HISTOIRE
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PLUS VERTUEUX, TU MEURS !

                                            Guillotine

La morale en vient toujours à se transformer en exigence inquisitoriale. C’est le degré qui vient d’être franchi par la « Blanchette du Poitou ». Avec elle Rousseau se transforme en Robespierre et la vertu devient rapidement « terreur ». D’ailleurs on y est : la guerre qui est menée actuellement relève de la terreur intellectuelle « égalitariste », l’insulte et l’invective à la bouche en permanence. Les Ministres doivent vivre comme des smicards, le Président baisser sa solde (pas tout à fait 20 000 €, quand une présentatrice de JT en gagne 70 000..), bref, la guillotine n’est plus loin ! Depuis 1794 on sait que la vertu mise en exergue peut tuer.

Pourtant Nietzsche nous a expliqué que la vertu est fille du ressentiment, l’égalité celle du désir de vengeance et les rêves de pureté sont motivés par la rage de détruire… Le parallèle est saisissant. Comment alors rendre la République irréprochable ? Cela devient évidemment difficile quand on épingle un ministre pour son logement, une ancienne ministre pour son cumul de salaires et un autre pour ses factures de cigares.  Est-ce le bon moyen ? Face à ces révélations il est légitime d’éprouver des sentiments « partagés » et l’idée de distribuer des coups de pieds au « chose » traversent l’esprit. Et j’ajouterais qu’il est indispensable que des journalistes enquêtent, mettent en lumière les abus ou les dossiers que certains voudraient cacher. Le problème c’est qu’on peut douter de l’honnêteté ou du discernement qui président à ces déballages. De la transparence et la rigueur à la déliquescence et au populisme, il n’y a qu’un pas.

Tout cela pour en arriver au faux débat que la gauche essaie de prolonger en déposant un projet de loi sur l’impossibilité de cumuler un poste de ministre avec celui de trésorier d’un parti. C’est toujours Eric Woerth qui est visé. Faux débat parce que le financement de la vie politique dans notre pays est aujourd’hui encadré, surveillé, contrôlé, sanctionné sans laisser la place à la moindre dérive. A tel point que l’on peut se demander quelle complaisance les excellents « donateurs » pouvaient attendre en échange de 7500€, somme plafonnée par la loi ! Le comique le dispute à l’ubuesque. Mais plus c’est gros, plus ça passe. Les élus socialistes savent bien, et l’ancienne candidate autant que les autres, notamment sur l’ISF, que le patrimoine, les comptes de campagne, sont passés au peigne fin, et qu’il n’y a aucune place laissée à l’improvisation dans le financement d’une campagne électorale. Cela fait du pseudo dilemme éthique reproché au Ministre du Travail un conflit sans intérêt et ne mérite en aucun cas de légiférer, une fois de plus.

Les socialistes jouent avec le feu. « Jeu indigne » a dit François Fillon. Je partage son avis.

 

 


DES WOERTH ET DES PAS MûRS

                                      Fortune_100


Les procureurs de gauche continuent de se déchaîner contre Eric Woerth, directement ou indirectement, en multipliant les fronts, se complaisant dans les amalgames de bas étages, les raccourcis provocateurs, les accusations gratuites, les sous-entendus sordides : tout y passe. Il faut dire que le mot argent les fait bouillir, alors le mot « fortune », c’est tout de suite le délire…

On en oublierait presque qu’une réforme essentielle est sur la table, ce qui tendrait à prouver que la gauche est plus occupée à pourrir le climat politique, que préoccupée de ce qui est utile à l’avenir des Français. Il est vrai que les propositions du PS sur la réforme des retraites concèdent plus à la démagogie fiscale qu’au réalisme.

Mais quand j’entends Noël Mamère, ce Fouquier-Tinville de brocante, utiliser le mot « voyou », quand je vois le spectacle de députés déchaînés transformant l’hémicycle en classe de potaches boutonneux, j’ai envie de dire à tous ces donneurs de leçons, Cahuzac et compagnie, qu’ils feraient bien d’être plus prudents, parce qu’ils ont la mémoire courte et parce que dans ce bas-monde, un retour de boomerang n’est jamais impossible, surtout avec les médias électroniques incontrôlables que nous avons.

La « gauche hystérique » mène une guerre de principes et de pseudo-morale qui vise à déplacer, par un harcèlement continuel, le champ d’affrontement du terrain de la réforme, où elle est peu à l’aise, à celui de la culpabilisation sociale où elle excelle à faire prendre des vessies pour des lanternes. La violence verbale finira bien par se retourner contre elle, quand l’opinion redécouvrira que derrière les « procureurs » se cachent des individus qui n’ont rien de parangons de vertu.

En attendant, devant une telle attitude d’irresponsabilité, on peut regretter de lui avoir concédé la présidence de la commission des finances à l’Assemblée nationale. La Majorité fera bien de rester soudée dans cette affaire, sans pousser de hauts cris, mais solidement.

C’est du moins ce qu’on attend d’elle : esprit de responsabilité et maturité. Tout le contraire des autres, quoi !

Les chiens aboient, la caravane passe....


PENIBILITE : TERRAIN MINE

 

La prise en compte de la pénibilité du travail par le système de retraite se heurte à des obstacles de définition, d’évaluation et d’évolution. C’est bien pour cela qu’aucun pays de l’OCDE ne s’est engagé dans une telle voie. En France nous nos heurtons à un fantasme syndical qui en fait un cheval de bataille, faute de pouvoir l’emporter sur le débat anachronique de l’âge de départ et de la durée de cotisation.

Deux raisons au moins font de ce débat un faux débat. D’abord, il y a quelque chose d’immoral à concevoir un système qui préférerait payer pour compenser une espérance de vie réduite plutôt que d’investir dans la prévention pour éviter que cela se produise. Qui plus est au travers d’un système qui s’appuierait sur la présomption et non sur la constatation. On imagine les dégâts dans le temps : c’est refaire le coup de la retraite à 50 ans du cheminot sur machine à vapeur qui se perpétue encore aujourd’hui alors que les conditions de travail n’ont plus rien de comparable. Mais ce qui est gravé dans le marbre. …. … Imaginons un seul instant quel impact aurait sur l’embauche une liste de métiers qui ouvriraient droit à une retraite anticipée pour « pénibilité ».

Ensuite, il y a une raison pratique : les causes d’une réduction de l’espérance de vie ne sont pas forcément de nature professionnelle seulement ; les origines peuvent être multiples, telles que le cadre, le mode et l’hygiène de vie, qui peuvent avoir un impact déterminant. Et une liste de critère comme celle qui a été définie par les partenaires sociaux (exposition aux substances cancérigènes, travail posté, travail de nuit…) ne règle rien car il peut y avoir de nouveaux facteurs qui apparaissent comme ceux liés à la fragilité mentale et autres…

C’est pourquoi le gouvernement a choisi la prudence en abordant le problème sous le seul angle maitrisable celui qui constate que la pénibilité est médicalement avérée, au cas par cas, qui est la logique d’indemnisation de l’invalidité en cors dans tous les pays de l’OCDE.

Cela ne satisfait pas les syndicats qui depuis longtemps assimilent les dispositifs de départs anticipés à une forme de « réparation » de la pénibilité et qui voudrait étendre le principe à une reconnaissance spécifique pour les salariés ayant été exposés à des métiers dangereux ou dégradants pour la santé, dans une prise en compte collective. On sait ce que cela a donné avec les régimes spéciaux !

Avec le déni de l’impact démographique, on est dans une surenchère surréaliste alors que la priorité est de sauver le système de retraite par répartition déjà en partie au fond du gouffre.

A tel point que certains se demandent légitimement, si ce n’est pas une injustice de plus qu’on veut faire subir aux générations qui nous suivent et qui auront à la payer.

 

 


CROISSANCE ET RIGUEUR

 


On a l’habitude de penser dans notre pays imprégné de sociale-démocratie keynésienne et d’Etat-providence, que le salut de la crise viendra de la relance de la consommation en soutenant à coups de dépenses publiques le pouvoir d’achat des consommateurs.  Pourtant, en France, on devrait savoir que trente ans de déficits et de dette n’ont pas apporté plus de croissance, bien au contraire.

D’ailleurs nous sommes arrivés au point que la priorité est maintenant de réduire la dette publique en commençant par le déficit du budget de l’Etat. Il n’y a pas trente-six manières de procéder. Soit on augmente les impôts, ça c’est la gauche ; soit on diminue les dépenses, ça c’est la droite. Au pire, on combine les deux : c’est la rigueur ! Avec le risque, croit-on de casser la croissance. C’est ce qui avait été observé dans les années trente, et ce scénario hante de nombreux esprits. Pas celui de David Cameron, de toute évidence, puisqu’il vient de décréter pour son pays une cure drastique avec hausse de la TVA de 2,5 points, gel des salaires des fonctionnaires,… bref, trois-quarts des efforts  proviendront des coupes dans les dépenses plutôt que de la hausse des prélèvements. Et il a la certitude qu’il s’agit de la seule manière de relancer durablement l’activité économique.

L’audace d’une telle rigueur qui tourne le dos aux schémas habituels s’appuie sur des observations de ce qui s’est passé en Suède, au Danemark et en Finlande qui ont brutalement serré la vis budgétaire dans les années 80-90, et la croissance est repartie ! Dans ces pays, les économistes ont identifié deux facteurs de réussite : d’une part le gouvernement doit s’inscrire dans un horizon de moyen terme, avec des programmes de plusieurs années et des règles d’équilibre ; d’autre part il est apparu plus efficace de réduire les dépenses publiques que d’augmenter les impôts, à la fois pour soutenir la croissance et obtenir des effets durables.

Il se trouve que le contexte en Europe est favorable à de telles politiques. D’abord ce type de politique est plus facile quand le reste du monde va bien et c’est le cas avec la Chine, les pays émergents et le redémarrage des Etats-Unis qui tirent la croissance mondiale. Ensuite ça se passe mieux avec une dévaluation importante et justement la baisse de l’Euro de près de 20% apporte de l’air monétaire qui compense le resserrement du budget. Voilà pourquoi l’Allemagne a fait le choix de l’assainissement et aussi pourquoi le gouvernement Fillon s’inscrit progressivement dans le même dessein. Cela s’appelle la « contraction budgétaire expansionniste ».

On voit tout de suite que les schémas de la gauche son archi-dépassés et quel mal ils feraient : la glissade vers une situation à la Grecque… Reste que le gouvernement devra intensifier ses efforts de réduction des dépenses et le rabotage des niches fiscales s’avérera rapidement très insuffisant pour trouver les 100 milliards prévus dans les trois prochaines années.

 

 


LE TOUR D’HORIZON D’ARCHIBALD

 

SAUT DANS L’ETERNITE. Le Général Bigeard a fait son dernier saut. Pour une descente éternelle sans parachute. Il a choisi le 18 juin pour être sûr qu’on s’en souvienne. Le héros de Dien Bien Phu et le vainqueur de la bataille d’Alger aura attendu d’avoir 94 ans pour tirer sa révérence. Ce soldat pour qui le mot honneur avait encore un sens n’avait pas sa langue dans sa poche et sa faconde était parfois « assassine » bien que jamais méchante. La France se souviendra. Garde à vous !

LE MUR DU çON. Il est franchi par Jérôme Cahuzac qui fait un amalgame entre l’individualisme des joueurs de l’équipe de France, leur argent et le modèle qui serait prôné par Nicolas Sarkozy. Faut le faire : celle-là il fallait y penser ! Moi j’aurais plutôt vu dans le naufrage auquel on a assisté une comparaison avec le congrès de Reims du PS. Mais on a les références qu’on se choisit, pas vrai ?

DARK VADOR S’AVANCE.  Le Galouzo a lancé son parti samedi dernier devant …quelques milliers de partisans. « République solidaire » : rien que le nom pue la démagogie et emprunte au vocabulaire de la gauche ce qui est normal, puisque sa cote de popularité est surtout le fait des gens de gauche comme celle de DSK se bâtit surtout parmi ceux de droite. Mais une éloquence pseudo gaullo-chiraquienne au contenu tramé d’antisarkozysme primaire, sans aucune idée nouvelle à proposer, ne suffit pas pour conquérir des électeurs. La motivation, on la connaît et elle est double : une ambition personnelle démesurée et une haine féroce de l’actuel président qui ne date pas d’hier et dont l’affaire « clearstream » n’est qu’un épisode. Autrement dit, c’est une machine à perdre. Il a beau être un passionné de Napoléon, cela ne lui donne aucune légitimité. Autrement dit Villepin c’est « Bayrou empire ».

OUF !  C’est enfin terminé, le miracle n’a pas eu lieu et c’est bien mieux comme ça. L’équipe de France doit maintenant se faire oublier. Rétrospectivement, quand on y repense, la « main » qualificatrice n’était pas la « main de dieu » mais celle du « diable ». Allez, aux oubliettes de l’histoire ! (si c’est possible)

MARECAGE. Tout est bon pour traîner dans la boue et accuser sans preuve en clouant au pilori devant l’opinion. Amalgames, mélange d’affaires, suspicion, tout est bon pour s’attaquer au pouvoir. C’est Eric Woerth qui en fait les frais aujourd’hui. Si les cigares de M. Blanc sont choquants, le procès qui est intenté au Ministre du Travail sent la manœuvre politicienne de bas étage pour tenter d’enrayer la réforme des retraites qu’il mène avec bon sens et habileté. Tous ces déballages dont l’internet sans filtre est le vecteur finiront par tuer la démocratie. Et alors on verra des dictateurs qui ne se gêneront pas pour museler ce pouvoir occulte sans le moindre état d’âme au nom de l’éducation du peuple.

SUGGESTION. Le Canard toujours si prompt à débusquer des « affaires » à droite devrait enquêter un peu sur l’autre bord et chercher à savoir combien de bouteilles de bourgogne rouge (le rouge est de Lille)… Mais non, Archibald, ne sombre pas dans le même délire que celui que tu dénonces.

TAXES. L’Angleterre, la France et l’Allemagne se sont mis d’accord pour créer une taxe coordonnée qui vise à mettre les banques à contribution à hauteur des risques qu'elles font peser sur le système financier et qui devrait rapporter plusieurs centaines de millions d’euros en 2011 au budget de l’Etat. L’étau se resserre progressivement pour tenter de réguler les activités risquées des banques. Quand la Chine ajoute une dose de réalisme en acceptant de réévaluer son yuan, on se dit que ce bas monde n’est pas si noir qu’on se mettait à le croire. Le G20 qui s’annonce, présidé par la France, pourrait donc être très productif.


FIASCO SUR ECRAN GEANT

                   Bleus
 

On attendait des aigles, on a eu des buses !

L’équipe de France de football s’est ridiculisée. Mais si ce n’était que ça, il y aurait de quoi rire… et on a plutôt envie de pleurer. Tout a été dit sur l’attitude des joueurs : scandaleuse, pitoyable, indigne ! Seulement au lieu de faire leur mea culpa, ils sont partis à la recherche de « traitres » qui auraient rapporté les insultes d’Anelka à la presse, comme si à l’heure du téléphone portable, on ne savait pas que tout ce qui se dit se sait aussitôt. Les « politiques » sont bien payés pour le savoir. La naïveté rejoint ici les sommets du cynisme. En refusant de s’entraîner pour protester contre une mesure d’exclusion qui est bien la moindre des choses, ils nous ont fait honte. Je ne regarderai pas le match de Mardi. Pour protester contre ces débordements d’une bande d’irresponsables trop gâtés par une fédération aveugle et qui n’ont rien à faire dans une compétition mondiale. Ils ne méritent pas le maillot qu'ils portent.

Au moins, ils auraient pu essayer de faire oublier les conditions peu glorieuses dans lesquelles ils s’étaient qualifiés en montrant qu’ils avaient leur place dans la coupe du Monde. C’est tout le contraire qui s’est passé. Nous avons trop vu une équipe sans jeu de fond, pousser mollement la "baballe".On a vu des joueurs retranchés sur eux-mêmes le casque sur les oreilles, certain jusqu'à faire "un doigt d'honneur" au journaliste à la recherche d'une interview... Leur « bunkérisation » cachait, on le sait maintenant, le malaise d’un groupe constitué de cocottes en mal d’égo se jalousant et incapables de constituer un vrai pack conquérant. Tout cela, on le voyait venir sans vouloir y croire. Il aurait fallu un miracle et le miracle n’a pas eu lieu. Quand on en arrive là, la faillite est collective, elle ne concerne pas que les joueurs, même s’ils en portent nécessairement une grande part, parce que la décision était au bout de leurs pieds durant les 180 mn de jeu de leurs deux matches.

De la coupe du monde 2010 on retiendra deux choses : le nom du pays vainqueur et le vaudeville du fiasco des Français !

Oui, comme le dit Roselyne Bachelot, « ils ont terni l’image de la France » et transformé le « rêve bleu en cauchemar ». Vivement que ça se termine !

 


L’HORIZON INDEPASSABLE

                                     De gaulle

Demain nous commémorerons le 70ème anniversaire de l’appel du 18 juin 1940. Le Général De Gaulle entrait dans l’Histoire. Aujourd’hui, il se dit que le gaullisme est périmé. Ce serait bien dommage, mais je ne le pense pas. Il suffit pour s’en convaincre d’observer le nombre de manifestations du souvenir qui ont déjà eu lieu et auront lieu demain. Nostalgie ? Non, en aucun cas. Il s’agit d’abord d’honorer celui qui a rendu son honneur à notre pays en lui permettant d’être aux côtés des alliés au moment de la capitulation de l’Allemagne nazie. Mais c’est aussi faire œuvre de mémoire : l’exemple du Général est porteur de nombreuses leçons dans tous les domaines, de la philosophie politique et à la vision géopolitique, de la réflexion sur la manière de gouverner à la conception de la république, de l’ascèse individuelle à l’effort collectif.

La France doit beaucoup au Général De Gaulle. Pas seulement pour son rôle incontournable pendant la guerre pour préserver les intérêts de notre patrie, coordonner la résistance intérieure, organiser les forces de l’empire et faire vivre la « France libre ». Nous lui devons les institutions de la Vème République et la fin de l’instabilité gouvernementale. Il a été le bon gestionnaire des années de croissance qu’il a fait fructifier en restaurant la valeur de notre monnaie. Il a été un habile décolonisateur en sachant anticiper les évolutions, même si le drame de l’Algérie aura été à la fois la cause de son retour et la source de malentendus et de violences. Enfin, nous lui devons la réconciliation franco-allemande et après avoir dit non à la CED (Communauté européenne de Défense), les bases solides de la construction de l’Europe.

Le général de Gaulle a laissé dans notre paysage politique une double trace : une filiation partisane à travers la diversité de ses sigles (du RPF à l’UNR, au RPR et à l'UMP), et une image consensuelle de héros national, transcendant les clivages idéologiques. Au fil des années, la deuxième empreinte a effacé la première : la référence politicienne « gaulliste » doit cohabiter avec le « mythe gaullien », que d’aucuns qui ont tant combattu le grand homme revendiquent aujourd’hui en s’y référant… quand cela les arrange.

L'historien britannique Sudhir Hazareesingh le définit ainsi : « l'image du Général, remarque-t-il, cumule toutes les formes d'exemplarité : libérateur de la patrie, père fondateur de la République, éducateur civique, protecteur de la nation avec en prime, une touche de martyr, à la suite de son départ du pouvoir en 1969. Une autre vertu de cette image est sa capacité à concilier les contraires, et donc de pouvoir servir de référence aux attitudes politiques les plus diverses : l'affirmation d'un pouvoir fort, mais aussi la rébellion contre l'ordre établi, le conservatisme et l'audace réformatrice, le culte intransigeant de la « grandeur » et l'adaptation opportuniste aux circonstances… » Tout est dit.

Si le souvenir du Général resurgit aujourd'hui, la véritable cause en est probablement la crise économique, qui exacerbe les tensions : quand s'aggrave la crainte des sacrifices à venir, on se raccroche à l'image du décideur puissant et impartial, porteur d'un projet réconciliateur. Le Président de la République l’a bien compris, lui dont les racines politiques puisent aux sources du « père fondateur ».

 


LA TERREUR EGALITARISTE


Cela fait déjà quelques mois que ça dure. Les dirigeants du Parti socialiste n’ont pas de mots assez durs pour commenter la politique du gouvernement et particulièrement quand il s’agit de Nicolas Sarkozy. J’avais déjà épinglé Benoit Hamon et Laurent Fabius sur le sujet. Pour ce dernier, il ferait bien de se mordre la langue, parce qu’il y aurait beaucoup de choses à dire à son sujet et sa carrière politique n’est pas sans taches. Martine Aubry a donné le ton dès sa prise de fonction de 1ère secrétaire dans les conditions que l’on sait. Elle abuse des jugements péremptoires et définitifs, assortis des adverbes « profondément » et « totalement »… On le sait, il n’y a qu’une vérité, celle du PS !

Alors bonjour les leçons de morale. Tout n’est qu’injustice, passe-droit, comportements immoraux dès lors qu’il s’agit de la « droite ». Le « Canard enchaîné », dont on connaît les méthodes depuis le livre de Karl Laske et Laurent Valdiguié,  sert de provocateur pour allumer les mèches que la mémère de Lille n’a plus qu’à allumer.  Il s’agit de faire croire aux Français qu’on est revenu au 19ème siècle et que les gros capitalistes, protégés par Nicolas, sont là pour s’en mettre plein les poches sur le dos de la pauvre classe ouvrière. Alors tout est bon pour dénoncer tout ce qui est injuste parce que ne respectant pas l’égalité. Il faut couper toutes les têtes qui dépassent ! Tant pis pour Michèle Alliot-Marie et Roselyne Bachelot qui doivent renoncer à leur retraite de parlementaire, tant pis pour Christine Boutin qui remplira sa mission bénévolement. Bientôt les Ministres devront prendre le métro et manger un sandwich à midi. Peut-être faudrait-il que le Président invite ses hôtes à venir le rencontrer à l’Elysée avec leur pique-nique ? Il faut de l’égalité partout. Dommage tout de même qu’elle ne s’applique pas à tout le monde, puisque 50% de nos polytechniciens sont issus de parents enseignants… de gauche. Drôle de bug !

Pourtant ces gens n’ont pas un passé qui plaide en leur faveur. Ils ont de la chance que les Français ont la mémoire courte. Ont-ils été aussi exemplaires quand ils avaient le pouvoir ? Oubliées la double vie de l’idole aux frais de la République, les écoutes illégales, les affaires obscures de financement comme celle du « Carrefour du développement ». A la trappe les suicides de Jean Edern-Hallier, de Grossouvre, de Bérégovoy, et le scandale du sang contaminé. Impasse sur l’entourloupe de la négociation des 35 heures… Sans parler des "primes de chaussures" votées quand la majorité était à gauche à l'Assemblée . Mais Martine Aubry ce soir fait encore très fort : le projet gouvernemental de réforme des retraites est « profondément injuste et totalement irresponsable ».  

Et si c’était elle qui est profondément ringarde et totalement Malhonnête (intellectuellement).

Face à ce discours de « terreur » sur l’injustice et l’égalité, qui n’est en rien fondé, il va bien falloir que l’on réponde. Il est grand temps que l’on fasse l’éloge de l’élitisme et le décompte de la justice sociale dans ce pays, en incluant tous les gaspillages qui la caractérise.



AH, LE FOOT, LE FOOT, LE FOOT …

                  Maillot foot


Difficile d’y échapper : dès que l’on tourne le bouton d’une radio ou d’une télé, on tombe soit sur un match, soit sur un résumé des derniers, force commentaires à l’appui. Au rythme du prestige des rencontres, les rues ou les bureaux se vident. La planète foot a envahi la planète Terre,  avec ses débats à quatre sous sur la composition des équipes, ses vouvouzellas qui vous mettent le bourdonnement d’un nid de frelon dans votre poste, ses thuriféraires de tout poil et ses procureurs de comptoirs…

Notre équipe nationale à défaut de briller sur les pelouses, est même un des sujets de prédilection et les « sorties » de notre entraîneur-sélectionneur donnent de la matière dramatique à ce qui ne devrait rester que du folklore sportif. Mais peut-on rester indifférent quand deux Ministres en viennent à se crêper le chignon parce que l’une a fait des remarques frappées au coin du bon sens mais jugées à juste titre inopportunes par sa Ministre de tutelle. Le problème c’est que les deux ont raison en même temps.

La plus jeune, Rama Yade, a eu le malheur de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : nos joueurs logent dans des chambres à 600€ la nuit ce qui pour le peuple des smicards peut paraître proprement scandaleux. Rama Yade n’a fait que mettre le doigt sur la plaie d’un sport devenu hypertrophique dans les revenus qu’il génère et les salaires qu’il dispense. Notre défaite face à la Chine puis la modeste prestation de son premier match de coupe du Monde ne font que renforcer le décalage entre le doute qui s’installe et le luxe de leur installation. Rappelons tout de même que le football est une affaire privée financée par une Ligue nationale qui dispose d’un gros budget et que le contribuable n’est en rien sollicité. Cela n’atténue pas le paradoxe mais au moins on ne pourra pas y ajouter l’amertume de voir de l’argent public s’évaporer dans cette machine infernale.

Notre Ministre expérimentée ne l’a pas entendu de cette oreille : nous devons tous être derrière notre équipe nationale pour l’encourager. Roselyne Bachelot est dans son rôle. Inutile d’en rajouter, il ne faut pas que nos joueurs soient démoralisés alors qu’ils ont peut-être déjà le moral dans les chaussettes. Mais qui y croit en France ? Notre exercice de soutien pourrait bien n’être que de la méthode Coué. D’ailleurs le public français n’a pas l’air de nourrir d’excessives illusions sur le sort de notre dream-team. La meilleure manière de résoudre le problème et de mettre tout le monde d’accord serait que nos vedettes nationales se mettent à courir un peu plus après le ballon et remportent une belle et brillante victoire contre le Mexique. On peut croiser les doigts.  Même si le bonheur qu’elle procurerait et l’hypertrophie du football qui l’accompagnerait inévitablement relèvent des paradis artificiels.

Le foot peut nous distraire, il ne résoudra pas nos problèmes.

 


ENFIN, L'ECLAIRCIE ?

Les nouvelles économiques qui tombent constituent une éclaircie dans ce climat sombre où les marchés entretiennent l'incertitude, si ce n'est l'inverse. D'abord, en France l'emploi salarié a enfin redémarré, ce qui prouve que les mesures de soutien à l'économie n'auront pas été vaines. Pour le troisième mois consécutif, la production industrielle augmente, et c'est un secteur clé qui détermine beaucoup de paramètres sociaux. Les nouvelles en provenance des Etats-Unis, toujours capitales, sont bonnes ce qui a permis un rebond des bourses hier. Voilà un contexte qui va permettre d'avaler avec un peu plus d'optimisme, l'avalanche de déficits constatés qui nous a été infligée depuis quelques jours.

Mais cette éclaircie sera-t-elle durable ? La croissance chinoise, comme d'habitude, tire l'économie mondiale, secondée par celle, plus inégale des pays émergents. Mais l'intérêt pour nous c'est de faire redémarrer l'Europe. Et c'est là que le débat entre politiques de rigueur et maintien des déficits publics pour soutenir la croissance prend tout son sens. C'est un difficile équilibre à trouver dans ce paysage où les dettes souveraines ont pris tant d'ampleur. La prudence est de mise et la vérité se trouve probablement comme il se doit, dans un juste milieu entre dispositifs d'assainissement qu'il faut amorcer et retrait progressif des soutiens au marché au fur et à mesure que la demande privée prend le relais. A cet égard, la ligne que suit François Fillon est probablement la meilleure possible.

La chance, c'est que l'Euro a retrouvé une valeur compatible avec l'économie européenne et la dévaluation de fait de 20% (par rapport au dollar) des dernières semaines, alors que les prix du pétrole restent plutôt sages, est une aubaine qui apporte un oxygène bienvenu en facilitant nos exportations.

C'est à l'automne qu'on sera vraiment fixé. D'ici là on croise les doigts. Car, pour tenir ses engagements vis-à-vis de Bruxelles il faut trouver 25 milliards d'économies dès cette année. Justement, le déficit du budget de l'Etat s'annonce beaucoup moins important que l'année dernière à la même époque...




MERKEL-SARKO : LE TANDEM DE TOUTE FACON.

Ils n'ont pas le même tempérament. Ils ne sont pas dans le même contexte national ni électoral. L'Allemande reste horrifiée par tout déséquilibre budgétaire et toute tendance inflationniste : reste de culture des années trente. Le Français doit gérer une dette dont il a hérité et que la crise a gonflée sans qu'il ait eu d'autre choix et ses efforts vertueux apparaissent dérisoires au regard de l'ampleur des déficits. L'une sort d'élections qu'elle a gagnée mais doit gérer une coalition compliquée. L'autre doit faire avec une élection qui se rapproche déjà à grands pas et une opposition plus démagogique que jamais. L'une avance comme un vieux diesel et a besoin de temps de réflexion, l'autre réagit au quart de tour comme un coupé sport et voudrait souvent avancer plus vite que la musique. Alors, forcément il y a des à-coups dans les relations. Surtout quand les réticences de l'Allemagne font perdre un temps précieux et alourdissent la facture comme dans le cas du traitement de la dette grecque.

Alors, peuvent-ils s'entendre ? En vérité, ils n'ont pas le choix : ils sont condamnés à s'entendre, car le couple franco-allemand est le moteur de l'Europe et l'un comme l'autre savent qu'il sont le ciment de l'Euro. Aucun des deux ne prendra jamais la responsabilité d'une crise majeure. D'ailleurs, après le report du rendez-vous de lundi, les deux protagonistes nous gratifient aujourd'hui d'une position commune sur la nécessité d'encadrer la spéculation.

Et pendant ce temps, les grands argentiers prennent des décisions qui font avancer la gouvernance de la zone Euro comme on n'aurait jamais oser l'imaginer : échange sur les paramètres des budgets nationaux, mise au point des modalités du fond d'intervention... Cela ne peut pas se faire sans l'accord des deux grands fondateurs de l'Union.

Alors, ce que les médias présentent comme des mauvaises relations dans le couple Merkel-Sarko, n'est en fait que l'écume d'une situation qui met à rude épreuve les agendas de nos gouvernants. Le report de la rencontre fait partie des choses. L'important c'est qu'elle ait lieu avant le prochain sommet européen. Et je ne doute pas un seul instant que la complémentarité de nos deux grands pays débouche sur un accord de fond, un compromis entre la nécessaire rigueur que l'Allemagne met en oeuvre, et la non-moins nécessaire obligation française de continuer à soutenir le moteur de la consommation au moment où celui des exportations, boosté par la baisse de l'Euro, redémarre, ... si on veut atteindre les objectifs de croissance.




LA CHINE VA-T-ELLE SI BIEN ?

Au moment où l'Europe connaît des difficultés de gouvernance et hésite entre austérité accrue et maintien de la relance par la consommation, la Chine semble à nouveau tirer la croissance mondiale, accompagnée par les pays "émergents".

Si notre sous-continent tend à devenir le ventre mou de la reprise mondiale, plombé par la pression qu'exerce les marchés sur les pays "surendettés", la Chine n'en présente pas moins des signes inquiétants de faiblesse qui devraient apparaître au grand jour à plus ou moins long terme. Ce qui fait dire aux Cassandre de l'économie mondiale, que la crise est encore devant nous. Peut-être n'ont-ils pas complètement tord.

Shanghaï nous éblouit. L'envers du décor n'est pas aussi brillant. D'abord parce que, malgré la reprise, la chute des exportations vers les Etats-unis et l'Europe est vertigineuse, ensuite parce que la Chine reste un anti-modèle économique sur le plan industriel et enfin parce qu'elle peine à substituer à la demande extérieure défaillante une véritable consommation intérieure. Et je n'aborderai pas les déséquilibres de développement très forts entre les différentes provinces, avec les conséquences sociales que l'on peut imaginer. A la campagne ou à la ville, les conditions de vie de la majorité des Chinois font, par comparaison, du monde décrit par Zola un paradis.

Entre 2008 et 2009, les importations des Etats-Unis ont chuté de 23% à 1 956 milliards de dollars. La Chine qui est l'un de ses principaux fournisseurs a forcément été touchée. Tout comme elle a été touchée par les baisses des importations de l'ensemble des pays occidentaux. Entre 2004 et 2007, la croissance moyenne des exportations chinoises en valeur a été de 72%. En 2008, ce chiffre est tombé à 3%. On ne sait pas encore pour 2009 mais ce qui est certain c'est qu'elle n'a sans doute pas retrouvé le rythme des années précédentes.

C'est un monstre industriel où l'efficacité n'est pas la première préoccupation (communisme oblige). En 2004 déjà, la Chine utilisait près de deux fois plus d'équivalent pétrole pour générer 1 000 dollars de PIB que d'autres pays exportateurs comme l'Allemagne ou le Japon. Et l'efficacité industrielle chinoise ne semble pas s'être améliorée avec le temps. L'une des raisons à cette gabegie serait liée à la façon dont l'énergie est facturée en Chine, les prix étant inférieurs pour ceux qui en utilisent toujours de plus en plus, il revient donc moins cher d'en consommer le double, quitte à en gâcher la moitié. Elle est même l'empire mondial du gaspillage. L'analyse de produits "évolués" comme l'aluminium en est un exemple emblématique : le pays produit autant de kilos d'aluminium par habitant que les Etats-Unis, tout en affichant un PIB par tête huit fois inférieur. Sur les 15 millions de tonnes d'aluminium produites par la Chine, 1,5 million ne sont pas utilisées, ce qui représente la capacité de production totale du Brésil et de l'Inde additionnés. Un paradoxe et une mine d'or si elle veut lutter contre le réchauffement climatique.

Enfin, à en croire les officiels chinois, le pays est en train de créer une classe moyenne apte à consommer et à prendre le relai des exportations. C'est loin d'être certain. Depuis les premières réformes au début des années 80, le rapport entre les dépenses de consommation et le PIB n'a cessé de baisser, pour atteindre son plus bas en 2008, année où la consommation chinoise représentait 10 000 milliards de yuans, soit 1 464 milliards de dollars. Son rythme de croissance est d'environ 15% par an, soit quelque 219 milliards de dollars de plus en 2009. C'est moitié moins que la baisse des importations des seuls Etats-Unis l'an dernier. Par ailleurs, la propension à consommer s'étiole en Chine. Selon les calculs de la banque Nomura, les 20% les plus riches consommaient 93% de leurs revenus en 1985 et seulement 67% en 2007. Et la masse monétaire chinoise, c'est-à-dire l'ensemble des valeurs du pays susceptibles d'être converties en liquidités, n'a cessé d'augmenter. Rien d'étonnant pour un pays toujours en forte croissance. Mais ses dettes extérieures ont également augmenté alors que ses devises disponibles ne croissaient pas aussi rapidement. La conséquence est simple : la Chine ne dispose pas de réserves monétaires (exprimées en dollars, en euros) aussi importantes que son gouvernement veut bien le dire lorsqu'on les compare à la masse monétaire additionnée aux dettes extérieures.

On comprend pourquoi les Chinois voient d'un très mauvais oeil le projet de l'Europe d'instaurer une taxe carbone à ses frontières et pourquoi ils ne veulent surtout pas réévaluer leur monnaie.




ARCHIBALD EN VACANCES

CONTE. On n' pas rêvé : Martine Aubry a bien insulté Nicolas Sarkozy en le comparant à l'escroc Madoff. Tenez-vous bien, les réactions qu'elle a suscitées à droite ne sont ni plus ni moins qu'à inscrire au martyrologue de la patronne du PS. Selon le pittbull de service, l'ineffable Hamon (pauvre ami), elle serait même victime de harcèlement. Une manière un peu cynique d'inverser les rôles. Un conte à dormir debout.

AUTRE CONTE. Un autre feuilleton à suivre. Il faut dire que la gauche a l'art et la manière d'allumer des contre-feux : à peine a-t-on osé toucher à l'idole Mitterrand, qu'aussitôt on détourne l'attention de l'opinion en publiant une information (sans preuve, évidemment) selon laquelle Nicolas Sarkozy serait impliqué dans la nébuleuse affaire qui aurait conduit à l'attentat de Karachi. Un tour de passe-passe en quelque sorte.

DONNEUR DE LECON. Ah Jacques Auxiette ! L'inénarrable patron de la Région des Pays de la Loire s'est répandu récemment dans un grand quotidien contre la réforme des collectivités à coups de mensonges, de contre-vérités et de procès d'intention. Peu importe, plus c'est gros, plus ça passe. Mais ce sont les procédés habituels. Il oublie simplement de dire la vérité : son conservatisme forcené hostile à toute modernisation de notre pays... qui en a pourtant bien besoin.

AUGMENTER L'IMPOT. C'est ce que nous promet l'agglo d'Angers pour financer ses projets à partir de l'an prochain, au prétexte que les dotations de l'Etat vont diminuer. On songe donc a créer un impôt pour alimenter les caisses. D'abord, cela reste à prouver, car la taxe professionnelle sera belle et bien compensée. Mais pas question d'ajuster les investissements aux recettes existantes comme il serait raisonnable de le faire par ces temps difficiles d'argent public rare : puiser dans la poche du contribuable est tellement plus confortable. Ce n'est pas une attitude responsable. Nul doute que les citoyens s'organiseront pour lutter contre cette intention.

POLICE. Certain maire que je ne nommerai pas profite de la mort d'une jeune policière municipale pour stigmatiser le manque d'effectifs de la police nationale à sa disposition. J'ai envie de lui dire qu'il est bien normal que les maires qui construisent à tout va et entassent les populations doivent en payer le prix. Ce n'est pas au contribuable national de financer les conséquences de leur aveuglement urbanistique qui débouchent inévitablement sur l'insécurité et la violence. Qu'ils assument leur politique en se dotant à leurs frais des moyens nécessaires.

COURSE. Le calendrier de la présidentielle se précise à gauche. Ils ont trouvé le moyen de prévoir un lancement des opérations quand DSK sera en plein G20, il faut le faire quand même ! C'est l'unité dans la fraternité avec comme slogan : je t'aime, moi non plus. En tendant l'oreille on entend déjà le bruissement des lames sur les lanières de cuir qui servent à aiguiser les couteaux. Le bal des prétendants va bientôt commencer...



QUELQUES COMMENTAIRES CROISES

Du débat de "Mots Croisés" de l'autre soir, sur les retraites, je retiens quelques arguments développés au cours des échanges.

De Philippe Manière, l'économiste, qui a rappelé avec pertinence que l'augmentation de l'imposition des gens fortunés ne rapporte jamais ce qui est espéré, ceux-ci ayant, plus que d'autres, les moyens de délocaliser leurs revenus. Il a pris l'exemple très convaincant emprunté à l'histoire économique américaine, à savoir que la contribution des plus riches aux dépenses publiques est toujours plus forte quand les impôts qu'ils paient sont bas que lorsqu'ils en paient davantage. Une illustration du principe : l'impôt tue l'impôt. Il n'a pas manqué de souligner que si la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu a été ramenée en France à 40%, il n'en reste pas moins que le prélèvement effectif atteint 55%, à cause de l'impôt marginal (CSG, etc...).

J'ai bien aimé aussi l'argumentation de Jacques Chérèque à propos de la participation collective par l'impôt au financement des retraites, qui est pourtant un système contributif dans lequel il ne devrait pas intervenir. Le creusement du déficit est en grande partie dû à la crise par la chute des recettes liées au chômage, dont les salariés ne sont pas responsables. Leur demander de combler le trou ce serait la double punition. Imparable. L'effort collectif vu comme cela est justifié. Son approche de la participation des actuels retraités au financement est aussi frappée au coin du bon sens : si l'on doit augmenter leur cotisation, ce serait plus logique que ce soit pour le financement de la dépendance qui les concerne au premier chef. Logique !

Par contre, il est apparu combien l'UMP est coincée dans ses propositions : soit Xavier Bertrand dévoile des positions originales, on soulignera tout de suite le hiatus avec le cadre fixé par Eric Woerth, soit elles sont dans le droit fil et il ne peut rien dire au risque de courtcircuiter le travail du Ministre. Dans les deux cas, il met le gouvernement en position de faiblesse dans la concertation. Aussi le Secrétaire Général était-il sur la réserve et dans la position peu confortable du sphinx, obligé de noyer le poisson à chaque question un peu précise et embarrassante. Il est dommage que le parti présidentiel soit à ce point mis sous tutelle et dans l'incapacité d'émettre des pistes nouvelles. Il n'est pas seul responsable. L'exploitation qu'en feraient les médias y contribue grandement. Mais le débat y perd.




Comment ça "Au-dessus de nos moyens" ?


On n'arrête pas de nous répéter que les Français, les Italiens, les Portugais, les Espagnols... vivent au-dessus de leurs moyens. Mais comment les opinions peuvent-elles comprendre ce jugement ? Il y a en France, huit à dix millions de personnes dont le niveau de vie se situe au-dessous du seuil de pauvreté et elles n'ont sûrement pas l'impression de jeter l'argent par les fenêtres. Ce qui est en cause c'est l'affaiblissement économique de notre pays, et le déclin de l'Europe pour élargir le propos, avec le chômage, des retraites prématurées, une semaine de travail trop courte, qui ne permettent plus de verser aux plus démunis les aides financières qui les aident à survivre.

Les Grecs sont un bon exemple : avec une retraite à 53 ans dont ils ne se sont jamais demandé qui la payait, un travail au noir très répandu, une évasion fiscale érigée en sport national. Les riches n'ont certes pas montré l'exemple, mais ce ne sont pas eux qui travaillent sans se déclarer et ne paient ni taxes ni cotisations sociales... Les responsabilités sont bien partagées.

Vivre au-dessus de ses moyens, c'est terminer l'année avec un budget de l'Etat en déficit de 150 milliards d'euros. Si c'était exceptionnel, ce ne serait pas grave. Mais l'événement dure maintenant depuis trente ans et ne fait que croître et embellir. Et encore a-t-on un gouvernement qui tente d'enrayer depuis trois ans la spirale infernale malgré les effets incontournables de la crise. La dette supprime toute marge de manoeuvre et la pression internationale va maintenant nous imposer des efforts de rigueur au risque de sombrer complètement.

On a fait du budget de l'Etat le dernier recours et il est devenu le tonneau des Danaïdes. Les entreprises se déchargent des plus de 55 ans trop coûteux : hop, elles les envoient émarger aux régimes de retraites qui ne perçoivent plus les cotisations de personnes qui pourraient continuer à en payer et doivent leur verser des pensions. La demande sociale de santé est énorme, aggravée par le vieillissement et tout effort de compression des coûts est accueilli par des clameurs scandalisées. Les soignants qui ne connaissent que leur vocation méprisent les discussions d'argent et s'opposent à tout mouvement logique de rationalisation... Le gouvernement refuse de reconduire les mesures spéciales prises pour atténuer les effets de la crise et il se heurte aussitôt aux cris indignés de la gauche (dont l'inconséquence n'empêche pourtant pas à l'accuser ensuite de mauvaise gestion en creusant les déficits). Tous ces gens sont bien gentils et ont probablement raison, encore faut-il que l'intendance suive, et elle ne suit plus depuis bien longtemps.

Le gouvernement n'a plus le choix. Celui d'aujourd'hui ou un autre. On peut faire croire tout ce qu'on veut pour des raisons électorales, la vérité c'est qu'on ne s'en sortira pas sans efforts, probablement plus d'impôts, sûrement plus de travail, vraisemblablement moins de dépenses sociales. La réduction des déficits publics devient une donnée majeure du débat, en sachant qu'aucun levier pour la résoudre n'est neutre. Une coordination européenne en la matière serait la bienvenue.