LA COURBE EST INVERSEE !
19 août 2016
Hollandounet va pouvoir enfin annoncer qu’ayant rempli la condition qu’il s’était fixé, à savoir l’inversion de la courbe du chômage, il peut se « représenter » ! Les statistiques de l’Insee arrivent à point nommé : 9,6% de sans-emplois au 2ème trimestre… confirmant le « ça va mieux » ! Comme quoi une petite visite au Pape de celui qui n’a cessé de cracher sur ces sales-catho-conservateurs-de-droite, peut réaliser des miracles !
Faudrait tout de même pas nous prendre pour des cons.
La réalité, c’est que l’habillage statistique des demandeurs d’emplois fonctionne à plein. Qui peut croire, en effet, qu’avec une économie atone, on puisse réduire le nombre des chômeurs ? Ainsi le chômage serait revenu au niveau de ce qu’il était fin 2012, en France métropolitaine. Le pseudo président va donc pouvoir proclamer « urbi et orbi » que le taux est redescendu à 9,6 %, au niveau observé au début de son quinquennat, tenant ainsi l'engagement majeur de son mandat, celui auquel il avait suspendu sa décision de se présenter à nouveau devant les électeurs. Et encore ajoute-t-il, « J’ai pas eu de bol » ! En tout cas, il sait tricher.
Car ce miracle n'en est évidemment pas un.
D'abord parce que l'inversion de la courbe doit plus à l'action du gouvernement qu’à celle du ciel. Ensuite, parce que la France fait beaucoup moins bien que ses partenaires européens. La comparaison n’est pas à son avantage : si elle avait fait depuis quatre ans comme la moyenne de la zone euro, son taux serait aujourd'hui à moins de 8 %. L’inversion que l’on constate n'est en rien la mesure de la santé de l'emploi ou de l'économie. Elle est la mesure des efforts du gouvernement pour forcer l'inversion, ce qui n’est pas la même chose, alors qu’à l’observation de la réalité, on s’aperçoit que les créations d’emplois ont été faibles au second trimestre, de l’ordre de 24 000 en trois mois, le PIB faisant du surplace. Ce sont les « sorties du marché du travail », pudiquement nommées « halo » par les statisticiens, et les mises en formation qui jouent sur les chiffres. Pratiquée par tous les gouvernements avant des élections, jamais cette politique d'habillage n'avait atteint une telle ampleur : crédit d'impôt, emplois aidés dans le secteur public, primes à l'embauche pour les PME, plans de formation des chômeurs sans précédent... Une formidable débauche de moyens a été mise en oeuvre pour atteindre la cible. Tout a été fait pour forcer l'inversion, on pouvait donc s’y attendre, et d’ailleurs on s’y attendait.
Ne soyons pas pigeons.
L’amélioration va se poursuivre jusqu’à l’élection, et le pouvoir ne se privera pas de vanter l’efficacité factice de sa politique. En espérant ainsi pouvoir gagner des voix et l’emporter. Or, clairement, il faut s’attendre à ce que les lendemains du printemps 2017 ne chantent pas, quel que soit le vainqueur. D’ailleurs les destructions d’emplois ont déjà repris dans le BTP, au 2ème trimestre 2016, ce qui n’est pas un bon indicateur pour l’avenir. Aussi, dès l'élection passée, la pression du chômage se fera à nouveau sentir : les PME freineront l'embauche une fois disparu l'effet d'aubaine, les chômeurs formés à la va-vite redeviendront vite chômeurs si tant est qu’ils aient trouvé un emploi, les jeunes qui auront terminé leur contrat « emploi-jeunes » auront toujours autant de mal à trouver ensuite un poste, comme l'ont montré maintes études sur le sujet. Le gouvernement aura donc dépensé des milliards que les nouveaux gouvernants devront assumer, pour atteindre une cible sans rien régler au problème de fond.
Ce qui est réconfortant, c’est que pour l’instant, la courbe de popularité ne suit pas celle du chômage. Encore heureux !
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