armée d’Italie qui doit faire une manoeuvre de diversion pendant que les armées de Sambre et Meuse avec Jourdan et du Rhin avec Moreau devront porter les coups décisifs aux Autrichiens et marcheront sur Vienne. La campagne d’Italie sera décisive pour établir la renommée de Napoléon Bonaparte. Pour bien comprendre dans quel contexte elle a lieu, faisons un petit détour pour expliquer pourquoi en 1796, au moment ou le général Bonaparte rejoint Nice pour prendre son commandement, la  France est en guerre contre l’Autriche.

La 1ère coalition.

Sous la Révolution et l’Empire, la guerre est pratiquement continue en Europe.  La France doit faire face à sept coalitions mises sur pied essentiellement sous l’impulsion de l’Angleterre.

Les origines de la 1ère coalition remontent à la déclaration de guerre de Louis XVI, le 20 avril 1792, après approbation de l’Assemblée Législative, au roi de Hongrie et de Bohême, c’est-à-dire à l’Autriche. Elle va faire face non seulement à celle-ci mais aussi à la Prusse qui lui apporte son soutien et à l’armée des émigrés sous les ordres de Condé. L’invasion de la France sera à l’origine de l’insurrection du 10 août 1792 et des massacres de septembre. Elle est heureusement arrêtée par le général Dumouriez à Valmy le 20 septembre 1792.

Le 21 septembre 1792, la « Convention nationale » a succédé à la « Législative », élue au quasi suffrage universel, mais le scrutin s’est déroulé dans un climat de peur et d’insécurité. Elle siège pour la première fois le lendemain de la victoire de Valmy et proclame aussitôt la République. Essentiellement bourgeoise, elle se partage entre Girondins à droite, Montagnards à gauche et « la Plaine » entre les deux. Le Roi est mis en accusation. Son procès conduit à sa condamnation à mort et il est exécuté le 21 janvier 1793. Pendant ce temps, il s’en est suivi un renversement de situation avec les armées révolutionnaires qui progressent le long de la rive gauche du Rhin, en Belgique et en Savoie.

Ces victoires et surtout la  mort de Louis XVI provoquent une vaste coalition dont l’âme est l’Angleterre pour riposter à la France. C’est la « première coalition » qui regroupe, outre l’Angleterre, l’Espagne, la Hollande, la Prusse et l’Autriche. La France connaît alors de violentes secousses : la trahison de Dumouriez, les défaites à l’extérieur, le soulèvement de la Vendée et de nombreux troubles conduisent à la « Terreur ». Avec Carnot qui réorganise les armées et la « levée en masse », l’ordre est rétabli à l’intérieur et les frontières sont dégagées. La Convention se termine dans les soubresauts évoqués plus hauts.

Heureusement, à l’extérieur, les victoires se succèdent : après la  victoire de Jourdan à Fleurus en juin 1794, la Belgique est rapidement reconquise, les Pays-Bas occupés ainsi que la Rhénanie. A la suite du traité de Bâle (avril 1795), la  paix est signée avec la Prusse puis avec l’Espagne et la Hollande ; seules restent en guerre l’Autriche et l’Angleterre. Avant que ne se sépare la Convention, la France a annexé la rive gauche du Rhin, les Pays-Bas deviennent une république  satellite, et la réunion de la Belgique à la France est proclamée le 1er octobre 1795. Les opérations reprennent  notamment contre l’Autriche.

C’est à ce moment-là qu’intervient la campagne d’Italie.

(à suivre)


LREM, L’AUTRE NOM DE LA GAUCHE.

Lrem logos

 

Le néogauchisme dont la France insoumise est le principal vecteur, renforcé par les idéologies importées des Etats-Unis, a fracturé la gauche française. Et à un an de l’élection présidentielle, les études d’opinion sont toutes convergentes : toutes tendances confondues, elle ne rassemble plus qu’entre 24 et 26%, pas plus. Le total d’intentions de votes à gauche est l’un des plus faibles de toute l’histoire de la Ve République. En fait c’est un trompe l’œil.  Les Français sont toujours globalement partagés.  Mais pour les formations politiques concernées, il y a urgence.  Et la priorité des verts, du PS et autres tendances est de trouver un moyen de se rassembler pour avoir un candidat commun avec l’objectif de passer la barre du 1er tour. Samedi dernier, ils étaient nombreux à se retrouver toute la matinée, à l’initiative de Yannick Jadot qui en rêve, dans un hôtel parisien du 19e arrondissement. N’en manquait pas un ! Si, justement, l’un des principaux, Jean-Luc Mélenchon, parti opportunément rendre visite à ses amis gauchistes d’Amérique du sud dont il admire les régimes totalitaires. Après une matinée de palabres, dispersion avec  clause de revoyure. Autant dire que la réunion a tourné au « bal des faux-culs ». Mais personne ne se demande où sont passés les 25% manquants !

La gauche française n’est pas à l’agonie. Elle a juste changé de nom. 

La réponse tient en un seul constat.  Les mêmes sondages indiquent que 25% des électeurs de Hollande continuent  de voter pour Macron. Eh oui, on voudrait nous faire oublier que Macron est entouré de la plupart des hommes qui constituaient le socle du PS : Ferrand, Véran, Le Drian … et que son groupe parlementaire est composé pour une bonne part d’élus venus de la gauche.

Mieux, son bilan est encore plus révélateur car la politique mise en œuvre s’apparente bien davantage à la poursuite de la politique socialiste de François Hollande qu’à un alignement sur les projets de la droite. Sur le plan économique et financier, la hausse des déficits et des prélèvements obligatoires, la vertigineuse explosion des dépenses de l’Etat, le célèbre et socialiste « quoi qu’il en coûte », autre expression pour « c’est gratuit, c’est l’Etat qui paye », l’augmentation exponentielle de la dette, n’ont fait que prolonger la tendance déjà à l’œuvre avant 2017. De même, sur les questions sociétales, les choix accomplis par les macronistes divergent largement des orientations de la droite et du centre : la PMA sans père remboursée par l’assurance maladie, l’interruption médicale de grossesse à 9 mois pour détresse psycho sociale, et maintenant la tentative d’instaurer l’euthanasie, à quoi il faut ajouter l’explosion sans précédent des flux migratoires, le communautarisme forcené, la flambée de la délinquance et de la violence à laquelle Lionel Jospin n’a rien à envier. Il faudrait ajouter ses contorsions écologistes qui font la part belle aux tenants de la décroissance. Enfin, la repentance qui imprègne la vision du chef de l’Etat qui voit dans l’histoire de la colonisation un « crime contre l’humanité » est un emprunt au néogauchisme.  

Et  pis encore, le recours aux conventions citoyennes pour traiter de sujets fondamentaux est devenu une pratique banalisée du « nouveau monde politique », directement tirée des thèses de la démocratie de proximité chère à Ségolène royal. En fin d’année dernière, à la demande du président de la République, 35 Français ont été tirés au sort pour former un « collectif de citoyens » chargé de « se prononcer sur la stratégie vaccinale en France ». Cette initiative faisait suite à « la Convention citoyenne sur le climat », composée de 150 citoyens, sélectionnés au hasard pour « représenter pleinement la société dans toute sa diversité et sa vitalité ». La méthode est-elle si nouvelle ? D’ores et déjà sous le quinquennat de François Hollande, « une conférence citoyenne », composée de 18 citoyens désignés selon des critères de représentativité de la société française définis par l’IFOP avait été chargée de réfléchir à la fin de vie. Elle avait débouché, à la fin de l’année 2013, sur des conclusions favorables à la « possibilité de se suicider par assistance médicale (dans certaines conditions) ».

Ce portrait du soi-disant « nouveau monde » ressemble furieusement à « l’ancien monde socialiste », y compris pour le nombre des fonctionnaires qui ont continué d’augmenter. Il suffisait seulement de rebaptiser le parti socialiste en LREM, et de débaucher un quarteron d’opportunistes à droite, il y en a toujours, et le tour était joué. Voilà pourquoi la gauche « titulaire » se meurt.  En fait, elle est au pouvoir depuis 9 ans, le quinquennat Macron s’inscrivant très clairement dans la suite de celui de François Hollande. C’est une évidence. Des segments de réforme dite de droite  et un verbe droitier pour le « en même temps » n’y changent rien. Comme s’il suffisait de poser des mots sur les maux de la France pour les faire disparaître. Et voilà pourquoi,  comme beaucoup d’autres qui me le font savoir, en aucun je ne revoterai pour lui.

LR pour sortir de la confusion.

Ce scénario repose sur une contre-vérité entretenue par les transfuges de la droite vers le macronisme : « Ce qu’a fait le président (Macron), la droite en a toujours rêvé mais ne l’a pas fait », et largement reprise par les commentateurs et les  médias.

La responsabilité de la droite est historique. Au moment où elle est clairement l’objet d’OPA, à la fois du Macronisme qui voudrait l’asphyxier et du RN qui s’empare un à un de ses  thèmes pour se rendre plus acceptable, elle a le devoir de s’affirmer haut et clair.

Le cycle électoral qui commence va façonner la gouvernance de notre pays pour la décennie à venir. Face à une gauche fracturée, une majorité présidentielle qui entretient la confusion, un Rassemblement national qui vote systématiquement contre tous les textes régaliens mais qui soigne sa « normalisation », la  droite porte une responsabilité importante. Celle de proposer d’abord dans chaque région, puis à l’élection présidentielle, une candidature intransigeante sur les fondamentaux et déterminée à prôner d’abord puis à appliquer sans faiblesse ensuite les mesures difficiles mais indispensables pour restaurer l’autorité de l’Etat et recréer une « envie »  de reconstruire la communauté nationale pour en faire à nouveau « une Nation ».

A l’heure ou 80% des Français expriment de la méfiance ou du dégoût envers la politique (enquête CEVIPOF), un alignement de LR sur LREM se présenterait comme une manœuvre opportuniste. Quant à un ralliement au Rassemblement national il n’est tout simplement pas pensable. Ces manœuvres ne feraient qu’aggraver l’image de responsables politiques ayant tourné le dos à l’intérêt général et obsédés par leurs intérêts personnels, le partage des prébendes et des privilèges.

L’idée que les LR n’auraient pas de « candidat naturel » touche à la quintessence du renoncement et de la sottise politique. Les tentatives pour l’empêcher d’exister montre assez bien que c’est en raison de sa capacité à apporter les vraies réponses au pays. C’est  bien pourquoi la sphère  médiatique se garde bien de faire écho du travail en profondeur qui est mené depuis bientôt un an. Il y aura évidemment un candidat issu de ses rangs ou de sa sphère. La question n’est pas de porter à l’Elysée un surhomme, un sauveur providentiel, mais de donner à la France un candidat crédible, motivé par le sens de l’Etat et la capacité à s’entourer d’une équipe solide et compétente pour gouverner le pays dans le respect de la démocratie. Et pour cela, il en est largement encore temps.

Les Républicains apparaîtront rapidement comme la seule alternative raisonnable  pour éviter un nouveau duel Macron-Le Pen.

 


NAPOLEON BONAPARTE

Sainte-Hélène, 5 mai 1821, 17h49,  l’Empereur s’éteint. Deux cents ans plus tard nous nous apprêtons  à commémorer sa  mort. Un évènement  qui suscite bien des expositions, bien des émissions de télévision, et même des manifestations avec défilés en habits, colloques  sans oublier les innombrables articles et livres.  Nous saurons tout sur Napoléon,  le  vrai, le faux,  le génie, le despote,  son parcours,  ses amours, sa gloire et ses  erreurs… Certains voudraient qu’on l’efface de notre histoire.  Je ne serai pas de ceux-là. Car  Napoléon est l’une des figures les plus populaires du monde, dont l’aura dépasse largement les frontières de la France. Il est autant connu par la vraie histoire que par la légende qui est née après sa  mort et qui a dominé  les esprits tout au long du XIXème siècle, et même encore aujourd’hui. Son œuvre a été considérable bien que le bilan de son règne soit évidemment contrasté.

Je vous propose donc d’entrer "dans les pas de Napoléon Bonaparte".  Une  histoire que j’ai enseignée pendant de nombreuses années et que je prends plaisir à redévelopper pour le calepin.

 

Bonaparte à BrienneBonaparte à Brienne

Deux mots pour dresser le décor.

Le printemps 1794 est marque par la lutte de Robespierre contre les factions hébertistes et dantonistes. Mais la « Révolution est glacée » comme  le  dit « justement » Saint Just. La dictature de Robespierre et la Terreur, que ne justifie pourtant plus la situation militaire, ne peuvent se prolonger : le 9 thermidor (27 juillet 1794), les robespierristes disparaissent dans le soulagement général. Les thermidoriens représentent la bourgeoisie révolutionnaire qui veut consolider son pouvoir politique face aux sans-culottes et aux royalistes. L’équilibre est difficile à maintenir, et  lorsque  la Convention fait place au Directoire, le nouveau régime ne parvient pas davantage à la stabilisation : une série de coups d’Etat traduit cette lutte sur deux fronts. Une force va dès lors s’imposer et jouer le rôle d’arbitre : l’armée, auréolée de son immense prestige dû aux victoires d’Italie.  Il faut donc s’intéresser au plus populaire de ses chefs, Bonaparte, qui est choisi par le Directoire pour mettre fin à l’anarchie qui s’installe à Paris.

Qui est Napoléon Bonaparte.

Deuxième fils de Charles Marie Bonaparte et de Letizia Ramolino, Napoléon est né le 15 août 1769  à Ajaccio, un an après l’annexion de la Corse par la France. Pasquale Paoli avait défendu en vain l’indépendance de l’île ;  il avait été vaincu à Ponte-Novu en mai 1769 et s’était exilé. Charles Bonaparte qui combattait à ses côtés avait alors rallié les Français. C’est grâce au comte de Marbeuf, nouveau gouverneur, que la noblesse d’origine florentine des Bonaparte est reconnue et c’est ainsi que Napoléon eut accès aux écoles d’officiers du continent. Il quitte donc la Corse fin 1778 pour faire ses études. Il sera successivement élève au collège d’Autun, puis de Brienne pour terminer à l’Ecole militaire de Paris dont il sort lieutenant.  Il n’en est pas moins resté Corse dans l’âme. Il n’aura de cesse que de retourner dans son île natale qui devient bientôt un département et où il se mettra au service de Paoli, revenu d’exil. A ce moment-là, il ne voit son avenir qu’en Corse.  Il lui importe peu que la monarchie soit renversée et que la guerre éclate sur le continent.  Mais ses relations avec Paoli sont entachées par la trahison de son père que le chef corse n’a pas oubliée, et quand celui-ci se rapproche des Anglais, Napoléon s’y oppose. Son admiration pour lui s’effondre.  Paoli étant mis hors la loi, Napoléon rejoint les Conventionnels envoyés en mission pour rétablir l’ordre. Mais la tentative pour reprendre Ajaccio aux paolistes échoue. Napoléon est obligé de fuir avec sa famille. Il débarque en France le 11 juin 1793.  C’est sur le continent que s’écrira son histoire !

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QUAND LES « ASSIMILES » SE REBIFFENT !

La liberté guidant le  peuple bis

 

Rachel Kkan avec  « Racée », Claire Koç avec « Claire, le prénom de la honte », Lydia Guirous avec « assimilation, en finir avec ce tabou français », Sonia Mabrouk avec « Insoumission française », quatre exemples de parcours d’assimilation qui montrent qu’un chemin différent du communautarisme est possible. La publication de ces livres, de leur témoignage intervient au moment où la loi contre le « séparatisme » qui ne dit plus son nom termine son parcours législatif à l’Assemblée nationale.

Françaises à part entière.

Contre  l’idéologie ambiante véhiculée par les réseaux sociaux et nombre de médias complaisants qui voudrait légitimer le discours victimaire, décolonial, genré et racisé, elles ont choisi de devenir françaises à part entière et de le crier haut et fort. Elles ont en commun l’amour de notre pays  et fait le choix de l’universalisme.  Elles démontrent après d’autres comme Jeannette Bougrab, que la France n’est pas un pays raciste et que chacun ou chacune peut s’y épanouir pour peu qu’il ou elle se saisisse des chances offertes par la possibilité de s’instruire quel que soit son statut social, par l’application du principe d’égalité si important pour les femmes issues de  familles musulmanes, par l’appropriation d’une histoire qui peut être aussi la leur.

L’amour de la France.

L’amour de la France peut avoir été transmis par les parents, et évidemment, ça compte, mais Claire Koç nous montre qu’il peut en être autrement, elle qui a choisi l’assimilation contre sa famille. L’amour de la France comme chemin d’assimilation c’est peut-être  Manuel Valls qui le définit le mieux dans son livre « pas  une goutte de sang français » qui sort chez Grasset. Pour « son retour d’exil » comme il dit, il complète la formule par ces mots empruntés à Romain Gary « Je n’ai pas  une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines ! ». Parfait exemple d’assimilation réussie il explique avec humilité qu’en deux ans et demi passés à Barcelone, il a acquis la certitude qu’il était français, que tout le ramène à la France et qu’il a fallu qu’il la quitte pour le comprendre. Son éloignement lui a permis de comprendre ce que ses amis, son épouse lui répètent : «  Tu penses fraçais, universel, comme un républicain, jacobin et laïque ». Comment en arrive-t-on là ?  L’histoire joue un rôle bien sûr et de Napoléon à Clémenceau, elle lui a apporté des références.  Mais aussi les lectures à une époque où la télévision n’était  pas omniprésente : Hugo, Dumas, Péguy, Camus, Zweig, Kafka… ont nourri son esprit d’adolescent.  Tout est dit.

Chacun délivrera un parcours différent selon le contexte et l’époque. Mais tous ces auteurs ont un point de convergence : c’est parce qu’ils ont appris d’une manière ou d’une autre à aimer notre pays. Pour Claire Koç , le déclic a été les  voisins français qui ont servi de modèle. Ils apportaient des plats qu’ils avaient préparés pour les faire goûter à sa famille, comme par exemple le pot-au-feu. Mais elle explique aussi comment  peu à peu, dans son quartier, la France est devenue inexistante.

Les discours de haine.

On ne peut pas s’assimiler si on n’aime pas le pays dans lequel on vit.  Voilà le constat. Et d’autant moins si on vit dans un milieu qui ne manifeste qu’un sentiment : la haine de la France. Quand j’entends Amel Bent proclamer qu’elle préfère brandir un drapeau algérien, pays où elle n’est jamais allée, plutôt qu’un drapeau français, je pense d’abord  à de l’ingratitude, puis je me dis qu’on l’a  probablement élevée dans la haine de notre pays. La  haine de la France, ou la coupure, ou le refus de s’assimiler à défaut de s’intégrer, est venu avec l’antenne parabolique, qui s’est généralisée  dans les années 90.  Elle a été le principal  frein à l’assimilation qui fonctionnait auparavant. Des familles entières se sont mises à vivre à l’heure de leur pays d’origine.  Les Turcs se sont mis à penser Turc, les Algériens à croire Télé Alger. A cela s’est ajoutée la concentration conduisant dans les quartiers à des populations endogames d’où les nationaux de souche se sont petit à petit retirés. Quand les individus sont tous les mêmes, il n’y a même plus besoin de parler français. Et quand tous les commerces, les cafés, les vêtements, les aliments sont à  l’unisson, on sombre dans le communautarisme. Il n’y a plus aucun espace pour la France dans ces quartiers. Et quand en plus la religion vient imposer une chape de plomb, le piège communautaire se referme complètement. Le séparatisme s'impose. 

Autant de cris d’alarme.

Mais si ces ouvrages sortent aujourd’hui, ça n’est pas le fait du hasard. Ils sont autant de cris salutaires pour dénoncer les méfaits de cette vague portée par le néogauchisme, avec les idées venues des Etats-Unis, qui prônent le racialisme, l’identité, le décolonial qui fait de la race blanche la porteuse du malheur du monde, idéologie obscurantiste qui nous vient d’un pays où l’on refuse d’enseigner la théorie de l’évolution  et  où les écoles sont obligées de suivre les préceptes du « créationnisme ». Ces auteurs veulent nous alerter, nous ouvrir les yeux sur le grave péril qu’elles font courir à notre pays, en voulant anéantir notre conception de l’Universel qui a fait rayonner la France à travers le monde entier.  

La  méritocratie.

Voilà pourquoi il est urgent de rétablir le prestige de l’école, et particulièrement dans les  quartiers concernés.  C’est par le savoir et le mérite qu’on redonnera le goût de l’assimilation.  Une lourde tâche qui attend les prochains gouvernements. Comme  le disait Atatürk : « Ce n’est  pas grave de ne pas savoir. Ce qui est honteux, c’est de ne pas vouloir apprendre ! ». Il va donc falloir prendre tous les problèmes à bras-le-corps.  Il faudra lutter contre l’oppression d’une minorité qui veut imposer la loi communautaire  par la terreur intellectuelle ;  il n’est pas normale qu’une Claire Koç reçoivent des tombereaux de menaces plus sinistres les unes que les autres et doivent faire l’objet d’une protection policière. Il faudra mettre fin au lobbying des puissances étrangères pour exercer leur influence sur les populations issues de leur pays, et qui infiltrent les associations, les partis politiques en imposant des concepts incompatibles avec les lois républicaines. Il faudra être vigilant sur le rôle de l’école et lui donner les  moyens de s’imposer dans les quartiers, afin qu’elle soit en mesure d’inculquer la culture française, qui ne veut pas dire rejeter la culture d’origine, et surtout  apprendre à être fier d’être un citoyen français. Le principal moyen d’entrer dans la nation c’est d’apprendre le français, sans quoi il ne peut se développer un sentiment d’appartenance. 

L’élection du prochain président de la République sera donc déterminante. Ce serait mieux qu’il soit de droite, pour une raison simple : aujourd’hui,  c’est elle qui porte l’idéal d’universalisme  et  qui veut rétablir la méritocratie. La gauche est aux abonnés absents.  Macron est nulle part. 

 

Des  livres à lire absolument !

Rachel Khan, « Racée », chez l’Observatoire

Claire Koç, « Claire, le prénom de la honte », chez Albin Michel

Lydia Guirous, « assimilation, en finir avec ce tabou français »,  chez l’Observatoire

Sonia Mabrouk, « Insoumission française », chez l’Observatoire

Manuel Valls, « Pas une goutte de sang français », chez Grasset.

 


LES REGRESSISTES (3)

Je continue à publier les articles qui argumentent sur le néogauchisme.  Voici une nouvelle tribune publiée par Le Figaro récemment.

Philippe d’Iribarne: «La folie “woke” et décoloniale, fille de l’utopie de l’égalité parfaite propre à l’Occident»

Iribarne

Figure importante du paysage intellectuel français Philippe d’Iribarne est auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs sont des classiques dont La Logique de l’honneur. Gestion des entreprises et traditions nationales (Seuil, 1989) et L’Étrangeté française (Seuil, 2006).

TRIBUNE - Le sociologue, X-Mines, directeur de recherche au CNRS analyse avec une exceptionnelle clarté les racines du mouvement «woke» et décolonial, né dans les universités américaines et qui progresse de façon fulgurante en France. Les pays occidentaux sont victimes de leurs intentions élevées et des objectifs écrasants et utopiques qu’ils s’assignent, explique le penseur.

La fracture de l’opinion provoquée par l’émergence du mouvement «woke» aux États-Unis et du mouvement décolonial en France paraît radicale. Les débats provoqués en France, jusqu’au sein de la majorité, par la loi «confortant le respect des principes de la République» en témoignent. L’université offre maintenant un terrain de choix à la manifestation de cette fracture. Entre ceux qui, tels nos ministres de la Recherche et de l’Enseignement supérieur ou de l’Éducation, dénoncent l’islamo-gauchisme qui y sévit et ceux qui, telle la Conférence des présidents d’université, défendent bec et ongles les orientations ainsi mises en cause, tout dialogue paraît impossible. Cette radicalité est intimement liée à la mutation qu’a connue la promesse d’égalité au cours du dernier demi-siècle.

Dans l’élan premier des Lumières, l’égalité des peuples, des cultures, était vue comme un horizon qui ne pourrait être atteint que grâce à une action intense de civilisation, d’éducation, menée par le monde occidental en faveur des peuples les moins «avancés». Le Pacte de la Société des nations de 1919 témoigne de cette vision. Ainsi son article 22 évoque les territoires «habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne». Il affirme que «le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civilisation», et que «la meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle de ces peuples aux nations développées qui (…) sont le mieux à même d’assumer cette responsabilité».

Cette vision est encore présente dans la Charte des Nations unies de 1945, bien que celle-ci mette en avant, d’emblée, le «principe de l’égalité de droits des peuples» et affirme de manière réitérée le refus des «distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion» (articles 1, 13, 76). Son chapitre «Déclaration relative aux territoires non autonomes» invite encore (art. 73) à aider les populations «dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques, dans la mesure appropriée aux conditions particulières de chaque territoire et de ses populations et à leurs degrés variables de développement ».

De nos jours, cette vision inégalitaire fait scandale. Il est hautement affirmé que tous les peuples, toutes les cultures, toutes les religions, toutes les manières de vivre, se valent tels qu’ils sont ; que, certes, il peut exister dans chaque société des individus qui diffèrent, pour reprendre les termes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, par «leurs vertus et leurs talents», mais que ces qualités se retrouvent également distribuées dans tous les peuples et, au sein d’un peuple, dans toutes ses composantes ethniques ou religieuses. Affirmer le contraire relève de préjugés racistes qui méritent la condamnation la plus vive.

Or, en dépit de cette affirmation solennelle, de grandes disparités demeurent, entre les peuples et au sein de chaque peuple, dans les sorts réservés à ceux qui diffèrent par leur culture, leur religion ou leur couleur de peau. Ainsi, dans les universités américaines, les Noirs réussissent nettement moins bien et les Asiatiques beaucoup mieux que les Blancs. En France, ceux qui ont un prénom musulman ont plus de mal à trouver un emploi que ceux qui ont un prénom chrétien. La promesse d’égalité parfaite et immédiate se révèle mensongère et rien ne laisse présager qu’elle cessera bientôt de l’être.

Il est absurde de regarder comme monstrueuses certaines actions si elles sont le fait de Blancs et comme vertueuses si elles sont le fait de non-Blancs

Comment donner sens à ce hiatus ? Logiquement deux interprétations paraissent possibles. L’une, qui relève du réalisme sociologique, est que l’on n’efface pas en un jour les effets de l’histoire ; qu’à chaque époque il a existé des civilisations plus brillantes que d’autres ; qu’il faut distinguer la reconnaissance de l’égale dignité de tous les êtres humains, qui va de soi, de l’objectif d’égalité immédiate entre tous les peuples, toutes les cultures, tous les groupes humains, qui relève de l’utopie. Mais une telle interprétation ne peut être vue que comme un retour intolérable à des temps définitivement révolus.

L’autre interprétation part du caractère sacré de la promesse, fondement de l’appartenance à une humanité commune de ceux et ceux seuls qui la respectent. Mais reste alors à expliquer pourquoi elle n’a pas plus de prise sur le monde réel.

Le mouvement «woke» et le courant décolonial apportent une réponse radicale. Pour eux, si la promesse n’a pas été tenue, c’est du seul fait de la résistance de dominants attachés à leurs privilèges. Affirmer que certains groupes humains ou certains individus membres de ces groupes sont responsables de leur situation défavorable n’a pour objet que de permettre à ces dominants de jeter un voile sur leurs menées. Les coupables sont clairement identifiés: ce sont les Blancs racistes, esclavagistes, colonisateurs, qui ont mis la planète en coupe réglée. Cette vision a un caractère transcendantal (qui est connu a priori et non pas fondé sur l’expérience, NDLR), au-delà de tout besoin de confirmation ou de possibilité d’infirmation reposant sur des données de fait.

Cette mise en avant de l’infinie culpabilité des Blancs alimente une représentation totale de la vie sociale portée par tout un vocabulaire: privilège blanc, racisme systémique, appropriation culturelle, etc. Ainsi, si certains «racisés» ont du mal à trouver un emploi, il est impensable d’envisager que les employeurs cherchent simplement à embaucher ceux dont le profil laisse augurer qu’ils sont les plus à même de contribuer à la bonne marche de leur entreprise. Il va de soi que la prospérité économique de l’Occident est fondée sur l’exploitation du travail des esclaves noirs et il est indécent de l’attribuer au génie inventif et à la capacité d’organisation dont l’Occident a fait preuve. Si les figures de l’art, de la pensée et de la science célébrées dans le monde occidental, et bien au-delà, tels Kant, Pascal, Rembrandt, Bach, Shakespeare, Dante, Dostoïevski, Cervantès ou Einstein, sont essentiellement blanches, c’est l’effet d’un complot des Blancs conduit à dissimuler les figures non blanches. Etc.

Entre croyants (ceux qui sont engagés dans le mouvement «woke», les tenants d’une approche décoloniale) et incroyants il n’existe pas de terrain commun au sein duquel échanger des arguments.

Pour les incroyants, ce mouvement est sans doute explicable par la souffrance de ceux qui se sentent victimes d’une promesse trahie mais n’est pas intellectuellement respectable. Il est absurde de regarder comme monstrueuses certaines actions si elles sont le fait de Blancs et comme vertueuses si elles sont le fait de non-Blancs ; par exemple de déclarer la colonisation blanche crime contre l’humanité et de porter au pinacle la colonisation arabe, notamment en Espagne ; ou encore de dénoncer une «appropriation culturelle» quand des Blancs se permettent d’interpréter une musique «noire» mais de parler de manque de diversité à fondement raciste quand les Blancs dominent au sein des orchestres symphoniques voués à une musique «blanche». Il échappe à toute logique de considérer comme monstrueux l'esclavage perpétré par les Blancs alors que, perpétré par des Arabes ou des Noirs il ne mérite aucune attention. Et comment accepter que l’histoire de l’Occident soit réécrite à la manière d’une histoire de la Révolution française qui serait centrée sur la Terreur, les massacres de Septembre, et le génocide vendéen, pendant qu’une approche hagiographique prévaut quand il s’agit d’autres civilisations?

De plus, les incroyants ne se privent pas de souligner ce qui leur paraît le plus outré dans l’approche décoloniale. L’affirmation selon laquelle les Blancs devraient toute leur pensée aux Grecs qui eux-mêmes devraient tout aux Égyptiens, lesquels étaient noirs, et qu’ils doivent donc toute leur pensée aux Noirs leur paraît une pure fable. Ils ne peuvent croire que si, dans les expressions «idées noires», «âme noire», «noirs desseins», etc., le terme noir a une connotation négative, la source en est l’association du mot noir à l’esclavage que les Noirs ont subi du fait des Blancs et non une opposition entre la lumière et les ténèbres. Et quand, pour écarter toute objection, la réponse (que l’on trouve par exemple dans une vidéo célèbre concernant l’université américaine d’Evergreen) est que l’appel à l’objectivité, l’attention aux faits, est une invention perverse de Blancs, les incroyants se voient conforter dans la conviction que ce courant de pensée est bien peu sérieux.

Par ailleurs, la place que tient la cancel culture, la création de safe spaces où les croyants sont mis à l’abri de pans entiers de la réalité, apparaît aux incroyants comme liées au besoin de ces derniers d’être protégés de ce qui pourrait faire éclater la bulle de certitudes qu’ils habitent.

On sait que la dérive d’un milieu de recherche sous l’influence d’intérêts ou d’une idéologie n’est pas l’apanage de la « science prolétarienne » de jadis

Mais, pour les croyants, tout cela n’est qu’arguties qui ne tiennent pas face au scandale que représente la radicalité du privilège blanc qui, avec sa dimension raciste, viole les principes les plus sacrés qui doivent inspirer la vie de l’humanité. Ces arguties se trouvent disqualifiées par le fait qu’elles légitiment le maintien d’un tel privilège et il est hors de question de leur accorder quelque valeur que ce soit. Ceux qui en font usage ne méritent pas d’être écoutés et les interdire de parole, comme l’implique la cancel culture, relève de l’objectif vertueux d’empêcher de nuire des représentants du mal. Leur donner la parole, débattre avec eux, reviendrait à accorder au mal un statut égal à celui du bien.

C’est dans ce contexte que prennent sens les affrontements actuels portant sur le monde de la recherche, la place qu’y tient l’islamo-gauchisme, les mérites des courants décoloniaux, la dénonciation par les étudiants d’enseignants déclarés racistes ou islamophobes et l’autocensure de ceux qui craignent d’être regardés comme tels. La vision décoloniale, affirme ses croyants, s’appuie sur des travaux de recherche menés dans des institutions prestigieuses et conduisant à des publications savantes dont seuls les tenants d’une forme de suprématisme blanc peuvent contester la pertinence. Ce n’est pas, affirment-ils, l’idéologie «woke» qui a perverti le monde de la recherche, mais le résultat de recherches de qualité qui alimente les convictions correspondantes. Mais cette affirmation laisse ouverte la question de portée générale de la scientificité des travaux académiques et de la qualité du contrôle de cette scientificité.

On sait que la dérive d’un milieu de recherche sous l’influence d’intérêts ou d’une idéologie n’est pas l’apanage de la «science prolétarienne» de jadis. Les recherches tendant à démontrer l’absence de nocivité du tabac ou des perturbateurs endocriniens ont été marquées par de telles dérives, y compris quand elles étaient réalisées au sein des universités. On peut penser aussi aux travaux d’économistes de renom qui ont légitimé les pratiques, tels les subprimes, au cœur de la crise financière de 2008. De manière générale, il n’est pas difficile de biaiser les résultats d’une recherche tout en sauvant les apparences. Il suffit de sélectionner les données dont il est fait état et de les interpréter en fonction de ce que l’on souhaite démontrer.

Prenons, à titre d’exemple, la manière dont la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) s’y prend pour démontrer que la société française est islamophobe. Le parti adopté est d’écarter tout élément permettant de rattacher des réactions négatives à l’égard de l’islam à la réalité de celui-ci, ce qui permet de mettre ces réactions au passif de la population majoritaire. Ainsi, le rapport mentionne bien «un conflit de valeurs, considérant la religion musulmane et ses pratiques en contradiction avec le principe de laïcité et avec les droits des femmes et des minorités sexuelles». Mais, et c’est là que la pensée glisse, loin de considérer que ce conflit est à la source de réserves légitimes envers l’islam, il affirme que ceux qui le mettent en avant sont coupables d’«inverser la causalité et de rejeter la responsabilité du racisme sur ceux qui en sont les victimes». La manière même dont sont libellées les questions dont le rapport fait usage relève de cette stratégie. Ainsi, il n’est pas demandé si certains comportements associés à l’islam sont incompatibles avec les valeurs républicaines, mais si «certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes». Du coup, une majorité des personnes interrogées n’a pas d’autre choix que de déclarer que des comportements «racistes» sont justifiés, ce qu’il s’agissait justement de démontrer.

Que nous réserve l’avenir ?

On peut douter que cet affrontement idéologique soit moins pérenne que celui qui s’est noué autour du rêve communiste. Un retour au réel impliquerait que ce qui relève d’une fausse science soit scruté avec la même rigueur que celle qui est déployée quand il s’agit d’impostures scientifiques au service d’intérêts privés. Mais cette rigueur ne paraît pas pour demain. Et qui est prêt à admettre que la folie «woke» est un enfant monstrueux de promesses radicales propres à l’Occident, promesses impossibles à tenir à l’échelle d’une ou deux générations et qui méritent d’être reconsidérées avec plus de réalisme ?