DEUX PERILS EXISTENTIELS POUR LA FRANCE (suite)
12 janvier 2022
ISLAM ET LAÏCITE
Aborder le sujet de l’islam en France est toujours délicat. C’est prendre le risque d’être taxé de raciste ou d’islamophobe. Aussi pour éviter tout malentendu, ma réflexion s’appuie sur les écrits de Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur, parus dans son livre posthume « Réconcilier la France, une histoire vécue de la nation ». Au moins cela m’évitera tous les a-priori que mon appartenance à la pensée de droite pourrait susciter. Homme de gauche, Jean Daniel y constatait la faillite de notre politique d’intégration, regrettant l’abandon de notre modèle d’assimilation et pointant les problèmes posés par l’islam à la laïcité. C’est bien là le cœur du sujet. C’est le second péril existentiel pour la France.
Islamisation de la vie quotidienne.
Loin de moi l’idée de stigmatiser les musulmans, mais on est en droit de s’inquiéter des conflits de plus en plus nombreux posés par l’affichage d’une pratique religieuse au regard de l’application des lois ou des règles constitutionnelles en vigueur. Prenons par exemple le cas très récent de cette élève avocate qui se présente à l’audience solennelle de la prestation du « petit serment » de l’école du barreau, refusant de retirer son voile, à la demande du président. Or, en salle d’audience dès lors que les membres de la cour d’appel ont ouvert solennellement la séance de prestation de serment, comme lors de toute audience, aucun signe distinctif n’est accepté. C’est inscrit dans la Constitution et acté par un arrêt du Conseil d’Etat. La jeune fille dit s’être sentie humiliée, mais elle ne pouvait pas ignorer la règle établie qui s’applique à tous les signes religieux. Il ne s’agit pas d’une stigmatisation islamophobe mais du respect d’un fondement de notre République, la Laïcité. Ce fait pourrait paraître anodin, mais il est révélateur d’un phénomène bien plus grave, celui d’une islamisation de la vie quotidienne dans certains quartiers, souvent en marge des lois qui prévalent dans notre pays. Pour faire court, le modèle communautaire n’est pas compatible avec l’universalisme et la laïcité qui inspirent toutes nos lois.
Islam et laïcité.
Jean Daniel voit dans la valorisation des différences, très à la mode sous prétexte de visibilité et de représentativité, un abandon. Lui aurait souhaité qu’on mette l’accent, non sur l’apport de l’étranger, mais sur l’identité reçue. Et d’ailleurs, ajoute-t-il, tant que le modèle assimilationniste a été appliqué, il a parfaitement réussi. Et quand il a cessé d’être appliqué, il n’a pas été remplacé. Pour lui, la situation que nous connaissons aujourd’hui est le fruit d’une capitulation : l’abandon d’une politique d’assimilation. La situation s’est progressivement aggravée par deux effets contraires, tandis que se délitait l’identité française par l’abandon des principes et de la philosophie qui la soutenait, l’identité islamiste se fortifiait, renforcée par une ghettoïsation inavouée. Jean Daniel pose alors franchement la question : « l’Islam pose-t-il un problème à la laïcité ? » et il conclut : « Lorsque la réponse n’est pas un réquisitoire, la réponse est oui ! ». En effet, il est difficile de concevoir un islam qui ne soit pas communautaire car la religion, pour les musulmans, c’est d’abord le groupe, la tribu, l’umma. C’est pourquoi, le journaliste affirmait : « l’Islam est un défi, une menace pour la France, parce qu’il est un universalisme ». Le communautarisme qui confine à un séparatisme, que nous observons aujourd’hui, fait courir un péril mortel à notre République, dès lors que tel Tarik Ramadan, certains revendiquent le droit de changer l’identité française.
Le pari de la liberté.
Alors que faire ? Nous devons réaffirmer la laïcité comme principe intangible. Parce qu’elle libère l’individu du groupe, « lui permet de faire un pas de côté par rapport à la religion de sa communauté, de sa famille. » Et c’est parce que la France s’adresse à l’individu et non au représentant d’une communauté qu’elle peut être regardée comme une chance pour tous ceux qui veulent la saisir, dont les musulmans. Cette France et son opiniâtre indifférence aux différences, aux communautés quelles qu’elles soient, cette république des individus fait le pari de la liberté, cantonnant à l’espace privé l’exercice de la religion. Encore faudrait-il qu’elle redevienne un modèle désirable et que l’émancipation ne confine pas au vide identitaire et spirituel. D’où l’injonction de Jean Daniel : « La France doit faire rayonner la patrie littéraire, artistique, intellectuelle, politique qu’elle fut et faire valoir qu’elle est encore un pays qui porte des « lumières ». Cependant, la responsabilité incombe aussi aux nouveaux venus porteurs d’un islam revendicatif et rebelles à la fusion, encouragés par la gauche progressiste des racialistes, des identitaristes.
Une double tâche.
C’est donc à une double tâche qu’il faut s’atteler. Tout commence dans le système éducatif qui forme, selon les mots de l’auteur, « des êtres nomades, vides et creux, sans histoire, sans passé sans verbe, sortis du laboratoire pédagogiste et progressiste des années 60-70. » Il faut rebâtir le système éducatif avec comme axe essentiel de combler ce vide identitaire et spirituel. Il faut en même temps sanctionner implacablement tout manquement à la laïcité. Il faut parallèlement recréer les conditions favorables à une intégration en cassant les ghettos des banlieues. Et rétablir l’ascenseur social par l’égalité des chances ! L’autre tâche, c’est la lutte implacable contre le terrorisme islamiste et son expression « civile », l’islam politique. Il s’agit de faire comprendre à l’immense majorité des musulmans que l’assimilation n’est pas l’abandon de ses racines ni de son passé, qu’elle est un enrichissement et qu'elle est le bon chemin pour s'approprier le pays dans lequel ils ont choisi de vivre. Comme les progressistes se refusent à faire droit à cette philosophie, cette double tâche ne peut être menée que par ceux qui croient encore en la France. Elle est devenue urgente.
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