TRISTE BILAN (1) La sécurité
17 mars 2022
L’Ukraine écrase tout, après la pandémie. Le temps consacré à l’actualité politique la fait passer au second plan et les programmes des candidats sont évoqués au compte-goutte quand ils ne sont pas sciemment édulcorés ou oubliés. Puisqu’il n’y a pas moyen d’avoir une confrontation avec le sortant pour parler du bilan de son quinquennat, faisons-le pour lui.
La sécurité, pour commencer.
Nous vivons dans une société dans laquelle la violence progresse et se diffuse. Et qu’on ne vienne pas m’accuser de partialité, les constats observés s’appuient sur les chiffres fournis par le service statistique du ministère de l’intérieur pour la France métropolitaine, tirés d’un rapport publié récemment : « Géographie de la délinquance à l’échelle communale ». Violence et agressions, cambriolages, violences intrafamiliales, … ces statistiques nous livrent un palmarès de la délinquance, ville par ville, pour finalement dessiner un bien triste bilan.
Les cambriolages touchent tous les types de communes.
Ils constituent la forme de délinquance la plus "équitablement" répartie sur le territoire. Le taux ne varie que du simple au double entre petites et grandes villes. L’on ne sera pas surpris qu’ils soient statistiquement l’une des rares formes d’insécurité qui aura baissé ces dernières années, le confinement étant la principale raison.
La délinquance.
Pas d’étonnement non plus pour découvrir que la majorité des actes de délinquance commis en France métropolitaine se concentrent dans les grandes villes et les villes touristiques. Les vols sans violence sont 12 fois plus nombreux, proportionnellement, dans les villes de plus de 100.000 habitants que dans celles de moins de 1.000 habitants. Pour les vols violents sans arme, c’est 75 fois plus. Si le nombre d’habitants semble déterminer la répartition géographique de la délinquance, l'étude fait apparaître des variations en fonction du type de délinquance. Le principal constat réside dans l’augmentation des violences contre les personnes. Elles connaissent une hausse soutenue depuis le début du quinquennat. Avec 306 000 faits enregistrés, les « coups et blessures volontaires » (CBV) sont en progression de 31% depuis 2017. Comme le précise le ministère de l'Intérieur, ce sont les violences intra-familiales (VIF) qui, désormais, sont la composante principale des CBV, avec 157 500 faits (+14% par rapport à l'an dernier) et qui expliquent la majeure partie de la hausse du total des violences. Là encore, sur ce dernier point, le confinement peut être incriminé.
La violence.
La violence urbaine met en lumière le climat d’insécurité dans les grandes villes et même dans de nombreuses villes moyennes où le taux tourne souvent à plus de 70 agressions pour 1000 habitants. A Marseille, ville « laboratoire » macronienne pour l’insécurité, qui a bénéficié de renforts très médiatisés, les cambriolages ont progressé de 13% depuis 2017 et les violences dans l’espace public ont grimpé de 10%. Certains penseront que c’est décourageant. L’insécurité n’est manifestement pas une simple question de renforts des effectifs de forces de l’ordre. Autres chiffres qui interpellent : dans les communes rurales qui accueillent un tiers de la population métropolitaine, les forces de sécurité ont localisé en 2021 près du quart des violences sexuelles, des coups et blessures volontaires intrafamiliaux et des cambriolages enregistrés. La France des campagnes et des bourgs, celle des zones gendarmerie, connaît bien une délinquance plus marquée où la drogue n’est pas rare. Ensauvagement, comme le précisent des sociologues.
Les homicides.
Quant au chiffre des homicides, un indicateur très fiable car il repose sur des constatations et non pas sur du déclaratif, on a enregistré 917 homicides en 2017, contre 1.026 l'année dernière. Et dans ce cas précis la hausse est quasiment constante sur l'ensemble du quinquennat, avec une augmentation de près de 12%.
C’est d’une reprise en main globale dont la société a besoin : éducation et impunité zéro nécessitent de mettre le paquet sur l’intérieur, l’éducation et la justice. Vaste programme.
Hausse de la délinquance numérique.
Par ailleurs, on constate également un glissement de la délinquance du monde physique vers le numérique avec +30 % pour les escroqueries depuis le début du quinquennat. Dans le détail, on constate que la moitié des victimes d'arnaques sont approchées sur Internet, la crise sanitaire ayant joué un rôle d'accélérateur.
C’est donc à une tâche de longue haleine que l’exécutif devra entreprendre avec un programme global, une main qui ne tremble pas et une volonté ferme. Car en même temps, il faudra maintenir aussi la vigilance et la fermeté face aux actes terroristes toujours possibles.
Faire mieux avec moins d’argent s’imposera au prochain président (e) et les résultats mitigés au regard des augmentations de dotations ne seront plus de mise. Ainsi, la Justice dont le budget a progressé de 22% voit ses indicateurs fondamentaux continuer à se détériorer en dépit de la hausse des moyens (Cour des comptes). Pas mieux pour le ministère de l’Intérieur pour la police nationale dont la masse salariale a progressé de 21% pour un coût qui atteint 10 milliards, sans que les résultats qu’elle affiche en terme de présence sur le terrain ou d’élucidation des faits de délinquance ne connaissent d’amélioration significative quand ils ne se détériorent pas… Même reproche à l’Education, premier poste de dépenses de l’Etat avec 76 milliards d’euros, en dépit d’une progression de 6% sur le quinquennat, les résultats restent médiocres. Principal carence : la performance des missions qui est absente des débats et des arbitrages et l’empilage des dispositifs jamais remis en cause , même quand ils s’avèrent inefficaces.
Seul un projet qui rétablit le régalien dans sa fonction pleine et entière pourra obtenir des résultats tangibles. Je ne vois guère que celui de Valérie Pécresse qui s’en donne les moyens.
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