HISTOIRE

CONTES ET MECOMPTES D’APOTHICAIRE

Sapin

 

« On  est  sérieux ! » clame Sapin-les-bas-roses.  Vraiment ?

Son projet de budget n’a dupé  personne tant les ficelles et la cavalerie utilisées sont grosses.  On a  bien retenu le déficit de 70 milliards d’€ et le niveau d’endettement de la France à plus de 2 170 milliards, 98,4% du Pib.  Une progression de 300 milliards depuis 2012. Un sérieux échec pour celui (Hollande) qui  avait promis de ramener l’endettement à 83,4% du Pib en 2016. Et le rythme n’est pas  bon du tout : 31 milliards d’endettement supplémentaire rien qu’au 2ème trimestre de cette année ! A ce rythme-là  …  Et on a bien noté les dépenses laissées aux successeurs : près de 13 milliards  de dépenses décalées, rien que pour l’Etat, auxquelles il faudra ajouter 4 milliards pour la recapitalisation d’EDF et 3 milliards pour Areva.  Ce qui fait déjà 20 milliards d’héritage ! Et encore aujourd’hui, l’Etat  commande des rames TGV pour sauver le site de Belfort d’Alstom pour … 500 millions d’€ !  Allons-y follement puisque le débit est différé !

Toutes ces dépenses et la gabegie à laquelle elles président font peser une lourde menace sur les  possibilités de commencer le redressement du pays dès le début de l’alternance. C’est  ce qui s’appelle « plomber » la succession. Serait-ce la vengeance machiavélique  de celui qui nous gouverne, ulcéré de voir ses électeurs le fuir ? En effet, comme ils n’ont plus d’espoir de voir un des leurs figurer au second tour de l’élection présidentielle, les socialos aimeraient faire élire Juppé.

Ils ont touché le fond et creusent encore !

J’allais oublier : le Conseil Constitutionnel a retoqué « la taxe sur les dividendes » et l’Etat pourrait bien avoir 2 milliards d’€ à rembourser… Une bagatelle !

 


ET LA CITROUILLE DEVINT CARROSSE !

Hollande bouffon

On se demande bien quelle bonne fée ou plutôt quel mauvais génie pourrait œuvrer pour transformer le bilan catastrophique du quinquennat de Hollande en oeuvre immémoriale salvatrice du destin de la France. C’est ce à quoi va servir la « cellule riposte » mise en place par l’Elysée avec comme principaux magiciens une brochette de fidèles inconditionnels menés par la « Pimperonnelle » (Najat) dite « l’aveuglée du sérail » et le grand « Eh Oh » dit aussi Le Foll (à lier). Ils n’ont pas leur pareil pour vous transformer une réalité bien tristounette en monde merveilleux. Mais ils ne sont pas seuls. Marisol, celle qui a bouché (virtuellement) le trou de la sécu, présente son mentor de président comme un « homme exceptionnel ». Bref l’ensemble du chœur nous chante, comme dans une tragédie grecque, que le quinquennat fut formidable et qu’il faut en être fier. Le summum de la mystification est atteint par Sapin-les-bas-roses avec la présentation du budget 2017 qui va être discuté au Parlement : un chef d’œuvre de trucage, manipulation, bidouillage et camouflage.

La magie de Garcimore.

La loi de finances pour 2017 est tout sauf sincère. C’est un chef d’œuvre d’inconséquence tant les ficelles sont voyantes. Il est bâti sur une hypothèse de croissance de 1,5% complètement bidon, puisque le consensus l’estime à 1,2 ou 1,3. L’économie française reste bridée par les séquelles du choc fiscal qui a coûté 0,8 point d’activité par an depuis 2012. Le contexte lui-même, contient suffisamment d’éléments négatifs comme une conjoncture moins favorable (remontée du prix du pétrole et des taux d’intérêt), le contrecoup des attentats (tourisme -10%),  les conséquences du Brexit qui sera déclenché en janvier 2017… Tout cela aurait dû être pris en compte dans les prévisions. Il n’en est rien.

Alors on fait semblant d’alléger la facture pour les ménages et de continuer à baisser les impôts. Ce qui n’est pas vrai puisque les prélèvements obligatoires restent bloqués à 44,5% du PIB et les recettes publiques ont augmenté de 4 points depuis 2012 et les impôts locaux de 10%. Il s’en suit des manipulations comptables. Ainsi les dépenses supplémentaires pour les fonctionnaires, les enseignants et les jeunes sont comptées pour 4 milliards d’euros alors que leur coût est de 10 à 13 milliards en année pleine. L’objectif de progression des dépenses de santé est porté à 2,1% en parfaite contradiction avec l’élimination du déficit de l’Assurance-maladie (les 4 milliards d’économie de « l’efficience des hôpitaux » sont virtuels). Parmi les nombreux trucages on relève les 5 milliards de baisses des charges du CICE reportés sur 2018 et l’encaissement prématuré avant la fin de l’année 2017 de taxes sur les entreprises pour environ 400 millions d’euros.  Le déficit de 70 milliards d’euros se trouve artificiellement minoré et permet de le présenter à 2,7% pour Bruxelles (sous les 3%) alors que son niveau réel est de 3,7% ! Et notre Garcimore a le culot en plus d’affirmer que l’effort de redressement en France a été plus important qu’en Allemagne, une évidence quand on regarde les chiffres : Allemagne en excédent de 1,2% et dette publique réduite à 71% du PIB, France, déficit de 3,7% et dette publique à 97,5% du PIB ! Cherchez l’erreur !

Hollande laisse un champ de ruines.

Ce budget clôt un quinquennat marqué par le déni, l’incapacité à mener les réformes et l’irresponsabilité. Le budget 2017 acte l’échec radical de la politique menée depuis 2012. La dépense publique est à 57% du PIB, et s’accompagne d’une dette de 2100 milliards d’euros, d’impôts insupportables et du chômage de masse.  La balance du commerce extérieur reste lourdement négative (autour de 45 milliards), la balance des paiements aussi, les collectivités territoriales sont exsangues et la réforme contribue à augmenter leurs dépenses au lieu de les baisser, l’éducation nationale, malgré l’embauche de 60 000 enseignants supplémentaires continue de reculer et la réforme des rythmes scolaires continue de coûter sans qu’on en voie le bénéfice. La France reste le plus mauvais élève de l’Union européenne et tous ses indicateurs sont au-dessus de la moyenne de l’Union. Elle continue de détruire son tissu industriel, elle perd des parts de marché par manque de compétitivité de ses entreprises… mais tout va très bien ! Malgré des conditions extrêmement favorables (euro, taux, énergie), et l’absence de crise majeure, elle a continué de reculer.

Jamais notre pays n’a été autant en position de faiblesse et jamais, les risques liés à la dérive de ses dépenses publiques n’ont été aussi élevés. Risque de stagnation économique car, on le voit bien, la dépense publique anesthésie la production, l’investissement et l’emploi. Risque financier, car la remontée des taux pointe le bout de son nez et est inéluctable. Risque politique, car la déstabilisation des classes moyennes par la fiscalité confiscatoire favorise le populisme. Et même risque européen puisqu’une nouvelle crise de l’euro n’est pas à écarter, dont la France, par le boulet qu’elle représente pourrait être, avec le Brexit, l’un des principaux facteurs de déclenchement.

Voilà un horizon bien sombre pour ceux qui s’apprêtent à prendre le relais en 2017. Car c’est bien d’une citrouille dont ils vont hériter et pas d’un carrosse ! La restauration de la compétitivité et le retour à l’équilibre des finances publiques sont absolument indispensables. Espérons que l’environnement international n’ajoutera pas à la difficulté de l’exercice !


ALERTE ! LA FINANCE EST DEVENUE FOLLE !

Planche à billets

 

Les taux bas éreintent le modèle  du livret A, refuge privilégié de l’épargne des Français ; les taux négatifs laminent les banques européennes malmenées en bourse et dont certaines ont perdu jusqu’à 25% de leur valeur…

L’arnaque avec un « A ».

Ce que font aujourd'hui les banques centrales et les États dépassent toutes les arnaques financières les plus célèbres et les plus sophistiquées, par leurs montants et par le silence assourdissant des gouvernements qui en profitent. Ce sont des centaines de milliards qui sont en jeu. En Europe, la BCE et les banques centrales ont mis en place un mécanisme d'une subtilité et d'une perversion rarement atteintes.

Accrochez-vous !

Prenons l’exemple de la BCE (Banque centrale européenne) et de la France. La BCE rachète massivement des emprunts d'État. La première conséquence est simple à comprendre : les taux des emprunts d'État baissent, et du coup le service de la dette et son coût pour l’État chutent. Le but était d'aider les États européens pour que les gouvernements utilisent ce bonus pour réformer,  mais on a observé qu’en France c'est l'inverse qui s'est produit : la baisse des taux a été une prime à la paresse et tout le monde parle déjà de relance alors qu'on n'est même pas passé par la case « austérité » comme l'Allemagne. La France aurait dû profiter de cette aubaine pour apurer ses comptes mais elle ne l’a pas fait.

Attention ça se corse !

En fait, aujourd'hui, quand la France emprunte, c'est donc la Banque centrale européenne qui lui prête. C’est ce qui ressort  de ce qu’on vient d’expliquer, c’est simple à comprendre. Mais la BCE n'est pas sortie de nulle part : elle est bien la « banque centrale » des « banques centrales nationales » (dont la Banque de France) qui dépendent totalement elles-mêmes des budgets des États européens. Vous suivez ? Autrement dit et pour faire simple, lorsque le gouvernement français emprunte de l'argent, c'est en quelque sorte le gouvernement français qui lui prête. En fait, c’est un cercle totalement fermé. Vous trouvez ça normal ?

Bon,  prenons un exemple !

Supposons que  la France emprunte de l'argent à 0.50% par an. La BCE qui a acheté l'emprunt français touche donc 0.50% par an qui reviennent directement à la Banque de France en charge de la dette française. Et évidemment la dite Banque de France reverse ces 0.50% au budget de l'État. C’est ainsi que de 2005 à 2015 la Banque de France a encaissé 50 milliards d'euros qu'elle a reversés au budget de l'État. Et le plus drôle c'est que, soumise à l'impôt sur les sociétés, elle a payé un impôt à l'État français sur l'intérêt payé par l'État français. Kafkaïen ! 

Attendez, ça n’est pas fini !

Comme la BCE a épuisé le marché des emprunts d’Etats, elle rachète aujourd’hui des emprunts de grandes entreprises, pour continuer à déployer son Q.E (Quantitative Easing = planche à billets).  Les intérêts de ces emprunts vont aussi dans les caisses de l'État. Donc, c'est l'État français qui se prête lui-même de l'argent totalement artificiel et qui devient le premier prêteur aux plus grosses entreprises.  C’est la négation totale des lois du marché.  A côté, Madoff était un enfant de chœur.

Résultat des courses.

On ne sait pas combien de temps la plaisanterie va durer ni comment sortir de ce cercle vicieux. D’autant plus que le dispositif du Q.E. n’a toujours pas atteint son objectif principal qui est de relancer  la croissance européenne toujours mollassonne, pas plus qu’aux Etats-Unis où la Fed hésite toujours à remonter ses taux tant les signes de consolidation de l’économie sont peu convaincants. Le Japon connait pire et malgré l’enfoncement dans les taux négatifs, la banque du Japon n’arrive toujours pas à casser la spirale de la déflation. Entre le dollar, l’Euro et le Yen c’est une guerre des monnaies qui ne dit pas son nom. Toutes ces émissions de monnaie, au lieu d’alimenter l’économie réelle, vont grossir les milliards spéculatifs de la planète financière qui tourne de plus en plus follement (je vous expliquerai une autre fois comment), alternant périodes de calme relatif et d’affolement, au gré du prix du pétrole ou de la Chine, jusqu’au moment où le système bancaire exsangue et à bout de souffle s’écroulera, et  là … !

 


POLITIQUE DE WEEK END …

Bagarre_village_gaulois

 

Un peu de tout pour rire… ou pleurer.

Le  petit plaisantin aux bas roses.

Celui-là, il n’en manque pas une pour nous bourrer le  mou et nous prendre pour des brêles. Il a annoncé comment sera  appliquée la baisse de 1 milliard d’impôts sur les classes moyennes : en bénéficieront les contribuables qui ont 1700 € net de revenu mensuel (3400 pour un couple), soit 5 000 000 de ménages. Une goutte d’eau dans la mer dont bénéficient toujours les mêmes… au nom de l’égalitarisme. Avec les baisses d'impôts sur le revenu accordées depuis 2014, ce nouveau geste fiscal devrait atteindre 6 milliards d'euros au total, se félicite l’apothicaire de Bercy. Dans le même temps, l’Allemagne débloque 12 milliards, elle ! Cherchez l’erreur. Comme Ben et Nuts, c’est « Monsieur Plus » : il se targue d’avoir réservé une petite surprise aux inactifs, particulièrement aux retraités, ceux qui ne paient pas d'impôts sur le revenu parce que leurs retraites sont trop faibles qui pourront désormais bénéficier d'un crédit d'impôt, soit un chèque du Trésor public, lorsqu'ils auront recours à un emploi à domicile (avec une petite retraite ?). Cette seconde mesure devrait bénéficier à 1,3 million de ménages modestes supplémentaires pour un coût budgétaire de 1 milliard d'euros. Donc 2 milliards de baisse d’impôts ! Oui, mais non ! Ce geste inattendu ne grèvera pas les comptes en 2017, car notre magicien a trouvé le moyen de repousser l'addition à 2018. En tant que crédit d'impôt, le chèque ne sera en effet perçu qu'en 2018 par les ménages concernés, en fonction du volume d'emplois à domicile utilisé en 2017. Voilà donc une nouvelle fois une mesure qui va peser sur les comptes après la fin du quinquennat. Comme Tartufferie, on ne fait pas mieux. Le comble est atteint quand il souligne les efforts réalisés pour baisser  les dépenses dont l’excédent est passé de 5% à 3,5% depuis 2012, ponctuant le propos d’un « nous sommes sérieux ! ».  Il oublie simplement de dire que sous Sarkozy, le déficit était passé de 10% au pire moment de  la  crise (2008) à 5% fin 2011, soit divisé par deux en moins de 3 ans. Et nous aurions depuis longtemps rétabli l’équilibre si les efforts engagés avaient été maintenus. De la part de notre Sapin-les-bas-roses, cela s’appelle de  la  malhonnêteté intellectuelle. Ce n’est pas nouveau, c’est le spécialiste.

L'arlésienne du déficit public.

Justement, mauvaise nouvelle pour le pingouin et son larbin aux bas roses. En juillet, le déficit budgétaire de l'Etat a augmenté par rapport à l'an dernier. Il atteint aujourd'hui près de 81 milliards d'euros contre 79,8 milliards fin juillet 2015. Et pourtant, arrivée au pouvoir en 2012, la majorité de gauche avait mis le paquet en décidant des hausses d'impôts massives soi-disant pour réduire drastiquement le déficit public au motif qu'il fragilisait la position financière et diplomatique de la France. Cela n’empêche pas les cadeaux fiscaux électoralistes. Il aurait pu toucher aux 180 milliards d'euros des niches fiscales. En fait, c’est un jeu de compensations dangereux qui fait de notre fiscalité le pire des systèmes.

Ce très cher Macron.

De gauche, mais faut bien vivre. Il n’est pas candidat à la présidentielle, mais il était à Londres la semaine dernière pour lever des fonds. Très démocratiquement, il fallait sortir 7 500€ (sept mille cinq cent) pour déjeuner avec lui. De gauche, mais tendance poil de chameau ! Après on nous dira qu’il n’est pas propulsé par la finance internationale. En tout cas, sa démission continue de faire jaser. Certains ont évoqué Brutus  à son sujet ce qui amène l’un de ses soutiens à  dire : « Pour qu’il y ait Brutus, il faudrait qu’il y ait un César dans l’avion ». Pas gentil pour Hollande.  Le mot de la fin revient à  la Secrétaire d’Etat au Numérique (si, si, ça existe, on l’a vue à Angers),  Axelle Lemaire (rien à voir avec notre Bruno) : « On ne juge pas une personne sur son image dans VSD, mais sur des résultats… ». Allez, on compte les points !

Il a osé le dire !

« Je veillerai à ne pas laisser abîmer la France dans les mois et dans les années qui viennent. » C’est de qui ? Du « Normal casqué à scooter » qui nous sert de Chef d’Etat. Il n’a vraiment pas peur du ridicule. Etre  inconscient à ce point de l’état dans  lequel il va laisser le  pays, ça dépasse l’entendement. Alors on lui répond : « abîmer la France, c’est déjà fait mon gars ! ».

Curieux tout de même.

Lundi dernier s’ouvrait  le  procès Cahuzac. Pas reluisant pour la gauche. Mais en même temps, une fuite permettait aux médias d’annoncer  le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy  dans l’affaire Bygmalion. Rideau de fumée ? Et bizarrement France 2 avec Elise Lucet programme un « Envoyé Spécial » sur la même affaire, pendant qu’une autre chaine évoque les relations Sarkozy/ Khadafi… Je ne crois pas au hasard. Le TSS bat son plein chez les juges et les gens de médias.  Ils en ont rien à battre que ça n’arrange pas Hollande, ils ont fait une croix dessus. A moins qu’il ne s’agisse de blesser la « bête » (Sarkozy) pour qu’elle soit suffisamment affaiblie au moment de l’élection. Rien de nouveau.  Simplement ne soyons pas dupes. On finirait par croire au « cabinet noir ».

L’économie en plein boom.

Ouais, mais c’est de l’Espagne (sans gouvernement) qu’il s’agit.  Est-ce que cette absence de gouvernement en serait la  cause ? La croissance espagnole est supérieure à la moyenne européenne, très largement supérieure même puisqu'on attend, tenez-vous bien, environ +3%. Mieux, le chômage a chuté et sera en dessous des 20% pour la première fois depuis 2010. Les exportations, avec le même euro que nous, battent un record historique absolu, et la consommation et les investissements sont en plein boom.  De quoi faire rêver, non ? Rappelons tout de même que c’est quand même un peu grâce aux mesures mises en place  par le  PP de Rajoy.  La droite quoi …

C’est triste.

7% des Français (peut-être 11%) sont encore illettrés. Pourtant, il parait qu’on a le système éducatif le meilleur du monde. Merci Najat !

Casting.

On connait les candidats à la Primaire de la Droite et du Centre : ils seront huit.  On a évidemment les quatre qui mènent le  bal : Sarkozy, Juppé, Fillon, Le Maire, les trois seconds couteaux de justesse : Copé, NKM, Mariton et l’extérieur du Parti Chrétien Démocrate, Poisson. Les autres sont recalés faute de parrainages suffisants. Il parait que Guaino veut casser la baraque en se présentant quand même. Stupide !  Promis, on y revient plus longuement lundi. 

 


LE CHOMAGE A ENCORE BAISSE ...

Haddock se marre bis

Voilà ce que ça me fait ! Pourquoi ?

Je vous livre le commentaire de Marc Fiorentino. On ne peut pas  mieux dire :

" On se calme !  Le chômage a baissé. 19 000 demandeurs d'emplois en moins. En regardant les titres et les déclarations gouvernementales on a l'impression qu'on a atteint le plein emploi. C'est une baisse certes. Mais une baisse ridicule. Ridicule par rapport à TOUS les autres pays développés, même d'Europe du Sud, une baisse ridicule par rapport aux pays qui connaissent le plein emploi comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou les États-Unis mais une baisse ridicule surtout par rapport à tous les moyens mis en place par le gouvernement, des moyens coûteux et parfois artificiels, pour créer de l'emploi. Pas de quoi s'exciter donc. On devrait être à 8% de chômage, voire à 7.5%."

 

 

 

 


LA COURBE EST INVERSEE !

Inversion courbe

 

Hollandounet  va  pouvoir enfin annoncer qu’ayant rempli la condition qu’il s’était fixé, à savoir l’inversion de la courbe du chômage, il peut se « représenter » ! Les  statistiques de l’Insee arrivent à point nommé : 9,6% de sans-emplois au 2ème trimestre…  confirmant le « ça va mieux » !  Comme quoi une petite visite au Pape de celui qui n’a cessé de cracher sur ces sales-catho-conservateurs-de-droite, peut réaliser des miracles !

Faudrait tout de même pas nous prendre pour des cons.

La réalité, c’est que l’habillage statistique des demandeurs d’emplois fonctionne à plein. Qui peut croire, en effet, qu’avec une économie atone, on puisse réduire le nombre des chômeurs ?  Ainsi le chômage serait revenu au niveau de ce qu’il était fin 2012, en France métropolitaine. Le pseudo président va donc pouvoir proclamer « urbi et orbi » que le taux est redescendu à 9,6 %, au niveau observé au début de son quinquennat,  tenant ainsi l'engagement majeur de son mandat, celui auquel il avait suspendu sa décision de se présenter à nouveau devant les électeurs. Et encore ajoute-t-il, « J’ai pas eu de bol » ! En tout cas, il sait tricher.

Car ce miracle n'en est évidemment pas un.

D'abord parce que l'inversion de la courbe doit plus à l'action du gouvernement qu’à celle du ciel.  Ensuite, parce que la France fait beaucoup moins bien que ses partenaires européens. La comparaison n’est pas à son avantage : si elle avait fait depuis quatre ans comme la moyenne de la zone euro, son taux serait aujourd'hui à moins de 8 %. L’inversion que l’on constate n'est en rien la mesure de la santé de l'emploi ou de l'économie. Elle est la mesure des efforts du gouvernement pour forcer l'inversion, ce qui n’est  pas la même chose, alors qu’à l’observation de la réalité, on s’aperçoit que les créations d’emplois ont été faibles au second trimestre, de l’ordre de 24 000 en trois mois, le PIB faisant du surplace. Ce sont les « sorties du marché du travail », pudiquement nommées « halo » par les statisticiens, et les mises en formation qui jouent sur les chiffres. Pratiquée par tous les gouvernements avant des élections, jamais cette politique d'habillage n'avait atteint une telle ampleur : crédit d'impôt, emplois aidés dans le secteur public, primes à l'embauche pour les PME, plans de formation des chômeurs sans précédent... Une formidable débauche de moyens a été mise en oeuvre pour atteindre la cible. Tout a été fait pour forcer l'inversion, on pouvait donc s’y attendre,  et d’ailleurs on s’y attendait.

Ne soyons pas pigeons.

L’amélioration va se poursuivre jusqu’à l’élection, et le pouvoir ne se privera pas de vanter l’efficacité factice de sa politique. En espérant  ainsi pouvoir gagner des voix et l’emporter. Or, clairement, il faut s’attendre à ce que les lendemains du printemps 2017 ne chantent pas, quel que soit le vainqueur. D’ailleurs les destructions d’emplois ont déjà repris dans le BTP, au 2ème trimestre 2016, ce qui n’est pas un bon indicateur pour l’avenir. Aussi, dès l'élection passée, la pression du chômage se fera à nouveau sentir : les PME freineront l'embauche une fois disparu l'effet d'aubaine, les chômeurs formés à la va-vite redeviendront vite chômeurs si tant est qu’ils aient trouvé un emploi, les jeunes qui auront terminé leur contrat « emploi-jeunes » auront toujours autant de mal à trouver ensuite un poste, comme l'ont montré maintes études sur le sujet. Le gouvernement aura donc dépensé des milliards que les nouveaux gouvernants devront assumer, pour atteindre une cible sans rien régler au problème de fond.

Ce qui est réconfortant, c’est que pour l’instant, la courbe de popularité ne suit pas celle du chômage. Encore heureux !

 


TROIS FOIS RIEN, C’EST DEJA QUELQUE CHOSE …

étau des taux

 

L’argent ne vaut plus rien, mon brave monsieur !

A tel point que les épargnants vont être taxés par les banques sur leurs économies. Vous rigolez ? Non, c’est sérieux. La petite banque coopérative Raiffeisenbank à Gmund, en Allemagne, s'apprête à réclamer une commission de 0,4 % sur les dépôts à vue de particuliers. Du moins les plus aisés, dont l'avoir dépasse 100.000 euros… pour l’instant.  Depuis que la BCE a instauré un taux de dépôts négatif (- 0,4 %) sur les liquidités que les banques déposent à ses guichets, tous les établissements cherchent à adapter leur modèle et à compenser cette taxe, qui pénalise leurs revenus. Facturer les dépôts pourrait inciter les consommateurs à sortir leur argent de leurs comptes pour le mettre à l'abri sous leur matelas. Mais priver le système bancaire de la stabilité des dépôts pourrait générer une crise de très forte ampleur, aussi  la plupart des grandes banques en ont conscience et ont préféré, jusque-là, contourner la facturation des dépôts en mettant en place des frais de tenue de compte, ce qui est une taxation déguisée. Voilà où conduit la politique de la planche à billets.

On ne fait pas boire un âne…

L’argent n’ayant plus de valeur, le métier de banquier ou d’assureur devient très compliqué. La politique des banques centrales visant à injecter de l’argent dans l’économie pour soutenir la croissance et éviter la déflation, amène les banques à en replacer une grande partie sur les marchés financiers faute de trouver des entreprises demandeuses de crédits, des investisseurs ayant des projets, des ménages  souhaitant s’équiper. Les politiques monétaires non conventionnelles, comme on dit, tentent de soutenir l’activité avec deux grands leviers : en abaissant le coût de l’emprunt et en encourageant les investisseurs à prendre davantage de risques. Les bénéfices espérés ne sont pas au rendez-vous et sont décevants surtout dans la zone euro. C’est qu’un âne qui n’a pas soif ne boit pas : en témoigne le PIB de la zone euro qui a augmenté de seulement 0,3% au deuxième trimestre 2016, soit la même progression qu'au cours des trois premiers mois de l'année. Sur un an, la croissance atteint à peine 1,6%. La croissance reste donc désespérément molle en zone euro. De même la panne de croissance française. On voit bien que cette politique  « d’assouplissement quantitatif » ne produit pas  les effets escomptés mais les banquiers semblent ne pas savoir comment en sortir alors que les taux négatifs commencent à produire des effets secondaires néfastes : comme les épargnants ont de plus en plus de mal à rémunérer leurs placements, ils sont tentés d’épargner plus pour maintenir leurs revenus. Et l’épargne collective, comme les fonds de pensions, est, elle aussi, à la peine et ce sont des milliers de retraites qui sont menacées. Quant aux banquiers, il est facile de comprendre qu’ils ont de plus en plus de mal à gagner de l’argent et ils commencent à se retrouver dans une situation inextricable.

Une opportunité inexploitée.

Pourtant, cet argent qui ne vaut plus rien ou presque était une fantastique aubaine pour mener de grandes réformes structurelles sans risque de désagréments sur les marchés. C’était une opportunité extraordinaire pour remettre notre pays dans le peloton sur le plan de la concurrence et de ses finances.  Au lieu de ça, on a assisté à un accroissement de la dette de 400 milliards d’euros, facilité par les taux bas, évidemment, et sans l’excuse d’une crise importée de l’extérieur. C’est la mauvaise gestion dans toute sa dimension en cédant à la facilité, dépenser un peu plus parce qu’on paie un peu moins d’intérêts sur la dette ! Avec de pareils taux, le pouvoir peut même se livrer à de la « cavalerie » à l’approche de la présidentielle alors même que la croissance sur laquelle il tablait s’évapore.  Les successeurs paieront… Un gâchis, voilà la réalité.

Car cette situation ne peut pas s’éterniser.

Qui peut croire que le monde peut tourner indéfiniment à l’envers avec des taux négatifs, quand placer de l’argent en fait perdre. Qui ne voit que l’abondance des liquidités favorise le placement sécuritaire à perte dans l’économie allemande par exemple, plutôt que l’achat à risque d’actions dans l’industrie. Car l’économie  mondiale n’est pas lisible et les risques y sont omniprésents avec des mouvements brutaux toujours possibles du prix des matières premières,  agricoles ou autres, des évolutions politiques qui font peur  comme on le voit avec le Brexit ou comme le promet Donald Trump en annonçant son intention de quitter l’Organisation Mondiale du Commerce… et la récession qui ne manquerait pas de se répandre sur toute la planète, sans oublier le risque terroriste qui peut intervenir sous des formes inattendues comme le piratage de cibles institutionnelles telles que City, BCE ou Wall Street.  Avec à la clé, en premier lieu, le risque d’un énorme krach financier. L’Allemagne et son budget excédentaire en serait préservée, mais la France ? …

Le Président et son Manolito portent la lourde responsabilité d’avoir bénéficié d’un formidable contexte favorable et de n’en avoir rien tiré pour assainir la situation financière. C’est ce que l’Histoire retiendra.

 


PLANCHE A BILLETS ET COMPAGNIE …

Planche à billets

 

L’Histoire ne se répète jamais, dit-on. Il arrive quand même qu’elle bégaie. Surtout, l’être humain, cet incorrigible, devrait savoir que les mêmes causes entraînent toujours les mêmes effets. Ce principe est immuable et a été maintes fois vérifié, y compris dans notre Histoire de France. Vous vous demandez bien où je veux en venir…

Le « Q.E. » n’est pas si nouveau.

Evidemment, ce que je vais vous raconter a un lien direct avec notre époque. Toutes les banques centrales pratiquent le « quantitative easing », expression savante pour dire en raccourci : faire tourner la  planche à billets. Cet « assouplissement quantitatif » inonde le monde entier de milliards de liquidités. Un système dans lequel les Américains sont entrés les premiers, suivis par la BCE, mais dont on ne connaît pas vraiment la porte de sortie, faute d’expérience, dit-on. Et pourtant, l’expérience, elle est là, comme dirait le pingouin. Il suffit de connaître un peu son Histoire, ce dont je doute pour un certain Mario Draghi, cet Italien inventif, qui préside la Banque européenne. Et pourtant, il y a trois cents ans, on a fait tourner la planche à billets en France. C’était sous la Régence de Philippe d’Orléans, en 1716, peu après la mort de Louis XIV. Comme on sait, le Roi Soleil avait laissé les finances de son royaume en bien piteux état : dettes, impôts élevés … Une situation pas aussi dégradée que celle d’aujourd’hui, mais tout de même. C’est alors qu’un écossais exilé chez nous proposa ses services : il défendait l’idée d’un papier-monnaie, convertible en or et en argent, dont l’abondance permettrait de relancer le crédit, stimuler le commerce, développer l’économie. Avec en corollaire l’assainissement des finances de l’Etat. Il n’eut pas de  mal à convaincre le Régent qui lui accorda toutes facilités pour mettre en œuvre  son projet. En 1719 circulaient donc des coupures de 10, 100, 1 000, 10 000 livres et les affaires prospéraient comme par miracle, assises sur le fabuleux essor de la « Compagnie des Indes » qui contrôlait la quasi-totalité du commerce maritime français et la « ferme » des tabacs. Ainsi, les  particuliers apportaient à la banque or et argent et recevaient en échange du  papier avec lequel ils souscrivaient aux émissions de la compagnie, espérant des dividendes annoncés comme « fabuleux ». D’ailleurs la Compagnie avait entassé un tel trésor qu’elle se mit à prêter de l’argent à l’Etat ! La machine s’emballa : argent, or, billets de banques, titres de rentes, actions au porteur s’échangeaient à un rythme effréné. En retour, on bâtissait, on investissait, les carnets de commandes étaient pleins, et les loyers flambaient…  Aujourd’hui, cela porte un nom : on appelle ça « une bulle ». Tout allait si bien que l’Ecossais en question fut promu Surintendant des finances du royaume.

Les facilités ne durent qu’un temps. 

En janvier 1720, brutalement la confiance disparut. Les particuliers, profitant de la convertibilité totale, commencèrent à échanger leur papier-monnaie contre de l’or et de l’argent qu’ils investirent dans des biens fonciers et immobiliers, placements plus sûrs mais figés. Sans entrer dans les détails, tout se mit à aller mal, et très rapidement. Les correctifs apportés : cours forcé des billets, limitation des retraits, manipulation des cours et des taux ne firent que précipiter la chute et furent source de violences, d’émeutes, … En octobre, Philippe d’Orléans mit fin à l’expérience et dut rétablir l’ordre avec sévérité. Le magicien en question, c’était John Law, et il dut s’exiler. Même si l’expérience n’eut pas que des effets négatifs, -l’état se désendetta partiellement et l’expérience eut des répercussions keynésiennes avant l’heure sur le commerce, le bâtiment, l’artisanat et même l’agriculture-, il n’en est pas moins vrai qu’elle retarda en France l’avènement d’une banque d’état et la mise en œuvre des techniques financières telles que titres au porteur, marchés boursiers… La méfiance des Français pour la finance n’est donc pas nouvelle. Law avait commis une erreur monumentale, celle de ne pas avoir régulé la création monétaire au rythme de la croissance de l’économie réelle.

Conclusion.

Tiens, tiens, justement, c’est la même erreur que celle que sont en train de commettre nos grands sorciers des banques centrales. Le déversement de monnaie ne profite guère à l’économie réelle et alimente plutôt soit la spéculation, soit la thésaurisation en or, par exemple. Sauf que la banqueroute qui nous guette serait infiniment supérieure à celle de 1720. La crise de 1929, qui sert encore de référence et celle de 2008 nous apparaîtront alors comme de modestes incidents de parcours.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça n’est pas rassurant.

A suivre mardi : « Trois fois rien, c’est quelque chose ! »

 


DANS LA TORPEUR D’AOUT

Hollande corcovado

 

J'ai l'impression de me répéter....

L'économie sur un tout petit braquet.

Bien qu’importante, l'information a fait peu de bruit : l'économie française a fait du surplace au deuxième trimestre alors que l'Insee et la Banque de France tablaient sur un bon chiffre. Si on ajoute l'augmentation du chômage en juin, annoncée quelques jours auparavant, il est évident que l'été économique ne tient pas les promesses du printemps. Ce  devrait être une alerte pour le gouvernement qu’il aurait tort de négliger, ce qu’il a pourtant fait. Le discours reste le même, à la fois simpliste et surréaliste : l'économie est repartie sur de bons rails !  Peu importe que ce soit sur une voie de garage. Hollande croit toujours à ses fantasmes alimentés par une croissance de plus de 1 % en 2015, des vents extérieurs positifs avec la baisse du prix du pétrole et de l'euro, les premiers effets du pacte de responsabilité sur les marges des entreprises et la loi travail. Hélas, la réalité est différente. La conjoncture française est fragile, faiblarde. « Ça va mieux », a encore répété le chef de l'Etat le 14 juillet. Non, évidemment non ! D'autres facteurs vont peser négativement dans les prochains mois, comme les incertitudes liées au Brexit et les répercussions du terrorisme dont la facture pourrait être salée. On peut donc craindre le pire avec la préparation du budget 2017.

Récolte de blé catastrophique.

Que la France manque de blé, ça on le savait. Mais on avait pas besoin de cette catastrophe supplémentaire. La faute à pas de chance : les conditions climatiques. Avec les excès de pluie et le manque de lumière du printemps, les épis ont mal poussé et se sont mal remplis. D'après la FNSEA, la production pourrait être inférieure d'un quart à son record de l'an dernier, retombant ainsi à son plus bas niveau depuis au moins trente ans. Elle sera en plus difficile à vendre, car elle est de mauvaise qualité. Chez les producteurs concurrents comme la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis ou même l'Allemagne, c'est exactement l'inverse. Les Américains auront aussi une récolte mondiale record, alors que les stocks sont déjà élevés et que la demande commence à se tasser. Les prix vont donc continuer à chuter. Du coup, le chiffre d’affaire des céréaliers français pourrait s'effondrer de moitié. Certains exploitants risquent de perdre les deux tiers de leurs recettes, voire davantage. C'est un choc brutal, même dans la profession agricole, où on est habitué aux aléas.

Compétitivité toujours insuffisante.

Le déficit commercial s’est creusé à 24 milliards d’euros eu premier semestre, alors qu’il s’était un peu résorbé l’an dernier grâce à la baisse du prix du pétrole. Parallèlement, les importations tirées par la consommation des ménages, progressent … et contribuent à creuser le trou (comme quoi la relance de la consommation est une fausse bonne idée  bien ancrée dans la pensée de gauche). Et le déficit devrait encore se creuser au second semestre. L’hexagone compte deux fois moins d’entreprises exportatrices que l’Italie et trois fois moins que l’Allemagne. La France  ne pourra pas concurrencer les coûts bas de l’Espagne, n’atteindra pas la qualité de gamme de l’Allemagne et ne peut pas rivaliser avec le dynamisme des PME italiennes…  

Mais il faudrait travailler moins, parait-il …

Et dépenser plus ! La sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, candidate à la primaire du PS, défend un plan de relance économique de 35 milliards d’euros et une sixième semaine de congés payés. Toujours le même réflexe keynésien complètement inadapté au monde actuel. Elle évoque également son souhait d'augmenter le Smic à 1.300 euros nets et de créer « un revenu de base pour tous les jeunes de moins de 28 ans ». Décidément, le logiciel économique à gauche reste le  même : obsolète !

Et la richesse se casse…

Entre 2000 et 2014, la France aurait perdu 43.000 foyers fiscaux millionnaires, sur un total de 323.000. A cause de cette expatriation massive, l’image de la France est ternie. Les Français n'aiment pas les riches. Un des baromètres infaillibles pour mesurer ce mépris réside dans l'analyse de notre fiscalité. Elle soumet les patrimoines à une kyrielle d'impôts, dont les taux apparaissent confiscatoires au regard de la récente baisse des rendements de toutes les classes d'actifs. Malgré tout, notre pays refuse de reconnaître une des conséquences majeures de ce choix politique : l'exil massif de Français fortunés vers des pays ayant une fiscalité plus raisonnable. Et après on s’étonne que l’économie perde de sa substance et que les Chinois rachète tous nos fleurons ! 

Et pour finir, même à Rio, la moisson commence mal ! 

 


« ON A VOLE SANS PETROLE » !

Solar-impulse-2

 

Voilà un titre qui aurait pu s’imprimer sur la couverture d’un album de Tintin. Comme « On a marché sur la Lune ». C’est que l’événement n’est pas anodin : faire le tour de la Terre avec un avion sans utiliser une seul goutte de carburant, voilà l’exploit que vient de réaliser « Solar Impulse ». L’esprit pionnier existe encore et il anime Bertrand Piccard, ce petit fils du fameux professeur qui inventa le bathyscaphe, et son compère André Borschberg. Les deux ont piloté Solar Impulse 2 pour un périple de 42 000 km autour de la terre en 23 jours. Un exploit extraordinaire. Il est banal d’affirmer qu’ils n’ont pas hésité à mettre leur vie en danger. C’est le prix de l’aventure, la vraie. Ils nous font la démonstration qu’en ce début de 21ème siècle elle est encore possible. Elle consiste à partir  à la découverte de territoires nouveaux : ceux d’un monde propre ayant abandonné les énergies fossiles. Une aventure pour une noble cause. Quand on se projette dans le passé un siècle et des poussières en arrière et qu’on revoit les premiers vols d’aéronefs, on se dit qu’un bel avenir est promis à leur prototype. Je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle avec la publication dans « Le Figaro » des épisodes de l’aventure de l’Aéropostale et des lignes Latécoère avec Saint-Exupéry. Il fallait aux pilotes d’alors la même dose d’héroïsme pour traverser l’Atlantique entre Dakar et Natal avec des coucous rudimentaires.

Un exploit humain.

L’incroyable pari lancé en 2002 par Bertrand Piccard a finalement  été réussi le 26 juillet dernier. Ce ne fut pas une partie de plaisir, mais l’exploit est bien là. Il est d’abord humain. Un tel tour du monde en avion électrique à énergie solaire n’avait jamais été réalisé auparavant. Même si l’expérience dut être interrompue pendant 9 mois  à Hawaï à cause d’une surchauffe des batteries qu’il fallut remplacer par de nouvelles qu’il fallait fabriquer, et s’il a fallu attendre bien des fois que les conditions météo soient favorables, il n’en demeure pas moins que ce tour du monde a été réalisé. Les deux pilotes, en se relayant, car le cockpit de moins de 4 m3 ne contient qu’une place, ont écrit une nouvelle page de l’histoire de l’aviation. Il a fallu 23 jours de pilotage, dans des conditions souvent difficiles voire extrêmes, car l’avion, ultra léger est très sensible aux vents et à la pluie, et le cockpit n’est pas pressurisé. Il leur fallait une préparation physique digne d’athlètes de haut niveau et surtout mentale pour faire face aux multiples difficultés et aléas des étapes. La nuit le pilote devait dormir par séquences de 20 mn chaque heure, et surtout devait effecteur régulièrement des exercices pour se relaxer. La plus longue étape, Nagoya-Hawaï dura près de 118 h !

Un exploit technologique.

C’est aussi un exploit technologique. Solar Impulse 2 est un laboratoire volant pour les technologies du futur. Légèrement plus grand que le premier exemplaire qui avait déjà battu 8 records du monde, il fonctionne grâce à ses 4 moteurs  de 17,5 cv alimentés par 17 200 cellules solaires déployées sur ses ailes, ses 4 hélices et son envergure de 72 mètres plus grande que celle d’un Boeing 747, pour un poids de seulement 2,3 tonnes. Au-delà des sponsors traditionnels, ce défi aéronautique aura fait travailler les industriels, comme Solvay et Sun Power, filiale californienne de Total, motivés par l’idée de repousser les lois de la physique et du transport propre. Il fallait réussir le challenge de nuits entières de vol en fonctionnant uniquement sur l’énergie accumulée pendant la journée, y compris sur des étapes de plusieurs jours, à faible vitesse en milieu hostile et au-dessus des océans … L’expérience a permis de tester toute une batterie de matériaux de nouvelle génération. Il fallait aussi optimiser l’électronique de charge des batteries et le poids de l’appareil. Ces opérations mobilisèrent chercheurs et ingénieurs de groupes comme ABB, spécialiste des onduleurs solaires ou encore Bayer. Le succès est au rendez-vous. S’il est prématuré d’imaginer pour demain un avion sans kérosène, Solvay ne regrette pas les 15 millions d’euros investis dans le projet. Le laboratoire volant leur a permis des avancées dans deux directions : l’allégement des matériaux et le stockage de l’énergie. A titre d’exemple, des composites sont utilisés aujourd’hui par l’Airbus A 350.

Et maintenant !

L’aboutissement de ce projet fou n’est qu’un commencement. Il a permis de valider composants et technologies solaires. Les retombées ne concernent pas que l’industrie aéronautique, comme toujours. Il faudra franchir encore de nouvelles marches technologiques, mais un avion tout électrique, s’il n’est pas à l’ordre du jour, n’est plus une chimère : il existera un jour. Et puis, comme Tournesol dans les aventures de Tintin, Bertrand Piccard ne va pas en rester là. On attend la suite avec impatience !

 


ECONOMIE, CHOMAGE SANS LUNETTES ROSES

économie pour les nuls

A offrir d'urgence à Bercy

 

Un petit coup de réalité avant la coupure d’août, histoire de ne pas céder trop aux frivolités. Désolé de jouer les « rabat-joie ».

Croissance et chômage vont généralement de paires. Quand l’un va, l’autre aussi. Il aurait donc été étonnant qu’après un nouveau « mauvais chiffre » du chômage en juin, la croissance se porte bien.

5 400 chômeurs de plus en juin.

La courbe du chômage continue de s'inverser,  certes, mais dans le mauvais sens. Le nombre de chômeurs de catégorie A, c’est-à-dire n'ayant pas du tout travaillé dans le mois a progressé de 5.400 en juin, selon les données publiées par Pôle emploi. La hausse mensuelle a beau être d'une faible ampleur, elle n'en est pas moins la deuxième consécutive après le + 9.200 en mai, cassant ainsi la dynamique que traçaient les nets reculs enregistrés en mars puis en avril. Elle intervient alors que le plan de formation de 500.000 chômeurs supplémentaires devrait normalement tirer les statistiques vers le bas : ainsi en juin le nombre d'inscrits à Pôle emploi en formation, classés en catégorie D et non décomptés comme « chômeurs », a augmenté de 9.500 pour atteindre 303.900, un record. Dans le détail, la hausse a surtout pesé sur les moins de 25 ans, avec 4.000 inscrits supplémentaires, comme c’était le cas déjà en mai. C'est un petit signal d'alerte après un an de baisse quasi continue du chômage des jeunes. Un recul des embauches avait été constaté pour le 2ème trimestre dans les PME. Ceci explique cela… Bah, comme pépère est occupé à soigner sa campagne électorale, les 6 millions de chômeurs peuvent bien attendre un an de plus non?

Mauvaise surprise sur le front de la croissance.

Selon les chiffres publiés dernièrement par l'Insee, le PIB français a stagné au deuxième trimestre. En effet, le détail des résultats publiés montre que la situation est loin d'être encourageante. La plupart des moteurs de l'économie se sont affaiblis et si la croissance n'est pas tombée dans le rouge, c'est grâce à la contribution du commerce extérieur : celle-ci est redevenue positive du fait d'un recul des exportations moins fort que celui des importations. Les autres composantes de la croissance, ne sont guère brillantes.  Comme on pouvait s’en douter, les dépenses de consommation des ménages ralentissent nettement, indique l'Insee. La baisse concerne aussi bien les achats de biens de consommation que ceux de services. Et une amélioration reste problématique. De nombreux aléas continuent de peser sur les mois qui viennent, notamment ceux liés aux retombées du Brexit mais aussi des attentats qui viennent de frapper la France et risquent de déprimer le moral des consommateurs. Du côté de l'investissement, la situation n'est guère plus brillante : après trois trimestres de hausse, il fléchit et repasse dans le rouge avec un repli de 0,4%. Le recul concerne aussi bien l'investissement en construction que celui en produits manufacturés et même des services marchands.

Production et construction replongent.

La production totale, de biens et de services, a aussi légèrement reculé (-0,2%). En particulier, la production de biens manufacturés recule nettement (-1,0% après 0,0%) du fait principalement de la chute de la production dans les raffineries, affectées par des mouvements sociaux en mai et juin  -merci Martinez-. Dans la construction, secteur qui commençait tout juste à donner des signes de reprise, elle a baissé de 0,6%, après +0,3% au premier trimestre.

Ces résultats illustrent le « ça va mieux » du pingouin et ont pris de court les économistes, comme d’habitude ! Le ministre des Finances, notre Sapin-les-bas-roses a reconnu dans un communiqué que ce chiffre de croissance était « décevant ». Il ajoute toutefois que « au-delà des à-coups d'un trimestre à l'autre, l'économie française reste sur une dynamique de reprise qui ne remet pas en cause la prévision de croissance de 1,5% en 2016 ». Si en plus il est nul en maths...

 


PAS MIEUX, TOUJOURS AUSSI MAL !

Bout du rouleau

 

Voici un petit catalogue, non exhaustif, de tout ce qui ne va pas et qu’il va falloir corriger dès 2017 si on veut que la France aille vraiment mieux.

L'enfer fiscal des entreprises.

La Cour des Comptes a recensé 233 prélèvements pesant sur les entreprises. De l'ordre de 773 milliards d'euros en 2014, soit 36,1% du PIB, ont été collectés par plusieurs administrations fiscales et organismes de sécurité sociale, mais aussi par de nombreux autres organismes de droit privé, « pour un coût estimé à 5,2 milliards d'euros », assène la Cour qui estime que ce coût pourrait être significativement réduit. Leur poids est si lourd qu'il plombe la vie des entreprises. Les grands groupes savent échapper, eux, aux prélèvements, mais les entreprises de tailles petites et moyennes, non. Elles qui subissent de plein fouet ce délire fiscal. Pas étonnant que l'Irlande, et ses 12.5% d'IS, ait un PIB en croissance de... 26% !

L’usine à gaz du CICE.

Les moyens consacrés au Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi  (CICE) en valaient-ils la peine, au regard des résultats atteints ? Pas vraiment répond un rapport de la commission des finances du Sénat, qui analyse d’un point de vue fiscal les effets de ce dispositif phare du quinquennat Hollande. On rappelle que le dispositif consiste en un crédit d’impôt sur la masse salariale, jusqu’à 2,5 smic. L’industrie, cible initiale du dispositif, n’est que péniblement le premier secteur concerné avec à peine 19,4 % de la créance d’impôts et le second bénéficiaire du CICE est le secteur commercial alors qu’il est souvent moins soumis aux impératifs de compétitivité et moins présent à l’exportation. La cible est donc largement ratée. Même constat en fonction de la part du chiffre d’affaires réalisée à l’exportation : en 2014, les entreprises réalisant plus de 10 % de leurs ventes à l’international ont reçu seulement 21,4 % des montants du CICE. Ce ciblage défaillant est notamment lié au plafonnement du CICE à 2,5 smic, alors que les rémunérations des emplois visés sur l’innovation sont presque toujours au-dessus de 2,5 voire 3 smic. A l’autre bout du spectre, pour les PME-TPE en difficulté à la sortie de la crise, le CICE a souvent fait fonction d’outil de trésorerie, ce qui n’est pas son rôle, compte tenu des difficultés de mise en place et des lourdeurs de gestion inhérente au crédit d’impôt. Le rapport pose aussi la question de la soutenabilité budgétaire du dispositif, puisque les dépenses effectives pour l’Etat sont étalées dans le temps : les entreprises ont en effet trois ans à partir de l’exercice sur lequel les salaires ont été versés pour déclarer leurs créances. L’annonce faite fin juin par Hollande de relever le CICE en 2017 à 7 % de la masse salariale contre 6 % précédemment, plutôt que de supprimer la C3S, procède de cette logique de décalage budgétaire. Autant de financements décalés pour « après 2017 » … l’enveloppe budgétaire devrait atteindre quelque 20 milliards d’euros d’ici 2017, soit près de 1 % du PIB de notre pays. A l’horizon 2017, le CICE aura permis de créer ou de sauvegarder 140 000 emplois indique l’OFCE. A la mise en place du dispositif, l’exécutif, lui, tablait sur 300 000 nouveaux postes à un horizon de cinq ans. Les effets sur l’emploi sont donc bien moindres qu’espérés, on n’en sera pas surpris. Le rapport conclut que le CICE nécessite d’être revu profondément, dans sa forme comme dans son montant. Il vaudrait mieux le supprimer pour le remplacer par un allègement direct des charges des entreprises.

L’impôt sur le revenu de plus en plus concentré.

C'est un chiffre noyé dans un obscur document présentant le bilan annuel de la Direction générale des finances publiques. En 2015, 17,1 millions de foyers ont payé l'impôt sur le revenu. On s'aperçoit que la proportion d'imposables a atteint un plancher historique, à 45,6 % - contre plus de 52 % deux ans auparavant. Il faut remonter loin en arrière pour retrouver un niveau pareil. Et surtout, si l'on intègre l'effet de la baisse de l'impôt applicable cette année et celle d'ores et déjà promise pour 2017 à destination des revenus peu élevés, la part des Français qui contribuent à l'impôt sur le revenu va descendre très nettement plus bas. C’est une injustice scandaleuse et on comprend qu'aucune publicité n'en soit faite. L'imposition directe et personnalisée des revenus est de plus en plus concentrée sur un nombre toujours plus réduit de contribuables. L'alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail comme le plafonnement des réductions d'impôt et du quotient familial sont toutes allées dans le même sens : ce sont les Français des classes moyennes aisées et supérieures qui paient le plus lourd tribut. Cette concentration de l'impôt sur le revenu suscite évidemment l'exaspération des foyers qui voient leur charge fiscale augmenter sans que les déficits publics baissent franchement ni que les services publics n'améliorent leur efficacité. Et d’un autre côté les non-imposables sont trompés, car ils ont le sentiment que les prélèvements obligatoires ne sont pas élevés en France alors que c'est le contraire : ils le sont pour tous, via la TVA, la CSG, les impôts locaux, les taxes sur les carburants, etc… Si bien que la pression pour maîtriser les impôts et les dépenses publiques est excessivement faible dans notre pays. Elle est aggravée par les taux d’intérêts très bas sur les emprunts. L’impôt et l’emprunt sont les deux moteurs de la gabegie socialiste.

Le numéro de magie sur le financement des retraites.

C'est un numéro assez stupéfiant auquel on a assisté sur l'avenir des retraites. Le comité de suivi des retraites pointe une « amélioration » de la situation financière du système. Il n'en fallait pas plus au gouvernement pour annoncer que les régimes de retraite étaient proches de l'équilibre et ne nécessitaient plus de réformes structurelles. Il suffit juste, d'après les hypothèses du gouvernement, d'avoir une croissance de 1,5% par an de la productivité du travail et un taux de chômage sous les 7 %. Cherchez l’erreur ! Le message à l'opinion est sans sous-titre : n'écoutez pas les candidats de droite qui vous annoncent un relèvement de l'âge de départ de 62 ans à 64 (Sarkozy) ou 65 ans (Fillon et Juppé), ce n'est en rien nécessaire. Ce discours est indécent à plusieurs titres, et pas seulement parce que la ficelle politique est grosse. D’abord, si « la France » a redressé les comptes sociaux, ce n'est pas grâce à la gauche, qui a voté contre toutes les lois qui permettent aujourd’hui l’amélioration, et qui est du coup assez mal placée pour tirer la couverture à elle. Le Parti socialiste s'est à quatre reprises opposé, jusque dans la rue, aux ajustements décidés par Edouard Balladur (1993), François Fillon (2004) et Nicolas Sarkozy (2008 et 2010). Ensuite l'assurance du gouvernement est bien téméraire parce que le déficit des retraites de base du secteur privé et de divers dispositifs de solidarité tournera autour de 3,5 milliards d'euros cette année et le COR le voit à encore 4 milliards en 2020, et ces chiffres ne prennent pas en compte les subventions aux régimes spéciaux des entreprises publiques ni les retraites des fonctionnaires. Enfin, l'optimisme du gouvernement repose sur des hypothèses... très optimistes, un taux de chômage un tiers inférieur à ce qu'il est aujourd'hui et des revenus continuant de progresser à un rythme convenable. Dans le contexte actuel, convenons que c’est pour le moins risqué comme pronostic. C’est de l’abus de confiance, ni plus ni moins. Dans le privé, on met les gens qui le pratiquent en prison.

L’opposition aura donc du grain à moudre pour remettre la France sur ses pieds. Pour l’instant, avec Hollande et ses dépenses électorales, Sapin et ses prévisions mensongères, elle continue de marcher sur la tête. Courage, encore dix mois à tenir !


LA GABEGIE A TOUT VA !

Hollande grimace

 

Mic-mac et tours de passe-passe.

Piètre gestionnaire, mais tricheur de génie. Hollande Président a donc choisi d’enterrer son plan d’économies de 50 milliards d’euros. Nouveau dérapage et surtout nouvelle facture transmise … à celui qui succédera. 2017 vaut bien toutes les facilités. On savait déjà que Bercy vendait des obligations à taux d’intérêts « intéressants » pour empêcher la dette de franchir la barre des 100%. On savait aussi que le gouvernement avait choisi de reporter à après 2017 la négociation sur l’assurance chômage en prorogeant le système en place faute d’accord entre les partenaires sociaux. On savait depuis la semaine dernière et le rapport de la Cour de comptes que le déficit de 2015 ne s’est pas réduit de 15 milliards d’euros par rapport à 2014, mais de … 300 millions.

Si ça n’était que ça ! Il y a pire : ce sont plus de 8 milliards d’euros de dépenses supplémentaires pour l’année prochaine qui ont été engagées. En voici le détail : le plan emploi et la prime à l’embauche pour les PME coûteront « environ 2 milliards », le montant est à peu près le même pour le renforcement des moyens de la défense, de la police, de la gendarmerie nationale et de la justice ; par ailleurs, l’augmentation des professeurs et la montée en puissance du service civique coûteront aux alentours de 3 milliards d’euros l’année prochaine. Sur le seul périmètre de l’État, c’est déjà 7 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. ll faut rajouter 1,2 milliard en faveur des communes et des intercommunalités, promis au congrès des maires, en laissant au passage une ardoise de 1 milliard d’euros au prochain gouvernement. Et, cerise sur le gâteau, il est encore question d’une baisse d’impôt pour les ménages de 2 milliards d’euros !!!

Comme l’objectif de déficit de 2,7 % du PIB reste « intangible », il a bien fallu trouver un tour de passe-passe pour compenser ces milliards de dépenses nouvelles. Le coup de génie budgétaire de l’Elysée : il suffit d’abandonner la suppression de la C3S des grandes entreprises (3,5 milliards d’euros), pour réinjecter les fonds dans une augmentation du CICE « d’environ 4 milliards d’euros ». Comme le CICE est un crédit d’impôt et pas une baisse de charge, son effet se fera sentir dès 2017 dans les comptes des entreprises mais seulement en 2018 dans les comptes de l’État. Et voilà ! Cela permet de repousser à 2018 le coût de la dernière tranche du Pacte de Responsabilité. Quelques réductions de dépenses sont bien prévues « y compris des dépenses sociales », sans qu’on sache exactement le montant. Finalement personne ne croit que les 2,7% seront atteints, pas plus la Cour des Comptes que Bruxelles.

Plus l’inversion de la courbe … des fonctionnaires !

30 000 fonctionnaires de plus depuis 2012. Si personne ne conteste qu’un effort était nécessaire pour conforter les effectifs de la police, de la gendarmerie et de l’armée, c’est beaucoup plus discutable en ce qui concerne l’éducation qui peine d’ailleurs à recruter. Mais tous ces effectifs supplémentaires auraient dû être compensés par autant de départs non remplacés dans des Ministères aux effectifs pléthoriques. Autant de postes supplémentaires qui plombent la trajectoire de retour à l’équilibre. Comme l’explique Eric Woerth, la seule vraie façon de faire baisser le déficit public en ce qui concerne l’Etat, c’est d’agir durablement sur la masse salariale et donc la réduction du nombre des fonctionnaires. Si on s’en tient au 7 milliards de dépenses supplémentaires prévues pour l’an prochain, cela représente 0,3 points de PIB : intenable. « Le gouvernement va laisser beaucoup de cadavres fiscaux dans le placard des finances publiques » ! La gabegie, c’est moi ! Pour l’Elysée, 2017 n’a pas de prix, mais il y aura un coût … après coup.

Pourquoi se gêner ?

En haut lieu, exceptée la Cour des comptes, et il faut saluer le courage de Didier Migaud, et les rappels de l’opposition, peu relayés par les médias, personne ne contredit le chef de l’Etat. Ni ses ministres, plus préoccupés par le toujours plus, ni les députés de la majorité plus occupés à s’étriper qu’à contrôler, et de toutes façons peu enclins à s’intéresser à la rigueur budgétaire. Ce n’est plus un pingouin qui nous gouverne, mais une autruche : face aux admonestations de la Cour des Comptes, aux inquiétudes de l’OCDE, aux doutes de Bruxelles, au ras-le-bol des Français, il oppose ruse et manipulation, déni de réalité, prenant un jour, rendant un autre selon un scénario imprévisible. Et les dégâts sont déjà là : la République abimée, la parole politique démonétisée, le crédit international ruiné. La défiance s’est installée partout, bâtie sur les ruines provoquées par les reniements, les mensonges et les artifices. Le président-candidat brade le pays dont les ambitions s’alignent dans des discours jamais suivis d’effets, au nom de quelques intérêts électoraux méprisables. Peu importe que la dette mine notre indépendance et réduise notre souveraineté à néant, il continue à se présenter en protecteur d’un modèle social qui laisse 3 millions de chômeurs sur le bord du chemin et qu’il contribue à détruire par son immobilisme et son saupoudrage électoral. Pourquoi se gêner, puisque la France n’a jamais connu des taux d’intérêts aussi bas pour emprunter, une vraie aubaine pour nos apothicaires, un vrai malheur pour notre avenir.

L’ardoise Hollande : ce sera au prochain gouvernement de régler la note. Elle s’annonce salée. En attendant, pourquoi se gêner ? Puisque ça va mieux !

 


LA SEMAINE D’ARCHIBALD

Haddock se marre bis

 

Retour sur une semaine agitée. C'est comme le temps et ça dure depuis un moment. Quelle époque ! Du côté du temps, on ne peut pas dire que la météo ait fait beaucoup d’efforts pour aider les sinistrés à faire sécher leurs affaires. A se demander ce qu’on a fait au bon dieu (j’en ai une petite idée). Côté CGT, même pas un petit geste pour être solidaire des policiers assassinés. 

Lundi :

On a atteint le comble de l’horreur avec l’assassinat d’un couple de policiers par un terroriste islamiste fou : la barbarie n’a pas de limites. Et dire qu’on est en « Etat d’urgence » !

Mardi :

Martinez-le-stalinien avait promis une mobilisation « énorme » pour sa manif’ : la police a comptabilisé 80 000 personnes à Paris et la CGT … 1 000 000 ! En voilà un qui a les mêmes rapports avec la vérité que l’antique Pravda. On a surtout constaté une énorme casse avec des militants syndicalistes pris la main dans le sac (de la violence). Et si on tapait dans les 450 000 € de sa cagnotte pour payer les dégâts. On a bien fait payer la pelouse du Champ de Mars à la Manif pour tous. Hollande a menacé d’interdire les manifestations : chiche !

Mercredi :

Ce matin les taux d’intérêts allemands à 10 ans sont tombés dans le négatif.

Royal encore punie : EDF devra appliquer un rattrapage de 1,5 € par mois aux 28 millions de clients du tarif réglementé. Têtue et bête à la fois… Mais ça, on savait. Coluche aurait rajouté : « Enfoirée, c’est nous qu’on paye ! »

Primaire de la droite : on va bientôt monter un nouveau "15 de France". Avec la candidature de Guaino, on arrive à 14 candidats. Le ridicule ne tue pas, dommage ! Il ne manque plus que le chauffeur de Sarko ou son poisson rouge (s'il en a un) … Bref, ça fait pas sérieux. Pour qui se prennent-ils tous ces hurluberlus à l’égo démesuré ?

Jeudi :

Echec des négociations sur l’assurance-chômage. El Khomry impute l’échec à l’attitude du Medef (on s’en serait douté). Et courageusement le gouvernement a prorogé le dispositif actuel jusqu’à 2017. Une manière de passer la patate chaude aux successeurs.

A Londres, meurtre de Jo Cox, députée pro « In » par un fou pro « brexit ». La campagne de violence des partisans de la sortie de l’Union a atteint son paroxysme. Une campagne véhémente et mensongère comme seuls les populistes savent le faire. Mais après ?

Vendredi :

L’or est à 1300 $ l’once : du jamais vu depuis août 2014. Cela n’annonce rien de bon.

Mélenchon passe en tête des candidats de gauche dans les sondages. C’est pépère qui rit jaune. On attend la blagounette, mais elle ne vient pas. D’ailleurs il est devenu gaulliste : c’est le premier président de gauche à se rendre à Colombey sur la tombe du Général. Faut-y qu’il soit tombé bien bas pour marcher dans les pas de Philipot !

Et encore : Martinez n’est pas d’accord avec El Khomry. On s’en serait douté.

Samedi :

Conseil national du PS : Camba dégaine la primaire de la « gauche de gouvernement » (si vous savez pas, je vous le dis : c’est le PS + les radicaux + les écolos égarés). Adopté à l’unanimité ! Une manoeuvre hollandaise pour enfermer les Montebourg, Macron, Linneman et autres prétendants dans un carcan fait sur mesure pour le sortant. Ce qui a fait dire à Filoche (lui-même candidat) : «  même une chèvre gagnerait contre Hollande ! ». Les gauchos voteront avec des moufles les deux derniers dimanche de janvier, les veinards.

Dimanche :

Selon le JDD d’aujourd’hui, les cotes de Hollande et de Valls auraient encore baissé. On croyait qu’ils avaient touché le fond, mais non, ils creusent encore. A l’époque, on disait « la cote de Barre baisse et ça amuse la galerie ! » mais avec Hollande et Valls on a rien trouvé de drôle. La situation se suffit à elle-même.

 


LA POLKA DES TAUX

étau des taux

 

Le monde est fou, fou, fou.

Vous savez combien nous sommes sensibles aux mouvements des taux d’intérêts compte tenu de notre endettement et de nos déficits. Eh bien, je plains nos politiques : bienheureux ceux qui y comprendront quelques chose dans la polka actuelle. Car l’affaire n’est pas liée qu’à la situation économique et financière des Etats. Des éléments liés aux événements politiques viennent interférer et rendre les situations difficilement prévisibles. Les marchés viennent en effet de découvrir qu'il y aura un referendum en Grande-Bretagne le 23 juin et qu'un Brexit est possible. Aussitôt s’est déclenché un sauve-qui-peut sur les indices boursiers et une ruée vers les emprunts d'État même avec des taux négatifs. Rajoutez à cela la FED américaine qui parait totalement perdue depuis les derniers chiffres du chômage américain et qui repousse mois après mois sa hausse des taux...

Pour les uns c’est la chute !

Les taux d'intérêt continuent leur chute en Grande-Bretagne, aux États-Unis mais aussi en Allemagne, sans qu'on sache vraiment où elle s'arrêtera. Pour des raisons diverses, mais cela semble plutôt logique (enfin presque). Ils tombent même en-dessous de zéro. Résultat l'épargne ne rapporte plus rien. Un problème pour les rentes et pour les banques.

Pour les autres, c’est la hausse !

Les taux ne baissent pas partout. En fait, le Brexit inquiète aussi sur l'Europe. Et du coup, on reparle des pays qu'on avait oubliés : le Portugal, l'Espagne et la Grèce encore et toujours. Si la Grande-Bretagne quitte l’Union, les partis anti-européens vont connaître un effet porteur sans précédent dans des pays où la situation politique est instable. Que feront les Espagnols qui retournent aux urnes le 26 juin, 3 jours après l'Angleterre, par exemple ? Les taux remontent donc à toute allure dans tous ces pays dits périphériques, ceux qui nous ont fait peur en 2010 et 2011 et qui ont provoqué la crise de la dette et de l'euro. Les investisseurs s'inquiètent et les taux de la dette remontent. Le raisonnement est simple là encore : on imagine les dégâts que peut provoquer ce mouvement de hausse des taux chez eux. Car les marchés se sont aperçus que les pays faibles de l'Europe sont toujours aussi faibles, toujours aussi endettés et toujours aussi instables politiquement.

La folie « brexit » des marchés.

L’inquiétude du Brexit s’étend aussi aux pays qui auraient envie de suivre la Grande-Bretagne, comme La Pologne dont le gouvernement actuel est résolument anti-européen. Il y a aussi la Slovaquie et la Hongrie et même dit-on la Hollande.  Ils pourraient se ruer dans la brèche. Une tentation prise au sérieux par l’Allemagne qui a déjà annoncé que les pays qui sortiront en paieront le prix en perdant les avantages du marché européen.  De quoi alimenter le mouvement de bascule des taux !

Pour les Etats-Unis, c’est toujours le « gris ».

La réunion de la FED n'a bien évidemment pas débouché sur une hausse des taux. La banque centrale américaine continue à s'inquiéter de l'emploi et du contexte international. Elle évoque toujours une nouvelle hausse des taux mais la repousse en permanence, signe d’un manque de confiance dans l’avenir. Le dollar chute donc logiquement et lourdement, notamment contre le yen,  et l'euro flirte avec les 1,13 $... Mais cette fois les indices boursiers qui, d'habitude, réagissent bien quand la FED ne monte pas ses taux, chutent. Une preuve de plus du désarroi qui règne. Le Japon flanche et les indices européens devraient baisser dans la foulée. Acculée par la flambée du yen depuis des semaines voire des mois, la Banque du Japon a pourtant choisi de laisser inchangée sa politique monétaire, par crainte là aussi du résultat du référendum sur le Brexit, qui peut, en cas de sortie du Royaume-Uni de l'Union, faire violemment chuter les marchés et faire monter encore plus le yen, valeur refuge. Une situation qui est devenue intenable pour le Japon et ses exportations. Forcément, elle va devoir intervenir, avant ou après le Brexit.

Les résultats du referendum anglais ne devraient être connus qu'au matin du 24 juin mais la nuit du 23 va être longue : la multiplication des sondages à la sortie des urnes, dont une partie a été commandée par les fonds spéculatifs, les « hedge funds », va alimenter toutes les spéculations surtout si le score est serré.

On n’a pas fini de danser la polka !


L’ALTERNANCE EN PERIL !

Archibald en colère

 

Ces grèves qui perdurent sans cause réelle et sérieuse autre que l’idéologie et le déni de réalité non seulement ruinent la SNCF mais contribuent à entretenir un climat délétère dans l’opinion. Les intempéries et les graves inondations qui ont à la fois endeuillé la France et mis dans la galère des milliers de nos compatriotes n’ont pas suscité la moindre solidarité des grévistes jusqu’auboutistes, même si elles en ont occulté quelque peu les actions, et en même temps ont suffisamment occupé les médias pour faire oublier l’essentiel : la conjugaison d’un décrochage économique avec une crise sociale et politique sans précédents. A tel point qu’à bien des égards, même l’alternance qui paraissait acquise est menacée. Notamment par deux dangers.

L’effondrement de la France.

C’est le premier danger. La minorité d’activistes qui cherchent à bloquer l’économie vont compromettre une reprise déjà timide, sans parler des violences récurrentes qui ont mis à sac les centre des grandes villes, ruinant un peu plus l’image de la France en Europe et dans le monde, au moment où l’on s’apprête à recevoir les participants à l’euro de foot. Les Français atterrés constatent que l’Etat laisse faire et que l’ordre public n’est plus vraiment assuré alors que le pays affronte une menace terroriste de grande ampleur. La République se couche devant la loi du plus violent. Pendant ce temps-là, loin d’aller mieux, l’économie continue de s’effondrer comme de nombreux signaux le montrent : augmentation des faillites qui réduisent la capacité de production, régression des investissements étrangers, chute du tourisme avec la peur des attentats (les grands hôtels sont vides), les fusions-délocalisations se poursuivent avec le départ de Technip à Londres, après Lafarge, Alcatel, Alstom, Norbert Dentressangle, sans oublier la déroute de Vallourec… On peut compléter le tableau avec le départ des entrepreneurs, des contribuables fortunés, des cerveaux, qui s’accélère. L’effondrement de la France c’est aussi l’atomisation de la société secouée par l’islamisme radical et traversée par des envies de révoltes liées au désespoir qui atteint de nombreux secteurs, agriculteurs, ouvriers, jeunes… avec des classes moyennes déstabilisées par le chômage et dévastées par une fiscalité et une politique de la famille qui la ciblent systématiquement. Le grand responsable de tout ça, ne le cherchez pas, c’est François Hollande. Sa démagogie et sa faiblesse ont ouvert un boulevard au populisme et ont ruiné toute velléité de redressement en échouant même sur une réforme pourtant vidée de son sens. Face au spectacle qui nous est offert, c’est la question même de la capacité à réformer par la voie démocratique qui est posée !

L’opposition dans la confusion.

Le second danger, c’est une opposition faiblement audible et en ordre dispersé. Pour la gauche, la messe est dite : laissons-la à ses contradictions. Ses divisions la conduisent irrémédiablement à la défaite. Mais au profit de qui ? Pour l’instant, la droite et le centre n’offrent pas une alternative crédible. La longue procédure de la primaire est en train de se transformer en machine à broyer les candidats avec le risque qu’il en sorte à l’automne un postulant affaibli par tant de mois de concurrence et de rivalités assassines. C'était peut-être une bonne idée pour une période tranquille. La crise et les attentats changent la donne. On a déjà dénoncé le trop grand nombre de candidats alors que d’autres s’apprêtent encore à entrer en lice.  La candidature de Nicolas Sarkozy, qui n’est une hypothèse que pour les naïfs, ne contribue pas à clarifier le débat. Au contraire, les soutiens qu’il reçoit forment une nébuleuse qui manque de cohérence. Les Ciotti, Wauquiez, Baroin, entretiennent la confusion par la multiplicité de leurs discours et les divergences qu’ils affichent. L’énergie, c’est bien, l’expérience c’est bien, mais il en faudra un peu plus pour faire admettre aux Français qu’on peut remonter le pays. Les autres sont occupés à se démarquer et paraissent trop dans le calcul politicien. Le centre n’est pas clair et peut contribuer à ruiner la primaire. Pourtant, la tâche sera immense. L’épreuve de force imposée par la CGT et FO, ces derniers vestiges du syndicalisme communiste et anarchiste, visent à interdire toute modernisation par la voie démocratique. Leur capacité de nuisance est amoindrie, elle reste encore suffisamment opérationnelle pour obliger un pouvoir affaibli à multiplier les dépenses clientélistes. Le malheur c’est qu’elles engageront son successeur. Les 5 milliards d'euros dépensés depuis le début de l’année seront plus de 10 en année pleine à partir de 2017. Inutile de croire à un  déficit limité à 3% dans ces conditions. Sans compter qu’il faudra recapitaliser les entreprises publiques de l’énergie et des transports et financer les concessions faites par l’Etat aux syndicats de la SNCF, d’EDF ou d’Air France… Face à des Français beaucoup plus démocrates socialistes qu’on ne le croit, il faudrait donc une opposition forte et crédible avec un programme solide et convaincant, qui réponde à toutes ces problématiques avec des solutions claires. Et puis que les candidats écoutent les Français un peu plus et leur ego un peu moins ! Faute de quoi, la tentation populiste pourrait être la plus forte.

L’alternance est bien en danger.


CACHER CET ARGENT QUE JE NE SAURAIS VOIR …

Des-liasses-de-billets

 

C’est en parodiant Tartuffe et son célèbre « couvrez ce sein que je ne saurais voir » que je réagis à la tempête qu’a déclenché le salaire de Carlos Ghosn, sanctionné par 54% des actionnaires de Renault mais maintenu par son conseil d’administration : vous pensez, 7 millions d’euros par an, il y a de quoi insulter les milliers de « smicards » qui travaillent dans l’entreprise nationale. Déjà Carlos Tavares, il y a peu, avait provoqué l’ire des gauchots bien-pensants et égalitaristes, pour un revenu pourtant plus modeste de quelques 5 millions d’euros.

Indécrottables français pétris d’égalitarisme qui voient dans l’argent le péché indépassable. Les saints d’aujourd’hui sont nos bons ayatolas écolos prêcheurs de la décroissance et de la pauvreté généralisée. La haine de l’argent fait partie du vieux fonds français qui va de pair avec la haine du libéralisme et du capitalisme. Elle justifie une fiscalité confiscatoire. Elle se traduit pas des spasmes réguliers depuis le « j’aime pas les riches ! »  et « mon ennemi, c’est la finance !» de François Hollande jusqu’à cette sortie du pape François à propos de l’argent : « le fumier du diable ». Pour ce dernier je n’aurai pas l’outrecuidance d’évoquer le cadre doré dans lequel il vit, ce serait tomber dans le piège, comme le fait si facilement « Marianne » avec ses « unes » phobiques sur fond catholico-républicain racoleur. C’est « Martinez-le-stalinien » qui va défiler avec ses (maigres) troupes sous les fenêtres du Medef pour dénoncer les détenteurs du capital, ennemis de la France.  Evidemment les « Nuit debout » ne sont pas en reste : ce ramassis d’anarchos ne peut que rejeter l’argent et rêver d’une société qui en serait dépourvue, une pure utopie. Rétrospectivement, on comprend mieux la disgrâce de Nicolas Sarkozy et sa tentative pour décomplexer les Français sur le sujet, avec pour résultat l’effet contraire. Quelqu’un qui aime l’argent, ça n’est pas très respectable, non ?

On touche à un point sensible. Il nous vient de loin : du clivage social de l’ancien régime dans lequel l’aristocratie (la noblesse) pouvait dépenser en laissant le travail servile aux manants ; de la religion catholique et particulièrement en France où il faut choisir en la religion et le veau d’or, ce qui a pour conséquence d’avoir institué le principe de culpabilité de « l’argent honteux » ; la République, enfin, et l’idéal égalitariste, devenu passion insatiable, que Stendhal commentait ainsi : 1789 a libéré la haine, la jalousie et l’envie impuissante. Le Général De Gaulle traduisait plus justement cette inclination par « chacun ressent ce qui lui manque plutôt que ce qu’il a déjà ». Ce triple héritage nous vaut bien des turpitudes. Ainsi, on préfère faire fuir les riches, on préfère décourager le travail qui équivaudrait à un « enrichissez-vous » méprisable. Chez nous l’économie de marché n’est supportée qu’à condition de punir sans cesse ceux qui en sont les acteurs.

Alors, évidemment, si une hiérarchie des revenus est inévitable, il faut qu’elle reste dans un ordre raisonnable, ce qui est le cas généralement. Qu’importe que les riches s’enrichissent car ils prennent des risques qui justifient une rémunération à proportion, si les autres vont mieux. Qu’importe que le salaire de Carlos Tavares double, si les ouvriers touchent une prime que permettent les bons résultats de l’entreprise. Mais c’est vrai, si les disparités sont trop grandes elles perdent leur caractère stimulant pour devenir décourageantes. Pourtant, voilà qui ne poserait aucunement question à un Américain, mais il est vrai que Dieu figure sur le dollar. Encore faut-il avoir les bons éléments de réflexion. Choquant le salaire de Carlos Ghosn : 7 millions d’euros plus 8 de chez Nissan. Le patron de Ford gagne 16 millions de dollars. Nous sommes sur un marché mondial. Nos grands capitaines d’industrie échappent à toute logique hexagonale. Veut-on revenir à des revenus compatibles avec nos principes, on le peut… mais on en aura pour notre argent. Il est toujours possible de confier Renault à un de nos brillants technocrates pour bien moins cher. Le problème est de savoir combien de temps il mettra pour couler la boîte. Et puis je voudrais qu’on m’explique pourquoi il y a problème quand il s’agit de chefs d’entreprises, et pourquoi les revenus d’un Zlatan Ibrahimovic, trois fois supérieurs, n’en pose pas ! On ne passe rien aux patrons, tout aux sportifs et aux artistes qui touchent des rémunérations astronomiques. Cela n’est pas rationnel.

Quand Emmanuel Macron invite les jeunes à avoir envie d’être milliardaires, il tente de briser le tabou qui enferme son camp dans des logiques mortifères pour l’économie, mais il n’invente rien. Il rejoint le « enrichissez-vous » de Guizot.  Un propos peut-être provocateur pour les bobos mais salutaire pour ceux qui voudront bien l’entendre comme un encouragement à travailler. Il n’y a pas de honte à être riche si c’est le fruit d’un travail ou d’un talent. Car c’est bien d’une revalorisation du travail et de l’effort dont notre pays a besoin. Et il y aurait une rééducation à faire … à l’école où celui qui est brillant est catégorisé comme « intello » et donc mis à l’écart et harcelé. Injustice vivante notoire et condamnable !  Comme on le voit, ce n’est pas gagné d’avance. En général, l’argent ne se vole pas, il est le fruit du labeur et de l’intelligence, et accompagne l’épanouissement personnel. On peut crier avec les loups : « ça pue le fric ! ». Moi, je trouve que « l’argent sent bon » bien qu’il n’ait pas d’odeur !

 


MONDE A LA DERIVE CHERCHE LEADER(S)

Bagarre_village_gaulois

 

Le monde actuel va mal. Quel que soit le côté où l’on se tourne, ce n’est qu’incertitude, difficulté et pessimisme. J’entends déjà votre reproche : « Daniel, arrête de jouer les Cassandre ! ». Mais que voulez-vous, je n’y peux rien si la réalité est ce qu’elle est. La preuve par l’observation : faisons un petit tour d’horizon.

Les menaces qui pèsent sur la croissance mondiale

On en compte au moins quatre : la transition économique de la Chine pèse sur les échanges internationaux parce que son gouvernement peine à maitriser les mutations que génère le passage du modèle tourné vers l’export à celui de la consommation intérieur ; les pays émergents sont menacés d’un retrait massif des capitaux internationaux, soit parce qu’ils dépendent trop de leurs matières premières dont les prix chutent, soit parce qu’ils sont en crise politique comme le Brésil ; de nombreux pays en développement sont déstabilisés durablement par la volatilité des marchés financiers et connaissent une récession ; enfin, la plupart des pays développés dont l’Europe et le japon, affichent une croissance faible et restent au bord de la déflation. Ces menaces ont été rappelées par Christine Lagarde, présidente du FMI.

L’arrêt de la globalisation

La conjonction de tous ces facteurs, s’ils intervenaient au même moment comme cela semble se profiler,  pourrait entraîner un mouvement inverse de celui de la « mondialisation ». Ce phénomène de repli sur soi généralisé serait peut-être loué par les apôtres populistes mais serait en réalité une véritable catastrophe pour notre planète. En effet, la plupart des économistes s’accordent sur le constat que l’ouverture généralisée des frontières a permis à près d’un milliard d’êtres humains de sortir de l’extrême pauvreté. Cela n’empêchera pas le spectre d’une crise financière mondiale de hanter tous les esprits. Car les systèmes bancaires de plus en plus interconnectés, les mouvements de capitaux dont la taille n'a cessé de croître et qui sont devenus plus volatils, les acteurs non bancaires du type fonds de gestion, « hedge funds », compagnies d'assurances, centres offshore, sans parler du marché parallèle des « bitcoins »,  gagnent en importance mais avec une distorsion de l’impact sur l’économie réelle par la création de « bulles »: toutes ces évolutions multiplient les risques encourus par l'économie mondiale. Tant et si bien que certains économistes prédisent une nouvelle crise encore plus dévastatrice que celle de 2008, alors que les efforts de régulation ont été engagés mais ne sont pas à la hauteur.

L’absence généralisée de leaderships

A ce climat, viennent s’ajouter trois risques supplémentaires majeurs. Le premier, c’est l’élection américaine. La course de Donald Trump est à cet égard préoccupante. On sait, en effet, que son élection serait le signal d’un repli des USA sur eux-mêmes, tant le discours qu’il développe est ultra protectionniste. Un repli qui se ferait évidemment aux dépends du reste du monde, puisqu’il s’agit d’exacerber la puissance américaine contre tous les autres. Le second risque, c’est l’Europe. On voit bien partout les causes d’immobilisme ou de stagnation : une Espagne paralysée qui doit retourner aux urnes, un Portugal qui recule avec son gouvernement de coalition de gauche, la Grèce qui nous refait le coup du chantage comme tous les dix-huit mois et qui en est encore à faire les fonds de tiroir pour payer ses fonctionnaires, la menace du Brexit qui serait une catastrophe pour la deuxième économie de l’UE s’il se réalisait et pour tous les autres partenaires, le climat des affaires qui se dégrade en Allemagne… Et je ne parle pas de la France, puisqu’il parait qu’elle va mieux (je plaisante). Le dernier risque auquel nous devons faire face, c’est la crise migratoire à quoi on peut associer les tensions religieuses et l’explosion du terrorisme, et le repli identitaire qu’elles déclenchent partout. La dernière élection en Autriche n’envoie pas un signal réconfortant. La fermeture progressive de toutes les frontières serait un formidable frein au développement. Et dans aucun pays, il n’y a un leader qui s’impose avec une vue d’ensemble, et encore moins au niveau continental voire mondial. Le monde court au désordre et il n’y a personne pour prendre les décisions qui l’empêcherait.

Une triple conjonction

Imaginons ce que pourrait produire une déconnection Nord-Sud, associée à une balkanisation de l’Europe et une démondialisation liée au double repli américain et chinois ! Imaginons ce que produiraient les replis de capitaux, la guerre des monnaies qui ne manquerait pas de s’en suivre, et les désastres en chaine amplifiés par les réseaux connectés. Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne : les pays émergents n'ont pas accès à tous les instruments financiers de défense et surtout, ils n'ont pas le privilège d'émettre une monnaie de réserve internationale à l'instar des Etats-Unis, des membres de la zone euro et du Japon. Sans parler de la Chine qui ne se laissera pas faire. Sans parler de la Russie, des pays du golfe….

Heureusement, ce n’est pas parce qu’une catastrophe est prévisible qu’elle se réalisera. Comme dirait l’autre : « les prières sont les bienvenues ». Et avec la chance qu’on a, la droite pourrait bien reprendre le pouvoir au pire moment. On mesurera alors amèrement le temps perdu pendant cinq ans pour mettre nos finances d’équerre quand « la conjonction des planètes était favorable ».

 


LE COUP DU « ça va mieux ! »

Courbe du chômage

 

Il fallait bien s’y attendre : la grande manipulation pour redistribuer a commencé depuis longtemps, mais il fallait l’étayer sur  des chiffres, pour que ça fasse plus vrai. Alors on nous fait le coup du « ça va mieux ! ». Vraiment ? Non, pas vraiment.

Moins de déficit sans rien faire.

Ah, c’est sûr, Sapin-les-bas-roses est tout fier de se vanter d’avoir réduit plus que prévu le déficit en 2015 : 3,5% au lieu des 3,7% laborieusement négociés avec nos partenaires, car en 2015 on aurait dû faire 3% ! Moins pire que pire, devrait-il dire. D’autant plus que, preuve que la situation ne s’est pas améliorée, la dette a continué d’augmenter (95,7% du PIB à 2097 milliards d’euros) : plus de 57 milliards d’euros en un an ! Encore devrait-il préciser, s’il était honnête, que si le PIB a augmenté de 1,1% en 2015, la chute du prix du pétrole et du gaz nous a fait gagner 23 milliards d’euros (Insee), soit exactement 1,1% du PIB !!! Autrement dit, les avantages venus de l’extérieur (baisse du coût de l’énergie, taux bas, et baisse de l’euro) expliquent nos très relatifs « progrès ». La France n’ayant fait aucun effort, elle n’y est pour rien dans cette relative amélioration. Ces conditions favorables ont permis aux bons élèves de rebondir, mais chez nous on continue de transformer l’or en plomb.

Il y a statistiques et statistiques.

A défaut de vrais résultats, on nous abreuve de statistiques « torturées ». En janvier la situation du chômage s’était subitement et inexplicablement améliorée avec 27 100 chômeurs de moins. Tout allait donc très bien Madame la Marquise. A tel point qu’on nous annonçait même avant qu’il paraisse, un rapport de l’Insee avec la confirmation de la reprise. Tous les médias ont suivi sur le même thème. Mais le rapport n’a fait que répéter ce qu’on savait déjà avec les mêmes chiffres pour l’année 2016, confirmés. Autrement dit rien de nouveau sinon que l’année sera grise. D’ailleurs les chiffres du chômage de février sont venus doucher les espoirs de l’exécutif. Avec 38 000 demandeurs d’emplois supplémentaires, le chômage explose à nouveau.

Inverser la courbe, mais laquelle ?

Le plus cocasse, c’est que parfois les chiffres se contredisent. L’obsession présidentielle pour le chômage, comme l’on sait, c’est « l’inversion de la courbe ». Mais laquelle ? Il y a celle qui est fournie par Pôle Emploi, sur laquelle tous les regards se focalisent. Ainsi, il y avait le 31 décembre 2015 3 580 000 demandeurs d’emplois inscrits. Et il y a les statistiques de l’Insee, qui correspondent à la définition internationale du BIT, tout aussi officielle. A la fin 2015, 2 900 000 demandeurs d’emplois remplissaient les conditions de cette définition, soit 10% de la population active. Alors que le nombre des demandes d’emplois non satisfaites de Pôle Emploi a augmenté de 88 200 en 2015, l’Insee annonce une baisse du taux de chômage de 10,1% à 10% ! Mais ces petites finesses échappent à notre « Monsieur 6000 petits pas » : il n’a jamais dit à quelle courbe il pensait pour concrétiser l’inversion !

A vouloir trop prouver…

Et en plus, il arrive que l’emploi des chiffres conduise nos responsables à s’emmêler les pinceaux. Ainsi, Manolito a précisé dans une interview « qu’un chômeur sur quatre a moins de 25 ans » ! Enorme ! En réalité, sur les 3 552 000 demandeurs d’emploi, 514 200 ont moins de 25 ans, soit 15% du total et c’est encore beaucoup trop. A force de vouloir trop prouver, on ne prouve rien. Le Catalan voulait sans doute dire que parmi les jeunes de moins de 25 ans sur le marché du travail, un quart d’entre eux sont au chômage, ce qui est la vérité. Bref, le chômage des jeunes est un drame et la situation ne s’est pas améliorée avec Hollande, bien au contraire, malgré tous les emplois aidés.

Ces grand groupes si méprisables.

Nos gouvernants de gauche n’ont en même temps que mépris pour les grands groupes français. Il suffit de voir l’émoi que suscite le salaire de Carlos Tavarès de PSA. Il n’y a qu’en France qu’on voit ce genre de débat. Les 3 000 plus grandes entreprises françaises, sur un total de 3,3 millions, mériteraient un peu plus de considération. Elles réalisent le quart de la création de richesse du pays, la moitié de la valeur ajoutée, 70% des investissements et 83% des exportations (Insee). Or, l’Etat ne pense qu’à les affaiblir. Il suffit de voir que pour le secteur de l’industrie la production est toujours inférieure de 15% à ce qu’elle était en 2008 ! Et n’évoquons pas nos fleurons industriels qui se font racheter par des concurrents étrangers… souvent pour aller prospérer sous des cieux plus cléments.

La croissance fantasmée …

Cela n’empêche pas de faire mine en fin de mandat de redistribuer les « fruits d’une croissance fantasmée ». La réalité est en effet triviale : les exercices 2012-2015 ont été les années consécutives les pires pour la croissance Française depuis que les statistiques de PIB existent (1949). Heureusement peu de monde le sait. Et si jamais l’embellie économique n’est pas aussi marquée que souhaité, c’est évidemment la faute à la croissance mondiale qui patine. Toujours la faute des autres. Les pétards mouillés que sont les lois Macron pour « libérer » l’économie et El khomry pour « libérer » le travail, n’y sont pour rien, qu’est-ce que vous allez imaginer !

 


RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE !

Draghi

 

C’est le dernier scénario mis en place par Mario Draghi, dit « Super Mario », avec les dernières décisions prises par la BCE, annonçant des mesures très agressives qui vont bien au-delà des attentes du marché. Rappelons l’intérêt supposé de cette politique « non conventionnelle » : il s’agit d’abaisser les taux d’intérêts quasiment à zéro, et cette fois-ci on y est, et de créer massivement de la monnaie par  « Quantitative Easing » (assouplissement quantitatif) pour empêcher les faillites de banques, re-solvabiliser les Etats surendettés et stimuler la reprise, avec un objectif de sortir de la déflation. La BCE a donc décidé la semaine dernière une politique de taux de refinancement amené à zéro, de taux sur les dépôts enfoncé en territoire négatif, de rachats d’actifs en quantité toujours plus importante… Des décisions sévèrement critiquées par la presse allemande.

Des politique monétaires discutables.

Car, en effet, il y a tout juste un an, la BCE lançait son programme de rachat de dettes souveraines dans le but de faire remonter l'inflation et de booster l'économie. Force est de constater qu’un an plus tard, le bilan est plus que mitigé. La planche à billets a peut-être permis d'éviter la spirale de la déflation, mais l'inflation est toujours aussi basse et l'économie est restée très molle. De quoi jeter le doute sur l'efficacité de ces politiques monétaires. On se souvient également du flop de la Banque centrale japonaise après la mise en place de taux négatifs. Alors bien sûr, à l'annonce de ces dernières décisions massives, les marchés se sont envolés, l'euro s'est effondré. Mais quelques minutes plus tard, l'euro rebondissait violemment et les indices boursiers rechutaient. Ce qui veut dire que les marchés eux-mêmes doutent de l'efficacité des politiques des banques centrales. L’arme monétaire, c’est comme un antibiotique : il ne faut s’en servir que sur de courtes périodes. Sinon, on perd l’effet potion magique. Non seulement le malade ne guérit pas, mais il peut subir de graves effets secondaires ! En effet, en entretenant ces brutales oscillations des marchés, à la hausse comme à la baisse, les banquiers centraux découragent l’investissement dans les actifs risqués, notamment les actions ou les obligations d’entreprises. Ils n’incitent pas non plus les Etats – drogués à l’argent bon marché – à se désendetter. Et les gouvernements ne font pas les réformes structurelles qui permettraient de relancer la croissance et l’emploi.

Peu d’effets bénéfiques.

On a fini par s’apercevoir que les taux négatifs, ce n'était pas normal, et surtout que leur effet à long terme pouvait être destructeur. Des grands patrons de banques commerciales européennes ont déclaré qu'ils ne pourraient pas supporter longtemps les taux négatifs. Pour l'instant ces taux ne peuvent pas être répercutés aux dépôts des clients mais cette situation est intenable. D’autant plus que cela nuit à la profitabilité des banques et donc la survie de leur modèle est mis en péril. On voit bien que la magie des banques centrales n'opère plus, ce dont on se doutait depuis quelques semaines. Mais elle permet tout de même de limiter la casse : de fait, les marchés ont rechuté mais ils restent, pour l'instant, à des niveaux de relative stabilité. Le CAC a même repris 13% depuis son niveau le plus bas de l'année. Ce n'est donc pas un échec total pour Mario Draghi. Avec tout ce qu'il a annoncé et ce qu'il pourrait continuer à annoncer si la situation économique se dégradait, les marchés reçoivent quand même une dose de dopage monétaire exceptionnelle. Elle n’est peut-être pas suffisante pour alimenter l'euphorie mais elle permet de rester en lévitation dans des paradis artificiels.

L’assouplissement quantitatif semble inadapté.

Si certains pays, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou l'Allemagne, ont profité de cette manne financière pour s’adapter au nouvel environnement mondial, d'autres comme la France n'ont absolument rien fait. Et quand les mesures exceptionnelles deviennent une habitude, c’est une accoutumance malsaine. Il vaudrait mieux prendre en main notre destin économique. C’est d’autant plus nécessaire que ce type de politique a plus d’inconvénients que d’avantages. Le Japon, qui a poussé l’expansion monétaire à l’extrême, n’a pas vaincu sa déflation… Et l’on voit bien que la BCE n’arrive ni à atteindre son objectif de 2 % d’inflation, ni à faire redémarrer l’économie. Au contraire, les liquidités qu’elle injecte donnent des munitions à la sphère financière, sans profiter à l’économie réelle. Comme les banquiers centraux se trompent de diagnostic, ils appliquent de mauvais remèdes. Ils ont des objectifs d’inflation qui datent des années 1980 quand on stimulait l’économie en ouvrant en grand les vannes de liquidités. Or la croissance faible que l’on connait est due à des problèmes sur lesquels la politique monétaire n’a aucune prise : ralentissement démographique, gains de productivité insuffisants, manque d’investissements dans les nouvelles technologies, inégalité dans la répartition des richesses… Mais plus cette politique laxiste dure, plus il sera difficile d’en sortir.

Les marchés restent fébriles.

L'autre élément intéressant de ces derniers jours, c'est l'importance du pétrole pour les marchés. Celui-ci se maintient pour l'instant autour de 40 dollars et tant qu'il ne rechute pas les marchés trouvent là aussi un point de stabilisation. Après la BCE, les marchés vont attendre probablement les annonces de la Banque centrale américaine dont ils espèrent qu'elle va donner des indications sur le fait qu'elle va continuer à relever ses taux… ou pas. Et la prochaine tendance des marchés sera déterminée par les indicateurs économiques. Et en particulier ceux des américains. Alors la panique du début 2016 va-t-elle devenir un lointain souvenir ? Il ne faut pas trop rêver : les problèmes fondamentaux demeurent. Malgré les projections à 5 ans de la croissance chinoise,  la Chine est toujours en phase de transition économique majeure. Malgré la trêve décidée par l'Arabie Saoudite, le pétrole, et les matières premières en général demeurent en surplus. Et surtout, l'économie mondiale ne montre aucun signe de rebond. Il ne faut  donc pas s’étonner si les doutes sur l'efficacité des interventions des banques centrales sont de plus en plus vifs. D’ailleurs, la Banque des Règlements Internationaux vient de lancer un cri d'alarme sur les conséquences néfastes des taux négatifs.

La BCE a créé une bulle obligataire, avec des taux s’intérêt à long terme anormalement bas. Le jour où cette bulle éclatera –comme avec un retour de l’inflation dû à une brutale remontée du prix du pétrole – les dégâts seront effroyables. Les emprunteurs, à commencer par les états, seront insolvables. Quant aux prêteurs, banques et assurances, ils encaisseraient des pertes considérables en capital. Beaucoup se retrouveraient alors en cessation de paiements. On comprend que les Allemands aient la dent dure, d’autant plus que, à elle seule, la politique des taux d’intérêt bas n’a quasiment rien rapporté, fragilise les banques et ruine les épargnants !

Personne ne sait vraiment sur quoi peut déboucher la politique actuelle, en dehors de la catastrophe, ce qui est le plus facile à envisager !

 


LE T.A.F.T.A.

Tafta

 

A ne pas confondre avec le taffetas, cette jolie étoffe de soie qu’on utilise encore en ameublement et en confection. Rien à voir donc avec le « Tafta » qui est l’acronyme pour désigner le « traité transatlantique » en cours de négociation entre les Etats-Unis et l’Union Européenne. Encore que son éléboration relève du « tissage » laborieux. Le « Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) » surnommé « Tafta (Transatlantic Free Trade agreement) » par ses détracteurs, est un projet de zone de libre-échange lancé début 2013 par Barack Obama et les dirigeants de l’Union européenne, José Manuel Barroso et Herman Von Rompuy, avec le soutien des 27 Etats-membres européens (qui sont maintenant 28). L’objectif est de libéraliser au maximum le commerce entre les deux rives de l’Atlantique, en réduisant les droits de douane et les « barrières réglementaires », c’est-à-dire les différences de réglementations qui empêchent l’Europe et les Etats-Unis de s’échanger tous leurs produits et services, et qui génèrent des coûts supplémentaires.

La plus grande zone de libre-échange du monde.

Les négociations sur la plus grande zone de libre-échange du monde ont repris à la fin du mois de février. C’est le douzième round. Bruxelles et Washington affirment vouloir aboutir avant la fin de cette année. Ce dont on peut douter. D’une part à cause de la présidentielle américaine et d’autre part parce que des « lignes rouges » ont été fixées de part et d’autre qui compliquent terriblement le calendrier. En clair, l’enjeu est de lever tous les obstacles, tarifaires et non-tarifaires et au-delà, d’influer sur les normes internationales de demain… en faisant barrage au passage à l’empire chinois. Tout cela est bien joli, mais quand on aborde le concret, l’affaire s’avère très complexe et suscite bien des crispations. Les ONG, les syndicats, des politiques s’inquiètent et agitent le chiffon rouge, dénoncent les risques d’abaissement des normes sociales et environnementales. De là à faire de l’Oncle Sam un ogre qui veut tout dévorer avec ses multinationales, il n’y a qu’un pas que certains franchissent vite, et vous promettent force malbouffe et mort de nos PME… la Commissaire européenne en charge des négociations s’emploie à rassurer les consommateurs européens sans trouver beaucoup d’appuis auprès des gouvernements peu désireux de communiquer sur le sujet.

Des négociations denses et difficiles.

Il est vrai que les négociations butent sur plusieurs dossiers, tant les lobbys de part et d’autre sont actifs pour protéger leurs pré carré. « Sans un réel accès aux marchés publics américains, nous ne signerons pas ! » proclamait encore il y a quelques jours notre Secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl. Malgré les déclarations optimistes des négociateurs, cinq gros dossiers n’ont toujours pas abouti : la fin des barrières douanières tarifaires, la convergence des normes réglementaires, l’ouverture des marchés publics américains, la combat pour la protection des indications géographiques, la réglementation des litiges entre Etats et investisseurs. Ce serait fastidieux d’entrer dans le détail. Retenons que l’Europe n’est pas prête à se laisser imposer par les Etats-Unis n’importe quelles conditions. La question agricole fâche, la mise en oeuvre de normes communes est un véritable casse-tête, les américains freinent sur l’ouverture de leurs marchés publics au nom du « Buy American Act » sur le respect duquel le Congrès est très vigilant, pour la France la reconnaissance des « AOC » européenne est un impératif et pas seulement pour les vins, et elle est suivie par l’Espagne et l’Italie, enfin le projet de mécanisme d’arbitrage entre investisseurs et Etats a fait l’objet d’une telle levée de boucliers en France et en Allemagne que Bruxelles a suspendu sa négociation.

L’absence de transparence alimente tous les fantasmes.

En plus le manque de transparence est une constante de la négociation. D’un certain point de vue, cela se comprend. Les points abordés sont ardus et il faut éviter les fuites génératrices d‘informations fausses parce que prématurées. Sous la pression de Paris et de Berlin, les états membres ont obtenu la possibilité  de consulter les documents dans les capitales européennes au lieu de Bruxelles. Une bien piètre avancée tant les conditions d’accès au document sont compliquées. Et le seul document disponible que les députés peuvent consulter concerne le 10ème round qui date de juillet 2015. Rien sur celui de Miami, qualifié de « très important », qui a eu lieu en décembre dernier. Et évidemment, cette absence laisse libre court à tous les fantasmes. La faiblesse de nos gouvernants actuels n’est pas faite pour les calmer.

C’est vrai qu’avec l’Europe dans l’état de segmentation qu’elle connait actuellement, on peut avoir des raisons de craindre qu’elle plie devant le rouleau compresseur des lobbys américains.

 


LE RETOUR DES BRAILLARDS

35 heures 2

Mercredi fut une journée à marquer d’une pierre blanche : c’était pourtant du grand classique de la manif’ avec tout ce que la gauche paléotlithique compte de sicaires, du psychorigide Mailly de FO au moustachu plexygladtzien Martinez de la CGT en passant par tout ce que la gauche de la gauche peut aligner, les grognons frondeurs Paul et cie du PS, Mélenchon évidemment et les débris du NPA… Que c’est drôle de voir tous ces gens hurler contre le gouvernement… de gauche ! Il y a de quoi rire, mais c’est triste à pleurer.

La loi El Khomry : un prétexte.

Il y avait dans les rues de nos villes des cheminots et des agents de la RATP (pour Paris), des salariés d’Air France et de la Poste, des personnels hospitaliers et les porteurs professionnels de banderoles des syndicats protestataires, CGT et FO en tête. Il y avait aussi des gauchistes d’Europe-Ecologie Les Verts, et même des « jeunes socialistes » accompagnés de lycéens et de tout ce que la gauche compte d’organisations sœurs. Il y avait des magistrats du Syndicat de la magistrature ainsi que, des profs (forcément) et des étudiants de l’UNEF. Mais quel intérêt commun ? Beaucoup ont défilé contre le projet de loi El Khomri, que celui-ci puisse ou non avoir un impact sur leur destin, certains défendaient leur pouvoir d’achat, d’autres protestaient contre les suppressions d’emplois… Un melting-pot dont le dénominateur commun trouve sa réponse dans le quinquennat hollandais. Et les gens de gauche ont de quoi être mécontents quand on a cru aux promesses de « réenchantement » de la France, aux deux ans d’efforts suivis de trois ans de récompenses. C’est le peuple des grugés qui subissent la hausse du chômage et les hausses d’impôts. Hollande paie pour ses mensonges. Mais ceux qui n’attendaient rien de lui sont restés à l’écart.

Malheureusement le gouvernement va bouger dans le mauvais sens.

Les cortèges de manifestants avaient beau être moins nombreux qu'attendus, quelques dizaines de lycées bloqués…  si le gouvernement ne crie pas victoire, son soulagement est perceptible. La première journée de contestation contre la loi El Khomri réformant le droit du travail n’aura pas été le raz-de-marée annoncé notamment par les réseaux sociaux. Ce qui est certain, c'est que ce premier mouvement est suffisamment conséquent pour obliger le gouvernement à bouger sur la loi, car l’exécutif voudra désamorcer le vrai test que constituera la mobilisation prévue le 31 mars prochain. La loi El Khomri ne sera donc pas la grande réforme de la loi du Travail qu'on attendait. Elle est déjà suffisamment timide, mais face à la grogne de la gauche de la gauche, aux manifestations, aux pétitions en ligne, le gouvernement va reculer en modifiant  ou rajoutant quelques mesures qui ne changeront rien à la donne ou qui compliqueront un peu plus la vie de nos entreprises.

Martine, Martinet, Martinez…

On a envie de chanter sur l’air de Brel « Rosa, Rosa, Rosae… », les noms des trois dinosaures qui font la une contre la réforme du code du travail. Ils se déclinent comme des cas latins (enfin pour ceux qui connaissent encore quelques rudiments de cette langue), mais des cas, ils en sont dans un autre ordre d’idées : leur argumentation sonne comme une cloche mille fois entendue. Le modèle social qu’ils défendent est plutôt un modèle d’échec. Peu leur chaut qu’il produise depuis quarante ans le même résultat : toujours plus de chômeurs, toujours plus de jeunes à l’écart, … ils entonnent les mêmes refrains. Peu leur importe que nos meilleurs économistes les contredisent, de Jean Tirole notre Prix Nobel à Philippe Aghion, pour ne prendre que les plus incontestables, ce sont des iconoclastes face aux vérités imposées par l’idéologie. Martine, l’amère de Lille joue un drôle de jeu et n’en finit pas de ruminer sa défaite à la primaire socialiste ; la vengeance étant un plat qui se mange froid elle trouve là l’occasion de nuire à un Premier Ministre qu’elle abhorre. Martinet, pur produit de la pouponnière du PS qu’est l’UNEF, cet étudiant de 27 ans et (déjà !) licencié est censé poursuivre des études en master  « d’économie sociale et solidaire » (évidemment) ; mais que sait-il de la vraie vie dans une entreprise lui qui n’y a certainement jamais mis les pieds ? De toute façon, ce n’est pas le sujet, sa carrière est toute tracée s’il réussit son coup : au pire apparatchik au PS, au mieux assistant parlementaire pour être un jour député, et qui sait un jour peut-être Premier Secrétaire… Quant à Martinez, c’est le pur bolcho sorti de la glacière du PC, brut de décoffrage ; le temps n’a pas eu de prise sur son argumentaire à toute épreuve directement sorti des stéréotypes de la machine de la place du Colonel Fabien. Normal qu’il soit là.

Les arguments des opposants ont tout faux.

Ceux qui manifestaient hier ont une conception idéologique des relations du travail et font preuve d’une ignorance coupable des travaux des économistes sur ces questions. L’absence de connaissance du monde réel pousse naturellement à se réfugier dans l’éternelle rengaine de la lutte des classes, bien que l’approche soit tout sauf pertinente.  Il y a derrière une conception simpliste de la pensée économique figée sur des théories dépassées, marxiste ou keynésienne, et empaquetée dans des convictions toutes faites. Et comme nous sommes face à un monde complexe, même dans une zone aussi homogène que l’Union européenne, de nombreux travaux ont été menés pour établir des comparaisons afin de comprendre les différences qui existent entre les différents marchés du travail. Chaque pays étant différent, il est facile pour les « simplificateurs » de refuser de regarder ce qui marche ailleurs. Mais depuis quinze ans au moins, l’économie se transforme grâce aux ordinateurs et aux innombrables données qu’ils peuvent traiter.  C’est pourquoi on peut affirmer sans se tromper que la « protection réduit le niveau d’emploi dans les Etats qui l’ont mise en place, avec un impact plus important sur les femmes et sur les peu qualifiés ». La législation contraignante dont la France s’est fait une spécialité est défavorable à l’emploi, en particulier pour les personnes dont l’insertion dans le marché du travail est la plus difficile : les jeunes, les femmes et les plus âgés. La loi travail de Myriam El Khomry ne créera pas forcément des emplois, mais elle devrait avoir un impact pour ouvrir le marché du travail, notamment pour une entrée plus facile des jeunes.  Il parait que 70% des moins de 35 ans sont opposés à la loi ! Un échec pour le gouvernement dont l'objectif prioritaire est de favoriser l'embauche des jeunes en assouplissant le CDI. Rappelons quand même que le chômage des jeunes actifs est à 25 % et qu'aujourd'hui, un jeune obtient son premier CDI à 27 ans. 85 % des embauches se font aujourd'hui en CDD. Alors, surtout, ne changeons rien !

Et pendant ce temps-là, Bruxelles presse la France de réformer davantage. Notre pays figure, avec la Croatie et le Portugal, parmi les trois états membres de l'UE épinglés pour leurs déficits et leurs déséquilibres excessifs. La Commission enjoint Paris de poursuivre ses réformes, en particulier la loi El Khomri. Qu’est-ce qu’on lui dit à la Commission, que c’est bien mal parti ?

 


LE PS A BESOIN DE FAIRE SON « BAD GODESBERG »

VALLS 2014

Le Parti Socialiste de François Mitterrand né du Congrès d’Epinay en 1971 est mort. Avec la charge de Martine Aubry contre la politique Hollande-Valls, le départ annoncé de ses partisans du bureau politique, la rupture est consommée. Avec les  manigances des frondeurs qui se sont rallié les satellites que sont l’Unef chez les étudiants et la Fidl chez les lycéens pour les jeter dans la rue, c’est un front qui s’est ouvert entre deux gauches. Le moment de clarification est arrivé, et le locataire de l’Elysée aura bien du mal cette fois-ci à faire la « synthèse ». 

Il faut en finir avec la gauche archéo-socialiste du "programme commun".

L’intérêt du texte de « l’amère de Lille », n’est pas seulement dans la violence du propos, qui vise tout particulièrement Manolito, mais aussi et surtout dans l’éclairage qu’il donne de la vision de l’économie et de l’entreprise de cette vieille gauche qui n’apprend rien de la réalité : l’entreprise reste, sinon l’ennemie de classe, du moins l’adversaire selon la doctrine marxiste « du lieu d’extraction de la plus-value », autrement dit de « l’exploitation de l’ouvrier ». Pour elle, le capitalisme est de plus en plus dur et il ne peut y avoir de compromis : on ne pactise pas avec le capital car c’est un pari perdu. Avec à la clé, les arguments traditionnels que l’on peut énumérer tels que les salaires sont à la baisse, les conditions de vie s’abiment, les riches sont de plus en plus riches… Les rapports sociaux ne sont pas un dialogue, mais un combat. La lutte des classes…

Cette vision négative, particulière au réduit français, trouve quelques échos ailleurs dans le monde développé, profitant des soubresauts provoqués par la transformation de l’économie sous l’effet de la troisième révolution industrielle, mais fait fi des réalités que sont le recul de la pauvreté sur la planète et de la misère bien plus grande des rares peuples où sévit encore cette doctrine dans toute sa cruauté, comme en Corée du Nord. Et si le capitalisme est si dur que ça, la France est encore un mauvais exemple car il y est rudement ficelé par cette sorte de « communisme mou » qui se mesure à des dépenses publiques qui pompent 57% du PIB, aux inégalités qui y sont contenues et à la protection des salariés qui y est forte. Et si l’on connait un chômage à 10% c’est bien spécifique à notre pays, et c’est bien à cause de l’ensemble des coûts, des lourdeurs et des retards à réformer. Cette vieille gauche développe un autre argument, en ligne avec la doctrine : l’Etat est plus intelligent que la bourgeoisie et est mieux capable de gérer l’économie, donc les entreprises.  On ne peut pas faire confiance à la société civile. Rappelons-nous Montebourg et son « redressement productif » !  Or la société civile montre des signes de dynamisme dont l’Etat ferait bien de s’inspirer, toujours en retard d’une guerre, toujours dans la « demande » alors qu’il faudrait stimuler « l’offre »… Elle se trompe aussi sur les patrons. Ce sont les manœuvres de la Maire de Lille et les discours antiéconomiques des frondeurs qui ruinent la confiance dont ils ont besoin pour prospérer et pour embaucher.

Un « Bad Godesberg » à la française devient urgent.

Il y a quarante ans, en novembre 1959, au Congrès de Bad Godesberg (Rhénanie), le parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) abandonnait deux points clés de sa doctrine: l'étatisation des moyens de production et la lutte des classes. C'était l'aboutissement d'une évolution commencée soixante ans plus tôt. Mais aussi une adaptation à la nouvelle réalité allemande d'après-guerre et une nécessité pour espérer représenter une alternative crédible à la CDU (Union chrétienne démocrate) de Konrad Adenauer, alors incarnation du renouveau de l'Allemagne démocratique.  La mue sociale-démocrate en Allemagne est très ancienne comme on le voit. Ce congrès traduisait la victoire des réformistes sur les doctrinaires marxistes. Ce que nous n’avons jamais connu en France, puisque le congrès d’Epinay qui a vu la naissance d’un PS moderne en 1971, en remplacement de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), ne rompait pas vraiment avec le marxisme pour déboucher sur le « programme commun »  avec le PCF dix ans plus tard. La grande fracture Aubry-Valls est là. Le mal est d’abord français, réformons, dit Valls ! Le temps de la mue réformiste serait-il advenu ? Rien n’est moins certain. Il ne suffit pas d’avoir « une vision moderne de la gauche », les programmes figés dans le temps issus de 1981 des « dinosaures » sont encore bien vivants. La tentative de l’exécutif d’imposer une ligne « sociale-démocrate » se heurte à la résistance de la gauche paléo-socialiste de la génération Mitterrand, qui peut, pour la circonstance, se coaguler pour faire face. A la longueur des défilés on verra si elle est en mesure de bloquer l’évolution pourtant indispensable. Car, en effet, ça n’est pas gagné pour les réformateurs qui sont relativement minoritaires dans leur camp. Ceci explique leur souhait d’une « recomposition » pour trouver des troupes au-delà de leur propre parti.

Pourtant l’exemple de Peugeot leur donne raison. Le préalable à tout regain de l’économie française est le retour à la compétitivité. Peugeot apporte la démonstration de l’efficacité de la politique de « l’offre ». Chez PSA, celle-ci a fait souffrir les salariés, avec la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois, le gel des rémunérations pendant deux ans, la suppression de 17 000 emplois sur 120 000. Mais cela a payé : le groupe a retrouvé une bonne rentabilité avec deux ans d’avance sur son plan, il repart de l’avant, il vient d’offrir une prime de résultat équivalente à un bon mois de salaire à ses salariés… Et il est le groupe qui fabrique le plus en France ! Ce qui est vrai pour Peugeot peut l’être pour le pays tout entier. Mais Peugeot ne va pas embaucher de sitôt en France. Pas tant que le contexte sera celui que l’on connait, en coûts, charges, durée du temps de travail, législation … Mais le groupe est sauvé et il peut engager une croissance qui apportera directement ou indirectement des bénéfices à la France. Il faut souhaiter que les « sociaux libéraux »  du PS réussissent. Car, tant que la vieille gauche dominera, avec son pouvoir de nuisance et son ignorance crasse des rouages économiques, les réformes seront périlleuses à mettre en place. Il suffit de voir la levée de bouclier que suscite le projet de loi El Khomry dont les avancées timides de réforme du marché du travail sont le dixième de ce qu’il faudrait faire. Si la vieille gauche l’emporte, on imagine la violence de l’affrontement en cas de retour de la droite au pouvoir, avec les propositions qu’elle formule aujourd’hui. Elle aura intérêt à remporter une victoire nette et à profiter du moment de « sidération politique » qui suit l’élection pour agir.

On aura certainement l’occasion de revenir sur le sujet dans les jours ou semaines qui viennent, tant il y a à dire. Sur ces jeunes aux idées de vieux qui récitent des slogans tout faits, sur ces politiques qui font l’impasse sur ce que disent nos plus éminents économistes, sur ces syndicalistes qui disent non avant même d’avoir examiné un projet… Portrait édifiant d’une France qui perd !

 

LE XXIème SIECLE EST UNE PROMESSE

Internet

 

Eh bien non, l’avenir n’est pas lugubre !

L’économie mondiale a de beaux jours devant elle. Ses deux moteurs, la démographie et le progrès technique, vont nécessairement déboucher sur une période de prospérité. La population mondiale va passer de 6 à 10 milliards d’habitants ce qui ne peut qu’augmenter la demande qu’il faudra satisfaire. Quant à la technique, avec l’économie numérique, elle va apporter des réponses qui vont bouleverser les services, la production des biens d’équipement, et concerneront aussi des secteurs vitaux comme la santé et l’éducation. Ce n’est pas un hasard si les entreprises multimilliardaires sont issues du numérique comme Amazon, Facebook, Google… et portent la croissance de la bourse américaine. C’est un bouleversement du temps et de l’espace qui met déjà à la portée du consommateur mondial le marché de la concurrence, universel et instantané. Nous sommes entrés dans le monde du XXIème siècle qui est un monde de demandes et d’offres mondiales.

Les turpitudes du monde actuel nous empêchent de voir la réalité.

La politique des banques centrales, la croissance chinoise et la stratégie des saoudiens sur le marché pétrolier obnubilent les observateurs. Or on s’aperçoit que la marge de manœuvre des banquiers centraux devient nulle,  que les marchés fantasment sur l’effondrement de l’économie chinoise qui en fait se stabilise en changeant logiquement de modèle de croissance,  que les bourses s’affolent au moindre écart du prix du pétrole provoqué par la volonté du régime saoudien de tuer l’ours russe, le revenant iranien et l’ami américain. Chacun de ces phénomènes connaitra sa fin même s’ils créent des désordres non négligeables actuellement, comme le montrent l’essoufflement des locomotives mondiales Etats-Unis et Chine, la panne de croissance des BRICS (Brésil, Russie…), l’atonie de l’Europe qui doit se débattre avec les migrants et le Brexit… Et les marchés toujours myopes et abreuvés par la sorcellerie financière, ne voient plus les fondamentaux décrits ci-dessus.

La troisième révolution industrielle.

Depuis les années 80, nous sommes en train de vivre une nouvelle révolution qui a commencé à transformer, d’abord modestement puis de plus en plus rapidement toutes nos activités. On nous annonce, comme toujours, les catastrophes que produiront les effets de la digitalisation et de la robotisation sur la croissance et l’emploi. Et pourtant, il y a gros à parier, que cette troisième révolution, s’appuyant sur les fondamentaux du monde, population associée au progrès technique, loin de détruire l’emploi et la croissance, débouchera sur une longue période de prospérité. Elle repose sur de nouvelles sources d’énergie verte telles que l’éolien, le photovoltaïque, la géothermie, la pile à hydrogène, les hydrates de méthane… qui s’organiseront en réseaux de production de stockage et de partage. En même temps, les formes de communication avec le web, permettent de relier le monde entier rendant possible une nouvelle organisation de la vie économique en « réseaux collaboratifs », et les applications Uber, bla-bla car, Airbnb n’en sont que les prémisses.  Le miracle de l’économie numérique se résume en deux formules : « coût marginal zéro »  et « économie du partage ». Le premier permet de tomber dans l’univers du « gratuit »  comme on le voit déjà pour la musique et les logiciels, et on peut imaginer ce que les imprimantes 3D vont pouvoir faire pour les objets matériels. La seconde avec les financements participatifs et les « plates-formes » à l’exemple d’Uber, ouvrent des horizons inédits qui feront disparaître la « rareté » dans presque tous les domaines économiques, comme l’imprimerie l’avait fait pour le livre. L’élévation du niveau de vie dans les pays émergents permet d’anticiper la constitution d’une classe moyenne mondiale passant de 1,8 milliard de personnes à 4,6 milliards au début des années 2030. La population mondiale à moyen et fort pouvoir d’achat passerait de 2 milliards d’individus à 5 milliards, correspondant à l’offre de nouveaux biens et services en train d’émerger.

L’ubérisation du monde est une chance.

Les innovations technologiques ne vont pas anéantir le travail salarié et la croissance. Certes de nombreuses tâches répétitives sont digitalisables, et c’est tant mieux. Mais il s’en faut de beaucoup que tous les métiers le soient. On estime que 45% des tâches pourront être automatisées dans un avenir proche, mais seulement 10% des métiers, ce qui rassure sur la pérennité du travail. Cela ne veut pas dire que tout est simple : un manque de formation et d’adaptation des individus au marché, le manque de flexibilité a pour conséquence la montée du chômage dans les pays qui ne s’adaptent pas. C’est ce que connait la France aujourd’hui. Mais le problème n’a rien de structurel ni d’irréversible… enfin pas tant que nous aurons les guignols actuellement au pouvoir. Ils ne peuvent empêcher les innovations technologiques de s’imposer, comme on le voit avec le conflit entre les taxis et les VTC d’Uber.  Et on aurait bien tort, car ce sont les innovations qui tirent la croissance, ce sont elles qui nous tentent par des produits nouveaux, mais qui détruisent aussi au passage des emplois « dépassés ».  Le progrès technique ne détruit pas l’emploi mais le transforme. Il ne sert à rien d’entraver la progression de l’économie des « plates-formes » telles qu’Uber. Car les « plates-formes » vont apporter des gains gigantesques d’efficacité. Il faut les encourager. Nous devrions suivre l’exemple américain qui passe du statut de superpuissance à celui de cyberpuissance. Il y a urgence pour nous d’avoir une politique fiscale, industrielle pour ne pas nous faire voler toutes nos mémoires et leur valeur, mettre en place les machines équivalentes, les programmes, la recherche, et avec eux, les emplois. Or, la politique numérique de l’Union en est encore au bricolage.

La feuille de route des politiques.

Elle devrait être claire : accompagner la transformation des emplois ! C’est le seul moyen de conjurer les peurs françaises qui ne correspondent pas au monde réel. D’ailleurs dans toutes les économies développées le chômage diminue grâce à l’alliance de la flexibilité du marché du travail, d’un système de formation performant et d’une politique macroéconomique orientée vers la croissance. La France est à l’écart avec ses blocages et sa gauche encore dominée par le marxisme. Il n’y a pas de fatalité au chômage, il n’y a que de mauvaises politiques. De nombreux pays européens flirtent avec le plein emploi : l’Autriche (45% des jeunes passent par l’apprentissage), le Danemark, le Royaume-Uni, et de nombreux landers allemands. Ce plein emploi ne s’accompagne pas, comme on voudrait nous le faire croire, d’un accroissement des inégalités et de la pauvreté. L’emploi est potentiellement illimité, mais il est rendu rare par les obstacles que l’on met devant lui. Particulièrement en France : le chemin vers la lumière passe par la réforme du marché du travail, la déconcentration de l’Education nationale, la réduction du périmètre des actions de l’Etat, et sans sombrer dans le libéralisme (mot honni chez nous alors que nous l’avons inventé), libérer l’économie des boulets qui l’empêchent de progresser en baissant les prélèvements obligatoires (45% du PIB), la dépense publique (57,5%) et alléger la bureaucratie législative et réglementaire. La mutation économique doit conduire à une évolution du droit social de même ampleur, en n’oubliant pas que le droit est d’abord là pour protéger le salarié. Les citoyens sont beaucoup plus prêts aux réformes que ceux qui les gouvernent, ils évoluent plus vite que la classe politique. La French Tech est reconnue dans le monde et ne demande qu’à prendre son essor, témoignant de notre capital technologique et intellectuel. Et il existe encore une fraction importante de la population qui croit aux valeurs de la République et est disposée à s’engager pour les faire vivre.

Les clés de l’avenir sont désormais dans la société civile : c’est par la mobilisation des acteurs économiques  que se développera le nouvel entrepreneuriat adapté à la société ouverte. Mais pour cela, il faut désadministrer l’économie, réformer pour ne plus subir. Un programme tout tracé pour les candidats à 2017 !

 


DANS QUEL MONDE SOMMES-NOUS ENTRES ?

Chantier

 

Quelques éléments du baromètre mondial.

Pour ceux qui en doutaient encore, l'Europe s'est installée dans la déflation : moins 0,2% en février. La voilà sur le même chemin que le Japon. Ce n’est pas rassurant car c’est une déflation durable. L'euro a accusé le coup en chutant au-dessous des 1,09 malgré (ou à cause ?) les anticipations d'une intervention musclée de la Banque Centrale Européenne en mars. Certains commencent à douter que Mario Draghi a encore ses super-pouvoirs.

En Chine, à quelques jours de l’ouverture de l’Assemblée nationale populaire qui doit entériner le plan quinquennal 2016-2020, de nouveaux indicateurs dévoilés pour le mois de février montrent que la deuxième économie mondiale continue de ralentir. Voilà qui ne va pas manquer d’inquiéter les investisseurs.

Les Américains, eux, indifférents à la montée de Trump, affichent de bons indicateurs sur la production industrielle, et veulent une relance. Ils ont clairement dit au G20 qu'ils en avaient assez de tirer la croissance mondiale, ils craignent qu’elle finisse par les ralentir.

On attendait le G20 avec impatience.

Le G20 a frôlé le fiasco. Les voix ont été dissonantes, provoquant une déception des marchés. Il a néanmoins permis à chacun des pays d'exprimer sa différence. Mais aucune mesure concrète de relance coordonnée de l’économie mondiale. Ce G20 est probablement le premier d'une longue série car il faudra plusieurs sommets avant qu'on obtienne ces mesures concrètes qui sont inévitables. Tout le monde est conscient qu’une concertation est nécessaire, inévitable même. Mais il faudra du temps faute d’un chef d’orchestre qui entraine derrière lui. Pour tout dire, il manque au G20 un Sarkozy ! Mais où était donc la France ? Faudra-t-il encore plus  de volatilité sur les marchés pour que les dirigeants politiques se mobilisent ? Toujours est-il que le G20 s'était à peine achevé sur le thème : « Ce n'est plus aux banques centrales de booster la croissance mais aux gouvernements », que la Banque centrale chinoise a mis plus de 100 milliards de dollars sur le marché en réduisant les réserves obligatoires des banques. Comme pied de nez aux autres pays, on ne fait pas mieux ! Ce serait drôle si ce n’était pas un signe tragique de chacun pour soi.  

Un nouveau monde éclot peu à peu sous nos yeux.

Nous sommes à un tournant pour l'économie mondiale comme le prouve l'extrême fébrilité des marchés depuis le début d'année. Le monde connait des situations aux effets durables qui bouleversent nos données habituelles et notre perception : vieillissement démographique qui touche l’Europe et le Japon, mais pas seulement, universalisation du capitalisme qui s’affranchit des frontières et des Etats, réveil des empires tels que Chine, Russie, Iran, sous la pression des réflexes nationalistes et des tensions religieuses, transition écologique traduite par la Cop 21 et imposée par les conséquences du réchauffement climatique, sans parler de l’émergence de Daech et de sa terreur panislamique… Il en résulte des crises aigües qui se superposent à l’échelle planétaire : terrorisme, pandémies, catastrophes industrielles, désastres naturels… Et quand une entreprise comme Apple refuse de collaborer avec le FBI pour lutter contre le terrorisme, on comprend que les Etats tels que nous les concevons ne sont plus vraiment opérationnels face à la montée du cybermonde, l’ubérisation des économies ou la percée de l’intelligence artificielle.

Un monde sans puissance(s) dominante(s), voué à lui-même.

Aussi Les Etats sont-ils à la peine pour garantir la paix civile et la souveraineté telle que nous les concevons. D’ailleurs ils sont affaiblis par le surendettement autant que par la fragilité de leurs régimes politiques, notamment les démocraties, plus vulnérables que les dictatures totalitaires. L’Europe est particulièrement concernée. Elle est sous le feu croisé d’un choc déflationniste qui va ruiner les classes moyennes et de menaces intérieures et extérieures –terrorisme et migrations- qui déstabilisent les pouvoirs en place. Les pays  de l’Union voient leurs institutions déligitimées et le populisme se développer. Elle se divise avec la menace de sortie de la Grèce et du Royaume-Uni, au lieu de se renforcer. Même les Etats-Unis n’échappent pas à la règle –on le voit avec le succès de Trump-, en se désengageant du monde, n’ayant plus ni la volonté ni les moyens de dominer le capitalisme et d’assurer la sécurité planétaire.

Et la France continue de sombrer.

En France, le quinquennat de François Hollande fait basculer progressivement le pays dans la révolte sous toutes ses formes. Plus que jamais, l’étatisme connait une crise de légitimité et toute réforme est bloquée par des institutions balkanisées défendant leur pré carré. Face à l’arrogance de l’exécutif avec sa fiscalité confiscatoire, ses dépenses publiques non maitrisées, sa fonction publique privilégiée au détriment des activités privées, la prolifération de ses réglementations jusqu’à la prétention de dicter les comportements individuels, les Français ont commencé par opposer un droit de retrait de citoyenneté en boudant les élections voire en votant pour le Front National pour manifester leur mécontentement. Mais les données sociétales et économiques montrent d’autres formes de révolte : grève des naissances (- 19 000 en 2015) pour riposter à l’attaque en règle menée contre la famille, grève de la production qui stagne pour l’industrie à son niveau de 1994, grève de l’investissement toujours très au-dessous de son niveau d’avant-crise (- 7%), grève de l’emploi marchand figé à son niveau de 2002, grève du dialogue social qui n’a plus aucun sens puisque bloqué systématiquement par les syndicats. Les parents et les enseignants contestent les réformes stupides, les médecins mettent en échec le tiers payant généralisé, les professions agricoles refusent d’appliquer le compte pénibilité, bientôt suivis par les artisans. Chaque année, 80 000 personnes à haut potentiel quittent la France et son enfer fiscal. Le Ministre des Finances se targue de faire revenir quelques dizaines de millions d’euros d’avoirs cachés en Suisse ou ailleurs, mais ce sont près de 300 milliards d’euros de capital productif qui se sont exilés. Les entreprises changent leurs statuts pour pouvoir devenir « européennes » et se réinstaller plus facilement ailleurs dans l’Union… Enfin, il y a les formes plus violentes de contestation  comme le montrent actuellement les professions agricoles, mais aussi les conflits autour des taxis. La France est au bord de la faillite et même de l’implosion. Voilà la réalité. Et elle n’est pas gouvernée, c’est le moins qu’on puisse dire.

Il y a pourtant des signes positifs qui permettent de garder l’espoir. C’est ce qu’on verra dans le prochain billet du bloc-notes.

 


LA POLKA DU CODE

Code du travail

 

La loi El Khomry prévoit de s’attaquer au code du travail.

Bravo ! On trouve même dans son projet des avancées modestes qui pourraient passer pour audacieuses telles que le déverrouillage des 35 heures qu’on abolirait ainsi sans le dire, ou une plus grande facilité pour licencier, ce verrou qui empêche tant d’embauches mais qui, on ne le dit pas assez, contraint aussi beaucoup d’entreprises au « suremploi ». Mais voilà, les grandes orgues de tout ce qui existe à gauche se sont mises à jouer sous la baguette discrète mais efficace de Laurent Berger, de la CFDT, avec reprise en chœur par la CGT, FO et consorts. Allez, on prend les paris : un pas en avant, trois pas en arrière, le débat parlementaire ce sera la « polka du code ».

L’espoir aura été de courte durée.

Manolito l’a proclamé : « il ira jusqu’au bout ! »… Au bout de quoi ? La promesse d’une avancée réformatrice sur le code du travail secoue toutes les « forces de gauche » qui se mobilisent : escouades de parlementaires ébouriffés par le texte, auxquels s’ajoutent les professionnels de la pétition, les associations bidules et machin, et même, allez savoir qui les excite, les représentants d’une partie de la jeunesse menaçant de descendre dans la rue. Tout cela ne tiendrait pas si ne se joignaient pas aux récriminations les « consciences » (« consciences de gauche », mais faut-il le préciser ?). Tout ce qui compte comme protestataires dans le pays est sur le pied de guerre. Il y a gros à parier que la marche arrière est déjà enclenchée.

Elément de langage : « déséquilibré » !

Car tous se sont donné le mot : le projet du gouvernement est « dé-sé-qui-li-bré ». Et pour le « ré-é-qui-li-brer », ils s’inspireront de la doctrine prônée par Laurent Berger qui justifie ainsi son opposition à la réforme : « Ce qui nous guide, dit-il, c’est l’intérêt des salariés ». Voilà bien le malentendu : la loi El Khomri est pensée dans l’intérêt des chômeurs et a pour principal objet de lever la peur de créer des emplois. C’est une tentative intéressante de tourner le dos à notre trop fameuse « préférence française pour le chômage » qui pèse sur le pays depuis trente ans.

N’exagérons rien.

Même s’il se trouve des députés de l’opposition, principalement chez Les Républicains et au centre,  pour trouver la copie digne d’examen, les débats parlementaires promettent surtout un joli bond en arrière. Et c’est Alain Juppé qui fait la meilleure analyse. Le maire de Bordeaux considère qu’il y a des choses qui vont dans la bonne direction, mais il s’attache surtout à dénoncer les défauts d’un projet qui ne mérite pas autant d’enthousiasme que celui affiché par Frédéric Lefebvre. L’ancien premier ministre a malicieusement souligné que le gouvernement, pris d’une sorte de frénésie de législation, « essayait de piquer des idées plutôt à droite qu’à gauche, signe d’une improvisation extraordinaire », d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une absence totale de consultation avec les organisations syndicales, ce qui est un comble. Ce texte qu’il qualifie d’inspiration libérale est très insuffisant : « rien sur le compte pénibilité, rien sur les seuils sociaux, rien véritablement sur les 35 heures qui sont simplement contournées… Et ce texte ne concerne pas vraiment les PME qui sont pourtant ne première ligne pour la création d’emplois ! ». Dans ces conditions, on peut imaginer que le soutien à ce texte de l’opposition sera d’entrée de jeu, très mesuré, et évoluera certainement en fonction des amendements proposés par la majorité (enfin s’il y en a encore une).

Elan ou paralysie totale ?

On s’interroge sur la position du chef de l’Etat qui se pavane aux antipodes. Manolito a-t-il le feu vert ou force-t-il le destin en profitant de l’éloignement présidentiel … Il y a de fortes chances que l’intéressé, qui n’est pas suicidaire, sifflera la fin de la récrée à son retour. Il inventera nécessairement des contreparties. Ou alors,  il est vraiment prêt à tout pour tenter d’inverser la courbe du chômage. Pari perdu d’avance si c’était le cas, car même votée en l’état, la loi El Khomry  ne produirait des effets qu’à dix-huit mois ou deux ans, avec, inévitablement, en premier effet, un délestage des postes en suremploi dans les entreprises (environ 250 000 chômeurs de plus), avant qu’elles se mettent à réembaucher. C’est, comme le dit sèchement Manuel Valls, le combat de « la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique » contre « la gauche du réel », la gauche réformiste de gouvernement. Cet affrontement est devenu inévitable, il peut procurer un dernier élan avant 2017 ou achever de détruire ce qu’il reste de la majorité présidentielle.

Ainsi va la polka de la réforme  en France, toute avancée faisant l’objet d’un scrupuleux donnant-donnant qui invente de nouvelles contraintes à chaque tentative d’en éliminer quelques-unes. Le décalage n’a pas fini de se creuser entre la France et ses principaux concurrents. On n’est pas près de mettre les phares !

 


ECONOMIE MONDIALE : APRES LA TOURMENTE, LA CONFUSION

Des-liasses-de-billets

 

Un calme troublant. Ce qui est important c'est le signal envoyé par l'Arabie Saoudite.

L’Arabie saoudite a gagné son rapport de force sur le pétrole. Après s’être préparée à une guerre d’usure en augmentant ses ressources par un énorme emprunt, elle a déclenché les hostilités en ouvrant à fond les vannes pour faire baisser le prix du pétrole, une action dévastatrice aussi bien pour les producteurs que pour les marchés financiers. Son objectif est atteint : elle a mis au tapis pour quelques années l'industrie du schiste aux États-Unis, dont  les producteurs américains, petits et moyens, ne survivent pas avec un baril à 30 ou 35 $, et elle fait en sorte, en même temps de limiter les recettes de l'Iran, son adversaire chiite, qui revient sur le marché. Mais l’Arabie ne veut pas de pétrole en-dessous de 30 dollars, et on peut penser qu'au-dessus de 50 ou 60 dollars, elle rouvrira les robinets. C'est un élément de la volatilité des marchés qui disparaît. L'Arabie Saoudite se comporte comme la Banque centrale du marché du pétrole, et pour la première fois depuis la débâcle boursière, elle est intervenue sur les marchés, envoyant un signal clair. La stabilisation du pétrole qui a regagné 20% en quelques séances a permis leur rebond, permettant aux valeurs massacrées dans la panique de se refaire une santé. Les indices boursiers ont enchaîné plusieurs séances de hausse, avec, pour Paris par exemple, une hausse de 6%. Le calme semble être revenu.

La panne de l’économie mondiale se confirme.

Quelques semaines après le FMI, c'est au tour de l'OCDE de réviser ses prévisions de croissance à la baisse pour 2016. L’Office lance un cri d'alarme : l'économie mondiale est en panne, et il est urgent de la relancer. C’est le message délivré par l'institution, qui a révisé à la baisse la perspective de croissance de quasiment tous les pays en dehors de la Chine et de l'Inde : 1,4% seulement en zone euro contre 1,8% précédemment, avec la France qui chute à 1,2% et les États-Unis qui tombent de 2,5% à 2%. Au total, la croissance mondiale sera, avec 3%, équivalente cette année à celle de 2015, alors qu'elle était prévue initialement à + 3,3 %. Il faudrait une « action collective forte », précise l'OCDE, sous forme de réformes structurelles et fiscales qui doivent permettre de transmettre à l'économie les effets des politiques monétaires accommodantes des banques centrales. La recherche d’un redémarrage de l’inflation est toujours à l’ordre du jour.

Pour les Etats-Unis, c’est le brouillard.

Le rapport de la dernière réunion de la Banque centrale américaine (FED) révèle ses anticipations ou ses inquiétudes. Il donne une vision intéressante de l'économie américaine. Et justement on découvre dans ce rapport que la FED ne comprend pas bien ce qui se passe, n'a pas de visibilité à court terme et est totalement troublée par la situation. Notamment les patrons de la politique monétaire américaine ne s’expliquent pas le fossé entre l'économie réelle américaine et les marchés, alors que l'Amérique se porte plutôt bien, que l'emploi continue à progresser malgré le plein emploi, et que les salaires décollent enfin avec des hausses significatives. Ils sont perturbés par la déconnexion entre la croissance et les marchés et ne comprennent pas l'anticipation de récession en 2016 qui circule sur les marchés,  et ils comprennent encore moins la chute des marchés. Mais si celle-ci était durable elle aurait un impact immédiat sur l'économie. Ils insistent aussi sur le possible impact de la situation en Chine sur l'économie américaine bien qu'ils ne voient pas de signes tangibles de ralentissement. Donc, tant que les marchés seront nerveux, ils ne toucheront pas aux taux. Ils ne les remonteront pas. Sauf si …  Ce n’est qu’un « stand by » !

Les autorités monétaires japonaises sont totalement perdues.

Le Japon est passé récemment en taux négatifs, le Nikkei s'est effondré et le yen s’est renforcé, le contraire de l’effet attendu, faire rebondir le Nikkei et baisser le yen. Les investisseurs japonais mettent leur argent sur des emprunts d'État à 10 ans à moins 0.035% ! La seule solution pour la Banque du Japon serait d'intervenir sur le marché des changes en achetant massivement du dollar. Ce qui se passe au Japon devrait attirer l’attention des européens car c’est peut-être ce qui nous attend. Rappelons-nous, quand Shinzo Abe revient au pouvoir en 2012, il explique sa méthode « des trois flèches » pour redresser l'économie : la relance budgétaire, les réformes structurelles et une politique monétaire ultra-accommodante. Et tout le monde y a cru, au Japon comme à l'étranger. Le Nikkei s'est envolé. Les autres gouvernements se demandaient même s'ils n'allaient pas copier les Abenomics. Plus de 3 ans après, les effets de la relance budgétaire se sont volatilisés, les réformes structurelles n'ont toujours pas démarré, et le pays se tire chaque jour les flèches de la politique monétaire dans le pied avec le résultat que l’on sait : la chute du Nikkei et l'envolée du yen. On attend toujours la grande réforme du marché du travail, un peu comme en France, elle est toujours annoncée mais jamais réalisée. Avec sa population très vieille, le Japon est le modèle d’un krach historique et durable puisque le Nikkei est en baisse de plus de 60% par rapport à son record historique de 1989, le modèle d'une croissance nulle ou molle sur 25 ans, le modèle de la déflation probablement liée à une démographie dévastatrice. Un modèle qu’on ferait bien de ne pas imiter, car si l'Europe ne trouve pas sa voie, elle pourrait se nipponiser.

La bombe à retardement des banques chinoises. 

Les banques chinoises ont distribué des crédits en janvier à un rythme record, elles ont accordé 2.510 milliards de yuans de nouveaux prêts (soit 360 milliards d'euros). C'est quatre fois plus qu'en décembre. C'est la preuve que Pékin cherche à relancer l'économie avec une politique monétaire plus agressive. La Chine va tout faire pour stopper le ralentissement du pays et elle peut y parvenir. Après la semaine de vacances pour cause de nouvel an, la Banque centrale chinoise a pris les marchés à contre-pied en poussant le yuan à la hausse, provoquant la plus forte hausse de la monnaie chinoise contre le dollar depuis plus de 10 ans. Le problème c’est qu’elle devrait au contraire faire baisser sa monnaie pour relancer son économie…  Comme on sait, la Chine a décidé de changer de modèle pour passer d’une économie tournée vers les exportations à bas coûts et les surinvestissements publics financés par les dettes, à une croissance plus durable mais plus faible assise sur la consommation intérieure. Mais voilà, les créances douteuses sont elles aussi en train de battre des records. A fin décembre, il y en avait pour 1 274 milliards de yuans, du jamais vu. Comme les autres grandes banques centrales, la banque chinoise fait tourner la planche à billets à plein régime et le paradoxe est qu’en procédant ainsi elle a peut-être  mis en route une machine infernale. Les marchés n'en ont donc pas fini avec la Chine ! 

L’Europe en « stagflation ».

Croissance molle et absence d’inflation vont continuer de caractériser l’économie européenne. La France campe sur sa position de cancre et plus personne ne croit que ses objectifs de réduction des déficits et de la dette seront tenus, d’autant plus que les dernières prévisions de croissance pour 2016 sont en-deçà de celles sur lesquelles le budget a été bâti. Mario Draghi veut continuer sa politique « accommodante » de liquidités,  c'est ce que révèle le rapport de la dernière réunion de la Banque centrale européenne, sans se rendre compte qu’elle ne produit pas l’effet escompté, tant la planète financière est déconnectée de l’économie réelle. A quoi bon baisser encore des taux déjà négatifs. Il y a gros à parier que ses décisions inquiéteront plus les marchés qu'elles ne les rassureront. Ceux-ci ne croient plus à une hausse des taux et la pression sur la BCE continue d’être forte alors que les anticipations d’inflation décrochent.

 

 


ECONOMIE MONDIALE : ON COMMENCE A Y VOIR PLUS CLAIR !

Baisse petrole

Je vais essayer de faire simple... pardonnez-moi si c'est un peu compliqué !  Je pense que comme moi vous voulez comprendre pourquoi, malgré la politique généreuse de la BCE et de la Fed qui inondent le monde de liquidités, on a, en ce début d'année, après une euphorie boursière, un quasi krach financier !

D’abord, on a bien un effondrement global des marchés.

Les économistes non seulement n’ont rien vu venir, comme d’habitude, mais ont peiné à donner des explications suffisamment éclairantes. Il faut espérer que la consolidation qui s’est installée depuis le début de la semaine permette à la fois d'avoir des comportements plus rationnels mais également des analyses plus argumentées. Sur les marchés boursiers, tout devait être simple : en baissant les taux d'intérêt à zéro, puis en descendant même en-dessous de zéro, les banques centrales voulaient pousser les banques et les épargnants à investir dans des actifs plus risqués, notamment les actions. Et c'est ce qui s'est passé, puisque  nous avons pu observer, au cours de l’année dernière, des records sur la plupart des indices boursiers. Ainsi le CAC montait à 5200 points et certains le voyaient déjà à 6000 pour la fin 2015. Pourtant la situation s’est retournée, et assez violemment dès le début 2016. Cet argent investi dans les actifs en actions devait servir à financer l'économie réelle. Sauf que les entreprises n'ont pas besoin que d'argent,  elles ont  aussi besoin de perspectives pour investir. Le manque de confiance a fait que l'argent distribué par les banques centrales est resté cantonné sur les marchés financiers ou, pire, est revenu se placer à des taux négatifs auprès des banques centrales et des gouvernements. Et c’est ainsi que le piège s’est refermé par un mécanisme simple à comprendre : les taux négatifs ont eu (et ont encore) un effet dévastateur en envoyant un signal peu rassurant. Car plus les banques centrales baissent leurs taux, plus le message perçu est celui d’une situation économique dégradée. De fait les perspectives de l’économie mondiale sont plutôt moroses et n’incitent pas à la sérénité. C’est là que la réaction en chaîne s’installe : les banques totalement asphyxiées par les taux négatifs voient leur cours s'effondrer ce qui entraîne les indices à la baisse. Du coup, tous les investisseurs qui ont cru à l'effet positif des taux négatifs sur les actifs risqués subissent le krach boursier et s'appauvrissent. Nous observons alors une nouvelle phase où les taux négatifs ont un effet négatif sur les marchés. Ce qui n’empêche pas, allez comprendre pourquoi, les banque centrales de continuer à inonder les dits marchés de liquidités.

La conjonction de plusieurs facteurs de crise.

Plusieurs facteurs de crise se sont en fait superposés. Les économistes patentés ont tout mélangé : crise économique, krach boursier, crise financière, krach bancaire, assortis d'analyses qu’on voudrait éclairées sur la Chine ou les conséquences de la chute du pétrole. Ces facteurs qui ne sont pas liés se sont déclenchés en même temps. Des ajustements comme l’économie en produit régulièrement mais qui interviennent cette fois-ci simultanément. Il y a d’abord la Chine dont le problème spécifique est celui d’un changement de modèle de croissance ; le pétrole qui est d’abord une guerre d’offres à quoi il faut lier une guerre tout court entre l’Arabie Saoudite, le schiste américain, la Russie et maintenant l’Iran ; les banques comme on vient de le voir ci-dessus qui sont confrontées à un problème de modèle économique, celui des taux négatifs. L’effondrement des marchés est la conséquence logique de tous ces problèmes cumulés mais aussi d'un réajustement à un nouvel environnement de croissance marqué par l'absence d'inflation. Ce qui veut dire que nous sommes probablement dans un nouveau cycle économique. Il a démarré en 2008 et il est alimenté par trois données fondamentales qui sont la démographie, la nouvelle évolution technologique et l’endettement des états. En toute  logique, la conséquence majeure que l’on observe c’est la croissance molle et la déflation, qui risquent de durer sur une période longue. Un ajustement de la valeur des actifs était inévitable. Il avait eu lieu pour les matières premières chez les émergents. Il se fait aujourd’hui sur les marchés des pays développés.

La suite, demain : le Japon, la Chine, les Etats-Unis et l’Europe… Pour un peu plus de détails.

 


CRAC, BOUM, … AIE !

 

Récession

J’avais prévu de vous parler du « blues » de Marine, et aussi du RSA, mais voilà, actualité brûlante (avec accent circonflexe) oblige : parlons du « krach » bancaire, puisqu’il y a « krach » ! Le reste viendra demain...

La plongée mondiale des bourses.

Depuis le début de l’année le CAC 40 a perdu 14% et est repassé sous les 4000 points. La bourse grecque fréquente à nouveau les abysses, retrouvant le niveau des années 90. Face à la montée des incertitudes, les investisseurs se détournent des actifs risqués et, en premier lieu, des actions. Ils ne s’inquiètent plus seulement pour la croissance chinoise où les marchés sont fermés une semaine pour le nouvel an, et pour les déséquilibres nés de la baisse du prix du pétrole. Ils s’interrogent aussi sur les risques de récession aux Etats-Unis, dont l’économie souffle le chaud et le froid, et sur l’éventualité d’un retour du désordre dans la zone euro. On assiste à une déroute ou une panique d’une violence qu'on a rarement vue depuis la crise de 2008. Heureusement pour les Chinois que leurs marchés sont fermés car nul doute qu’on les aurait encore accusés d'être responsables de la baisse !  Mais non, les marchés s’écroulent tout seul, sans même le prétexte d’une mauvaise statistique. Un parfum de panique flotte dans l’air comme si nous étions à la veille d’une secousse de très grande envergure, comme l’avait un peu prédit Patrick Artus, récemment.

Le système bancaire vacille.

Les banques sont au cœur de la tourmente. En Europe, elles ont perdu presque un quart de leur valeur. Voilà de quoi rappeler de mauvais souvenirs aux marchés. Débâcle, affirment même certains, en constatant avec étonnement, car personne ne s’y attendait, que les banques du monde entier, en Europe, aux Etats-Unis et en Asie sont touchées. Deutsche Bank se retrouve à son niveau de 1999, et les banque italiennes sont en chute libre, attendant que leur gouvernement les débarrasse de leurs créances pourries. La défiance s’étend à tout le secteur bancaire et même les valeurs sûres comme Goldman Sachs ou certaines banques françaises se font massacrer. Pourtant on ne peut pas dire que les valeurs bancaires étaient surévaluées, mais tout se passe comme lors d'une explosion de bulle. Pour comprendre, on évoque leur exposition à des secteurs en crise comme le pétrole, l'impact des taux bas et négatifs, le ralentissement économique, mais toutes ces explications ne sont pas convaincantes. Elles justifieraient une stagnation ou une baisse modérée mais pas un krach.

Néanmoins, les banques ne semblent pas en danger.

Heureusement les banques  sont largement plus solides que lors de la crise des subprimes ou celle de la dette européenne. L'arrêt d'une partie de leurs activités de spéculation les expose moins aux risques du marché et elles ont renforcé leurs bilans. Si dans des pays comme l’Italie ou la Grèce, elles sont encore très fragiles, on ne peut pourtant pas parler de risque immédiat de crise bancaire. La réalité c’est que les marchés sont très volatils et très nerveux parce que les investisseurs paniquent et vendent à n'importe quel prix et le cycle s’est mis en place : la baisse entraîne la baisse. Il y a trop d’argent disponible et il ne sait plus où se poser. Les investisseurs ont peur de tout : ils ont fait plonger les valeurs pétrolières, ils ont continué avec les valeurs bancaires et demain ils s'acharneront peut-être sur le secteur numérique. La spirale de la défiance sera difficile à enrayer. Et vous savez quoi ? Les banques pourraient bien être tentées de remonter les taux d’intérêt pour franchir cette mauvaise passe, entraînant pour le coup une réédition de la crise des dettes souveraines. Une vraie catastrophe !

Consolons-nous, il y a plus grave : hier soir « Les Tuches » ont fait un carton sur TF1 avec 8,5 millions de téléspectateurs ! On fait ce qu’on peut pour se remonter le moral.

 


LA FRANCE TOUJOURS DANS LE ROUGE

La croissance en panne

 

Notre Sapin-les-bas-roses a beau se targuer d’un déficit de l’Etat meilleur que prévu pour 2015, ce qui reste encore à démontrer, notre pays ne fait pas beaucoup d’efforts pour réduire dette et fiscalité. Il a de moins bons résultats que la plupart de ses voisins européens. Pire, en ce début d’année on assisterait plutôt à une inflation de promesses coûteuses.

Déficit 2015 : amélioration en trompe l’œil.

Le déficit de l’Etat a atteint 70, 5 milliards d’euros, soit 4 milliards de moins que prévu initialement. Ce résultat s’explique en grande partie par une charge de la dette moins élevée que prévu en raison des taux bas et une baisse de la contribution française au budget de l’Union européenne. La lutte contre la fraude a contribué pour un peu plus d’1 milliard et le rabot des dépenses a apporté 1,4 milliard d’économies supplémentaires. Finalement, le gain est plus dû à des paramètres extérieurs qu’à une volonté politique, alors que le contexte hyper favorable aurait permis beaucoup plus. Rappelons que dans le même temps, l’Allemagne a réalisé 12 milliards d’euros d’excédents. Ce qui remet les pendules à l’heure.

Notre pays ne fait pas d’efforts.

En matière de dépenses publiques, la France reste un cancre si on prend comme paramètre la nécessité  de les réduire. Notre déficit public est à 3,9% en 2014 contre 3% en moyenne dans l’Union européenne, nos dépenses publiques représentent 57,1% du PIB en 2015 contre 48,7% dans l’Union européenne et notre dette atteint 96, 9% contre 86,8% dans l’UE.  Notre pays est celui où la dette publique a diminué le moins vite depuis 2010 à cause d’une croissance en berne principalement. C’est aussi dans l’hexagone que la dette publique a le plus progressé, bondissant de plus de 3% contre 1,3% dans l’UE. Le poids des dépenses publiques se traduit par un niveau trop élevé de prélèvements obligatoires dont elle est vice-championne du monde avec le Danemark. En cause une part prépondérante de nos cotisations sociales : une politique dont nous n’avons plus les moyens et qui a forcément recours à la dette pour son financement. Qui plus est, elles pèsent principalement sur les entreprises, faisant de la part des cotisations patronales, la plus élevée d’Europe.  Et puis il y a la multitude de ces petites taxes (192 au rendement inférieur 150 à millions d’euros) qui rapportent quand même plus de 5 milliards. Une manie française que le gouvernement n’arrive pas à inverser. En 2016 on crée 5 taxes nouvelles pour une seule supprimée. En contre coup d’une politique fiscale désordonnée et de dépenses insuffisamment maîtrisées, la TVA rapporte moins qu’ailleurs de même que l’impôt sur le bénéfice des sociétés et l’impôt sur le revenu. Un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire.

L’inflation des promesses coûteuses.

Elles sont belles les promesses du budget 2016 : des impôts censés ne plus augmenter, 16 milliards d’économies, le tout reposant sur une croissance de 1,5%, avec une réduction du déficit à 3,3% du PIB. Seulement voilà, depuis le vote, il a fallu ouvrir le porte-monnaie des dépenses « imprévues ». Je veux bien pour celles concernant la sécurité après les attentats de novembre. Le « pacte de sécurité » l’emporte sur « le pacte de stabilité » s’est empressé d’affirmer le chef de l’Etat, beau prétexte pour se défiler d’engagements intenables. Après 800 millions supplémentaires pour les forces de l’ordre et la justice, le montant aurait été insignifiant s’il s’était arrêté là, le président  a multiplié les vœux dépensiers sans préciser le coût de ce qu’il annonçait (généralisation du service civique, augmentation du nombre des réservistes, évolution du point d’indice des fonctionnaires…). La dépense la plus importante sera affectée à la lutte contre le chômage pour en améliorer les statistiques, près de 2 milliards quand même ! Une nécessité découverte bien tardivement alors que la montée continue du nombre des sans emploi n’est pas une nouveauté. L’équation budgétaire est donc loin d’être garantie au moment où Bruxelles rappelle que la France ne bénéficiera d’aucuns délais supplémentaire. Le vice-président de la commission européenne le constate : « la France ne délivre pas les efforts structurels qui lui avaient été réclamés par le Conseil ».

Rien n’a été fait pour freiner la dérive des déficits.

Pour Agnès Verdier-Molinié, de l’IFRAP, la France ne pourra pas respecter son engagement de ramener à 3% son déficit en 2017. C’est tout simplement impossible. Les calculs de son Institut prévoient un dérapage du budget à 80 milliards pour cette année, et il ne voit aucune raison pour que le solde des comptes publics s’améliore vraiment en 2017. La croissance prévue pour 2016 est déjà sérieusement revue à la baisse en raison du contexte international, ce serait 1,1% plutôt que 1,4 ou 1,5. Quoi qu’il en soit, on sera toujours dans une atonie qui ne permettra pas de créeer suffisamment d’emplois. Bref, l’IFRAP évalue à 3,5% le déficit pour 2017, loin des 1% prévus dans les accords avec l’Europe. Un motif d’inquiétude supplémentaire s’ajoute à ce constat austère : nous allons droit vers les 100% de dette publique. Or, la seule manière de redresser les comptes est de baisser les dépenses. Depuis le début du quinquennat elles sont passées de 1 150 milliards d’euros à 1 280 milliards par an, avec une inflation négligeable et une absence de croissance. La dérive continue donc. En France, que la conjoncture soit bonne ou mauvaise, les comptes sont toujours dans le rouge. Voilà un motif justifié de modification constitutionnelle : mettre dans l’article 34 que tout excédent budgétaire devra être intégralement affecté à la réduction de la dette. De nombreuses mesures techniques sont possibles pour enrayer les mauvaises habitudes et la tendance au laxisme budgétaire. La Cour des Comptes n’est pourtant pas avare de bonnes recommandations. Ainsi nous payons tous les ans 60 milliards de plus que nos voisins en couts de production de nos services publics. Les économies sont sous nos yeux, il suffirait de les ouvrir pour les voir. L’IFRAP fait même un catalogue de 10 propositions pour retourner à l’équilibre budgétaire sans affecter la qualité des services publics. Il suffit de volonté politique.


Reprise France002 Difficile de sortir de l’économie « pouf ».

Cette image utilisée par une chroniqueuse en économie est très parlante. Le "pouf", c'est ce siège confortable dans lequel on s’enfonce mollement mais dont on a du mal à s’extraire ensuite, surtout quand on a un certain âge. C’est le cas de notre « vieille » économie. Notre modèle social et économique amortit les secousses des crises et nos chutes sont plus douces qu’ailleurs. En 2009 la récession en France a été de moins de 3% quand elle atteignait 6% outre-Rhin. Le poids de l’Etat en est la cause. Mais la contrepartie c’est la lourdeur au redémarrage quand la croissance repart. Ce qui était un amortisseur devient un boulet : les prélèvements obligatoires sont un frein à la création de richesse. Le « pouf » agit comme un piège !

En attendant, on n’est pas près de voir le bout du tunnel...

Gilles Carrez et Eric Woerth chiffrent à 4 milliards d’euros les dépenses nouvelles non financées. De quoi rendre la France encore plus vulnérable !