HISTOIRE

LA LETTRE DE LA HONTE

Cédric-un-look-denfer-

Un comportement vieux comme le monde

Le harcèlement entre enfants, qu’ils soient écoliers, collégiens ou lycéens, est vieux comme le monde. A croire qu’il fait partie de la nature humaine. Il est difficile à combattre par les enseignants car  il est généralement couvert par la loi d’airain de l’omerta. Il est rarement apparent en classe, en tout cas difficile à déceler, je peux en témoigner. Mais dès lors  qu’il est connu ou dénoncé par les parents, par exemple, il doit être combattu et sévèrement réprimé par l’ensemble de la communauté éducative.

Bouc émissaire et « tête de Turc ».

L’école est hélas une source d’angoisse pour beaucoup d’enfants isolés, incompris, écartés des « bandes ». À chaque âge, l’être social est confronté à l’hostilité du milieu et ne doit montrer aucune fragilité. Les réseaux sociaux  ajoutent une amplification néfaste et offrent un espace supplémentaire aux adeptes du harcèlement,  méthode cynique pour détourner l’attention du groupe vers un bouc émissaire ou un individu à stigmatiser sous des motifs variés, aspect physique, trait de caractère,… L’apprentissage du respect de l’autre et de la bienveillance mutuelle pour être efficace doit s’accompagner d’une grande vigilance de  la part du corps enseignant sur  les  comportements des élèves. Encore faut-il que les  personnels aient reçu une formation adéquate pour les déceler, ce qui est loin d’être le cas.  

Les carences de l’institution.

Depuis quelque temps, le nombre des suicides d’adolescents va s’accélérant. Et l’on est obligé de constater que le système éducatif ne semble pas à la hauteur. Le cas de Nicolas est emblématique et a  enfin provoqué  une réaction que l’on voudrait salutaire. En mai dernier, les parents de l’adolescent avaient adressé une lettre indignée et sévère à la direction de son établissement, inquiets de la réaction insuffisante des personnels concernés pour mettre fin à une situation qui n’évoluait  pas. Le  jeune de 15 ans, rendu profondément dépressif par le harcèlement qu’il subissait, a fini par se suicider. Le  comble a été atteint avec la lettre du Rectorat qui a été envoyée aux parents : l’administration a voulu voir dans leur requête un comportement agressif et excessif, allant jusqu’à  mettre en doute la réalité des faits. Pire, elle a dénoncé un libellé indigne et les a menacés de poursuites judiciaires graves. On reste glacé par le déni et la froideur d’un texte cautionné par le Rectorat. Ce qui en dit long sur le chemin à parcourir.

Une honte !

Le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, a aussitôt déclaré que la lettre de l’Académie était une « honte ». Réflexe largement partagé par l’opinion. De toute évidence, les dirigeants de l’Académie semblent n’avoir eu qu’une préoccupation : protéger l’ordre établi et se protéger eux-mêmes,  abandonnant la victime à son triste sort. D’insensibles technocrates dans toute leur splendeur. A quelque chose, malheur est bon !  Le Ministre de l’Education  semble décidé à engager une réforme profonde pour mettre les  harceleurs hors d’état de nuire, et leurs familles face à  leurs responsabilités. Il se devait de réagir à ce qui est apparu comme l’absence de toute compassion, le refus d’enquêter sur l’affaire, la négligence répandue qui permet de masquer les différends au moyen des consignes réglementaires.

Un travail de longue haleine.

Gabriel Attal a manifesté sa volonté de créer un électrochoc en convoquant tous les Recteurs et en annonçant des sanctions, en même temps qu’il faisait des propositions qui devraient protéger les plus fragiles des écoliers, collégiens et lycéens et apporter un peu d’assurance et de répit aux parents d’élèves. Cependant, il s’agit d’un travail de longue haleine qui nécessitera un effort considérable et en profondeur, et qui ne débouchera pas toujours sur un succès, tant sont nombreuses les agressions du groupe sur un individu isolé, qu’il s’agisse du harcèlement, du bizutage ou de toute forme de mise à l’écart et de stigmatisation. On l’a vu avec le suicide récent de Marie dont les parents mettent en cause le réseau « Tik Tok » contre  lequel ils ont porté plainte. C’est une question qui mériterait un débat national, car dans la société d’aujourd’hui, les atteintes à la personne sont fréquentes et  multiples, et l’autorité trop souvent remise en cause : que penser quand des élèves convoqués  par un chef d'établissement ressortent de son bureau en se marrant ouvertement (vécu). Les réponses  doivent prendre des formes multiples : formation des personnels, de vraies punitions contre les harceleurs, interdiction de l’usage des réseaux sociaux avant 18 ans (les Chinois le font bien), port de l’uniforme qui apaiserait les relations entre adolescents car il effacerait les différences…

Il n’en reste pas moins que dans le cas de Nicolas, l’Institution s’est couverte de honte et le prix payé reste inacceptable. 

 

 

 


SI J’ETAIS MINISTRE DE L’EDUCATION…

école de la république

 

Vous allez dire : « pour qui se prend-il ? ».

Quand on voit dans quel état se trouve notre système éducatif et la tâche qu’il faudrait accomplir pour le remettre debout, je n’ai pas de scrupules à me dire que  je  pourrais faire mieux que tous ceux qui ont occupé la  place rue de Grenelle. Nul  doute que Gabriel Attal c’est mieux que Pap N’Diaye et  les quelques  mesures qu’il a prises à son arrivée  augurent  d’un début sur de meilleures bases. Mais la  tâche est immense, et le gaillard a beau être habile et savoir écouter, avoir  la  caution du « château », je parie que la machine ne tardera  pas à la broyer. L’étage des Inpecteurs généraux est redoutable …

C’est que tout est à reconstruire. 

Je ne vais  pas passer en revue tous les problèmes et toutes les insuffisances  de la machine éducative : chacun les connaît,  qu’il s’agisse des performances en lecture ou en mathématiques ou en sciences, l’augmentation du nombre des illettrés que les performances mirifiques aux bacs n’arrivent pas à cacher, sans  parler des inégalités qui vont croissant avec près de 80 000 jeunes qui sortent chaque année sans aucune qualification. Du côté des enseignants, ça n’est guère réjouissant : attractivité du métier en berne, démissions galopantes et recrutement quasi en panne. Et quand on pense que plus de 300 000 enseignants partiront en retraite d’ici 2030, c’est-à-dire demain, on mesure l’ampleur de la tâche !

Une tâche gigantesque mais  pas impossible. 

D’abord  parce que les  moyens sont là : un budget de 64,2 milliards d’€ pour  12 millions d’élèves, une dépense qui a progressé de 7% du PIB depuis les  années 80, largement au-dessus de la  moyenne de l’OCDE. Alors, que faut-il faire ? 

La première chose c’est de sortir du déni.

Se soucier d’interdire le port de l’abaya et réfléchir à l’instauration d’un uniforme pour les scolaires, c’est nécessaire, mais on n’est pas sur l’essentiel. Il ne faudrait pas que notre Ministre se contente d’agir sur ce qui est « périphérique ». Je ne suis pas  certain qu’il soit sorti du déni sur  l’amplitude de l’effondrement  du système. Tout est à reprendre de fond en comble et le plus vite sera le mieux, avec deux priorité  en tête :  exclure le  « wokisme »  de  la machine et faire barrage à l’islam politique dont l’abaya est l’arbre qui cache la  forêt,  les  deux  constituant un frein redoutable à la transmission des connaissances indispensables à la formation de citoyens libres et responsables.

Deux réformes profondes s’imposent qu’il faut  mener en parallèle. 

Débureaucratiser et dépyramidaliser un système figé au centralisme asphyxiant,  dévoreur de moyens au détriment de la qualité de l’enseignement ; entreprendre immédiatement une refonte de  la formation des   enseignants par la fin du concept unique « prof de la maternelle à l’université » qui a montré son inefficacité et son ineptie pour un coût qu’on ne retrouve pas dans les compétences.  

Le système éducatif selon mes vœux est d’abord décentralisé auprès des régions avec une large autonomie des établissements, l’Etat gardant la maîtrise des contenus et du contrôle des personnels par l’évaluation fréquente pour assurer la cohérence des carrières et des enseignements. Dans la réorganisation, un soin particulier doit  être apporté  à  la maîtrise des savoirs fondamentaux, lecture, écriture et  mathématiques, grâce au relèvement des heures qui leur sont consacrés, avec un effort ciblé sur le primaire.

Des personnels bien formés.

Qualité de  l’enseignement et primat de la connaissance nécessitent des personnels bien formés et bien encadrés grâce  à une formation continue tout au long de la carrière. Ces deux exigences  passent par  une réhabilitation  matérielle et  morale du métier.  L’effort financier qui vient d’être engagé sur les rémunérations devra  être  poursuivi et s’accompagner d’une gestion dynamisée des carrières rendue possible par la déconcentration et la débureaucratisation. Pendant plus d’un siècle, les « élèves-maîtres » ont appris, dans les écoles normales  d’instituteurs à servir  la nation.  Il faut renouer avec  cet esprit-là. Pour l’avoir vécu, j’atteste aujourd’hui qu’il est  légitime d’en avoir la nostalgie. Dans chaque département, les  écoles normales  de filles et  de garçons  fournissaient un corps d’élite sorti du peuple par son recrutement au service du peuple  dans sa mission.  Au début, on a parlé des « hussards noirs » à cause de  leur costume uniforme, gage de sérieux,  sur  l’ensemble  du territoire. 

Les  écoles  des  « arts  pédagogiques »

Aujourd’hui, il faut réintroduire cette dimension dans la formation des professeurs en mettant en place  dans chaque département, des  « écoles des arts pédagogiques », recrutant à  bac +2 pour les écoles primaires et les collèges, et la licence pour les lycées, des élèves-professeurs à qui on  proposera l’étude des disciplines nécessaires pour enseigner :  conduite de projet, animation d’équipe, gestion des situations conflictuelles, connaissances sur le fonctionnement du cerveau établi par les neurosciences, épistémologie des sciences éducatives, sociologie, sensibilisation aux différentes sortes de handicaps, utilisation et place de l’intelligence artificielle… en plus des  connaissances indispensables dans chaque discipline ou spécialité garanties par le diplôme  de départ. La formation s’étalerait sur deux ans. La première année consacrée à l’étude théoriques des savoirs et techniques, la seconde à des stages en classes d’application,  le tout étant validé  par un certificat final d’aptitude et de compétences pédagogiques. A notre  époque, nous avons besoin de professionnels hybrides autant enseignants que « développeurs sociaux ». L’encadrement dans ces « écoles des  arts pédagogiques » devra faire appel à un personnel trié sur le volet  et reconnu pour ses compétences : l’idéal serait qu’il sorte lui-même d’une « école nationale supérieure des arts pédagogiques » centrée sur les valeurs de la République laïque, une et indivisible, comme  les professeurs des écoles normales sortaient eux-mêmes de «  l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud ». On évitera ainsi les discordances qui existent aujourd’hui entre les Inspe selon l’université à laquelle ils sont rattachés.

Les méthodes du futur.

On ne redessinera pas l’école du futur  en l’appuyant sur les méthodes et inspirations de l’éducation (dite) nouvelle, issues du siècle dernier, type Freinet, Montessori et Cie , d’ailleurs condamnées par les  neurosciences comme improductives en matière d’apprentissage par  le cerveau. Cette école,  centrée sur la réussite scolaire devra  mettre l’accent sur le développement de  la personnalité de chaque élèves et sa capacité à donner du sens à ses apprentissages, à développer sa confiance en lui en même temps qu’elle lui donne les enseignements fondamentaux et lui transmets les  concepts de vie en société fondé sur la citoyenneté et le civisme.

De ce point de vue, l’enseignement professionnel, que le gouvernement souhaite revaloriser, ne saurait se limiter aux incantations habituelles, et se focaliser sur l’exigence d’une meilleure articulation entre la théorie et l’expérience, entre l’esprit et la main, en irriguant l’ensemble du système éducatif parce qu’en fait, cela concerne l’ensemble des enfants, quels que soient leur milieu social et leurs ambitions. De même, il faudra revoir le fonctionnement du collège qui perpétue de fait l’école à deux vitesses faute de pouvoir pratiquer la pédagogie différenciée.

On aura alors une chance de construire un système éducatif  de  l’épanouissement de la  personne et de la démocratie locale, partant de la démocratie tout court.

 


L’ABAYA, UNE VOLONTE DE SUBVERSION

Laicite

 

La France « une et indivisible ».

La  France n’est pas un  pays comme les  autres.  Depuis la révolution de 1789, elle est une « République une et indivisible », ce qui veut dire qu’elle ne reconnait  qu’une communauté : la  communauté  nationale faite de l’ensemble  de ses citoyennes et citoyens.  Pour éviter les tentations communautaristes, d’origine religieuse notamment, elle a ajouté  à sa définition le  principe  de laïcité, défini  par la loi de 1905 qui séparait à l’époque l’église et l’état, plus généralement les religions de l’état. Ce principe s’applique à  tous les lieux publics  et  a été reprécisé par la loi contre les signes  ostentatoires  d’appartenance, notamment  dans les établissements scolaires.  Quand j’étais   gamin, j’avais un insigne « cœur vaillant » cousu sur mon béret que j’étais obligé  de retourner afin qu’il ne se voie pas pour entrer  à l’école. Ce n’est  donc pas  nouveau. Ce qui valait pour mon écusson notoirement chrétien vaut aujourd’hui pour l’abaya !

Pourquoi l’abaya ?

Les  motivations de celles qui veulent porter l’abaya sont nombreuses et variées : il y a les filles musulmanes qui cèdent à la pression du foyer, dominé par le père et les fils. Il y a celles qui croient obéir à une règle imposée « par Dieu » au nom de la pudeur, alors qu’il s’agit d’une lecture rigoriste du Coran.  Comme pour le « foulard », il  y a  débat entre les musulmans.  Mais il y a aussi celles qui estiment faire leur devoir, c’est-à-dire défier la République et en finir avec l’unité laïque à l’école. Ce n’est pas anecdotique ; ce qui est en jeu, c’est l’unité de la République au sein de laquelle seraient créées des enclaves où les convictions religieuses l’emporteraient sur le principe de laïcité  et où s’appliqueraient d’autres lois que celles de la République. Ne soyons  pas naïfs, on sait bien qu’il existe des activistes qui veulent se servir de leur religion comme d’un outil  politique pour marquer leur influence.   

La  religion n’est pas  en cause.

Il y a  mille moyens pour les jeunes musulmanes de s’habiller en préservant leur pudeur sans avoir recours à une tunique qui est ostensiblement un marqueur communautaire. En France, la religion appartient à la sphère privée et se pratique dans les lieux appropriés qui ne sont pas remis en cause, sauf quand ils sont le lieu de discours politiques subversifs. Gabriel Attal a interdit l’abaya et son correspondant masculin, le kami, purement et simplement, ce qui a pour effet de clarifier le débat. Il est combattu par un concert de critiques, de la France insoumise et d’EELV, qui retournent contre lui sa propre argumentation : l’abaya serait en conséquence un signe, certes religieux, mais qui démontrerait l’aspiration à la liberté des jeunes musulmanes. L’interdire reviendrait à supprimer la liberté de cacher leur corps. Raisonnement qui relève du sophisme car elles brandissent leur liberté au nom d’un autre  logiciel qui n’est pas  celui de la République, ce que nos bonnes âmes islamogauchistes  se gardent bien de voir, par hypocrisie, obscurantisme idéologique et calcul électoral  démagogique.

Un phénomène minoritaire.

Rappelons tout de même que le phénomène reste  largement minoritaire : le Ministre de l’Education estime à 513 le nombre des établissements scolaires concernés. Le jour de la rentrée, environ 300 élèves ont  voulu enfreindre la consigne et seulement 67 ont refusé de se soumettre à la règle. Il n’empêche que la religion, affaire privée, tend à devenir publique et prosélyte. Les pouvoirs publics doivent combattre ces dérives avant qu’elles ne s’étendent – ce qui était en train de se produire - en s’appuyant sur la loi. Quand on chasse les promoteurs de la laïcité, on met en péril l’éducation des enfants, les principes d’égalité et de fraternité. Ces facteurs de division doivent être détruits de manière impitoyable avec les moyens qu’offrent les institutions. Ce qui n’empêche par de respecter les musulmans, de loin les plus nombreux, qui jouent le jeu républicain.

Pourquoi pas l'uniforme...

Autrefois, l'uniforme, c'était la blouse grise... Mais  pourquoi pas instaurer dans les écoles et collèges  le  port d'un uniforme, le même pour tous, dans toute la France  ! Cela réglerait le problème de l'abaya et aussi celui  de nos Perettes contemporaines  qui vont "légères et court vêtues", short minimal, seins moulés et ventre à l'air, souvent à la limite de l'outrage  à la pudeur. Un peu de bienséance ne nuirait pas !

 


EPICURE A LA PLAGE

épicure à la plage 2

 

Une présentation de la vie et de la pensée d'Epicure.

L'auteure retrace son parcours, dans une Grèce antique sur le déclin, de sa naissance sur l'île de Samos à ses enseignements à Mytilène puis à Lampsaque, en Asie Mineure. Elle décrit les grandes lignes de sa doctrine, basée sur une recherche des plaisirs immédiats, ainsi que sa conception du monde dans la lignée du penseur Démocrite.

Incroyable modernité.

L’ouvrage  d’Hélène Soumet a le  mérite de mettre la  philosophie à la portée  de tous. Elle met en lumière la pensée d’Epicure à travers les étapes de sa vie. On découvre surtout que la plupart d’entre nous a gardé une idée fausse faite de clichés : un épicurien ce serait un bon vivant, un gourmet avide  de bonne chère, voire un débauché. Grave erreur.  Le  sage épicurien est invité à jouir de tous  les  moments heureux qu’offre la vie s’il sait savourer chaque instant. En caricaturant, c’est le principe de la « première gorgée de bière » décrit par Philippe Delerm. Mais Epicure  va beaucoup  plus loin, il  milite pour  l’égalité des femmes avec les hommes, il condamne l’esclavage et dénonce  toutes  les superstitions et les religions au profit de la liberté intérieure du sage qui n’est esclave de personne. C'était  il y a ... 2 300 ans ! Un enseignement d’une incroyable modernité qui prône, dans la recherche du plaisir, une frugalité qui pourrait inspirer bien des écolos de notre époque.

Un penseur irrévérencieux et rebelle.

L'auteure nous propose dans son ouvrage de revisiter la vie et l'oeuvre d'Epicure en insistant sur l'importance de son oeuvre en son temps mais également dans la philosophie contemporaine. Michel Onfray s’en inspire.  Dans un monde chaotique, lors de la fin de l'hégémonie grecque, Epicure propose une conception scientifique du monde, conception atomiste suivant la pensée de Démocrite qui permet à l'homme de se débarrasser de tout obscurantisme. Délié de toute crainte et de toute croyance infondée, l'homme se recentre sur lui-même, mais pas au sens narcissique. Conscient d'être un condensé d'atomes perdu dans l'infini, d'être né par un hasard extraordinaire, conscient que la vie est quasi miraculeuse, l'Epicurien refuse l'hypothétique bonheur futur, évite l'ajournement de la joie, se réjouit de cette vie-là, de l'instant présent « ici et maintenant » et vit tel un dieu parmi les hommes.

Le parcours d’une vie.

Hélène Soumet commence par resituer le contexte historique avant de s'attaquer à la philosophie d'Épicure qui se construit à travers les étapes de sa vie de l’enfance à la vieillesse. Un cheminement qui permet de comprendre comment se construit la pensée du philosophe qui ne tarde pas à ouvrir, dans la tradition de l’époque, une « école ». On passe en revue la naissance d'Epicure,  le malheur des esclaves, les mortelles superstitions, on voit naître une folle théorie, avant qu’Epicure ne découvre  l’épreuve de la guerre. Puis ce sont les  écoles successives : Colophon, Lesbos, Lampsaque et le jardin d’Epicure. Un chapitre pour faire la part de l’Amour et de l’amitié et enfin la joie qui l'emporte sur la mort.

L’auteure  propose en fin de livre, une liste des personnages, un tableau des philosophes et une petite bibliographie bien utile pour ceux qui veulent aller plus loin.

Voilà un livre sans prétention, qui, comme le propose la collection promet « du plaisir dans un transat », et quand on est  face  à la mer, on rejoint Epicure … à la plage !

 


JOUR DU DEPASSEMENT …

Luc-ferry-1

... LA GRANDE IMPOSTURE !

                                           Par Luc Ferry.

Il s’agit, comme toujours avec le fondamentalisme vert, de stigmatiser les pays riches afin d’accréditer l’idéologie punitive selon laquelle nous ferions mieux de nous serrer la ceinture. Je ne résiste  pas au plaisir de vous  livrer  cette chronique de Luc Ferry dont je ne retrancherais pas un mot.

« Le jour du dépassement va tomber, cette année, pour l’ensemble de la planète (pour la France c’était en mai dernier), début août. Inventé par l’ONG américaine Global Footprint Network, ce jour est celui à partir duquel l’humanité est censée avoir consommé toutes les ressources non renouvelables que la terre est capable de produire en un an pour régénérer nos consommations ou absorber nos déchets. Passé ce jour, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves non renouvelables tout en accumulant les déchets. Il n’est pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que cette échéance n’a aucun sens. S’agissant de la capacité des surfaces terrestres ou maritimes à produire les ressources que nous consommons sur une année, tout dépend évidemment de l’état des sciences et des techniques utilisées. Un hectare de terre ne produit pas la même quantité de biens selon qu’il est cultivé avec des instruments agraires du Moyen Âge ou avec des biotechnologies modernes.

Comme le note la géographe Sylvie Brunel dans son excellent petit livre Le Développement durable (PUF, 2004), le concept d’empreinte écologique, qui repose sur la conversion des activités humaines en « hectares bioproductifs », est totalement fantaisiste: « Son calcul, qui méconnaît tous les acquis du progrès technique, repose sur des bases hautement discutables dont la caractéristique est de pénaliser systématiquement toutes les activités liées à la modernité. Quand une donnée n’entre pas dans son mode de calcul, l’empreinte écologique ne la comptabilise tout simplement pas, comme c’est le cas pour l’énergie nucléaire : impossible de calculer le nombre d’hectares bioproductifs nécessaires pour compenser l’énergie nucléaire. Donc, on n’en tient pas compte! Cela n’empêche pas ce référentiel farfelu de faire autorité. » 

De fait, les calculs de Global Footprint Network font chaque année la une des médias alors qu’ils mélangent tout et n’importe quoi.

Le concept d’empreinte écologique prétend en effet prendre en compte six indices: champs cultivés, zones de pêche, pâturages, forêts pour le bois, zones urbanisées et forêts pour la séquestration du carbone ( l’empreinte carbone ). Ce calcul suscite immédiatement deux objections.

Premier biais méthodologique : ces référents sont tous fondus en un seul au sein d’une nouvelle entité appelée « hectare global de planète » alors qu’il s’agit de sujets totalement différents : la surpêche, par exemple, n’a aucun lien avec la déforestation et les problèmes que posent ces deux sujets peuvent et doivent recevoir des solutions qui n’ont rien à voir entre elles. Les mélanger dans une seule unité n’a en réalité qu’un seul but : fabriquer une machine de guerre simpliste destinée à stigmatiser les pays développés afin de valoriser la décroissance, alors qu’à l’évidence, pardon d’y insister, tout dépend de l’état des techniques utilisées pour tirer parti de ces surfaces.

Mais le second biais est plus malhonnête encore : selon une étude publiée dans la revue Plos Biology, en novembre 2013, par six chercheurs dont l’éco-moderniste Michael Shellenberger, sur les six critères choisis, cinq sont à l’équilibre, voire en excédent, mais qui plus est, s’agissant du sixième ( l’empreinte carbone ), il est insensé de la mesurer à partir du nombre d’hectares d’arbres que la planète devrait compter pour absorber nos émissions de CO puisque tout dépend bien évidemment des modes de production d’énergie utilisés !

Si l’électricité produite par le nucléaire, qui n’émet pas de gaz à effet de serre et ne contribue donc pas au réchauffement climatique, était généralisée, le problème de l’empreinte carbone ne se poserait pas dans les mêmes termes que dans les pays où on utilise des centrales au charbon. Pas de malentendu: personne ne nie qu’il y ait une empreinte sur l’environnement due aux activités humaines, mais prétendre qu’on peut la calculer de manière globalisante à partir de ces six critères relève d’une imposture dont les arrière-pensées sont cousues de fil blanc.

Il s’agit, comme toujours avec le fondamentalisme vert, de stigmatiser les pays riches afin d’accréditer l’idéologie punitive selon laquelle nous ferions mieux de nous serrer la ceinture et de renoncer aux technologies sophistiquées afin d’organiser la décroissance. C’est ainsi que les pays plongés dans la misère, comme Cuba, l’Irak et le Nicaragua, où, comme chacun sait, il fait si bon vivre, sont présentés sans rire comme des modèles au nom d’une haine pathologique et irrationnelle du progrès.

Consternant ! »

 


APRES LA GRECE, L’ESPAGNE…

Liberté

 

Dimanche dernier, les Espagnols ont rejeté l’extrême-droite.

Vox est en recul et le Parti Populaire, arrivé en tête, ne parviendra pas à la  majorité absolue avec son apport.  De son côté, le  parti socialiste a  perdu des sièges  mais reste en position pour garder le pouvoir. Est-ce la perspective d’avoir une coalition PP-Vox qui a poussé les  ibères  à limiter la poussée du parti de Feijo ? On peut le penser.  En Grèce, Mitsotakis a gagné son pari en provoquant une nouvelle consultation : la droite est  sortie renforcée avec, cette fois-ci une majorité. Les extrêmes sont renvoyées sur  les  marges.  Et  en France, que peut-on espérer après la tempête ?

En France, la  situation est plus compliquée.

Le paysage qu’elle  offre après la tempête fait l’objet d’une remarquable analyse de Jacques Julliard dans Le Figaro du 10 juillet. Des deux côtés du spectre politique, c’est une course aux extrêmes qu’on observe, la poussée à droite répondant à la violence de l’extrême-gauche.

Selon lui, la gauche est devenue un « parti de déclassés » en abandonnant ce qui faisait son identité : la République et la  classe  ouvrière pour sombrer dans le populisme faisant une place particulière aux catégories sociales, jeunesse, femmes, immigrés… L’axe doctrinal perdu, il n’y a que Mélechon pour sembler préférer les « jeunes » à la « République » en donnant le ton à toute la Nupes, Fabien Roussel réussissant toutefois à sauver l’honneur. Même  face au chaos, la  gauche n’a pas su renouer son lien consubstantiel avec la République. Elle  continue de déserter ses propres électeurs ; ce  qui la condamne au naufrage.

Poursuivant son  tour d’horizon, il observe que le centre est devenu impuissant. Disposant d’une majorité relative, elle a pour chef un homme qui, bien que disposant de larges  pouvoirs, n’est  plus rééligible, un handicap rédhibitoire pour son parti  dans le contexte de la Vème. Pour les  Français, il n’incarne plus un avenir  et  son statut handicape son autorité.  C’est ce qui manque le plus à Emmanuel Macron. Ce qui fait dire  à Jacques Julliard, que, finalement, dans cet épisode  violent qui a permis de mesurer combien la frontière entre la civilisation et la barbarie était fragile, c’est l’absence d’autorité et non les lacunes de la police qui explique l’inexplicable. En conclusion, le centre, même élargi aux Républicains, ne dispose plus d’un leader incontestable, malgré les  Philippe, Le Maire, Wauquiez… .  Une vacance dans le leadership qui le condamne à l’impuissance.

La droite française profite du glissement de terrain. La  droite traditionnelle écartelée entre le centre et l’extrême, restent  les droites  extrêmes que se partagent en parties inégales le  RN et Reconquête ! qui, loin d’avoir nui au premier, lui a permis de se  recentrer  sans rien perdre de son attractivité  sur la partie la plus radicale de l’électorat de droite. Et  grâce au comportement de Mélenchon  qui refusait de condamner les émeutes dirigées contre les  bâtiments et les symboles  de l’ordre républicain, Marine Le  Pen classée comme antirépublicaine sinon fasciste, n’a eu aucun mal à s’en tenir à un discours strictement républicain, respectueux de l’ordre et  des institutions. Une démarche sur  laquelle elle  mise  pour lui ouvrir les portes du pouvoir. Comme dans tous les pays européens, à chaque occasion, il y a désormais, « une course  à la droite ».

On peut, certes, gloser sur les  difficultés des autres partis et trouver toutes sortes de raisons à leur déclin, mais il y a une constante qui ne doit pas  échapper à l’observation : le glissement vers  la droite  dans toute l’Europe, au-delà des circonstances particulières, a un facteur commun qui l’explique : l’immigration et l’immense  difficulté à la contrôler.

Une victoire RN n’est pourtant pas une fatalité.  

C’est ce que les scrutins grecs et  espagnols nous montrent. Même l’exemple de l’Italie peut nous être utile : Georgia Méloni n’a-t-elle pas eu comme première préoccupation de se recentrer pour rassurer  ses  partenaires européens et mener une politique habilement conseillée par Mario Draghi, notamment pour ne pas  perdre l’accès aux fonds européens. Marine Le Pen a eu tout faux sur le Brexit, nous a  annoncé cent fois la fin de l’Euro, tient sur l’Ukraine le même discours que le « narratif » russe (et pour cause) et en dehors du sujet de l’immigration, n’a que de vieilles recettes à proposer aux Français en matière d’économie et d’emplois qui ont toujours produit faillite et impuissance. Alors, puisque Macron ne croit pas aux coalitions, il est grand temps que Les Républicains reprennent toute leur liberté et passent à l’offensive. Puisque l’avenir est à droite, entre les deux  extrêmes droites, plus ou moins pétainistes, et  la droite moderne qu’ils  incarnent, le choix des  Français peut être vite fait. Il suffit qu’ils incarnent à nouveau et pleinement les trois mots qui font  la France et qui sont garants de son unité : la Liberté, l’Egalité et la Fraternité !

 

 


ELOGE DU BEAU

Renaissance

 

La laideur est partout.

Je hais cette époque dans laquelle nous vivons. La laideur et la vulgarité sont partout et j’ai l’impression que le  mal s’aggrave sous la pression des idéologies obscurantistes  vertes et déconstructionnistes. Tous les domaines sont touchés. Le  plus usuel qui nous concerne tous les jours, celui de la mode, est particulièrement concerné : vêtements troués, coiffure soigneusement ébouriffées… Avec l’été et la chaleur,  les corps se  dénudent et l’on découvre l’invasion des tatouages qui sont rarement jolis. Les  grands couturiers y mettent du leur et les défilés qu’ils organisent hésitent entre le disgrâcieux et l’improbable au point qu’on se demande s’ils « ont tout », comme aurait dit ma grand-mère.  Le domaine de l’art n’y échappe pas : les œuvres des artistes contemporains font un concours qui se partage entre farce et foutage de gueule : il ne suffit pas de planter un plug anal  géant place Vendôme ou de suspendre  un homard géant dans la merveilleuse galerie des glaces du château de Versailles pour transformer une provocation en œuvre  artistique impérissable. De même, notre époque contemporaine, qui voit  l’extension des villes, se vautre dans une architecture généralement terne qu’on  pourrait  qualifier de « caserniste » tant elle privilégie le fonctionnel, ce qui fit dire à Renaud, avec justesse, dans une chanson : « il est blême, mon HLM ». Le  modernisme n’a pas de modèle  de beauté. Il se complet dans l’ordinaire et le terne. Les entrées de villes sont emblématiques de cette laideur de boites à chaussures en tôles avec   comme enluminures  les panneaux publicitaires. Même les monuments qui se targuent de « gestes contemporains »  laissent souvent songeurs, et je peux comprendre le réflexe de Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Culture, qui a préféré qu’on reproduise la flèche de Notre-Dame à l’identique au « phallus surplombant des boules » que d’aucuns auraient voulu réaliser. Ces artistes (un bien grand mot) de l’art contemporain se  moquent du monde et ne croient  plus qu’en leur singularité de « créateurs », expression de leur « moi » surdimensionné. L’insignifiant  le cède  souvent à la  provocation. Et  voilà que nos espaces verts qui embellissaient de  leur parterres fleuris nos jardins urbains, sous la pression dite du « respect de la biodiversité », sont devenus des friches innommables remplies de chardons et de plantes peut-être naturelles mais  particulièrement disgracieuses. Double punition pour les citadins condamnés à vivre dans des espaces vulgaires et calamiteux. Recrudescence des allergies aux pollens garantie. Même le septième art est touché et je il  y aurait beaucoup à dire sur  la dictature des minorités  qui nous imposent des thématiques absurdes en guise de fictions. On ne rêve plus, on cauchemarde.

Je rêve  d’une nouvelle Renaissance.

Heureusement, nous avons notre patrimoine monumental et architectural, nos musées et  leurs œuvres indépassables pour nous replonger dans le beau, les splendeurs du passé.  Notre sensibilité peut enfin s’émouvoir et le goût se confronter à l’esthétisme. Nos contemporains  ont tout à gagner à renouer avec les Grecs et leur exigence sans cesse poursuivie de la recherche de l’équilibre, de la ligne harmonieuse, de la  proportion idéale. Le temple, grâce au nombre d’or, reste  à taille humaine, la statue se fait représentation parfaite du corps humain. Face  à une œuvre contemporaine, on a envie de crier : « Au secours, Praxitèle ! ». C’est en essayant de faire aussi bien que les tragiques grecs que Racine a su être lui-même. C’est en renouant avec l’inspiration première, la beauté du monde, à travers la représentation de la nature, que les artistes ont su se dépasser en se lançant le défi : puis-je faire aussi bien ? Pour cela il faudrait qu’ils renoncent à la subversion qui veut que l’art soit devenu une branche de la  société spectaculaire-marchande au lieu de proposer  le pas  de côté qui permettrait d’y échapper. Le plus beau moment de notre histoire n’a-t-il pas été celui où, encore pleine de la foi du Moyen-Age, notre Europe redécouvre le réalisme géométrisé des Grecs, instaurant un dialogue fécond avec les œuvres imprégnées du christianisme, pleines  de compassion et de douceur, du Roman et du Gothique. Le chemin parcouru jusqu’à nous n’est qu’une longue liste de chefs d’œuvres, accompagnée  par Les Lumières qui apportent leur dimension insurpassable, faisant que la raison ne pouvait se fonder que sur le savoir et le courage de l’acquérir.  L’individualisme forcené  qui guide aujourd’hui la conduite de beaucoup et l’obéissance à ses propres instincts plutôt qu’aux lois de la communauté que forme la République unie est exactement la situation à laquelle les Lumières voulaient arracher l’Homme prisonnier de sa minorité intellectuelle.  On préfère enfermer la population dans ses préjugés et son ignorance, s’étonnant ensuite de son inculture et de son abêtissement. Les  récents événements qui ont secoué la France en sont un parfait exemple et le débat  qui s’en suit n’échappe pas  aux  modes actuels de fonctionnement de notre société :   débat  public entravé par l’autocensure et même la censure, déni de réalité et, comme l’affirme Alain Finkielkraut, « malheur à celui qui ose dire ce qu’il voit ». En même temps, ce ringard de Tour de France offre à  nos yeux émerveillés, chaque jour, la   beauté de notre  pays, partout  elle se déploie, saupoudrant le  territoire de ses châteaux, de ses églises, de ses  bourgs, des ses paysages cultivés avec  amour, de ses forêts, en une grâce enchanteresse et nulle  part ailleurs la beauté géographique ne s’articule si bien au sceau de l’Histoire. Un bien joli lot de consolation commenté par l’intarissable Franck Ferrand. Les déconstructeurs ont du boulot ! Il est grand temps de tourner la page.

Revenons à notre projet  de civilisation. C’est dans la richesse de ce que le passé  nous offre de plus beau que l’on trouvera le chemin de la Renaissance.

 


LA REPUBLIQUE DEFIEE

Marianne pleure

 

Depuis des années, les refus d’obtempérer se multiplient à la faveur de l’indifférence ou même du défi que beaucoup de jeunes adressent aux forces de l’ordre. Ils font partie de  ce long cortège d’incivilités qui illustrent  la vie des « quartiers » : rodéos urbains, trafics en tous genres, courses  poursuites et haine de toute autorité… La peur du gendarme serait un sentiment désuet éprouvé seulement par les personnes plus âgées et qui aurait cédé la place à un héroïsme de pacotille méprisant les flics et le danger. Tout comme les  rodéos urbains, les dangers qu’ils présentent sont autant de permis de tuer le quidam qui aura le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Et c’est déjà  arrivé !  Mais dans ces cas-là,  aussitôt  la  « bien-pensance » hurle au « pas d’amalgame ». 

Alors que peut-on penser de ce qui s’est passé avec  la  mort de cet adolescent tué lors d’un contrôle par les gendarmes :  voilà un jeune de 17 ans, connu pour des faits délictueux, qui n’a même pas  peur d’un  policier qui l’enjoint d’éteindre son  moteur, arme au poing, et qui tente même de redémarrer, qui de surcroît conduit sans permis (et pour cause) et sans assurance, une voiture puissante…  Evidemment, il faut déplorer qu’il soit mort dans ces circonstances ? Il  appartiendra à la justice,  loin de la fureur des  médias et des  approximations auxquelles elle peut donner lieu, d’établir les faits et les responsabilités. Ce  fait dramatique illustre  pourtant bien la société dans laquelle nous vivons : car le même adolescent aurait bien pu  lui-même causer une  mort par son comportement hors-la-loi. Dans certains quartiers, vous, moi, êtes à la merci de ce type de « citoyen ». Le comportement de jeunes, le désordre auquel ils contribuent, les incidents sérieux qu’ils provoquent sont inacceptables. En quelques années, ce sont des centaines de refus d’obtempérer et des dizaines d’incidents graves qui ont été enregistrés. Il faut mettre un terme à cette dérive.

Inévitablement, l’affaire à très vite pris un tour politique, la gauche exigeant que les méthodes policières fassent l’objet d’une révision de fond en comble et la France Indigne par la voix   de son leader minimo pouvait reprendre son antienne : « La police tue ». Sandrine Rousseau proclamait avec raison « qu’on ne doit pas  mourir pour un refus d’obtempérer », oubliant au passage les  morts qu’ils  ont  pu causer, et il y en a eu. Le plus grave  c’est que plus globalement, ces leaders de partis  ont refusé de  joindre leurs voix aux appels à l’apaisement. Pire, Mélenchon a même fait un tri dans les  institutions et bâtiments publics que les émeutiers doivent épargner.  Qu’espère-t-il ?  que le  grand soir arrive  et détruise cette République qu’il  hait. Quant à la droite qui réclame le respect  de l’ordre républicain, elle est dans son rôle. Les émeutiers  en culotte courte  finiront bien par  rentrer à la maison, mais il  faut cependant s’interroger sur qui les a commandités, qui les a pourvus en munitions, et comment on en est arrivé à tant de haine de la France. Force restera à la loi et à la République. Cela dit, je trouve les  conseils de l’ONU  bien malvenus, l’organisme mondial ferait mieux de se préoccuper  des  graves crimes contre l’Humanité perpétrés  en Ukraine par la Russie, en l’excluant du Conseil de Sécurité  et je me contenterai de rappeler à l’Iran qui  ose donner des conseils en matière de répression :  « combien de morts ? ». Quant à ce que pense la France profonde de ce malencontreux épisode, le volume des « cagnottes » en dit plus long que des  mots. Je ne traduirai pas pour ne pas m’exposer à la vindicte des  détenteurs de la morale officielle.

Il y aurait beaucoup à dire  aussi sur l’influence et l’utilisation des réseaux sociaux qui facilitent et contribuent à l’extension des territoires soumis  aux agissements des délinquants.  On apprend que le mouvement a même débordé  en Suisse : faisant écho aux événements et émeutes qui font rage en France, plus d'une centaine de jeunes se sont rassemblés au centre-ville de Lausanne et ont causé des déprédations sur les commerces. « Sept personnes ont été interpellées » affirme la police de Lausanne dans un communiqué,  six adolescents et un adulte ont été arrêtés. Là encore, il y a  matière à méditer.

C’est une tragédie qui n’aurait jamais dû arriver, mais voilà, il y a parfois des concours de circonstances … Il va falloir pourtant en supporter les  conséquences : je pense à tous ces commerçants pillés, ces immeubles publics détruits, ces transports en commun carbonisés, ces voitures brûlées et tout ce  mobilier urbain qu’il  va falloir remplacer. Encore une fois,  la facture va être lourde  et peser sur des budgets déjà tendus. On espère que  ceux  qui  ont été arrêtés ne s’en tireront pas,  comme d’habitude, à bon compte.  Ce serait  trop  facile et  un encouragement à recommencer.

Rendez-vous devant la mairie à  midi ! La République aura le dernier mot !

 


DURA LEX, SED LEX !

Conseil_constitutionnel

La  page est  tournée, enfin !

La réforme des retraites est définitivement sur les rails. La proposition de loi du groupe LIOT n’avait aucune chance d’aboutir. L’article 40 de la Constitution interdit à une nouvelle loi de priver l’État d’une source de financement si elle n’est pas compensée par une autre recette. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, a donc pris ses responsabilités puisque le Président de la Commission des Finances, le LFI Coquerel avait cautionné à tort le  projet. Devant l’annonce du blocage, messieurs De  Courson et Pancher se sont donc résignés à retirer leur projet, qui plus est, vidé de sa substance  puisque l’article visant au retrait de la mesure d’allongement à 64 ans   avait été censuré en commission. On notera  au passage que la technique poutinienne du mensonge et de l’inversion des rôles a  fait des petits et que  le groupe de La France Indigne utilise la même rhétorique : le  blocage démocratique qui  empêche de débattre c’est les autres, eux qui l’ont empêché par l’accumulation des  amendements et leur attitude forcenée transformant la Chambre en « Zone à Délirer », avec Mme  Panot et M. Bompard dans leur meilleur jeu . La vraie démocratie, c’est celle qui respecte les  règles et les institutions et la Présidente de  l’Assemblée a bien joué son rôle. Permettre le débat sur cette  loi, c’était créer  un dangereux précédent. La « Loi est  dure, mais c’est la Loi ! »

Idiots utiles.

On se demande bien ce qu’ont  pu chercher Messieurs Pancher et De Courson. Surtout ce dernier qui nous avait habitués à plus de rigueur intellectuelle et financière. Avec leur  motion de censure, heureusement rejetée, et leur projet de loi, ils ont attiré  les feux de la rampe. Grand bien leur face.  Ils ont surtout été les « idiots utiles »  des extrêmes de l’Assemblée qui n’en demandaient pas tant. Ils  ont surtout été à l’origine d’une agitation démagogique et inutile qui discrédite un peu plus  la représentation parlementaire, car  ils savaient pertinemment que  leur projet de loi n’avait aucune chance d’aboutir. S’il avait été adopté par l’Assemblée, le Sénat n’aurait pas suivi. Si le Sénat l’avait voté aussi, ce qui aurait été bien improbable, le Conseil constitutionnel aurait invoqué l’article 40 de la Constitution. Il est urgent de travailler dans un climat plus serein, il y en a assez de cette pantomime de marionnettes dont les ficelles sont tirées par des Machiavel. Les opposants à la réforme ont épuisé le vocabulaire lié aux dictatures. Ils n’auront plus de mots pour décrire Poutine ou Xi Jinping. Il ne fait pas de doute que l’initiative des Liot a contribué à l’hystérisation des débats. Ce faisant, M. de Courson ne travaillait pas pour l’intérêt général, il voulait marquer un « coup » historique. Et il l’a fait en diffamant le gouvernement qu’il a accusé, bien sûr, d’être autoritaire, dominateur et anti-démocratique, de prendre des mesures illégales alors que ce sont leurs initiatives qui l’étaient. Peut-être sont-ce les inquiétudes du déclin et de la fin d’une carrière qui le motivent …

Poursuivre  les réformes.

Le président de la République et la Première ministre ont remporté plusieurs victoires d’étape et la réforme aura bien lieu, puisque la loi a été   promulguée et que  les  premiers décrets d’application sont parus, ce qui ouvre la voie à d’autres réformes. Certes, la bataille, finalement perdue par les oppositions, laissera des traces dans une opinion mécontente. Mais la potion amère n’est désagréable qu’au  moment de l’avaler. Les Français finiront par s’habituer à la réforme,  comme pour  toutes  les précédentes. Il appartient au gouvernement de s’emparer des sujets que la loi n’a  pas traités ou insuffisamment et proposer qu’elle soit complétée par des mesures sociales pour des catégories de gens qui s’estiment menacées.

Encore un épisode bien inutile qui se termine dans la confusion  pour ses protagonistes. Puisse la leçon servir pour la suite  …

 


TOUT CE QUI EST EXCESSIF…

Archibald en colère

 

Sarko, le feuilleton…

Le Tribunal en appel a tranché :  Nicolas Sarkozy est condamné  à 3 ans de prison dont un ferme ainsi que le  juge  Azibert et son avocat, Maitre Herzog, pour « trafic d’influence ».  Inutile de revenir sur l’affaire, à partir d’une écoute téléphonique très  contestable sur une autre affaire, dont le condamné n’avait pas connaissance évidemment, le  PNF a capté un  message aussitôt exploité.  Le trafic d’influence pour lequel il y a condamnation n’a donné  lieu à aucune démarche, aucune rétribution, aucune contre-partie. Inutile de commenter un jugement de justice,  sa sévérité  en regard des faits en dit tout. Ce qui est excessif est insignifiant. On comprend que les intéressés se pourvoient en cassation. Plus politiquement, il y aurait lieu de s’interroger sur l’existence de ce  PNF mis en place  par François Hollande et sur ses méthodes quasi inquisitoriales. Quel quidam ne serait pas tenté de penser à une justice orientée ?

L’arnaque de LIOT.

Dans la même veine de l’excès, la proposition de loi du groupe LIOT  à l’assemblée nationale, ultime tentative de barrage contre  l’application de la loi sur la réforme du financement des retraites. Ce groupuscule animé par deux  électrons libres  pour ne pas  dire irresponsables, Bernard Pancher et l’ineffable Charles de Courson, compte rassembler toutes les oppositions pour tenter de trouver  une majorité pour voter un texte qui devrait, en toute logique, être irrecevable puisqu’il veut abroger une  mesure qui privera l’Etat de 15 milliards d’euros de recette, sans en prévoir la  compensation, ce que le règlement de l’Assemblée nationale interdit. Sans compter sur le fait que cette proposition n’a aucune chance d’être examinée par le Sénat au moins avant l’automne et encore moins d’être votée. Alors à quoi sert cette initiative sinon à prolonger l’agitation dans le pays. Moi, j’appelle ça la dictature des  minorités et pouvoir de nuisance.

Alerte sur la démographie.

La France  va se retrouver en première ligne. C’est une alerte lancée par les agences de notation. Elles s’inquiètent des finances publiques des pays développés, du fait de la démographie et du poids des retraites. Avec la chute des naissances, et donc de la population active, et l’allongement de la durée de la vie, la charge des retraites va mener les dépenses publiques dans le mur. Inévitablement les déficits vont déraper et donc les dettes vont suivre. Et un dérapage des dettes avec des taux élevés provoquera inexorablement une dégradation des notations des pays, avec  à la clé  la hausse des taux d’intérêts. Sans compter le coût de la santé :  une population beaucoup plus âgée est plus consommatrice de santé publique. Si  bien que les agences de notation prévoient que la combinaison du poids des retraites, du coût de la santé et des taux d’intérêt élevés va provoquer un cocktail explosif pour les finances publiques. La part de la population des plus de 65 ans dans les pays développés, mais aussi en Chine, va passer de 20% aujourd’hui à plus de 30% en 2050. Et selon S&P, la dette de la moitié des pays développés sera considérée comme pourrie d’ici 2060, du fait du poids de la charge. La France, pire élève, est très mal placée évidemment. Et le déficit des États les plus dépensiers pourrait dépasser les 9% du PIB dans le même temps, du simple fait du vieillissement de la population. Pour les agences de notation, il faut des réformes urgentes sur le financement de la retraite et sur la durée de cotisation. Tiens donc ! Quand on voit ce qui s’est passé en France, on a du mal à imaginer qu’on va pouvoir passer l’âge de la retraite à 70 ans… Ou qu’on va s’attaquer, enfin, aux régimes spéciaux. Et pourtant, plus on attendra pour agir, plus ce sera douloureux. Il va falloir travailler plus longtemps, il va falloir cotiser plus, et les retraites seront encore moins élevées qu’aujourd’hui. Une seule solution, le recours à la capitalisation. Encore un gros mot ! Nous voilà prévenus.

Pour terminer, le gros mensonge de Laurent Berger dans le JDD : il considère toujours que la réforme n’a pas été votée  par  l’Assemblée nationale, avec  le 49-3. Il oublie que la motion de censure qui a suivi a valeur de vote  favorable  en étant repoussée !

 

 


HALTE A LA TERREUR DES PASTEQUES !

Manif lycéenne

 

Il  se disent verts, écologistes, mais en réalité sont bien rouges, d’ultra-gauche et d’extrême-gauche.  Leur violence et leurs actions de sabotage ne cessent d’augmenter.  Il faut y mettre fin.  La démocratie  doit se  défendre.  En  commençant par  mettre  hors d’état de  nuire leurs  commanditaires et ceux qui appellent à la violence et à la désobéissance civile et en menant une action tous azimuts contre leurs vecteurs d’action et de moyens : réseaux sociaux, soutiens identifiés  … Ces « black-blocs » qui viennent paraît-il de toute l’Europe, il y a  bien quelqu’un qui les finance !

Et d’abord je ne comprends pas que des médias  de  renom  invitent Jean-Luc  Mélenchon à venir proférer ses mensonges, ses contre-vérités et ses appels à l’insurrection, avec complaisance sur leurs plateaux. On sait ce que l’admirateur de Chavez nous réserverait si, par malheur, il prenait le  pouvoir : une population sous surveillance généralisée, les opposants arrêtés et torturés ou éliminés, et une police au service  de son idéologie mortifère bien pire que nos CRS  et gendarmes républicains. D’ailleurs les mesures d’audimat signalent que l’audience chute drastiquement dès que ce sinistre individu, imbu de lui-même, apparaît à  l’écran. Je ne comprends  pas non plus ce que les  écolos autres que Tondelier  et Rousseau, et les PS  continuent de faire avec LFI.

L’écologie radicale  et  les partisans de Mélenchon sont les activistes du désordre  et de la violence. Sous couvert de défense de l’environnement ils n’ont en réalité d’autre obsession que de s’en prendre au capitalisme par tous les moyens et  de provoquer  la décroissance et la destruction des entreprises tout en faisant la  chasse aux riches. Mélenchon y ajoute sa touche de délire révolutionnaire dans  lequel il a  entraîné la gauche. Toute  son action   révèle  la nature du personnage :  telle un  « leader maximo »,  le « Grand Insoumis » rejette sa défaite  à l’élection présidentielle et la  légitimité  parlementaire, appelle au soulèvement tous  les quatre matins et justifie toutes les exactions y compris les plus  intolérables. Ses aboyeurs à l’Assemblée nationale empêchent tout débat serein et sabotent la démocratie. 

Nous avons vu samedi à Saint-Soline, après les saccages de nos villes, ces hordes de voyous entraînés  comme  des  milices, mener une attaque avec une violence ahurissante contre les forces de l’ordre.  On ne me fera  pas croire que  la seule présence de  celles-ci  a pu motiver ces exactions.  On ne vient pas se promener à la campagne, tranquillement, comme le suggère Mélenchon, avec un sac à dos plein de pavés et muni d’un coktail molotov. A d’autres ! Dans n’importe quel pays démocratique digne de ce nom, ces faits susciteraient une réprobation et une indignation  unanimes. Or,  nous voyons Marine Tondelier, Sandrine Rousseau, Jean-Luc Mélenchon émettre des propos qui excusent l’indéfendable. Non, on ne renvoie pas gendarmes et  barbares dos à dos. En réalité, ces gens-là et leurs affidés sont les fossoyeurs de  la République ; ceints de leur écharpe tricolore, ces élus prônent la désobéissance civile puisque participant à une manifestation non autorisée, et leur comportement  appelle ouvertement à la sédition. Pour cela ils  mériteraient d’être poursuivis.

La nouvelle manifestation contre le projet de loi de réforme des retraites organisée ce 28 mars va être  encore une occasion pour les « casseurs » de mettre la terreur dans nos villes. Leurs exactions n’ont aucun rapport avec le sujet : ils viennent pour casser, pour blesser, pour tuer des policiers et des gendarmes ; leur objectif n’a rien à voir avec la réforme des retraites, leur objectif est de déstabiliser nos institutions républicaines et de mettre la France à feu et à sang. Le service d’ordre des syndicats risque encore d’être  débordé et il va revenir aux policiers et gendarmes, encore une fois de les  empêcher de nuire. Alors, n’écoutons pas ces députés LFI qui exigent qu’on supprime les brigades motorisées, trop efficaces  à leur goût. Il s’agit, encore une fois, de ne pas laisser s’installer la loi du plus fort et la  barbarie. 

Quant au soi-disant « comportement responsable »  des syndicats, j’ai envie de  sourire. Ils  sont dans une attitude de blocage depuis  le départ, annonçant que le recul de  l’âge de départ  n’était pas négociable. La radicalisation,  c’est d’abord eux. C’est d’autant plus inacceptable que le contenu de la loi comporte de  nombreux progrès à côté de la mesure d’âge qui s’avère inévitable si l’on veut maintenir la pérennité  du régime par répartition. Le chantage de  Laurent Berger sur la « pause » est d’autant plus malvenu.

 


ECHEC … ET MAT ?

Gaulois2

 

Macron n’a rien compris !

Les syndicats et les oppositions ont riposté à l’interview d’Emmanuel Macron par un jugement méprisant : il n’a rien compris. En réalité, il s’agit d’une grave erreur d’analyse. Le Président a compris qu’il était en minorité ; il a compris que le vote de la loi par l’Assemblée nationale n’était pas sûr et il a préféré utiliser le 49/3. Bref, il a compris qu’il fallait un peu forcer le destin. Qu’aurait-il donc dû faire ? Se rendre en rase campagne aux forces de la contestation alors que la Constitution lui offre les moyens de résister ? Il a compris qu’il est impopulaire et il a déclaré sans nuances qu’il préférait cette impopularité à l’abstention. Et d’ailleurs quelle confiance accorder à des sondages qui affirment que 2/3 des Français sont contre sa réforme quand on voit les questions posées : vous en connaissez des gens qui répondrait oui à la question « voulez travailler deux ans de plus ? ».

Macron assume.

Il a bien compris qu’il est personnellement rejeté par le peuple au même titre que sa réforme honnie. Il a compris aussi qu’il  est  victime du raz-de-marée démagogique mis en place par des partis qui ne  voient pas plus loin que leur intérêt  existentiel et le maintien de leurs privilèges Il a surtout  compris que s’il montrait le moindre signe de faiblesse, ses adversaires auraient cherché à l’achever, en bons requins qu’ils sont. Il ne risquait donc pas de s’attarder sur ses propres erreurs ni de se livrer à un mea culpa dont il aurait dû ensuite tirer la conséquence logique en affaiblissant un peu plus  l’exécutif. Oui, il est en danger, oui, il est vulnérable comme aucun président de la Vème ne l’a été avant lui.  Et du moment où il ne peut pas se présenter pour un troisième mandat, toutes les forces de la contradiction se sont liguées pour l’abattre.

Non rééligible, c’est sa force.

Il ne peut pas se présenter à nouveau, c’est une force. Il n’a rien à cacher, il s’est présenté brut de décoffrage, blessé, déçu par le peuple versatile qui l’a réélu il y a un an et qui, aujourd’hui, contrairement à toutes les lois, exige qu’il « dégage ». Enfin, ce n’est que  l’écume du peuple. En profondeur, en est-on certain ? Comme un judoka, il a utilisé la violence de la contradiction pour faire chuter l’agresseur. Après, on a cru comprendre qu’il n’avait rien compris, alors que, en vérité, il a tout compris. Il savait bien que les risettes et les vains efforts de séduction ne feraient pas le poids. Ses adversaires semblent triompher après la manifestation  d’hier, mais à quel prix ? En réalité, ils sont en échec, et ils le savent. Si le conseil constitutionnel valide la loi, ils n’auront plus que la violence à leur disposition. Ils sont dans une impasse. Car ils n’ont rien de crédible à proposer pour résoudre  le problème posé. Mélenchon le  sent bien qui radoucit son discours.

Une image  déformée du pays.

L’importance des cortèges, la radicalité des discours des  manifestants répercutées à tous les échos par les médias omniprésents attirés par le spectacle du sang et du feu, n’arrivent pas à cacher la  France profonde  qui continue  à travailler : même pas  25% de grévistes dans l’Education, naguère bastion syndical, 15% dans la fonction publique d’Etat, 25% chez les énergéticiens … Et tous ces Français qu’on emmerde avec la pénurie à la pompe et qui ont besoin de carburant pour bosser ou qui galère pour attraper un train ou un métro. Le pays n’est pas à l’arrêt et Fabien Roussel  se ridiculise en appelant au blocage total, se croyant à l’époque de Maurice  Thorez et oubliant qu’il  a contre lui le  télétravail …

Force doit rester à la loi.

Je ne suis pas devenu macroniste, loin de là. Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre.  Entre la chienlit des incapables et le courage de réformer  parce que c’est incontournable, il n’y a pas photo. J’ai entendu tellement de mensonges et de contre-vérités sur cette réforme que ce serait une calamité que de laisser ceux qui les profèrent l’emporter. Je sais aussi que si le Président tient bon c’est qu’il n’a pas  d’alternative pour le « en même temps ».  Après le « quoi qu’il en coûte », la France est le dos au mur financièrement. On peut penser ce qu’on veut de lui, il faut reconnaître son courage et même son sacrifice, bien qu’il n’ait rien à perdre. Dans son intervention, il a voulu rappeler de quels instruments on ne peut pas priver un président en exercice. Il a eu raison de faire référence au sac du Capitole : c’est l’objectif des émeutiers et ils ne l’ont pas caché. Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas appelé à l’insurrection ?

Mais ce qui est le plus étonnant dans toute cette affaire, c’est l’inquiétude des jeunes pour leur retraite, comme si, dans les années qui viennent et avant qu’ils y arrivent, il n’y aurait pas d’autres réformes. Surréaliste ! Ils vivront peut-être plus de cent ans et devront cotiser jusqu’à 70 ans. Que voulez-vous, c’est la France d’aujourd’hui : une jeunesse qui compte les jours jusqu’à la retraite, comme s’il n’y avait aucun épanouissement dans le travail. Oui,  le  prochain chantier urgent, c’est celui de la réhabilitation de la valeur travail ! Le mandat est de cinq ans et oui, il y a  encore à faire. Macron est encore le chef d’orchestre et il force les musiciens, disciplinés ou non, à jouer sa partition. Le classique contemporain produit un résultat chaotique. Bah, on y est habitué depuis que la mode est de tout déconstruire.

 


GENERATIONS LAGAFFE !

Société lagaffisée

M’enfin !

Scandaleux, on veut me faire travailler deux ans de plus ! Et pourtant, il y a de grandes chances  pour que ce ne soit pas fini. Parce que cette réforme, comme les précédentes n’est qu’une étape pour équilibrer provisoirement les  comptes du financement des retraites. Il faudra y revenir tant que nous n’aurons pas éclusé les générations baby-boomers qui séviront jusqu’en 2050,  avec un pic de retraités  entre 2030 et 2040. Et à cause, en parallèle d’une chute de la natalité qui ne permet pas de financer aussi confortablement le principe de répartition qui veut que ce soient les actifs qui paient en direct  pour ceux qui jouissent de leur fin d’activité. Qui est  prêt à l’abandonner ?  Personne  évidemment.  Voilà le paradoxe.  Et  comme  en plus, nous sommes le  pays où  le temps de travail est  le plus court, aussi bien mensuellement qu’annuellement, la  seule solution c’est d’allonger la carrière de chacun pour faire face à  l’allongement de la vie qui fait se cumuler le chevauchement des pensions sur des périodes bien plus longues qu’autrefois. Tous ceux qui vous démontrent que d’autres solutions de financement existent mentent !

Les bras m’en tombent.

Alors quand j’observe que près de 70% de notre bon peuple soutient les mouvements de protestation, sont compréhensifs avec ceux qui les prennent en otage et  demandent le retrait du texte, je me dis que nous sommes tombés bien bas en niveau de conscience civique. La  facilité consisterait à dire : « Les Français ne comprennent pas ! » (ou ne veulent pas comprendre).  En vérité, « ils n’écoutent plus ».  On en revient toujours au même :  les médias ne jouent pas correctement leur rôle d’informateurs, trop préoccupés  d’attirer  le chaland dans la  concurrence féroce qu’ils se livrent, ils  font appel à des plateaux contradictoires où l’on trouve à boire et à   manger, info et désinfo, vérités tronquées et contre-vérités, si bien, qu’à  moins d’être soi-même très documenté, il est très difficile de se faire une opinion. Par exemple, aujourd’hui,  le thème qui revient en boucle porte sur les députés LR et le 49-3 ou le vote, avec commentaires sortis de derrière les fagots  et suppositions… L’idéal étant de créer un climat bien anxiogène, alors que ce n’est pas le sujet principal  qui est le contenu du projet sur lequel se sont mis d’accord députés et sénateurs. Je parie que la loi sera votée. Les quelques députés LR qui s’apprêtent à voter contre se couvriront de honte  et mériteront d’être battus à  la prochaine  échéance électorale. Car, ne l’oublions pas, une fois votée, personne ne reviendra sur cette réforme,  ils se seront reniés pour rien.  

Les syndicats font  fausse route.

Certes, on  est en année électorale syndicale.  La surenchère est à l’ordre du jour, et la  CGT de Martinez et les syndicats gauchistes sont à la manoeuvre dans ce qu’ils excellent : le  pouvoir de nuisance. Ils  aiment jouer à la révolution pour de faux, ils ont le sentiment d’exister et de mettre enfin cette société libérale et capitaliste en difficulté… Même  pas.  En ces temps d’inflation, en dehors des pros de la grève et des secteurs de la fonction public habituels, , les  grévistes ne sont pas légions et le télétravail est bien commode  pour sauter les jours de galère dans les transports, car, les journées non payées pèsent à la fin du mois. Surtout, les organisations syndicales, s’appuyant sur les sondages qui n’ont aucune légitimité démocratique, excèdent les  limites de leur représentativité en prétendant parler au nom de tout le pays. En fait ils ne parlent pas au nom du peuple comme pourrait le faire un parti politique avec ses élus. Leur  légitimité vient d’élections professionnelles où moins de 40% des salariés jugent utiles de voter pour eux.  Et on peut ajouter qu’ils ne défendent pas forcément l’intérêt général, étant porteurs d’intérêts particuliers qui sont  leur raison d’exister. La meilleure  preuve  en est que les plus virulents sont ceux qui ne sont guère concernés par le projet de loi, bénéficiant eux-mêmes de régimes particuliers dits « spéciaux ».  Se ranger derrière les bannières syndicales, comme ils ne proposent pas  de projet alternatif crédible, c’est mettre en danger l’équilibre fragile entre démocratie politique et démocratie sociale, le  primat devant rester à la première. Pourtant c’est bien ce que cherche M.  Martinez quand il prétend continuer la contestation même si la loi est votée et aussi M. Mélenchon qui, sans hésiter, appelle  à un « coup de  force », ce qui relèverait  de poursuites devant les tribunaux pour incitation à la violence et au désordre public ou même « complot contre la République » !

Travail  en chaise longue.

Il  n’en reste pas moins que la  crise sanitaire a révélé au grand jour les aspirations dans l’air du temps d’un grand nombre de salariés, et souvent les jeunes, au travail « en chaise longue », une conception,  dopée à « l’Etat-nounou », qui privilégie les RTT et le temps pour soi. Comme si Lagaffe était devenu un modèle de société. Ils reprochent aux boomers d’avoir  acquis  richesse et patrimoine  en oubliant que ceux-ci ont travaillé dur  pour les obtenir. Alors, toi, lycéen ou étudiant, qui descend dans la rue pour refuser de travailler jusqu’à 64 ans alors que c’est  peut-être bien plus qui t’attend,  toi qui vivras  probablement  plus de cent ans, j’ai deux conseils à te donner si tu veux encore bénéficier de la « répartition » : bosse pour cotiser et fait au moins deux enfants pour assurer ta retraite. Bah tiens !

 


PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS…

Forêt

… Pendant que le ChatGPT n’y est pas !

En faisant appel à deux neuroscientifiques, Gaspard Koenig pose la question : entre tech et nature, de quel régime notre cerveau a-t-il besoin ? La réponse est implacable. Je vous livre sa réflexion publiée dans Les  Echos.  Un vrai régal ! Des préconisations que je vais mettre en pratique pour la marche en forêt, étant par ailleurs sobre en consommation d'écrans.  Et je vous invite  à  en faire autant. 

 

« Je ne vais pas sermonner le lecteur sur l'importance vitale des forêts, les meilleures fermes photovoltaïques jamais inventées. Je ne vais pas ouvrir le débat, largement abordé lors des dernières Assises de la forêt et du bois, sur la proportion inquiétante des plantations mono-essence, plutôt des usines à bois que des forêts. Je ne vais pas non plus dénoncer, après bien d'autres, la tartufferie écologique omniprésente. J'aimerais simplement, en faisant appel à deux neuroscientifiques, poser la question suivante : entre tech et nature, de quel régime notre cerveau a-t-il besoin ?

La constitution d'un jugement autonome

Les effets du régime tech sont évidents. Dans son essai désormais classique, « La Fabrique du crétin digital », Michel Desmurget, directeur de recherche à l'Inserm, analyse la débilitation que provoque la connexion quasi perpétuelle aux écrans : troubles de l'attention, perte de la capacité de mémorisation, anxiété pathologique, conduites à risque, déficit de sommeil, diminution des interactions sociales, autant de constats bien documentés qui obèrent le développement du cerveau de l'enfant (expliquant la baisse du QI moyen) et polluent celui de l'adulte. Selon le rapport annuel de We Are Social, les internautes français ont passé en moyenne 5 h 30 en ligne par jour, dont 1 h 45 sur les réseaux sociaux… Je ne peux que conseiller, comme je le fais moi-même, de réserver dans sa journée de larges plages de temps déconnectées ou, tout au moins, épargnées par les sollicitations (ni mails, ni infos, ni téléphone). L'esprit en sort frais et rasséréné.

Signe que le sujet commence à inquiéter, le législateur a décidé de protéger les mineurs, conformément au rôle émancipateur de l'Etat. Deux propositions de loi sont aujourd'hui examinées par le Parlement, l'une portée par la députée LREM Caroline Janvier pour prévenir l'exposition excessive des enfants aux écrans, l'autre par le député Horizons Laurent Marcangeli pour introduire une « majorité numérique ». Ayant défendu moi-même l'interdiction des réseaux sociaux au moins de 16 ans, je ne peux qu'approuver (pour une fois) cette tentative de régulation. Laissons une chance à la constitution d'un jugement autonome, fondement d'une société libre.

Les bienfaits de la forêt

Les effets du régime nature sont, quant à eux, moins bien connus. Il faut donc lire Michel Le Van Quyen, directeur de recherche à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière, qui consacre son dernier ouvrage, « Cerveau et Nature », à vanter les bénéfices du contact avec la nature pour notre développement neuronal. Silence des montagnes, immersion dans l'eau, contemplation des couleurs naturelles, bruits de la mer : ces émotions universellement partagées sont étudiées au prisme des dernières recherches neuroscientifiques. La marche en forêt est particulièrement recommandée. L'activité parasympathique, qui régule la détente, y connaît une augmentation de 100 %. Les molécules phytoncides émises par les arbres renforcent le système immunitaire (au point de contribuer à prévenir le cancer). La zone du cerveau responsable des pensées obsessionnelles, le gyrus cingulaire antérieur pour être précis, se calme : on rumine d'autant moins qu'on se laisse gagner par les sensations environnantes.

Voilà pourquoi les Asiatiques ont érigé les bienfaits de la forêt en politique de santé publique. Le bain de forêt, le fameux « shinrin-yoku », est pratiqué au Japon depuis les années 1980, le pays s'étant même doté de « forêts thérapeutiques ». La Corée du Sud a adopté en 2015 une « loi sur la promotion du bien-être forestier ». Si les promenades en forêt n'étaient pas gratuites, elles devraient être remboursées par la Sécu ! Nous sommes encore loin de cette approche dans un pays capable d'interdire les promenades en forêt durant le confinement…

C'est en rééquilibrant le régime quotidien auquel notre cerveau est soumis que nous retrouverons, en plus de notre bonne humeur, notre sens critique. »

                                                                                                                                    Gaspard Koenig

 


L’OPINION SE MEURT, L’OPINION EST MORTE !

Bagarre_village_gaulois

 

Bien informé, bien dans la vie.

Avec le titre parodiant la célèbre phrase de Bossuet, j’ai voulu montrer l’urgence d’enrayer le mal qui ronge notre temps et met tout droit la démocratie en danger : devant la marée des infos, les gens ne savent plus qui croire ni que croire, ont tendance à se désintéresser de l’actualité et se sentent, toujours plus nombreux, incapables  de se faire une opinion sur les aléas du monde qui les entoure et sur ceux qui le  gouvernent.  Or nous vivons dans une société de citoyens dont le pouvoir, construit collectivement, repose sur la capacité à se faire chacun son propre jugement pour ensuite exercer des choix qui peuvent être décisifs. Il est donc  primordial d’être « bien informé ».

Overdose informationnelle.

Une enquête récente menée notamment par Arte et la Fondation Jean Jaurès, constate que 53% des  Français souffrent de « fatigue informationnelle » et 38% de façon aiguë. Elle touche tout particulièrement les jeunes diplômés qui ont un rapport très actif à l’information et très marqué par internet, et un autre groupe plutôt féminin, au niveau de vie plus modeste, qui voudrait s’informer  mais se sent dépassé par l’information. Sont en cause  la multiplicité des sources  d’information auxquelles on a accès  où on s’abonne souvent inconsciemment, le  caractère répétitif des actualités, leur impact souvent démoralisant sur  notre psychisme, et enfin le  manque de confiance envers leur fiabilité. Trop d’infos tuent l’info.

Toutes les stratégies de captation.

L’apocalypse cognitive guette nos sociétés développées. Les  médias, accros  à  l’audimat, utilisent tous les ressorts de captation de notre  attention, parfaitement décrits par Gérald Bronner dans son « apocalypse cognitive ». Les « invariants » de  notre cerveau humain  sont systématiquement sollicités : la  peur, l’effet cocktail, le sexe, le conflit ou  la colère,  et surtout le visuel dont notre attention est esclave à  60%. C’est ainsi que les intervenants dramatisent souvent inutilement, mettent en avant l’émotion que peut susciter  tel type d’agression ou de fait divers, qu’on cherchera à faire passer  en boucle les images jusqu’à satiété, et si vous êtes sur un réseau qu’on n’hésitera pas à vous interpeler par votre prénom… De toute évidence ceux qui s’abonnent aux « posts » des « influenceurs » se  font avoir,  ceux-ci  ne travaillant pas gratuitement. Il faut d’autant  plus être  méfiants, que de nombreux  messages  peuvent être le fait de « trolls » programmés par des campagnes d’opinions fabriquées de toutes  pièces.

De la fatigue informationnelle à la fatigue démocratique.

De l’information à la désinformation, il n’y a qu’un pas.  Le régime poutinien nous en fournit chaque jour des exemples emblématiques et pathétiques. Mais le paysage médiatique peut cacher des stratégies plus subtiles de conditionnement. L’abondance  croissante  des informations et la multiplication des intervenants soi-disant « experts » ou « spécialisés », le croisement dans les débats des arguments contradictoires, dont certains sont assénés d’autant plus catégoriquement qu’ils sont erronés ou faux, fait que le quidam moyen peut ne plus s’y retrouver. Et  le plus grave, c’est que l’obscurantisme côtoie la science avec la même crédibilité. J’ajouterai que ceux qui sont chargés normalement de faire le tri, les professionnels de l’info, les journalistes,  répètent souvent comme des perroquets des infos  sans en vérifier la  véracité ou la source, surtout si elles sont passées dans le consensus considéré comme acquis. Alors quand en plus ils sont partisans, ce qui arrive plus  souvent qu’on ne le croie ! Petit exercice : amusez-vous à compter le nombre de fois par jour où il est fait référence d’une manière ou d’une autre au réchauffement climatique, basée sur une évidence supposée et forcément non explicite. Sachez que vous pouvez être victimes du même conditionnement quand il s’agit d’aller voter. Mais le plus souvent, le citoyen baisse  les bras et se réfugie dans le retrait ou le rejet. Avec  les dégâts que l’on sait. 

Penser par soi-même.

Choisir c’est déjà décider. En matière d’information il est donc essentiel de choisir la qualité  plutôt que la quantité et de définir ses propres critères de choix : d’où vient l’information, est-elle recoupée, quelle compétence a celui qui la diffuse, est-elle signée par un journaliste,  la source est-elle crédible … ??? La  première chose à faire  est donc de limiter les accès  en commençant par supprimer les réseaux sociaux où circule tout et n’importe quoi très vite et où il est très difficile de séparer le bon grain de l’ivraie : twitter, instagram, tik-tok (surtout tik-tok), facebook … Ensuite, comme pour se nourrir, il est préférable de sélectionner des  moments précis pour s’informer et  sans y revenir. Nous avons besoin de connaître l’actualité, mais en faire le tour une fois par jour est suffisant. Enfin, sur beaucoup de sujets, la  lecture d’ouvrages documentés écrits par des gens reconnus et à la compétence avérée, peut être nécessaire si on veut  se forger son propre  jugement. Contrairement  à ce que beaucoup croient, lire ce n’est pas perdre son  temps. C’est au contraire entraîner son cerveau à ne pas perdre ses compétences acquises : esprit critique, assimilation de connaissances, tri et jugement… Car  l’information au sens large détermine beaucoup de choses dans notre vie : notre humeur, nos objectifs, la façon dont nous menons nos projets, et nous évite de sombrer dans le péremptoire,  le partial ou l’emporte-pièce.  Il est tellement plus facile de mépriser plutôt que d’essayer de comprendre. A cet égard, nos  élites ne méritent pas, en général, le sort qui leur est fait, et en particulier nos politiques.

L’exemple du réchauffement climatique.

Je vous livre ici un exemple concret de manipulation de  l’information. Depuis longtemps, par formation et par goût personnel, je m’intéresse au temps qu’il fait.  C’est dire si ce  que l’on appelle le  changement climatique me passionne.  Depuis de nombreuses années, je trouvais qu’il y avait un décalage entre mes connaissances en géographie physique acquises à la Sorbonne et les explications fournies par les intervenants dans les médias lors d’aléas climatiques. Je m’en étais ouvert à Jean Jouzel, le  climatologue bien connu, lors de sa venue à Saint-Barthélemy. Il n’en démordait pas, la cause du réchauffement climatique et son accélération était quasi uniquement due aux activités humaines et aux rejets de gaz à effets de serre. J’ai donc voulu en avoir le cœur net et lu de nombreux ouvrages sur le sujet  et  plus largement sur la géophysique de notre planète. Jusqu’au dernier qui corroborait tous les autres, celui de Steven Koonin, « Climat,  la part d’incertitude ». En bref, le GIEC nous ment, plus ou moins,  parfois partiellement,  parfois totalement,  selon l’aspect du climat qui est traité. Entendons-nous bien, il ne s’agit  pas de contester que la Terre se réchauffe, ce qui serait stupide au regard de la géopaléonthologie, il s’agit d’établir la part qui revient au genre humain dans le processus. Prenons le cas  de la mer de glace : chaque reportage nous prend à témoin de l’aggravation du recul du glacier, préconisant à chaque fois « l’urgence d’agir », sans  la  moindre  précaution de langage… comme si on y pouvait quelque chose. Il suffit de constater à quelle altitude se situent de chaque côté du glacier les épaulements rocheux qui attestent du niveau atteint à son apogée pour se dire que pendant des milliers d’années (peut-être 12 000) il a fondu sans que l’Homme et ses activités soient en cause.  Il y a quarante ans, je montrais déjà en classe des photos de « l’Illustration » (journal des années 30) comparées à celles de mon époque (40 ans plus tard), puisées dans mes dossiers de la « Documentation photographique ».  Alors oui, la  « mer de  glace » continue de fondre ! Et si le mouvement s’accélère, c’est plutôt logique. Car nous sommes  peut-être au bout de « l’holocène », période interglaciaire dans laquelle nous vivons. Inutile de vous préciser que les projections d’étés sahariens en 2050, envisagés comme quasi certains me font doucement rigoler, surtout si notre hémisphère est entré dans le « petit âge glaciaire » annoncé  par la NASA !

Un citoyen sans opinion c’est un citoyen zombie ! Un Russe sous Poutine…

 


DESOLE Sandrine ! IL N’Y A QUE DEUX SEXES

Genres

 

Les constats scientifiques.

Déjà on sait par les neurosciences et les avancées dans la connaissance du fonctionnement de notre cerveau et du corps humain que les sexes sont bien différenciés dès la naissance et que toutes les cellules  portent le marqueur génétique du sexe en plus des sécrétions spécifiques à chaque genre. Un nouvel ouvrage : « C’est votre sexe qui fait la différence» de Claudine Junien et  Nicole Priollaud apportent des éléments complémentaires incontournables à cette certitude. Utiliser de rares anomalies chromosomiques pour nier ou diluer la réalité binaire du sexe ne relève pas de la science  mais de la théorie, autrement dit d’élucubrations intellectuelles qui ne peuvent  pas être sans graves conséquences. La réalité biologique du sexe  n’est pas ambiguë et vouloir imposer l’idée contraire en rejetant ceux qui la conteste dans l’intolérance, c’est ni plus ni moins sombrer dans l’obscurantisme.

Les différences entre les sexes.

Ce qui revient à dire que déconstruire les stéréotypes de genre entre les hommes et les femmes  ne doit pas revenir à nier les différences qui existent entre les sexes, comme la tendance du moment qui tend à faire de plus en plus de place à la neutralité sexuelle voudrait l’imposer. La différence entre les sexes va bien au-delà de la perception. Les neuroscientifiques vont de découvertes en découvertes. Ainsi la meilleure connaissance de la différence entre les sexes permet d’amener à une meilleure prise en charge de nombreuses pathologies. Ainsi, on sait que le mécanisme de la douleur n’est pas le même chez les deux sexes.  La  dissymétrie des chromosomes sexuels chez les hommes qui sont doté de chromosomes XY quand les filles ont deux X,  fait que les filles font moins pipi au lit ou se lèvent moins  la nuit pour  aller aux toilettes grâce à leurs deux chromosomes X, de même que ceux-ci les protègent mieux des infections courantes. A contrario, en étant mieux armées contre les infections courantes, les femmes sont  plus sensibles aux maladies inflammatoires… Bref, la différence entre les sexes ne se limite pas à la reproduction. On nait avec un corps sexué formant un ensemble  complet : la science nous dit que le cerveau forme un tout avec le corps.  Faire croire qu’on peut naître  dans un corps qui n’est pas le bon ne peut  être qu’une construction intellectuelle, donc une fable.

L’idéologie se substitue à la réalité pour s’imposer.

On comprend qu’une cohorte de scientifiques et d’intellectuels se soient élevés récemment  dans une lettre envoyée au Ministre de la Santé pour que cesse à la CAF la  diffusion d’un document qui « organisait l’accompagnement des enfants atteints de dysphorie de genre ». Dans le  film « Un homme heureux », Catherine Frot incarne une femme qui veut devenir un homme à plus de cinquante ans et doit pour cela se shooter  à  la  testostérone pour avoir une pilosité mâle et se muscler avec un coach pour devenir virile…  sans compter qu’elle ne peut rien changer à sa morphologie sinon s’aplatir les seins mais bien obligée de faire avec son bassin de femme.  La démonstration de propagande transgenre est tournée en dérision et se fait comédie comique tant on peine à croire à la farce de la dysphorie, sur fond de carnaval (ce n’est pas anodin)  où tout le monde se travestit. Par contre, on découvre avec horreur les dégâts provoqués par la guerre idéologique alimentée par les théories fumeuses et délirantes sur le genre, sur des centaines d’enfants pris en charge par une clinique anglaise, aboutissant à des traitements systématiques aux hormones et à des opérations de changement de sexe irréversibles, par des praticiens sans expérience et négligents. Des traitements administrés à des enfants parfois dès l’âge de dix ans, souvent lourds de conséquences…. Faisant de la dysphorie une généralité alors qu’elle  ne devrait être qu’une infime exception.

Et ne pas oublier l’inné !

La soi-disant assignation arbitraire du sexe à la naissance, par laquelle la société enserre le poupon dans ses catégories et l’inscrit dans une socialisation qui l’enfermera dans un genre est encore contredite par l’observation du comportement des enfants en Suède où les jouets sont dégenrés et où pourtant les garçons continuent de préférer les outils et les filles les  poupées, et le  même  constat  est fait par Frans De Waal, un primatologue de renommée mondiale sur le comportement des chimpanzés et  tous les autres primates dans le  comportement des femelles qui ont tendance à jouer avec des poupées…. Il faut donc faire une place à  l’inné. L’éducation non sexuée des enfants est une erreur : il y a certaines compétences que les  jeunes femmes et les jeunes hommes doivent acquérir pour leur vie future et nous avons le devoir de les leur fournir.  

Le combat pour l’égalité.

Nous vivons une époque bien compliquée. Les idéologies obscurantistes, au sens où elles nient l’histoire et la science, quitte à les déconstruire pour avoir le champ libre, progressent dans les  milieux intellectuels de gauche et gagnent du terrain en se servant sans vergogne des places que ses tenants occupent dans les administrations, l’enseignement, la communication. Les partisans des Lumières et de la science et de  leur universalisme sont aujourd’hui assiégés. L’égalité des sexes n’a rien à voir avec le genre. On ne réglera pas le problème des inégalités homme-femme par une éducation neutre, comme si le genre était le problème, alors que  le problème c’est l’inégalité. Nous ferions mieux de nous concentrer sur la justice, l’équité et l’égalité.

Va-t-on vers une nouvelle  défaite de la pensée ?

 

Lire : « C’est votre sexe qui fait la différence » de Claudine Junien et Nicole Priollaud – Plon

          « Différents, le  genre vu par un primatologue » de Frans de Waal  - Ed. Les liens qui libèrent

 


682 JOURS !

Bachelot 682-jours

Un style inimitable.

C’est du Roselyne Bachelot pur sucre. Rendre compte de sa charge ministérielle au jour le jour aurait pu rapidement devenir un pensum fastidieux, en fait, c’est un vrai régal. Notre ex-ministre de la culture raconte comme elle parle, sans détour, avec sa faconde et sa franchise proverbiales, dans un style  inimitable qui n’appartient qu’à elle. Ce n’est pas par  hasard si elle a mis en sous-titre « le  bal des hypocrites ». Voilà un récit qui mélange allégrement tous les modes d’expression, les figures familières : « en prendre plein la gueule », « dont tout le  monde se contrefout », les « clampins », le « canasson » y côtoient les « mirliflores, les besogneux et les midinettes »,  les « politiciens guignolos » (Trump) ou encore  pour les préliminaires, quand il y en a : « tout cela n’était que zakouskis », sans oublier le registre propre à Roselyne : « pas de ça Lisette », « faut  pas pousser Roselyne dans les orties », et évidemment : « faut pas me prendre pour un con ! » ;  cette trivialité cohabite avec des formules plus savantes abusant quelque  peu de l’épithète homérique : « falsifications misérables », « choc esthétique absolu », « symbole psychopompe », et hyperbolique : « ébouriffant de virtuosité », agrémenté de sorties descriptives telle « la camarilla des intégristes sanitaires » pour désigner tous les  prêcheurs qu’on a vu défiler sur les  plateaux télévisés pendant la Covid ou encore « mettre à quia les féodaux ». Le  sacerdoce ministériel impose souvent aussi de « donner sa livre de chair » pour  parvenir à ses fins. On touche parfois au complexe : je doute que beaucoup de lecteurs soient familiers des « prolégomène », « prolepse » et autre « ultracrépidarianisme ». Le panorama  ne serait pas complet sans les  emprunts à la langue anglaise qui émaillent notre expression contemporaine. Ainsi, concernant la campagne de Pécresse : « ça poquait la loose »,   et  je passe sur les « business as usual », « storytelling », casting », et autre « road-movie ». Inévitables aussi les latinismes tels « in petto » ou « pro domo ».  Enfin, les adeptes d’Audiard trouveront des emprunts au style du maître : « Voilà que j’m’énerve… revenons à nos beautés » parodiant une séquence célèbre. Ce  livre  permet de découvrir les multiples facettes d’une femme  cultivée et à l’aise dans son époque.

Un compte-rendu méticuleux.

Le  cœur du sujet est évidemment de rendre compte de son action rue de Valois. On feuillette avec  elle  son agenda. Je n’entrerai pas dans le détail. Pour faire Simple Roselyne a fait du Bachelot : quand  on  lui confie une mission, elle ne rechigne  pas à taper dans la  butte :  des  journées de 14H suivies de nuits à éplucher les dossiers  pour ne pas laisser la main aux technos de  Bercy. Je suis bien placé  pour le savoir, ayant été le  secrétaire départemental de l’UMP quand elle était  présidente de la fédération de Maine-et-Loire et  … Ministre de la  Santé. Après une semaine éreintante à Paris, elle rentrait dans le département où, pour les  besoins  de la cause, je lui avais préparé un  road-movie  de réunions à  animer qui la  menait aux quatre  coins de l’Anjou.  Je ne l’ai jamais entendue se plaindre. Sans compter qu’elle me faisait totalement confiance. Aussi, ceux qui espéraient trouver ici quelques lignes désagréables à  son égard en seront pour  leurs frais.  Même si depuis, je  n’ai  pas  partagé  tous ses  choix, je les respecte et je ne m’arrogerai pas le droit de  la  juger. Elle rêvait du Ministère de la Culture déjà à l’époque. Aussi  a-t-elle pris très à cœur son portefeuille et la  bataille fut rude compte-tenu du contexte. Déjà que la culture n’était pas une  priorité, avec la  crise sanitaire et le  quoi qu’il en coûte, on pouvait craindre le pire. La fermeture des salles avec le  confinement lui a terriblement  compliqué la tâche, mais elle a défendu bec et ongles son périmètre  pour protéger les  artistes en priorité,  qui ne lui en ont pas  toujours été très reconnaissants et les médias se sont jetés comme des fauves sur « la tartine  beurrée des  deux côtés » de Biolay ou les sarcasmes de Clara Luciani, comme si c’était l’essentiel. Le récit  de la cérémonie des  Césars  que   nous en fait la Ministre vaut aussi  le détour. Pour les décisions et  le  bilan, le  langage  se fait plus technocratique, car évidemment, Roselyne connaît son ministère par cœur et ses dossiers sur le bout des doigts. Je pense qu’elle aurait bien voulu  égaler  Jack en réputation. Le  bilan de  son action est  loin d’être mince, mais les  temps ont  proposé trop  d’événements qui ont accaparé l’actualité entre les rebondissements de la crise sanitaire et la  guerre en Ukraine, pour que la culture puisse y trouver son compte. Quand ça veut pas… Au moins, celle qui lui a succédé au Ministère ne lui fera pas d'ombre, c'est toujours ça !

Une place pour les inévitables anecdotes.

Le livre vaut aussi pour les anecdotes, les analyses politiques et les inévitables retours sur le passé. Roselyne Bachelot découvre les ravages fait par le non cumul des mandats qui a contribué largement à couper les élus locaux du pouvoir central et elle a l’honnêteté de faire son mea culpa, elle qui militait  pour  le non cumul. La rencontre avec le  Président, se veut soft  même si  on sent une réticence sur  le style du « jeunot ». Elle a aussi l’occasion de rendre justice à la IVème République pour son bilan trop méconnu de reconstruction de la France dans tous les domaines après la 2ème guerre mondiale. De la part d’une gaulliste, c’est pour le  moins inattendu. Sur le mode de la confidence, on apprend que la petite Roselyne trouvait le moyen de se cacher sous la table de la salle à  manger   pour écouter les  conversations quand ses  parents recevaient « les comploteurs », à savoir André Malraux, Jacques Chaban-Delmas et autres qui préparaient le retour au pouvoir du Général. On comprend qu’elle occupe une place à part dans le Panthéon gaulliste. Elle se fait plus ironique quand  elle  évoque son ancien parti n’hésitant pas à  saisir une saillie de Xavier Bertrand refusant de  « monter sur le Titanic », en parlant du gouvernement pour comparer avec LR, devenu « radeau de  la  méduse »  pour l’occasion.

Vous l’avez compris, vous ne perdrez pas votre temps à lire cet ouvrage. On ne s’ennuie jamais.

Vous  retrouverez  Roselyne sur BFM,  RTL et Forum  Opéra.  Elle hante aussi les Grosses  têtes… 

682 JOURS, le bal des hypocrites, chez Plon.

 


POURQUOI LA DICTEE EST-ELLE NECESSAIRE ?

Bonnet_d_ane

Pour sortir un peu des sujets habituels, je vous propose aujourd'hui un texte d'une agrégée de  philosophie qui explique pourquoi dans l'apprentissage de l'orthographe, la  dictée est nécessaire. Ses  arguments  rencontrent  mon  plein accord, et recoupent les motivations qui m'ont amenées à faire des dictées jusqu'à la  fin de  ma carrière, de la 6ème à la  3ème, en précisant que ce n'était pas le seul  moyen d'apprendre l'orthographe, évidemment. Mais je trouve ce texte si  lumineux que je ne résiste pas au  plaisir de  vous le  proposer.

« La dictée, un art du raisonnement, un exercice de recueillement et d’attention »

Par Emma Carenini professeur agrégé de philosophie.

Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a annoncé vouloir encourager la dictée quotidienne à l’école primaire. Le professeur agrégé de philosophie, Emma Carenini, qui, lorsqu’elle enseignait dans un lycée difficile de banlieue, terminait chacun de ses cours par un quart d’heure de dictée, recommande et défend les vertus de cet exercice.

Nous avons tous un souvenir de dictée.

Le plus souvent, c’est un souvenir pénible. Le grand écrivain de l’enfance, Marcel Pagnol, se souvient: «Vers le 10 août, les vacances furent interrompues, pendant tout un après-midi, par un orage, qui engendra, comme c’était à craindre, une dictée.» Dans un monde d’enfants, la dictée est une idée d’adultes. Et dans un monde heureux, la dictée ne devrait être qu’une idée tout court.

On a du mal à imaginer un monde où les enfants demanderaient instamment à faire des dictées.

Et pourtant, ce monde existe. Lorsque j’étais professeur de philosophie dans un lycée difficile de la banlieue parisienne, les élèves de terminale avaient l’habitude de me demander de leur faire faire des dictées. Pourquoi souhaitaient-ils donc ce que personne ne souhaitait? D’abord, c’était la honte ; la honte de ne pas maîtriser la langue française, qu’ils utilisaient pourtant à l’oral au quotidien. Ils ne le montraient pas explicitement, mais je voyais bien qu’ils souffraient un peu de ne pas être capables de rédiger une phrase sans faire de faute d’orthographe. Ils savaient que certains recruteurs en font parfois la première étape des entretiens d’embauche en stage, et ils savaient aussi qu’ils ne la passeraient pas.

Lorsqu’on a monté tous les échelons de l’école française jusqu’en terminale, il est parfois difficile de se confronter à ses lacunes sur les compétences «de base» ; car on ne parle pas ici de fautes bénignes, auxquelles même nos plus grands écrivains ne peuvent échapper - celles qu’on commet par inadvertance ou sur un mot compliqué. On parle plutôt des fautes d’accord ou de conjugaison, qui traduisaient une méconnaissance du fonctionnement de la langue française et de ses structures grammaticales.

L’orthographe n’est pas qu’une question de correction du langage et de l’écrit. C’est aussi la première marche nécessaire à la capacité d’articuler des pensées.

Une langue française mal maîtrisée, ce sont des raisonnements impossibles à mener. Quand on confond les connecteurs logiques, les pronoms, les conjugaisons, on n’a pas seulement du mal à écrire, on a du mal à réfléchir, et ensuite à convaincre et à communiquer. Corriger sa langue, dans ce cas, devient un exercice fastidieux et décourageant. Ainsi la demande d’une dictée était une sorte de cri du cœur, le cri de la «dernière chance». Alors les élèves «dictophiles» se sont acheté un cahier petit format sans carreaux, comme les écoliers de primaire consciencieux qu’ils auraient voulu être. Le dernier quart d’heure du cours de philosophie était consacré à: la dictée.

Mais il y a autre chose qui rend la dictée si précieuse.

Une dictée est l’un des rares moments où l’on prend vraiment le temps, à l’école, d’écouter un texte dans tous ses détails, comme un tableau qu’on scruterait à la loupe. On en pèse chaque mot, on le savoure, parce qu’il ne faut pas aller trop vite. Quand le professeur dicte, il laisse au texte le temps de se déployer. Les élèves notent tous en même temps, concentrés. C’est l’un des rares moments de silence et d’attention complète dans une classe ; seule la littérature parle, chacun l’écoute, et s’éveille dans un même mouvement à ce qui fait la sonorité des mots, la musique du langage, sa relation avec les formes écrites du texte. Et ce faisant, les élèves apprennent une chose essentielle, qu’on ne leur dit pas assez autrement: c’est que la forme compte. Ils y aspirent sans parfois le savoir. Ils apprennent que l’orthographe et la syntaxe sont le bel habillage d’un texte, et que ce bel habillage est indispensable pour en jouir.

Ils apprennent aussi que bien écrire, comme bien parler, est extrêmement important dans la société.

On peut bien leur expliquer que c’est arbitraire, que c’est une construction sociale ; il n’empêche que ça existe, et qu’ils ont besoin de le savoir pour respecter ces règles ou, s’ils le souhaitent ensuite, s’en libérer en connaissance de cause. De la correction d’une dictée à l’art de savoir se comporter en société, il n’y a finalement pas si loin. Je leur disais toujours: “Viendriez-vous en tongs à un entretien d’embauche ou à un enterrement? Vous ne savez pas pourquoi «ça-ne-se-fait-pas» mais vous le faites sans vous poser de questions.”

L’orthographe, c’est la même chose. Il y a peu d’exercices comme la dictée qui unissent ainsi le recueillement, l’attention aux sons, l’attention aux signes, et l’art du raisonnement. Alors ne refusons pas aux élèves ce plaisir et ce soutien. Car nos élèves ont la passion des mots: mirliflore, sylphide, florilège et filigrane, autant de mots qu’ils notaient diligemment dans leur cahier comme des collectionneurs attentifs aux sons et aux images. Et peut-être que la dictée, en encourageant la lenteur, en louant les sons, pourrait encourager cette petite manie bien utile.

A la recherche de la dictée perdue.

Cette expérience avec les élèves m’a rappelé qu’on ne comprend parfois le sens d’une chose qu’en la perdant. C’est d’ailleurs pourquoi l’essence d’une époque n’apparaît jamais bien clairement à ses contemporains ; c’est pourquoi aussi nous avons parfois de la nostalgie pour nos années passées. Et pour me rappeler que même les exercices pénibles ont un sens, peut-être fallait-il ces quelques élèves à la recherche de la dictée perdue.

 

 


L’EDUCATION NATIONALE A RATE LE VIRAGE DU NUMERIQUE

Informatique 2

On avait l’habitude de comparer  l’Education nationale à l’armée rouge pour la  coloration de son personnel  mais aussi pour sa lourdeur, le  « mammouth », et sa lenteur à manœuvrer. Je  suis bien placé pour affirmer qu’en son temps elle a raté le virage de l’audiovisuel : il a fallu un temps fou pour  obtenir des salles de classes  équipées d’autres choses que le tableau noir et les bâtons de  craie.  Ce  n’est que dans les dix dernières années de ma carrière que le rétroprojecteur s’est installé au milieu des  élèves et si mes  cours ont fait appel  au magnétophone et à des illustrations audio, c’est   parce  que j’apportais mon  matériel personnel, magnétocassette et lecteur cd.  Je ne doute  pas qu’avec  la décentralisation, les départements aient équipé les  collèges en ordinateurs et  en tableaux interactifs. Mais pour autant, l’Education nationale n’a pas, que je sache, apporté une formation professionnelle à la hauteur sur l’utilisation du numérique et des ressources  nouvelles que cette  technologie est capable d’apporter. Je m’en aperçois à travers le travail scolaire de  mes   petits enfants.

L’intelligence artificielle fait irruption.

Mais voilà que ChatGPT vient tout bousculer. Ce robot conversationnel d’Open AI, accessible à tous avec le moindre smartphone, est capable de rédiger un devoir ou de résumer un livre en quelques minutes avec un niveau de crédibilité qui pourrait paraître époustouflant. Pour les  petits malins, il  offre  un moyen efficace de réaliser le travail demandé sans faire le moindre effort, surtout si c’est en devoir « à la maison ». Gain de temps mais quid de l’effort intellectuel et des connaissances acquises. Face à cette intrusion dans l’univers  des études, nos enseignants sont désarmés. Lesquels seront en mesure de détecter la supercherie ?  La multiplication de devoirs stéréotypés mettra la puce à l’oreille, mais après ? Ce type de logiciel oblige désormais à faire exécuter les travaux en classe sans l’accès aux écrans et sous surveillance.  C’est  forcément une complication qui va diminuer les occasions  de confronter les élèves à des exercices et à des recherches en complément du temps passé  en classe. Le  premier réflexe est donc d’interdire son utilisation ou de limiter son accès.  Il  faut  dire que l’univers  scolaire est plutôt « à la bourre » en matière de numérique. La  possibilité  d’accès aux basses de données telles Google et aux « tutos » de toutes sortes n’a qu’à peine modifié les méthodes pédagogiques. Le rapport d’octobre 2021 sur la pratique informatique du CP à la sixième souligne les insuffisances d’un programme qui existe mais dont les heures ne sont pas précisées. L’inspection générale relève que, à l’école primaire, les équipements sont insuffisants et les enseignants réticents estimant qu’ils ont déjà beaucoup à faire avec les maths et le français ;  au collège, les enseignements sont assurés par les profs de mathématique et de technologie qui ont chacun leurs langages et se parlent peu. Surtout, le rapport souligne un manque de formation aux concepts de l’informatique, notamment à la démarche algorithmique, assorti d’une pensée informatique insuffisamment présente. Après avoir  privilégié  l’aspect bureautique, aujourd’hui on se focalise sur le codage. Mais il est à craindre que cette manière d’aborder le numérique  soit dépassée. D’abord parce que les outils s’utilisent sans codage et que probablement, plus personne ne fera du codage  d’ici peu de temps : écrire du code sans savoir ce qu’est  un algorithme, c’est comme construire un bâtiment sans  plan.

Le renforcement des compétences numériques.

C’est l’objectif que fixe le ministre  comme une des priorités de la transformation des classes de cinquième, quatrième et troisième. L’objectif est de permettre aux élèves de comprendre le fonctionnement des outils et dispositifs numériques, algorithmes, intelligence artificielle,…   et savoir les utiliser de manière responsable et disposer de  premières compétences en codage. Evidemment, les  professeurs seront davantage formés à l’algorithme et à la programmation sans écran   et les équipements seront renforcés. Tout cela est bienvenu et urgent.  Il est  même grand temps de s’en préoccuper.  Mais connaissant l’inertie d’un corps qui aurait l’agilité de  l’actuelle  armée russe  pour  manoeuvrer et atteindre ses objectifs, on peut se préparer à attendre de longues années avant de voir intégrer les robots tels ChatGPT dans les stratégies pédagogiques d’apprentissage. Je crains qu’en matière de maniement des outils, les élèves restent  pour longtemps en avance sur leurs profs.

Le défi est immense.

Pour le relever, il faudrait plus d’heures de temps scolaire.  Quand on constate  les dégâts de la  diminution des heures d’enseignement du français, on se  dit que l’enseignement du numérique nécessaire à sa maîtrise ne peut se faire au détriment des autres savoirs fondamentaux. Mais comment y parvenir dans une période où l’on vante plus la paresse que le travail et où les élèves sont souvent plus habiles que leurs maîtres pour manipuler les nouveaux outils. Et le fait que ceux-ci puissent favoriser la facilité n’arrange rien. Dans les programmes de l’Education nationale le terme « informatique » n’est jamais  utilisé. On lui préfère le mot « numérique » qui permet d’aborder le sujet sans rien en dire. Or « l’informatique » est une façon de penser. Contrairement à la physique qui étudie la matière, l’énergie et les ondes, l’informatique n’étudie qu’une seule chose :  l’information. C’est le cœur du sujet.  L’IA n’est pas infaillible. Le robot peut être source de fake news.  L’enjeu est  donc de former les  jeunes pour appréhender les informations recueillies avec suffisamment de sens critique.  Car  l’algorithme n’a pas de  conscience logique. Chat GPT n’est qu’un système automatisé  adossé à une énorme base de données,  mais ce qu’il  délivre  est une parole de mainate mécanisée. A de nombreux endroits, le système a été modifié par la main de l’homme, et optimisé par des annotateurs humains chargés de classer plusieurs réponses alternatives. Bref, il faut bien comprendre que derrière la machine, il y a des hommes et que ses réponses ne sont pas le fait du hasard,  mais dépendent d’eux et de leurs points de vue.

Le crétin numérique.

Il y a certainement une utilisation pédagogique de cet outil qui pourrait apporter, probablement, une aide décisive  aux enseignants, tant la  parole du robot  paraît magique, les  expériences ayant montré que les enfants suivent davantage les instructions de l’intelligence artificielle que celle de l’humain.  Rien d’étonnant, les adultes eux-mêmes s’y laissent prendre. Pour cela il faut s’atteler à déjouer tous les pièges tendus par l’intelligence artificielle : jusqu’à maintenant, plus on a investi dans les « TICE » plus les résultats des élèves ont chuté. Et notamment empêcher le « cambriolage » de notre cerveau par les écrans qui en exploitent toutes les failles créant addictions et troubles de l’attention, langage amputé, relations humaines mutilées  … A moins de faire comme pour les enfants de Google et de la Silicon Valley : supprimer tous les  écrans pendant l’apprentissage et revenir aux livres et à l’écriture. Et/ou  faire  comme les Chinois qui ont décidé de réduire drastiquement le temps d’accès aux écrans !

 

 


QUAND LES FRANÇAIS PISSENT CONTRE LE VENT…

Assemblée nationale

 

LE CIRQUE NUPES

Quel spectacle ! Voilà l’assemblée nationale transformée en spectacle de cirque par  les partisans de Mélenchon.  Mais du mauvais cirque.  On cherche vainement les clowns qui feraient rire tellement –ce serait au moins ça- parmi les braillards  de la  NUPES dont le seul objectif est d’empêcher tout débat sensé sur le texte de loi réformant le financement de notre système de retraites.  Nous sommes pourtant dans une enceinte qui devrait être sacrée. Mais ces gens-là n’ont que faire du temple de la démocratie. La dignité, ils ne connaissent pas. Ils se veulent « révolutionnaires », mais ne sont que des anarchistes de bac à sable, tant leur comportement est puéril. Sait-on seulement ce qu’ils veulent en dehors du retrait de la réforme pur et simple ? On comprend vaguement qu’ils comptent résoudre  le problème réel du déficit qui s’annonce  en taxant les riches sans rien changer aux annuités et à  l’âge de départ. En cela ils font croire au bon peuple à une chimère. La vérité c’est que leur politique mènerait à coup sûr  à la baisse des pensions et à la pauvreté généralisée sans parler du chômage provoqué par la hausse des cotisations : tous égaux à bas prix. Ils oublient que le monde nous regarde et qu’ils  dévalorisent l’image de la France face au monde entier. Et puis, que Mélenchon, qui a 72 ans,  commence par s’appliquer à lui-même sa doctrine puisqu’il tient tant à la retraite à 60 ans !

RN : LA DIAGONALE DU FLOU

Productivité et démographie sont les deux ressorts sur lesquels le RN compte s’appuyer pour trouver les finances qui manquent afin de maintenir le départ à 62 ans et à 60 ans pour ceux qui ont commencé tôt à travailler. Un discours qui a évolué depuis le retour à la retraite à 60 ans. L’idée qu’il faille créer de la richesse n’est  pas idiote, mais Marine le Pen et son parti commettent un déni de réalité : la productivité en France est au point mort et la natalité catastrophique.  Il faudrait un  miracle pour redresser la première, que les mesures économiques proposées ne réaliseront pas. Quant à  la seconde,  en matière de démographie tout est déjà joué pour les trente prochaines années, ceux qui ne sont pas nés dans les dix dernières années et aujourd’hui ne pourront pas être inventés pour contribuer à la répartition. Et  en plus, le RN ne veut pas  entendre parler de l’apport d’actifs que constituerait l’immigration. Derrière le jeu habile de sagesse dans l’hémicycle se cache en réalité un manque de réalisme que les  fausses bonnes idées comme le recours à un referendum tentent de dissimuler. Un exercice typiquement  populiste : il s’agit de plaire au peuple en laissant croire qu’on veut se référer à son avis. C’est plus facile que de se coltiner avec les faits pour trouver des solutions viables. Pour Marine le Pen il s’agit d’apparaître comme le plus respectable et responsable possible et le tumulte désordonné et brouillon de la NUPES lui rend bien service.

LE SUPPLICE DE L’ECARTELEMENT MENACE LA BORNE

La Macronie  fait face à un piège qu’elle voudrait bien empêcher de se refermer sur elle en l’obligeant à utiliser le 49-3 pour faire  passer sa loi. C’est que face aux exigences du groupe LR, dont certaines sont alimentées par une frange jusqu’au boutiste, elle est obligée de lâcher du lest « social » du côté des éléments de la majorité venus de la gauche telle Marlène Schiappa ou  Stella Dupont qui se sont organisés en un groupe informel, le tout pouvant vider de sa substance le rendement financier de la loi, ou aboutir à perdre d’un côté les votes gagnés de l’autre ce qui serait catastrophique aussi bien pour Renaissance que pour LR. Le vote sur le rejet de la  motion référendaire du RN qui a recueilli 292 voix contre 243 donne une bonne indication de ce que devrait être le vote  définitif, mais ce n’est qu’un répit car rien n’est assuré et c’est la discussion des amendements qui décidera. Chacun sait que lorsqu’on dépasse la borne, il n’y a plus de limites. (Jeu de mots de circonstance).

LITANIE DE JEREMIADES

En ce jour de mobilisation dans la rue, où la foule bat le pavé et chacun de dire son cas  particulier qui le conduit à refuser 24 mois de plus au bout d’une vie de travail, confondant addition d’individus et intérêt  général, il est peut-être encore bon d’insister sur   la nécessité de la réforme. Evidemment, reculer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans est impopulaire.  Et  pourtant cette mesure est absolument nécessaire si les Français, comme ils l’affirment, sont attachés au système par répartition. Réaffirmer en même temps que cette réforme n’est probablement pas la dernière et qu’il faudra y revenir à nouveau dans huit ou dix ans devrait les convaincre de faire le pas  qui est proposé par le gouvernement.  Sinon, ce sera bien pire  quand, au bord du gouffre d’une faillite, il faudra, en urgence, imposer des décisions beaucoup plus sévères.  Ce n’est pas par hasard si nos voisins allemands en sont à 65  ans et bientôt 67 en 2030, et les Danois à 69 ans. La  France n’est pas  une exception. Les jérémiades  que j’entends sur tous les plateaux n’y changeront rien.

Le refus de la réforme peut dégénérer et aller jusqu’au blocage du pays. Les mieux lotis s’y emploient, comme toujours, alors que la réforme ne touche guère à leurs privilèges. Les faits sont têtus et la mathématique finira par s’imposer. Après le temps des  largesses du « quoi qu’il en coûte » qui obscurcit le discernement de nombre de nos compatriotes, pourrait bien venir le temps des efforts et du serrage de ceinture. Il sera bien tard pour mesurer alors l’ampleur du désastre.  

 


LE BEURRE DES AUTRES

Des-liasses-de-billets

 

Haro sur les riches.

Les excités de  la  gauche, mélenchonistes  et  autres verts-pastèques comme Tondelier, promettent au bon peuple toujours plus de beurre que de pain. C’est une antienne qui nous vient du fond des âges de la  gauche révolutionnaire. Les responsables  de ces mouvements idéologiques changent, les  slogans restent.  Ainsi il en va du discours sur  les milliardaires.  Ces bons apôtres voudraient nous faire croire que  s’ils n’existaient pas, il n’y aurait plus de pauvres. Et  ils  n’y vont  pas avec le dos de la cuillère et  ils pourraient même  monter un choeur : Jean-Luc Mélenchon : « Nous avons dans notre pays, la pire des offenses : le premier milliardaire du monde. Oui, les riches sont responsables du malheur des pauvres. Accumuler de l'argent est immoral puisque ce qui est accumulé, c'est ce qu'on a pris aux autres » ;  François Ruffin « Bernard Arnault mérite-t-il 400 000 fois plus que ses couturières ? », il faut les imaginer, dans leur grotte, depuis le paléolithique, à coudre des costumes Kenzo pour égaler une année de revenu du PDG ; Marine Tondelier « Oui les milliardaires posent un problème social et environnemental », « Nous voulons une France sans milliardaires »…  ils sont d'ailleurs en train de se recroqueviller dans des bunkers protégés des risques environnementaux, voyant le péril venir…  C’est facile  de faire croire aux  pauvres de telles balivernes,  mais ça ne résiste pas  à la démonstration que nous offre la réalité : existe-t-il des  pays sans riches ? Réponse  non !  Et que se passe-t-il quand  on supprime tous les riches ? Réponse : que des pauvres, exemple  la Corée du Nord. On l’a compris, le beurre promis, c’est toujours  celui des autres. Et d’ailleurs si on suit le précepte de Sandrine Rousseau qui revendique  le droit à  la  « paresse », outre que celle-ci est la mère de tous  les vices, elle ne permet  pas non plus de « faire son beurre ».

Une première place symbolique.

Sur les trois marches du podium du millésime 2021, deux Américains, Jeff Bezos (177 milliards de dollars) et Elon Musk (151 milliards), puis le Français Bernard Arnault (150 milliards dollars). L’estimation de ces trois fortunes phénoménales et plus encore leur évolution d’une année sur l’autre reflètent fidèlement la valeur boursière des trois entreprises, dont le dénominateur commun est d’avoir été créées par leurs propriétaires actuels. Même si Forbes actualise son classement en temps réel, toutes les cinq minutes, au gré des fluctuations boursières, le hit-parade des milliardaires n’est pas une science exacte. Bernard Arnault doit uniquement sa première place récente à la chute d’Elon Musk qui a vu sa fortune dégringoler de plus de 100 milliards de dollars depuis janvier alors que les valeurs technologiques ont été pénalisées par les marchés financiers depuis le resserrement de la politique monétaire des banques centrales. La place de Bernard Arnault consacre la réussite d’un fleuron de  l’industrie française, mais  en France, la gauche n’aime pas la réussite !

 La parole à la défense.

Bernard Arnault explique : « Je constate avec un peu de surprise - encore qu’en France, il ne faut jamais être surpris - que les gens ne connaissent pas bien l’économie, donc on se fait critiquer par des gens qui ne connaissent pas bien le sujet dont ils parlent », a-t-il dit lors de la présentation des résultats annuels du groupe, qui a une nouvelle fois battu des records en atteignant 79 milliards d’euros de ventes et 14 milliards de bénéfices net. En 2022, « en France, nous avons recruté plus 15 000 personnes, ce qui fait du groupe le premier recruteur de l’Hexagone », a souligné le PDG du numéro un mondial du luxe qui mondialement a embauché 40 000 personnes en 2022. « Un emploi créé chez LVMH en génère quatre chez nos fournisseurs, ce qui fait que nous entraînons 160 000 personnes qui travaillent indirectement pour LVMH », a-t-il ajouté. Bernard Arnault a également énuméré les 5 milliards d’euros d’investissements engagés pour rénover des ateliers ou en créer en France, soulignant que « plus de 500 boutiques et 100 sites de productions artisanales étaient implantés dans les territoires français ». « Le groupe paie 5 milliards d’impôts sur les sociétés par an dans le monde, dont près de la moitié en France alors que près de 90 % de nos productions sont vendues à l’étranger », a-t-il ajouté. Pour la France, « l’empreinte fiscale totale, c’est-à-dire le cumul impôt sur les sociétés, la TVA et les charges sociales de LVMH, est de plus de 4,5 milliards d’euros par an ».

Les riches, ça crée de l’emploi, ça investit et ça paie des  impôts, beaucoup d’impôts, dans le pays le  plus taxé et le plus redistributif du monde. Et ça ne coûte rien de le rappeler.

 


ET MAINTENANT ?

Manif 19 janvier

 

Rendez-vous au 31… pas du mois d’août, non, janvier. Il y avait du monde dans les rues hier,  mais c’était tout sauf inattendu, dès lors qu’il s’agit de réformer le financement des retraites. Comme les fois précédentes, les éternels protestataires se mobilisent.  Un peu plus, un peu moins, ça ne change pas l’obligation incontournable de procéder aux ajustements nécessaires si l’on veut garantir la pérennité du système par répartition. Comme toujours, quand il y a un problème, syndicats et partis de gauche  proposent comme solution de venir à la manif’. Soit, manifestez !  Les chiens aboient, la caravane passe.

C’est bien pour ça que selon un sondage, 80% des Français considèrent que  la réforme sera votée et s’appliquera, comme les fois précédentes,  même  s’ils ne l’approuvent pas. Au fond d’eux-mêmes ils savent bien qu’il n’y a pas d’autre solution. Cela me rappelle la cuillère d’huile de foie de morue : il fallait bien l’avaler pour aller  mieux. Et le gouvernement aurait bien tort de céder. 1 million de manifestants sur 30 millions d’actifs, et  encore, ceux qui étaient dans la rue ce sont les abonnés  aux défilés contestataires : fonctionnaires, agents des services publics, qui n’ont rien à craindre et d’ailleurs sont très peu exposés.

Le parcours de la réforme est tout tracé.

Son adoption au Parlement est quasi certaine… Le gouvernement, qui ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, devrait pouvoir compter sur les voix de la plupart des députés LR. La majorité au Sénat étant à droite, le texte devrait également y passer sans difficulté. Le débat parlementaire s’annonce agité, mais il ne pourra pas être entravé par la multiplication des amendements, car il sera limité à 50 jours. D’autant plus que cette réforme n’a rien de révolutionnaire ni d’extraordinaire… Pour une raison ou pour une autre - pénibilité, carrières longues… - le passage à 64 ans épargnera 40 % des Français. Et pour la première fois, elle tient compte des petites retraites, qu’elle revalorise. La potion aurait dû être plus amère mais, comme en 2010, le gouvernement a préféré temporiser sur le recul de l’âge de départ.

Idées fausses et faux problème.

En attendant, il va falloir s’employer à combattre toutes les idées fausses que les opposants font circuler pour tromper les Français, comme celle selon laquelle 25% des plus pauvres meurent avant 65 ans ou encore que les retraités les plus riches devraient être mis à contribution. A ce sujet, le gouvernement serait bien inspiré de ne pas écouter les hurluberlus de Terra Nova.  D’autant plus que La gauche et l’extrême-droite, alliées de circonstance, reconstituent un dossier qui a nourri bien des rancœurs, sur ces retraités qui vivent mieux que les actifs et dont la fortune personnelle est plus élevée. On s’étonne de ce que, après quarante ans de travail, un retraité ait accumulé plus de richesses qu’un jeune homme frais émoulu de l’école. Ce retraité, on l’a ponctionné plusieurs fois dans sa vie : il n’a pu recevoir un salaire sans en payer une forte fraction en cotisations et impôts sur le revenu ; quand il a épargné pour se préparer une retraite plus confortable, il a encore payé des impôts ; quand, enfin retraité, il a retiré une partie de son épargne pour améliorer le plat du jour, il a payé de nouveau. Il faut croire que La créativité fiscale amollit les esprits. Le pire  c’est que cette nouvelle ponction après celle de l’augmentation de la CSG  serait une injustice qui ne réglerait  en rien l’impasse financière du système par répartition.

Le projet du gouvernement prévoit des changements qui ne coûtent rien, qui n’augmentent les taxes d’aucun citoyen et qui feront entrer dans les caisses des sommes considérables. À force de présenter le projet gouvernemental comme un épouvantail, on conçoit, au nom d’une idéologie qui a déjà fait des ravages, une sorte de lissage des revenus.  La France de  M.  Mélenchon et de Mme Le Pen, c’est celle de la pauvreté généralisée. Non, merci. 

Revenons au bon sens.

La réforme  propose que les Français, qui ne sont pas accablés par les 35 heures, travaillent un peu plus pour accéder à une pension décente, parce que le travail est la source de la prospérité. Ce n’est quand même pas compliqué. 

 


PASSAGE OBLIGATOIRE, QU’ON LE VEUILLE OU NON !

Retraites 3

 

Commençons par deux vérités : d’abord, bosser moins et moins longtemps c’est un choix, mais c’est celui de l’appauvrissement ; ensuite nous allons vers toujours  moins d’actifs et toujours  plus de retraités. Une fois qu’on a dit ça, on comprend que l’équation du financement des retraites est simplissime.

Il  ne fallait pas reculer l’âge de départ.

Depuis quarante ans  nous sommes confrontés à cette évidence, surtout depuis que Mitterrand à décrété la retraite à 60 ans sans s’assurer du coût de cette décision démagogique et de son financement. Déjà Michel Rocard  en avait fait le constat et soulignait que la conséquence inéluctable du vieillissement démographique pour  le système de retraites par répartition serait un déficit grossissant qui pourrait le mettre en péril. Et depuis, tous les dix ans, les gouvernements de gauche comme de droite ont mis à l’ordre du jour une actualisation du financement en actionnant les trois paramètres dont  on dispose : allongement de la durée de cotisation, recul de l’âge de départ et hausse  des cotisations. Chemin faisant, ces leviers se sont amenuisés, notamment celui des cotisations qui ont atteint un seuil difficile à franchir : avec un taux de 28%, c’est déjà l’un des  plus élevés d’Europe, face  à un accroissement du nombre d’ayant droit, conséquence du « baby boom »,  une diminution  du nombre des cotisants du fait de la  baisse du taux de natalité (1,7 pour 1) et une durée de  versement  des pensions plus longue avec l’allongement de la durée de la vie  (80 ans en moyenne).

L’ignorance surinformée.

Quand  je découvre que 60% des Français sont contre la réforme proposée qui est pourtant déjà insuffisante au départ, je me frotte les yeux. Faut-il que l’argent  magique du « quoi qu’il en coûte »  les ait anesthésiés à ce point qu’ils  ne voient pas l’évidence ? La France vieillit et  ne fait plus assez  d’enfants depuis  longtemps, mais les Français ne veulent pas l’admettre. A leur décharge, tous les débats sur le financement qu’on leur propose sont d’une extrême confusion et l’argument principal  « on vit plus  longtemps, il faut travailler plus longtemps » fait l’objet de  négations, de procrastinations, de querelles compliquées de chiffres, de courbes  que nous  livrent des experts et des économistes… toute cette  flopée de demi-habiles prompts à encombrer les plateaux avec leurs arguties comme pendant la crise sanitaire. La  conséquence, c’est  la déconnection de nos concitoyens  avec  la réalité, ils préfèrent se cacher les yeux ou se boucher les oreilles.

La démographie oubliée.

C’est la grande absente de la réforme présentée  par  Elisabeth Borne. C’est  un incroyable  impensé. Pourtant la  question démographique est centrale pour penser le système de retraite par répartition qui est fondé sur une solidarité intergénérationnelle qui se conjugue au présent immédiat. Car les cotisations d’aujourd’hui servent à payer les pensions d’aujourd’hui.  Autrement dit, si l’on tient au système par répartition rappelons que les actifs paient les retraites de leurs parents  parce qu’ils sont assurés que leurs enfants paieront pour eux. Encore faut-il qu’ils en aient ! C’est l’oubli de la démographie qui a mis notre système  en danger ; la  politique familiale avait été fragilisée ces  dernières décennies, mais les coups les plus sévères ont été portés sous François Hollande et Emmanuel Macron. Si l’on veut garder notre système de retraite, il faut restaurer une politique familiale en tant que politique destinée à favoriser la  natalité alors qu’elle est devenue une politique d’aide sociale destinée aux  plus fragiles, à cause d’une vision  progressiste qui ne sait pas voir autre chose qu’une société d’individus. De ce fait, la réforme proposée veut donner  l’illusion d’agir sur le fond mais finalement n’achète qu’un peu de répit.

La démagogie et la surenchère syndicale et politicienne.

Dans le concours des lapins crétins  qui s’opposent à la réforme, je ne sais qui remportera la  palme entre les partisans de Mélenchon et ceux de Le Pen. La trajectoire financière montre en effet que le financement sera dans le rouge au cours des vingt cinq prochaines années, quelles que soient les conventions de calcul et hypothèses retenues. On peut affirmer avec précision que les déficits cumulés à partir de 2022 atteindront en 2050 entre 11% et 16% du PIB selon les scénarios, soit entre 700 et 1 000 milliards d’euros. Ne rien faire empêchera de payer des pensions décentes aux futurs retraités. Que Mélenchon et Le Pen disent clairement qu’ils font le choix de la pauvreté !  Déjà, ce que propose le gouvernement ne permettra de dégager que 14 à 16 milliards d’euros à l’horizon 2030, alors que les déficits prévus tournent autour de 20 milliards,  sans compter les 30 milliards des pensions publiques à la charge de l’Etat. Non seulement les syndicats et  les  populistes jouent un jeu irresponsable, car il n’est pas  possible qu’ils ne sachent pas la réalité, mais en empêchant un rétablissement pérenne de la trajectoire du financement, ils nous condamnent à revenir à la charge à  nouveau dans moins de dix ans.

La mesure d’âge est  fondamentale.

Le  gouvernement ne peut agir que sur trois leviers : relever l’âge, augmenter les cotisations, baisser  les pensions. Augmenter les cotisations n’est plus possible, on l’a vu ; baisser les pensions c’est déjà fait depuis dix ans avec le gel des augmentations ;  reste le recul de l’âge de départ. Cette dernière mesure est la plus efficace  et peut s’accompagner de l’allongement de la durée de cotisation. En travaillant tous collectivement un peu plus, les Français peuvent créer de la richesse pour financer leur système social. 65 ans aurait été la bonne décision qui permettait de sortir de la  nasse par le haut, de réaliser les économies nécessaires à l’équilibre  à l’horizon 2050, de faire baisser la pression des taux sur la dette française, de mettre la France au diapason des autres pays européens en matière d’âge de départ, tout en garantissant le niveau des pensions. Rappelons qu’à la suite de la réforme de 2010 sous Sarkozy, le taux d’emploi des seniors  est passé de 39,7% à 56%  aujourd’hui ;  L’idée que relever l’âge de départ met plus de seniors au chômage est fallacieuse. Quant aux carrières longues le système  de retraite anticipée est déjà en place.

Agir  pour les jeunes génération, c’est faire en sorte que celles-ci aient confiance en l’avenir. Les ajustements paramétriques périodiques, qui génèrent tant d’oppositions, ne sont pas propices à créer ce climat. C’est pourquoi, il faudrait aller au-delà  en instaurant un étage de retraite par  capitalisation, tout en conservant le socle par répartition. De nombreux dispositifs vertueux sont possibles et d’ailleurs ils existent dans une  partie de la fonction publique.  Ce serait un bon  moyen d’alléger le fardeau de l’Etat tout en garantissant des  pensions pérennes avec un taux de remplacement acceptable. Cette approche permettrait d’améliorer le niveau de vie des futurs retraités, de réduire la dette  publique et de responsabiliser  les actifs par leurs investissements.

Avant les grèves et les journées de protestation, posez-vous la question : pourquoi une catégorie de Français aurait-elle le droit éternellement à des régimes spéciaux ? Serait-ce parce que ceux-là s’arrogent le droit de  bloquer le pays ?  …

 


LA SCIENCE EXISTE ENCORE !

Tryphon étoile

 

Oui, la  science existe encore et c’est notre meilleure antidote contre tous les obscurantismes qui la confondent avec les croyances et les idéologies. L’année 2022 nous a apporté  quelques belles avancées de la connaissance et des progrès qui apportent à l’être humain la dose d’espoir qui permet d’envisager l’avenir autrement que sous l’angle dramatisé et inutilement anxiogène du réchauffement climatique propagé par les écolos et le GIEC.

Les exploits de James Webb.

Le télescope spatial américain envoyé par une fusée Ariane 5 en décembre 2021 nous  a envoyé des images époustouflantes du fond de l’univers. Cet observatoire astronomique, le  plus grand et le plus ambitieux jamais envoyé dans l’espace, a coûté 10 milliards de dollars. En observant les galaxies dans les ondes infrarouges avec une  sensibilité et une précision sans équivalente, le James Webb réalise des clichés qui sont à la  fois un magnifique spectacle pour les  béotiens et le support d’innombrables découvertes pour les astronomes. On a ainsi pu découvrir de spectaculaires nébuleuses dans lesquelles  naissent les étoiles, des galaxies hyperlointaines nées peu après  le « big-bang », des exoplanètes… L’Homme continue d’apprendre.

On a dévié un astéroïde.

Un  peu comme  « on a marché sur la Lune », en septembre  dernier la  sonde américaine Dart (fléchette), a percuté un astéroïde pour le dévier de sa  trajectoire. Dimorphos, 170 m de diamètre, ne présentait aucun risque pour la Terre,  mais  il  s’agissait  d’un exercice pour évaluer notre capacité à réaliser une telle manœuvre. L’impacteur cinétique de plus de 500 kg qui arrivait lancé  à 22 500 km/h a percuté  sa cible à plusieurs milliers de km d’altitude et  l’opération s’est révélée très efficace. Pour une véritable mission de défense planétaire avec un astéroïde qui menacerait de s’écraser sur notre planète, il faudrait réaliser la collision  plusieurs  mois à l’avance afin que  la déviation soit suffisante pour éviter une catastrophe.

2 millions d’années  plus tôt.

Une équipe internationale de chercheurs est parvenue à identifier de l’ADN d’animaux, de plantes et de microbes datant d’environ 2 millions d’années, en prélevant des échantillons de sédiments dans le pergélisol de l’extrême nord du Groenland. Des mastodontes, rennes, lièvres, lemmings et oies, peuplant des forêts de peupliers, de bouleaux et de thuyas… Les scientifiques ont reconstitué tout l’écosystème de cette région du globe qui connaissait alors des températures bien plus douces qu’aujourd’hui… Tiens, tiens, le  climat aurait donc déjà changé ?

Vous pourrez demander la  Lune.

Avec Artémis, la Nasa reprend le chemin de la Lune. 50 ans après, une capsule Orion a été envoyée autour de notre satellite naturel. Cette fois, le  vaisseau Orion a fait le voyage en mode automatique avec de simples mannequins à bord, et tout s’est parfaitement bien passé. Des  astronautes seront du voyage autour de la Lune lors de la prochaine mission  Artémis 2, prévue en mai 2024. Pour l’agence spatiale européenne, qui fournissait le module de service de la capsule, apportant énergie et propulsion, le succès est total et ouvre la porte à  l’envoi dans les prochaines années d’un astronaute européen autour de la Lune. Si  tout va bien le premier alunissage d’une femme astronaute américaine est prévu en 2025.

InSight.

Après 4  années sur Mars, la  mission InSight est  un formidable succès. Le sismomètre français emporté par la Nasa, a révolutionné notre connaissance de l’intérieur de la planète rouge (cocorico). Un des grands succès est d’avoir réussi à enregistrer des secousses dues à des impacts  de météorites sur Mars, provoquant des cratères de plus de 130 m de diamètre à la surface, soit les plus gros cratères d’impact connus qui se sont formés durant les derniers siècles sur l’ensemble des planètes du système solaire. Pour faire court, cela a permis de perfectionner les  modèles de calcul sur la propagation des ondes dans la croûte et le manteau martiens. On a ainsi obtenu plus détail sur les couches inférieures de Mars, l’épaisseur de la croûte, la taille de son noyau… Enormément de progrès sur la connaissance de la planète.

En dehors de la conquête spatiale, il faudrait évoquer aussi la fusion nucléaire par  laser, réalisée par  les scientifiques américains du NIF, la greffe d’un cœur de cochon sur un malade qui a vécu deux mois, les progrès dans le traitement de la mucoviscidose, la puce informatique d’Elon Musk qui pourrait rendre la vue aux aveugles …  Loin du brouhaha et du tam-tam quotidien des réseaux sociaux et des médias continus qui ne s’intéressent qu’à l’écume des jours, l’intelligence est au travail et c’est  plutôt  rassurant, tellement notre époque semble montrer de notre espèce une image de bêtise et d’abrutissement.

Le génie humain n’a pas dit son dernier mot. Il est donc encore possible d’avoir foi dans l’avenir, si, si !

 


« PANTINE » ET COMPAGNIE …

Crétin

Petit tour d’horizon de l’état de notre société en ce début 2023.

Jusqu’où ira-t-on (laveur) …

L’année 2023 commence très fort niveau bêtise et je crains qu’on n’ait pas touché le fond. Comme si on n’avait pas assez de Sandrine Rousseau et de ses incongruités de féministe exacerbée. Voilà que la ville de PANTIN en région parisienne a décidé de féminiser son nom pendant un an afin de  « sensibiliser ses habitants à la  cause féminine ». Tchao Pantin, donc ! Avec une telle initiative, la cause de l’égalité femmes-hommes va  sûrement faire un grand bond.  Ce sont surtout les finances de la ville qui le sentiraient passer parce qu’il faudrait, pour  bien faire, remplacer les panneaux et tous les supports de communication. Prudent, l’édile se contentera d’un changement « symbolique » qui ne figurera pas dans les documents officiels. S’il y avait un Oscar de la connerie, nul doute que le  Kern qui officie comme maire pourrait concourir. J’ajoute que d’appartenir au PS n’est pas une excuse. D’ailleurs des habitants n’ont  pas hésité à trouver ça complètement stupide. De quoi aussi offusquer  la démocratie et un conseiller d’opposition de dénoncer une décision qui n’a pas été votée en conseil  municipal. Bref, s’il y a des progrès à réaliser  en matière d’égalité, la cause des femmes mérite mieux que ces coups de com’ débiles. En même temps, on apprend que le département de Seine-Saint-Denis  a décidé de rédiger son site internet en « écriture inclusive », pourtant décriée et même déconseillée par  l’Académie Française. Face  à ces offensives plus ou moins  wokistes et obscurantistes, faites comme moi, braves citoyens Séquano-Dionysiens, boycottez le site et faites savoir votre  mécontentement à ces élues et élus inconséquents !

Facebook contre CGT : 1-0

Il faut dire que l’année 2022 s’était terminée en beauté avec  une grève de la SNCF inédite obligeant  à l’annulation d’un TGV sur trois et mettant 200 000 passagers pris en otages sur le quai. Les   contrôleurs qui se considèrent comme les mal-aimés de la compagnie ferroviaire,  mécontents que les syndicats ne les suivent  pas, ont monté un collectif qui alimente une page facebook et se  sont passés des organisations syndicales  pourtant puissantes. Celles-ci, dépassées et pour ne pas rester en rade, ont déposé un  préavis de  grève sans pour autant appeler à l’arrêt de travail.  On admirera  l’hypocrisie.  De ce fait la grève des contrôleurs ne fut  pas illégale, privant la direction  de son  principal  recours. Ce collectif se montre plus maximaliste que les syndicats contestataires, expliquant que  les contrôleurs ne  veulent  pas se satisfaire des « miettes » qu’on  leur concède : les  miettes  en question consistent en une augmentation de la prime de travail de 600 euros brut par  an, dont une partie sera intégrée  au salaire à partir de 2024  sans oublier les augmentations de salaire proches de 12% octroyées en 2022-2023 à tous les cheminots… Voilà comment les « réseaux sociaux » peuvent nous pourrir la vie ! Face à cette brutalisation de la vie sociale qui permet la surenchère  de petites minorités, le  pouvoir politique ne peut pas rester indifférent et se contenter de prêches et de lamentations.  Il est  grand temps qu’il prenne les mesures qui s’imposent quitte à légiférer afin de rendre compatible le droit de  grève  avec tous les autres droits qui lui sont si souvent sacrifiés. Il va falloir aussi s’intéresser au rôle d’internet  afin d’en réglementer l’utilisation  et combattre les nombreux abus dont les réseaux sont les vecteurs.

Madame se meurt, madame est morte (la médecine)

Et pour se faire soigner, l’année commence comme la précédente s’est terminée : il ne faut surtout pas tomber malade. Triple épidémie, hôpital à la ramasse aux urgences saturées  et cerise sur le gâteau, médecins libéraux en grève. Prendre un simple rendez-vous relève de la galère. Le pays du « meilleur système  de santé au  monde » voit son accès aux soins partir en brioche. Après l’hôpital, c’est  la médecine de ville qui craque. La  situation n’est pas  meilleure aux urgences et au Samu qui parfois ne répond même plus. Si on ajoute aux grévistes, les généralistes en congé pendant les fêtes, on comprend que  toute la chaîne  médicale soit embolisée. Les  médecins libéraux se plaignent de la lourdeur de leurs tâches et des paperasses qu’on leur demande de plus en plus.  Ils veulent le doublement du prix de leur consultation, ce que  le gouvernement n’est  pas prêt à céder. J’ai le sentiment qu’on n’est pas  près d’en voir le bout.  Les  hospitaliers quittent l’hôpital, les déserts  médicaux s’étendent, l’augmentation du nombre des  médecins formés ne produira ses effets qu’à partir de … 2030. Bref, on a le temps de crever dix  fois ! Bah, il paraît qu’il est  toujours possible de se rabattre sur une « téléconsultation »… avec un robot au bout ?!

Vous avez dit « collector » …

Depuis ce premier janvier, les emballages jetables sont interdits pour la consommation sur place. L’écologie vient encore de frapper.  Mais ce qui est inattendu, c’est que les restaurants concernés, Mac Do et autres, qui ont mis  à disposition une « vaisselle » réutilisable, se voient  dévalisés par des clients pour le  moins indélicats. Chez l’étudiant et le bobo, ce  genre de gobelets et boites en  plastique est très tendance, les trouvant très « collectors ». Certains montent ainsi leur vaisselle à bon compte. Il est évident que ces vols coûtent beaucoup d’argent et limitent l’impact écologique puisqu’il faut que cette « vaisselle » soit utilisée plusieurs fois si l’on veut en limiter l’empreinte carbone. Ces vols sont suffisamment importants pour que le géant américain en appelle aux  pouvoirs publics pour l’aider à  mettre fin au phénomène de vols. Va-t-on procéder à des « fouilles  au corps » à la  sortie des enseignes au M  jaune ? En attendant, celui qui se frotte les mains, c’est le fournisseur de ces objets si prisés et pourtant de si peu de valeur….

Et… la  vie est belle !

 


SUR L’ESSENCE DIVINE DE JESUS…

Jésus l'enquête 2

 

A quelques jours de Noël, voilà un sujet qui mérite d’être abordé.

Jean STAUNE, philosophe des sciences et prospectiviste, dans un livre étonnant, propose une vision renouvelée  de l’Evangile de Saint-Jean. Analysant les propos du Christ rapportés par  l’apôtre, à la lumière de  la  physique quantique, ceux-ci montreraient qu’il n’est pas seulement un homme mais  l’incarnation de celui qui est à l’origine de notre Univers ! Ainsi,  les derniers progrès de la science donneraient une crédibilité nouvelle à cette conception  du dieu fait homme qui a pu paraître absurde à beaucoup pendant deux mille ans. Guillaume Roquette a interviewé l’auteur, Je vais essayer de vous en faire partager l’essentiel, à défaut de lire le livre.

Une enquête sur Jésus.

D’abord, l’auteur tranche dans le débat sur les évangiles en faveur de celui de Jean qu’il  affirme être le plus fiable  et le seul écrit par un témoin direct de l’enseignement de Jésus, ce que n’étaient pas Marc, Luc et  Matthieu. Pour lui, Jean était le fils spirituel du Christ, bien qu’il  n’ait jamais fait partie des 12 apôtres. Il ressort de l’évangile de Jean une particularité qu’on ne retrouve pas  dans les autres textes : Jésus y tient des propos qui peuvent paraître aberrants à un non-croyant. Ainsi il affirme qu’il existait avant la création du monde, qu’il peut donner la vie à qui il veut, qu’il est la seule voie que l’on peut emprunter pour aller au ciel… Cet Evangile nous donne la vision la plus exacte de ce que Jésus a enseigné et a dit lui-même.

L’apport de la physique quantique et de la technologie des hologrammes.

Jean Staune nous embarque dans son cheminement qui implique, pour comprendre la vraie nature de Jésus, de faire appel  à des concepts de la physique du XXème siècle. Quand Jésus nous dit : « Qui m’a vu a vu le  Père, moi et le Père nous sommes un » et « Le Père est plus grand que  moi », Jean, le fameux « disciple que Jésus aimait » avait tout compris, ce qui pour nous ne peut se comprendre qu’avec un concept comme celui de l’hologramme. Je vous passe les détails techniques de la démonstration, c’est un peu comme  Polnareff au piano qui joue pendant que son hologramme  le représentant quand il avait trente ans, sur la scène, chante en même temps.  De même, l’idée qui peut paraître absurde qu’on pourrait être à la fois « Homme et Dieu », devient réaliste avec la notion de dualité en physique quantique. Celle-ci explique en effet, que les fondements des objets sont en même temps des ondes et des particules, soit deux états complètement contradictoires, et pourtant ce sont réellement les composants de notre corps et du monde qui nous entourent. L’auteur emprunte à Bernard d’Espagnat l’illustration de notre monde d’après la physique quantique avec l’image de la caverne de Platon : ce que nous prenons pour la réalité serait en fait des ombres projetées depuis un autre niveau de réalité plus profond. Ce niveau de réalité au-delà du temps, de l’espace, de l’énergie et de la matière, d’autres  physiciens ont affirmé qu’il y avait justement une structure holographique…

Jésus et l’éternité.

Conséquence logique de ce que le Christ dit lui-même : IL existe avant  la création du monde… Il est  le « tunnel » qui permet de passer de ce monde où nous sommes au monde véritable. C’est la seule voie possible pour sortir de la caverne de Platon. Il y a plus de  4 000 ans, les Egyptiens avaient prévu dans les moindres détails ce qui allait être l’incarnation de Jésus sous le nom d’Osiris. D’autres civilisations ont également eu cette intuition. Un archétype universel en quelque sorte. Jésus serait donc dans notre Univers quelque chose d’aussi fondamental que la gravitation et la vitesse de la lumière.

Les rapports avec les dogmes de l’Eglise catholique.

La seule chose qui peut poser problème ce  sont les textes  mystiques qui ne sont connus que par quelques centaines de  personnes sur terre, ceux qui sont « nés de l’Esprit »,  selon l’enseignement de Jésus et qui forment la véritable « communion des saints » au-delà de tous les dogmes et de toutes les Eglises constituées. Jean Staune cite à l’appui de sa démonstration le cas du Padre Pio, prêtre capucin mort en 1968 et canonisé en 2002,  qui a guéri des aveugles de naissance et fait bien d’autres miracles… Nous sommes tous potentiellement capables de faire ce qu’il a fait. Encore faut-il avoir le « code source ». On peut être totalement fidèle à l’Eglise tout en affirmant qu’elle n’est pas le fin mot de l’Histoire. Une manière de répondre à la quête de sens d’une très grande majorité de nos contemporains.

Matrix et la physique quantique nous aident à comprendre qui est vraiment Jésus, ce nouveau-né au fond d’une crèche de Galilée, que nous célébrerons dans la nuit du 24 au 25 décembre.

« Jésus, l’enquête » de Jean Staune, Plon.

Interview de Guillaume Roquette, Le Figaro magazine du 11 novembre 2022.

 


FACE A UNE GUERRE SAINTE

Face guerre sainte001

 

La philosophe Sylviane Agacinski est une voix singulière dans le paysage intellectuel français. Elle sait aller à la racine des sujets qu’elle traite avec le souci permanent de l’honnêteté intellectuelle. Dans son dernier livre « Face à une guerre sainte »,  la philosophe aborde un sujet, sur lequel elle avait toujours eu des positions discrètes: la question de l’islam.

Deux attachements vitaux.

Dans ce livre aux accents personnels, elle confesse deux attachements vitaux. D’abord son « attachement à la France et son angoisse de la voir déchirée». Fils d’un père polonais arrivé en France pour être boiseur dans les mines, celui-ci est tombé amoureux de la langue française grâce à l’école communale : « Il a échangé les rois de Pologne pour les rois de France», confesse-t-elle joliment, exprimant son admiration pour ce modèle d’intégration dont elle est l’héritière. « Je n’ai pas souvenir qu’on nous ait fait réciter nos ancêtres les Gaulois, mais cette formule n’est pas si sotte si on veut bien considérer que la référence à des ancêtres communs prend un sens ici éminemment symbolique. ». Son deuxième attachement est son souci de la liberté des femmes et de leur égalité avec les hommes, souci féministe qu’elle voit menacé par l’islamisme et l’assujettissement de la femme qu’il porte comme un projet politico-religieux, un véritable patriarcat que beaucoup ne veulent pas voir. Sylviane Agacinki avoue sa propre évolution sur le sujet. En 1989, lors de l’affaire du voile de Creil, première grande polémique nationale sur le sujet, elle ne faisait pas partie de ces intellectuels qui, comme Élisabeth Badinter, Régis Debray ou Alain Finkielkraut, dénonçaient un « Munich de l’école républicaine ». Elle a d’abord pensé que « l’impératif majeur était l’instruction de quelques filles rebelles ». Mais elle a fini par se rendre à l’évidence, et reconnaît que la prescription du foulard était l’effet direct de la pression des mouvements islamistes et n’hésite pas à affirmer aujourd’hui : « Le voile devrait être considéré en tout premier lieu comme un emblème politique ».

L’Islamophobie.

Elle analyse ensuite l’instrumentalisation de l’islamophobie par les islamistes. Elle relève comment ces derniers utilisent la CEDH, Cour européenne des droits de l’homme, pour justifier le voilement au nom de la liberté individuelle, prônant une forme de « liberté de se soumettre », ce qu’elle appelle le paradoxe de Martine, du nom de l’héroïne de Molière qui dans Le Médecin malgré lui s’exclame : « Et s’il me plaît d’être battue ? ». Mais on est loin du comique de Molière. Elle dénonce les féministes occidentales, qui, telle Christine Delphy, se font complices de cette exploitation stratégique des droits de l’homme par le prosélytisme islamiste, par un retournement rhétorique par lequel l’abolition d’une pratique essentiellement sexiste qui sépare et discerne les femmes se trouve transformée en acte de discrimination et d’exclusion.

L’école républicaine.

Elle se veut aussi inflexible sur la défense de l’école républicaine. Défenseuse de la laïcité, Sylviane Agacinski ne s’enferre pas pour autant dans le laïcardisme, n’ayant pas de mépris pour le fait religieux. Mais elle se refuse à céder à la mode, inspirée de penseurs anglo-saxons, appuyant l’exclusion d’une culture commune au profit d’une « constellation post-nationale ». Examinant l’alternative entre assimilation et intégration, sa conviction est qu’il lui paraît impossible de déchirer ce qui lie la communauté politique à la communauté culturelle, c’est-à-dire la nation historique. 

Quel universalisme ?

Et elle en vient à examiner le principe d’universalisme, autre totem porté par la France. Contrairement au think tank Terra Nova, fervent défenseur des « minorités » plus que des salariés et partisan de la discrimination positive, Sylviane Agacinski défend l’« universalisme ». Mais de la même manière qu’on ne peut pas séparer l’âme du corps, on ne peut pas promouvoir un universalisme abstrait, désincarné, aussi froid que les murailles du Panthéon, constatant que « Les communautés humaines ne sont ni purement spirituelles, ni purement rationnelles». De même, elle est sévère avec l’« universalisme utopique et désincarné » de Jürgen Habermas, qui participe selon elle de « l’évidement de la nation comme entité historique ».

Par ce livre, Sylviane Agacinski s’inscrit dans le sillage d’un mouvement profond de l’intelligentsia française, qui a vu progressivement une partie de la gauche se réveiller face aux mirages du multiculturalisme. Avant elle, Alain Finkielkraut, Jacques Julliard, Pascal Bruckner furent traités de réactionnaires pour avoir ouvert les yeux. Sa réflexion nous propose de redécouvrir la définition d'un certain nombre de principes et de valeurs qui fondent notre République, dans leur confrontation à une réalité parfois hostile. 

Le retour du religieux sous la forme de la guerre sainte islamiste était inattendu pour des intellectuels européens. Elle nous oblige à définir qui nous sommes. Sylviane Agacinski s’attelle à la tâche avec brio.

FACE A UNE GUERRE SAINTE, Sylviane Agacinski, Editions du Seuil


QUAND LE CLIMAT FAIT DES HISTOIRES…

Sapiens et  le climat001

Le livre d’Olivier  Postel Vinay « SAPIENS ET LE CLIMAT » intéressera les  passionnés d’Histoire avec  un grand « H », mais pas que, car il est très accessible. C’est  un ouvrage  qui repose sur une  somme  de  connaissances  incroyable dont l’auteur fait la synthèse, parfois avec beaucoup d’humour, mettant en relation les  aléas climatiques de la Terre avec ceux des  civilisations.  On serait presque   tenté  de conclure qu’à chaque  effondrement, naissance, révolution, le climat s’en est mêlé. Il permet  aussi de s’apercevoir  que la période que nous vivons, que certains font sombrer dans le catastrophisme, n’a rien d’exceptionnelle par rapport au passé, et même, curieusement, au passé récent, ce qu’on oublie de nous rappeler.

Quelques extraits pour éclairer l’ouvrage.

« Je  vais donc me concentrer sur les acquis de la  littérature scientifique… Ils sont issus de toute une série de moyens de mesure et d’évaluation indépendants. Concernant l’Empire romain, les  spécialistes recensent pas moins de onze ensembles d’indices matériels  indépendants les uns des autres, qu’il est donc possible de comparer. Ces indices s’ajoutent aux données  de base que sont les variations de l’activité du Soleil, celles   de l’inclinaison de la Terre par rapport au Soleil et du chemin qu’elle parcourt en tournant autour ainsi que les variations des grands systèmes océano-atmosphériques que sont, entre autres, l’Oscillation de l’Atlantique nord et la Zone intertropicale de convergence qui détermine les  moussons. Les principaux proxies (témoins) sont les carottes glaciaires, l’avance et le recul des glaciers, les  éruptions volcaniques, les spéléothèmes (stalagmites), les  pollens  fossiles, les  sédiments marins  et lacustres, le  niveau des lacs, les crues des rivières, les squelettes et les dents … et les fameux cernes des arbres dont la double croissance annuelle reflète les variations de la chaleur et de  l’humidité…. ».

Comme on le voit les éléments avérés pour mettre en corrélation les évolutions climatiques documentées avec l’Histoire des Hommes depuis son apparition ne manquent pas.  Voilà une approche qui apporte des éclairages parfois surprenant sur des causes d’événements historiques rarement prises en compte. Ainsi notre Histoire contemporaine qu’on aurait tendance à raconter en ne prenant en compte que l’angle des humains, toutes choses étant égales par ailleurs, s’avère  finalement très  partielle. Car il se trouve, qu’en matière de  climat, les « choses ne sont jamais  égales par ailleurs » à deux moments  donnés !

Concernant l’Empire romain, par exemple, l’auteur peut affirmer :

« De -100 à 200, le climat méditerranéen a été d’une exceptionnelle stabilité. Chaud et bien arrosé. La  période 21-50 a représenté les trente années les plus  chaudes de notre  ère jusqu’aux années 2000. Au IIème siècle,  les  glaciers alpins étaient  aussi courts qu’aujourd’hui.  En Angleterre, la remontée de la punaise de l’ortie vers le nord  témoignait de températures de juillet d’au moins 2° supérieures à celle du milieu du XXème siècle. Il pleuvait plus en Egypte que de nos  jours, les crues du Nil étaient abondantes et le blé égyptien permettait aux empereurs de constituer d’énormes réserves.  La température des eaux de la Méditerranée, au large de la Sicile était de 2° supérieure à la température actuelle. »

Le "présentisme".

En conclusion, Olivier Postel Vinay souhaite attirer notre attention sur un trait de  notre époque : ce que l’historien François Hartog appelle  le « présentisme » : « Nous vivons tellement au présent (nourri de prédictions) que la  plupart d’entre nous oblitérons le  passé,  l’ignorons ou le réduisons à quelques  jalons mal informés,  propagés par des clichés. En matière de clichés, l’un des plus irritants est la formule « sans précédent »,  qui accompagne tant « d’informations » diffusées  par les médias. Les journalistes (et  parfois les climatologues qui les instruisent) feraient bien de regarder à deux fois avant de l’asséner. »

Pour clore son  ouvrage, il nous livre  une réflexion que je partage  largement. « Au regard  des crises climatiques auxquelles Sapiens puis l’homme moderne ont été confrontés, nous vivons aujourd’hui un optimum. Je dis cela de façon tout-à-fait objective,  sans recherche de paradoxe. Nous bénéficions d’une époque particulièrement privilégiées au sein même  des millénaires de stabilité  relative qui ont suivi le chaos du dernier âge glaciaire, du temps des grottes ornées. Dans le cadre de cet optimum bien compris, trois éléments sont cependant nouveaux. Le premier est que les pays riches ont acquis les moyens de lisser les microcrises climatiques qui les affectent ; ils ne sont plus sujets aux terribles  souffrances qui pouvaient encore les perturber au milieu du XIXème siècle et qui peuvent encore perturber les pays pauvres. Le second est qu’en raison de la conjonction entre les progrès de l’industrie et la croissance vertigineuse de la population mondiale, la  concentration dans l’atmosphère des gaz à effet de serre que nous injectons a atteint un niveau supérieur à tout ce que Sapiens a pu connaître depuis son arrivée sur Terre. Ce qui conduit au troisième élément nouveau : nous vivons une crise climatique réellement sans précédent, en ce qu’elle se fonde non  pas sur des bouleversements concrets entraînés par un changement climatique catastrophique, mais sur l’inquiétude générée par des scénarios élaborés par des spécialistes sur une crise à venir. Pour la première fois de sa longue carrière, Sapiens vit une crise climatique par anticipation. A tort ou à raison ? … »

Bonne question !

Après la lecture de ce livre,  et en recoupant avec « l’obscurantisme vert » d’Yves Roucaute et « Climat, la part d’incertitude » de Steven E. Koonin (N°1 des ventes aux USA tout en étant méprisé par les grands médias), dont je vous parlerai bientôt, les  prédictions du Giec largement répercutée  par les médias, et interprétées en les dramatisant comme avec l’émission « Ouvrons les yeux » sur BFMTV, devraient être assorties  des  précautions les plus élémentaires et non présentées  comme certaines, car  s’il y a une chose qui est bien certaine c’est que le contexte du futur à l’horizon 2050  ou 2100 n’est pas connu et ne sera pas « toutes choses égales par ailleurs ». Une éruption volcanique majeure qui a une chance sur six d’avoir lieu, le déclenchement d’un petit âge glaciaire lié à l’activité du Soleil, le dérèglement d’El  Niño, etc … peuvent avoir des conséquences majeures et venir démentir les  scénarios catastrophistes qu’on nous martèle à des fins  peut-être plus idéologiques que climatiques.

SAPIENS ET LE CLIMAT, une histoire bien chahutée, d’Olivier POSTEL VINAY – La  Cité.