LA GABEGIE A TOUT VA !
08 juillet 2016
Mic-mac et tours de passe-passe.
Piètre gestionnaire, mais tricheur de génie. Hollande Président a donc choisi d’enterrer son plan d’économies de 50 milliards d’euros. Nouveau dérapage et surtout nouvelle facture transmise … à celui qui succédera. 2017 vaut bien toutes les facilités. On savait déjà que Bercy vendait des obligations à taux d’intérêts « intéressants » pour empêcher la dette de franchir la barre des 100%. On savait aussi que le gouvernement avait choisi de reporter à après 2017 la négociation sur l’assurance chômage en prorogeant le système en place faute d’accord entre les partenaires sociaux. On savait depuis la semaine dernière et le rapport de la Cour de comptes que le déficit de 2015 ne s’est pas réduit de 15 milliards d’euros par rapport à 2014, mais de … 300 millions.
Si ça n’était que ça ! Il y a pire : ce sont plus de 8 milliards d’euros de dépenses supplémentaires pour l’année prochaine qui ont été engagées. En voici le détail : le plan emploi et la prime à l’embauche pour les PME coûteront « environ 2 milliards », le montant est à peu près le même pour le renforcement des moyens de la défense, de la police, de la gendarmerie nationale et de la justice ; par ailleurs, l’augmentation des professeurs et la montée en puissance du service civique coûteront aux alentours de 3 milliards d’euros l’année prochaine. Sur le seul périmètre de l’État, c’est déjà 7 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. ll faut rajouter 1,2 milliard en faveur des communes et des intercommunalités, promis au congrès des maires, en laissant au passage une ardoise de 1 milliard d’euros au prochain gouvernement. Et, cerise sur le gâteau, il est encore question d’une baisse d’impôt pour les ménages de 2 milliards d’euros !!!
Comme l’objectif de déficit de 2,7 % du PIB reste « intangible », il a bien fallu trouver un tour de passe-passe pour compenser ces milliards de dépenses nouvelles. Le coup de génie budgétaire de l’Elysée : il suffit d’abandonner la suppression de la C3S des grandes entreprises (3,5 milliards d’euros), pour réinjecter les fonds dans une augmentation du CICE « d’environ 4 milliards d’euros ». Comme le CICE est un crédit d’impôt et pas une baisse de charge, son effet se fera sentir dès 2017 dans les comptes des entreprises mais seulement en 2018 dans les comptes de l’État. Et voilà ! Cela permet de repousser à 2018 le coût de la dernière tranche du Pacte de Responsabilité. Quelques réductions de dépenses sont bien prévues « y compris des dépenses sociales », sans qu’on sache exactement le montant. Finalement personne ne croit que les 2,7% seront atteints, pas plus la Cour des Comptes que Bruxelles.
Plus l’inversion de la courbe … des fonctionnaires !
30 000 fonctionnaires de plus depuis 2012. Si personne ne conteste qu’un effort était nécessaire pour conforter les effectifs de la police, de la gendarmerie et de l’armée, c’est beaucoup plus discutable en ce qui concerne l’éducation qui peine d’ailleurs à recruter. Mais tous ces effectifs supplémentaires auraient dû être compensés par autant de départs non remplacés dans des Ministères aux effectifs pléthoriques. Autant de postes supplémentaires qui plombent la trajectoire de retour à l’équilibre. Comme l’explique Eric Woerth, la seule vraie façon de faire baisser le déficit public en ce qui concerne l’Etat, c’est d’agir durablement sur la masse salariale et donc la réduction du nombre des fonctionnaires. Si on s’en tient au 7 milliards de dépenses supplémentaires prévues pour l’an prochain, cela représente 0,3 points de PIB : intenable. « Le gouvernement va laisser beaucoup de cadavres fiscaux dans le placard des finances publiques » ! La gabegie, c’est moi ! Pour l’Elysée, 2017 n’a pas de prix, mais il y aura un coût … après coup.
Pourquoi se gêner ?
En haut lieu, exceptée la Cour des comptes, et il faut saluer le courage de Didier Migaud, et les rappels de l’opposition, peu relayés par les médias, personne ne contredit le chef de l’Etat. Ni ses ministres, plus préoccupés par le toujours plus, ni les députés de la majorité plus occupés à s’étriper qu’à contrôler, et de toutes façons peu enclins à s’intéresser à la rigueur budgétaire. Ce n’est plus un pingouin qui nous gouverne, mais une autruche : face aux admonestations de la Cour des Comptes, aux inquiétudes de l’OCDE, aux doutes de Bruxelles, au ras-le-bol des Français, il oppose ruse et manipulation, déni de réalité, prenant un jour, rendant un autre selon un scénario imprévisible. Et les dégâts sont déjà là : la République abimée, la parole politique démonétisée, le crédit international ruiné. La défiance s’est installée partout, bâtie sur les ruines provoquées par les reniements, les mensonges et les artifices. Le président-candidat brade le pays dont les ambitions s’alignent dans des discours jamais suivis d’effets, au nom de quelques intérêts électoraux méprisables. Peu importe que la dette mine notre indépendance et réduise notre souveraineté à néant, il continue à se présenter en protecteur d’un modèle social qui laisse 3 millions de chômeurs sur le bord du chemin et qu’il contribue à détruire par son immobilisme et son saupoudrage électoral. Pourquoi se gêner, puisque la France n’a jamais connu des taux d’intérêts aussi bas pour emprunter, une vraie aubaine pour nos apothicaires, un vrai malheur pour notre avenir.
L’ardoise Hollande : ce sera au prochain gouvernement de régler la note. Elle s’annonce salée. En attendant, pourquoi se gêner ? Puisque ça va mieux !
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