DANS LES PAS DE NAPOLEON
04 mai 2021
L’APOGEE NAPOLEONIENNE 1804-1807
L’exécution du duc d’Enghien leva les dernières inquiétudes des anciens révolutionnaires qui craignaient une restauration de Louis XVIII par le Premier consul. Ils acceptèrent que la dictature fût habillée en monarchie pour conforter le régime, garant des conquêtes de la révolution. Napoléon ne sera pas roi, mais empereur, titre qui correspond bien au mimétisme de l’empire romain à la mode. De plus on pensait que cela allait lui permettre de parler d’égal à égal avec les empereurs d’Autriche et de Russie. Un referendum est organisé en 1804 sur la question : « Le peuple français veut-il l’hérédité de la dignité impériale dans la descendance directe, naturelle, légitime et adoptive de Napoléon Bonaparte ? ». Il y eut plus de 3,5 millions de « oui » pour 2579 « non ». Bonaparte devient Napoléon Ier, empereur des Français, s’entourant d’une cour et d’un appareil qui rappelle la tradition monarchique. Le sacre n’était pas prévu dans la constitution, mais on pensait qu’il renforcerait l’autorité de l’empereur. Il eut lieu à Paris, à Notre-Dame, le 2 décembre 1804 en présence du pape. L’histoire retient surtout de l’événement, le tableau de David exposé au Louvre qui attire toujours un public nombreux et qui représente le couronnement de … Joséphine par Napoléon ! Celui-ci à 35 ans.
La monarchie impériale.
Comme les rois, Napoléon voulut une cour, à la fois instrument de pouvoir et de contrôle. La famille de l’Empereur formait les dynasties princières, au-dessus de six grands dignitaires, quatorze maréchaux, huit grands officiers civils et militaires. A la cour, l’étiquette effaçait les souvenirs du tutoiement des bivouacs. Sabres et galons étaient proscrits. Seul l’Empereur s’habillait en soldat, adoptant l’uniforme des chasseurs de la garde. Une nouvelle noblesse fut fondée, comme instrument de règne : il y eut bientôt trente fiefs en Italie. L’Empereur distribua des trônes à sa famille : Louis devint roi de Hollande, Joseph, roi d’Espagne, Jérôme, roi de Westphalie, Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie … Désireux de fonder une dynastie, Napoléon se désolait de ne pas avoir de fils. Il se croyait stérile puisque Joséphine avait eu deux enfants de son premier mariage jusqu’au jour où la comtesse Walewska lui donnera un fils. Raison d’Etat obligeant, il répudia Joséphine et devint le gendre de l’Empereur d’Autriche. Une manière de rattacher sa dynastie à celle qu’il avait renversée. Marie-Louise lui donna l’héritier tant attendu : le roi de Rome. Napoléon a même donné un « style » : meubles, draperies, décors.
L’expansion économique.
Au recensement de 1802, la France comptait 27 millions d’habitants et ce chiffre s’accrut jusqu’en 1814 pour atteindre 29 millions. Avec le retour de l’ordre et de l’autorité sous le Consulat, le pays retrouva peu à peu sa prospérité. L’agriculture était devenue plus féconde. La pomme de terre, introduite dans la culture donnait aux paysans une nourriture plus consistante et plus saine, les récoltes de blé étaient plus abondantes, la consommation de vin et de viande augmentait. On commença à tirer le sucre de la betterave, une production stimulée par la demande en l’absence du sucre de canne. L’industrie était aussi en pleine progression avec le développement du machinisme notamment dans les textiles : Oberkampf pour la toile de Jouy, Jacquard pour les soieries, Richard et Lenoir dans les cotonnades étaient des patrons modernes. Chaptal, Berthollet, Vauquelin s’employaient à l’essor de la chimie. De nouvelles mines de houille furent mises en exploitation ce qui tripla la production, tandis que De Wendel utilisait le coke pour fondre le minerai de fer de Moselle et pourvoyait aux fournitures d’artillerie de l’Etat. De son côté l’Etat favorisait les entreprises par des subventions et des commandes ainsi que l’organisation de foires expositions. L’économie était aussi soutenue par une politique de grands travaux : routes, canaux, ports, voies alpestres, aménagement de Paris avec la construction de nouveaux ponts, le percement de la rue de Rivoli et du carrefour de l’Arc de Triomphe. Enfin, les ouvriers étaient tenus en main avec le « livret ouvrier » et l’interdiction des grèves.
Les guerres interminables.
Bonaparte en avait assez du caractère belliqueux des Anglais. Il rêvait de débarquer sur l’île. Mais comment faire ? Il envisagea une double opération : d’abord rassembler une armée de débarquement imposante et éloigner la flotte anglaise pendant au moins six heures, le temps de faire travers la Manche à ses troupes. C’est ainsi qu’au camp de Boulogne furent concentrés 150 000 hommes (cinq ans de service militaire, ça aide !). Ses bateaux étant bloqués dans les ports par la flotte anglaise, il ordonna à Villeneuve qui commandait la flotte de Méditerranée de faire une manœuvre de diversion. Mais Nelson ne tomba pas dans le piège qui lui était tendu. Le Français, au lieu de se réfugier dans la rade de Brest, préféra prudemment rejoindre Cadix. Ayant reçu l’ordre de Napoléon, furieux, de venir à Brest, il prit la mer le 21 octobre 1805 et ce fut… Trafalgar. Une déroute avec un lot de consolation : Nelson y trouva la mort quand la France perdait le tiers de sa flotte. Les Anglais gardaient la maîtrise des mers. Il fallut abandonner le projet d’invasion.
Par contre sur le continent, les victoires s’enchaînaient contre la troisième coalition : Ulm, Austerlitz, Iéna. Napoléon imposa le « blocus continental ». Il faut savoir que deux mois avant les hostilités, il avait dicté un plan de campagne : on reste confondu, encore aujourd’hui de voir comment ces plans furent systématiquement réalisés, les batailles livrées et les dates presque respectées selon ses prévisions. Mais, sans nul doute, la plus prestigieuse victoire et la plus géniale dans sa manœuvre fut celle d’Austerlitz, utilisant le brouillard puis le fameux soleil qui apparut au moment primordial,. Inutile d’entrer dans les détails. Il suffit de dire qu’elle eut lieu un an jour pour jour après le sacre ! La plus belle manière pour fêter un tel anniversaire. « Soldats, je suis content de vous. Mon peuple vous reverra avec joie, il vous suffira de dire : j’étais à Austerlitz pour que l’on vous réponde : voilà un brave ! » Détail : les canons pris à l’ennemi servirent à fondre la colonne Vendôme. L’Empereur d’Autriche signa la paix de Presbourg…
Mais Napoléon allait devoir faire face à la quatrième coalition. Là encore, son génie tactique lui permit d’écraser la Prusse, le 14 octobre 1806 à Iéna pendant que Davout, à Auerstaedt, rencontrait le gros de l’armée prussienne qui se débanda. Contre les Russes, la bataille d’Eylau fut une effroyable boucherie, mais les Français restèrent maîtres du terrain. Ce fut la paix de Tilsitt. Sur un radeau installé au milieu du Niemen, le 25 juin 1807, Napoléon et le tsar Alexandre Ier pouvaient décider du sort du monde. Le maître de la Russie était las de la guerre et outré par la politique des Anglais qui ne faisaient aucun effort pour constituer une armée terrestre. La paix fut signée le 8 juillet.
Napoléon est au sommet de sa gloire.
A suivre : l’Empire continental et la chute.
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