HISTOIRE

UNE RENTREE POTEMKINE

Village potemkine

Le décor de la rentrée est installé. Tels les « villages Potemkine » de Russie, les façades de la France qu’on veut nous présenter sont souriantes, quand elles ne sont pas rutilantes. L’optimisme est de retour dans l’air du temps. La France est supposée bénéficier d’une belle reprise économique.

L’embellie de  la rentrée.

Cette année, la  croissance atteindra 6,25%, selon l’Insee, soit sa meilleure performance depuis 1973, ce qui permettra à l’activité de retrouver son niveau de 2019 en fin d’année. L’emploi salarié privé et public dépassait déjà de 145.500 postes son étiage d’avant la pandémie au début de l’été. Et à entendre le gouvernement, l’économie française serait ainsi non seulement en passe de surmonter le choc le plus violent qu’elle a subi depuis la Deuxième Guerre mondiale, mais elle en sortirait renforcée. La forte croissance de 2021 résulte de l’effet de rattrapage qui suit la récession historique de 8 % du PIB en 2020, dont la nature est particulière puisqu’elle n’a pas été provoquée par des déséquilibres économiques mais par les mesures sanitaires prises par l’État pour répondre à l’épidémie. Epargne pléthorique des ménages, trésorerie gonflée des entreprises, le mouvement mécanique de récupération lié à la levée des restrictions gouvernementales était attendu et jouera encore en 2022, avec une progression de 4%. Bruno Le Maire se targue même d’attribuer une partie des recettes de TVA à la baisse du déficit et à la dette, tout en vantant les  mérites de son plan de relance. Mais ce n’est qu’une façade.

La  réalité économique est plus triste.

Pour être vigoureuse, la reprise est hémiplégique et risque d’être éphémère. Elle renforce le modèle insoutenable d’une croissance à crédit, tirée par la seule consommation et elle entraîne l’envolée du déficit commercial à près de 80 milliards d’euros, faisant la fortune des entreprises chinoises et allemandes, mais aussi italiennes et espagnoles. La production demeure inférieure de 2,7 % à son niveau de fin 2019, souffrant de pénurie de matières premières, de composants et de travail. Même la situation de l’emploi  n’est pas satisfaisante,  malgré la baisse apparente du chômage, elle fait coexister 1 million d’offres non satisfaites et encore 600 000 travailleurs en chômage  partiel. Le pays compte aussi 2 millions de RSA et environ 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Certains secteurs, comme l’aéronautique, l’hôtellerie de luxe ou la culture, restent profondément déprimés, de même que certaines zones géographiques, notamment Paris où le commerce et le tourisme sont sinistrés. Notre pays, reste le champion des prélèvements et du fait de la compétitivité en berne notre appareil de production a perdu 0,2 % des parts de marché à l’exportation. La stratégie du « quoi qu’il en coûte » se prolongera en 2022, avec la fuite en avant des dépenses de fonctionnement et la perspective d’un second plan d’investissement. La  croissance 2021 a reposé entièrement sur le déficit porté à 9,2% qui a laissé filer  les dépenses à 62% du PIB : la croissance française repose  entièrement sur la  dette. Dès 2023, la  France affichera le plus important déficit de la zone euro en pleine période de resserrement des politiques monétaires de la FED et de la BCE et de remontée des taux longs, avec un retour vers la croissance potentielle de notre économie qui se situe autour de 1 % par an. La reprise se résumera à un feu de paille alimenté par des dépenses publiques, dont l’immense majorité finance des dépenses courantes et non des investissements. Au total, l’économie française sort profondément affaiblie de l’épidémie de Covid, compte tenu de l’accroissement de ses faiblesses structurelles

La réalité tout court est encore plus triste.

En effet, c’est à une triste réalité que nos compatriotes sont confrontés. Le pays est plus malade qu’il n’a jamais été depuis longtemps. La violence et la délinquance se répandent dans les quartiers et les campagnes. Les flux migratoires atteignent des sommets. Le désœuvrement ronge le pays dans ses profondeurs et la situation des « territoires perdus de la République » devient effroyable. Les médias se contorsionnent pour dédramatiser cette réalité explosive et son déchaînement de violence. Et de fait une grande vague d’illusions et de mensonges à commencé à déferler sur le pays dans la perspective de l’élection présidentielle. Il est malheureux que des personnes  comme Christophe Béchu  viennent entretenir ce mirage avec un discours  « misérable » devant les députés LREM réunis à Angers, vantant leur courage et les promesses tenues et les félicitant d’avoir réalisé ce que la  droite avait rêvé de faire  sans le réaliser  alors que jamais on n’a connu à l’Assemblée nationale majorité plus arrogante et sectaire. Il y aurait beaucoup à dire sur cette  manière de se rouler  par terre devant la Macronie, mais si les promesses tenues c’est, entre autres, l’abandon de ND des Landes,  l’augmentation de 25% de la CSG  sur les retraités, l’extension de la PMA, l’imbécile suppression de la taxe  d’habitation et la fermeture de Fessenheim, alors effectivement, nous ne sommes plus de la même famille. Quant à  la droite, elle n’est plus au pouvoir depuis 10 ans, elle a fait 80 réformes sous Sarkozy. Macron n’aura vraiment réussi que la Flat taxe et quelques bricoles non abouties de réforme du travail. Non, Christophe, tu vas appeler à le soutenir, on ne te suivra pas !

 


APOCALYPSE COGNITIVE

Apocalypse cognitive

Voilà un sujet bien de notre époque.

On a vu que la Chine l’a pris à bras-le-corps en contingentant le temps des  jeunes  à 3H par semaine sur internet (voir article précédent). Dans son essai, le  sociologue Gérald  Bronner examine comment le temps disponible de notre cerveau, toujours plus grand est utilisé. Le terme « apocalypse » suggère  que nous pourrions aller vers une catastrophe. En effet, la situation est inédite : jamais, dans l'histoire de l'humanité, nous n'avons disposé d'autant d'informations et jamais nous n'avons eu autant de temps libre pour y puiser loisir et connaissance du monde. Nos prédécesseurs en avaient rêvé : la science et la technologie libéreraient l'humanité, pensaient-ils. Mais ce rêve risque désormais de tourner au cauchemar. Le sociologue analyse donc la rencontre explosive entre la dérégulation de l’information et les structures de notre cerveau, avec  ses « invariants » hérités de l’homo sapiens que nous sommes.

La disponibilité mentale.

L’auteur constate qu’entre le XIXe siècle et aujourd’hui on peut dire approximativement que notre disponibilité mentale a été multipliée par 8, ce qui est considérable. Cette disponibilité mentale accrue est la conséquence de l’amélioration de la productivité du travail, du droit du travail, de l’augmentation de l’espérance de vie ou encore de l’apparition de la machine à vapeur puis de l’intelligence artificielle qui contribuent à externaliser certaines tâches et à libérer du temps pour l’humanité. Les conséquences pourraient être gigantesques puisque ce « temps de cerveau disponible » est le plus précieux trésor qu’on puisse imaginer. On pourrait y puiser de grandes symphonies, comme des œuvres littéraires majeures ou encore de brillantes découvertes scientifiques. Seulement, ce trésor est littéralement « cambriolé » par ce qui se produit sur le marché de l’information (le marché cognitif) par l’entremise notamment des écrans  avec le déferlement d'informations qui a entraîné une concurrence généralisée de toutes les idées, une véritable dérégulation de ce « marché cognitif », avec une fâcheuse conséquence, celle  de  capter, souvent pour le pire, le précieux trésor de notre attention.

Les invariants mentaux.

La masse d’informations disponibles atteint aujourd’hui un niveau inégalé - et de loin - dans l’histoire de l’humanité. Notre cerveau ne peut donc toutes les traiter. Il va donc picorer dans cette masse non pas en fonction de la recherche du vrai ou du rationnel mais en fonction de certaines obsessions qui caractérisent notre espèce. Homo sapiens, l’être humain tel que nous sommes,  est apparu il y a environ 300 000 ans et sa population commence à croître notablement il y a 40 000 ans. Il a arraché graduellement à la nécessité de survie dans un monde hostile qui absorbait toute son attention un peu de temps disponible pour autre chose. La sociabilité se développe avec les premiers villages, et  l’agriculture apparait avec la  capacité d’expérimentation… Ces éléments ont pour conséquence involontaire de libérer cette sorte de trésor de guerre attentionnelle dans lequel l’humanité a puisé tout au long de son histoire ses ressources, ses innovations, son art, et son exploration des mondes possibles. Mais ce picorage ne se fait pas par hasard. Il  obéit à des structures mentales venues du fond des âges, des invariants toujours profondément ancrés en nous.

D’abord  « l’effet cocktail » qui nous permet d’extraire volontairement une source d’un environnement (bruyant ou visuel) et en traiter préférentiellement les informations qui en proviennent. Les neuroscientifiques nous expliquent que c’est  une capacité inimitable, y compris pour les intelligences artificielles les plus sophistiquées. Sont concernées toutes les informations concernant notre identité, un danger ou un avertissement. Mais aussi le rouge et le mot « sexe ».

Autre invariant qui agit puissamment : la peur. Elle est implémentée dans notre nature même et elle fait que nous sommes  les descendants des  peureux, et cela n’a rien d’irrationnel du point de vue de l’espèce. Ainsi, l’information qui prétend nous alerter d’un danger nous attire irrésistiblement… d’où les alertes sanitaires et/ou environnementales pas toujours fondées. C’est pourquoi toutes les allégations fausses se diffusent plus vite que les démentis que la science peut apporter et qui mettront des mois à s’affirmer.

Nous sommes aussi attirés par la conflictualité, ce que l’auteur appelle  « la  lutte des clashs ». Les situations de conflit  présentent un attrait cognitif auquel nous avons du mal à résister. Parmi nos invariants mentaux, on trouve évidemment le sexe, mais aussi la colère. Ce sont de bons supports émotionnels pour conférer une certaine « viralité » à un produit cognitif.

Enfin, une force nous pousse à être attentif à l’imprévu, la surprise et l’exploration, et cette tension entre le confort de la sécurité et l’appétit pour la découverte semble profondément inscrite dans notre histoire évolutionnaire. Mon prof de philo disait déjà : "l'étonnement, c'est le début de l'intelligence".

Les écrans.

Les limites  de notre cerveau, voilà une expression qu’il faut prendre au sérieux, ne serait-ce que parce que si les écrans nous attirent plus que d’autres sources, c’est parce que notre cerveau a été constitué au cours de l’évolution pour traiter massivement les informations visuelles. La  moitié de notre cortex cérébral est consacré à l’analyse du monde visuel. Or les écrans ne sont que les médiateurs de la rencontre entre l’hypermodernité du marché cognitif et le très ancestral fonctionnement de notre cerveau. L’infiltration des écrans dans tous les  interstices de notre vie quotidienne est patente. Ils dévorent notre temps de cerveau disponible plus que n’importe quel autre objet présent dans notre univers. Et les chiffres sont inquiétants, 6h40 de temps de consommation moyenne journalière chez les adolescents, car ce qui est pris ici n’est pas investi là. On pensait que ces jeunes esprits y trouvaient du matériel intellectuel aussi satisfaisant que dans un livre ou dans un cours. Mais non, ce temps est réparti entre 43% pour la télé, 22% pour les jeux vidéo, 24%  pour les  médias  sociaux et 11% pour parcourir internet. Du coup, le temps consacré à la lecture à diminué d’un tiers. Le smartphone s’avère être de plus en plus le capteur d’attention. Conjugué avec tous les moyens utilisés cités plus haut, pour attirer, susciter la curiosité, les effets délétères sont multiples et la  place manque ici pour en faire le détail. Il faut lire le livre. Un seul exemple : la poursuite jusqu’à l’obsession de ce qui fait  événement est particulièrement sensible pour les médias d’information en continu.

Voilà pour le côté catastrophe.

La « révélation ».

Le terme « apocalypse » qui a pris communément le sens de catastrophe, en fait, à l’origine, signifie « révélation ».  Un terme qui indique l’action de découvrir, de dévoiler une vérité auparavant cachée. C’est le  premier sens qui l’emportera chez ceux qui se contenteront de lire le titre. D’ailleurs on sait que 59% des personnes  qui  partagent  des articles sur les réseaux sociaux n’ont lu que les titres  et rien de  leurs contenus. De la façon dont nous réagirons dépendront les possibilités d'échapper à ce qu'il faut bien appeler une menace civilisationnelle. L’usage de  la pensée analytique, de l’esprit critique et de ce que nous appelons la rationalité, nécessite une voie mentale plus lente, plus énergivore et donc plus douloureuse, qui ne peut pas toujours concurrencer avec succès les  plaisirs cognitifs instantanés. Mais rien dans notre nature ne rend fatale la tyrannie des boucles addictives et  du cambriolage de notre attention. L’extrême complexité de notre cerveau est notre meilleure arme  face à l’adversité. Il n’empêche, Les Chinois préfèrent la manière coercitive forte, et les enfants de la Silicon Valley vont dans des écoles privées d’écrans. Christelle Morançais aurait-elle tout faux en distribuant un ordinateur à chaque lycéen des Pays de la Loire ? Peut-être ! Gérald Bronner nous prévient : « la priorité de  toute civilisation devrait être de faire le meilleur usage possible de ce trésor attentionnel ». Nous voilà prévenus.

Apprendre à lire, à écrire et à compter devrait s’accompagner de la mission d’apprendre aussi à penser sa propre pensée et de donner à chacun l’opportunité de ne pas céder trop systématiquement au vorace cognitif avec lequel nous cohabitons. Notre esprit est au coeur d'un enjeu dont dépend notre avenir. Nous sommes  la  seule espèce à être capable de penser notre destin avec une telle profondeur temporelle, la seule à pouvoir prendre en compte les conséquences primaires et secondaires de nos actions. Il nous reste seulement à réaliser toute notre potentialité.

Alors peut-être crèvera-t-on le « plafond civilisationnel » vers un autre Homme !

Gérald Bronner est professeur de sociologie à l'Université de Paris, membre de l'Académie des technologies et de l'Académie nationale de médecine. Il a publié plusieurs ouvrages couronnés par de nombreux prix. Son dernier ouvrage paru est Cabinet de curiosités sociales (collection « Quadrige », Puf, 2020).

 


L’OPIUM DES JEUNES : PAS  EN CHINE !

Internet

 

« L’apocalypse cognitive » n’aura pas lieu pour les jeunes chinois. La Chine a tout simplement limité l’accès des mineurs aux jeux vidéos en ligne à 3 heures … par semaine ! Les médias gouvernementaux désignent les jeux vidéo en ligne comme « l’opium des jeunes ». Un opium du peuple qui a créé une addiction, toujours selon le gouvernement, qui détourne la jeunesse des études et de leur vie familiale.

La solution est simple.

Xi Jinping continue sa croisade pour la jeunesse. Après l’enseignement privé réduit à néant en quelques jours, voici donc venu le tour des jeux vidéo. Nos parents occidentaux en rêvent, la  Chine le fait. La solution est simple, à la chinoise : interdiction pure et simple de jouer pendant la semaine. Et le  temps est limité à une heure maximum par jour le vendredi et les week-ends et les jours de congés. Et encore, pas n’importe quand, seulement entre 20h et 21h. Et cela dès le 1er septembre. Le journal du Parti Communiste a défini les conditions de négociation de ces mesures : il n’y en a aucune : « Pas de place pour le compromis ou la négociation », ça a le mérite d’être clair. Avec une
petite précision qui a son importance pour les petits malins qui chercheraient à contourner l’interdiction : « Le gouvernement sera sans pitié ». En Chine, on sait ce que cela veut dire. 

Autoritaire, mais salutaire.

En Chine communiste, il n’y a aucun doute, le pouvoir de  surveillance du pouvoir communiste est tel que ce sera appliqué. On n’imagine pas  que cela soit faisable chez nous. Pourtant les méfaits des jeux et de l’internet récréatif sont connus par leur impact  sur le temps de cerveau disponible qui est absorbé en lieu et  place  de celui qui pourrait être consacré au savoir. Les enfants de la Silicon Valley ne sont-ils pas mis dans des écoles « sans écrans »… Ainsi la Chine formera des milliers d’ingénieurs pendant que nous, nous peinerons à recruter ne serait-ce que des enseignants compétents et continuerons de dégringoler dans les classements internationaux. Nos éditeurs de jeux vidéo ne sont pas concernés, car les étrangers n’ont jamais eu le droit de pénétrer directement le marché chinois. Ce sont donc les éditeurs chinois qui vont souffrir, en silence évidemment, mais de cela on n’a cure. Si vous n’arrivez pas à contrôler vos enfants, vous pouvez toujours envisager de leur faire faire un stage en Chine pendant un an…

On ne sait pas si Huawei a été consulté… Désormais, on attend de Xi Jinping les prochaines décisions sur les burgers, les bonbons, la télé-réalité, le rap, les crottes de nez et autres « dérives » de la jeunesse.




LA CHUTE DU SAVOIR

Crétin

L'occident est en déclin. L'obscurantisme progresse partout  au lieu du savoir, et   pourtant, " le temps de cerveau disponible" pour apprendre n'a jamais été  aussi important. Alors  pourquoi  ?

L'article ci-dessous propose une observation et une analyse très éclairantes. Je ne peux qu'y souscrire. Elles recoupent les attendus énoncés par Gérald Bronner dans son ouvrage, "Apocalypse cognitive" dont je vous entretiendrai bientôt. 

" Un ingénieur français travaillant dans l’intelligence artificielle dans la Silicone Valley remarquait cette semaine qu’il y avait de moins en moins d’ingénieurs américains dans son équipe et de plus en plus d’Indiens, de Chinois, de Coréens. Il y voyait une explication : depuis leur plus jeune âge les Américains sont encouragés par le pédagogisme ambiant - « tu es merveilleux mon fils » - même s’ils sont nuls. Arrivés à l’âge adulte ils sont encouragés à l’Université - « ce que tu fais est formidable » - même si leur production est insignifiante. Entrés dans l’entreprise on les encourage encore en leur disant que ce qu’ils font est « exceptionnel ». Et un jour le couperet tombe : on les vire car on s’est rendu compte qu’ils étaient très mauvais et que leur insuffisance remontait à l’acquisition des savoirs fondamentaux. Et on les remplace par des Indiens.

En France, nous en sommes au même point. Les résultats annuels de l’étude Pisa sont sans appel : en mathématiques les 5% des meilleurs élèves d’aujourd’hui sont à peine au niveau des élèves moyens d’il y a 30 ans, et les élèves moyens au niveau des plus mauvais d’hier. En sciences de la vie, idem. En français et en philo, n’en parlons pas. Et pourtant les résultats au bac sont exceptionnels… Cherchez l’erreur : elle tient à la même cause qu’aux USA, le pédagogisme qui veut faire de chaque enfant depuis 40 ans un être exceptionnel qui a droit à toute la bienveillance de ses aînés même si son savoir et son intelligence sont des plus mauvais. Arrivé à l’âge adulte, cet être exceptionnel, paré de son inculture n’a jamais été confronté à l’échec.
 
Investi des pouvoirs formidables que lui donnent les réseaux sociaux, cet imbécile patenté et encensé par l’Education Nationale se croit investi d’une mission : donner son avis sur les avancées les plus prodigieuses de la science, remettre en cause les études des plus grands chercheurs, défier la communauté scientifique. Il n’a, bien entendu, pas le début du commencement de la moindre compétence dans aucun domaine, à commencer par la médecine, ni le bagage théorique minimal pour comprendre ce qu’est une série statistique ou une probabilité.
 
Ajouter à cela une méconnaissance complète des grands mouvements de l’Histoire, il s’autorise à se comparer à un résistant, ou à voir dans nos gouvernants des apprentis dictateurs. Son civisme et sa moralité, pour autant qu’il en ait jamais eu, ont été systématiquement démolis depuis 30 ans par le droit des minorités qui tend à s’imposer à la majorité et il se vit désormais en héros révolutionnaire. Parce que « sa voix compte ». Parce qu’il a « quelque chose à dire ». Même une énorme connerie.
 
L’inculture générale règne. Chaque année 600 000 bacheliers sortent de l’enseignement secondaire. Ils n’ont qu’une très vague idée de qui est Jean Moulin, de ce pourquoi il est mort. Ils ne savent pas comment fonctionnent une cellule animale et comment y pénètre un virus. Ils n’ont aucune idée de ce qu’est une loi de distribution normale… Toutes choses qui sont pourtant au programme et qu’ils n’ont jamais apprises. Mais on leur a dit qu’ils étaient « formidables ». Alors Ils parlent, ils postent leur tweets vengeurs et ils refusent de se faire vacciner « parce qu’on n’a pas assez de recul ». Ils refusent le pass sanitaire parce « qu’on vit en dictature » et plus ils parlent, plus on les écoute parce que « la parole de chacun est précieuse ».
 
Notre pays a été à l’origine de l’esprit des lumières, des plus grandes avancées de la science et de la médecine. Nous avons longtemps été à la pointe de l’innovation. Nous sommes désormais à la queue des classements internationaux. Le mouvement antivax, la révolte contre le pass sanitaire ne sont pas des accidents de l’Histoire. Ils sont le symptôme d’un spectaculaire basculement de notre pays dans l’ignorance."
 
Marc Wluczka, médecin de santé publique

 


FRACTURE VACCINALE : DES FRACTURES MULTIPLES.

France vaccination figaro001

Même si elles semblent aller  en déclinant, les manifestations du samedi contre  la vaccination et le passe sanitaire sont suffisamment « achalandées* » pour qu’on y prête attention. Elles semblent rassembler un ensemble  assez hétéroclite de courants de pensée qui n’ont  qu’un point commun : ils sont contestataires. L’étude publiée par Le figaro le 9 août dernier propose un décryptage assez fouillé qui en éclaire,  me semble-t-il, avec beaucoup de précision tous les tenants et aboutissants. Jérôme Fourquet de l’Ifop et Sylvain Manternach, géographe et cartographe, ont analysé les données du géographe  de  la santé montpelliérain Emmanuel Vigneron, qui a dressé à une échelle très fine une carte inédite de la couverture  vaccinale (ci-dessus). Par exemple, en Ile-de-France ou dans l'agglomération lyonnaise, la carte fait ainsi apparaître les clivages sociologiques avec un taux de vaccination nettement moins élevé dans les banlieues populaires que dans les arrondissements bourgeois ;  elle montre également des écarts entre les zones rurales et le cœur des agglomérations, du fait d'une plus ou moins grande proximité aux centres de vaccination. Mais par-delà ces clivages assez attendus, la carte donne à voir de fortes disparités régionales. Elle met en lumière de nombreux clivages fondés sur la sociologie, l’Histoire, la culture politique, … qui expliquent notamment pourquoi le sud de la France est plus rétif à la vaccination et plus enclin à contester le passe sanitaire que le nord.

L’empreinte de l’Histoire.

Les  mentalités ont été façonnées au cours du temps par toute une série de  considérations dont notre  Histoire nationale porte les stigmates, depuis l’intégration dans l’espace national des régions de langue d’Oc plus tardive, et marquées par des rebellions contre le  pouvoir central, sous la monarchie comme sous la République, et les exemples abondent, religieux, politiques ou sociaux. Ces régions, souvent pauvres, éloignées géographiquement du pouvoir central, marquées par l’analphabétisme, ont toujours été les foyers d’une forme de contestation de l’autorité centrale qui a perduré jusqu’à nos jours. Hormis les dimensions économiques et sociales, paysannerie pauvre et sols peu fertiles, cette propension à l'insoumission, comme la réticence à la fiscalité ou à la conscription, plonge profondément ses racines dans un substrat historique politique et culturel très ancien. La croisade des Albigeois ou l’épopée cathare sont encore  bien vivantes dans les mémoires. Différents terroirs du sud cultivent ainsi le souvenir de révoltes paysannes et populaires. Les multiples épisodes nourrissent l'image d'un sud rebelle et insoumis face à l'arbitraire d'un pouvoir central autoritaire. Symboliquement, les opposants les plus militants à la vaccination entendent récupérer cet héritage quand ils se définissent comme des « résistants ».

Des espaces de culture alternative.

France vaccination agricult bio001Parallèlement à la rémanence de cet héritage historique, un autre paramètre, qui pèse sans doute davantage, permet d’expliquer la moindre vaccination observée dans l'arc méridional courant de l'Ariège au sud des Alpes, avec des extensions jusqu'à la Dordogne et au Quercy à l'ouest et aux montagnes du Jura au nord. C’est le mode de vie adopté par une part non négligeable de la population de ces territoires, se voulant en rupture avec la société de consommation et rejetant ou se méfiant de certaines manifestations du progrès technologique. Cette culture alternative s'épanouit préférentiellement dans les espaces ruraux ou de montagne, à distance des centres urbains. Ce sont généralement des « néoruraux », venus s’installer pour rompre avec le mode de vie citadin et soucieux de vivre à un autre rythme et en accord avec des valeurs privilégiant la communion avec la nature, l'échange, le troc et l'entraide plutôt que la possession de biens matériels et la surconsommation. Ils en sont devenus une part significative de la population active. De l'Ariège au sud de l'Isère, se dessine une diagonale qui  correspond aux territoires où l'agriculture bio est la plus développée en France, ce modèle agricole répondant le mieux aux options philosophiques et idéologiques de cette population, ces terroirs de moyenne montagne ne permettant guère, par ailleurs, de se livrer à l'agriculture intensive. Il est frappant de constater qu'à quelques exceptions près, cette carte du développement de l'agriculture bio se superpose avec la carte de l'indice de vaccination calculée par Emmanuel Vigneron. Les producteurs et les consommateurs de cette agriculture rejettent les produits chimiques, les pesticides et les OGM, et  logiquement, ils se montrent également plus réfractaires à la vaccination, le vaccin étant perçu comme un « procédé artificiel » et potentiellement dangereux pour la santé. 

La « galaxie vaccino-sceptique ».


France vaccination medecines altern002Ce n’est pas un hasard si les figures médiatiques de cette  pensée alternative résident précisément le long de cet arc méridional courant des Pyrénées au sud des Alpes où elles ont acquis une large visibilité nationale via les réseaux sociaux sur lesquels ils sont très actifs, leur audience et influence étant d'autant plus fortes dans leurs régions respectives, où ils disposent de relais et de soutiens. Le grand sud de la France se caractérise par ailleurs par une plus forte appétence pour les médecines douces ou alternatives. La densité par département de praticiens de ces médecines constitue un indicateur permettant d'évaluer l'audience de cette culture sur ces territoires. Cette prévalence est à mettre en relation avec  une population ayant opté pour des modes de vie écologistes et alternatifs. Il s'agit de ces néo-ruraux, de retraités ou de membres des petites classes moyennes se soignant par les plantes plutôt que par la chimie et les vaccins, volontiers défiants vis-à-vis des institutions gouvernementales et des grandes entreprises, qu'il s'agisse des laboratoires pharmaceutiques ou des opérateurs téléphoniques. On peut faire un parallèle entre le refus vaccinal et l'opposition au déploiement de la 5G, phénomènes procédant d'une certaine manière de la même matrice technophobe. Ainsi, des dizaines d'antennes relais ont été incendiées un peu partout en France et La carte des destructions présente certaines similitudes avec celle du refus vaccinal, comme si ces deux phénomènes distincts, constituaient des indices et des manifestations de l'existence d'une culture contestataire radicale et écolo-alternative. Ce n’est donc pas par hasard qu’un centre de vaccination ait été l'objet d'une tentative d'incendie à Nyons dans la Drôme et celui de Lans-en-Vercors (Isère) victime de dégradations, un incendie ayant partiellement détruit un autre équipement de ce type à Gap, dans le département voisin des Hautes-Alpes.

L’arc littoral frontiste.

La vaste zone de défiance vaccinale méridionale identifiée par Emmanuel Vigneron englobe également le littoral méditerranéen qui géographiquement, sociologiquement et électoralement est très différent. Cet arc, qui s'étend de Perpignan à Nice, est constitué de plaines densément urbanisées où le vote frontiste est très élevé. Sur le littoral languedocien comme sur la Côte d'Azur, la culture politique a peu à voir avec la sensibilité écolo-alternative imprégnant les collines et les montagnes de l'arrière-pays où Jean-Luc Mélenchon avait fait un malheur. Un trait d'union existe cependant, celui d'une très forte hostilité au « système » et d'une défiance vis-à-vis de l'autorité étatique. Ce point constitue sans doute le terreau commun nourrissant dans ces deux électorats, idéologiquement très opposés, la forte opposition vaccinale. On constate d’ailleurs que cet électorat frontiste méridional est plus frondeur et  plus défiant que celui du nord et de l’est.

Et aussi les « gilets jaunes ».

Au début de ce mouvement, la mobilisation sur les ronds-points fut aussi importante dans les zones du nord et du sud, mais alors qu'assez rapidement la mobilisation s'essouffla dans le nord, la pression monta crescendo dans le sud. Le long de l’arc se déployant de Perpignan jusqu'au Vaucluse, le mouvement s'est poursuivi avec une forte intensité durant plusieurs semaines avec la persistance de points de blocage et des violences se soldant par la destruction de très nombreuses barrières de péage sur la plaine littorale du Languedoc-Roussillon et dans la basse vallée du Rhône. Cet « arc de crise » correspond à une zone de forte résistance à la vaccination. Ainsi, d'après les données de l'Ifop, seuls 49% des personnes se définissant comme gilets jaunes ont reçu une première injection, cette proportion grimpant à 83% parmi la population ne les soutenant pas.

Comme on le constate, le mouvement de contestation contre le passe sanitaire auquel se joint des  « antivax » est un assemblage assez hétéroclite de populations aux motivations très différentes, voire contradictoires. Les  slogans en témoignent. Il n’est pas étonnant que le sud-est soit en tête de la protestation. Mais avec  l’augmentation de la pression sociale, la vaccination gagne du terrain bien que des bastions d'antivaccins existent toujours. Le danger, c'est qu'en se réduisant, ces poches de résistance se cristallisent et que la jonction se fasse avec des mouvements encore plus radicaux. Quant à la défense de la liberté que certains mettent en avant, elle est plus que discutable en la circonstance, mais c’est un autre débat.

* achalandées : sens premier "beaucoup de clients".

Compte-rendu complet dans le Figaro du lundi 9 août.

 


LA CHINE, BEN MON « COCO » !

Chine communiste

 

Les  occidentaux ont eu tout faux.

Xi Jinping a pris le chemin inverse de celui choisi par Deng Xiaoping en 1978. Sur le plan économique, la Chine se referme et se concentre sur son immense marché intérieur. Le mouvement s’accompagne d’une ferme reprise en main idéologique. Depuis son entrée dans l'Organisation Mondiale du Commerce, on a d'abord cru que, découvrant le capitalisme et s'ouvrant au monde, la démocratie progresserait et la dictature politique s'affaiblirait progressivement avant de s'effondrer. Comme pour l’ex URSS après la chute du mur de Berlin. Puis on a pensé que la Chine n'aspirait qu'à devenir la première puissance économique mondiale, avec un communisme de façade et un capitalisme économique sauvage. La Chine étant devenue l'usine du monde et le premier client de nombreuses industries et de nombreux pays, il fallait fermer les yeux sur le régime politique. Par naïveté ou/et appât du gain, on oubliait l’idéologie, tant pis pour les droits de l'homme et la liberté d'expression. Mais depuis quelques semaines une révolution se déroule sous nos yeux : Le triple choix de la fermeture économique, du durcissement idéologique et du pouvoir absolu fait du rêve chinois un cauchemar.

La Chine est bien une dictature et un pays communiste.

Xi Jinping le rappelle au monde. Nous assistons à une nouvelle révolution culturelle qui va changer la face de la Chine. En mai 2019 la Chine avait lancé une campagne pour « rester fidèle à son engagement initial » et « pour garder constamment à l'esprit sa mission ». On en comprend maintenant le sens. Ce n'était pas que des mots. Il n'est plus question d'ego ni même d'argent. Il est question d'idéologie. Xi Jinping ne veut plus être seulement un Big Boss, il veut égaler Mao, voire le dépasser. Il rêve d’être le grand Timonier. Et il veut tout contrôler. Et les « nouvelles routes de la soie »  ne sont pas seulement un vecteur de développement économique, elles sont  la manifestation d’un impérialisme mondial.

La reprise en main est globale et vise tous les secteurs un par un.

Le gouvernement chinois s'est d’abord attaqué aux patrons de ces entreprises chinoises devenues tellement puissantes qu'elles menaçaient le pouvoir central. Ces entreprises valorisées des dizaines de milliards de dollars, engrangeaient des dizaines de milliards de profits grâce à des centaines de millions de clients. Jack Ma et quelques-uns de ces milliardaires qui ont cru au mirage du capitalisme américain et de la cotation sur Wall Street se faisaient taper sur les doigts et disparaissaient quelques jours avant de réapparaître sans plus jamais s'exprimer. On a mis ça, alors, sur le compte d’une lutte d'ego, entre Xi Jinping et ses milliardaires.

Ensuite, le gouvernement chinois a provoqué une onde de choc avec la reprise en main musclée de ses entreprises de la tech, créant une véritable panique. Les investisseurs internationaux, comme le géant américain Blackrock, qui sont actionnaires de grands groupes chinois visés par le gouvernement sont aujourd’hui piégés.

Le  mouvement a continué avec le secteur de l'éducation, un secteur qui pèse plus de 100 milliards de $. XI Jinping a tout simplement décidé qu'il ne pouvait plus y avoir d'actionnaires étrangers dans ce secteur... et tant pis pour les fonds américains... Ces groupes ont même l'interdiction de faire des profits ou de lever de l'argent. Pour le gouvernement chinois, ce secteur ne pouvait pas répondre aux lois du capitalisme. Goldman Sachs prévoit un effondrement de la valeur des groupes d'éducation de 100 milliards de $ à 25 milliards de $.

On se demandait à quel secteur le PC s'attaquerait après la tech et après l'éducation privée. On le sait maintenant : ce sont les jeux vidéos. Pour les médias officiels chinois, les jeux vidéos sont un « opium mental » et des « drogues électroniques ». Un vocabulaire qu’on a déjà connu. Evidemment, les valeurs du secteur ont immédiatement pris une claque.

L’Empereur rouge a  décidé de  contrôler l'éducation des enfants. Xi Jinping veut encourager les familles à faire plus d'enfants, parce que la Chine sera vieille avant d’être riche, il veut avoir la main sur leur éducation, il veut avoir la main sur leurs loisirs. Il veut contrôler.

Tout contrôler,  quitte à sacrifier quelques centaines de milliards de dollars de « capitalisation » !

Désormais, la Chine fait peur.

L'année 2020 a marqué le basculement du monde en faveur de la Chine alors même qu'elle était à l'origine de la pandémie de Covid-19. Mais sa fermeture économique, son durcissement idéologique et l'affirmation agressive de ses ambitions de puissance pourraient entraver sa conquête du leadership mondial.

La guerre commerciale et technologique lancée par Donald Trump, au prix de l’amputation de 1 % de la croissance américaine, a mis un coup d’arrêt aux excédents commerciaux chinois. Les dettes publiques et privées chinoises approchaient 270 % du PIB, les défauts financiers des entreprises étaient en hausse de 5 % et la fuite des capitaux ne cessait de s’amplifier. La relance par le crédit bancaire ne parvint pas à masquer la crise structurelle d’un mode de développement intensif fondé sur l’industrie et l’exportation, la prédation de l’environnement et la dette.

Le soixante-dixième anniversaire de la République populaire accompagna la fin des « quarante glorieuses » et une réorientation stratégique, associant fermeture économique et renforcement du totalitarisme. A l’intérieur, la Chine pratique un système  concentrationnaire de masse qu’elle applique aux Ouïgours du Xinjiang,  elle généralise la surveillance numérique de la population grâce à la reconnaissance faciale et en lui adossant le  système de crédit social qui conditionne à leur allégeance au Parti communiste l’accès des citoyens au logement, à l’éducation, à la santé ou aux transports. Autour d’elle, la mise au pas de Hong-Kong, l’annexion de la mer de Chine du sud et la prise de contrôle d’actifs stratégiques, voire de pays entiers, en raison de leur dépendance à la dette liée aux « nouvelles routes de la soie » provoquent des résistances croissantes. La Chine fait peur, du Vietnam à la Malaisie en passant par le Japon, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.

Sur le plan économique, la Chine se referme et se concentre sur son immense marché intérieur. Une priorité absolue est donnée à la technologie avec la volonté d’une autonomie qui supprime la dépendance vis-à-vis des États-Unis, assumant une confrontation globale. La question reste pendante de savoir si Xi Jinping conduit la Chine vers le leadership mondial ou si, comme à la fin du XVe siècle sous la dynastie Ming, il la coupe de la modernité.

L’occident pensait avoir tué le « totalitarisme communiste » avec la fin de l’URSS, la Corée du Nord continuant d’exister pour l’anecdote. Mais cette idéologie a la vie dure et en France on est bien payé pour le savoir avec la résurgence mélenchonienne. La Chine est là pour prouver qu’il est bien vivant et n’a pas renoncé à son rêve de domination mondiale. Il est grand temps de rapatrier nos industries imprudemment délocalisées.

Entre Islam radical et communisme pur et dur, le monde est mal parti !




ON EN A PEU PARLE, ET POURTANT …

Longue vue 2

 

Le Covid et le  « passe » occultent l’actualité  et font passer des sujets pourtant sérieux au second plan quand ce n’est pas à la trappe. Je vous en propose trois qui méritaient d’être mis sous les projecteurs : la production de vaccins, l’approvisionnement énergétique de l’ouest, et les retraités mis à l’index.

1 milliard de doses.

Bien sûr, on a vu Thierry Breton sur quelques plateaux pour une interview furtive, venir expliquer que les objectifs étaient non seulement tenus mais largement atteints. L’Europe a été et reste au rendez-vous de la vaccination. Mais ses propos se sont perdus dans le brouhaha médiatique de l’été.  Et pourtant, l’information mériterait qu’on en parle.  A la mi-juillet, la  barre du milliard de doses produites en Europe, oui, en Europe, a été franchie. En général on ne rate pas une occasion de dire du mal  de  L’Union et on se souvient du procès intenté en début d’année à notre vieux continent, soi-disant incapable de se procurer suffisamment de vaccins pour avoir voulu négocier les  prix et gnagnagna… Aujourd’hui,  les Chinois sourient jaune et les américains sont dépassés ; quant aux Russes ils sont bien à la peine. Chez nous c’est  l’indifférence générale. On préfère s’étendre sur les hurluberlus du samedi. Pourtant, à la mi-juillet, le cap des 500 millions de doses mises à la disposition des pays européens a été passé et le reste a été exporté vers des dizaines de pays. Seule l’Europe a été en capacité de  mettre sa production à disposition des  pays démunis. Mieux, c’est  le  « vieux continent » qui va être en capacité de  fournir  les vaccins au reste de la  planète dès cet automne. Plus de la moitié des Français ont déjà reçu les deux doses et le pari d’administrer une dose  à 70% des Européens au 14 juillet a pratiquement été tenu. Le laboratoire Pfizer et son partenaire allemand BioNTech ont accompli un absolu sans-faute. Mais on ne remerciera jamais assez l’énergique commissaire européen Thierry Breton qui a secoué la  production vaccinale et qui a réussi à installer cinquante unités de fabrication en un temps record. Quand l’Europe veut, l’Europe peu.

Survie pour Cordemais.

Il y a un an, EDF fermait la centrale nucléaire de Fessenheim, à grand renfort de tam-tam médiatique, vert de préférence. Il y a quelques jours, la même EDF à décidé de maintenir ouverte jusqu’en 2024 ou 2026 la dernière centrale au charbon française, celle de Cordemais, à Nantes. Dans le silence médiatique qui convient. Cherchez l’erreur… On ferme une centrale qui ne pollue pas et on garde en production une pourvoyeuse de gaz à effet de serre. Voilà une illustration parfaite des paradoxes où nous mène une stratégie énergétique conduite sous la pression inconséquente des écologistes radicaux.  Pour l’ouest, c’est une impasse. Convenons que le maintien de Cordemais n’est pas la conséquence de la fermeture de Fessenheim,  beaucoup trop éloignée, mais des flottements politiques et du retard de la mise en réseau de Flamanville au feuilleton sans fin. Le cas de l’ouest est emblématique : les Bretons n’ont pas voulu du nucléaire dans les années 70 (Le Pellerin), ils résistent à l’éolien offshore depuis quinze ans et refusent aujourd’hui l’éolien terrestre, qui sont, de toutes façons des pis-aller, ils ont mis des bâtons dans les roues du projet de Total Direct Energie de construire une centrale à gaz à Landivisiau, indispensable pour alimenter la pointe armoricaine, décidé en 2012 et qui verra finalement le jour à la fin de cette année. Dans notre pays, le débat sur l’énergie est tabou quand il n’est pas accaparé par les ayatollahs verts. Consolation : la France est tout de même sortie du charbon et émet moins de gaz à effet de serre que  l’Allemagne (70% de plus) qui a commis l’erreur d’arrêter son nucléaire avant d’avoir des alternatives. Au moins c’est dit !

Accusation incongrue.

Il y a peu, le  premier président de  la Cour des comptes, l’inénarrable Monsieur Moscovici fustigeait les retraités en s’offusquant que leur niveau de vie fût plus élevé que celui des actifs, au nom d’un égalitarisme stupide, et exprimait à ceux-ci comme le reproche d’être propriétaire de leur logement. Il devrait savoir que ce sont les gouvernements successifs, et il a dû faire partie de certains, qui ont incités les  Français à devenir propriétaire. Les  montrer du doigt aujourd’hui est pour le moins une incongruité. Cela mériterait qu’on en parle, car la plupart d’entre eux n’ont pas connu les 35 heures, les RTT et les taux à 1%, mais plutôt  les semaines de 48 heures, parfois plus, et des taux à 12 ou 13%.  Voilà des efforts qui devraient être loués. Ils ne sont pas la cause d’un déséquilibre intergénérationnel qu’il faut chercher ailleurs. Par exemple dans la montée de l’endettement, l’assistanat généralisé, les politiques de déficits publics qui plombent la croissance et les salaires et favorisent le chômage dont les jeunes sont les premières victimes. La France n’a rien à gagner dans une guerre des générations. On ne peut donc voir dans le raisonnement de notre grand contrôleur des comptes que de l’inconséquence. Notez, il nous y avait habitués.

 


OBSCURANTISTES, NAIFS, CASSEURS GAUCHISTES ET COMPAGNIE …

Manif antivax

 

C’est reparti pour le rituel du samedi.

Le  « passe » a le dos large. Tout est bon pour les contestataires de tout poil pour battre le bitume. A croire qu’ils sont en mal de distraction et qu’ils ne savent pas faire autre chose. Petits cerveaux, imagination réduite. Ils brandissent l’étendard de la « liberté »  outragée, les pauvres. Marianne en a fait deux tours dans ses escarpins.

La minorité bruyante.

Un peu plus de 200 000 protestataires, samedi dernier dont quelques 14 000  à Paris. Après deux premiers essais, les effectifs s’étoffent modestement. Pour relativiser, plus de 500 000 Français se  sont fait vacciner le même jour. Si « gronde » il y a,  elle reste encore faiblarde, même si la caisse de résonnance médiatique lui donne plus d’ampleur qu’elle n’en vaut. Prenant appui sur le fait que le  week-end dernier était  celui de  départs massifs en vacances, et était  donc peu favorable  à une  mobilisation, les habituels porte-étendards de ce mouvement hétéroclite n’hésitent  pas à annoncer une rentrée chaude. Hétéroclite, le mot est faible.

Il y avait parmi eux, évidemment, les antivax, ces hurluberlus obscurantistes qui font passer leurs croyances avant la science. Ceux-là, bien que nous soyons au pays de Pasteur, ne perdons  pas  de temps à essayer de les convaincre. Encore qu’ils se décomposent en plusieurs familles : les  adeptes de religions fondamentalistes, les endoctrinés complotistes aux arguments aussi irrationnels que stupides, les anticapitalistes qui en ont  après les gros profits des labos…

Il y avait parmi eux les covidosceptiques, qui ne croient pas  à la gravité du virus, se croient « naturellement » immunisés et qui ne comprendront que lorsqu’ils seront en réanimation.  Un pari stupide.

Il y avait parmi eux les grandes gueules pour qui tout est bon dès lors qu’il s’agit de s’en  prendre au pouvoir.  Peu importe le sujet. Méluche n’a juste qu’à twittter pour qu’ils sortent  de leur trou, accompagnés souvent de leurs gros bras à tunique noire. Pour eux, le nirvana c’est de se confronter aux forces de l’ordre. Ils crient à la dictature, mais ceux dont ils se réclament nous en imposeraient une vraie et bien pire s'ils étaient au pouvoir  !

Il y avait parmi eux, la cohorte des « antipasse ».  Ceux-là, on ne sait pas  s’ils sont pour ou  contre la vaccination, mais ils voient dans  l’obligation de fournir un sésame pour participer  à certaines  activités, une atteinte odieuse à leur liberté… qui ne s’arrête jamais là où commence celle des autres. Ils dénoncent donc un dispositif  liberticide, rien que ça. S’il est validé par le Conseil constitutionnel, il sera effectivement contraignant, mais parce que la moitié seulement de la population  a reçu deux doses et que, si la vaccination n’empêche pas la  contamination en théorie, elle reste tout de même un gage de non-hospitalisation ; rappelons que 85 % des malades de la Covid admis dans un établissement de santé sont non vaccinés. Manifester est un droit. En revanche, se gargariser avec le mot « liberté », quitte à entraver celle des autres, n’est pas acceptable. Si j’ai fait  le choix, comme l’immense majorité silencieuse de nos compatriotes, de me faire immuniser,  c’est parce  que je souhaite pouvoir vivre le plus librement possible, sachant que le virus, lui, est parti pour durer.

Quelle régression quand même !

J’entendais l’autre soir Henri Guaino expliquer que parmi les  manifestants se trouvait une de ses connaissances polytechnicien, et qu’il fallait donc porter attention à ce qui se passait.  Cela  dit, les diplômes n’ont jamais empêché d’être con. Notre pays a été à l’origine de « l’esprit des lumières », des plus grandes avancées de la science et de la médecine, et aujourd’hui encore. Mais nous sommes désormais à la queue des classements internationaux en matière d’éducation. Le mouvement antivax, la révolte contre le passe sanitaire ne sont pas des accidents de l’Histoire. Ils sont le symptôme d’un spectaculaire basculement de notre pays dans l’ignorance  et la  perte de  l’esprit critique. Comme le souligne Gérald Bronner (Apocalypse cognitive), les craintes collectives reposant sur des allégations fausses se répandent grâce à ce qu’il appelle le « brouhaha cognitif » des réseaux sociaux et par les médias qui reprennent prioritairement et systématiquement ce qui attise les  peurs. Nous tombons dans « la démocratie des crédules ». « Certains pourront arguer qu’en définitive, il vaut mieux prévenir que guérir et qu’il est sage de surestimer tous les risques même imaginaires plutôt que de prendre celui de ne pas être préparé face à un danger. C’est là une logique préhistorique, enracinée en nous, qui a eu son utilité évolutionnaire, mais elle génère aujourd’hui des dommages collatéraux dans les nouvelles conditions du marché cognitif… » Car, il se trouve que notre capacité à juger des probabilités, lorsqu’elles sont faibles, n’est pas toujours rationnelle. C’est pourquoi les allégations fausses se répandent plus vite que les démentis que la science peut  apporter. Les arguments de la peur sont beaucoup plus aisés à produire et rapides à diffuser que ceux qui permettent de renouer les fils d’une confiance si nécessaire à la vie démocratique. 

Plus que jamais, nous devons nous demander : qu’est-ce qui est le plus important ?  

 


RACHEL KHAN : LA RESISTANTE « RACEE » !

Racée Rachel Khan

 

Avec sa peau sombre et sa coiffure « afro », elle a  le look parfait  pour être classée dans la case « noire et racisée ». Sauf que, comme son nom ne l’indique pas –encore  que son prénom soit un indice- Rachel Khan est née d’une mère  juive polonaise et  d’un père sénégalais et gambien  de confession musulmane. Un assemblage peut-être rare, on en conviendra, mais qui a donné une jeune femme « racée » comme elle  le dit elle-même.  C’est qu’elle  est loin d’être une femme ordinaire : athlète de haut niveau, juriste, scénariste, comédienne, écrivain, elle dirige le centre de Hip Hop de Paris. En tant que femme, juive petite-fille de déporté, noire, …  elle semble cocher  toutes les cases qu’une Rokhaya Diallo aurait eut vite fait d’utiliser pour l’intégrer grâce à  « l’intersectionnalité » dans la case victimaire femme, décoloniale et racisée… Sauf que l’intéressée est une admiratrice de Ramain Gary et  dans son  livre qu’elle vient de  publier « Racée », elle prend l’exact contre-pied  de  cette démarche.  Pour elle le terme « racisé » remet  la race au centre et comporte une assignation,  l’obligation d’être coincée dans le regard  de l’autre en tant que racisé. Elle est métisse, et cette désignation n’a aucun sens : « suis-je autorisée dans les réunions non mixtes  réservées aux noires  ou suis-je considérée  comme  trop  blanche ? »  se demande-t-elle ironiquement. Née en Touraine, elle se dit chanceuse d’être née dans la région de Descartes,  Rabelais, Balzac et n’hésite pas à faire l’éloge de l’assimilation, qui ne la dépossède pas de ses racines et lui permet en plus d’acquérir un supplément qui lui a permis de se transcender !

Le rejet du « victimaire » à la mode.

Dans son livre elle dénonce cette idéologie qui consiste à empêcher l’égalité dès la naissance pour ensuite s’en plaindre.  Elle n’accepte surtout pas que dans notre démocratie, alors qu’elle n’a jamais voté pour des personnes comme Rokhaya Diallo, celles-ci la représentent et s’octroient le droit de parler au nom  des gens qui ont à peu près la même couleur de peau qu’elles. Elle refuse que ses  cheveux soient une sorte d’emblème de « l’islamo-gauchisme ». Aussi est-elle déterminée à combattre tous ces individus, emplis de colère et de rage, qui alimentent eux-mêmes le  racisme contre lequel ils prétendent lutter. Les idéologies qu’ils véhiculent sont une insulte à de grands hommes tels qu’Aimé Césaire, Manu Dibango, Edouard Glissant « ou même  mon père »  ajoute-t-elle,  qui se sont affranchis de concepts revanchards pour tisser de nouveaux liens et conjuguer leur histoire avec celle de l’Europe. Il est malhonnête de penser ou faire croire que les personnes qui tiennent les mêmes propos qu’elle sur l’universalisme,  qui sont amoureux de  la France, seraient dans un déni ou n’auraient vécu aucune discrimination.  Lucide, elle avoue se battre depuis vingt ans contre l’intolérance tout en continuant à bâtir. Et par  la même occasion, elle dénonce ces entrepreneurs identitaires dont elle doute que l’intérêt soit vraiment la lutte contre le racisme, constatant « puisque s’il n’y a plus de racisme, ils n’ont plus de raison d’être ».

Une démonstration par les mots.

Les  mots ont leur importance. Et notre époque  n’échappe pas à toute sorte de déviations de sens, à la naissance de néologismes ou d’expressions créées pour les besoins de la cause. Derrière les mots, il y a toujours un signifiant, une réalité, une manière de décrire. On ne peut les détacher de l’intention qui préside à leur utilisation. Rachel Khan nous offre un décryptage décapant, non dénué d’humour. Ainsi elle condamne les  mots qui séparent  comme « racisé ou souchien, intersectionnalité ... » qui enfoncent le couteau dans les plaies qu’ils prétendent cicatriser.  Et puis il y a les  mots creux qui ne vont nulle part, comme « vivre-ensemble, diversité, mixité… » qui appauvrissent le  langage dans une « bienveillance inclusive ».  Enfin, elle défend les  mots qui réparent tel « intimité, désir, création »… qui, eux, rétablissent le dialogue, favorisent la pensée non unique et unissent notre société.

Voilà  un  livre utile et une réflexion approfondie sur les mérites de l’universalité pour combattre vraiment le racisme. Nos journalistes des  plateaux télé devraient bien le lire, ça leur permettrait d’échapper au langage convenu qui assigne à résidence. On a le droit de rêver, non ?  Le combat de  Rachel Khan  et  de bien d’autres, tels isamël Saidi, Fatiha Agag-Boudjahlat, Claire Koç, Abnousse  Shalmani, Lydia Grirous,  doit être plus que jamais soutenu. Car l’intégration heureuse existe !

« Racée », Rachel Khan -  L’observatoire.

 


LA DEMOCRATIE CENSITAIRE

Contribuable détroussé

Mon raisonnement était le bon. 

Dans un bulletin précédent j’avais fait l’hypothèse d’un lien entre l’exemption d’impôts et le vote. Un récent article de Jean-Pierre Robin dans le Figaro vient conforter mon raisonnement, chiffres à  l’appui. Tout se passe comme si nous étions revenus  avant 1848, au suffrage censitaire quand seuls les « riches » pouvaient voter. Et le paradoxe, c’est que c’est la gauche qui en est responsable,  les quinquennats de  Hollande et  Macron qui ont largement contribué à couper le lien civique entre le vote et l’acquittement « consenti » et clairement identifié de taxes et impôts. Il y a bien une cause majeure à  l’abstention ou au désintérêt pour la désignation des représentants qui gèrent les budgets des collectivités et contrôlent celui de  l’Etat : la disparition de l’impôt.

Un bloc structuré.

Loin d’être un ensemble disparate et informe, le  « parti » des abstentionnistes est au contraire très structuré. Un sondage d’Opinion Way met en avant trois  traits saillants du « non votant » du 20 juin dernier ( un échantillon de 4500 personnes). En premier la jeunesse : plus on est jeune, moins on vote. Ensuite, les  abstentionnistes se recrutent proportionnellement davantage chez les femmes (74%) que chez  les hommes (62%).  Enfin, le revenu, et c’est là que c’est intéressant : les foyers disposant de ressources mensuelles inférieures  à 1 000€ se sont abstenus à 84% contre 56%  chez les foyers dont les revenus dépassent 3 500€ par mois ; 74%  dans la catégorie comprise entre 1 000 et 2 000€ et 67% de 2 000 à 4 000€. Plus que l’âge et  le  sexe, nous dit  le sondagier, c’est le revenu qui structure le vote, rétablissant de fait une sorte de suffrage censitaire. Plus on est dispensé d’impôts, moins on vote comme sous les régimes d’avant 1848 où c’était le niveau de fortune qui donnait le droit. En dispensant  de payer l’impôt, on renvoie le  citoyen, comme dans la Rome antique, à une condition de seconde classe, ceux qui ne fournissent à la cité d’autres ressources que leur progéniture, les « proles » ou prolétaires. Hollande parlait des « sans dents » !

Un suffrage universel émasculé.

Le suffrage universel continue d’exister bel et bien, mais les citoyens se comportent comme s’ils vivaient dans  la première  moitié du XIXème siècle  ou seuls pouvaient voter les possédants. Bien sûr, on arguera du désintérêt provoqué par la complexité des scrutins et le manque de lisibilité des compétences des assemblées à élire, dont la finalité finit par échapper au commun des mortels.  Pourtant quatre dispositions majeures pèsent sur le comportement de nos concitoyens. D’abord le  prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, qui perd toute sa lisibilité alors qu’il est  un impôt progressif  sur la personne. La politique d’exonération systématique décidée  sous Hollande fait qu’il n’est plus acquitté que par 43% des foyers. En deux, la suppression de la taxe d’habitation  qui sera élargie a l’ensemble des résidences principales a rompu  le lien direct des administrés avec les collectivités territoriales, tout passe désormais par l’Etat. En trois, le remplacement des cotisations chômage par une hausse de la CSG (surtout sur les retraités) a débouché sur un système étatisé très technocratique, remplaçant de fait une fonction assurantielle par un impôt  payé par tous et sans contrepartie personnelle. Enfin,  en quatre, l’Etat s’est érigé en grand pourvoyeur de pouvoir d’achat.  Le triplement de la « prime d’activité » décidé en janvier 2019  par Macron, en est un bon exemple. La crise du Covid 19 n’a fait qu’aggraver les choses avec le « quoi qu’il en coûte ». L’argent tombe du ciel. L’Etat « nounou » s’occupe de vous ! Le fait du prince remplace la décision collective par le vote.

Un système incompréhensible.

Pourtant nous vivons dans le pays  qui a institué le système de dépenses publiques et de prélèvements le plus massif du monde. Le jour de libération fiscale est justement aujourd’hui : plus d’un mois après la moyenne européenne. Dans son éditorial du Figaro, Jacques Olivier Martin invite les Français à « pédaler », parce qu’il n’y a rien à espérer des temps qui viennent. Mais tous ne pédalent pas, et ils sont de moins en moins nombreux à appuyer sur les pédales. Le système des prélèvements est tellement complexe et les méthodes de calcul si sophistiquées que plus personne n’y comprend rien. On oublie l’essentiel : que  les dépenses publiques, Etat, comptes sociaux, collectivités territoriales relèvent d’assemblées d’élus et ne sont pas de simples services qui dispensent des prestations ou développent des actions. Le caractère  quantitatif de leurs responsabilités financières devrait intéresser tous les Français au premier chef. Mais quoi d’étonnant dans le contexte actuel que seuls les « riches » se soucient de leur gestion puisque les autres ne paient rien et « touchent ». Un univers « collectiviste » qui n’intéresse que les riches : c’est un autre paradoxe !

Revenir à l’universalité .

Voilà une autre tâche pour le prochain président s’il veut que nos concitoyens se réintéressent à la « res publica », la chose publique : remettre tout à plat à commencer par établir un impôt payé par tous, rétablir la taxe d’habitation, arrêter de faire jouer à la TVA le rôle de taxe  « fourre-tout » et financer chaque collectivité par un impôt dédié, réformer le financement des retraites et du chômage, … Remettre l’Etat à sa place. Il  lui faudra un sacré courage ! Bref, une vraie révolution !

 


LE CAS DUPONT-MORETTI

Dupont Moretti

Notre Garde des Sceaux aurait oublié de déclarer 300 000 € au fisc, mais c’est son comptable qui aurait commis l’erreur.  Bref, il aurait réparé immédiatement selon ses dires. On lui en fera grâce car ce n’est pas cela qui a causé ses ennuis avec la justice. Éric Dupond-Moretti fait l’objet de poursuites judiciaires et son bureau au siège du ministère a été perquisitionné en même temps qu’une convocation lui a été remise pour une mise en examen certaine. Il se présente aujourd’hui devant les juges, se disant serein et déterminé.

« prise illégale d’intérêts », vraiment ?

Les juges lui reprocheraient, après avoir été nommé Garde des Sceaux, d’avoir poursuivi ses recherches concernant l’accès des enquêteurs à ses conversations personnelles du temps où il était avocat. Les principaux syndicats de la magistrature et l’association Anticor l’accusent de « prise illégale d’intérêts » pour avoir usé de ses fonctions ministérielles afin d’orienter le traitement de dossiers dans lesquels il serait impliqué comme avocat. En quoi consiste l’interférence dénoncée ? Essentiellement dans le fait d’avoir confirmé, en septembre 2020, l’enquête administrative, initiée par Nicole Belloubet, portant sur les méthodes utilisées par le parquet national financier (PNF) dans l’affaire dite des «fadettes». Trois magistrats du PNF ont, en effet, exploité, sur une période inhabituellement longue pour de telles investigations (six ans) et - comme le relève un rapport de l’Inspection générale de la justice - selon des modalités procédurales présentant des anomalies, des factures téléphoniques détaillées, en vue d’identifier la « taupe » qui aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoute (dans le cadre d’une précédente affaire). Or nombre des communications téléphoniques ainsi exploitées concernaient des cabinets d’avocats et l’un de ces cabinets était celui de Maître Dupond-Moretti. Voilà toute l’infamie imputée à Éric Dupond-Moretti. Rappelons que ce dernier n’a jamais été le conseil de Nicolas Sarkozy.

Une perquisition théâtrale.

La commission des requêtes de la Cour de Justice de la République, censée filtrer les plaintes contre les ministres, a jugé les plaintes recevables. La commission de l’instruction de la CJR a décidé une fouille des locaux professionnels, ce qui nous a valu, le 1er juillet, le spectacle grotesque d’une justice perquisitionnant le ministère de la Justice. Dix heures au cours desquelles ont été saisis les ordinateurs de la direction des affaires criminelles et des grâces et les téléphones des membres du cabinet… et - détail prémonitoire ? - ouverts au chalumeau de vieux coffres-forts vides… Sans attendre les improbables résultats de cette perquisition, la commission de l’instruction a convoqué le garde des Sceaux en vue de sa mise en examen. La perquisition a duré une journée entière et la convocation lui a été remise avant que les magistrats s’en aillent. Ce qui fait dire aux avocats d’Éric Dupond-Moretti que son sort était scellé bien avant que les investigations produisent le moindre résultat susceptible de l’incriminer. Ces excès laissent sans voix la grande majorité des commentateurs et de la classe politique.

Réglement de comptes ?

On ne peut que ressentir un malaise quand on apprend que les poursuites sont organisées sans respect excessif pour la procédure, au moment où il est de notoriété publique que les relations entre le ministre et ses administrés sont pour le moins tendues.  Car c’est en vertu d’une conception bien extensive des dispositions instituant la « prise illégale d’intérêts » que la commission des requêtes de la CJR, puis sa commission de l’instruction, emboîtant le pas aux syndicats de magistrats, poursuivent le garde des Sceaux dans cette affaire des fadettes. Après les affaires Fillon et Sarkozy, la mise en cause du ministre de la Justice par la Cour de justice de la République pour des motifs dérisoires est une nouvelle preuve du manque d’impartialité de la magistrature, estime Jean-Eric Shoettl, l’ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel. Si la mise en examen ne fait guère de doute –le contraire serait étonnant- c’est qu’en application de la  jurisprudence Balladur, les magistrats en espèrent sa démission, pour se débarrasser de lui. Depuis son entrée en fonction, l’actuel garde des Sceaux est vilipendé par le gros de la magistrature, que celle-ci s’exprime par la voix de ses syndicats, qui ont vu dans sa nomination une « déclaration de guerre », ou d’une haute hiérarchie judiciaire qui ne craint pas de le morigéner publiquement. Ces mêmes hautes autorités pèsent sur le fonctionnement de la CJR et n’ont pas le réflexe de se déporter. Eric Dupond-Moretti a entendu, non sans avoir recueilli au préalable l’avis favorable de ses services, que soit menée à son terme une enquête administrative justifiée et présentant toutes garanties d’impartialité. Il a par ailleurs délégué au premier ministre toute initiative disciplinaire qu’il y aurait ultérieurement lieu de prendre au vu des résultats de l’enquête… Lui fallait-il enterrer ce dossier pour la seule et étrange raison qu’il a été victime des agissements sur lesquels il porte ?

Acharnement suspect.

La justice n’est pas sortie grandie de diverses affaires où elle a fait preuve d’un acharnement suspect moins dicté par l’application du droit que par l’hostilité contre un personnage. À l’égard de l’actuel Garde des Sceaux, on ne peut s’empêcher de penser que la magistrature est juge et partie. Tout se passe comme si, corporativement mécontente de son ministre, elle cherchait à s’en débarrasser par le biais pénal. La partie parlementaire de la CJR renâcle en revanche à se laisser ainsi instrumentaliser, puisque deux de ses membres viennent d’en démissionner, refusant de prendre part au «semblant de justice» que constitue, à leurs yeux, la convocation du ministre de la Justice. On ne peut pas davantage extraire cet épisode du contexte politique : à dix mois de l’élection présidentielle, les adversaires du chef de l’État semblent se faire un plaisir d’utiliser leur pouvoir pour détruire un ministre régalien et affaiblir ainsi le camp du président. Mais cette fois, ils jouent gros en s’attaquant à un avocat qui a la réputation de savoir « défendre ». Et ce serait un coup pour rien puisque Emmanuel Macron a décidé qu'il ne demanderait pas sa démission.

Quelle indépendance ?

La justice veut affirmer son indépendance, et c’est bien normal. Mais a-t-elle besoin pour autant de camper un contre-pouvoir purificateur et d’alimenter la crise de confiance qu’éprouve notre pays envers son État ? L’indépendance de la justice est aujourd’hui entière, au moins statutairement sinon idéologiquement. Après le «Mur des cons», c’est son impartialité qu’elle devrait manifester. Il est impossible de dire si oui ou non le Ministre sortira blanchi de ce nouvel épisode politico-judiciaire, et surtout s’il le sera avant l’élection présidentielle. Mais je ne crois pas que le pays ait besoin de ce passage obligé, alors que nous ne sommes sortis ni de la pandémie ni de ses conséquences économiques et sociales. Quel bénéfice peut trouver la magistrature à concourir au discrédit des institutions, au moment où celles-ci devraient se montrer soudées face à la crise sanitaire, économique et sociale, comme face à la violence civile, à la délinquance et au terrorisme ?

Rapprochées des affaires intéressant MM. Fillon, Sarkozy et d’autres, les procédures tonitruantes visant MM. Véran et Dupond-Moretti soulèvent des interrogations relatives à la pénalisation de la vie publique. Il est courant de dire qu’on ne juge pas une décision de justice, mais les cas sont nombreux où les décisions sont infondées, de sorte que les magistrats s’acharnent à détruire le principe. À leurs dépens.

 


POURQUOI ON VOTE (OU PAS) : REMONTONS A LA SOURCE !

Petit spirou qu'est-ce que tu fabriques

 

J’en ai lu des argumentaires sur  l’abstention qui progresse dans notre pays à chaque consultation. Et il faut dire que pour celle que nous venons de vivre, le record a encore été battu et atteint désormais des niveaux dramatiques pour un pays comme la France, réputé être une démocratie. Et les arguments des  commentateurs, plus ou moins experts, sondeurs et autres politologues, sont nourris, nombreux et souvent évidents. Mais, aucun n’a fait le lien pourtant fondamental, avec  ce qui  est historiquement à  l’origine du vote. 

Que nous disent-ils ?

Christophe Guilluy observe que l’abstention est devenue majoritaire parce que l’offre  politique s’est clientélisée, segmentée sur des fractions de population, accompagnant la disparition de  la majorité sociologique. Aujourd’hui, la « majorité » fait sécession. Le monde  politique se serait déconnecté de la société. L’écosystème médiatique, politique et culturel a tourné le dos au peuple,  la  France  profonde,  et ne sert plus le bien commun. L’Ifop, dans son enquête identifie de son côté  « une crise de  foi républicaine », atteignant le  sentiment d’appartenance à un collectif de citoyens formant le corps électoral.  Que ce  soit la droite ou la gauche, le constat prédominant est que cela a  peu d’incidence sur la vie quotidienne. Il est observé aussi un déficit de transmission de la culture républicaine, en même temps qu’une demande  d’une offre  politique sur mesure. De son côté, Dominique Reynié, de la Fondapol, décrit l’abstention comme le résultat d’une campagne écrasée par des thèmes nationaux  et une extrême politisation dans un pays où les partis politiques font l’objet d’un jugement très négatif dans l’opinion. Il voit dans le caractère massif du refus de vote, une « désinstitutionnalisation »  affectant notre vie politique. Une partie des oppositions et du débat public se déplace vers un domaine extra-institutionnel : la « zadisation » en est un bon exemple, les mouvements groupusculaires activistes qui agitent les réseaux sociaux en sont un autre.  L’idée de la convention citoyenne  est un autre moyen de tuer la démocratie institutionnelle. La « désinstitutionnalisation » se radicalise dans la montée en puissance d’un espace public  numérique et s’accomplit à travers des protestations multiformes : vote antisystème, protestation manifestante, abstention  massive. Tout cela  s’ajoute à des causes  plus prosaïques telles que la complexité du mode électoral des cantonales avec ses  doubles binômes, et même  des  Régionales avec son scrutin de  listes régionales segmentées en listes départementales. Les citoyens perdent de vue les mérites indépassables de la démocratie représentative.

Mais voilà, ils oublient l’essentiel.

Pour illustrer mon propos, je vais partir d’une anecdote vécue. C’était  il y a quelques années, dans une vague salle de réunion publique, à  moins que ce fût un  préau d’école, le candidat venait d’égrener son programme et ses multiples projets. On passait alors au temps fort de la soirée, où  une petite foule se pressait, le jeu des questions-réponses. C’est alors qu’un brave gaillard se leva en levant le bras droit, pour demander la parole, le gauche étant occupé avec sa casquette qu’il  avait pincée entre ses doigts et tout en grattant son crâne avec l’ongle du pouce, posa  sa question : « Et combien qu’ça va-t-y coûter tout ça ? » … Tout était dit.  A cette époque-là, les gens s’intéressaient aux élections, et il n’était pas rare qu’ils aillent assister aux prestations de candidats concurrents pour comparer les programmes. Ces citoyens-là étaient aussi des contribuables à qui on ne la faisait pas, ils savaient reconnaître ceux qui promettaient plus de beurre que de pain et surtout veillaient à choisir celui qui, selon le choix de chacun, serait économe des deniers publics. C’est tout bête, le vote,  c’était choisir aussi un budget et des impôts. Voilà la source ! Personne ne nous dit qu’aujourd’hui, elle est tarie ! Et pas un ne fait le lien pourtant évident !

Il se trouve que 57%  des foyers fiscaux ne paient pas d’impôts sur le revenu, ni d’autres d’ailleurs. Bientôt plus de taxe d’habitation pour tous. Alors à quoi bon aller voter : «  ils » peuvent bien faire ce qu’ils veulent, faire valser « un pognon de dingue », trop de nos concitoyens ne sont plus  concernés, quelles que soient les  dépenses, ils ne seront pas appelés à les payer. Les autres, plus riches ont plein de niches fiscales à leur disposition pour adoucir  la note.  Et puis de toutes façons, avec le prélèvement à la source, on leur a même supprimé le geste de payer et en même temps le consentement à l’impôt. Bien sûr, tout le monde paie la TVA, mais  combien savent qu’elle finance en partie les dépenses des Départements et des Régions. Et puis il n’y a pas plus indolore comme impôt.  Après on s’étonne que la participation électorale diminue. Qui peut comprendre qu’avec un tel  système, on a supprimé le frein à la dépense et que, si la charge ne pèse pas sur les porte-monnaie, il y a un prix  à payer quand  même qui s’appelle bas salaires et manque de croissance et donc… chômage.

Bref, pas d’impôts, pas de besoin de voter.

 


CES CANDIDATS QUI VEULENT TUER LA DEMOCRATIE

Liberté

 

Les élections approchent et dès dimanche prochain, les électrices et les électeurs vont devoir choisir parmi de multiples candidats et de nombreuses listes. Parmi ces trop nombreuses candidatures, certaines doivent attirer notre attention. La vie politique est ainsi faite que, même quand on croit que le pire ne peut plus arriver, comme les drames que l’on a pu connaitre au XXème siècle avec le nazisme et le communisme qui ont fait des millions de morts, on doit savoir que les idéologies totalitaires ont la vie dure et savent renaître sous d’autres formes, parfois tellement déguisées qu’on pourrait à nouveau s’y laisser prendre.

Peut-on parier sur le bon sens ?

Le bon sens voudrait que l’on choisisse, en ces temps d’argent public si facile, les sortants qui ont géré avec efficacité et économie. Ainsi, Christelle Morançais, pour la Région des Pays de la Loire, que l’IFRAP a classé deuxième région pour la qualité de la gestion, avec un bilan extrêmement riche dans tous ses domaines de compétence, qu’il s’agisse de la formation professionnelle, des transports, des lycées, ou du développement économique. Il faut souligner sa réactivité pour accompagner les ligériens dans la traversée de la crise sanitaire. En toute logique, la liste  d’union de la droite et du centre qu’elle conduit, avec un projet réaliste et concret, sans démagogie, devrait attirer les suffrages d’un grand nombre de nos concitoyens. Pourtant les sondages restent frileux à son égard. Il est difficile, en sortie de crise sanitaire de faire une vraie campagne électorale. D’autres, plus habitués des réseaux et des médias, ont une notoriété plus affirmée. Sont-ils pour autant les meilleurs ?

Les totalitaires en tenue de camouflage.

Prenons le  cas de M. Orphelin. Voilà une tête de liste dont le parcours est pour le moins intéressant : militant écologiste, élu député dans le Maine-et-Loire, sous l’étiquette LRem, il a quitté la majorité présidentielle, se targuant de sa proximité avec Nicolas Hulot. Il a repris son combat pour l’écologie. La « meilleure », celle qui punit. Celui-ci le mène aujourd’hui à constituer une liste avec La France insoumise de M. Mélenchon, dont les derniers dérapages islamogauchistes n’ont pas eu l’air de l’émouvoir. C’est que Matthieu Orphelin  est depuis longtemps un « vert » très rouge à l’intérieur, adepte de la décroissance et du verdissage généralisé : on créera 50 000 emplois verts, à coups d’argent public, évidemment. Sa conception de l’écologie, on a eu l’occasion de la connaître, elle recoupe les thématiques de cette gauche radicale habitée par le fantasme éradicateur de la « purge ». Il s’agit de « rééduquer » pour sauver la planète. Tel est le sens de la « cancel culture » sous-jacente dans son discours. Demain la censure deviendra l’instrument nécessaire pour empêcher les défenseurs du « vieux monde » de faire valoir leur point de vue. Les recoupements sont faciles à faire avec ceux qui défendent la société « inclusive », la destruction des stéréotypes et la théorie du genre, voire la complaisance avec les « indigènes » et l’islamo-gauchisme. L’alliance avec les gens de Mélenchon ne peut que l’entraîner vers le gauchisme culturel qui veut profiter des perspectives électorales ouvertes par des listes d’union qui rassemblent un conglomérat hétéroclite qui n’a en commun que « battre » la droite.  Une fois élus à la Région, on peut leur faire confiance pour « dépenser ». Il suffit de lire la liste des mesures qu’ils préconisent : assistanat des jeunes, subventions, gratuité … Et demain, ce sera l’enfer que vivent les Lyonnais, les Grenoblois ou les Bordelais que nous vivrons en Pays-de-la-Loire avec ces ayatollahs d’un nouveau genre.

Face à cette gauche-là, c’est bien d’un choix de société dont il s’agit, comme l’affirme Valérie Pécresse et comme en prévient Christelle Morançais en proposant par exemple une écologie positive et non punitive.

Eparpiller les voix, c’est faire le jeu des extrêmes.

En votant pour le RN ou pour la liste LRem de François de Rugy, dans notre région aussi  on prend le risque de faire gagner la gauche car elle n’hésitera pas à fusionner au second tour. Le vrai rempart contre le RN, c’est une droite qui assume ses valeurs d’ordre et d’autorité, ses responsabilités en matière de sécurité. Et au moment où l’inflation pointe le bout de son nez avec la menace de peser sur les taux de la dette, il importe d’élire des équipes responsables qui ont fait la preuve de leur savoir-faire en matière de gestion. Car ne nous y trompons pas : Comme l’analyse très bien Cécile Cornudet dans les Echos, nous avons aujourd’hui deux France : celle dont la rage est enfouie qui peut servir de carburant aux candidats de Marine Le Pen, et celle qui rêve du retour des jours heureux, image que cherche à vendre Emmanuel Macron et sur laquelle tentent de surfer les candidats qui se réclament de lui. Mais ce n’est qu’une illusion. La fin du quoi qu’il en coûte va déboucher sur des jours difficiles avec un chômage qui explose déjà, bien qu’il soit passé sous silence. Il n’y a pas plus vain que le vote LRem, parce qu’il n’apporte rien d’autre qu’un marchepied au RN ou à la gauche radicale si elle parvient à s’unir. De quoi ruiner tous les efforts de redressement de notre belle région entrepris depuis six ans !

Il ne peut pas y avoir de pensée de droite : tel est le constat sans appel du sociologue de gauche radicale Geoffroy de Lagasnerie. Nous sommes prévenus : être de droite, ce n’est pas seulement être bête et incompétent, c’est aussi être égoïste et méchant. Aujourd’hui, il est infiniment plus difficile, sur une radio du service public payée par nos impôts, d’assumer d’être de droite, que de se dire féministe ou écolo. Voilà ce qui nous attend. Mais rassurons-nous, la droite existe, elle sait être au service de tous par ses qualités gestionnaires, et elle pense aussi. Ce serait oublier Raymond Aron, Tocqueville, Carl Schmitt ou Soljenitsyne, pour ne citer qu’eux.

La démocratie libérale en est l’héritière. Pensons à la défendre en mettant notre bulletin dans l’urne dimanche prochain.

 


PMA : UNE REGRESSION HUMAINE

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Monsieur Véran, à la tribune de l’Assemblée nationale, a présenté la  loi autorisant la PMA pour les femmes seules et les couples lesbien à procréer comme une « loi progressiste pro-active. » On connait les arguments, au nom de l’égalité avec les couples hétérosexuels il fallait réparer cette injustice.

Je ne vais pas ici redévelopper un contre argumentaire détaillé.

Des personnes plus qualifiée que moi, comme Sylviane Agasinski, ont démonté les constructions idéologiques des  progressistes. D’abord il n’y a pas d’inégalité : un couple homosexuel et un couple hétérosexuel ne sont pas égaux parce qu’ils sont différents par nature. Ensuite, dans la procréation il y a un principe majeur que la PMA étendue à toutes les femmes ne respecte pas, c’est le principe fondamental du genre humain qui est fondé sur l’altérité. Enfin, en passant d’une logique de soin à une logique de désir, on change le paradigme de l’utilisation de la technique scientifique de la procréation « médicalement » assistée. La médecine qui est faite pour soigner doit-elle être au service d’une envie ?

Un père caché.

Il y a pourtant une chose principale que l’on oublie joyeusement dans tous les débats, c’est l’enfant qui va naître. Conçu par une femme seule ou une femme d’un couple lesbien, on va donc lui laisser croire qu’il est né d’une seule personne ou qu’il a deux mères. Jusqu’au jour où il découvrira à l’école ou ailleurs, que pour concevoir un bébé, les êtres humains  doivent s’accoupler : un mâle avec une femelle, même si la conception passe par une fécondation in vitro ou une insémination, sinon c’est impossible. Bref, il y a toujours un père que l’on cache. Ce père caché que bon nombre de ces enfants vont se mettre à rechercher.  L’être humain n’est pas une plante en pot que l’on peut bouturer. Il a toujours des racines et celles-ci sont doubles. Le besoin de savoir d’où l’on vient n’a rien à voir avec le fait d’être élevé par une femme seule ou dans un couple univoque où l’on peut recevoir tout l’amour du monde. Ce père caché est un manque, une amputation qui peut rendre très malheureux. On trouvera de multiples témoignages de personnes qui vont jusqu’à se regrouper en associations, pour s’en rendre compte.

Voilà pourquoi la « PMA sans père », comme les opposants la dénoncent, loin d’être un progrès, est une véritable « régression humaine. »  Et je parie, que bientôt, la ligne rouge « infranchissable » si l’on en croit Maître Dupont-Moretti, sera effacée au nom du même principe d’égalité, et les couples gays obtiendront la GPA. Là, il faudra se mettre à trois pour enfanter. Une autre « régression » et combien de misères humaines !

Tout ce qui est techniquement possible n’est pas forcément souhaitable, comme toujours.

 


« CLAIRE, LE PRENOM DE LA HONTE. »

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L’assimilation refait surface.

Face à l’arrivée massive des immigrants, les faiseurs d’opinion abordent le sujet en parlant « de difficultés d’intégration » et de « rétablissement de la mixité sociale ». Mais parler d’assimilation est impossible, l’idée heurte  la « bien-pensance » et fait hurler les racialistes et autres racisés qui y voient une amputation et une obligation de renoncer à son identité d’origine. Et pourtant l’assimilation, qui a permis  à tant d’étrangers anonymes ou de renom de s’épanouir en France, c’est  bien le seul moyen de trouver sa place dans la société française.  Et une génération de femmes, n’hésite plus à braver la  vindicte  pour clamer haut et fort leur refus de l’idéologie victimaire et les assignations à résidence identitaires. Sonia Mabrouk, Rachel Khan, Lydia Guirous, Fatiha Agag-Boudjahlat, Zineb El Rhazoui, Claire Koç, font entendre leur attachement à la culture française. Le  fait que ce soit les femme n’est peut-être pas un hasard. Elles sont rejointes par quelques hommes tels Abnousse Shalmani et Amine El Khatmi. Longtemps silencieux, tous se rebiffent pour clamer que la  France n’est pas le pays raciste systémique et islamophobe que nous décrivent les militants décoloniaux et autres entrepreneurs de la cause identitaire.

« Claire, le prénom de la honte. »

L’exemple d’un parcours d’assimilation nous est donné par Claire Koç dans son ouvrage « Claire, le prénom de la honte ». Fille d’immigrés turcs, Cigdem Koç est devenue Claire Koç en 2008. La jeune journaliste raconte le cheminement qui l’a conduite à faire ce choix et les réactions de rejet de sa famille et de ses proches.  Un témoignage poignant de la volonté de fer dont il lui a fallu faire preuve et en même temps c’est une plongée  dans une France en voie de désintégration. Mais c’est l’éloge de l’assimilation qui l’emporte. Cette assimilation qui, on le découvre, n’est vraiment plus à l’ordre du jour de nos gouvernants et de ceux dont ce devrait être la préoccupation quotidienne. Claire, c’est le prénom qu’elle s’est choisi pour son adoption par la grande famille qu’est la  France.  C’est un choix personnel qui relève  de son identité intérieure, explique-t-elle, « un choix de cœur et d’esprit ». Pour autant elle affirme qu’elle ne renie pas son origine turque dont l’identité reste présente et qu’elle jugerait insensé de rejeter.

De l’intégration à l’assimilation.

Au début tout allait bien. La  famille, arrivée en 1984,  vit dans une cité HLM au milieu de Français dits « de souche ». Les années de primaires se passent sans tabous et ses voisins  lui serviront de modèle. Et puis l’engrenage de l’homogénéité de peuplement s’est installé, bientôt aggravé par  l’antenne parabolique, moment fatidique selon l’auteure. Chaque communauté  était raccordée en permanence à son pays d’origine. La France était devenue inexistante. Des associations conseillaient même de poursuivre sa façon de vivre sans faire le moindre effort d’intégration. Heureusement pour elle, avant de se refermer, ses parents l’avaient ouverte à la France. Mais le cycle infernal de l’endogamie était enclenché : commerces turcs, boulanger turc, vêtements turcs… C’est  le communautarisme. Chacun dans son coin.  Les  Turcs détestent les arabes et réciproquement.  Chacun vit sur son  secteur. Pourtant l’assimilation reste encore  possible selon elle, les candidats €s sont nombreux mais silencieux. Encore faudrait-il que l’école soit plus convaincue : elle devrait apprendre à être fier d’être citoyen français. Ailleurs dans le monde, à commencer par la Turquie, l’adhésion aux valeurs du pays d’accueil ne se discute pas. Une autre difficulté vient du réseau tentaculaire des associations communautaristes. Ainsi les partisans d’Erdogan exercent un lobbying en infiltrant des associations, des partis politiques, en cherchant à imposer des exigences séparatistes. Même quand on est déterminé, les  obstacles  s’accumulent : ainsi, jeune journaliste elle s’aperçoit que dans le  média où elle travaille pour avoir des « piges » il faut entrer dans le jeu des racisés au vu et au su de la direction qui laisse faire. Elle s’en affranchira, mais au prix d’une lutte forcenée.

Interdiction d’aimer la France.

Il ne fait pas bon défendre l’assimilation à la française. A cause de son livre, Claire Koç reçoit des insultes sur les réseaux sociaux, sur Twitter, et même des  menaces. Elle a été obligée de porter plainte pour incitation à la haine et  menaces de mort de la part de militants pro-Erdogan.  Elle fait l’objet d’une discrète protection policière.  Une campagne insidieuse, faite de fausses informations  la présentant comme une kurde membre du PKK, … Bref, « on » lui a collé une cible dans le dos. « Tout en toi pue la France » : une vindicte à  laquelle elle est habituée. Chez les racisés victimaires, il ne fait pas bon être du côté des « colonialistes ».  Mais par la même, c’est le rejet du modèle  républicain qui s’exprime. 

Devenir français.

Le  problème auquel notre  pays est confronté est dû à la présence sur notre sol de certains individus qui ne se reconnaissent pas dans la culture française. Ils ignorent les codes nécessaires pour devenir français. Il faut en priorité s’occuper d’eux et leur faire apprendre la langue française : s’il n’y a pas d’obligation d’apprendre la langue d’accueil, comment construire une nation ? Il faut rendre plus contraignantes les conditions pour obtenir la nationalité et faire que la  culture générale soit un critère déterminant. Si la France a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de l’étranger, on ne dit jamais  assez que l’étranger a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de la France. Autant d’affirmations qui parsèment les pages, frappées au coin du bon sens.

Extraits.

« Je me demande souvent pourquoi on ne m’a pas inculqué les belles valeurs de notre République au cours des longues heures que j’ai passées dans les salles de classe ? J’ai acquis ce sentiment d’appartenance à notre beau pays en autodidacte et en m’émancipant du carcan familial. Aucun enseignant ne m’y a incitée ! ».

« Ce n’est pas en brandissant une culotte tâchée du sang de mes règles au visage de mes parents ni en brodant une vulve au dos d’un sweat à capuche que j’ai combattu le patriarcat turco-musulman. Si  j’ai réussi à me tailler une place au sein de la  société française, je ne le dois pas non plus au soutien des néo-féministes de salon trop occupées à culpabiliser le mâle blanc plutôt qu’à s’attaquer au fondamentalisme qui étreint jusqu’à l’étouffer la vie des femmes de certains quartiers. » 

Malgré tout, Claire Koç prouve que l’assimilation individuelle reste possible, mais le contexte n’a jamais été aussi défavorable. L’assimilation ne peut fonctionner qu’à plusieurs conditions, en effet : il faut que la personne ait vraiment la volonté de s’assimiler à la culture et aux mœurs de son pays d’accueil ; que les flux d’immigration restent raisonnables et étalés dans le temps ; que l’immigrant puisse facilement rompre ses liens avec son pays d’origine et qu’il n’y ait pas déjà une forte communauté non intégrée de personnes issues de l’immigration dans son entourage immédiat.  Encore faut-il que le pays d’accueil ait suffisamment confiance dans son identité et ses valeurs pour offrir quelque chose à quoi s’assimiler et surtout qu’il en ait la volonté…

L’assimilation est un chemin qu’il faut reprendre.  La tâche est rude avec un corps enseignant largement communautariste et un pouvoir qui tient un double langage.

Je n’ai fait qu’effleurer le sujet. Un livre qui se lit d’une traite. Rafraîchissant à certains égards.

« Claire, le prénom de la Honte. »  De Claire Koç, chez Albin Michel.

 


CONTRE-VERITES ET AUTRES BALIVERNES DES ECOLOGISTES

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Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les causes du réchauffement climatique, et l’attribuer aux hommes est caricatural. Surtout quand on établit systématiquement un lien avec les catastrophes climatiques : par exemple, les incendies en Australie s’expliquent par l’exclusion des Aborigènes qui maîtrisaient la gestion des forêts. Un peu de connaissance de l’histoire climatique de la Terre ne nuirait pas, car le réchauffement a commencé à la fin de la dernière glaciation, ce qui explique que les ports de l’Antiquité sont tous sous l’eau. Quant au domaine alimentaire, si la bio était si bon que ça, comment expliquer que la DGCCRF ait retiré du marché l’an passé uniquement des produits bio au motif de leur dangerosité pour la santé humaine… La pression écologiste nous conduit tout bêtement à pénaliser inutilement notre industrie, notre agriculture et au bout du compte les ménages. Excluons aussi du débat toutes ces mesures prises par les nouveaux maires écolos, sapin de Noël et autres délires « genrés » qui relèvent des idéologies à la mode chez les « progressistes » mais non aucun fondement scientifique.

L’écologie radicale dans la constitution.

La proposition du Président de la République de réviser la Constitution pour y introduire dans l’article 1er « la garantie de la préservation de l’environnement et de la diversité biologique » ouvre la voie à une politique écologique qui fait de cette « garantie » un absolu qui prévaudra sur tout autre droit, tout autre objectif d’intérêt général, toute autre considération politique. Une disposition dans laquelle s’engouffrera  tous les écologistes radicaux pour empêcher tous les projets qu’ils jugeraient, selon leurs critères, nuisibles à l’environnement. Elle nous fait courir le risque d’une régression à la fois politique, sociétale et démocratique en faisant table rase des acquis du développement durable que la Charte de 2005, à valeur constitutionnelle, promeut. Avec le verbe « garantir » il y a une obligation de résultat qui vient en contradiction avec l’article 6 de la Charte qui dispose que « les politiques publique… concilient la protection et la mise en valeur de l’environnement, le développement économique et le progrès social ». Le développement durable n’est pas la « décroissance ». L’écologie radicale à l’oeuvre dans le projet de révision constitutionnelle est une fuite en avant qui nous ferait sortir de l’écologie humaniste dont les principes inspirent la Charte de 2005.

Le  mensonge énergétique.

Les écologistes diabolisent le nucléaire au profit d’énergies qui seraient plus vertes. Déjà, ils oublient de dire que pour financer les éoliennes et le photovoltaïque, les Français et les entrepreneurs paient plus cher l’électricité avec 20% de taxes dédiées. On peut ajouter que l’électricité produite en France à partir du nucléaire et de l’hydraulique est déjà décarbonée. Le nucléaire a fait la preuve de sa maîtrise et exige peu d’espace, sa production est fiable. Quant au traitement des déchets, les plus radioactifs peuvent être recyclés sur les surgénérateurs. Le plutonium produit relève d’un autre débat quant à son utilisation.

L’énergie du vent est diffuse et aléatoire et les éoliennes ont un niveau de production faible, capricieux, auquel il faut être capable de substituer une autre production immédiatement disponible, donc gaz ou charbon. La fermeture de Fessenheim, pour faire plaisir aux écologistes, alors que la centrale offrait toutes les garanties de fiabilité, a failli provoquer, le 8 janvier dernier, un « black-out » en raison d’un pic de consommation électrique. Heureusement, les entreprises, en raison du télétravail tournaient au ralenti… Là est tout le problème : la variabilité de l’éolien et du solaire dont la production ne survient pas forcément quand les consommateurs ont besoin d’électricité. Cela suppose d’investir lourdement pour construire entre 40 et 60 gigawatts de capacité supérieures de production pour conserver des marges et faire face aux pics de consommation. De plus, particuliers et entreprises devront, en outre, adapter leur consommation en fonction de l’électricité disponible. Une autre difficulté reste encore à résoudre : le maintien stable du réseau à 50 hertz, que les grosses centrales nucléaires sont seules capables de maintenir.

Dernier obstacle : passer à un mix énergétique à plus de 50% « d’énergies renouvelables » suppose de densifier les parcs éoliens et solaires, avec le maillage équivalent du réseau des lignes électriques. Et on s’aperçoit alors de la forte résistance locale aux adaptions nécessaires. Les parcs éoliens sont vécus de plus en plus souvent comme des envahisseurs qui défigurent les paysages et ces moulins de plus en plus hauts, lourds, bruyants font l’objet d’un rejet des populations pour des raisons de préservation de leur environnement mais aussi parce que nombre de citoyens ne tombent pas dans la fiction écolo, peu persuadés qu’ils sont que l’énergie qu’ils produisent est propre, et même qu’ils en produisent.

En 2050, la France pourrait se passer du nucléaire, nous dit un rapport de RTE et de l’AIE, mais les auteurs n’ont ni évalué le coût des investissements nécessaires pour y parvenir ni leur impact sur les prix de l’électricité. Il y a une autre voie plus sûre pour remplacer les centrales nucléaires existantes, celle des EPR. Ce serait le bon sens. Mais les écolos en manquent cruellement.

A suivre : L’escroquerie de la voiture électrique, les contre-vérités sur l’eau et la biodiversité, l’hypocrisie sur les OGM, derrière l’écologie, la décroissance.

 


LE PROPHETE ET LA PANDEMIE

Gilles Kepel001

DU MOYEN-ORIENT AU JIHADISME D'ATMOSPHERE

Par Gilles KEPEL

Certes  l’ouvrage est ardu à lire.  C’est une enquête très serrée et très documentée mais un outil indispensable  pour qui veut comprendre ce qu’est aujourd’hui « l’islamisme », ou « islam politique », et quels en sont les différents acteurs, les alliances qu’ils nouent et les stratégies qu’ils développent, face aux grands acteurs mondiaux : Europe, Etats-Unis, Russie et même Chine. L’auteur y explique comment on est passé d’un djihadisme de commanditaires avec Al Qaïda et Daech à un « djihadisme d’atmosphère » alimenté par des « entrepreneurs de colère ».

Le livre de Gilles Kepel trouve toute son actualité, malheureusement, avec le nouvel  attentat qui vient de frapper la France, et qui entre en une triste résonnance avec  les  mécanismes qu’il décrit. Voilà un livre que tout responsable public, homme politique ou fonctionnaire exécutif devrait lire. Cela éviterait à certains leur attitude de déni.

Gilles Kepel est directeur de la chaire « Moyen-Orient Méditerranée » à l’Ecole Normale supérieure. Il est l’un des rares spécialistes français du monde arabe et fin connaisseur du Moyen-Orient. Son savoir gène les mouvances décoloniales et « indigénistes » à l’œuvre dans l’Université et les grandes écoles dont il affirme qu’elles  participent indirectement de ce djihadisme d’atmosphère. Il en a vécu personnellement  les effets par la fermeture de la  chaire « Moyen Orient Méditerranée » à Sciences Po, créée en 1985 par Rémy Leveau et dont il avait pris la suite, et qui rayonnait dans le monde entier. « La connaissance a été éradiquée pour faire  place nette à l’idéologie, et l’on a vu apparaître le « hidjab day » à l’instigation d’associations islamistes et les études postcoloniales » précise-t-il. Or Gilles Kepel déplore le délaissement des études de la langue et de la civilisation arabes quand elles n’ont pas été détruites volontairement par de hauts fonctionnaires omniscients mais incultes et des « cuistres universitaires » selon lesquels  « ça ne sert à rien de connaître l’arabe pour comprendre ce qui se passe en banlieue ». Il  plaide au contraire pour que soit renforcée en France et à l’université la connaissance du monde arabe, de ses langues, de ses cultures et civilisations qui ne se réduisent nullement à la simplification salafiste. Une faiblesse que la  loi « confortant les principes républicains » ne saurait compenser.

Dans son livre « Le Prophète et la pandémie », il tente un parallèle avec la progression du coronavirus : « et si le djihadisme prospérait dans notre pays à la manière d’un virus ? ». En retraçant l’année 2020, de l’effondrement du marché pétrolier à l’assassinat de Samuel Paty, d’Ankara aux banlieues françaises, il démonte les rouages d’un mécanisme qui se met en place, s’appuyant sur « une atmosphère » entretenue par des activistes qui ne peinent pas à motiver quelques « idiots utiles » qui passent à l’acte. Les ressorts sont souvent complexes et les alliances à géométrie variable courantes : ainsi en Syrie, Turcs et Iraniens parrainent deux camps ennemis mais communient dans le patronage du mouvement palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza… Cartes et chronologie à l’appui, il met en perspective l’actualité de l’année 2020 ce qui permet de comprendre la trame profonde des évolutions à l’œuvre. Ainsi vous saurez comment s’est forgée « l’entente d’Abraham » sous l’égide des Etats-Unis qui établit la paix entre les pays arabes et Israël avec la bénédiction discrète du saoudien Mohamed Ben Salman, et comment cette entente se heurte au front « fréro-chiite » animé par Qatar, Turquie et Iran, avec le soutien ponctuel de la Russie…

Parmi les indispensables : le président turc Erdogan en profite pour mener une « blitzkrieg » pour tenter de refaire d’Istanbul le centre de l’islam mondial. Ainsi il rend au culte musulman la  basilique Sainte Sophie dont Atatürk, pour « l’offrir à l’humanité », avait fait un musée 85 ans auparavant. Il fait de la France sa bête noire pour faire oublier l’héritage très francophile d’Atatürk, mène une campagne déchaînée contre le président Macron qu’il couvre d’insultes en réaction à son « islamophobie » présumée, permettant à son contempteur de conforter la figure du héraut des musulmans offensés. Il devient de ce fait, l’un des principaux entrepreneurs du djihadisme d’atmosphère, d’autant plus qu’il peut attiser les affrontements avec la république laïque honnie par les leviers qu’il  possède sur notre propre territoire, telle l’association Milli Görüs. Il peut même provoquer des désordres comme on l’a vu à Décines où des « Loups gris », des extrémistes nationalistes turcs, sont venus en commando, s’attaquer aux descendants du génocide arménien, depuis longtemps réfugiés en France et intégrés. Par ailleurs, il bénéficie de la mollesse de l’Europe qu’il n’hésite pas à humilier.

En dehors du Moyen Orient, il existe un autre territoire qui cristallise l’ensemble  des crises : la Libye.  On y trouve un concentré des  problèmes :  des hydrocarbures aux migrations, du terrorisme aux rivalités  entre Tripolitaine - où Turquie et Qatar soutiennent, avec la mansuétude américaine, un pouvoir issu des Frères musulmans -, et la Cyrénaïque, - où Abou Dhabi et Le Caire appuient leurs rivaux avec le support de Moscou -. Sur le terrain les  deux camps se combattent grâce à des mercenaires syriens prélevés parmi les insurgés islamistes et les miliciens pro-Assad démobilisés, tous les ingrédients sont réunis pour que viennent s’installer là le vecteur de la déstabilisation de l’Afrique du Nord et derrière elle de l’Europe,  en parallèle au contentieux qu’Ankara cultive contre Athènes en Méditerranée. Et profitant que l’Europe  est divisée entre les intérêts concurrents de l’Italie et ceux de la France.  

Le résultat en est un terrorisme qui frappe  en France, en Autriche, avec des combattants sans organisation. Passant tous les attentats au crible, il met à jour, preuves à l’appui, le système des « entrepreneurs de colère », mobilisant foules et réseaux sociaux du monde musulman pour venger le prophète face à l’Occident, qui servent de support de motivation. Mille autres détails passionnants ou éclairants émaillent un ouvrage riche en références.

On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.

A lire en prenant son temps !

« Le Prophète et la Pandémie », du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère – Gilles Kepel – Chez Flammarion. Collection Esprits du Monde.

 


QUAND LES « ASSIMILES » SE REBIFFENT !

La liberté guidant le  peuple bis

 

Rachel Kkan avec  « Racée », Claire Koç avec « Claire, le prénom de la honte », Lydia Guirous avec « assimilation, en finir avec ce tabou français », Sonia Mabrouk avec « Insoumission française », quatre exemples de parcours d’assimilation qui montrent qu’un chemin différent du communautarisme est possible. La publication de ces livres, de leur témoignage intervient au moment où la loi contre le « séparatisme » qui ne dit plus son nom termine son parcours législatif à l’Assemblée nationale.

Françaises à part entière.

Contre  l’idéologie ambiante véhiculée par les réseaux sociaux et nombre de médias complaisants qui voudrait légitimer le discours victimaire, décolonial, genré et racisé, elles ont choisi de devenir françaises à part entière et de le crier haut et fort. Elles ont en commun l’amour de notre pays  et fait le choix de l’universalisme.  Elles démontrent après d’autres comme Jeannette Bougrab, que la France n’est pas un pays raciste et que chacun ou chacune peut s’y épanouir pour peu qu’il ou elle se saisisse des chances offertes par la possibilité de s’instruire quel que soit son statut social, par l’application du principe d’égalité si important pour les femmes issues de  familles musulmanes, par l’appropriation d’une histoire qui peut être aussi la leur.

L’amour de la France.

L’amour de la France peut avoir été transmis par les parents, et évidemment, ça compte, mais Claire Koç nous montre qu’il peut en être autrement, elle qui a choisi l’assimilation contre sa famille. L’amour de la France comme chemin d’assimilation c’est peut-être  Manuel Valls qui le définit le mieux dans son livre « pas  une goutte de sang français » qui sort chez Grasset. Pour « son retour d’exil » comme il dit, il complète la formule par ces mots empruntés à Romain Gary « Je n’ai pas  une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines ! ». Parfait exemple d’assimilation réussie il explique avec humilité qu’en deux ans et demi passés à Barcelone, il a acquis la certitude qu’il était français, que tout le ramène à la France et qu’il a fallu qu’il la quitte pour le comprendre. Son éloignement lui a permis de comprendre ce que ses amis, son épouse lui répètent : «  Tu penses fraçais, universel, comme un républicain, jacobin et laïque ». Comment en arrive-t-on là ?  L’histoire joue un rôle bien sûr et de Napoléon à Clémenceau, elle lui a apporté des références.  Mais aussi les lectures à une époque où la télévision n’était  pas omniprésente : Hugo, Dumas, Péguy, Camus, Zweig, Kafka… ont nourri son esprit d’adolescent.  Tout est dit.

Chacun délivrera un parcours différent selon le contexte et l’époque. Mais tous ces auteurs ont un point de convergence : c’est parce qu’ils ont appris d’une manière ou d’une autre à aimer notre pays. Pour Claire Koç , le déclic a été les  voisins français qui ont servi de modèle. Ils apportaient des plats qu’ils avaient préparés pour les faire goûter à sa famille, comme par exemple le pot-au-feu. Mais elle explique aussi comment  peu à peu, dans son quartier, la France est devenue inexistante.

Les discours de haine.

On ne peut pas s’assimiler si on n’aime pas le pays dans lequel on vit.  Voilà le constat. Et d’autant moins si on vit dans un milieu qui ne manifeste qu’un sentiment : la haine de la France. Quand j’entends Amel Bent proclamer qu’elle préfère brandir un drapeau algérien, pays où elle n’est jamais allée, plutôt qu’un drapeau français, je pense d’abord  à de l’ingratitude, puis je me dis qu’on l’a  probablement élevée dans la haine de notre pays. La  haine de la France, ou la coupure, ou le refus de s’assimiler à défaut de s’intégrer, est venu avec l’antenne parabolique, qui s’est généralisée  dans les années 90.  Elle a été le principal  frein à l’assimilation qui fonctionnait auparavant. Des familles entières se sont mises à vivre à l’heure de leur pays d’origine.  Les Turcs se sont mis à penser Turc, les Algériens à croire Télé Alger. A cela s’est ajoutée la concentration conduisant dans les quartiers à des populations endogames d’où les nationaux de souche se sont petit à petit retirés. Quand les individus sont tous les mêmes, il n’y a même plus besoin de parler français. Et quand tous les commerces, les cafés, les vêtements, les aliments sont à  l’unisson, on sombre dans le communautarisme. Il n’y a plus aucun espace pour la France dans ces quartiers. Et quand en plus la religion vient imposer une chape de plomb, le piège communautaire se referme complètement. Le séparatisme s'impose. 

Autant de cris d’alarme.

Mais si ces ouvrages sortent aujourd’hui, ça n’est pas le fait du hasard. Ils sont autant de cris salutaires pour dénoncer les méfaits de cette vague portée par le néogauchisme, avec les idées venues des Etats-Unis, qui prônent le racialisme, l’identité, le décolonial qui fait de la race blanche la porteuse du malheur du monde, idéologie obscurantiste qui nous vient d’un pays où l’on refuse d’enseigner la théorie de l’évolution  et  où les écoles sont obligées de suivre les préceptes du « créationnisme ». Ces auteurs veulent nous alerter, nous ouvrir les yeux sur le grave péril qu’elles font courir à notre pays, en voulant anéantir notre conception de l’Universel qui a fait rayonner la France à travers le monde entier.  

La  méritocratie.

Voilà pourquoi il est urgent de rétablir le prestige de l’école, et particulièrement dans les  quartiers concernés.  C’est par le savoir et le mérite qu’on redonnera le goût de l’assimilation.  Une lourde tâche qui attend les prochains gouvernements. Comme  le disait Atatürk : « Ce n’est  pas grave de ne pas savoir. Ce qui est honteux, c’est de ne pas vouloir apprendre ! ». Il va donc falloir prendre tous les problèmes à bras-le-corps.  Il faudra lutter contre l’oppression d’une minorité qui veut imposer la loi communautaire  par la terreur intellectuelle ;  il n’est pas normale qu’une Claire Koç reçoivent des tombereaux de menaces plus sinistres les unes que les autres et doivent faire l’objet d’une protection policière. Il faudra mettre fin au lobbying des puissances étrangères pour exercer leur influence sur les populations issues de leur pays, et qui infiltrent les associations, les partis politiques en imposant des concepts incompatibles avec les lois républicaines. Il faudra être vigilant sur le rôle de l’école et lui donner les  moyens de s’imposer dans les quartiers, afin qu’elle soit en mesure d’inculquer la culture française, qui ne veut pas dire rejeter la culture d’origine, et surtout  apprendre à être fier d’être un citoyen français. Le principal moyen d’entrer dans la nation c’est d’apprendre le français, sans quoi il ne peut se développer un sentiment d’appartenance. 

L’élection du prochain président de la République sera donc déterminante. Ce serait mieux qu’il soit de droite, pour une raison simple : aujourd’hui,  c’est elle qui porte l’idéal d’universalisme  et  qui veut rétablir la méritocratie. La gauche est aux abonnés absents.  Macron est nulle part. 

 

Des  livres à lire absolument !

Rachel Khan, « Racée », chez l’Observatoire

Claire Koç, « Claire, le prénom de la honte », chez Albin Michel

Lydia Guirous, « assimilation, en finir avec ce tabou français »,  chez l’Observatoire

Sonia Mabrouk, « Insoumission française », chez l’Observatoire

Manuel Valls, « Pas une goutte de sang français », chez Grasset.

 


LES REGRESSISTES (3)

Je continue à publier les articles qui argumentent sur le néogauchisme.  Voici une nouvelle tribune publiée par Le Figaro récemment.

Philippe d’Iribarne: «La folie “woke” et décoloniale, fille de l’utopie de l’égalité parfaite propre à l’Occident»

Iribarne

Figure importante du paysage intellectuel français Philippe d’Iribarne est auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs sont des classiques dont La Logique de l’honneur. Gestion des entreprises et traditions nationales (Seuil, 1989) et L’Étrangeté française (Seuil, 2006).

TRIBUNE - Le sociologue, X-Mines, directeur de recherche au CNRS analyse avec une exceptionnelle clarté les racines du mouvement «woke» et décolonial, né dans les universités américaines et qui progresse de façon fulgurante en France. Les pays occidentaux sont victimes de leurs intentions élevées et des objectifs écrasants et utopiques qu’ils s’assignent, explique le penseur.

La fracture de l’opinion provoquée par l’émergence du mouvement «woke» aux États-Unis et du mouvement décolonial en France paraît radicale. Les débats provoqués en France, jusqu’au sein de la majorité, par la loi «confortant le respect des principes de la République» en témoignent. L’université offre maintenant un terrain de choix à la manifestation de cette fracture. Entre ceux qui, tels nos ministres de la Recherche et de l’Enseignement supérieur ou de l’Éducation, dénoncent l’islamo-gauchisme qui y sévit et ceux qui, telle la Conférence des présidents d’université, défendent bec et ongles les orientations ainsi mises en cause, tout dialogue paraît impossible. Cette radicalité est intimement liée à la mutation qu’a connue la promesse d’égalité au cours du dernier demi-siècle.

Dans l’élan premier des Lumières, l’égalité des peuples, des cultures, était vue comme un horizon qui ne pourrait être atteint que grâce à une action intense de civilisation, d’éducation, menée par le monde occidental en faveur des peuples les moins «avancés». Le Pacte de la Société des nations de 1919 témoigne de cette vision. Ainsi son article 22 évoque les territoires «habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne». Il affirme que «le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civilisation», et que «la meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle de ces peuples aux nations développées qui (…) sont le mieux à même d’assumer cette responsabilité».

Cette vision est encore présente dans la Charte des Nations unies de 1945, bien que celle-ci mette en avant, d’emblée, le «principe de l’égalité de droits des peuples» et affirme de manière réitérée le refus des «distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion» (articles 1, 13, 76). Son chapitre «Déclaration relative aux territoires non autonomes» invite encore (art. 73) à aider les populations «dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques, dans la mesure appropriée aux conditions particulières de chaque territoire et de ses populations et à leurs degrés variables de développement ».

De nos jours, cette vision inégalitaire fait scandale. Il est hautement affirmé que tous les peuples, toutes les cultures, toutes les religions, toutes les manières de vivre, se valent tels qu’ils sont ; que, certes, il peut exister dans chaque société des individus qui diffèrent, pour reprendre les termes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, par «leurs vertus et leurs talents», mais que ces qualités se retrouvent également distribuées dans tous les peuples et, au sein d’un peuple, dans toutes ses composantes ethniques ou religieuses. Affirmer le contraire relève de préjugés racistes qui méritent la condamnation la plus vive.

Or, en dépit de cette affirmation solennelle, de grandes disparités demeurent, entre les peuples et au sein de chaque peuple, dans les sorts réservés à ceux qui diffèrent par leur culture, leur religion ou leur couleur de peau. Ainsi, dans les universités américaines, les Noirs réussissent nettement moins bien et les Asiatiques beaucoup mieux que les Blancs. En France, ceux qui ont un prénom musulman ont plus de mal à trouver un emploi que ceux qui ont un prénom chrétien. La promesse d’égalité parfaite et immédiate se révèle mensongère et rien ne laisse présager qu’elle cessera bientôt de l’être.

Il est absurde de regarder comme monstrueuses certaines actions si elles sont le fait de Blancs et comme vertueuses si elles sont le fait de non-Blancs

Comment donner sens à ce hiatus ? Logiquement deux interprétations paraissent possibles. L’une, qui relève du réalisme sociologique, est que l’on n’efface pas en un jour les effets de l’histoire ; qu’à chaque époque il a existé des civilisations plus brillantes que d’autres ; qu’il faut distinguer la reconnaissance de l’égale dignité de tous les êtres humains, qui va de soi, de l’objectif d’égalité immédiate entre tous les peuples, toutes les cultures, tous les groupes humains, qui relève de l’utopie. Mais une telle interprétation ne peut être vue que comme un retour intolérable à des temps définitivement révolus.

L’autre interprétation part du caractère sacré de la promesse, fondement de l’appartenance à une humanité commune de ceux et ceux seuls qui la respectent. Mais reste alors à expliquer pourquoi elle n’a pas plus de prise sur le monde réel.

Le mouvement «woke» et le courant décolonial apportent une réponse radicale. Pour eux, si la promesse n’a pas été tenue, c’est du seul fait de la résistance de dominants attachés à leurs privilèges. Affirmer que certains groupes humains ou certains individus membres de ces groupes sont responsables de leur situation défavorable n’a pour objet que de permettre à ces dominants de jeter un voile sur leurs menées. Les coupables sont clairement identifiés: ce sont les Blancs racistes, esclavagistes, colonisateurs, qui ont mis la planète en coupe réglée. Cette vision a un caractère transcendantal (qui est connu a priori et non pas fondé sur l’expérience, NDLR), au-delà de tout besoin de confirmation ou de possibilité d’infirmation reposant sur des données de fait.

Cette mise en avant de l’infinie culpabilité des Blancs alimente une représentation totale de la vie sociale portée par tout un vocabulaire: privilège blanc, racisme systémique, appropriation culturelle, etc. Ainsi, si certains «racisés» ont du mal à trouver un emploi, il est impensable d’envisager que les employeurs cherchent simplement à embaucher ceux dont le profil laisse augurer qu’ils sont les plus à même de contribuer à la bonne marche de leur entreprise. Il va de soi que la prospérité économique de l’Occident est fondée sur l’exploitation du travail des esclaves noirs et il est indécent de l’attribuer au génie inventif et à la capacité d’organisation dont l’Occident a fait preuve. Si les figures de l’art, de la pensée et de la science célébrées dans le monde occidental, et bien au-delà, tels Kant, Pascal, Rembrandt, Bach, Shakespeare, Dante, Dostoïevski, Cervantès ou Einstein, sont essentiellement blanches, c’est l’effet d’un complot des Blancs conduit à dissimuler les figures non blanches. Etc.

Entre croyants (ceux qui sont engagés dans le mouvement «woke», les tenants d’une approche décoloniale) et incroyants il n’existe pas de terrain commun au sein duquel échanger des arguments.

Pour les incroyants, ce mouvement est sans doute explicable par la souffrance de ceux qui se sentent victimes d’une promesse trahie mais n’est pas intellectuellement respectable. Il est absurde de regarder comme monstrueuses certaines actions si elles sont le fait de Blancs et comme vertueuses si elles sont le fait de non-Blancs ; par exemple de déclarer la colonisation blanche crime contre l’humanité et de porter au pinacle la colonisation arabe, notamment en Espagne ; ou encore de dénoncer une «appropriation culturelle» quand des Blancs se permettent d’interpréter une musique «noire» mais de parler de manque de diversité à fondement raciste quand les Blancs dominent au sein des orchestres symphoniques voués à une musique «blanche». Il échappe à toute logique de considérer comme monstrueux l'esclavage perpétré par les Blancs alors que, perpétré par des Arabes ou des Noirs il ne mérite aucune attention. Et comment accepter que l’histoire de l’Occident soit réécrite à la manière d’une histoire de la Révolution française qui serait centrée sur la Terreur, les massacres de Septembre, et le génocide vendéen, pendant qu’une approche hagiographique prévaut quand il s’agit d’autres civilisations?

De plus, les incroyants ne se privent pas de souligner ce qui leur paraît le plus outré dans l’approche décoloniale. L’affirmation selon laquelle les Blancs devraient toute leur pensée aux Grecs qui eux-mêmes devraient tout aux Égyptiens, lesquels étaient noirs, et qu’ils doivent donc toute leur pensée aux Noirs leur paraît une pure fable. Ils ne peuvent croire que si, dans les expressions «idées noires», «âme noire», «noirs desseins», etc., le terme noir a une connotation négative, la source en est l’association du mot noir à l’esclavage que les Noirs ont subi du fait des Blancs et non une opposition entre la lumière et les ténèbres. Et quand, pour écarter toute objection, la réponse (que l’on trouve par exemple dans une vidéo célèbre concernant l’université américaine d’Evergreen) est que l’appel à l’objectivité, l’attention aux faits, est une invention perverse de Blancs, les incroyants se voient conforter dans la conviction que ce courant de pensée est bien peu sérieux.

Par ailleurs, la place que tient la cancel culture, la création de safe spaces où les croyants sont mis à l’abri de pans entiers de la réalité, apparaît aux incroyants comme liées au besoin de ces derniers d’être protégés de ce qui pourrait faire éclater la bulle de certitudes qu’ils habitent.

On sait que la dérive d’un milieu de recherche sous l’influence d’intérêts ou d’une idéologie n’est pas l’apanage de la « science prolétarienne » de jadis

Mais, pour les croyants, tout cela n’est qu’arguties qui ne tiennent pas face au scandale que représente la radicalité du privilège blanc qui, avec sa dimension raciste, viole les principes les plus sacrés qui doivent inspirer la vie de l’humanité. Ces arguties se trouvent disqualifiées par le fait qu’elles légitiment le maintien d’un tel privilège et il est hors de question de leur accorder quelque valeur que ce soit. Ceux qui en font usage ne méritent pas d’être écoutés et les interdire de parole, comme l’implique la cancel culture, relève de l’objectif vertueux d’empêcher de nuire des représentants du mal. Leur donner la parole, débattre avec eux, reviendrait à accorder au mal un statut égal à celui du bien.

C’est dans ce contexte que prennent sens les affrontements actuels portant sur le monde de la recherche, la place qu’y tient l’islamo-gauchisme, les mérites des courants décoloniaux, la dénonciation par les étudiants d’enseignants déclarés racistes ou islamophobes et l’autocensure de ceux qui craignent d’être regardés comme tels. La vision décoloniale, affirme ses croyants, s’appuie sur des travaux de recherche menés dans des institutions prestigieuses et conduisant à des publications savantes dont seuls les tenants d’une forme de suprématisme blanc peuvent contester la pertinence. Ce n’est pas, affirment-ils, l’idéologie «woke» qui a perverti le monde de la recherche, mais le résultat de recherches de qualité qui alimente les convictions correspondantes. Mais cette affirmation laisse ouverte la question de portée générale de la scientificité des travaux académiques et de la qualité du contrôle de cette scientificité.

On sait que la dérive d’un milieu de recherche sous l’influence d’intérêts ou d’une idéologie n’est pas l’apanage de la «science prolétarienne» de jadis. Les recherches tendant à démontrer l’absence de nocivité du tabac ou des perturbateurs endocriniens ont été marquées par de telles dérives, y compris quand elles étaient réalisées au sein des universités. On peut penser aussi aux travaux d’économistes de renom qui ont légitimé les pratiques, tels les subprimes, au cœur de la crise financière de 2008. De manière générale, il n’est pas difficile de biaiser les résultats d’une recherche tout en sauvant les apparences. Il suffit de sélectionner les données dont il est fait état et de les interpréter en fonction de ce que l’on souhaite démontrer.

Prenons, à titre d’exemple, la manière dont la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) s’y prend pour démontrer que la société française est islamophobe. Le parti adopté est d’écarter tout élément permettant de rattacher des réactions négatives à l’égard de l’islam à la réalité de celui-ci, ce qui permet de mettre ces réactions au passif de la population majoritaire. Ainsi, le rapport mentionne bien «un conflit de valeurs, considérant la religion musulmane et ses pratiques en contradiction avec le principe de laïcité et avec les droits des femmes et des minorités sexuelles». Mais, et c’est là que la pensée glisse, loin de considérer que ce conflit est à la source de réserves légitimes envers l’islam, il affirme que ceux qui le mettent en avant sont coupables d’«inverser la causalité et de rejeter la responsabilité du racisme sur ceux qui en sont les victimes». La manière même dont sont libellées les questions dont le rapport fait usage relève de cette stratégie. Ainsi, il n’est pas demandé si certains comportements associés à l’islam sont incompatibles avec les valeurs républicaines, mais si «certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes». Du coup, une majorité des personnes interrogées n’a pas d’autre choix que de déclarer que des comportements «racistes» sont justifiés, ce qu’il s’agissait justement de démontrer.

Que nous réserve l’avenir ?

On peut douter que cet affrontement idéologique soit moins pérenne que celui qui s’est noué autour du rêve communiste. Un retour au réel impliquerait que ce qui relève d’une fausse science soit scruté avec la même rigueur que celle qui est déployée quand il s’agit d’impostures scientifiques au service d’intérêts privés. Mais cette rigueur ne paraît pas pour demain. Et qui est prêt à admettre que la folie «woke» est un enfant monstrueux de promesses radicales propres à l’Occident, promesses impossibles à tenir à l’échelle d’une ou deux générations et qui méritent d’être reconsidérées avec plus de réalisme ?

 


LES REGRESSISTES (2) – LE DOSSIER COMPLET

Racialisme

 

Au XXème siècle les marxistes voulaient changer la société  en instaurant la dictature du prolétariat. Cela a valu les camps de rééducation dans les pays où  elle s’est instaurée en URSS, et en Chine encore aujourd’hui avec les Ouïghours, par exemple. En occident, nous y avons échappé. Mais  avec la nouvelle gauche, issue de la « French Theory » des Foucault, Derrida, Deleuze et compagnie, ces marxistes partis prêcher sur les campus américains dans les années 70, la même tentation nous est revenue sous une forme plus souterraine et pernicieuse. Par la « déconstruction » de nos  valeurs, et en prenant le pouvoir dans tous les départements de sciences sociales de nos universités, ils inculquent à notre jeunesse leurs théories fumeuses pour promouvoir une nouvelle société. Mais le fond est le même : anticapitaliste et antilibéral, et les méthodes identiques : terreur intellectuelle et attitudes totalitaires. La race, le genre et l’identité en sont les nouveaux totems qui portent en eux une véritable régression intellectuelle.

La fracture de la gauche fait désormais l’actualité presque quotidiennement. Voici un dossier pour vous permettre de vous y retrouver. C’est l’enquête d’Eugénie Bastié, parue dans Le Figaro. Vous y trouverez toutes les définitions des nouveaux « totems » de la nouvelle gauche ou « néogauchisme ». Vous pouvez vous y reporter chaque fois que vous aurez besoin de trouver la définition des nouveaux concepts : théorie du genre, wokisme, décolonialisme, intersectionnalité, etc …

 

Théorie du genre, décolonialisme, racialisme... Ces nouveaux dogmes qui veulent s’imposer en France

Par Eugénie Bastié

En France, patrie des idées, on aime à se déchirer sur les mots. Chacun a sa définition de la «laïcité», on veut retirer «race» de la Constitution, on glose sur la pertinence du terme «ensauvagement». La polémique sur «l’islamo-gauchisme» vire, elle aussi, à la querelle sémantique. Tandis que la ministre Frédérique Vidal s’est empêtrée dans une définition floue du phénomène («l’ensemble des radicalités qui traversent notre société», a-t-elle dit dans le JDD ), de nombreux universitaires et responsables politiques de gauche en profitent pour déduire de l’imprécision du mot la preuve irréfutable qu’il s’agirait d’un fantasme. Telle il y a quelques années la «théorie du genre qui n’existait pas», l’islamo-gauchisme est discrédité comme un concept «imaginaire» (dixit les 800 universitaires qui ont signé une tribune réclamant la démission de Vidal), forgé par des «réactionnaires», qui ne renverrait à aucune réalité sociale. Et, en effet, ce terme qui domine le débat ne recoupe qu’une partie d’une dérive militante des sciences sociales qui se déploie sur plusieurs fronts.

 

Interrogé par l’hebdomadaire Marianne , l’inventeur du terme «islamo-gauchisme», le politologue Pierre-André Taguieff affirme qu’il faut élargir l’idée d’une enquête lancée par la ministre au «statut des fausses sciences sociales calquées sur l’idéologie décoloniale, la “théorie critique de la race” et l’intersectionnalisme». Mais que signifient tous ces termes? Ces concepts ou champs de recherches, dont certains se veulent drapés d’une légitimité scientifique, d’autres au contraire utilisés pour désigner péjorativement l’adversaire, recoupent différentes facettes d’une puissante lame de fond qui prend sa source dans les départements des sciences sociales des facultés occidentales, et se déploie aussi en politique et dans les entreprises.

Ce qu’on pourrait appeler le «néogauchisme» - car il reprend certains mots d’ordre du gauchisme culturel des années 1970 en les radicalisant - se traduit globalement par l’abandon de la question sociale au profit de la politique des identités, du paradigme de l’exploitation pour celui de la domination, de la centralité des classes populaires vers celles de minorités sexuelles, religieuses ou ethniques, et la centralité de la race et du genre dans la recherche. Ce dévoiement militant de la science se déploie en rhizome (pour reprendre l’expression phare de la French Theory, c’est-à-dire de façon horizontale et souterraine) dans des proportions qui restent à quantifier précisément, mais qui ne sont certainement pas négligeables.

● Théories de la race et du genre

L’obsession pour le genre, la race et les identités qui parcoure l’université ne tombe pas du ciel. Elle s’enracine dans un mouvement intellectuel qui remonte aux années 1970 et qu’on a appelé postmodernisme. L’abandon des grands récits (le marxisme, le tiers-mondisme, etc.), qui structuraient auparavant le militantisme progressiste, conduit au repli de l’individu sur soi et son identité. Il s’accompagne d’une évolution des sciences sociales vers le constructivisme, c’est-à-dire l’idée que les faits sociaux sont entièrement des constructions sociales. Ce constructivisme ne ferait qu’enfoncer des portes ouvertes (après tout, oui, la plupart des réalités humaines sont construites) s’il ne s’accompagnait pas d’une dimension critique: le dévoilement de la construction s’accompagne de l’impératif de la déconstruction. Suivant la méthode du philosophe Michel Foucault, il s’agit de révéler que ce qui apparaissait comme un universel est, en réalité, une construction sociale au service d’une domination.

La norme n’est plus vue comme la sédimentation du fait majoritaire, mais comme une culture dominante traduisant l’oppression, qu’il faut déconstruire pour laisser place aux minorités raciales et sexuelles. Les Lumières et l’universalisme? Des paravents de la domination blanche. Les «cultural studies» (études culturelles), qui se répandent à l’université à partir des années 1970, reprennent cette idée et postulent le refus d’une hiérarchisation entre les cultures et les objets culturels, soutiennent que la culture ne saurait se réduire aux œuvres classiques et entreprennent de «décentrer l’Occident» au sein même de celui-ci. Les «subaltern studies» («subalternité») analysent les cultures des groupes sociaux longtemps dominés. Il existe même des «fat studies» («études de la grosseur») qui étudient la construction sociale d’une corpulence perçue péjorativement (la «grossophobie»).

Si vous n’êtes pas d’accord avec la théorie critique de la race, c’est que vous profitez du racisme : imparable !

Dans ce cadre, la théorie critique de la race («critical race theory») affirme que la blanchité est une construction sociale dont les Blancs n’ont pas conscience. La race est un déterminisme social que les minorités doivent se réapproprier. L’aveuglement à la race («color blindness») est un luxe permis par le «privilège blanc»: seuls les Blancs peuvent vivre comme si la race n’existait pas. La sociologue et «consultante diversité» américaine Robin di Angelo, auteur du best-seller Fragilité blanche, est typique de cette mouvance. Elle explique que les réactions négatives à la réintroduction de l’idée de race dans le débat public sont constitutives d’une «fragilité blanche», c’est-à-dire de la peur des Blancs de perdre leurs privilèges. En résumé, si vous n’êtes pas d’accord avec la théorie critique de la race, c’est que vous profitez du racisme: imparable!

La même dialectique existe dans la théorie du genre, que ses défenseurs préfèrent appeler «études de genre». Celles-ci proclament que la différence des sexes est entièrement une construction sociale au service, cette fois-ci, non pas des blancs, mais de l’hétéropatriarcat (même si les deux vont souvent ensemble). Dans la foulée de sa principale théoricienne Judith Butler, il s’agit de jeter le «trouble dans le genre» pour libérer les minorités sexuelles de l’oppression qu’elles subissent de par l’existence de normes. L’activisme pour la minorité transgenre prend une place centrale dans ce dispositif. Les «études de genre» se veulent, elles aussi, scientifiques et affirment que ceux qui s’y opposent tirent bénéfice du «système» qu’ils cherchent à préserver. Elles se répandent dans les universités hexagonales. À Paris-VIII, le département d’études de genre est l’un des piliers de l’université. Des masters études culturelles (cultural studies) existent à l’université Paul-Valéry de Montpellier, ainsi qu’à Bordeaux-Montaigne. À Paris-III, a été ouvert un master médias, genre et cultural studies.

● Antiracisme politique

L’«antiracisme politique» est une expression employée par une nouvelle génération de militants, inspirée notamment par les Indigènes de la République, qui s’oppose à l’antiracisme dit «moral» des associations traditionnelles comme SOS-Racisme ou la Licra. Elle leur reproche notamment leur naïveté et leurs échecs attribués à une trop grande culture du compromis avec des institutions gangrenées par la mentalité coloniale. L’antiracisme politique s’oppose frontalement au narratif de l’antiracisme universaliste qui connut son heure de gloire dans les années 1980, quand triomphaient la petite main jaune et le multiculturalisme heureux, version United Colors of Benetton. Le cosmopolitisme laisse désormais place au tribalisme. L’idéal du métissage à celui de la non-mixité. La «race», bannie sous sa forme biologique, est réintroduite comme un concept sociologique, car, comme l’explique le sociologue Éric Fassin, «si les racistes croient à l’existence des races au pluriel (blanche, noire, juive, etc.), les antiracistes nomment la race au singulier pour dénoncer le mécanisme social d’assignation à une différence hiérarchisée». C’est ainsi qu’on parle désormais de «racisés», ce terme désignant une racialisation passive et pourtant revendiquée.

L’universalisme (républicain) est dénoncé comme un différencialisme déguisé qui permet, en réalité, la domination d’un groupe d’individus (les Blancs) sur les autres (les minorités). Ce qui autorise de ne plus parler du racisme comme d’une disposition morale malfaisante des individus à combattre (la permanence du préjugé), mais comme d’une composante structurelle et organisée des sociétés occidentales: on parle désormais de «racisme systémique» ou de «privilège blanc». Ce nouvel antiracisme postule une frontière infranchissable entre «alliés» - quelle que soit leur bonne volonté - et concernés. Ainsi les «dominés» (femmes, ou membres de minorités sexuelles et raciales) ont-ils un droit à la parole privilégié sur la cause qui les concerne. Un homme ne pourra s’exprimer au nom des femmes, ni un Blanc au nom des Noirs et des Arabes. Fini le «Touche pas à mon pote», jugé paternaliste. Cette barrière dressée entre les victimes et les autres, qui nie la distinction entre le «témoignage» et l’analyse, aboutit notamment à la généralisation des «réunions en non-mixité» et autres «safe spaces» au sein des universités, des endroits où les membres de minorités peuvent se retrouver entre eux et d’où sont exclus ceux qui appartiennent au camp des dominants, les Blancs mâles hétérosexuels. En France, l’expression «indigénisme», renvoyant au groupuscule des Indigènes de la République, s’est répandue comme synonyme de cet «antiracisme politique».

● Wokisme

Le «wokisme» est la version militante de cette mouvance universitaire. La praxis de cette doxa. Le terme, aujourd’hui employé de manière péjorative par les opposants à ce mouvement (selon le même processus que le terme «politiquement correct» a été d’abord revendiqué par les progressistes pour être ensuite employé par les libéraux et les conservateurs), est né aux États-Unis dans le sillage du mouvement Black Lives Matters. Il désigne à l’origine le fait d’être woke, en argot «éveillé», c’est-à-dire d’avoir pris progressivement conscience du caractère structurel des discriminations que subiraient les minorités sexuelles et raciales. Être woke, c’est avoir conscience d’être un dominé ou un dominant, et agir en conséquence.

Si on est victime : s’organiser politiquement autour de cette souffrance partagée avec les autres membres de sa communauté pour un agenda d’identity politics (politiques identitaires). Si on est coupable d’appartenir au groupe majoritaire (blanc, hétérosexuel, mâle): faire la liste de ses privilèges et s’en déposséder. On pourrait décrire le «wokisme» comme un renouveau de la posture «radical-chic», selon le terme créé par l’écrivain Tom Wolfe pour désigner l’adoption d’une radicalité politique par des membres de l’élite.

L’ultra-sensibilité aux discriminations, même minuscules (les «micro-agressions»), conduit les tenants de cette nouvelle culture militante à restreindre le champ de la liberté d’expression en pratiquant la «cancel-culture». Cette expression, qu’on pourrait traduire par «culture de l’interpellation» ou «culture de l’annulation», a été distinguée comme «mot de l’année 2019» par le dictionnaire Macquarie. Elle renvoie à la volonté d’effacer du débat, par l’appel au boycott, certains interlocuteurs car leurs propos sont jugés insultants ou à censurer un artiste ou écrivain accusé de racisme, d’homophobie ou d’agression sexuelle (exemples récents: le réalisateur Woody Allen ou l’écrivain J.K Rowling). Une posture qui se répand aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux qui permettent de mobiliser des sympathisants sur une cause et accélèrent la polarisation politique.

Ce « droit de ne pas être offensé » se répand aussi en France

La woke culture se développe énormément sur les campus américains, au point que certains intellectuels libéraux parlent de «Great Awokening» (grand éveil) pour décrire le caractère presque religieux de cette mouvance. Pour l’universitaire Joseph Bottum, il ne s’agirait que d’une nouvelle version du puritanisme protestant. En effet, le passage du privilégié au woke a un caractère de conversion. L’ancien président Barack Obama lui-même a blâmé dans une conférence en octobre 2019 «cette idée de la pureté, de n’être jamais compromis, d’être toujours politiquement “éveillé”» (woke).

Ce «droit de ne pas être offensé» (selon l’expression de Greg Lukianoff et Jonathan Haidt dans leur livre Le Chouchoutage de l’esprit américain) se répand aussi en France. C’est ainsi qu’un groupe antiraciste a demandé et obtenu l’annulation de la pièce d’Eschyle Les Suppliantes à la Sorbonne, au motif que les acteurs, grimés à l’antique, auraient pratiqué le «blackface». D’autres intellectuels comme Sylviane Agacinski ou Alain Finkielkraut ont vu leurs conférences annulées ou perturbées par des étudiants adeptes de cette nouvelle culture militante.

● Islamo-gauchisme

«Fantasme» pour les uns, «slogan d’extrême droite» pour les autres, qu’est-ce que l’islamo-gauchisme ? Sur le fond, ce syntagme désigne la tolérance, voire l’empathie d’une partie de la gauche envers l’islamisme, contre lequel elle ne déploie pas son hostilité traditionnelle aux religions et ce, pour des raisons diverses, dont trois principales.

D’abord, par tropisme tiers-mondiste et anti-impérialiste. Le mot «islamo-gauchisme» a, en effet, été forgé au début des années 2000 par le politologue Pierre-André Taguieff. Il voulait désigner ainsi la sympathie affichée de certains mouvements d’extrême gauche avec des mouvements islamistes radicaux pendant la seconde intifada, au nom de la lutte pour le peuple palestinien contre Israël. À l’époque, on voyait dans les rues de Paris défiler dans des manifestations drapeaux du Hamas et militants gauchistes keffieh au cou. La première source de l’islamo-gauchisme est donc la cause palestinienne, aujourd’hui à l’arrière-plan, mais autrefois sacrée.

Après le 11 Septembre, Alexandre Adler parle «d’islamo-altermondialisme» pour désigner un certain antiaméricanisme intellectuel qui voit dans ces attaques une juste punition de l’Occident. D’autres parlent d’islamo-progressisme. En France, le terreau anticolonialiste et l’antiaméricanisme tiers-mondiste ont été fertiles pour faire émerger une fascination teintée de mansuétude pour le réveil de l’islam dans les pays arabes. Ainsi Sartre, l’existentialiste athée, a-t-il lu dans la révolution iranienne une révolte contre l’impérialisme. Michel Foucault n’a pas caché lui aussi son admiration pour la révolution de 1979: «Il n’était pas besoin d’être voyant pour constater que la religion ne constituait pas une forme de compromis, mais bel et bien une force: celle qui pouvait faire soulever un peuple non seulement contre le souverain et sa police, mais contre tout un régime, tout un mode de vie, tout un monde», écrit-il dans un de ses reportages pour le quotidien italien Corriere Della Sera.

Beaucoup comparent aujourd’hui l’expression « islamo-gauchisme » à l’expression des années 1930 « judéo-bolchevisme »

Deuxième source de l’islamo-gauchisme: le prolétariat de substitution. C’est le cas par exemple chez Chris Harman, militant trotskiste britannique et membre du Socialist Worker Party, qui écrit en 1994 un texte qu’on pourrait considérer comme fondateur de l’islamo-gauchisme, intitulé «Le Prophète et le Prolétariat». Il fait de l’islam radical un «mouvement social» qu’il serait une «erreur» de désigner comme fasciste. L’islamisme radical est, selon lui, une «utopie» et dire que les islamistes sont les ennemis de la laïcité, c’est «faciliter aux islamistes la représentation de la gauche comme faisant partie d’une conspiration “infidèle”, “laïciste” des “oppresseurs” contre les couches les plus pauvres de la société». Si Harman affirme que «les islamistes ne sont pas nos alliés», il dit qu’il ne faut pas non plus les traiter en ennemis. Pour lui, il faut essayer de guider une partie de la jeunesse musulmane vers le progressisme, sans chercher à la braquer avec la laïcité.

Troisième source de l’islamo-gauchisme: l’analogie entre les juifs d’hier et les musulmans d’aujourd’hui. En 2014, dans Pour les musulmans, l’ex-directeur du Monde et fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, s’appuie sur cette veine: il veut reprendre le flambeau de Zola et être aux musulmans d’aujourd’hui ce que fut l’auteur de «J’accuse» aux juifs pendant l’affaire Dreyfus. Il est convaincu que la «construction d’un problème musulman» est comparable à «l’acceptation passive de la construction d’une question juive» dans les années 1930. À «cette banalisation intellectuelle d’un discours semblable à celui qui, avant la catastrophe européenne, affirmait l’existence d’un “problème juif” en France», Edwy Plenel a «voulu répondre en prenant résolument le parti de (ses) compatriotes d’origine, de culture ou de croyance musulmane contre ceux qui les érigent en boucs émissaires.» L’obnubilation de la répétition du même, à savoir l’extermination massive d’une population en raison de sa religion et la conviction d’un engrenage fatal de la «violence symbolique» à la violence physique, conduit toute une partie de la gauche à fermer les yeux devant le problème islamiste.

Beaucoup comparent aujourd’hui l’expression «islamo-gauchisme» à l’expression des années 1930 «judéo-bolchevisme». Pourtant, contrairement à l’expression raciste qui faisait référence aux origines juives de nombreux penseurs du communisme et affirmait l’existence d’un complot mondial dans lequel les juifs seraient derrière les communistes, l’islamo-gauchisme ne désigne pas des intellectuels musulmans convertis au socialisme ou la poussée d’un agenda gauchiste par des musulmans, mais l’indulgence de compagnons de route parfaitement athées envers un islamisme politique.

La comparaison entre Juifs d’hier et musulmans d’aujourd’hui est d’autant plus douteuse que c’est dans le sillage de cette mouvance islamo-gauchiste que s’est installée une nouvelle judéophobie au nom de la cause palestinienne et de Juifs désormais désignés comme des oppresseurs.

● Décolonialisme

L’expression «décolonialisme» est employée notamment par l’Observatoire du décolonialisme, collectif d’universitaires très opposés à cet entrisme dans les sciences sociales. Les partisans de ces théories préfèrent, eux, parler d’«études décoloniales» ou de «pensée décoloniale». En anglais, on parle de «decoloniality», «décolonialité». Lancé par Edward Saïd et son ouvrage fondateur L’Orientalisme en 1978 (qui présente la manière dont l’Occident a «construit» culturellement une vision fantasmée de l’Orient pendant la colonisation), et avant lui par Les Damnés de la terre de Frantz Fanon, le post-colonialisme, qui ambitionne de déconstruire l’héritage culturel laissé par la colonisation, n’a cessé depuis de progresser au sein des sciences sociales occidentales. Il serait un peu trop rapide de juger l’essor de cette pensée comme une simple «importation» américaine.

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Dans Les Études postcoloniales, un carnaval académique, le directeur de recherche au CNRS Jean-François Bayart rappelle que la déconstruction du colonialisme puise ses sources dans la pensée française, qu’il s’agisse d’écrivains anticoloniaux de langue française - Sartre, Césaire, Fanon ou Senghor - ou des intellectuels de ladite «French theory» - Deleuze, Foucault, Derrida - qui ont largement inspiré les cultural studies sur les campus américains dans les années 1970. La pensée décoloniale naît, elle, en Amérique latine avec le Péruvien Anibal Quijano, professeur à l’université d’État de New York à Binghamton (et concepteur de la «colonialité du pouvoir») et le Portoricain Ramón Grosfoguel, professeur à l’université de Berkeley en Californie (et concepteur du «tournant décolonial»).

Les décoloniaux ont bâti un corpus idéologique qui, pour n’être pas sans failles, raccourcis, approximations et impasses, n’en présente pas moins une certaine cohérence. (Gilles Clavreul, ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme)

Si les penseurs postcoloniaux décrivaient le moment historiquement et géographiquement circonscrit de la colonisation et appuyaient la nécessité de la décolonisation, les penseurs décoloniaux élargissent le spectre à la modernité elle-même. La «colonialité» n’est pas une entreprise de conquête du XIXe siècle, mais une mentalité, une «structure» qui affecte tous les aspects de l’existence humaine. La décolonisation a été incomplète car la colonisation est la matrice même de la culture occidentale, qui se poursuit par les moyens d’une mondialisation capitaliste. Le décolonialisme porte donc l’idée d’une déconstruction de la culture occidentale: il faut décoloniser les arts, la littérature, les corpus universitaires, déloger des bibliothèques estudiantines les «dead white European males» («mâles blancs occidentaux morts»), bref désoccidentaliser l’Occident lui-même. On trouve les traces de cette rhétorique dans le manifeste Nous sommes les Indigènes de la République du 16 janvier 2005 qui donnera naissance au collectif du même nom, présidé par Houria Bouteldja. Il proclame que «la France a été [et] reste un État colonial», si bien que «la décolonisation de la République reste à l’ordre du jour».

 «Les décoloniaux, que cela plaise ou irrite, ont une vraie ambition intellectuelle. Ils ont bâti un corpus idéologique qui, pour n’être pas sans failles, raccourcis, approximations et impasses, n’en présente pas moins une certaine cohérence», résume l’ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gilles Clavreul, dans une note pour la Fondation Jean-Jaurès. Si cette doctrine globale, nourrie par de nombreux théoriciens, a tant de succès chez les étudiants, c’est sans doute parce qu’elle offre les séductions d’un système idéologique de rechange après l’effondrement du communisme.

● Intersectionnalité

La notion d’«intersectionnalité» est centrale dans ces nouveaux champs de recherche. Ce concept jargonnant a été inventé par l’afro-féministe américaine Kimberlé Williams Crenshaw, en 1989, pour désigner la triple oppression que subiraient les femmes afro-américaines en tant que femmes, noires et pauvres. Le paradigme de l’intersectionnalité invite à croiser les caractéristiques identitaires d’une personne (genre, classe, sexe, religion, âge, handicap) pour la placer sur l’échelle des discriminations et des privilèges. Si vous êtes un homme blanc âgé, riche, vous cochez toutes les cases de l’oppression. Si vous êtes une jeune femme noire pauvre, toutes celles du dominé. Exemple d’une thèse française en cours en 2020 qui reprend exactement le paradigme de l’intersectionnalité: «De la mauresque à la beurette: la fabrication d’un cliché médiatique. Une question au croisement du postcolonial et du genre».

L’intersectionnalité invite à dépasser la notion marxiste de classe dans l’anticapitalisme et la différence des sexes dans le féminisme pour croiser les différents critères. En pratique, cela aboutit bien souvent à un effacement de la classe au profit de la race et du genre, ce que déplorent les intellectuels pourtant de gauche Stéphane Beaud et Gérard Noiriel dans leur dernier livre, Race et sciences sociales, où ils affirment que l’appartenance sociale reste «le facteur déterminant autour duquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes». Le livre a été très mal reçu dans le milieu de la gauche universitaire radicale pour sa critique frontale du paradigme de l’intersectionnalité.

La notion d’intersectionnalité est particulièrement présente dans les études de genre. Elle a donné lieu à un nouveau féminisme qui rompt avec le féminisme universaliste, lequel affirme une solidarité des femmes entre elles face aux hommes. Ce féminisme intersectionnel revendique, au contraire, des féminismes différents selon les groupes communautaires: féminisme blanc (à déconstruire), afro-féminisme, féminisme islamique etc. Ainsi, ce féminisme intersectionnel percevra le voile non comme un outil d’oppression, mais comme un marqueur identitaire du groupe dominé des musulmanes. Il préférera l’objectif de l’inclusion à celui de l’émancipation.

Concept académique qui se veut scientifique, l’intersectionnalité se décline en version militante par l’injonction à une «convergence des luttes» entre différents groupes discriminés (femmes, minorités, LGBT). La convergence devant par nature se focaliser sur un point qui cumule tous les défauts, elle se fera contre un ennemi commun: le patriarcat blanc «hétéronormé».

 

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LE TEMPS DES REGRESSISTES.

Le  bloc-notes vous proposera régulièrement en partage des articles ou analyses significatifs, rédigés par des personnalités qui apportent mieux que je ne pourrai le faire, les arguments nécessaires  à votre réflexion sur ces théories mises en avant par  ceux qui s’appellent les « progressistes » mais qui s’avèrent être une régression extraordinaire de la pensée. Il s’agit d’un vaste mouvement qui a investi nos universités et nos grandes écoles où elles imposent souvent de manière totalitaire leur point de vue et qu’il  s’agit de dénoncer et de combattre sans arrêt et sans concession.

 

L’APARTHED EN FRANCE !

La présidente de l’UNEF a admis publiquement sur Europe 1 que son syndicat organise des réunions interdites aux Blancs. Ainsi, dans des universités françaises, des salles sont aujourd’hui fermées à certains étudiants du fait de leur couleur de peau. Mélanie Luce, dans la même interview, n’hésite pas à condamner « les racismes »... mais pratique le racisme anti-blanc : il s’agit là d’une stratégie de discrimination assumée et revendiquée, d’un délire de « lutte des races » qui prend en otage nos facs. Comment une gauche qui se dit « universaliste » peut-elle admettre une telle dérive ? Comment le gouvernement, chargé de garantir les principes fondamentaux de notre démocratie, peut-il ne pas réagir ?

Cet épisode nous montre qu’il faut sans perdre de temps mener un combat sans concession aux tendances indigénistes, racialistes, décoloniales, qui derrière un discours victimaire, attaquent sans relâche le principe même de l’unité de notre pays. Et si l’UNEF ne rompt pas résolument avec cette dérive, il faudra obtenir sa dissolution.

Voici un article de Pierre-André Tazieff sur le « décolonialisme ».

Taguieff
Pierre-André Taguieff :

« Le décolonialisme est un projet utopique global »

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - L’historien, qui a forgé le concept d’islamo-gauchisme, répond aux critiques qui lui sont adressées. Et l’universitaire explique la rhétorique et les objectifs concrets du mouvement dit «décolonial». Il vient de publier «Liaisons dangereuses: islamo-nazisme, islamo-gauchisme» aux éditions Hermann.

FIGAROVOX.- Depuis les déclarations du ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal sur l’ «islamo-gauchisme» les polémiques sur la question se multiplient. Que pensez-vous de la dernière en date à Sciences Po Grenoble?

Pierre-André TAGUIEFF.- La chasse aux sorcières lancée contre de prétendus islamophobes à Sciences Po Grenoble est une nouvelle preuve que l’islamo-gauchisme existe et fait des ravages dans l’enseignement supérieur. Elle témoigne du fait que des étudiants et des enseignants se sont ralliés à la stratégie rhétorique des islamistes, ce qui relève de l’islamo-gauchisme. Car plus l’islamisme tue, et plus on dénonce «l’islamophobie». Depuis l’assassinat de Samuel Paty, les appels à «lutter contre l’islamophobie» se multiplient.

Le 4 mars 2021, sur un mur de l’Institut d’études politiques de Grenoble, un collage portait cette inscription accusatoire: «Des fascistes dans nos amphis. Tournier et Kinzler démission. L’islamophobie tue.» L’Unef a aussitôt reproduit sur son compte Twitter l’inscription accusatoire, mettant en danger les deux enseignants et les exposant à des menaces et des insultes sur les réseaux sociaux. Par ce geste, le syndicat étudiant a confirmé involontairement ses dérives islamo-gauchistes, observables depuis plusieurs années. Il témoigne aussi du fait inquiétant que, dans certains lieux universitaires, le terrorisme intellectuel règne, expression de la tyrannie des minorités, au nom de l’antifascisme et de l’anti-islamophobie.

Professeur d’allemand à Sciences Po Grenoble, Klaus Kinzler est devenu suspect pour avoir déclaré qu’il voulait débattre sur l’emploi du mot «islamophobie», lors d’une «Semaine de l’égalité», au sein d’un groupe de travail intitulé «Racisme, islamophobie, antisémitisme», auquel il s’était inscrit le 30 novembre 2020. Vouloir débattre sur cette question suffit à offenser les indignés et les «éveillés» permanents. Quant au politiste Vincent Tournier, il a été accusé d’«islamophobie» par l’Union syndicale de l’IEP de Grenoble, nouvelle milice idéologique, pour avoir assuré un cours intitulé «Islam et musulmans dans la France contemporaine» alors qu’il était soupçonné par ces étudiants d’extrême gauche d’être «islamophobe». Les rumeurs malveillantes tiennent ici lieu de preuves.

L’accusation d’islamophobie n’est pas seulement diffamatoire et intimidante, elle équivaut à une légitimation d’éventuelles agressions, voire à une condamnation à mort. Il faut souligner l’inversion victimaire: des militants islamo-gauchistes qui lancent une chasse aux sorcières contre deux enseignants osent dénoncer avec indignation la «chasse aux sorcières islamophobe» qu’aurait lancée Frédérique Vidal, laissant ainsi entendre qu’il y aurait en France une «islamophobie d’État».

La multiplication des accusations mensongères d’islamophobie dans l’espace universitaire nous rappelle que ces accusations illustrent la nouvelle méthode de diabolisation et de criminalisation des adversaires politiques, voués à l’exécration publique et à la mort sociale.

Dans ce que vous appelez un «nouveau grand clivage idéologico-politique», sommes-nous en train de vivre un tournant?

Ce clivage émergent tend à marginaliser et affaiblir le vieux clivage droite-gauche, du moins dans le monde des élites culturelles. L’engagement dans la «lutte contre l’islamophobie» est devenu un trait majeur de l’identité politique de gauche en même temps, et contradictoirement, un puissant facteur de division de la gauche. Il y a de très nombreux citoyens français, de droite et de gauche, qui considèrent que l’islamisme constitue une grave menace pour la cohésion nationale et l’exercice de nos libertés. Peuvent-ils être déclarés «islamophobes»? C’est là, à l’évidence, un abus de langage et une confusion entretenue stratégiquement par les islamistes eux-mêmes, suivis par les gauchistes qui ont pris leur parti. Ces citoyens sont en vérité hostiles à l’islamisme et ont d’excellentes raisons de l’être, au vu des massacres commis par les jihadistes, du séparatisme prôné par les salafistes et des stratégies de conquête des Frères musulmans. Mais ils n’ont rien contre l’islam en tant que religion, susceptible d’être critiquée au même titre que toute religion.

Quant aux anti-islamistes, ils voient nécessairement dans les islamo-gauchistes des adversaires politiques. Rappelons qu’un islamo-gauchiste est un gauchiste (ou un «extrémiste de gauche») qui milite avec certains islamistes avec lesquels il a noué des alliances, éprouve de la sympathie pour certaines causes défendues par les islamistes ou justifie des actions terroristes commises par des islamistes en les présentant comme le «dernier recours» des «opprimés». La dénonciation de l’islamophobie est le principal geste partagé par les islamistes et les islamo-gauchistes.

Ces derniers sont islamophiles pour diverses raisons: l’islam serait «la religion des pauvres» ou des nouveaux «damnés de la terre», les musulmans seraient les victimes d’un «racisme d’État», d’une «islamophobie d’État» ou de «discriminations systémiques», l’islamisme serait porteur d’un «potentiel révolutionnaire» justifiant qu’on puisse passer des alliances avec certains activistes islamistes, etc. Dans ce dernier cas, les «islamo-gauchistes» doivent être qualifiés d’«islamismophiles». Le jihad interprété comme une forme de résistance armée à l’impérialisme et au colonialisme, quoi de plus séduisant pour une extrême gauche anti-impérialiste?

L’opposition entre «islamophobie» et «islamo-gauchisme» est faussement claire. Il y a de très nombreux citoyens français, de droite et de gauche, qui considèrent que l’islamisme constitue une grave menace pour la cohésion nationale et l’exercice de nos libertés. Peuvent-ils être déclarés «islamophobes»? C’est là, à l’évidence, un abus de langage et une confusion entretenue stratégiquement par les islamistes eux-mêmes, suivis par les gauchistes qui ont pris leur parti. Ces citoyens sont en vérité «islamismophobes», et ils ont d’excellentes raisons de l’être, au vu des massacres commis par les jihadistes, du séparatisme prôné par les salafistes et des stratégies de conquête des Frères musulmans. Mais ils n’ont rien contre l’islam en tant que religion, susceptible d’être critiquée au même titre que toute religion.

 

En quoi les idéologues du décolonialisme convergent-ils avec les islamistes ?

Il faut souligner la convergence du discours islamiste intellectualisé de style frères musulmans et du discours décolonial - nouveau catéchisme révolutionnaire de l’extrême gauche -, qui fabriquent du ressentiment dans les populations issues de l’immigration par la dénonciation hyperbolique des «crimes du colonialisme». Accuser en permanence la France de «crimes contre l’humanité» et de «racisme», c’est produire de la conflictualité ethnicisée et de la volonté de revanche ou de vengeance chez ceux qu’on arrive à convaincre qu’ils sont les éternels «indigènes de la République», et entreprendre de culpabiliser les Français dits «de souche», «blancs», «mécréants» ou «racistes».

Les idéologues du décolonialisme rejoignent les islamistes dans leur haine de l’humour, de l’ironie et de la satire, une haine qui se traduit par la «cancel culture», cette culture de l’élimination de tout ce qui censé «choquer» ou «blesser» les membres d’un groupe supposé discriminé, dominé ou «racisé». La passion moralisatrice de ces minorités actives, dans lesquelles se croisent gauchistes et islamistes, c’est la haine de la liberté intellectuelle et de la libre création.

Pour comprendre les liens entre le décolonialisme, l’islamisme et l’islamo-gauchisme, il faut partir de la convergence entre l’anticapitalisme (marxiste), l’anti-occidentalisme (islamiste) et l’antiracisme anti-Blancs (décolonialisme). Comme les islamistes, les propagandistes décoloniaux tendent à réduire le racisme à «l’islamophobie», considérée par les islamo-gauchistes comme le racisme qu’il faut aujourd’hui combattre prioritairement. Depuis les années 1930, au moment où surgissait l’alliance islamo-nazie, les islamistes ont habilement utilisé l’anticolonialisme et l’anti-impérialisme pour faire basculer dans leur camp les nationalistes arabes.

Les idéologues du décolonialisme se sont emparés de cette thématique anti-impérialiste, dont on trouve des traces dans le tiers-mondisme, puis dans l’altermondialisme, pour réduire les sociétés occidentales à des sociétés inégalitaires structurées par les oppositions dominants/dominés et racisants/racisés, héritage supposé indépassable du colonialisme. Ils incriminent les «sociétés blanches», accusées de «racisme d’État», mais font silence sur les sociétés «non-blanches».

Cette politique de discrimination inverse est menée officiellement sous le drapeau de la diversité et de l’inclusivité.

Le décolonialisme remplace-t-il le marxisme à l’extrême gauche ?

Le décolonialisme est un projet utopique global de refonte de l’ordre social, impliquant une critique radicale de l’hégémonie dite occidentale ou «blanche» et la volonté d’y mettre fin. On peut y voir une reformulation du projet révolutionnaire communiste, qui visait l’instauration d’une société sans classes. L’utopie du décolonialisme a pour objectif de créer une nouvelle société sans discrimination (de race, de genre, etc.) au terme d’une «décolonisation» des représentations et des croyances, des savoirs, des pratiques et des institutions. La «décolonisation» généralisée est censée s’accomplir à travers une mise en accusation permanente et systématique des supposés «dominants» et «racisants», ces bénéficiaires du prétendu «privilège blanc» voués à être dénoncés publiquement, isolés et sanctionnés.

Ses armes conceptuelles sont la «déconstruction» qui ne s’applique qu’à la «pensée blanche», la notion floue de racialisation (ou d’assignation racialisante) qui permet de voir du racisme partout dans le camp de l’adversaire, l’intersectionnalité (nom pseudo-savant du banal croisement et cumul des désavantages sociaux, réduits pour l’essentiel aux effets de la race et du genre) et le racisme systémique, cette force mystérieuse qui possède la vertu de multiplier les racistes sans le savoir, de structurer les attitudes, les comportements et les fonctionnements institutionnels. Dans la langue de bois décoloniale, on dénonce les «processus de racialisation», qui consistent à réduire un individu à une catégorie associée à des stéréotypes négatifs. La «racialisation» présente l’avantage d’étendre indéfiniment le champ du racisme et donc le nombre des «racisés», selon les exigences du nouveau combat révolutionnaire dans lequel l’antiracisme» dit politique joue un rôle majeur.

En attendant le nouveau Grand Soir, ce moment rêvé de la décolonisation totale qui permettra d’entrer dans l’âge post-discriminatoire et post-raciste, le mouvement décolonial prétend «déblanchir» l’imaginaire social et le champ culturel, à démanteler tous les héritages de l’«hétéro-patriarcat» (sic) et à systématiser le recours à la discrimination positive, ce qui implique de privilégier, dans l’accès aux postes et aux places, les membres des catégories proclamées victimes de supposées discriminations systémiques. Cette politique de discrimination inverse est menée officiellement sous le drapeau de la diversité et de l’inclusivité.

Votre dernier livre s’intitule: « Liaisons dangereuses: islamo-nazisme, islamo-gauchisme. » N’est-ce pas prendre le risque de l’amalgame de traiter ces deux questions en même temps?

Non, car le sous-titre n’est pas «De l’islamo-nazisme à l’islamo-gauchisme». Je distingue clairement les deux phénomènes idéologico-politiques et ne suppose pas l’existence d’une continuité entre eux. Qu’on puisse relever des analogies ou des thèmes communs dans les couplages entre les islamistes et leurs alliés d’extrême droite ou d’extrême gauche est une autre question. Par exemple, la haine des Juifs, sous ses différentes formes (du racisme antijuif à l’antisionisme radical), se rencontre dans l’islamo-nazisme comme dans l’islamo-gauchisme.

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RENDEZ-NOUS LA VRAIE GAUCHE !

Rose brisée

 

Ce n’est pas ça la gauche !

Une grande partie de la gauche actuelle, influencée par les nouvelles idéologies déconstructionnistes et racialistes, tourne le dos aux valeurs sur laquelle est fondée la République française, au centre desquelles on trouve le principe d’universalité. Cette gauche, complaisante avec l’Islam radical, a abandonné la laïcité qui constituait l’un de ses piliers, avec l’égalité et la justice sociale. Ainsi est né et s’est répandu « l’islamo-gauchisme » dans notre système éducatif jusqu’à l’université et nos grandes écoles, et imprégné nos médias radio et télé. Cette pensée bafoue la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » comme l’affirme Zineb El Rhazaoui, bien placée pour dénoncer le fondamentalisme dont elle a été victime. Ceux qu’elle désigne comme les nouveaux totalitaires  réintroduisent la notion de race dans notre démocratie : « ne leur en déplaise, être noir, jaune, rouge ou blanc n’est pas une identité mais une caractéristique physique… Les indigénistes sont les collaborateurs de l’islamisme et les saboteurs de la laïcité. Ils enrobent leur idéologie différentialiste dans des concepts universitaires creux, faits de pseudoscience et de compétition victimaire ». Avec l’écoféminisme, le fondamentalisme religieux  et l’indigénisme, les « études décoloniales » forment le fond de la « cancel culture », cette police de la pensée qui pratique la délation et veut interdire tout débat contradictoire à l’université.

Les valeurs de la gauche.

La  gauche que je respecte  et avec laquelle je peux débattre, c’est celle de Jacques Julliard, d’Elisabeth Badinter, de Sylviane Agacinski, de Caroline Fourest, d’Alain Finkielkraut, et plus largement de Kamel Daoud, de Boualam Sansal, qui ont toujours défendu l’idée que Laïcité, République et France, c’était une seule et même chose. Et défendre la laïcité  à la française est central,  car  la laïcité, c’est l’unité dans la diversité, c’est l’idée qu’il y a un esprit universel, commun à tous les êtres humains, c’est l’unité de l’Esprit humain.  Dire « laïcité » ou dire « universalisme »,  c’est la même chose. C’est la grandeur de notre République que d’avoir proclamé ce principe valable pour tous les temps, tous les  pays, toutes les civilisations, toutes les religions. Avec la nouvelle gauche de Plenel et Mélenchon, la France n’est plus la patrie de l’universel. Écoutez attentivement les porte-parole de la gauche, ou de ce qu'il en reste. La laïcité, bien sûr, elle doit être honorée, mais avec modération, car à trop l'exalter, le risque serait de « stigmatiser » les musulmans. D’où les soutiens tièdes de leurs collègues à ces deux professeurs de  l’IEP de Grenoble qui ont eu l’audace de signaler que l’islamophobie ne pouvait pas être mise sur le même plan que le racisme et l’antisémitisme. Un comportement terrifiant fondé sur la lâcheté. Tout au long de la IIIe République, et il  n’y a pas si longtemps encore, on reconnaissait un homme de gauche à un certain nombre de traits : l'attachement indéfectible à la laïcité, à l'école républicaine, à la République elle-même, à la nation, à la France. Tous les grands hommes dont la gauche se réclamait traditionnellement, de Gambetta à Mitterrand, en passant par Clemenceau, Jaurès, Blum, Mendès, et plus près de nous, Michel Rocard et Edmond Maire, ou encore Robert Badinter, étaient pétris tout entiers de ces valeurs.

Le débat droite-gauche, essentiel.

Et en face,  il y avait la droite. Dans toute société, dans toute institution, il existe tôt ou tard un parti de l’ordre et un parti du mouvement, c’est-à-dire une droite et une gauche. La droite a toujours été du côté de l’ordre et se caractérise par son tempérament conservateur. Elle se fait protectrice des traditions en restant notamment attachée à la famille qu’elle considère comme l’unité de base de notre société. Le progrès social, auquel elle n’était pas hostile, était le résultat d’un débat fécond, parfois vigoureux, avec la gauche. L’école était aussi  un sujet d’affrontement, encore sous Mitterrand, au nom de la liberté qu’elle revendiquait pour l’enseignement libre. Cela ne voulait pas dire, pour autant, qu’elle ne défendait pas l’égalité des chances et la construction démocratique des élites, et sous la Vème République, elle n’a jamais  ménagé son soutien à l’école de la République. Cet affrontement nécessaire pour la bonne santé de notre vie démocratique a disparu. Jacques Julliard l’analyse et rejoint Michel  Onfray : il est dû à l’effondrement de la gauche.

L’inversion des rôles.

« Soit un homme qui en toute occasion affirme son attachement à la République et à ses valeurs universelles, sa confiance dans l’école et dans ses maîtres pour intégrer les nouveaux arrivants et conforter le sentiment national. Un homme qui ne transige pas sur la laïcité. » De quel côté placez-vous un homme qui tient un tel discours ? Tout ce qui vient d’être dit le démontre : vous avez affaire au parfait prototype de l’homme de gauche. Eh bien, non, aujourd’hui, c’est un homme de la droite modérée que vous avez devant vous ! Cette illustration de Jacques Julliard tout le monde peut la vérifier. La droite républicaine, soit pour faire pièce à la gauche, par glissement naturel des idées, soit pour faire barrage à la montée de l'islamisme, s’est approprié ces valeurs évoquées plus haut. Mais alors pourquoi les hommes de gauche authentiques, héritiers des Lumières et convaincus que leurs valeurs sont universelles devraient s'en affliger ! De fait, sur tous les sujets, leur démission est patente. Sur l'école républicaine : il  ne faut pas trop rechercher l'excellence, pour ne pas creuser les inégalités au détriment des moins bien armés. Sur la République : voilà qu’ils se demandent si le long cheminement de notre histoire n’est pas synonyme de colonialisme, voire de racisme,  si la Nation n’est pas facteur d'exclusion pour les nouveaux arrivants et pour la France, ils mettent en doute ce « récit » où nos ancêtres avaient trouvé le lien qui les unissait et qui serait une pure fiction, depuis les « racines judéo-chrétiennes » jusqu'à la philosophie des Lumières, issue de ces racines… Pour expliquer ces reniements, Jacques Julliard ose une explication principale : l’Islam. Mais il ne faut pas le dire. Depuis quelques années, depuis le terrorisme, la gauche est malade de l’islam, voilà la vérité !

L’anticléricalisme et le colonialisme.

Cette islamophilie étrange, qui fait, au nom d’une « laïcité » ouverte, pardonner aux musulmans beaucoup plus qu’on n’a jamais pardonné aux catholiques, a deux raisons. D’une part, dans le vieux fond antireligieux, il ne reste aujourd’hui que l’anticléricalisme, et même ce qu’il faut bien appeler une  haine du christianisme. Et, d’autre part, la mauvaise conscience d’une gauche officielle, qui sous la forme du «molletisme» (de Guy Mollet, président du Conseil au début de la guerre d’Algérie), eut une attitude honteuse (pour la gauche) du temps des guerres de libération des peuples opprimés, et qui en montrant de la compréhension à l’égard des mouvements « décoloniaux » d’aujourd’hui, espère faire oublier son absence dans les luttes anticoloniales du passé. D’où, non sans paradoxe, une espèce d’indulgence à l’égard de l’islam, qui à défaut d’autre chose, a du moins le mérite de ne pas être catholique. Et pour avoir raté l’anticolonialisme d’hier, elle se trouve engluée aujourd’hui dans un « décolonialisme de Quartier latin », abandonnant sur le terrain tous ses acquis antérieurs concernant la nation, l’école, la laïcité, l’intégration, l’universalisme. Car enfin, le fait est là : ce n’est pas pour des raisons économiques que les classes populaires, et nommément la classe ouvrière, ont abandonné la gauche pour l’extrême droite. Si bien qu’une partie de la gauche s’est lancée dans une entreprise qui consiste à substituer à la classe ouvrière qui  lui fait défaut, la masse des  immigrés en capacité de voter et qu’il faut séduire. Les défaites de la gauche depuis cinquante ans sont d’abord des défaites intellectuelles.

Redonner du sens au débat.

Cette grande alternative anthropologique  de  l’ordre face au mouvement ne fonctionne plus actuellement dans l’ordre politique, à cause de la confusion des rôles et de la défaillance des acteurs. Les  scandales sexuels qui éclaboussent les excès post soixante-huitards de la gauche « caviar » n’arrangent rien. C'est navrant, mais c'est pourtant ainsi, c’est le monde à l'envers. La question judéo-musulmane est en train de créer en France un ahurissant chassé-croisé au chapitre des valeurs au point de bouleverser le champ de la perception politique.  D’un côté la droite campe sur les valeurs de la gauche, l’extrême-droite capte l’électorat des  classes populaires, et la gauche traditionnelle est  aux abonnés absents, laissant le  champ libre  à  son succédané imprégné des théories absurdes et obscurantistes venues des Etats-Unis. Comme on voit bien que le « ni droite-ni gauche », ça ne  marche pas,  pas plus que le « en même temps », parce que quoiqu’il arrive, nous sommes idéologiquement latéralisés,  il ne tient qu’à la vraie gauche de se faire entendre à nouveau.  Les événements récents et « l’appel des 49 » dans le Journal du Dimanche nous laissent  l’espoir d’une renaissance.  Elle est urgente. Les Français aiment le débat, encore faut-il qu’il fasse sens. La droite a besoin d’une vraie gauche en face d’elle !

 


VOITURES ELECTRIQUES : L’ENORME MENSONGE DE LA PROPRETE !

Voiture électrique

 

Dans vingt ans, la totalité des voitures vendues dans le monde devront être électriques. De quoi bouleverser la hiérarchie mondiale des constructeurs, si cela a vraiment lieu. Car les nouvelles  stars dans  le domaine sont le constructeur Tesla et le Chinois BYD, chouchous des levées  de fonds en bourse. Ces fabricants se sont déjà projetés en 2040 ou 2050. Les tradi du secteur sont bien obligés de suivre et déjà  General Motors et Ford projettent d’abandonner le thermique d’ici dix à quinze ans. Nos champions européens sont moins radicaux, peut-être parce que  le vieux monde est plus réaliste et plus lucide, et ne prévoient de ne faire rouler qu’un tiers de leurs véhicules grâce aux batteries. Il faut dire que la  mutation du secteur automobile n’a guère le  choix, car la révolution à laquelle elle doit se soumettre lui est imposée par les réglementations des Etats qui se sont engagés à respecter les accords de Paris visant à limiter le réchauffement climatique.

L’idéologie remplace le réel.

Haro sur les  moteurs thermiques soi-disant  polluants au profit de l’électrique paré de toutes les vertus. En Europe, l’automobile est entrée dans le collimateur de  Bruxelles.  Les seuils d’émission de CO2 des nouveaux véhicules mis en circulation fixés par la Commission se sont progressivement durcis. Ils sont actuellement de 95 grammes  de CO2 par kilomètre, mais  le seuil descendra  à 80 grammes en 2025 et 59 grammes en 2030. Un rythme infernal. Les constructeurs sont contraints de s’y conformer sous peine de lourdes amendes.  Certains pays comme la Norvège ont même décidé  d’accélérer le calendrier, en bannissant dès 2025 les véhicules thermiques. Les technocrates agissent sous la pression des écologistes qui ont réussi à nous faire croire au miracle de la voiture  propre. C’est de l’idéologie car  ils ne peuvent pas ignorer que leur argumentation repose  sur un énorme mensonge. Mais le propre de l’idéologie  c’est de conduire à l’aveuglement. Ils ont gagné la première manche,  celle qui consiste  à imposer des normes et des contraintes administratives.

L’électrique pas si pratique.

La voiture électrique alterne le chaud et le froid. Elle ne se prête pas à tous les usages et elle va exiger de lourds investissements en infrastructures  qu’il va bien falloir financer, ne serait-ce que  le réseau de bornes de ravitaillement. Faudra-t-il s’attendre  à de longues files d’attente pour ravitailler après seulement 300 à 400 kilomètres.  Et la recharge de la batterie peut prendre autant de temps que le parcours lui-même. Sans parler de la sensibilité à la température extérieure, la puissance de ventilation, le chauffage  qui peuvent influencer fortement l’autonomie. Bref, en électrique, sauf petit parcours urbain, il faudra s’arrêter souvent, très souvent. Certes elle est silencieuse et peut offrir des sensations séduisantes grâce au couple des moteurs, cela ne compense pas les inconvénients.  Quant aux véhicules dits  hybrides, ils cumulent des handicaps qui les rendent peu attractifs par rapport aux mêmes modèles thermiques : alourdis par les batteries embarquées, ils sont plus lents et plus gourmands, et à l’usage, la  motricité électrique se révèle vraiment  d’un intérêt  marginal par la faible autonomie constatée. 

Des dessous très sales.

Contrairement à ce que les apôtres de l’écologie veulent nous faire croire, installer le monde entier dans la voiture électrique non seulement ne règlera pas le  problème de la pollution mais ne fera pas disparaître  les gaz à effet de serre. Force est de constater que ces belles  normes  imposées  par les pays riches ne visent finalement qu’à déplacer la pollution. Si la voiture électrique  en elle-même est presque propre, il n’en va pas de  même de la production d’électricité dans de nombreux  pays, à commencer par l’Allemagne et ses centrales thermiques. Or, il faudra bien produire l’électricité nécessaire à l’alimentation des voitures si tout  le parc  automobile est  demandeur. Il ne faut pas oublier non plus l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication des organes électriques du véhicule et penser encore à leur recyclage… Certains esprits lucides  en viennent à penser que le remède sera pire que l’utilisation des énergies fossiles. En effet, sous le capot  d’une voiture électrique, on trouve du rhodium, du platine, du cuivre, du cobalt, de l’or, du graphite ou du néodyme, ce dernier appartenant à une famille de 17 métaux appelés « terres rares ».  Des  métaux devenus stratégiques et dont la consommation va exploser. Leur extraction, à  l’autre bout de la Terre, en Chine notamment, provoque de terribles  dégâts sur l’environnement. Même constat pour l’extraction du graphite dans le nord de la Chine ou du cuivre dans le plus grand site du monde à Chuquicamata, au Chili, ou encore du lithium de la mer de sel d’Uyuni en Bolivie. Partout, le prix écologique est énorme.

Une dépendance stratégique.

Qu’adviendra-t-il lorsque nous aurons épuisé le filon de cuivre chilien, dans moins de quinze  ans au rythme où nous le consommons aujourd’hui, en sachant que la demande  va croître de  manière exponentielle ?  Que se passera-t-il si la Chine décide, dans un accès de mauvaise humeur, de nous priver de ses « terres  rares », ne serait-ce que pour  privilégier sa propre  production ?  On s’aperçoit alors que les options raisonnables et prudentes des constructeurs français comme Renault et Stellantis (Peugeot-Fiat) sont frappées au coin du bon sens. Les emballements boursiers ne doivent pas faire illusion.  Les moteurs thermiques  n’ont pas dit leur dernier mot.

Le basculement dans le tout électrique c’est pour nos pays développés faire preuve de cynisme et d’hypocrisie : propre chez nous, tant pis si on salit ailleurs ;  et surtout c’est s’exposer à des déboires  en se mettant en dépendance de puissances étrangères  comme  la Chine, ce qui est  loin d’être anodin. Les écolos se  gardent bien d’évoquer ces  aspects.  C’est tellement chic  d’afficher sa bien pensance vertueuse au volant d’une électrique, largement subventionnée par nos impôts !

Non, la  solution est ailleurs.  Et si c'était l'hydrogène ?

Jean-louis Perez et Guillaume Pitron ont réalisé une enquête diffusée en janvier dernier sur Arte avec des images saisissantes sur les pollutions engendrées par l’extraction des produits nécessaires aux moteurs électriques.


LA LUTTE DES RACES POUR REMPLACER LA LUTTE DES CLASSES

Bruckner Un coupable 001

 

« Les progressistes se battaient jadis au nom du prolétariat, du tiers-monde et des damnés  de la terre. Trois discours –néoféministe, antiraciste et décolonial- désignent désormais l’homme  blanc comme l’ennemi :  son anatomie fait de lui un prédateur par nature, sa couleur de peau un raciste, sa puissance un exploiteur de tous les dominés »… » Voilà en gros pour  le  fond de l’ouvrage que Pascal Bruckner nous livre dans « Un coupable presque parfait ». 

Cette substitution a été rendu possible  par  l’effondrement  des  gauches européennes après la chute du mur de Berlin. Ces fariboles interviennent dans un contexte de vide de la gauche classique.  Le  marxisme est mort en 1989 et la  social-démocratie est  agonisante.  Pour mettre fin  à ce désarroi, il est tentant d’adopter les théories américaines. Le progrès, la liberté et l’universel ont laissé une place vide comblée par la nouvelle triade directement importée des Etats-Unis : le genre, l’identité et la race avec ses corollaires, le néoféminisme, le « décolonial », l’indigénisme, le communautarisme. L’ennemi N°1 c’est désormais l’homme blanc, l’exploiteur, le prédateur. Sa couleur de peau fait de lui le comble du racisme… et le coupable idéal, le bouc émissaire cible de toutes les frustrations, colères, injustices ressenties, et paradoxalement le fossoyeur de l’humanisme. L’auteur analyse le succès de ces théories auprès d’une catégorie de gens en jachère dans les médias et  à l’université.

Bruckner règle d’abord son compte à l’idéologie féministe actuelle, celle, du Génie Lesbien d’Alice Coffin, par exemple, selon laquelle la femme n’est pas l’égale de l’homme, elle lui est supérieure surtout si elle est LGBTQ. Pour ces militantes néo-féministes venues d’outre Atlantique,  il faut tuer les hommes blancs qui portent en eux la culture du viol : « Les agresseurs sont toujours des blancs », d’où le syllogisme imparable. Puis il dénonce l’opprobre délirante jetée sur ce néo colonialisme que l’on va dénicher dans les statues déboulonnées et dans les livres qu’il faut jeter au feu, car il maintient parait-il les minorités en esclavage, mais les mêmes ne veulent pas  voir le colonialisme jaune qui se répand en Afrique, comme ils sont virulents sur l’esclavagisme des blancs en faisant l’impasse totale sur celui des arabes, bien plus  ancien et bien plus tardif à se tarir. Même notre langue maternelle est clouée au pilori par l’idéologie progressiste. Surtout, arrêtons de nous flageller au nom de la mauvaise conscience héritée de la période de l’expansion coloniale et de ses séquelles ou du mauvais sort subi par les migrants ou encore des violences conjugales qui seraient l’apanage de l’homme blanc.

Ces fariboles  font pourtant l’objet d’une vaste entreprise de rééducation à  l’œuvre à l’université, dans les médias, qui demandent à ceux qu’on appelle les Blancs de se renier.  Il y a trente ans, il restait assez de raison à droite et à gauche pour rire  de ces insanités, mais aujourd’hui l’antiracisme raciste revient avec de nouveaux protagonistes et trouvent un écho  jusqu’au plus haut  sommet de l’Etat. Les professeurs de honte, néoféministes, décoloniaux,  indigénistes pullulent et nous invitent au repentir. Il faudra donc une contre révolution culturelle et Bruckner nous y invite, car on peut sans doute s’attendre, si on n’y prend garde, à ce que l’on renvoie dans l’oubli nos écrivains et nos artistes bourrés de préjugés bourgeois.  Beethoven n’est-il pas « trop mâle, trop blanc et trop vieux  … ».

L’homme blanc a peut-être commis des horreurs, mais il  a aussi inventé les droits  de l’homme et forgé  le concept de crime contre l’humanité,  qui ne viennent ni d’Asie, ni d’Afrique,   ni d’Amérique  latine. L’occident a été capable de reconnaître sa propre  barbarie quand bien d’autres  se  cantonnent dans le déni : les atrocités de Mao,  le génocide arménien… Peut-être est-il bon de rappeler que le dernier marché aux esclaves a été interdit  au Maroc en … 1920.

Faire de  l’homme blanc le bouc émissaire des minorités « intersectionnelles » ce n’est jamais que remplacer un racisme par un autre et nous condamner à l’horizon funeste de sociétés tribalisées, crispées sur leur trésor identitaire et en proie à la guerre de tous contre tous. Comme l’idéal « universel » des Lumières  qui voit d’abord l’Homme avant ses différentes identités, nous paraît bien préférable !

La démonstration repose  sur une culture encyclopédique, la richesse des citations et la qualité des référents qui lui permettent de délivrer quelques truismes implacables et glaçants. La clarté du propos,  renforce le côté irréfutable des démonstrations à l’appui desquelles l’auteur-procureur fait souvent appel à des «avocats» de la cause blanche talentueux et sans parti pris outranciers, tels James Baldwin (la prochaine fois, le feu), le chercheur afro américain Shelby Steel ou … Joséphine Baker. Selon ses propres mots, Bruckner a un don pour « démêler l’écheveau » le plus compliqué comme l’affaire Adama Traoré et les manipulations du mouvement « Vérité pour Adama » ou pour dénoncer «l’hétérorisme» qui fait fureur dans l’idéologie à la mode. Evidemment, il faut faire avec et trier, hiérarchiser, ce  qui exige un effort. Mais le jeu en vaut la peine.

Heureusement, conclut notre philosophe, toujours très engagé : « Nous sommes encore nombreux à préférer les Lumières de la Raison aux ténèbres de la Race et à défendre la civilisation de l’Europe, une des plus belles de l’histoire

Pour renforcer cette certitude, lisez donc « La grande déraison » de Douglas Murray,  ouvrage dans lequel l’auteur américain décrit les  ravages de l’idéologie intersectionnelle aux Etats-Unis.

Pascal Bruckner, Un coupable presque parfait –La construction du bouc émissaire blanc – Grasset.


CETTE ULTRA GAUCHE INTOUCHABLE QUI SE CROIT TOUT PERMIS.

Vidal-islamogauchisme-universite

Islamo-gauchisme : le débat secoue les facultés et fait la une des médias avec la demande d’enquête formulée  par Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Cet article propose de faire  le point sur ce qu’il en est vraiment : pourquoi c’est une réalité, à quel point les universités sont touchées, la farce du discours victimaire de ceux qui se sentent accusés, et ce qu’il en est vraiment des pseudos sciences importées du monde anglo-saxon.

Vous avez dit « nauséabond » ? 

D’abord, il y a des mots qu’il ne faut pas prononcer sans qu’aussitôt on ne déchaîne les orgues de la bien-pensance : « islamo-gauchisme » en fait partie. Pensez donc, un vocable qui aurait son origine à l’extrême-droite, ne peut être que « nauséabond », et aussitôt les références les plus outrancières sont brandies pour dénoncer l’abject.  Les personnes visées par ce vocable seraient ni plus ni moins, victimes d’une chasse aux sorcières comme les  communistes à l’époque de Mac Carthy, rien que ça. Défense bien connue des gauchistes, celle de crier à l’intolérance qu’ils pratiquent eux-mêmes sans vergogne et souvent manu military. Mais…  circulez, il n’y a rien à voir. On l’a bien vu l’autre soir, à « C à vous », avec le sieur Blanchard, chercheur en Histoire, que le décolonialisme n’effraie pas, trouvant en Jean-Michel Apathie et Patrick Cohen des journalistes bien compatibles.  L’amicale des « islamo-gauchistes » touche tous les milieux : politiques, journalistiques, universitaires, éducatifs.

Islamo-gauchisme : une réalité.

L’expression a été popularisée en France par les travaux d’un directeur de recherche du CNRS, Pierre-André Taguieff, dès 2002 dans un ouvrage sur « l’intifada », et sur laquelle il revient dans une tribune publiée dans Libération le 26 octobre 2020 : « Aux sources de  l’islamo-gauchisme ». Il y décrit la convergence de fait entre certains groupes d’extrême-gauche et des mouvances islamistes. Elle n’est nullement un « concept venu de l’extrême droite », comme l’ânonnent les ignorants, les imbéciles et les gens de mauvaise foi. A  l’université, cette convergence donne lieu à une bataille idéologique qui secoue le monde  académique, surtout depuis les propos de Jean-Michel Blanquer, tenus après l’assassinat de Samuel Paty. Il avait nommé et pointé « l’islamo-gauchisme » qui sévit dans les facs et dénonçait « une matrice intellectuelle venue des universités américaines et des thèses intersectionnelles qui veulent essentialiser les communautés et les identités et propager une vision du monde qui converge avec les intérêts des islamistes ». Une réalité qui, de fait, a gangréné une grande partie de nos sciences sociales. Mais « l’islamo-gauchisme » n’est qu’une facette du « nouveau dogme universitaire » qui partout dans le monde occidental, dénature l’enseignement supérieur.  Ce sont surtout les départements de sciences sociales qui se retrouvent « idéologisés » de part en part. Il s’agit d’une guerre idéologique beaucoup plus large menée sous couvert de rigueur universitaire,  qui installe l’obsession de la race, du genre, de l’identité, des laboratoires de recherche jusque sur les plateaux de nos médias publics, en passant par les syndicats étudiants tels l’Unef, la Ligue des droits de l’Homme, la FCPE, les présidences d’universités, et évidemment le personnel politique dont Jean-Luc Mélenchon est le porte-drapeau. L’islamo-gauchisme n’est que le symptôme d’un mal qui ronge la société dans son ensemble, d’autant plus que l’effondrement du PS et de la sociale-démocratie laisse une place béante, aggravée par le « en même temps » macronien.

Frédérique Vidal a posé le doigt où ça fait mal.

Dans l’université, nombre de professeurs s’inquiètent de la pression grandissante des théories décoloniales et racialistes. La Ministre n’a fait que son devoir en s’inquiétant d’un mal qui s’attaque à nos valeurs universalistes et à nos traditions universitaires fondées sur la confrontation sereine des idées et des opinions.  Car point de liberté pour les ennemis de la nouvelle  « doxa » : syndicats et enseignants montent la garde. On ne compte plus les entraves faites aux intellectuels qui ne pensent pas droit. Bernard Rougier a dû se tourner vers la  Région Ile-de-France pour financer ses travaux sur l’Islamisme que son UFR lui refusait ; Sylviane Agacinski, Alain Finkielkraut se sont vu refuser des conférences ; ce ne sont que quelques exemples emblématiques des pratiques en usage. Les réunions non mixtes, interdites aux blancs, un prosélytisme islamiste comme à Sorbonne Paris Nord, des phénomènes de censure, d’intimidation, de discrimination ont été instaurés et menacent la liberté académique et  même la liberté de pensée en obligeant à un alignement idéologique. Des chercheurs militants, confondant propagande et recherche, ont investi le monde universitaire et procèdent à une occupation systématique des postes-clés : élections de présidents et des conseils universitaires, commission de recrutements pour la cooptation des jeunes maîtres de conférence … L’étape de la vérification de la qualité des travaux des candidats par le Conseil National des Université est supprimée et les  recrutements directs des professeurs sont autorisés, ce qui a permis un entrisme encore plus large. Les militants du décolonialisme et de l’intersectionnalité sont dorénavant libres de poursuivre leur entreprise d’accaparement de l’institution au gré des politiques universitaires locales. Il y a de quoi émouvoir la Ministre de tutelle !  D’autant plus qu’après l’assassinat de Samuel Paty, cent universitaires ont signé un « appel » qui critiquait le déni de  l’islamisme dans nos universités et constatait la montée des idéologies indigéniste, racialiste et décoloniale.

La farce du loup devenu agneau.

On peut s’interroger sur le choix de Frédérique Vidal de demander au CNRS d’enquêter sur le sujet.  C’est comme demander à un tricheur au poker de dévoiler sa méthode ou à Al Capone de rechercher les trafiquants. Car le CNRS, dont on peut douter que ce soit sa mission de mener des enquêtes sur l’université, est devenu depuis quelques années un pôle avancé de ces idéologies. Les travaux sur le genre, la race, entre autres, sont très encouragés par le CNRS qui pratique d’ailleurs l’écriture inclusive systématiquement. Mais c’est le génie de  la gauche quand elle est le loup de se faire  passer pour l’agneau. La Ministre a trouvé le moyen de donner un statut de victime à ceux qui pratiquent l’exclusion et l’ostracisme. Sans surprise, la « nomenklatura »  académique s’est braquée contre elle en l’accusant d’employer un concept forgé par « l’extrême-droite ». Ce qui est un mensonge, mais un mensonge censé avilir. Une manoeuvre convenue qui devrait prêter à rire, tant cette technique de l’épouvante ne bluffe plus personne. Le CNRS, comme la conférence des Présidents d'Universités ont réagi par le déni et les réflexes corporatistes bien connus. Ils dénoncent vigoureusement un danger extérieur qui planerait sur les libertés académiques, en gardant le silence sur les pressions internes qui entravent les mêmes libertés. Dans la foulée, pour faire contrepoids au « manifeste des cent », ils se sont trouvés à « six cents universitaires »  pour interpeller Frédérique Vidal. L’amicale gauchiste  montre ainsi son implantation. On l’a vue aussi à l’œuvre quand il a s’agi de déstabiliser  Didier Lemaire, le prof de Trappes, en venant au secours du maire Génération.S, Ali Rabeh. Ils appellent à la démission de la Ministre ! Au-delà, c’est toute la gauche, pour une fois unie, qui dénonce l’intrusion et le procès, à quelques rares voix près comme celles de Manuel Valls ou de Julien Dray, qui appelle les universitaires à ne pas se laisser faire. Cocasse, Mélenchon précise, inversant les rôles : « Si vous laissez exercer la  police de la pensée, nous sommes perdus ! ». Quant à Oliver Faure, toujours aussi nul, il avoue ne pas savoir ce que veut dire « islamo-gauchiste ». Avec un chef comme ça, le PS n’est pas  prêt de se reconstruire.

Une opinion qui se déguise en science.

L’université est donc bien l’otage des idéologues radicaux. Le CNRS se fourvoie lui aussi quand il tente de disqualifier la proposition de la ministre en expliquant que le concept d’islamo-gauchisme n’est pas « scientifique ». Une réplique loufoque pour le moins, de la part de gens qui affirment la légitimité des concepts issus des études « postcoloniales » comme le « racisme systémique »,  le « privilège blanc », la « culture du viol » ou la « fluidité identitaire »… Ces disciplines en « toc » qui troquent le savoir pour la subjectivité victimaire engendrent un savoir frelaté. C’est au nom de la science que ces gens décrètent sérieusement l’inexistence de l’homme et de la femme, relégués au placard au nom de la fluidité de l’identité de genre. Et surtout n’allez pas affirmer que la biologie est une science ! Elle est  disqualifiée pour cause de son caractère patriarcal et viriliste. Le « trans »  ou le « queer » au genre « fluide » sont les nouveaux héros alors que la masculinité est toujours toxique. On crée ainsi de nouvelles spécialités universitaires sur le modèle des « studies » anglo-saxonnes. La multiplication des canulars qui en proviennent a confirmé à quel point la validation par les pairs relevait de la tartufferie intellectuelle. Ces gens sont de grands farceurs ou de grands fraudeurs, et les deux sont possibles. Dans tout ça,  le coupable, lui, est aisé à trouver : le mâle blanc, occidental, hétérosexuel. L’islamo-gauchisme n’est qu’un versant de cette bêtise sophistiquée.  Le grand péril que ces idéologues nous font courir tient dans l’atrophie de l’intelligence, l’effacement de la culture, pour aboutir selon la formule d’Alain Bloom, à des « âmes désarmées ».

Frédérique Vidal veut savoir ce qu’il en est. Il est un moyen facile de le savoir. Il suffit qu’elle se fasse remettre la liste des sujets d’études proposés aux étudiants lors de ces cinq ou dix dernières années,  dans les  établissements ou départements universitaires concernés. Mais il faut réagir vite, à l’université  comme au CNRS, car  il est grand temps de ne plus confondre les prises de parti militantes et les vérités scientifiques. Ce qui s’accélère est  l’arrivée rapide chez nous des théories qui sont en train de détruire les universités  américaines. Ce serait une catastrophe pour la France, mère de la pensée rationnelle et universelle. Ne comptez pas sur la majorité pour défendre sa Ministre, elle n'a  pas d'avis sur la question. Ou plutôt, comme d'habitude, c'est du "en même temps", selon les intervenants, le grand écart entre Aurore Bergé et Gabriel Attal...

 

 


BEETHOVEN NOUS PARLE ENCORE !

Beethoven

 

2020 était l’année du 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven.

La pandémie nous a privés de la plupart des commémorations, hormis cette magnifique « folle journée » nantaise qui a rassemblé 1 800 artistes juste avant que ne se mette en place le confinement. Ce fut l’un des derniers grands rassemblements culturels de 2020 avec plus de 140 000 billets vendus  et  plus de 150 000 spectateurs-auditeurs. Cette célébration va donc se poursuivre encore pendant de longs  mois en 2021 et pas seulement en Allemagne. Mais pour autant que je me souvienne de  ma présidence de L’ONPL, toutes les années sont des années Beethoven tant l’homme et son œuvre conservent une dimension universelle. Toutes ses  créations sont des chefs d’œuvre, et les directeurs musicaux n’ont que l’embarras du choix pour construire une programmation sans jamais se  répéter. Au moins l’anniversaire de sa naissance n’en exige pas une réévaluation ou une redécouverte, tant sa musique tient du génie et que ses pièces influencent encore aujourd’hui nombre de compositeurs.

campagne de dénigrement.

Malheureusement, au cours des derniers mois on a surtout entendu une campagne de dénigrement, relayée par nos médias publics toujours prêts à épouser les idéologies du moment, à l’encontre d’un musicien accusé de représenter la classe dominante, selon les nouveaux canons de la « cancel culture », alimentant de vifs débats chez nos voisins anglo-saxons. Vous avez deviné : « trop blanc, trop mâle, trop vieux ». Tout est dit : voilà Beethoven mis au rancart pour cause d’apparaître comme l’emblème d’un monde culturel prônant la suprématie blanche, masculine et conservatrice.  Ceux-là interprètent la 5ème symphonie comme  un rappel de l’histoire de l’exclusion et de l’élitisme de la musique classique, face aux oubliés, femmes, personnes LGBTQ, personnes de couleur … En un parfait  contresens historique.  Car  la 5ème de Beethoven incarne au contraire l’énergie de la  musique dans laquelle gronde la révolution française. Mais il ne faut pas attendre des connaissances  de la part de gens qui ont décidé de faire de l’inculture leur porte-drapeau et de l’obscurantisme leur profession de foi. Donc, non, nous n’effacerons pas Beethoven, comme le préconisent quelques idéologues illuminés, et s’il occupe une place prépondérante  dans l’histoire, elle  ne fait  pas d’ombre à nos contemporains, elle les inspire. Ce n’est pas notre faute si Beethoven n’était pas noir, et qui plus est, était féministe avant l’heure.  Il vaut  mieux donc s’asseoir sur les élucubrations de musicologues de pacotille qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Notre grand homme était un génie.

Ce qui explique que 250 ans après, il est le compositeur le plus cité. Car quelle que soit l’époque, il est toujours notre contemporain.  Un peu comme Tintin.  Une contemporainéité musicale,  parce qu’il  a influencé tous les styles, préfiguré le jazz ; il nous est proche aussi par la nature engagée de sa musique qui veut porter les idées plutôt que les illustrer; il nous parle encore parce qu’il cherche en permanence la lisibilité, l’équilibre parfait entre le subjectif  et l’universalisme. Il est pleinement une figure de l’art universel. Et aujourd’hui on redécouvre, que sa musique n’est pas seulement profondeur et tension, mais aussi  une vraie expression de sa joie de vivre  qui explose  dans l’hymne à la joie de la 9ème. C’est un des rares musiciens à avoir repoussé toutes les limites de l’expression des émotions, dans un univers bouillonnant. Derrière cette œuvre pleine de vie humaine, de l’extase religieuse à la folie, de toutes les passions, de fraternité… se cachait un homme certes colérique, vivant l’angoisse de sa surdité,  mais aussi un être généreux, bon, intelligent, curieux, idéaliste.  C’était un artiste passionnément amoureux de la révolution française qui a voulu placer la liberté et l’égalité au sommet du monde avec la beauté.  C’est tout cela qui lui confère sa dimension universelle. Les transformations des temps résonnent toujours à travers ses symphonies !

 


NOTRE CULTURE PREND L’EAU DE TOUTES PARTS !

Académie française

Au moment où le  Royaume-Uni quitte l’Europe, les 27 pays de l’Union, en toute logique, devraient abandonner  la langue anglaise comme langue de communication, et, pourquoi pas, permettre au  français de prendre le relais. Mais le « globish » anglo-maniaque n’a jamais été aussi fleurissant et s’est imposé comme une soi-disant évidence dans les échanges intra-européens parce qu’il serait plus pratique. Que s’est-il  donc passé chez nous depuis  une vingtaine d’années pour que nous arrivions à un avachissement généralisé qui nous conduit tout droit à la relégation intellectuelle, alors que la France a longtemps pu, à juste titre, s’enorgueillir de sa langue et de sa culture ? Sans prétendre retrouver le XVIIIe siècle, époque où notre langue était celle des cours européennes , et même de la cour russe, on peut s’étonner de ce que la langue anglaise, dans sa version la plus pauvre, ait définitivement pris le pouvoir dans une Europe qui avait pour ambition de réunir les peuples et non de céder à cet impérialisme linguistique. En octobre dernier, encore, le parquet européen a ainsi choisi d’adopter l’anglais comme unique langue de travail,  un comble !

La furie féministe sape le génie de la langue.

Le français a aussi ses ennemis de l’intérieur. Depuis son apparition, l’écriture inclusive qui se  manifeste  par l’usage du point médian et la mention systématique du genre féminin, a tendance à se répandre en dépit des interdictions officielles, notamment  dans nos universités. Cette pratique est une insulte au génie de notre langue et conduit directement à un appauvrissement intellectuel.  Elle rend l’oralité de la langue impossible. Essayez de lire à haute voix : « Cher.e.s étudiant.e.s vous êtes convoqué.e.s  pour venir rencontrer vos interlocuteur.trices … ». Faut-il « oraliser » les  points ? On mesure le ridicule. Mais c’est une véritable oppression qui s’est mise en place pour imposer ce langage stupide. Dans certains cas, ce sont les professeurs qui l’imposent à leurs étudiants dans leurs devoirs ou dans leur messagerie, sous peine de ne pas corriger ou répondre, ce sont les organisations syndicales qui l’imposent aux administrations, quand ce sont les administrations elles-mêmes…  Les opposants à cette nouvelle forme d’écriture sont alors qualifiés de réactionnaires ou de conservateurs,  ce qui est pour moi un compliment.  Certains enseignants ont vu leur conférence annulée quand le thème était jugé « inapproprié » tel Jean Szlamowicz, auteur du livre « le sexe et la langue » (qui ne parle pas du cunnilingus), qui devait exposer dans le cadre d’un séminaire linguistique, « l’écriture inclusive à l’épreuve de la grammaire ». Ses collègues avaient fait pression sur le doyen pour empêcher la conférence d’avoir lieu. Et le cas n’est pas isolé. 

Voilà l’université française qui pratique l’ostracisme. Le résultat est préoccupant, car la réflexion scientifique est étouffée par l’idéologie. L’Académie française y a vu un « péril mortel ». Cette pratique est un bras d’honneur aux instituions gardiennes de la langue française. L’écriture inclusive part d’une idée fausse qui voudrait que le masculin dans la langue «  invisibilise » (admirez le néologisme) les femmes. C’est une croyance qui ne repose sur aucun fondement sérieux : faire du masculin un genre qui ne prend pas en compte le féminin, c’est faire comme si les mots n’étaient jamais utilisés dans un contexte qui en éclaire le sens : ainsi, quand je parle des « habitants de ma ville», je pars du principe que c’est un ensemble qui comprend des hommes et des femmes. Il est urgent que l’usage de cette écriture soit réellement proscrit à l’école, elle est un danger pour l’apprentissage de notre langue car elle génère de l’insécurité  linguistique en rendant le français moins accessible, elle éloigne les gens qui ont des difficultés avec la langue. Un député s’est saisi du problème et prépare une proposition de loi allant dans ce sens. Espérons qu’il soit suivi.

Nous fabriquons des infirmes de la jouissance littéraire !

Un autre mal ronge notre culture : la  castration littéraire.  C’est un inquiétant symptôme de ce nivellement généralisé qui, dans le sillage de ce qu’on appelle la « culture de l’effacement » ou «cancel culture», est en train de bâillonner l’imaginaire en éteignant la saveur des mots. Désormais, il faut éviter  toute complexité et renoncer à la richesse de la langue dans les textes à destination des jeunes. Ainsi un éditeur transforme, lors d’une réédition, une phrase telle que «Le soleil disparut dans un flamboiement d’incendie et le lac refléta de merveilleux tons de pourpre et d’or» en la phrase amaigrie «Le soleil disparaît derrière les sommets alpins et le lac prend des reflets dorés». C’est ce qu’a fait Casterman en rééditant « Le Club des cinq et le Cirque de l’étoile ». De la même façon on  renonce au passé simple au profit d’un présent aplati, ce qui supprime la différenciation féconde  que nous faisions entre l’action factuelle intervenue à un  moment précis du passé et celle qui a une durée, exprimée par le passé simple ou l’imparfait. Pour Alain Duault, on prive nos enfants « de la pulsation gourmande d’une langue riche et charnue pour en faire une sorte de prose végane ». 

Le désapprentissage de la langue dans son épaisseur et sa complexité se fait au profit de sa seule valeur d’échange. L’argument de la simplification induit donc la réduction : il faut aplatir les textes destinés aux enfants, pour les préparer à « être en phase avec leur époque », ainsi que le dit la directrice de Casterman jeunesse. Un seul chemin : l’utile, le pratique, ou l’échangeable, voire le jetable. La poésie ne leur est plus nécessaire, pas plus que la musique ou que la peinture, pas plus que tout ce qui crée un langage propre à élever l’esprit, à questionner le monde, à en révéler la beauté et la multiplicité.  Bientôt on simplifiera Chateaubriand qui fait des  phrases trop  longues, si on l’étudie encore, et on « allégera » la neuvième de Beethoven aux orchestrations trop capiteuses. Bah,  le rap est bien plus accessible et il n’est pas produit par des « vieillards blancs, hétérosexuels, suppôts du patriarcat ». Ne cédons pas à tous ces alignements devant le politiquement correct de soi-disant progressistes, qui fait réécrire des titres, déboulonner des statues, étouffer des œuvres, débaptiser des écoles, défigurer la graphie de la langue avec la pratique de l’écriture inclusive, réduire toute expression à la pensée unique du moment.

Les néo-totalitaires nous imposent leur censure castratrice.

L’accumulation de ces atteintes anticulturelles cible les jeunes, les enfants même, qui, si l’on accepte de laisser cette action rongeuse se poursuivre, n’auront bientôt plus de mémoire pour se défendre, plus d’images pour rêver, plus de mots pour dire la beauté, l’amour, la vie. Il faut en finir avec cette maltraitance récurrente de ce qui constitue la matière de notre culture et qui se traduit par une langue décharnée plutôt que savoureuse et colorée, un imaginaire censuré plutôt qu’une ouverture au rêve, une aseptisation des contenus plutôt qu’un apprentissage des différences et de la mise en perspective historique. L’uniformisation du style, du son, de la perception conduit à une robotisation des consciences à un langage unique comme l’est la pensée. Insupportable ! Qui ne mesure la régression quand la langue qui est notre première identité doit se modeler à la dictature de la facilitation du discours, au nom d’une aberration intellectuelle ?

 

 


UNE LOI QUI NE CONFORTE PAS LA REPUBLIQUE

Laicite

Le débat sur le projet de loi contre « l’islamisme radical », devenu contre « le séparatisme », puis "confortant les principes de la République", a donné lieu à un florilège d’arguments développés par les « Insoumis », la  gauche  communautariste et le PC, qui laissent pantois.  Mélenchon et ses comparses ont tourné le dos définitivement aux acquis des « Lumières ». Dire n’importe quoi, proclamer des absurdités, porter les pires reniements, défendre la soumission quand on se dit « insoumis », reculer sans cesse, pour justifier que l’on n’a pas le courage de dire ce qui est : le voile islamique n’a rien à faire en France, et encore moins sur la tête des fillettes. Ce n’est pas la question du simple port d’un vêtement qui est posée, mais bien celle des rapports entre notre civilisation occidentale et l’interprétation la plus étroite de l’Islam.

Il faut bien distinguer, s’agissant de l’Islam, la face proprement  religieuse, démarche de foi définie par les « cinq piliers de l’Islam », tout-à-fait compatible  avec nos lois républicaines et la laïcité, et l’autre face qui veut l’imposition d’un ordre social et politique qui sont, eux, incompatibles. Il est important de bien distinguer ces deux faces. La stratégie des islamistes, Frères musulmans et autres, et  de leurs alliés objectifs à fin de récupération électorale, est de dissimuler dans  leur rapport  avec notre monde occidental ce qui sépare ces deux dimensions de l’Islam. Et le point crucial de  cette  occultation concerne la tenue islamique notamment  pour les femmes. Son port  est présenté comme relevant d’une démarche de foi et toute entrave à celui-ci, en particulier à  l’école, comme « islamophobe ». Or, il suffit de consulter le Coran pour constater que cette tenue est un élément d’ordre social.

Ce qu’on essaie de nous imposer par le voile islamique, c’est une pratique religieuse associée à une morale et une pratique sociale toutes deux incompatibles avec nos valeurs. Rappelons que le voile islamique est le symbole ostentatoire d’une condition féminine inacceptable pour nous, instituant l’inégalité avec l’homme par la soumission de la femme : la femme stérile répudiée, la femme adultère punie de mort, le témoignage de l’homme qui vaut celui de deux femmes, la soeur qui n’obtient que la moitié de la succession dévolue à son frère, le mariage mixte interdit, la polygamie autorisée… Des Etats, comme la  Tunisie ont essayé récemment  d’avancer sur ces sujets,  mais ont dû reculer devant la pression exercée par les orthodoxes religieux. C’est la vraie signification du port du voile. L’affirmation de leur « islamité » par les jeunes filles ne s’arrête pas à cet accessoire vestimentaire. Elle s’accompagne généralement de contraintes supplémentaires telles que l’interdiction de suivre les cours de sciences naturelles, d’éducation physique ou de musique, voire même de s’adresser au professeur si celui-ci est de sexe masculin. D’où le mutisme de certaines filles en classe  que les professeurs ne comprennent pas toujours. Nous ne pouvons pas l’ignorer.

Et même sans astreinte religieuse, l’usage impose encore aujourd’hui quelques règles de politesse comme se découvrir pour saluer ou entrer dans certains lieux, dont l’école fait partie. Sur le plan strictement vestimentaire, si l’on accepte une exception pour le « foulard », rien ne permettra plus alors de s’opposer à la casquette sur l’oreille ou d’autres accessoires moins anodins. Et de ce point de vue, l’école reste un des rares endroits où se fait l’apprentissage de la politesse et des usages, du moins j’ose l’espérer. Le voile islamique, à l’école, et encore plus en classe, est contraire à notre code de civilités. Son port dans la rue, relève d’un autre débat.

Entendre Marie-Georges Buffet défendre « la religion opium du peuple » la plus antiféministe qui soit, au nom de la stigmatisation qu’elle subirait, pourrait être savoureux, mais relève d’un déni de  réalité et d’une confusion inexcusables. Une démarche rejointe par l’aile gauche de la majorité  présidentielle, qui a conduit à dénaturer le projet de loi initial,  et  confirmée par le Président lui-même quand il  affirme : « La France n’a pas de problème avec l’Islam ». Ainsi, la fable selon laquelle le voile islamique ne serait pas une pièce maîtresse d’un ordre collectif mais relèverait de démarches de foi individuelles a été largement acceptée par les députés. Tous les amendements concernant le voile ont été rejetés par la majorité. Et en marge, que dire de l’intervention de  la Défenseure des Droits volant au secours du burkini ! En n’affirmant pas clairement que la liberté de conscience  concerne exclusivement la dimension spirituelle de l’existence et exclut totalement l’imposition d’un ordre social et politique qui constituerait une contre-société, le projet de loi voté par l’Assemblée nationale manque son objet. Comme  il  considère l’Islam dans sa totalité  comme une religion, il est conduit à prendre des mesures  concernant les  religions en général,  alors même que la vraie cible n’est pas religieuse. Par souci de neutralité, il  impose des contraintes nouvelles de manière indiscriminée à des organisations religieuses, chrétiennes et juives, qui n’entretiennent aucune visée séparatiste et sont donc des victimes collatérales de la nouvelle loi.

Depuis le XVIIIème siècle, l’individu européen a conquis une à une toutes ses libertés. Cette remise en cause devenue permanente, à laquelle l’église catholique s’est elle-même adaptée, a permis la proclamation puis l’application progressive des « Droits de l’Homme ». C’est au nom des Droits conquis que nous avons le devoir de lutter contre toutes les atteintes aux droits élémentaires de la personne. Comme le dit Finkielkraut : « ou le hommes ont des droits, ou ils ont une livrée… ». De peur de paraître intolérants avec les musulmanes « on les confond avec la livrée que leur a taillée l’Histoire ». Voilà le piège : sous prétexte de droit à la différence, on voudrait imposer sur notre sol un apartheid. Dans son livre « Bas les voiles » Chahdortt Djavann assimile à une maltraitance l’obligation du port du voile faite aux filles mineures, et elle n’a pas tort, dans la mesure où cette obligation enferme l’enfant dans une démarche mutilante de sa féminité. Il ne s’agit pas d’intolérance, mais de respect de la personne et de protection des mineurs, en application de nos valeurs et de nos lois.

Cependant, la pratique de l’Islam n’est sûrement pas incompatible avec la laïcité. Il reste à en rechercher les modalités et à aider ceux, parmi les musulmans français, à l’instar de l’Imam Chalgoumi, qui souhaitent se situer dans cette perspective-là. Les testings effectués auprès des employeurs montrent que les candidats à l’embauche dont les CV suggèrent que, musulmans, ils adhèrent aux valeurs de la République, sont bien accueillis. Nombreux sont ceux qui adhèrent pleinement à la République et le bon sens exige qu’on évite tout amalgame ignorant cette diversité. La  confusion entre les  deux faces de l’Islam  empêche de voir qu’un regard positif sur la dimension spirituelle de cette religion coexiste chez les Français en même temps qu’un ressenti négatif sur sa dimension sociale et politique. Ainsi, si 86% de nos concitoyens rejettent le port du voile, ils ne sont plus que 24% à juger négativement le jeûne du Ramadan. S’il ne faut pas obliger toute personne d’origine étrangère à calquer sa conduite sur notre façon d’être, il est possible tout de même de dénoncer certains aspects de la tradition islamique, sans pour autant vouloir détruire sa culture. D’autant plus quand il s’agit d’une interprétation la plus étroite de l’Islam, issue du Wahabisme, contre laquelle les femmes luttent dans beaucoup de pays musulmans.

Les minorités religieuses peuvent exister à condition que celles-ci soient constituées d’individus libres et égaux. Il nous appartient de faire en sorte que cette dernière condition soit toujours remplie. De ce point de vue, il est important de signifier que la loi républicaine est au-dessus de toute autre, y compris la Charia des musulmans. Ce que la loi votée a oublié d’affirmer clairement.

 


LE FIASCO DE LA VACCINATION

Covid vaccination

Après les masques puis les tests, voici un nouveau fiasco : celui de la vaccination. La  campagne, commencée sur la pointe des  pieds devait prendre de l’ampleur avec la cible des personnels  soignants de plus de 50 ans et les plus de 75 ans. Un mois après, force est  de constater le plantage du plan de vaccination mis en œuvre par M. Véran et son indécrottable  administration sanitaire.

Commençons par une petite histoire vécue.

Nous avions réussi à décrocher deux rendez-vous pour le 23 janvier, par Doctolib, à la même heure, au centre de vaccination d’Angers. Cela paraissait normal pour un couple. Au jour dit, nous nous présentons à l’accueil, et là nous découvrons qu’un seul est inscrit sur la liste, moi en l’occurrence. Pourtant nous avions reçu tous les deux une confirmation du site, la veille. Mais rien à faire : pas  d’inscription sur la liste, pas de vaccin. Le cerbère de service est catégorique : les doses sont comptées à l’unité près. Nous faisons part de notre surprise à la médecin qui nous reçoit, qui manifeste son étonnement et se propose d’aller vérifier s’il n’y aurait pas une dose disponible. Elle se lève donc et se dirige vers le fond de la salle vers l’endroit où sont probablement entreposés les vaccins, ce que voyant, le cerbère de l’entrée se précipite aussitôt pour la rattraper… Bref, à son retour, il n’y avait effectivement aucune possibilité de vaccination supplémentaire, comme par hasard. La machine administrative dans toute sa splendeur. Pour l’heure, le bureaucrate qui avait pris le numéro de notre téléphone, n’a jamais rappelé, et nous n’avons pas pu décrocher un nouveau rendez-vous.

Le rendez-vous impossible.

Le fait est que, dans cette fameuse tranche d’âge des plus de 75 ans, à laquelle nous appartenons, qui doivent être vaccinés le plus vite possible, beaucoup ne sont même pas capables, à ce jour, d’obtenir un rendez-vous pour la première injection ce mois-ci, le mois prochain ou plus tard. Le problème n’est pas que le rendez-vous risque d’avoir lieu dans trois ou quatre mois, c’est que, tout simplement, on demande de rappeler plus tard, donc qu’ils ne peuvent même pas se projeter dans un avenir proche. La première des solutions consisterait donc à accorder des rendez-vous même éloignés aux personnes âgées pour qu’elles soient à la fois enregistrées et rassurées. Cette mesure, on n’en parle même pas, on fait des promesses qui seront vite oubliées, sans véritablement envisager l’affreuse hypothèse en vertu de laquelle beaucoup de personnes âgées ne seront jamais vaccinées.

Course de lenteur.

Pour les Français, la lenteur de la campagne vaccinale est un phénomène inquiétant, si bien que le président de la République a annoncé, pour nous soulager, que nous serons tous vaccinés avant la fin de l’été prochain. Aux calendes grecques. Pour parvenir à ce résultat, diverses mesures d’approvisionnement, la mise sur le marché de vaccins parvenus au terme des essais cliniques, la pression exercée par la Commission de Bruxelles sur Pfizer et AstraZeneca, le recours lointain à des laboratoires français pour la mise en condition du vaccin, sont présentés comme l’arsenal extraordinaire tout droit sorti de la tête du génie de nos dirigeants. La  vérité, si nous prenons des mesures secondaires pour augmenter notre puissance vaccinale, c’est qu’en réalité, nos stocks sont très insuffisants, et dans certaines régions, inexistants. Et combien de doses perdues par la gestion tâtillonne et bureaucratique du Ministère et des ARS ?

Notre recherche en déroute.

L’Europe a procédé à temps aux commandes de vaccins auprès des laboratoires qui parvenaient au terme des essais cliniques. Ce sont ces labos qui n’ont pas pu satisfaire une demande énorme, encouragée par la qualité du produit PfizerBiotech, qui a éliminé le scepticisme et l’hostilité au vaccin. Mais ce n’est pas un problème européen, c’est un problème national. Cela fait au moins deux décennies que notre Etat obèse n’investit pas assez dans la recherche et que nous subissons la fuite des cerveaux. Nous n’avons pas un laboratoire capable de prévoir un virus et, le cas échéant, de produire massivement au moins cent millions de doses en une fois un vaccin efficace, indolore et disponible. L’échec de Pasteur est la partie visible de l’iceberg de notre incurie.

C’est aussi l’échec d’une logistique hypercentralisée et bureaucratique. 

L’exemple raconté par le maire de L’Haÿ-les-Roses est  édifiant. Après vaccination dans l’Ehpad de sa commune, il restait 60 doses disponibles, et  logiquement le directeur envisageait de les mettre à la disposition du centre de vaccination de la commune, avec l’accord du maire, heureux de cette aubaine.  Mais voilà, pour l’ARS, consultée, ce changement d’affectation du vaccin n’était même pas concevable : ce qui est destiné aux Ehpads doit rester aux Ehpads, non mais ! L’histoire ne dit pas ce qu’on a fait des vaccins disponibles  … J’espère seulement qu’ils n’ont pas été jetés, ce qui entrerait dans les statistiques prévues par le Ministère.

Christophe Mahé peut rajouter trois couplets à sa chanson « Il est où » … Il est où le masque, il est où le test, il  est où le vaccin !!! Quant au bonheur, il faudra encore attendre jusqu’à la fin de l’été, enfin, si ça n’est pas une promesse de gascon de plus ! En attendant, on fait tout pour détourner l’attention de ce fiasco par  un insupportable teasing sur le « reconfinement », avec en star inénarrable, Monsieur Castex et la valse des « variants ».