OBSCURANTISTES, NAIFS, CASSEURS GAUCHISTES ET COMPAGNIE …
03 août 2021
C’est reparti pour le rituel du samedi.
Le « passe » a le dos large. Tout est bon pour les contestataires de tout poil pour battre le bitume. A croire qu’ils sont en mal de distraction et qu’ils ne savent pas faire autre chose. Petits cerveaux, imagination réduite. Ils brandissent l’étendard de la « liberté » outragée, les pauvres. Marianne en a fait deux tours dans ses escarpins.
La minorité bruyante.
Un peu plus de 200 000 protestataires, samedi dernier dont quelques 14 000 à Paris. Après deux premiers essais, les effectifs s’étoffent modestement. Pour relativiser, plus de 500 000 Français se sont fait vacciner le même jour. Si « gronde » il y a, elle reste encore faiblarde, même si la caisse de résonnance médiatique lui donne plus d’ampleur qu’elle n’en vaut. Prenant appui sur le fait que le week-end dernier était celui de départs massifs en vacances, et était donc peu favorable à une mobilisation, les habituels porte-étendards de ce mouvement hétéroclite n’hésitent pas à annoncer une rentrée chaude. Hétéroclite, le mot est faible.
Il y avait parmi eux, évidemment, les antivax, ces hurluberlus obscurantistes qui font passer leurs croyances avant la science. Ceux-là, bien que nous soyons au pays de Pasteur, ne perdons pas de temps à essayer de les convaincre. Encore qu’ils se décomposent en plusieurs familles : les adeptes de religions fondamentalistes, les endoctrinés complotistes aux arguments aussi irrationnels que stupides, les anticapitalistes qui en ont après les gros profits des labos…
Il y avait parmi eux les covidosceptiques, qui ne croient pas à la gravité du virus, se croient « naturellement » immunisés et qui ne comprendront que lorsqu’ils seront en réanimation. Un pari stupide.
Il y avait parmi eux les grandes gueules pour qui tout est bon dès lors qu’il s’agit de s’en prendre au pouvoir. Peu importe le sujet. Méluche n’a juste qu’à twittter pour qu’ils sortent de leur trou, accompagnés souvent de leurs gros bras à tunique noire. Pour eux, le nirvana c’est de se confronter aux forces de l’ordre. Ils crient à la dictature, mais ceux dont ils se réclament nous en imposeraient une vraie et bien pire s'ils étaient au pouvoir !
Il y avait parmi eux, la cohorte des « antipasse ». Ceux-là, on ne sait pas s’ils sont pour ou contre la vaccination, mais ils voient dans l’obligation de fournir un sésame pour participer à certaines activités, une atteinte odieuse à leur liberté… qui ne s’arrête jamais là où commence celle des autres. Ils dénoncent donc un dispositif liberticide, rien que ça. S’il est validé par le Conseil constitutionnel, il sera effectivement contraignant, mais parce que la moitié seulement de la population a reçu deux doses et que, si la vaccination n’empêche pas la contamination en théorie, elle reste tout de même un gage de non-hospitalisation ; rappelons que 85 % des malades de la Covid admis dans un établissement de santé sont non vaccinés. Manifester est un droit. En revanche, se gargariser avec le mot « liberté », quitte à entraver celle des autres, n’est pas acceptable. Si j’ai fait le choix, comme l’immense majorité silencieuse de nos compatriotes, de me faire immuniser, c’est parce que je souhaite pouvoir vivre le plus librement possible, sachant que le virus, lui, est parti pour durer.
Quelle régression quand même !
J’entendais l’autre soir Henri Guaino expliquer que parmi les manifestants se trouvait une de ses connaissances polytechnicien, et qu’il fallait donc porter attention à ce qui se passait. Cela dit, les diplômes n’ont jamais empêché d’être con. Notre pays a été à l’origine de « l’esprit des lumières », des plus grandes avancées de la science et de la médecine, et aujourd’hui encore. Mais nous sommes désormais à la queue des classements internationaux en matière d’éducation. Le mouvement antivax, la révolte contre le passe sanitaire ne sont pas des accidents de l’Histoire. Ils sont le symptôme d’un spectaculaire basculement de notre pays dans l’ignorance et la perte de l’esprit critique. Comme le souligne Gérald Bronner (Apocalypse cognitive), les craintes collectives reposant sur des allégations fausses se répandent grâce à ce qu’il appelle le « brouhaha cognitif » des réseaux sociaux et par les médias qui reprennent prioritairement et systématiquement ce qui attise les peurs. Nous tombons dans « la démocratie des crédules ». « Certains pourront arguer qu’en définitive, il vaut mieux prévenir que guérir et qu’il est sage de surestimer tous les risques même imaginaires plutôt que de prendre celui de ne pas être préparé face à un danger. C’est là une logique préhistorique, enracinée en nous, qui a eu son utilité évolutionnaire, mais elle génère aujourd’hui des dommages collatéraux dans les nouvelles conditions du marché cognitif… » Car, il se trouve que notre capacité à juger des probabilités, lorsqu’elles sont faibles, n’est pas toujours rationnelle. C’est pourquoi les allégations fausses se répandent plus vite que les démentis que la science peut apporter. Les arguments de la peur sont beaucoup plus aisés à produire et rapides à diffuser que ceux qui permettent de renouer les fils d’une confiance si nécessaire à la vie démocratique.
Plus que jamais, nous devons nous demander : qu’est-ce qui est le plus important ?
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