LE JOURNAL DE BORD DE VIRGINIE CALMELS N°4
09 mars 2018
J'aime bien ces journaux de bord : c'est bref, concis et Virginie va à l'essentiel. Retenez bien les rendez-vous qu'elle nous fixe.
Daniel
J'aime bien ces journaux de bord : c'est bref, concis et Virginie va à l'essentiel. Retenez bien les rendez-vous qu'elle nous fixe.
Daniel
Une manne importante mal utilisée.
La formation professionnelle coûte chaque année autour de 32 milliards d’euros et on ne peut pas s’empêcher de mettre en relation cet effort colossal avec la hausse du taux de chômage qui l’a accompagné. Il y a donc un problème, c’est le moins qu’on puisse dire. La formation gérée paritairement par les syndicats et le patronat était une bonne idée, mais seulement en apparence, car depuis quarante ans le dispositif ne semble pas avoir lutté avec succès contre les crises économiques qui se sont succédé. Nous avons un modèle de formation qui coûte très cher, qui a vieilli, et qui a surtout généré des rentes de situation. Un constat s’impose : il ne profite pas suffisamment à ceux de nos jeunes concitoyens qui espèrent entrer sur le marché du travail et surtout à tous les autres de rester dans le monde du travail. Voilà ce qui arrive quand on se retrouve à la fois juge et partie. Une réforme est donc indispensable.
L’Etat choisit la pire solution.
Que l’Etat reprenne en main la formation professionnelle n’aurait rien de choquant si l’on évalue à la fois la somme investie chaque année dans ce secteur et les résultats peu probants qu’elle obtient en matière de réduction du chômage. Mais il est loin d’avoir toute la légitimité requise pour lancer une OPA sur la formation. Il n’alimente qu’un tiers de son budget, avec à peu près dix milliards d’euros par an (3,8 milliards directement versés par ses caisses et 5,5 milliards au titre des fonctions publiques) ; les entreprises, pour leur part, dépensent 14 milliards pour la formation professionnelle et le reste du financement est assuré par les ménages (1,4 milliard), l’Unedic (2,1), les régions (4,5), les autres collectivités territoriales (117 millions). Pourtant, désormais, la gestion des montants recueillis sera désormais gérée par l’Etat qui souhaite accélérer la formation en la finançant lui-même et en prenant toute une série de dispositions très techniques destinées à faciliter l’accès aux droits pour ceux qui souhaitent bénéficier d’une formation professionnelle. C’est l’Etat qui recueillera les fonds par le biais des Urssaf et non plus les 6 000 collecteurs dont c’est la tâche permanente et qui ne pourront survivre que s’ils sont affectés à d’autres tâches, ce qui explique que le nouveau dispositif déplaît souverainement aux syndicats et en particulier à la CFDT, vivement opposée à cette réforme, et au patronat, mécontent qu’on le prive d’une activité lucrative et qui n’aura de cesse de rappeler qu’il apporte près de la moitié des sommes dépensées. Il faut dire que les résultats obtenus ne plaident pas en la faveur des unes et des autres. La transparence sur l’utilisation des fonds n’était pas toujours de mise. Le choix qui est fait est donc celui de la centralisation. Cet Etat déjà obèse veut tout faire. Comme le reste, il le fera mal et il y a tout à craindre malgré les bonnes intentions affichées : le CPF, compte personnel de formation, sera crédité d’une somme d’argent et non d’heures, le droit à l’accompagnement sera renforcé, les chômeurs bénéficieront d’un accès élargi au dispositif.
Ce sont les Régions qui ont la compétence.
Les technocrates de Bercy ont-ils encore frappé ? Mme Pénicaud ignore superbement une fois de plus les Conseils régionaux à qui la décentralisation a transféré la compétence en matière de formation, ce qui rend la réforme incompréhensible. En plus elle prend le risque de jeter quelques milliers de salariés au chômage, ce qui serait le résultat inverse de celui qui est recherché. Ce sont les Régions que la réforme aurait dû placer comme principal collectrices des fonds de la formation et de l’apprentissage. Elles ont une bonne connaissance du tissu économique, ayant par ailleurs la compétence du développement économique régional, et donc des besoins des entreprises, y compris en formation. Elles seules sont en contact avec tous les types d’entreprises des plus petites, artisanales, aux plus grosses. Elles ont l’expérience vécue des relations avec tous les partenaires de la formation, qu’ils soient branches professionnelles, chambres consulaires ou syndicats patronaux, avec en plus la coordination nécessaire avec la formation initiale et continue, des lycées professionnels au Cnam pour l’enseignement supérieur. Elles devraient être le lieu privilégié de la mise en œuvre des parcours de formation professionnelle continue, et n’étant pas partie prenante, le lieu d’arbitrage idéal pour la pérennité ou la validation de l’offre. Ne pas leur confier ce qui entre dans leurs compétences est une faute politique grave.
Il faut donc s’interroger sur les motivations réelles de l’exécutif.
Cette volonté constante de recentralisation en ignorant sciemment les opportunités offertes par la décentralisation relève d’une vision de l’aménagement du territoire passéiste qui conduira immanquablement au gaspillage et à l’inefficacité.
Une élection à hauts risques.
Ce n’est un secret pour personne, les élections des députés au parlement européen sont toujours à haut risque pour le pouvoir en place : la faible appétence des Français pour l’Europe a pour conséquence une participation électorale qui est allée rétrécissant comme une peau de chagrin au fil des rendez-vous électoraux depuis 1979. Il en résulte logiquement une survalorisation de l’électorat qui se mobilise le plus. Jusqu’à maintenant, c’était le Front National qui tirait proportionnellement les marrons du feu, à la notable exception de 2009 où l’UMP est arrivée en tête. Le pire scrutin fut celui de 2014 qui vit le FN arriver en tête avec près de 25% des voix devant l’UMP avec seulement 20%, l’UDI en faisant 10% de son côté. Le PS s’était effondré à 14% ainsi que les Verts à 9%, pour seulement 42% de votants. La régionalisation des listes avait probablement limité les dégâts en tentant de rapprocher les candidats des électeurs. Le camp des eurosceptiques et des souverainistes va-t-il encore marquer des points en 2019 ? Le résultat des élections italiennes incline à le penser, mais les conséquences du Brexit qui deviennent peu à peu visibles peuvent provoquer un effet inverse. A la dernière présidentielle les « anti-Europe » et souverainistes (Le Pen, Dupont-Aignan, Mélenchon…) ont réuni pratiquement la moitié des suffrages. C’est un bon indicateur bien que ces résultats ne soient pas transposables. C’est néanmoins un premier écueil pour Emmanuel Macron qui campe sur des positions favorables au renforcement de l’intégration européennes et à son élargissement aux Balkans.
Les listes transnationales.
La sortie du Royaume-Uni de l’Union libère 73 sièges au Parlement de Strasbourg. D’aucun y verrait une occasion de diminuer le nombre d’élus d’autant et de faire des économies. Les cerveaux de nos technocrates n’ont pas cette logique probablement trop simple. Puisque 73 sièges sont vacants, pourquoi ne pas les utiliser pour élire des députés sur des listes transnationales. Sans entrer dans le détail, si cela se réalisait, nous voterions donc deux fois : une fois pour les listes nationales et une autre fois pour les listes transnationales. J’arrête là l’explication : inutile d’entrer dans le détail, le projet a été rejeté par le Parlement européen. Le président français s’était fait le chantre de ce double scrutin, il y voyait un moyen de renouveler l’intérêt pour la construction européenne dans la tête de nos concitoyens. A mon humble avis, il se faisait de douces illusions. Mais l’objectif était bien de faire exploser, grâce à ce tripatouillage, le rapport de force politique entre le PPE et les sociaux démocrates au sein du parlement, en faisant entrer un groupe « ni droite-ni gauche » … Or, le PPE est quasiment assuré de conserver l’an prochain la majorité au Parlement. La seule possibilité de contrer ce monopole, c’était de faire des listes transnationales, chaque citoyen européen disposant alors d’une voix nationale et d’une voix européenne. Une partie de la droite redoutait que le futur président de la commission européenne, qui doit être venir du groupe majoritaire soit issu de ces listes transnationales. Elle a logiquement dit non.
Retour aux listes nationales en France.
« En même temps », Macron a fait voter par l’Assemblée nationale, une modification du mode de scrutin avec le retour des listes nationales. C'est le "vieux monde" qu'il ressuscite ! Deuxième tripatouillage. Ce type de listes avait été abandonné parce que leur composition concoctée par les états-majors parisiens paraissait bien éloignée des électeurs qui, la plupart du temps, ne connaissaient même pas le nom de leurs députés européens finalement élus. Mais c’est un impératif pour le Président dont le parti n’a aucun enracinement local et se révélait incapable de mettre en place des candidats crédibles dans les circonscriptions régionales. C’est évidemment une régression démocratique. Il n’est pas certain que cela motive le corps électoral pour le mobiliser.
Le principe de réalité.
Face à la montée du populisme, tout le monde est bien d’accord qu’il faut faire repartir l’Union sur de nouvelles bases. La relance telle que la conçoit Macron, c’est la fuite en avant, avec grandes envolées lyriques et décor de théâtre, le Parthénon, en arrière-plan. Pas certain que ça fasse « bander » les Français (et les Françaises). Ceux qui tablent sur un affaiblissement de Merkel vont rapidement déchanter, maintenant qu’elle a obtenu ce qu’elle voulait, sa « grosko ». Comme l’émergence d’un nouveau groupe politique au Parlement européen, autour de « En Marche » est plutôt compromis, les alliés d’Agir venant d’adhérer au PPE, c’est donc aux Républicains de jouer leur partition. Face au projet de Macron qui veut construire l’Europe en continuant d’oublier les peuples européens et en premier lieu le peuple français, qui rêve d’une Europe de Schengen élargie aux Balkans avec toujours plus de fédéralisme, celui de Wauquiez pourrait paraître comme celui du réalisme. Car la solution la plus viable pour notre continent est celle d’une Europe à plusieurs vitesses autour d’un noyau dur d’Etats prêts à avancer ensemble. L’important est que l’Europe apparaisse comme la solution et non comme le problème. Le meilleur moyen de la réconcilier avec ses citoyens c’est qu’elle soit là pour leur faciliter la vie. Ce projet sera aussi un bon moyen de désamorcer le scepticisme qui alimente le souverainisme mortifère. Avec un programme qui pourrait apparaître comme celui de la raison, le scrutin européen, avec une liste « des territoires », peut être une chance pour Wauquiez : quel joli pied de nez en réponse aux tripatouillages présidentiels !
Une technocrature.
La France n’est plus vraiment une démocratie libérale. Avec l’élection de Macron, la prise de pouvoir par la technocratie atteint son apogée : c’est ça la « transformation ». Notre pays est devenu une « technocrature », contraction du mot « technocratie » avec le mot « dictature ». La démocratie est en effet confisquée par l’énarchie, présente dans tous les rouages avec une haute administration toute puissante et une prise en main politique où elle s’est infiltrée chez les élus pour s’emparer complètement du pouvoir. Le parlement est ravalé à un rôle d’approbation sans marge de manœuvre sous la domination d’un groupe majoritaire qui reçoit ses ordres directement de l’Elysée, c’est-à-dire de la haute fonction publique. Pour faire de la politique, aujourd’hui, Sciences-Po ne suffit pas, il faut avoir fait l’ENA et c’est souvent la condition pour être ministre : « énarque », c’est être de « sang pur » ! Le « ni droite-ni gauche » prend tout son sens quand on a été formaté par le même moule. C’est ainsi que Le Maire et Philippe se sont adaptés à Macron : entre énarques on se comprend. Les énarques ont un seul dieu : l’Etat, et leurs convictions fluctuent en fonction de leur appétit de pouvoir, on l’a bien vu avec Bruno Le Maire. Toute la politique actuelle menée par le gouvernement est entièrement entre les mains des énarques et de leurs raisonnements fumeux coupés de la réalité. A-t-on besoin d’un rapport ? C’est, par exemple, Spineta, un énarque qui s’y colle. Mais franchement, on pouvait en faire l’économie, « Edouard » pouvait demandé un avis autorisé à son ami Bussereau, fin connaisseur du dossier de la SNCF, avec l’avantage d’être gratuit, pour arriver aux mêmes préconisations.
L’Assemblée nationale réduite au rôle de chambre d’enregistrement, ça n’est pas encore suffisant. Il reste encore le Sénat où un peu de pouvoir politique « non aligné » s’exprime. Qu’à cela ne tienne, il faut « transformer ». Macron a dans la tête une révision constitutionnelle dans laquelle le Sénat fusionnerait avec le CESE (Comité Economique et Social), ce machin à recaser les syndicalistes retraités et les politiques en déshérence, machine à fabriquer des rapports le plus souvent inutiles, pour en faire une « assemblée des territoires ». Ainsi on pourrait supprimer les Régions, que l’on commence à priver de moyens, à commencer par la formation professionnelle dont elles ont la charge et dont on refile le pognon aux « branches ». Ainsi tout serait recentralisé et tellement plus commode à « gouverner ». L’affaiblissement du parlement, c’est un objectif, pas un mirage !
Des plans à tire-larigot.
En attendant, la machine technocratique fonctionne à plein régime pour « transformer » la France à sa main. Edouard Philippe c’est « Monsieur Plan-Plan ». C’est lui le chef d’orchestre de cette improbable symphonie dont la partition est faite de « rapports » qui débouchent sur des « plans » qui font l’objet de « comités de suivi ». C’est l’administration victime du syndrome de Parkinson. Vous ne le savez peut-être pas, mais ce sont vingt-trois plans, à ma connaissance, qui ont été produits depuis son entrée en fonction : un problème ? Vite un rapport et un plan !
On a des plans pour tout. Plan pour le commerce extérieur, avec le trou qu’on a il faut bien théoriser sur la baisse de nos parts de marché, mais on n’envisage pas l’essentiel qui tient dans l’insuffisante compétitivité de notre économie, ce serait trop simple. Je continue : plan étudiants, plan d’action pour la croissance des entreprises, plan en faveur des travailleurs indépendants, plan « France à très haut débit », plan Tourisme, plan pour réguler l’immigration, plan pour l’audiovisuel public, plan d’action pour la mise en œuvre du traité CETA, plan logement, plan de soutien à l’industrie française, plan pour le développement de l’Intelligence Artificielle, plan pour renforcer le contrôle des chômeurs, plan de privatisation, plan pour isoler les détenus radicalisés… Certains sont plus emblématiques : ainsi le « Plan Climat » qui nous vaut la mobilisation de 12 milliards d’euros de prélèvements pour financer les délires de Mr Hulot. Nous avons le grand plan d’investissement sous la houlette de Pisani-Ferry, de 57 milliards d'euros, mené tout au long du quinquennat, afin d'accompagner les réformes structurelles et répondre à quatre défis majeurs de la France : la neutralité carbone, l'accès à l'emploi, la compétitivité par l'innovation et l'État (ouf !). Il y a même des plans dans le plan : ainsi le « Plan d'Investissement dans les Compétences » qui vise à former un million de jeunes peu qualifiés et un million de demandeurs d'emploi de longue durée faiblement qualifiés et à transformer en profondeur l'offre de formation fait partie du grand plan d’investissement. Vient de sortir récemment le « plan de prévention de la radicalisation et de lutte contre la radicalisation » en 60 mesures (ah, ce chiffre 60, un fétiche depuis Hollande) pour un coup d’épée dans l’eau. Le plus attrayant est certainement le « plan d’action national pour une action publique transparente et collaborative » : tout un programme rien que dans le titre et il est doté d’un comité de suivi, ça va de soi ! Il faut encore citer le plan pour lutter contre la fraude fiscale pour renforcer un peu plus la traque des citoyens qui fuient l’enfer fiscal sans se demander s’il ne vaudrait pas mieux faire l’inverse : aurait-on de la fraude si la France était un « paradis » ? Pour tourner l’écueil de la diminution du nombre de fonctionnaires, le gouvernement préfère avoir recours à un « plan de départs volontaires » pour masquer son manque de volonté en la matière. Les chiffres de la première année de mandat sont éloquents : il aurait fallu ne pas remplacer 25 000 fonctionnaires pour tenir le cap promis des 120 000 à la fin du mandat présidentiel, or lors du vote du dernier budget, le gouvernement n’avait finalement supprimé que 1 600 postes de fonctionnaires au lieu des 10 000 prévus pour l’année 2018…!
Une France suradministrée.
Je suis sûr qu’il y a d’autres plans qui ont échappé à ma recherche. C’est évident qu’avec une telle activité il devient impossible de diminuer le nombre des fonctionnaires. Il ne manque plus que « le plan pour importer du sable au Sahara », pour reprendre la plaisanterie bien connue. Vous doutez encore que la France est suradministrée ? Malheureusement, tout cela a un coût, et on peut douter de la méthode. Car les plans sont faits aussi pour aller dormir dans les tiroirs : on en tire quelques mesures et le reste n’est jamais appliqué. Il suffit d’observer les réformes réellement mises en œuvre qui se contentent le plus souvent de demi-mesures. De fait, l’organisation de l’État est anormalement coûteuse et lourde dans son fonctionnement. La France est septième au classement de la part des employés publics sur l’emploi total : il y a deux fois plus d’agents publics en proportion de l’emploi total qu’en Allemagne. Les services publics sont également parmi les plus coûteux des pays de l’OCDE. Pas étonnant !
Il faut d’urgence supprimer l’ENA !
La croissance extérieure.
Nous venons de le constater : notre pays a été le dernier à voir sa croissance redémarrer, bien après les Etats-Unis et après tous nos partenaires européens. Et pour cause, elle nous vient de l’extérieur. C’est bien pour ça que Hollande la guettait, juché sur le toit de l’Elysée, comme « soeur Anne » en haut de sa tour. « Pas de bol », elle n’est pas venue à temps. Macron le sait bien qui organise à Versailles un grand raoût pour attirer ce que la planète compte de grands investisseurs. La raison est toute simple : La France se révèle incapable de générer sa croissance propre. En cause, un système d’imposition et de prélèvements qui épuise l’épargne privée au profit d’un Etat omnipotent qui prétend tout diriger. Ce qui manque le plus en France, c’est le capital privé qui devrait irriguer la bourse, les entreprises, l’immobilier… En macro-économie, l'accumulation du capital est le processus qui permet de transformer l'épargne en moyens de production ou en actifs financiers. Avec le travail et le progrès technique, elle est l'un des facteurs de production qui est nécessaire au développement économique. Le niveau des prélèvements obligatoires et les dispositifs fiscaux rendent impossible le bon déroulement de ce processus. Et notre pays est bien le seul en Europe à avoir un système aussi complet de captation de l’épargne à sa source pour alimenter un monstre obèse qui malgré cela dépense plus qu’il ne perçoit. Il est même le champion mondial des dépenses collectives de tous les pays développés : près de 57% du Pib de dépenses pour 46% du Pib de prélèvements obligatoires. Non seulement on empêche l’épargne privée d’alimenter la croissance, mais l’Etat est obligé de l’acheter à crédit, puisqu’il n’arrive pas à joindre les deux bouts malgré la lourdeur des prélèvements. C’est pourquoi il compte sur les capitaux étrangers pour venir investir en France, un jeu dangereux qui nous appauvrit à long terme.
Toujours plus d’impôts.
La « transformation » annoncée par Macron n’a pas lieu. Sa logique d’Inspecteur des Finances l’a emporté. Il a certes supprimé l’ISF et mis en place la « flat taxe » à 30% sur les revenus mobiliers. Ce sont deux arbres pour cacher la forêt des taxes et impôts nouveaux et les augmentations des existants. Malgré son souhait de réduire les prélèvements obligatoires et la suppression annoncée de la taxe d'habitation, la France a déjà créé huit impôts nouveaux. Pourtant, le programme fiscal du candidat Macron contenait plusieurs propositions dont les plus emblématiques étaient, d'une part, l'opération « hausse de la CSG/baisse des cotisations sociales » et, d'autre part, la suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des assujettis. L'objectif final était une baisse de l'ensemble des prélèvements obligatoires de 32 milliards d'euros. Déjà, elle est ramenée à 20 milliards par la mise en place à hauteur de 12 milliards d'une nouvelle fiscalité écologique : une paille ! Parmi les huit nouveautés, un exemple ubuesque : l’IFI. Cet impôt se révèle être à la fois une usine à gaz comme on n’en a jamais vue et une aberration fiscale. Ainsi l’immobilier français supporte 3,3 points d’impôts et taxes quand celui de l’Allemagne est à … 0,8 point ! Un écart qui se chiffre à 50 milliards d’euros. Les mécanismes sont tellement complexes qu’un assujetti « pourrait ne pas être en capacité de posséder les informations nécessaires à l’estimation de la valeur des parts ou actions représentatives des biens qu’il détient » ! Voilà un inextricable monument directement sorti de la technostructure de Bercy ! Mais ça n’est pas tout. D'autres impôts sont arrivés un peu par surprise comme la très étrange « taxe pour le développement des industries de fabrication du papier, du carton et de la pâte de cellulose ». Il faut y ajouter l'entrée en vigueur de la Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) accompagnant une réalité dont on se serait bien passée, et l'augmentation de 3 % de la taxe « cabanon » ( un impôt sur la construction des abris de jardin et des piscines). A cet inventaire à la Prévert, il faut ajouter la nouvelle taxe sur le tabac, deux sur « l'exploration d'hydrocarbures et de gîtes géothermiques », une autre sur les plus-values de ventes de logements HLM et les deux contributions exceptionnelles sur l'impôt sur les sociétés des très grandes entreprises qui ont pour but de financer l'annulation de la taxe à 3 % sur les dividendes. En outre, L’exécutif envisage une réforme de l’impôt sur les sociétés qui se solderait par un gain pour l’Etat d’1 milliard d’euros supplémentaire. A Bercy, on ne réforme pas pour rien. C’est pourtant l’inverse qu’il faudrait faire !
Le capital, clé de la croissance inclusive.
Au sein des entreprises, l’accumulation du capital est liée à l'investissement qui est financé par l'excédent brut d'exploitation ou par l'emprunt. Comme le capital subit une dépréciation permanente du fait de son utilisation pour la production, il y a accroissement du capital et donc accumulation si l'investissement brut est supérieur à cette dépréciation. Ce mécanisme est largement obéré par le manque de marges sous le poids des charges. C’est pourquoi le CICE n’a pas fait reculer le chômage, les entreprises profitant de ce ballon d’oxygène pour les reconstituer avant d’embaucher. C’est pourtant d’une baisse des charges qui favoriserait durablement l’investissement que pourrait repartir la croissance « inclusive », celle qui permettrait d’augmenter le Pib de l’intérieur. Une reprise est saine quand elle est portée par les investissements. Les décisions prises par le gouvernement Philippe vont dans le bon sens mais ne sont pas suffisantes. Rien dans le budget 2018 n’améliore la compétitivité de nos entreprises et l’année 2019 devrait même diminuer leur marge de manœuvre avec la fin du CICE et le basculement en une baisse des charges qui devrait être moins avantageuse.
La formation et le capital humain.
Le déploiement de la croissance soutenable et durable passe par la mobilisation des trois formes de « capital » : humaine, financière et environnementale. Mais, dans une économie de la connaissance et de services à haute valeur ajoutée, le capital humain joue aussi un rôle essentiel. La croissance « inclusive » ne peut ignorer la question de l’accès à l’emploi qualifié. L’éducation constitue une des principales réponses à la révolution numérique, au risque de déclassement du fait de la transformation des emplois et même des entreprises, des bouleversements des cadres sociaux et des modes de vie. Education et formation doivent être repensées pour accompagner les individus au long de leur vie avec pour objectif de leur permettre d’accéder à l’emploi productif. C’est l’intention poursuivie avec les réformes de l’apprentissage et de la formation professionnelle. En choisissant de favoriser le corporatisme, la voie risque d’être non seulement décevante mais catastrophique comme le soulignent Nicolas Bouzou et Bertrand Martinot dans un article paru récemment. Rien de bon ne peut sortir d’une emprise accrue des appareils syndicaux et patronaux sur la formation. Les institutions potentiellement concernées par l’emploi et le développement économique sont soigneusement tenues à l’écart, en premier lieu les Régions dont on attend cependant la contribution financière : un comble !
Comme on le voit, la bataille de la croissance est loin d’être gagnée.
La vision centralisatrice et technocratique de nos gouvernants, formatés par l’ENA, continue de corseter l’économie de notre pays. Qu’arrivera-t-il quand le retournement de conjoncture –inévitable- se produira ? Les risques systémiques liés à la finance, au cybermonde, sont amplifiés par le démantèlement des institutions multilatérales voulu par Trump, le retrait de l’accord de Paris en étant l’exemple emblématique. Malgré l’activisme réformateur superficiel qui agite l’exécutif, la France fait du surplace et, telle la cigale, va se trouver fort démunie quand la bise se mettra à souffler.
J’ai beaucoup de sujets en tête dont je voudrais vous entretenir.
Par exemple, je me demande bien pourquoi le Président de la République se croit obligé d’inviter à grands frais au château de Versailles tout ce que la planète compte de grands entrepreneurs étrangers pour les inciter à investir en France, qui fait que les chinois et les émirs s’emparent de notre patrimoine, si ce n’est parce que dans notre pays il n’est plus possible d’accumuler du capital : ce sera l’objet d’un article sur la notion de « capital inclusif ». Autre exemple, qu’est-ce qui passe par la tête du même pour qu’il ait envisagé dans un délire fédéraliste, des listes transnationales pour le scrutin des Européennes, projet heureusement repoussé par le Parlement européen, alors qu’aucun cadre territorial ni institutionnel ne le justifie sauf à abolir les frontières : j’ai une réponse et ce sera l’objet d’un premier article sur les élections européennes, qui sera forcément suivi de beaucoup d’autres. Savez-vous combien de plans le gouvernement a tiré sur la comète depuis moins d'un an. Mimant Sarkozy, j'ai envie de continuer par "eh bien je vais vous le dire...". Voilà un sujet qui vous distraira certainement car on frise le ridicule. J’aimerais aussi vous entretenir de politique fiscale : là encore il y a large matière face à un pouvoir qui nous parle de « transformation » et qui se complait en réalité dans la pire des traditions, celle qui consiste à toujours plus d’impôts et de taxes : j’ai des preuves ! Il y aurait encore beaucoup à commenter au sujet des réformes dont les médias « ébaubis » nous vantent la multiplicité et la ferme volonté, comme si ouvrir des chantiers suffisait à garantir la fin. Je reviendrai bientôt sur celles de l‘apprentissage et de la formation professionnelle, où l’on voit l’Etat laisser les organisations patronales mettre la main sur le pactole que représentent les cotisations pour le gérer à sa guise, mettant sciemment de côté les Régions qui ont pourtant en charge la compétence dans ces domaines. Dans quel but, sinon affaiblir les territoires !
L’affaire Wauquiez.
Ce dernier sujet me permet d’enchaîner sur ce qu’il faut bien appeler « l’affaire Wauquiez ». S’il y a bien un scandale, il n’est pas dans les propos tenus mais dans le procédé. Nous vivons dans un monde où l’éthique et la morale professionnelle ont disparu. Tous les coups sont permis. C’est non seulement inacceptable mais insupportable ! J’ai eu la curiosité d’aller voir à quoi correspondaient les paroles prononcées qui ont fait les choux gras médiatiques jusqu’à l’overdose pendant plusieurs jours. Il suffit d’écouter à quelles questions il répondait pour comprendre tout de suite qu’il n’y avait pas de quoi retenir cinq minutes l’attention. Ainsi, ses propos sur « le Médef qui ne pense qu’à ramasser du fric sans se préoccuper des cotisations payées par les entreprises » répondaient précisément à une question sur la réforme de l’apprentissage qui retire aux Régions 4 milliards d’euros au profit des branches professionnelles, alors que les entreprises de moins de 11 salariés, en même temps, se voient assujetties à la taxe de 0,85% de la masse salariale pour participer au financement. Connaissant bien le sujet, j’aurais été bien plus violent ! Tout le reste est à la même aune. Il suffit de remettre dans le contexte pour comprendre. Evidemment le ton employé dans la formulation n’était pas fait pour être rendu public. La tempête médiatique n’aurait pas dû concerner Laurent Wauquiez mais ceux qui utilisent ces méthodes de voyous.
C’est la méthode qui est scandaleuse.
Qu'est-ce qui est scandaleux, la parole libre d'un homme politique ou ce qu'on voudrait lui faire dire en l'enregistrant clandestinement ? Car le vrai scandale, c’est qu’aucun média n’ait condamné la méthode qui aurait pourtant mérité la « furia » plus que les propos révélés. D’abord, le fait même que l’enregistrement soit clandestin. Il est vrai que depuis l’affaire Bettencourt, c’est à la mode. Tout le monde va pouvoir se sentir autorisé à agir de la sorte, puisque ce n’est pas répréhensible. Si c’est ça le journalisme d’investigation, il vole bien bas. Chers amis, il va vous falloir éviter les confidences ou les propos douteux dans les repas entre amis ou au restaurant sur untel ou untel, car un smartphone pourrait vous trahir. Je pense aussi aux enseignants qui devront plus que tout autre peser leurs propos à chaque instant, et éviter l’humour qui pourrait être mal interprété. Et si vous avez des critiques à faire sur le personnel politique haut placé, méfiez-vous, des « oreilles ennemies vous écoutent ». La dictature n’est pas loin et les médias y participent, car quand il n’y a plus de bornes, il n’y a plus de limites. Le deuxième scandale qui aurait dû provoquer la condamnation unanime du procédé, c’est le « montage » auquel s’est livré le journaliste de « Quotidien ». Il est tellement facile de rendre des propos insultants alors qu’ils ne le sont pas. Il suffit de les sortir de leur contexte. Le but était manifeste : faire le plus de mal à droite. On ne me fera pas croire que c’est un hasard. Ils nous ressortiront le coup de la théorie du complot en guise de dénégation. Il n’empêche, c’est un procédé bien connu des régimes staliniens : cela ne grandit pas les auteurs. Ce sont les mêmes qui, alors que nous attendions pour entrer à un meeting de François Fillon pendant la campagne électorale, s’insinuaient parmi les gens avec des micros-perches, pour tenter de « voler » ici ou là des conversations qui pourraient être exploitées ensuite. Nous avions dû les « inviter fermement » à s’écarter ! Toujours le même procédé. « En même temps » il est tout de même dommage que des Xavier Bertrand, Dominique Bussereau, Elisabeth Morin, Valérie Pécresse, et même Jean-François Copé (manque pas d'air celui-là !) cautionnent ce genre de procédé pour en tirer un prétexte politique, sans même le dénoncer. Presque trop facile !
Entre poubelles et caniveaux.
Malheureusement, c’est ce journalisme de caniveau qui est à la mode aujourd’hui. La dictature du scoop qui fait l’audience pour attirer la pub. Et si pas de pub, pas d’argent et dans ce cas-là on vire. « Il faut bien que je mange, alors je fais les poubelles ! » Voilà résumé le modèle sur lequel vivent toutes ces pseudos chaines d’infos et leurs hommes de main. Monsieur Barthès a de beaux jours devant lui. Laurent Wauquiez peut porter plainte, le temps que la justice lui donne éventuellement raison, comme pour tous ceux dans son cas, les dommages et intérêts qu’il pourrait percevoir ne seront rien comparés aux profits immédiats engrangés par ces entreprises de destruction. C’est pourquoi on n’entend plus parler de l’affaire Fillon. Il y a gros à parier que l’instruction menée à pas de charge pendant la campagne, avec fuites organisées, s’éternise maintenant pour aboutir le plus loin possible de la dernière présidentielle… Et pour cause : imaginons le scandale si la procédure aboutissait aujourd’hui à un non-lieu, ce qui n'est pas exclu !
On ne pourra pas éternellement nous faire prendre des vessies pour des lanternes, alors qu’ils se méfient bien de la lucidité des Français. Car, j’en suis le témoin, ces épisodes tumultueux de furia médiatique lassent de plus en plus, et de plus en plus vite : « ça ne va pas recommencer ! » est la phrase que j’ai entendue le plus souvent. Dans ces conditions, ils ont peut-être rendu service à celui qu’ils voulaient descendre. Les premiers sondages valident cette réflexion.
Priorité à l’actualité.
Pour donner une suite à mon article d’hier, je ne peux que faire écho aux dernières infos qui sont tombées sur le Brexit, et qui mettent en lumière les divisions au sein des Tories.
Une fois de plus, Theresa May fait face à une nouvelle fronde au sein de son parti. Hier, 62 membres de son parti ont publié une tribune pour demander un « Brexit clean », c’est-à-dire une rupture claire et nette, sans atermoiement. Et aussi rapide. Le groupe lui demande de durcir le ton vis-à-vis de l'Europe et d'arrêter de négocier en position de faiblesse et de faire des concessions. Ils disent la soutenir, mais c'est un soutien empoisonné tant il est conditionné par des revendications qui rappellent les plus belles heures du « hard Brexit ». Ils veulent notamment que la Grande-Bretagne s'éloigne le plus rapidement possible des contraintes et réglementations européennes dès le 29 mars 2019.
Pour autant, on ne sait guère mieux où on va? On y voit même encore moins clair qu'avant. Et c'est le reproche qui est fait à Theresa May : son manque total de vision et de direction. Celle-ci a reçu les contestataires. Elle doit concilier des points de vue qui sont totalement opposés, au sein même de son propre parti. Elle devrait prononcer un discours la semaine prochaine et donner plus de détails sur son plan, si plan il y a, et en particulier éclairer les négociateurs européens sur sa vision des relations commerciales entre l'Union Européenne et la Grande-Bretagne avant que les négociations officielles sur le sujet commencent en mars. Ce qui est rassurant (si on peut dire) sur le Brexit, c'est que les dirigeants britanniques ont l'air d'aussi peu comprendre la situation que nous.
Entre ceux qui nous expliquent que finalement il n'y aura pas de Brexit, ceux qui parlent d'une période de transition tellement longue que le Brexit ressemblerait plutôt à un statu quo et ceux qui au contraire voient toujours un hard Brexit, on ne sait pas à quelle sauce le Royaume-Uni sera mangé. Mais une chose est certaine, et c'est la grande leçon de ce cafouillage monumental depuis plus d'un an, il se confirme que c'est la Grande-Bretagne et pas l'Union Européenne qui subira toutes les conséquences négatives.
Je t’aime, moi non plus : drôles de négociations …
Le Royaume-Uni n’en finit pas d’atermoyer face à une Union européenne intraitable : on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Theresa May danse d’un pied sur l’autre, ballottée entre les partisans du soft et ceux du hard, Boris Johnson en tête. Les conservateurs sont très divisés. Mais Michel Barnier, le négociateur en chef pour l’Union, vient de le répéter, la transition de 21 mois souhaitée pour amortir le choc de la rupture n’est aucunement acquise car les points de blocage s’accumulent. Ce qui fait tousser outre-Manche ce sont les obligations auxquelles Londres devra continuer de se soumettre pendant la transition, tout en perdant son droit de vote dans les institutions, une fois le « Brexit » proclamé, le 29 mars 2019. Ce qui fâche aussi c’est la volonté des Européens qui exigent que le respect des mécanismes de mise en œuvre de la séparation se fasse sous le contrôle de la Cour de Justice de l’Union européenne et les Anglais y voient une ingérence… Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg des désaccords.
Un poison lent.
En attendant, les impacts du Brexit sont de plus en plus visibles pour les grands bretons. Il agit comme un poison lent, surtout sur la City de Londres. L’incertitude sur la conclusion de l’accord avec le continent pèse lourdement sur le climat des affaires dans plusieurs domaines. Les agents immobiliers, les banques, les universitaires, les industriels sont de plus en plus inquiets. L’immobilier baisse à Londres, plombé par le départ de salariés de la haute finance ; la Livre chute et a déjà perdu 13% par rapport à l’euro depuis le referendum, d’où un renchérissement automatique des biens importés ; l’inflation s’envole, boostée par l’agroalimentaire et atteint les 3%, ce qui pénalise la consommation des ménages dont le porte-monnaie se trouve doublement impacté et du coup l’économie patine ; la finance commence à mesurer ses pertes : 10 000 jobs pourraient être perdus et jusqu’à 75 000 à plus longue échéance en cas d’absence d’accord sur les services financiers car presque tous les fleurons de la city ont manifesté leur intention de déplacer une partie de leur personnel ; déjà deux puissantes agences font leurs bagages : l’Autorité bancaire européenne a choisi Paris et l’Agence européenne du médicament ira à Amsterdam, soit près de 1 000 emplois déplacés sans parler de la perte que constituent les visites des 36 000 experts chaque année ; les constructeurs automobiles japonais menacent de partir car leur production commence à chuter, ce qui met 170 000 emplois sur la sellette… De quoi alimenter le pessimisme comme on voit. Conséquence, 65 000 britanniques ont demandé à devenir irlandais en un an. Plus anecdotique, Toblerone a augmenté l’espace entre ses triangles de chocolat pour ne pas augmenter sa barre, ce qui a provoqué un grand émoi : voilà, en effet, un signe tangible d’appauvrissement !
Le camp des « No Brexit » gagne du terrain.
Cette ambiance favorise les partisans d’un nouveau referendum pour annuler le Brexit qui reprennent du poil de la bête. Nick Clegg, ancien vice-premier ministre libéral de David Cameron, en est persuadé, le Brexit n’aura pas lieu. Il veut tout mettre en œuvre pour interrompre un processus qu’il juge « masochiste ». Il vient de publier un livre « how to stop Brexit » et compte sur un vote au parlement rejetant l’accord sur lequel Downing Street travaille, de quoi conduire à un nouveau referendum dont il est persuadé qu’il inverserait la décision. Il pense qu’il peut très bien ne pas y avoir d’accord du tout : l’échec des négociations serait la mort du Brexit aussi. Il espère que l’écart entre l’utopie de la séparation et la réalité qui s’élargit chaque jour, ce que les britanniques peuvent mesurer facilement, conduira à une évolution des partis politiques, notamment au sein du Labour. Car il en est persuadé, aucun accord n’épargnera un recul considérable de l’économie britannique.
En attendant, les Brexiters conservateurs voudraient pousser Theresa May dehors, jugée trop molle, et la remplacer par Jacob Rees-Mogg, le chef des europhobes. Une manœuvre qui a coup sûr ferait imploser le parti Tory, divisé entre la poignée de partisans du « soft » comme le ministre des finances, Philip Hammond, la centaines de radicaux europhobes et le ventre mou des anciens partisans du maintien, ralliés de mauvaise grâce à la volonté du peuple. Le seul résultat de ces luttes intestines, pour l’instant, c’est la paralysie du gouvernement May. Celle-ci veut gagner du temps, car elle sait qu’il travaille pour elle, en remobilisant un peu plus chaque jour les modérés de son parti comme Anna Soubry.
Rien n’est joué.
En attendant, le bon peuple godon subit et patauge dans le smog quant à son avenir. Et il y a des fadas en France qui prônent le « Frexit » !
Le projet présenté par le gouvernement part dans la mauvaise direction, en voulant confier le pilotage de l’apprentissage aux branches professionnelles, après une concertation pipée comme d’habitude. Le premier ministre a suivi le choix de sa ministre du travail, qui, ça n’est un secret pour personne, voulait absolument que le bébé soit pris en charge par ses amis du patronat. Tout n’est pas encore joué, car le projet doit encore être discuté au parlement. Il importe que les Régions continuent de faire entendre leur voix.
Un tabouret à trois pieds.
L’apprentissage repose sur un tabouret à trois pieds : l’Etat, les entreprises et les Régions. Il importe qu’un équilibre soit respecté entre ces trois partenaires dans la définition des rôles, sinon le système sera bancal. Et l’on sait ce qui arrive quand on s’assoit sur un tabouret bancal. Ce sont les Régions qui devraient recevoir la mission principale du pilotage de l’apprentissage, je suis bien placé pour le savoir, ayant eu en charge son développement pendant six ans au Conseil Régional des Pays de la Loire, de 1992 à 1998. Nous avions multiplié par deux le nombre des apprentis, car c’est d’abord une question de volonté politique. J’ai pu mesurer alors combien l’exercice était périlleux, car le nerf de la guerre, la taxe d’apprentissage, était capté par les branches professionnelles et les réseaux consulaires, qui l’utilisaient à leur guise pour financer leurs propres outils de formation. La plus grande partie de la collecte nationale allait à la Région Ile-de-France. Les Régions s’étaient vu confier l’organisation de l’apprentissage par les lois de décentralisation mais n’avaient pas les moyens correspondants. Il a fallu lutter pour obtenir qu’une péréquation plus équitable des fonds soit mise en place.
Le projet comporte des avancées appréciables.
Le volet « Etat » du tripode propose plusieurs points qui sont des progrès utiles : la hausse de la rémunération de l’apprenti de 30€ par mois, l’élargissement de l’accès à Erasmus, l’allongement de l’âge à 30 ans au lieu de 26 pour entrer en apprentissage, l’aide de 500 € pour passer le permis de conduire… De même la simplification de la taxe qui devient unique avec un taux de 0,85% de la masse salariale pour financer les contrats d’apprentissage. Une manne de 4 milliards d’€ qui ira aux centres de formation en fonction du nombre d’apprentis. Le gouvernement veut aussi cibler les aides à l’embauche d’apprentis vers les petites entreprises, c’est bien vu et bienvenu. Les artisans ne s’en plaindront pas. C’est aussi une bonne chose que les Régions récupèrent l’orientation.
Les branches professionnelles ne sont pas les mieux placées.
Le projet prévoit de simplifier le financement en confiant aux branches professionnelles le pilotage de la distribution des fonds collectés. Cela peut paraître logique. Mais c’est oublier qu’elles ne couvrent pas tous les champs de formation ouverts à l’apprentissage : la fonction publique, les carrières médico-sociales et les réseaux des maisons familiales qui ont en charge des formations multiples très impliquées dans la ruralité. Qui prendra en charge le financement de tous ces outils ? Se pose aussi une autre question et qui n’est pas anodine : qui régulera le taux de l’heure de formation dans les différents CFA ? Il y a un grand risque de rendre les branches professionnelles à la fois juges et parties. Sans parler du risque d’opacité sur l’utilisation des fonds collectés comme on l’observe pour ceux de la formation professionnelle. Enfin, ce n’est pas au monde professionnel de décider de la place de l’apprentissage, mais à la puissance publique, élue démocratiquement.
La Région devrait être le pôle d’équilibre de l’apprentissage.
C’est la Région qui est la mieux à même d’organiser un développement harmonieux de l’apprentissage sur l’ensemble de son territoire. Parce qu’elle est déjà au centre du dispositif et à l’expérience de la négociation avec tous les partenaires concernés, avec un panel beaucoup plus large que les seules branches professionnelles qui sont loin de couvrir tous les métiers. C’est donc vers elle que devrait converger toute la taxe d’apprentissage, à charge pour elle de financer les CFA, qu’ils soient de branche ou pas. Elle est encore la mieux placée pour savoir quels types de formations il faut développer, ayant en charge par ailleurs le développement économique. Or, pour le développement de l’apprentissage, la connaissance des besoins des bassins d’emplois est essentielle. La réduire à un rôle de concertation avec les branches professionnelles est à la fois dérisoire et pitoyable. C’est méconnaitre gravement l’expérience qu’elles ont acquise depuis plus de vingt ans. Je ne peux m’empêcher de penser que derrière cette recentralisation, car c’en est une, il y a une volonté d’affaiblir les Régions. Il est clair là encore que la vision métropolitaine l’emporté sur celle des « territoires ».
Pour que l’apprentissage réussisse, il faut aussi faire évoluer les mentalités des parents et surtout celles qui dominent au sein de l’éducation nationale. Quant à faire de l’apprentissage une filière d’excellence, il y a longtemps que c’est une réalité dans les Pays de la Loire !
Intéressante cette synthèse de la fondation Jean Jaurès parue le 31 janvier dernier dans Le Figaro. A la lumière de différentes études d’opinion, réalisées notamment pour le Cevipof, elle nous montre à la fois la « droitisation » de l’opinion, qui n’est pas une surprise et une résistance de la droite pourtant mise à mal par les tentatives de déstabilisation récurrentes du « macronisme ». On ne s’étonnera pas non plus, qu’au moment où elle est réalisée, cette étude constate un manque de crédibilité des Républicains aux yeux des Français, quoique moindre auprès de ses sympathisants. Cette situation est bien normale après l’année de tourmente que nous avons vécue en 2017.
L’appel d’air de Macron.
Après son élection, et compte-tenu de l’effondrement du PS qui lui a permis des marges de manoeuvre, le Président de la République a mis l’accent sur des mesures susceptibles de plaire à l’électorat de la droite, avec un certain succès, il faut bien le reconnaître. Et d’abord en mettant les transfuges à des postes clés tels Le Maire et Darmanin, à l’économie et aux finances. Ils ne font pas vraiment une politique de droite, mais l’affichage est là. Cet appel d’air contribue à déplacer le centre de gravité de l’opinion vers la droite avec une note moyenne de 5,4 sur une échelle de 10 (moyenne à peu près constante depuis juin 2014), avec une poussée à 5,8 en novembre 2017. Le positionnement de Macron est à 6 dans les enquêtes Ifop fin 2017 : il s’est manifestement « droitisé » depuis son élection. Il profite ainsi du vide provoqué par la défaite de Fillon, plus que Le FN, autre concurrent sur le segment de la droite. Les Républicains doivent donc livrer une bataille sur deux fronts pour reconquérir leur place. Il faut relativiser le positionnement droitier de Macron qui est perçu comme tel autant par des électeurs de droite que de gauche. Au passage, il n’est pas anodin de noter que cette étude souligne, statistiques à l’appui, que la perception des Républicains est demeurée quasi inchangée entre septembre 2016 et octobre 2017 : la droitisation dénoncée par certains dirigeants LR sous l’effet de la campagne de Fillon puis de la désignation de Laurent Wauquiez est donc un fantasme ou un prétexte, parce qu’elle n’est pas perçue par les Français.
Un crédit entamé.
L’annus horribilis a laissé des traces. La défaite entraîne toujours des querelles et des défections. Les Républicains ont donc perdu en lisibilité et en crédibilité sur un grand nombre de sujets, y compris sur ceux qui formaient des points forts : réduction des déficits, autorité et sévérité des peines, l’immigration, sur tous ces thèmes, la perte de confiance est considérable. Quand on dit qu’il faut refonder le parti, le diagnostic est évident. Le rebond du parti Les Républicains viendra de sa capacité à retrouver un ou plusieurs chevaux de bataille qui feront sa singularité et résonneront vrai dans la tête des sympathisants de la droite : l’abandon des territoires, les attaques contre les classes moyennes, le pouvoir d’achat … peuvent lui conférer un avantage comparatif décisif par rapport au macronisme et à l’extrême droite en pleine débâcle.
Un potentiel de vote et une attente forte.
Le parti « Les Républicains » se retrouve comme les autres partis, fragilisé par l’élection présidentielle et la recomposition qui a suivi. Mais, en raison de la forte concurrence exercée sur l’électorat de droite, le parti garde une probabilité de forte progression, notamment sur le FN (ne parlons pas des autres partis de gauche). L’avenir dépend donc de la capacité prioritaire à récupérer les électeurs de droite qui constitue en partie le potentiel de vote LREM. Les résultats des élections partielles sont de ce point de vue, assez encourageants. Il semble bien que le discours de Laurent Wauquiez et sa percée dans l’opinion des gens de droite traduise concrètement les prémisses d’une nouvelle envie de droite. Car 78% des sympathisants LR continuent de juger leur parti proche de leurs préoccupations (Ifop). Le socle de confiance n’est pas réellement érodé ce qui permet de consolider l’hypothèse d’un rebond. Les mêmes sont à 75% persuadés que leur parti reprendra le pouvoir en 2022. C’est donc sur sa « capacité d’incarnation » que Laurent Wauquiez va jouer sa réussite ou son échec. Il a du pain sur la planche et n’a rien à perdre en s’opposant fortement au chef de l’Etat : 46% seulement des sympathisants estiment que le parti s’oppose suffisamment. La base partisane des Républicains croit en l’avenir du parti, ce qui invalide ou marginalise les tentations de départ ou les tactiques personnelles. Elle veut que le combat se déroule en interne. Cette base est aussi en attente d’une doctrine claire. La mise en place d’un centre d’études et d’un « shadow cabinet » est destinée précisément à répondre à ces deux préoccupations : s’opposer et avoir un projet solide et innovant.
Un chemin tout tracé.
Si les Français jugent dans leur ensemble que le parti n’a pas de projet et estiment (68%) qu’il ne pourra pas revenir au pouvoir en 2022, c’est tout simplement qu’il faut un peu de temps. L’essentiel c’est que le socle sur lequel se refonder soit là, et il est là. D’abord rassembler la famille, puis toute la droite pour s’adresser ensuite à tous les Français. Le chemin est tout tracé. Car l’exercice d’équilibre auquel se livre le Président de la République a ses limites. Les sujets qui fâchent ne vont pas tarder à réapparaître comme l’approbation de la PMA ou l’accueil des réfugiés, et viendront s’ajouter à la superficialité des réformes engagées. Le travail remarquable de Jean-Michel Blanquer à l’éducation ne suffira plus à faire illusion. A la différence du PS, la droite n’a pas perdu son âme, elle semble même avoir retrouvé un brillant porte drapeau. Tous les espoirs lui sont permis.
Soyons nous-mêmes !
La droite doit être elle-même pour se différencier de la gauche. Mais nous avons pris de mauvaises habitudes, en grande partie à cause du langage utilisé par les médias, imprégnés depuis 1968 du vocabulaire de la gauche. Sans le vouloir nous parlons tous le « gaucho ». Comment nos concitoyens alors ne seraient-ils pas perdus ? Il importe donc que nous nous astreignions à l’exercice salutaire qui consiste à parler le « dextro ». C’est d’autant plus important que les Français se situent majoritairement à droite (5,4 sur une échelle de 0 à 10) !
Voici quelques exemples de différenciation :
Est-ce qu’on dit : la gauche républicaine ? Non ! Alors pourquoi se croit-on obligé de dire « droite républicaine ». Y aurait-il une droite qui ne le soit pas ? Non plus. Le FN n’est pas un prolongement de la droite. Donc, disons la « droite » tout simplement. Nous n’avons pas à justifier son appartenance à la République qui va de soi.
Dans le même genre, ne parlons pas des « valeurs de la République », lexique gaucho s’il en est, dont on nous rebat les oreilles. Pour la droite, la référence ce sont les « libertés fondamentales ». De même, à la place de « l’école républicaine » évoquons « l’instruction publique », locution plus précise et plus signifiante. Remplaçons le mot « justice » mis à toutes les sauces par la gauche (sociale, fiscale, sociétale, pénale …) et sert d’appui à toutes les mises sous conditions de ressources, par la notion « d’équité ». Si la droite avait à proposer une refonte de la fiscalité de notre pays, il faudrait qu’elle soit fondée sur l’équité et non la justice. Nous éviterons de parler de « capitalisme » forcément « sauvage », mais plutôt de « l’économie de marché » et surtout pas de « libéralisme » qui n’existe pas autrement que sous la forme « ultra » mais de « liberté d’entreprendre ». Vous remarquerez combien le mot « liberté » est peu employé par la gauche. On devrait en faire un étendard de la droite.
Les éléments de langage.
La droite, peut-être parce qu’elle n’aime pas l’embrigadement pratique peu l’art des « éléments de langage ». A une époque où la communication est essentielle, elle devrait le pratiquer davantage pour renforcer l’effet de cohésion. Ainsi devraient être mis davantage « en scène » tous ces mots qui ont une vraie signification dans la pensée de droite tels que « autorité », « confiance », « famille », « nation », « responsabilité » (le pendant de la « liberté individuelle »). Arrêtons d’employer la « solidarité » à toutes les sauces, mais insistons sur le « bien commun ». Ainsi, Quand Murielle Pénicaud justifie l’assommoir de la CSG pour les retraités, c’est au nom de la « solidarité intergénérationnelle ». Voilà bien la traduction politique d’une pensée de gauche. L’Etat, donc, se substitue à la « famille » qui est l’espace dédié à ce type de solidarité, qu’à droite on nomme « fraternité ».
En ces temps de confusion où l’on veut nous faire croire que le clivage droite-gauche appartient à un monde dépassé, au moment où nous nous attelons à redéfinir un projet politique pour notre famille politique, notre mouvement, il est important,que nous nous réapproprions la langue qui correspond à nos idées. Alors quand vous entendez « créer du lien social », « espace de solidarité », « imposer un ordre juste », « rechercher le vivre ensemble », ne cherchez pas, c’est un gaucho qui parle. Réfléchissez aux éléments de langage que vous utiliseriez en lieu et place : « relations humaines », « coopération » ou « entraide », « respect de la loi », « communauté nationale »… Il y a toujours un mot qui correspond à notre façon de penser et qui nous différencie.
Prochainement : Les attentes des Français sur la droite (d’après une étude de la fondation Jean Jaurès)
Le comportement du groupe LREM à l’assemblée nationale entre amateurisme et naïveté, incompétence et caporalisme, est déjà en soi une régression du mandat de député. Mais le mal est bien plus grave. Il touche à l’exercice du pouvoir tel que Macron le conçoit, Jupiter dominant le monde, et aux projets de « transformations » qu’il nous concocte.
La gouvernance Macron.
Il se compare à Bonaparte, dit-on. Il en a la jeunesse et voudrait s’attribuer le même « esprit de conquête ». De ce dernier il n’a que l’arrogance. Il n’a pas l’audace de Bonaparte tirant au canon sur les émeutiers devant l’église St-Roch pour rétablir l’ordre, on l’a bien vu avec l’épisode calamiteux de Notre-Dame des Landes. De la comparaison avec De Gaulle, il n’a retenu qu’une idée qui lui va bien : l’exercice du pouvoir suprême exige une certaine distance par rapport au « vulgum », mais si pour le premier c’est un éloignement conféré par le prestige, pour le second il est surtout le fait du mépris du peuple. Macron a une vision verticale du pouvoir qu’il voudrait fondée sur l’autorité, bien dans la logique du technocrate de Bercy. Un pouvoir personnel, centralisé, qui entre en opposition avec le régime parlementaire, synonyme de pluralisme et tendant à la limitation de l’exécutif. D’où la nécessité d’une majorité reposant non sur un parti, mais plutôt un club de supporters (En Marche), à la botte, et un gouvernement qui est l’un des plus faibles de la Vème République, car, hormis Jean-Michel Blanquer et Jean-Yves Le Drian, comme personnalités marquantes, les « hommes forts » du macronisme, Ferrand, Castaner ou Griveaux sont plutôt fades. En sommes Macron ne doit son pouvoir qu’à son premier tour présidentiel et à la loi électorale majoritaire. A l’intérieur de son camp, il est seul. Pour l’instant il est resté le président des « CSP+ » et des « bobos ». Il n’a pas réussi à transcender la fonction en devenant aussi le président de ceux qui n’ont pas voté pour lui.
La centralisation au détriment des territoires.
L’identité urbaine du président qui imprime la marche de l’exécutif l’empêche de voir le reste de la France. En témoignent de nombreux exemples dans la pratique et dans les projets. Ainsi la « conférence nationale des territoires » est mise en place pour établir une concertation avec les acteurs locaux mais c’est aussitôt pour prendre des décisions sans les consulter : diminution des dotations, suppression de la taxe d’habitation… L’abandon du projet de l’aéroport nantais est dans la même veine de renoncement à l’aménagement du territoire où l’on décentralise les équipements structurants. La réforme de la taxe d’apprentissage aurait dû faire des Régions les pôles d’équilibre de la formation en alternance, entre tous les acteurs dont elles ont la pratique et l’expérience, renforçant leur compétence en matière de formation professionnelle. Au lieu de cela, on impose un cadre centralisé sur les branches professionnelles assis sur la vision parisienne du Medef. Et du même coup on affaiblit les Régions comme la suppression de la taxe d’habitation met les collectivités locales sous tutelle. C’est un jeu dangereux : les communes qui comptent moins de 2 000 inscrits, représentent 14 millions d’électeurs contre 7 millions dans les villes de plus de 50 000 inscrits. Une poignée de métropoles va continuer d’imposer sa loi à des campagnes désindustrialisées, cantonnées dans le rôle résidentiel. La révolte est inévitable.
L’affaiblissement de la démocratie.
Vouloir la fin du clivage gauche –droite est en soi une régression démocratique. Le consensus est possible au niveau local quand il s’agit du choix d’un réverbère, mais quand il s’agit des affaires de l’Etat, il en va tout autrement. Cela dit, le pouvoir présidentiel est en train de tout faire pour avoir les coudées franches. Toutes les décisions qu’il prend et tous ses projets convergent vers un affaiblissement de la démocratie. Déjà les modalités de désignation des élus des communautés de communes et agglo éloignent un peu plus les conseillers municipaux et les maires de leurs administrés. C’est une première régression. Le retour à des listes nationales pour la prochaine élection du parlement européen revient au système qu’on avait abandonné parce qu’il rendait inconsistant le lien entre les députés et le peuple. C’est une seconde régression. Le projet de réforme de la constitution qui prévoit de diminuer le nombre des parlementaires, s’il est populiste à souhait, n’en est pas moins une troisième régression : 400 députés et 240 sénateurs, cela veut dire que certains départements n’auront que deux élus. Or, on sait qu’après le maire, c’est la proximité de contact avec le député qui est la plus recherchée par le citoyen. Et que dire de l’idée de fusionner le Sénat, cet empêcheur de tourner en rond, avec le CESE pour en faire un « machin » illisible ! Comme on ne renforcera pas les moyens de contrôle du parlement, c’est bien un affaiblissement programmé de la fonction parlementaire, d’autant plus que la dose de proportionnelle à 25% ne va rien arranger en matière de majorité pour gouverner. La France, contrairement aux idées reçues, n’a pas trop de parlementaires. Il y avait un moyen très simple de diminuer le nombre des élus, c’était de revenir à la réforme intelligente du « conseiller territorial » en lieu et place des conseillers départementaux et régionaux. Et encore il y aurait beaucoup à dire sur le caractère antidémocratique de "l'encadrement des mandats" et les limites qu'on veut leur imposer en nombre et en durée.
Certes, le Président fait de beaux discours. César sait être convaincant. Mais il a autant de discours que d’interlocuteurs. Il est capable de dire tout et son contraire, en changeant de langue, comme à Davos. C’est satisfaisant pour son ego. Mais, faute de convaincre une majorité de Français, il souhaite faire le vide autour de lui pour gouverner à sa guise. Ce n’est pas de cette manière qu’on va inciter les abstentionnistes à revenir aux urnes. On ne tardera pas à voir que le roi est nu ! La régression démocratique n’est pas une bonne chose pour la France.
Vous retrouverez régulièrement sur le bloc-notes le journal hebdomadaire de Virginie Calmels qui commente l'actualité de la semaine écoulée.
Ils n’en finissent pas de prendre leurs distances, en attendant… on ne sait quoi. La cible c’est Laurent Wauquiez et ses positions soi-disant droitières et surtout son supposé souverainisme sur l’Europe. Pourtant, émissions télé et articles de presse ont mis les choses au clair. Ce ne sont que des procès d’intention. Des prétextes quoi ! Pour rejoindre Macron le moment venu, et si possible à une date cruciale qui fasse bien le buzz pour nuire aux Républicains. C’est comme ça que je vois les choses : chacun ses procès. C’est une attente cousue de fil blanc ! Ils ne me feront pas croire que leur décision n’est pas prise.
Le cas Juppé.
Sa "réserve" semble suivre un plan de com’ bien huilé. Etape par étape il se rapproche de Macron. Cela a commencé par une déclaration aussitôt suivie d’une rétractation sur les « convergences européennes » avec la vision du Président. Puis il a annoncé qu’il n’avait pas renouvelé sa cotisation à son parti en 2017, dont il est pourtant le fondateur. Enfin il a déclaré récemment se mettre en retrait de sa propre fédération dont il était le président naturel. Seraient en cause un méli-mélo de raisons parmi lesquelles l’influence excessive supposée de Sens commun (risible), les positions droitières de Wauquiez et ses propositions trop souverainistes sur l’Europe. Bref, Alain Juppé prépare sa mue macronienne. Il est chaperonné en cela par tout son ancien état-major passé chez Edouard Philippe, qu’il avait, parait-il, dissuadé de prendre le poste de PM, et dont il chante les louanges aujourd’hui. Je ne vois pas en quoi la politique social-démocrate qu’il mène peut convaincre le Maire de Bordeaux. Alors, comment expliquer ce virage ? Probablement par un mélange d’aigreur : il n’aurait pas digéré sa défaite à la primaire de la droite et encore moins le refus de Fillon de lui laisser la place quand il s’avérait que la droite allait « droit dans le mur ». A l’aigreur peut s’ajouter le souci de garder la mairie en 2020 en imaginant que LREM pourrait encore tout balayer. Un pari risqué. L’histoire nous a appris que les élections intermédiaires sont rarement en faveur du pouvoir central. Il reste que ce comportement me déçoit fortement, moi qui ai toujours eu de l’affection, et même de l’admiration, pour lui. Allez, Alain, n’écoute pas les sirènes de Matignon, elles vont te perdre !
Adresse à mon ami Jean-Pierre.
Jean-Pierre Raffarin a mis le parti sous observation jusqu’à la fin 2018. Pour quelqu’un qui a dit se retirer de la vie politique, il reste très présent dans le paysage. On ne se refait pas : couper le cordon lui est impossible. La longue interview qu’il a donnée au journal « Les Echos » m’a néanmoins laissé pantois. Il y montre une fascination pour Macron qui m’étonne et me surprend, lui, d’habitude si réaliste. Je ne veux pas croire qu’il revit un « effet Giscard », dans « l’effet Macron » qu’il décrit, car ce serait un signe de sénilité. Macron est certes jeunes et semble remplir correctement la fonction présidentielle –après Hollande, c’est plutôt facile- mais je ne lui reconnais en rien le génie et la vision prospective de Giscard. Il accorde au Président un désir de réformer qui se résume pour l’instant à ouvrir toutes les portes, sans emprunter aucun couloir, sauf peut-être celui de la finance et des banques. Ces dernières sont bien les seules à profiter pleinement des réformes. C’est tout au plus un « président courants d’air », plus dans le discours que dans l’action.
Cher Jean-Pierre, tu voudrais qu’Emmanuel Macron réussisse, mais c’est un vœu pieux car à l’inverse de ce que tu souhaites, la France continue de perdre du temps sur l’essentiel, les déficits et la dette. Comme le dit Agnès Verdier-Molinié, « la France continue d’aller dans le mur, mais plus doucement ». Tu ne mesures pas non plus l’effet dévastateur de la hausse de la CSG et en janvier 2019 celui du prélèvement à la source, sur le pouvoir d’achat des classes moyennes. Non, Macron ne mène pas une politique de centre droit. Ce sont les médias qui répercutent cet « élément de langage » dont tu te fais le relais. La politique économique menée par l’actuel exécutif est classiquement keynésienne : une relance financée par l’impôt et l’emprunt. C’est au mieux, une politique de centre-gauche, social-démocrate, camouflée par un discours volontairement droitier. Je ne retrouve pas, comme tu dis « le libéralisme économique et la volonté de modernisation de la société » qui animait Giscard, dans cette conduite des affaires qui fait la part toujours plus belle à l’économie administrée et aux lobbies bobos. Et quand tu cites l’action du Premier Ministre au sujet de N.D. des Landes, plus le temps passe et plus on s’aperçoit que c’est une reculade qui bat en brèche la vision d’aménagement du territoire qui animait Dominique Bussereau quand il avait signé la DUP en 2008. Sur l’Europe, je suis effrayé de voir que le procès fait à Wauquiez, qui reprend pourtant une grande part des idées exposées par Giscard dans « Europa », repose sur une vision fédéraliste qui ne change pas et c’est celle qui nous a fait perdre aux précédents scrutins et dont les Français ne veulent plus. Cette vision ne mérite pas la trahison que tu prépares. Pour le reste, c’est toujours beaucoup d’indulgence, même quand tu reconnais que Macron ne fait pas ce qu’il faut. Au lieu d’essayer de convaincre Macron d’infléchir son action, tu ferais mieux d’apporter ton expérience aux Républicains dans leur reconstruction. Alors j’ai envie de te crier : « Jean-Pierre, réveille-toi, Macron va échouer, et on a besoin de tout le monde dans le parti pour reprendre le flambeau le moment venu ! ». Il n’y a plus deux droites. La France a changé. Par contre, comme toujours, l’union fera la force !
Le bloc-notes rattrapé par l’actu.
Je ne pensais pas si bien dire dans ma note du 5 février : « La dette, cette bombe à retardement ». C’est venu plus vite que je ne le pensais. Les Bourses sont en train de connaître une correction logique, mais plusieurs variables indiquent que l'économie est en train de connaître le retournement de situation plus rapide qu'attendu. Les diverses notes de conjoncture montrent que les opérateurs redoutent l'apparition d'un cycle économique caractérisé par la hausse des taux et par la réapparition d'une inflation significative. Concernant l'Europe, le choc risque d'être rude car des liquidités américaines vont nécessairement quitter notre continent (rapatriement de 3 000 milliards de dollars voulu par Trump) d'autant plus nettement que les taux américains seront plus élevés – comparativement - que ceux de la zone euro. Du pain noir pour Macron au moment où son gouvernement souhaitait orienter l’épargne vers les marchés d’action. A bon entendeur !
Les réussites, c’est comme les ennuis, ça peut voler grouper.
Après une « Emission politique » maîtrisée et réussie brillamment, dont j’ai pu mesurer l’impact auprès de nos amis et sympathisants autour de moi, Laurent Wauquiez a enchaîné avec un Conseil national du parti Les Républicains parfaitement orchestré. Les séances de travail à huis clos ont été très appréciées des cadres et la séance plénière de l’après-midi, émaillée de nombreux échanges avec la salle, a inauguré un nouveau style de gouvernance plus proche des militants. L’incident provoqué par Valérie Pécresse n’aura été qu’un coup d’épée dans l’eau : que peuvent penser nos adhérents et cadres d’une personnalité qui vient « faire la leçon » en arrivant en retard et en s’éclipsant sans attendre le discours final ? On a beau être présidente de Région, tout de même, ça manque de respect.
Le parti bel est bien en ordre de marche.
Les Républicains sont opérationnels. Dotés d’une direction rajeunie, d’un nouveau bureau politique rassemblant les diverses sensibilités, d’un centre d’études dirigé par le talentueux Bernard Accoyer et d’un Conseil national présidé par Jean Léonetti dont on sait la modération, ils peuvent repartir de l’avant. On a vu déjà à l’œuvre les membres de la nouvelle direction avec une mission sur le terrain en Maine-et-Loire pour se mettre à l’écoute des territoires. Les mois qui viennent seront déterminants pour imposer le parti à la place qui est la sienne : le premier parti d’opposition.
Des législatives bienvenues.
Voilà deux victoires qui tombent à point nommé. Certes, on arguera qu’un électeur sur cinq, ça fait pas beaucoup. Mais il en va souvent ainsi dans les partielles. Cela n’empêche pas d’en tirer quelques leçons. D’abord, même faiblement, ce sont les électeurs républicains qui se sont le mieux mobilisés. Et voilà deux élus et un député de plus ! Le FN et Les Insoumis sont dans les choux, le PS inexistant. La République en marche n’est apparue que ce qu’elle est : la droite ne vote pas pour elle quand il n’y a pas de menace. Et la gauche, probablement agacée par le discours droitier n’a eu guère envie d’y revenir. Pour les Républicains, est-ce un effet Wauquiez ? Trop tôt pour le dire, encore que la prestation de l’intéressé à l’Emission politique n’a pas pu nuire. Mais si les Républicains avaient perdus, on aurait bien su désigner le fautif. Nous sommes bien le premier parti d’opposition au parlement et en nombre d’adhérents (payants). Voilà de quoi faire réfléchir tous ceux qui auraient des velléités de « prise de distance ».
Et si Macron, finalement, n’était pas ce magicien qu’on nous vend du matin au soir sur BFMTV ! C’est que les ennuis, à notre époque, ça peut venir vite. Les situations se retournent rapidement comme on le voit en ce moment avec les soubresauts boursiers. Je ne pensais pas si bien dire dans ma note précédente. Après le pain blanc … Certains vont commencer à imaginer qu’après tout, il pourrait bien échouer. Ben oui, chacun son tour. Les ennuis aussi ça vole en escadrille. Et le vote du Parlement européen qui a flingué son idée farfelue de listes transnationales pour les européennes, ça n’est peut-être qu’un début !
En attendant, pour Wauquiez, c’est tout bon !
Je donne aujourd'hui la parole à Virginie CALMELS, N°2 des Républicains.
Interview donnée à ATLANTICO.
ATLANTICO : La semaine dernière lors de votre discours au Conseil National des Républicains, une partie de votre intervention était consacrée à réfuter l’idée qui vous est souvent opposée selon laquelle Emmanuel Macron mènerait une politique de droite. Peut-être ne mène-t-il pas une politique de droite en effet si on s’en fie à ce qu’étaient les programmes des républicains pour la présidentielle et les législatives mais il fait et c’est ce que semblent lui reconnaître les Français dans les sondages.
Au regard des corporatismes, des archaïsmes et des rigidités françaises, en quoi considérez-vous que vous feriez mieux ?
Aujourd’hui le projet de loi ne touche qu’à l’asile politique (40 000 personnes par an) alors qu’il y a eu l’année dernière 262 000 titres de séjour délivrés soit un record depuis 40 ans. Cela veut dire qu’en fait on est en train de mettre en avant une action du gouvernement qui ne touche qu’une petite partie d’un problème bien plus grand. Nous, nous voulons la restauration des peines plancher, l’instauration de quotas d’immigration à l’instar de ce qu’a pu faire le Canada, un durcissement des conditions du regroupement familial, une réflexion sur le droit du sol en durcissant les règles sur ce dernier ou encore la révision totale de l’Aide Médicale d’Etat (AME) qui pèse directement un milliard d’euros par an… Ces six ou sept mesures n’apparaissent pas dans le projet de loi Macron ni dans ses propos. Comme toujours c’est beaucoup de communication, on donne l’impression de s’emparer de thèmes importants pour les Français mais en restant très parcellaires.
Je ne commente pas un dossier que je ne connais pas. Mais au-delà du motif de l’ouverture de l’enquête préliminaire, sur lequel je laisse à la justice le soin de se prononcer, ce que j’ai trouvé extrêmement choquant dans le récit qui a été fait, et qui apparemment n’a pas été contesté, c’est qu’il y aurait eu « un accord » pour interférer dans l’effacement d’un casier judiciaire moyennant une contrepartie « en nature ».
Quant à l’effet boomerang, à titre personnel je ne me sens pas menacée (rires).
Je crois en la liberté d’expression et je m’inquiète toujours de protéger cette liberté sans tomber dans le caniveau de la dénonciation calomnieuse. On a la chance de vivre dans un pays qui normalement n’est pas répressif sur un certain nombre de choses et je ne pense pas qu’il faudrait que l’on s’enferme pas à pas dans un système un peu caricatural et oppressant. On était un pays qui avait trouvé cet équilibre entre les pays latins et les pays nordiques. C’est notre force et ce serait dommage de s’en éloigner.
Pour moi et à l’instar de Laurent Wauquiez, vouloir affirmer haut et fort ses convictions, ne pas vouloir plaire à tout le monde, ce n’est pas être réac. Dire que l’on ne va pas céder au politiquement correct et dire ce que l’on pense, partager nos valeurs y compris quand ça froisse, ce n’est pas être réac. C’est d’ailleurs le piège qui nous est souvent tendu et dans lequel il ne faut pas que l’on tombe. On peut être clair sur ses convictions, ne pas plier l’échine, sans tomber dans la caricature. C’est à nous de savoir livrer ce débat en répondant sur le fond à nos adversaires qui chercheront toujours à nous enfermer dans cette caricature de réactionnaires.
Demain : "LAURENT WAUQUIEZ : LA PASSE DE TROIS !"
Depuis 2008, en raison de la crise, les politiques économiques budgétaires et monétaires, menées dans les pays de l’OCDE ont ouvert largement les vannes de la facilité, notamment en inondant les marchés généreusement : emprunts et émissions de monnaie. Les gouvernements et les banques centrales ont privilégié le court terme sans mesurer sur le long terme les conséquences de leurs décisions. La récession est pourtant terminée depuis longtemps : la reprise économique est effective depuis 2010 aux Etats-Unis et depuis 2014 en Europe, et malgré tout, ces politiques se sont poursuivies. L’accumulation de dette publique se poursuit encore aujourd’hui aux Etats-Unis et en zone euro, hors Allemagne qui n’a plus de déficit depuis 2012, au Royaume-Uni, au Japon. La dette atteint 135% du PIB en Italie, 230% au Japon, 100% en France et en Espagne, 90% au Royaume-Uni, 110% aux Etats-Unis… Soit un doublement des taux d’endettement public en 15 ans ! Entre 2008 et aujourd’hui, la quantité de monnaie offerte par la banque centrale américaine est passée de 900 milliards à 4 400 milliards de dollars, et de 900 à 3 100 milliards d’euros dans la zone euro.
On aurait pu imaginer que l’amélioration de la conjoncture conduirait à l’amélioration de la situation des finances publiques : il n’en est rien. Si les déficits se redressent quelque peu, c’est parce que la croissance est plus forte, pas du tout parce que les politiques budgétaires sont devenues plus restrictives. Mais lorsqu’il y aura normalisation des taux d’intérêt à long terme, processus qui est entamé aux Etats-Unis et atteint maintenant l’Europe, les Etats, pour assurer leur solvabilité devront augmenter la pression fiscale et réduire les dépenses publiques qui peuvent être utiles à la croissance et n’auront pas le choix. C’est pourquoi les banques centrales craignent les effets de la contraction monétaire et de la hausse des taux d’intérêt sur la situation des emprunteurs et des investisseurs en obligations, et aussi sur les marchés d’action. Ils avancent donc la main tremblante, en sachant que prolonger cet excès de liquidité est très dangereux : il peut générer des bulles sur les prix des actifs, sur les actions des entreprises de l’internet , sur les cryptomonnaies, et déjà actuellement à nouveau sur les prix de l’immobilier, et déstabiliser les taux de change (ex : l’euro trop fort).
La France est particulièrement exposée en cas de nouvelle déflagration. Celle-ci parait encore improbable à court terme, mais le temps presse. Ce qui nous distingue de nos voisins c’est le poids de nos charges sociales. Si la protection sociale n’a pas de prix, elle a un coût, et ce coût reste supporté essentiellement par les employeurs. Il est donc coupable de ne pas engager, alors que la croissance est de retour, les efforts structurels pour réduire significativement la dépense publique et la dette qui asphyxient les capacités d’action du pays dont la capacité d’investissement est totalement saturée par la place démesurée des dépenses de fonctionnement et l’expansion des transferts sociaux incontrôlés.
Pendant 5 ans sous Hollande, on a laissé filer les dépenses malgré « l’alignement des planètes » (euro faible, faibles taux, énergie peu coûteuse), et le gouvernement actuel prolonge la même passivité alors que la croissance libère des marges. La France s'est habituée à l'ère de l'argent gratuit. Les marchés ont été d'une incroyable mansuétude et nous ont bercés d'illusions. Nous avons continué de vivre au-dessus de nos moyens et à nous droguer à la dette, sans que les investisseurs ne s'en émeuvent. Nous avons repoussé les vrais efforts de redressement des comptes publics, tant qu'ils continuaient à nous apporter les doses de morphine...
Or depuis le début de cette année, les taux se tendent partout. Celui de la dette française s’est hissé à 1% alors qu’il se situait autour de 0,60% au printemps 2017. C’est un mouvement a priori durable qui marque la fin d’un âge d’or pour les marchés obligataires et la banque centrale européenne commence à s’engager dans la même voie. Cette hausse peut être vécue dans un premier temps, comme un signe de bonne santé de l’économie, mais elle alimente la remontée du rendement des obligations souveraines, et en parallèle un mouvement de prises de bénéfices sur les marchés boursiers. Le spectre de l’éclatement de la bulle resurgit et pourrait concerner les actions et les obligations …
Si elle ne réagit pas rapidement, la France va se télescoper au mur de la dette. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le pays doit encore lever 180 milliards d'euros cette année - il reste l'un des plus gros emprunteurs mondiaux. La dette française est une bombe à retardement, surtout dans un environnement où les taux commencent à remonter. Il suffirait ainsi qu’ils augmentent de 1% (déjà + 0,40% en ce début d’année) pour que la dette nous coûte 2 milliards de plus chaque année. En 2023, dans à peine cinq ans, ce point supplémentaire représenterait une surcharge de 12,9 milliards d'euros dans le budget de l'Etat, l'équivalent de tout l'argent que nous consacrons aujourd'hui à la police et la gendarmerie nationale ! Et rien ne dit que la hausse ne serait que d’1 point. Voilà pourquoi reporter l’effort à la fin du quinquennat est irresponsable, d’autant plus que la conjoncture favorable offerte par une croissance inespérée risque de s’amoindrir. Nous sommes dans une reprise cyclique. En France nous l’avons découverte très tardivement. Elle ne fait que commencer chez nous alors que la zone euro en est à son 18ème trimestre consécutif de croissance. Le retournement est donc pour bientôt et il ne faut pas croire qu’il serait retardé chez nous.
Il manquait une pièce au puzzle : l’augmentation des salaires qui relancerait l’inflation. Le mouvement est enclenché aux Etats-Unis et a fait chuter Wall-Street, il ne tardera pas en Europe. Ce sera l’accélérateur de la remontée des taux.
La course de vitesse est engagée. Si nous ne prenons pas nous-même des mesures vigoureuses pour réduire notre endettement, si nous ne faisons pas nous-même des choix difficiles, ce sont les marchés qui nous les imposeront. L’euphorie économique actuelle est forcément grisante mais ne doit pas nous leurrer : nous avançons sur une corde raide et elle est peut-être le signe avant-coureur de la tempête qui se prépare. Rappelons-le une dernière fois : l’ampleur des deux déficits budgétaire et commercial, le niveau du chômage, l’endettement de l’Etat, des entreprises et des ménages nous rendent très vulnérables.
C’est là qu’on verra si Macron est à la hauteur, car les mots ne suffiront pas.
La croissance tellement attendue.
Non sans triomphalisme, le gouvernement a annoncé que la croissance du produit intérieur brut français (PIB) avait progressé de 1,9 % en 2017. Ce succès est revendiqué par tous, y compris les amis de François Hollande. Le gouvernement, bien sûr, qui travaille depuis sept mois, mais aussi les hollandais qui affirment qu’elle résulte des mesures adoptées par l’ancien président, CICE et pacte de compétitivité. C’est de bonne guerre, pourtant ils n’y sont pas pour grand-chose, car elle vient surtout par l’extérieur.
On ne peut s’empêcher de se poser d’autres questions.
La croissance à 1,9 % est-elle suffisante, car elle n’a eu qu’un impact très modéré sur l’évolution de l’emploi : la France a créé 250 000 emplois en 2017, mais huit cent mille personnes se sont présentées sur le marché du travail alors que seulement 660 000 seniors prenaient leur retraite, et il en résulte un « surplus » de chômeurs de l’ordre de 140 000. Le taux de chômage n’a donc diminué que de manière insatisfaisante et se situe aujourd’hui à 9,6 %.
Autre question : dans l’Union européenne, le PIB a bondi de 2,5 %. Ce qui signifie que, si notre croissance est honorable, elle est tout de même inférieure à la moyenne européenne et que cette différence de 0,6 % nous empêche de retrouver des indices comparables à ceux de l’Union, qu’il s’agisse du commerce extérieur, de l’emploi et du taux d’industrialisation de notre pays, figé à 12% de la production brute alors que, ailleurs , il est de 15 ou 17 %.
Un modèle économique inefficace.
Si la croissance traîne les pieds en France, c’est à cause d’un modèle économique suranné : celui de l’économie administrée qui perdure derrière les quelques réformettes libérales engagées par le gouvernement actuel, qui ne redonnent pas suffisamment de liberté d’action et de marges de manœuvre à notre appareil productif. Par ailleurs on continue de relancer la consommation par le prélèvement d’impôts (la CSG et les taxes) et les déficits, qui font davantage travailler le travailleur asiatique que l’hexagonal, creusent notre dette et le déficit de notre commerce extérieur, si bien qu’au terme de la boucle, notre pays n’a pas créé de richesse supplémentaire et s’est même appauvri. L’Etat continue d’acheter une croissance faiblarde à crédit en assommant d’impôts au passage les classes moyennes. Si vous avez regardé votre bulletin de salaire, vous savez maintenant à quoi vous en tenir.
Le chômage résiste.
Si la situation française semble s’être franchement améliorée en quelques mois, avec un rebond porté essentiellement par l’investissement, il n’en est pas de même de la création d’emplois. Le volet confiance du côté des ménages comme des entreprises est indiscutable. Mais d’une part, la réforme du marché du travail ne produira des effets –si elle en produit- pas avant 2019, et d’autre part, les entreprises ne trouvent pas sur le marché les qualifications dont elles ont besoin. On pointe ici l’urgence de mettre la formation des jeunes et moins jeunes en adéquation avec le contenu des offres d’emplois, l’autre urgence d’accélérer la réforme de l’apprentissage qui facilite l’embauche (c’est prouvé), et aussi la nécessité de rendre le travail beaucoup plus attractif que les prestations qui permettent de s’y soustraire. Les exemples abondent de ces « jeunes » qui font le choix de travailler en pointillé, se complaisant dans une alternance entre CDD et « inactivité sous alloc’ ».
Un rythme d’avant crise.
La zone euro a connu une croissance de 2,5% en 2017, pour les 19 pays qui la composent. Elle n’avait pas connu une telle progression depuis dix ans. On voit qu’avec 1,9%, la France reste largement sous la moyenne du club de l’euro. Mieux, l’union à 28 affiche la même performance. Au palmarès, citons l’Allemagne (inévitable) avec 2,2%, la Pologne avec 4,6% (!), l’Espagne avec 3,1% malgré la Catalogne (même pas peur). L’économie de la zone euro qui a profité du redémarrage mondial tourne à bon régime et s’accompagne d’une hausse des valeurs européennes. La baisse du chômage va de pair, sauf en France. En zone euro il est passé de 9,6% à 8,7%.
Mais cet élan a un revers : il contribue à une autre hausse, celle de l’euro. En 2018, il faudra surveiller l’impact de l’euro dont la vigueur pourrait annuler les effets de l’amélioration de la demande extérieure (en clair : les exportations). Et puis, les risques politiques ne sont pas nuls : en Allemagne la grande coalition peine à se mettre en place laissant un espace que l’AFD a mis à profit pour s’emparer de la présidence de la commission des finances et de la commission des lois du Bundestag, et en Italie où les élections législatives sont à haut risque avec la nouvelle percée prévisible des populistes.
Enfin, à noter le consensus des analystes : ralentissement prévisible en 2019. Même s’il n’est pas avéré, il serait prudent de l’envisager.
A suivre : la dette, bombe à retardement...
Les Républicains ont un leader.
Ceux qui en doutaient n’ont pu être que convaincus par la prestation de Laurent Wauquiez à « l’Emission politique », ce parcours du combattant où tous les coups sont permis quand il s’agit d’une personnalité de droite. Dieu sait que tout a été fait par ses adversaires et certains médias pour donner de lui une image exécrable auprès des Français, depuis son élection. On ne sera donc pas étonné qu’il n’ait pas attiré un très large public. L’absence d’enjeu autre que l’actualité de la vie politique a pu contribuer aussi à banaliser sa venue sur France 2. Néanmoins, il lui fallait transcrire en terme médiatique sa victoire écrasante du 10 décembre, qui l’a placé à la tête du principal parti d’opposition. Il est au début d’une tâche immense puisqu’il arrive sur les ruines encore fumantes des deux défaites cinglantes de 2017. Il a beau avoir été député et ministre, présider la Région Rhône-Alpes-Auvergne, son déficit de notoriété est considérable. S’il fallait que l’émission valide son entrée dans la cour des grands, eh bien, c’est fait !
Maîtrise et compétence.
Ainsi, il a pu, plus de deux heures durant, s’adresser à un auditoire dépassant le cercle des adhérents convaincus, et affirmer sa crédibilité, avec une expression claire et ferme sans jamais sombrer dans l’agressivité. Ceux qui attendaient des positions outrancières en ont été pour leurs frais, Laurent s’appuyant même sur celles d’Alain Juppé pour évoquer le regroupement familial et le droit du sol, ce qui clouera le bec à ceux qui espéraient avoir un prétexte pour prendre leurs distances avec le parti. Même Alain Minc, convoqué dans le rôle du « triste sire » en s’enfermant dans un procès à peine voilé en « pétainisme », s’est fait laminer par des réponses ancrées dans la réalité et des convictions assises sur un substrat de culture éloquent. Quant à l’arpette du gouvernement, Benjamin Griveaux, il n’a pas fait le poids, avec ses arguments imprécis et tellement attendus… C’est donc un Laurent Wauquiez jugé convainquant qui a terminé l’émission. Il a pu rôder son réquisitoire de premier opposant, se plaçant sur le terrain du pouvoir d’achat plus que sur celui de l’identité. Même la vision de l’Europe qu’il dessine paraîtra frappée au coin du bon sens pour le plus grand nombre. Là aussi, il faudra beaucoup de mauvaise foi pour justifier d’aller voir ailleurs, n’est-ce pas cher Alain…
Une droite pas si « à droite ».
Le patron assume son credo d’appartenir à une droite « qui ne s’excuse pas d’être à droite ». Or, il a pu s’expliquer sur l’immigration, la laïcité, la PMA, la sécurité, avec clarté et affichant des convictions qu’on partagera d’autant plus qu’elles sont pour le moins raisonnables, et tranchent avec le flou présidentiel dans les mêmes domaines. C’est bien pour cette raison que tout ce que la planète politique compte de courtisans et experts en chausse-trappes s’est aussitôt activé à caricaturer et à dénaturer, telle Fabienne Keller dans le débat qui a suivi. Mais quand le contact direct avec l’opinion a été établi, le travail de sape est bien plus compliqué. Laurent Wauquiez a été entendu sur ses positions de fond et elles mettent les « embarras partisans » au second plan. Alors, ceux-là peuvent bien partir ou quereller sur leur part d’influence d’autant plus bruyamment qu’elle est réduite, au moins les électeurs ont aujourd’hui une bonne raison de se réjouir : la droite a un nouveau patron, et il a la pointure ! Et qui plus est, il a montré sa capacité à rassembler.
La faute de Pécresse.
Le conseil National du 27 janvier était attendu : il consacre la remise en route officielle et complète des Républicains. Le succès remporté à « l’Emission politique », a permis à Laurent Wauquiez de l’aborder dans les meilleures conditions. Et d’ailleurs ce fut une journée de mise en place studieuse, au cours de laquelle les cadres du parti auront pu découvrir une équipe nationale renouvelée, un bureau politique rajeuni, un président du Conseil national, Jean Léonetti, inspiré et réfléchi comme à son habitude. Il fallait évidemment compter avec la fausse note et les médias n’ont retenu que ça. C’est l’arrivée tonitruante de Valérie Pécresse, en retard (volontairement ?), en plein milieu du discours Jean Léonetti, qui a valu à la Présidente de la Région Ile-de-France une bronca et des sifflets d’une poignée de participants, que Laurent Wauquiez s’est empressé de calmer pour faire « applaudir chaleureusement » la perturbatrice. Banal dans un congrès. Mais celle-ci est trop avisée pour ne pas avoir agi sciemment. Avait-elle peur de passer inaperçue ? A-t-elle à ce point besoin d’exister ? Toujours est-il que ces agissements, puisés à l’aune de postures alimentées par des ambitions personnelles, ne grandissent pas ceux qui les pratiquent. Dans le contexte de reconstruction actuelle, alors que Macron est à l’affût, agir de la sorte est une faute. D’ailleurs, après avoir lâché ses deux pets nauséabonds, elle est partie sans avoir attendu la réponse du Président du parti. Valérie, il n’y a pas deux droites, il n’y en a qu’une ! On accepte qu’elle soit diverse. Ce n’est pas en divisant qu’on rassemble !
Bref, militer a encore du sens. Ce n’est pas le moindre enseignement de cette fin janvier. Et si je manquais de motivations, le prélèvement de la CSG que je viens de découvrir sur ma feuille de paie, m'en fournirait.
Le populisme continue de prospérer en Europe.
Il a été à l’origine du Brexit qui tourne pour le Royaume-Uni au cauchemar, avec instabilité politique à la clé ; l’Allemagne a mis plusieurs mois avant de former un nouveau gouvernement à cause d’une poussée de l’AFD ; en Autriche l’extrême-droite est entrée au gouvernement ; et maintenant l’Italie connait une campagne électorale de toutes les surenchères démagogiques avec un mouvement 5 Etoiles à près de 30% malgré la gestion calamiteuse de Rome par Virginia Raggi… Les démocraties restent minées par la déstabilisation des classes moyennes -qui constituent leur socle sociologique et politique- sous l’effet conjugué de la baisse de la mobilité sociale, des effets de la révolution numérique, de la déstabilisation des territoires, de la perte des repères culturels, de la peur de l’immigration et de la montée des menaces djihadistes… Chez nous, le naufrage de Le Pen n’a rien résolu. Pourtant le populisme est une impasse partout où il s’installe mais il reste à en convaincre les électeurs, et en France, où Marine Le Pen s’est complètement déconsidérée, la tâche n’est pas mince. Si les électeurs qui ont voté « populiste » ne voient pas la vacuité du populisme, comme les malades qui n’accusent jamais leurs gourous pour l’inefficacité de leurs remèdes miracles, ils refusent de considérer ceux prescrits à travers les réformes dont les résultats paient.
Les réformes paient, mais …
La zone euro renoue avec la croissance, le chômage commence à diminuer, les pays méditerranéens bénéficient pleinement de leurs efforts, à l’image de l’Espagne où l’activité progresse de 3,1% et de la Grèce qui sort de récession. En vérité, ce sont les peuples et non les élites qui sont les premières victimes des populistes et les gagnants des réformes. Mais cela n’empêche pas qu’il existe un vrai danger que l’échec des populismes en nourrisse de nouveaux, plus radicaux encore, comme le montre la course aux promesses insensées en Italie. La difficulté pour la France, c’est que l’élection de Macron apporte une amélioration trop faible pour séduire cet électorat en déshérence, c’est que notre pays reste à la traîne des réformes qui lutteraient vraiment contre les racines du mal. Le signal envoyé par le renoncement à Notre-Dame des Landes, traduisant le mépris pour les Territoires et pour la démocratie, en est un exemple emblématique. L’option social-démocrate proposée par Macron n’est pas de nature à combler la vacuité populiste ni à en convaincre les électeurs.
En France, s’il existe une alternative, elle est entre les mains de la droite.
Avec l’éclipse du FN et du PS, Laurent Wauquiez est le seul à pouvoir construire un projet crédible de redressement réel, susceptible de faire recoller la France périphérique et les classes moyennes à un projet collectif. La tâche ne sera pas aisée, car les solutions exigent une dose plus forte de libéralisme et en France, le libéralisme fait l’objet d’un rejet puissant. Il faudra donc beaucoup de pédagogie, notamment pour convaincre les jeunes qu’on a vu contester une loi El Khomry sur le travail qui servait objectivement leurs intérêts en donnant de la fluidité sur le marché de l’emploi. Mais c’est toute une frange de la population qu’il faut ramener dans le giron de la logique de croissance, qui croit que le capitalisme « mondialisé » conduit à la dégradation générale des conditions de vie : environnement, épuisement des ressources, désertification des territoires, chômage, inégalités … alors que c’est au contraire les freins mis à tous les niveaux à la constitution du capital et à l’initiative privée qui en sont responsables, particulièrement en France. La vision social-démocrate du Président actuel obéit aux mêmes tropismes que celle de son prédécesseur : déshabiller les classes moyennes pour habiller les plus modestes sans créer de richesses nouvelles et poursuivre le mouvement de métropolisation. Redresser la France, c’est se donner les moyens de créer plus de richesses à partager. Voilà pourquoi il faut privilégier une croissance inclusive en investissant massivement dans l’éducation et l’innovation pour accompagner la révolution digitale, tout en restaurant la sécurité et ne cédant rien sur la défense de l’Etat de droit et des libertés. Bien évidemment, il faut en même temps renforcer la coopération au sein de l’Union européenne et même du G20, sans rien lâcher sur les repères identitaires dont les Français ont besoin pour se rassurer. L’offre politique de Laurent Wauquiez doit donc s’adresser en priorité aux Français des classes moyennes et de la France périphérique qu’il s’agit de remobiliser sur des thèmes simples : plus de liberté c’est plus d’emplois, l’équité fiscale, l’égalité des territoire, la défense de notre culture en tous lieux, une Europe de la raison et des projets lisibles.
Ce texte est de Nicolas Beytout de l’Opinion :
« En présentant ses vœux à la presse, il y a quinze jours, Emmanuel Macron a promis une loi contre les « fake news », cette nouvelle forme de désinformation pratiquée par certains à une échelle industrielle. Cela peut prendre la forme de véritables campagnes déstabilisantes, parfois même orchestrées par des puissances étrangères. Cela peut n’être aussi que de petits arrangements avec la réalité, une manière biaisée de réécrire les faits pour crédibiliser un argumentaire et soutenir un raisonnement évidemment faux. Un sport très prisé dans les milieux politiques, comme le prouve la séquence que l’on vient de vivre à l’occasion de l’abandon de Notre-Dame-des-Landes.
Le projet d’aéroport, a-t-on ainsi entendu dire, avait été conçu « pour faire atterrir le Concorde ». Fake news : il a été voulu pour augmenter le trafic passager et, nuance, il se trouve que sa piste plus longue aurait permis au Concorde de se poser... Le gouvernement, affirme-t-on encore, « a fait preuve d’esprit de décision, refusant de repousser à plus tard son choix ». Fake news : il n’avait plus aucune possibilité de report puisque l’autorisation de lancer les travaux ne courait juridiquement que jusqu’au 9 février prochain. « Un courage que n’ont pas eu les précédents gouvernement, de gauche comme de droite », argumentent ceux qui feignent d’ignorer que l’invraisemblable kyrielle de recours en justice ne s’est achevée qu’en 2012-2013 ; le moindre coup de pioche donné avant ce terme aurait été illégal.
Certes, la politique n’a jamais été avare de mauvaise foi. Mais quel florilège, tout de même, que de fake news ! Et jusqu’à la plus audacieuse d’entre elles : « J’ai décidé, et j’assume », soutient le Premier ministre et claironne la majorité. Emmanuel Macron serait donc resté cette fois sur le bord de la piste ? Fake news. »
Les commentaires sont inutiles, non ?
Le phénomène atteint tous les pays occidentaux, mais notre pays est particulièrement concerné. Il suffit d’observer le recul du nombre des étudiants inscrits dans les disciplines scientifiques qui sont passés de plus de 130 000 dans les années 1996-97 moins de 10 000 au début des années 2000 et le déclin s’est poursuivi depuis. Une chute préoccupante d’autant plus qu’inversement on voit progresser les comportements de méfiance à l’égard de la science, une forme d’obscurantisme qui se propage d’autant plus facilement qu’internet offre des tribunes aux arguments simplistes des propagandistes. Si la méfiance éthique est raisonnable quand il s’agit par exemple de bioéthique, domaine où tout ce qui est techniquement possible n’a pas vocation à être autorisé, elle n’est pas de mise quand il s’agit de sujet de santé publique mettant en jeu la sécurité sanitaire collective.
La vaccination.
Alors, je vais faire encore hurler, mais je veux participer au combat contre l’obscurantisme quand il s’agit de la vaccination obligatoire. Au moment où nous constatons une recrudescence des maladies infantiles contagieuses et où notre pays est exposé à une immigration de population dont l’état sanitaire pourrait s’avérer dangereux en propagation d’épidémies diverses, ce qu’on peut lire, entendre ici ou là sur la vaccination obligatoire me laisse pantois. Quand j’apprends que 55% des français pensent que le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher la nocivité des vaccins, je dis qu’on nage en plein délire. Quand on se met à craindre la science plus que la nature, la médecine officielle plus que les errements des médecines alternatives, l’intégrisme n’est pas loin. Quand il s’agit de leur santé personnelle, les patients ont le droit de faire ce qu’ils veulent, y compris de croire au pouvoir des poudres de perlinpinpin. Mais quand il s’agit de la vaccination, le libre arbitre individuel n’a plus lieu d’être. Car disons-le haut et fort, la vaccination n’est pas affaire de choix individuel, c’est une décision qui nous engage tous : ceux qui ne se vaccinent pas mettent la santé des autres en danger et s’ils tombent malades par leur faute, ils ont évidemment recours à la Sécurité sociale, qui est aussi financée par les autres ! La logique de solidarité collective en matière de vaccination s’impose donc, voilà pourquoi il faut à juste titre la rendre obligatoire pour un certain nombre de maladies. Toutes les études scientifiques depuis un siècle montrent que la vaccination est vitale pour la collectivité et sauve des millions de vies. Il ne sera pas dit que le pays de Descartes soit devenu le pays de la haine de la science.
Les onze vaccins obligatoires.
En matière de sciences, toutes les opinions ne se valent pas. Tout est bon pour alimenter le fantasme de collusion avec les laboratoires mais on ne peut pas faire l’impasse sur l’épidémie de rougeole qui a frappé la France en 2011 : entre 2008 et 2016, plus de 24 000 cas déclarés, près de 1500 ont présenté une pneumopathie grave, 34 cas ont connu des complications neurologiques et 10 sont décédés. A côté, les rares inconvénients issus des vaccinations sont bénins. Il est bon que la vaccination soit obligatoire. Les résistances n’ont pas lieu d’être, sauf à se réfugier dans l’obscurantisme et les croyances, comme présenter la vaccination comme un acte « contre-nature ». Il ne s’agit pas de condamner le recours à l’homéopathie, mais celle-ci ne doit pas exclure la médecine allopathique. Et quand il s’agit de lutter contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, les méningites, l’Hépatite B, la pneumonie, la rougeole, les oreillons ou la rubéole qui font l’objet des 11 vaccins obligatoires, la question de la liberté individuelle ne peut se poser face à la sécurité collective.
Ces croyances qu’il faut combattre.
L’hygiène a permis la disparition des maladies infectieuses : c’est faux ! C’est l’introduction du vaccin qui a permis la diminution des personnes infectées. L’exemple observé au Japon le prouve : un suspension du programme de vaccination contre la coqueluche a été suivi d’une explosion de la maladie qui retombe dès que le programme reprend. Le pays n’a pas connu, dans le même temps, de crise de l’hygiène qui aurait pu apporter l’explication, ce qui, en aucune façon n’aurait influencé la bactérie responsable de la coqueluche.
Multiplier les vaccins nuit au système immunitaire des enfants : Encore faux ! Leur système immunitaire peut affronter plusieurs vaccins à la fois, et même ceux-ci le stimulent en lui permettant de fabriquer des défenses. Une étude a même estimé que le système immunitaire des jeunes enfants peut répondre à 10 000 vaccins à la fois. Avec 11 vaccins, il reste de la marge.
L’immunité innée est suffisante pour faire face aux maladies : toujours faux ! A la naissance, un nourrisson est protégé contre certaines maladies grâce aux anticorps transmis par la mère, mais l’immunité disparait après quatre mois tout au plus. Seule la vaccination apporte une protection complète et durable.
Les vaccins causent l’autisme : une hypothèse émise par une étude portant sur 12 cas qui n’a jamais pu être vérifiée par de nouvelles études. Par la suite, il a été révélé qu’une manipulation frauduleuse des données avait été réalisée par le responsable de l’étude en question.
Les vaccins peuvent causer la mort subite du bébé : certains ont mis en corrélation la mort avec la vaccination, sur des cas isolés. Toutes les études épidémiologiques s’accordent à dire qu’il n’existe pas de lien de causalité. Il n’en reste pas moins, que ce phénomène de mort subite reste encore mal compris.
L’extension de l’obligation répond à des intérêts économiques : l’impact reste faible, dans la mesure où 70% des enfants ont déjà reçus les 8 vaccins supplémentaires concernés par l’extension de l’obligation.
Ce sont les adjuvants à base d’aluminium qui suscitent le plus les craintes. Or, ils sont utilisés depuis 1926 sur l’ensemble de la planète sans qu’aucun signal d’alerte n’ait été émis par aucun pays. 12 millions de doses contenant ce type d’adjuvant sont administrées chaque année en France et un seul nouveau cas de myofasciite serait survenu depuis 2012 ! Aucun lien de causalité n’a pu être établi avec les adjuvants aluminiques.
La lutte contre l’obscurantisme n’est pas chose aisée, à une époque où la logique de la violence et de l’irrationnel prolifère. A défaut de faire appel à la raison, j’espère que la logique des arguments et des faits avérés l’emportera sur les affirmations assénées par des gens qui fondent souvent leur démarche scientifique sur des convictions douteuses. Allez-y, traitez-moi de tous les noms d’oiseaux qui vous plairont !
Un secret de polichinelle.
Approximations et contre-vérités en boucle depuis ce matin sur les médias pour préparer le terrain à « LA » décision sur Notre-Dame des Landes. « De toute façon, quelle qu’elle soit, elle sera courageuse ! » Que nenni. Une seule pouvait être courageuse : celle de poursuivre le projet de construction d’un nouvel aéroport. Le Président de la République avait là une occasion de montrer qu’il était capable de faire respecter l’Etat de droit. Il ne l’a pas saisie. Comment transformer une capitulation en décision courageuse ? Comme pour le reste, plutôt que d’affronter une réalité déplaisante, il a préféré faire de la com’ et de l’enfumage comme à son habitude, et mettre en avant son Premier Ministre, mais ça ne trompe personne. Dès la décision de faire une nouvelle étude et la constitution de l’équipe des experts pour la mener, on savait que les dés étaient pipés. Par les propos des uns et des autres, le Ministre de l’Intérieur ou le préfet de Région, les indiscrétions d’un José Bové ou d’un proche de Nicolas Hulot, malgré la montée au créneau de la quasi-totalité des élus concernés pour plaider en faveur du projet, rien n’y a fait. Le chantage politique des écolos et la peur d’engager le combat avec les zadistes l’ont emporté. Décidément, ce gouvernement n’a pas beaucoup de courage. Quant à l’exposé d’Edouard Philippe il est effrayant de mensonge et de cynisme. Il faudra s’en souvenir.
La démocratie piétinée.
Cette décision est grave, et même dramatique pour la démocratie dans notre pays. Comment peut-on bafouer ainsi la décision de collectivités unanimes pour savoir ce qui est bon pour leur développement, un projet validé à plusieurs reprises par le vote aux élections, puis par un référendum, validé par près de 200 décisions de justice. Le gouvernement n’a aucune excuse. Il va précipiter dans l’abstention de nombreux électeurs dégoûtés qui, de surcroît, ont eu pour nombre d’entre eux à supporter les exactions des zadistes. Que faut-il donc de plus pour qu’un projet soit réalisé ? Macron apparaîtra pour beaucoup comme un fossoyeur de la démocratie. On retiendra surtout qu’il « n’en a pas » !
Une mauvaise nouvelle pour l’Ouest.
L’ouest entier avait besoin de cette plate-forme moderne pour son développement. Le gouvernement abandonne la presqu’île de l’Europe qui risque de rester encore longtemps à l’écart, ce qui sera très préjudiciable à son développement. Il oppose à la vision décentralisée d’ouverture sur le monde dans le contexte de la globalisation, celle d’une centralisation jacobine sur quelques « hubs » pour la dimension internationale, réservant aux aéroports départementaux la seule possibilité de relier les métropoles européennes entre elles. Nous sommes face à un Etat qui méprise les territoires, qui tourne le dos à la France périphérique. De la part du Maire du Havre, c’est plutôt surprenant. C’est aussi une mauvaise nouvelle pour les riverains de l’actuel aéroport qui vont devoir s’habituer à l’aggravation des nuisances d’un trafic en pleine croissance. C’est enfin une mauvaise nouvelle pour les contribuables qui vont devoir payer les indemnités à Vinci : plusieurs dizaines de millions d’euros.
Rien n’est réglé.
Rien ne dit que les collectivités vont en rester là. Comme pour les opposants, les procédures de recours existent pour contester cette décision. D’autre part, on sait que les possibilités d’aménagement sont réduites, notamment en raison de l’enclavement de l’aéroport entre l’agglomération et le lac de Grandlieu. Il sera probablement impossible d’allonger la piste suffisamment pour les gros porteurs. Il faudra aussi compter avec la défense des riverains actuels qui ne vont pas se gêner pour empêcher toutes les extensions possibles. Cela veut dire des années de procédures à nouveau. Franchement, il faut beaucoup de bonne volonté pour voir dans la décision d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe du courage et une vision d’avenir. Reste à évacuer la « zad ». Mais là encore, ce sera une Tartufferie : on va nous faire croire au départ des ultras, mais il y a gros à parier que les anarchos-gauchos qui occupent illégalement le territoire vont rester.
Macron avait la possibilité d’endosser véritablement son costume de Président particulièrement auprès des électeurs de droite. De plus, il a donc menti pendant sa campagne électorale puisqu’il renie sa parole. Tant pis pour lui !
« 4 mars 2020, 16H50 : un avion en phase d’atterrissage à Nantes-Atlantique s’est écrasé sur le quartier pavillonnaire du Bourneau à Rezé, faisant 150 morts parmi les passagers et des dizaines de blessés. Plusieurs maisons ont été ravagées. Les secours n’ont pas fini de dénombrer les victimes parmi les habitants.… Le bilan s’annonce dramatique. Le Président de la République a réuni immédiatement un conseil de crise. C’est que l’événement tombe particulièrement mal à un mois du premier tour de scrutin de l’élection présidentielle. En effet, de nombreuses personnalités mettent en cause sa décision de janvier 2018 de renoncer à construire le nouvel aéroport de Notre-Dame des Landes. Une décision aujourd’hui lourde de conséquences qui engage directement sa responsabilité dans la catastrophe qui vient de se produire. Ses chances de réélection sont désormais très compromises quoi qu’il décide.
Si l’aéroport avait été déplacé à Notre-Dame des Landes, on n’en serait pas là.
Pourtant toutes les conditions étaient réunies qui justifiaient de le décider : quasi-unanimité des élus locaux, 169 décisions de justice favorables, referendum voulu par l’Etat positif avec 55% de oui, … le gouvernement de l’époque avait toutes les cartes en main. Il avait préféré reculer devant quelques dizaines de zadistes extrémistes, il avait choisi de céder à des « hors-la-loi » plutôt que de respecter ce que la démocratie avait décidé et tranché, en appliquant l’ordre républicain. Il avait opté pour la solution du réaménagement de la plate-forme existante, pourtant enclavée entre l’agglomération nantaise et le Lac de Grandlieu. Depuis la situation était restée figée, les nombreux recours des riverains de l’aéroport existant ayant bloqué par toutes les arcanes juridiques et recours, tous les projets d’agrandissement, d’ailleurs eux-mêmes très contraints par la localisation. Cela n’avait pas pour autant empêché le trafic d’augmenter et d’atteindre 7 millions de passagers fin 2019. Nantes-Atlantique était devenu un aéroport sursaturé, fonctionnant à la limite des sécurités réglementaires, avec un trafic insupportable pour près de 80 000 habitants de l’agglomération nantaise.
Déjà à l’époque, on savait que le maintien de l’activité à Bouguenais exigeait la réfection complète de la piste (communiqué de l'aviation civile du 6/11/2013). Dont l’état n’était pas conforme à la réglementation et aux recommandations de l’OACI (Organisation de l'aviation civile internationale). La planéité de la piste n’était pas satisfaisante, son profil en long montrait plusieurs creux et bosses, avec des écarts de près de trois mètres. On avait passé sous silence que la direction de la sécurité de l’aviation civile Ouest avait accepté une dérogation provisoire dans l’attente du transfert de l’activité aéronautique vers l’aéroport du grand ouest à Notre-Dame des Landes. On avait pu, de justesse, respecter l’évolution des règlementations de sécurité européennes qui imposaient des espaces de sécurité de 240 mètres en amont et en aval de la piste. Mais l’allongement de la piste, vers le sud, rendu indispensable par la croissance du trafic n’avait pu être réalisé et la structure de l’ensemble des chaussées aéronautiques était restée insuffisante pour assurer un niveau de portance adapté. Seuls les travaux de rénovation de l’ensemble des voies de circulation et des aires de stationnement des avions avaient pu être menés à bien. Mais pour le long terme, dans une perspective de 9 millions de passagers, la situation était bloquée : l’aéroport devrait, en effet, être capable d’accueillir tous les types d’avions, et pour cela un allongement de la piste à 3 600 mètres était nécessaire…. »
C’est évidemment une fiction. Ce scénario catastrophe, il n’est pas de bon ton de l’évoquer, il est pourtant dans beaucoup de têtes. Il suffit d’aller sur internet et de regarder un plan de l’agglomération nantaise avec l’aéroport au sud-ouest, pour comprendre que la fiction pourrait devenir réalité. Chacun doit savoir que cela pourrait arriver. Je suis un utilisateur de Nantes-Atlantiques. Plusieurs fois l’approche s’est faite par le nord : l’avion survole le centre-ville de Nantes à à peine 300m d’altitude, on passe à la verticale de la tour Bretagne avec la sensation de pouvoir presque la toucher, avant de plonger brusquement au-dessus des quartiers de Rezé et Bouguenais pour se poser sur la piste. Et que dire de la pollution aérienne et sonore pour les populations qui sont en-dessous ! L’atterrissage en arrivant par le sud n’est guère mieux : l’avion survole le lac de Grandlieu à quelques dizaines de mètres. Là encore, c’est dangereux, et la pollution de cette réserve naturelle semblent n’émouvoir personne, en dehors des quelques défenseurs de la nature qui se sont époumonés et qu’on a refusé d’entendre. Le transfert à Notre-Dame des Landes ne devrait même pas poser question. On le présente comme un vieux projet, dépassé par notre temps. C’est un grossier mensonge. J’ai été douze ans Conseiller Régional à l’époque d’Olivier Guichard, de 1986 à 1998. Ce dossier, je le connais bien. La vérité c’est que le Conseil Général de Loire-Atlantique a voulu prendre son temps pour constituer la réserve foncière qui était nécessaire pour un équipement qui s’annonçait un jour indispensable. De fait, il y a eu très peu d’expropriation. La décision de construire l’aéroport a été prise au début des années 2000 par le gouvernement Jospin. Même l’écologiste Dominique Voynet lui trouvait des vertus, à l’époque. Si la réalisation a pris tant de retard, c’est en raison des nombreux recours qui ont été intenté et de l’occupation de la zone par les « professionnels » de la contestation violente. Enfin, il est temps de prendre en considération les arguments économiques : c’est tout le Grand Ouest qui est concerné par cet équipement.
Je ne souhaite pas qu’une telle tragédie arrive. Mais de grâce, qu’on arrête de donner la parole à tous ces ouvriers de la 25ème heure qui ne connaissent pas grand-chose du dossier, mais dont le but est de faire croire à l’opinion publique que renoncer, ce serait finalement la bonne solution. Si le transfert ne se fait pas, Jupiter ne sera jamais Napoléon, car avant d’y parvenir, il faut savoir d’abord, être Bonaparte !
60 % des Français y sont hostiles ! La limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes départementales est accueillie par la grogne générale. Les autos sont-elles plus dangereuses ? Non, ce serait plutôt le contraire. Alors ce sont les routes ? Oui, peut-être : dans certains départements sous la pression des restrictions budgétaires, des choix socialistes et écolos, les routes n’ont pas été entretenues comme il aurait fallu. La baisse de la vitesse autorisée est-elle pour autant justifiée ? Un Francilien aura du mal à l’admettre, lui qui patiente dans les bouchons. Le rural qui emprunte sa départementale déserte tout autant. Encore une fois l’ajustement se fait sur le dos de l’automobiliste, comme si notre temps de régression du savoir, de l’économie devait s’accompagner inéluctablement d’un retour progressif à la lenteur. Ce sont les écologistes qui se réjouissent, qui voient poindre le temps de la calèche et de la lampe à huile. Trèves de plaisanterie, le vrai sujet est ailleurs : il réside dans le sort de l’automobiliste.
Le cynisme de l’Etat.
Depuis toujours, les pouvoirs publics sont confrontés à une contradiction flagrante face à l’industrie automobile : ils l’encouragent, parce que son expansion est signe d’emplois et de prospérité mais ils en font aussi la source première des recettes fiscales, en traitant le conducteur systématiquement comme un criminel potentiel. Un cynisme doublement gagnant ! Ainsi, l’usage de la voiture est ravalé au rang d’un vice comme l’alcoolisme ou le tabagisme. Il est considéré comme une addiction et à ce titre il est nocif du double point de vue de la sécurité et de l’environnement. Le civisme consisterait à adopter les transports en commun, le vélo ou la marche, toutes options qui ne sont pas universelles pour les trajets longs ou pour les personnes âgées et pour lesquelles la puissance publique devrait d’abord se demander si elle fait bien tout ce qu’il faut. La voiture électrique, elle-même est déjà douteuse dès lors qu’elle consomme une électricité qu’il faut bien produire par ailleurs. L’auto est pourtant d’abord un outil de déplacement pour aller au boulot avant d’être considérée comme ce merveilleux instrument de liberté qu’elle a été.
Nouvelle politique et vieilles méthodes.
Le gouvernement actuel n’échappe pas à la règle. Emmanuel Macron et Edouard Philippe n’inventent pas l’eau chaude. Comme par le passé, ils ont très bien vu qu’ils ne peuvent pas se passer d’une production industrielle aussi importante ni des recettes fiscales qu’elle produit, 65 milliards d’euros par an, ce qui ne les empêchent pas de continuer à faire de l’automobiliste la « vache à lait » de l’État. Ils ne sont pas gênés de recourir aux bonnes vieilles méthodes qui ont déjà rapporté tant d’argent : le tarif du gazole a été augmenté pour rattraper le prix de l’essence (mais on se demande pourquoi la baisse de cette dernière n’a pas été envisagée), pour des raisons officiellement liées à l’environnement, sauf que le prix de l’essence a augmenté lui aussi. Les péages des autoroutes sont également à la hausse. La voiture, plus que jamais, est devenue un luxe alors qu’elle fait partie de la vie quotidienne dans tous les ménages. Cet acharnement à en tirer des taxes a donc créé un déséquilibre de fait, une sorte d’injustice, entre les ruraux qui ne peuvent pas se passer de leur voiture et les urbains qui ont un accès direct aux transports en commun. Encore que ces derniers sont souvent contraints à utiliser leur voiture personnelle faute d’avoir accès à des conditions de transport supportables. On ne vous demande pas de comprendre, mais de payer !
Le royaume d’Ubu .
Certes, l’abaissement de la vitesse à 80 km/h ne constitue pas une mesure scandaleuse en soit, même si rien n’en prouve l’avantage au niveau de la sécurité et des vies « économisées ». À faible allure, l’auto est toujours plus sûre, sans qu’on en soit vraiment certain, sauf à zéro km/h. En fait, le vrai sujet concerne cette « politique automobile » qui associe l’hypocrisie publique à la sauvagerie fiscale. Nos gouvernements ont compris que, jusqu’à présent, les administrés n’acceptent pas de se priver de leur voiture. À partir de là, tous les prétextes sont bons pour les assommer d’impôts et de contraventions : il ne faut pas polluer, donc payez ; il ne faut pas aller vite, donc payez de nouveau. Un jour arrivera où ces gouvernants auront fini par décourager une bonne partie de la population : ils seront alors désolés des pertes d’emplois dans l’industrie et de la baisse des rentrées fiscales. Le salut résiderait dans un plan qui cesserait de faire du conducteur le bouc émissaire de toutes les frustrations de l’État, dans une fiscalité raisonnable, et surtout dans l’unification des décisions : il est, par exemple, pour le moins curieux que la mairie de Paris applique une politique qui met la priorité sur la lutte contre la pollution, mais reste totalement indifférente aux conséquences économiques de ses interdits. D’un côté, l’État vous encourage à acheter une voiture, pour les emplois et pour les taxes ; de l’autre, les autorités municipales vous reprochent de l’avoir achetée et de vous en servir.
Ubu ne nous quitte jamais !
Une farce qui en dit long.
Laurent Gerra déplore l’appauvrissement de notre belle langue et constate que « les gens lisent moins et s'attardent moins sur les choses ». « Il y a une pauvreté du vocabulaire qui est terrible. Dans le TGV, j'entends discuter les gens et je ne comprends plus ce qu'ils disent. Ils parlent à moitié anglais, en raccourci. La langue s'appauvrit alors qu'au contraire, elle doit s'aiguiser. Je constate qu'une forme de poésie dans le langage disparaît »… Plusieurs causes à ce phénomène, probablement, mais en premier vient le smartphone, ce qui l’a conduit un jour à faire une petite farce à tous les passagers d'une rame de TGV : « Un jour, on m'a procuré un brouilleur, et paf ! j'ai fait disjoncter les téléphones portables de toute une rame de TGV ! C'était très agréable ! »… raconte-t-il au Figaro Magazine. Mais il n’y a pas que l’appauvrissement de la langue français. C’est bien pire.
L’ignorance gagne du terrain en France.
Selon l’historien Dimitri Casali, la société bascule dans l'ignorance. Ce n’est pas le progrès scientifique qui ralentirait, au contraire, chaque jour la science nous apporte de nouvelles découvertes. Pourtant, il est facile de constater qu'à mesure que le progrès scientifique s'accumule vers un savoir de plus en plus exact, on peut mesurer à travers le monde une lente montée de l'ignorance. Par exemple, en France, aujourd’hui, nous comptons 6 % d'illettrés, c'est-à-dire environ 3 millions de personnes. Si on additionne les personnes analphabètes qui ont des difficultés à lire et à écrire le français, on arrive à près de 10 % de la population. C’est un comble dans un pays où l’instruction est gratuite et, en principe, obligatoire. Et loin de s’enrayer, le phénomène s’aggrave : jamais l'ignorance n'a gagné autant de terrain. Ce constat est à mettre en corrélation avec le piètre classement de notre école, au classement international PISA dans lequel nous sommes désormais au 27ème rang. Il y a vingt ans, notre pays était 10ème : en 17 ans, nous avons perdu 17 places. Si on se réfère aux années 80, nous étions dans les cinq premiers, et nous avions l'un des meilleurs systèmes scolaires au monde. On observe les mêmes constats en chute de compétence ne lecture et dans les disciplines scientifiques. Il faut prendre conscience du phénomène qui devient vraiment effrayant.
Le monde entier est touché.
Dans une étude, une récente projection de l'ONU montre que l'an prochain, le monde arabe comptera 25 % d'analphabètes. Le monde arabe a publié plus de livres entre le 8ème et le 12ème siècle qu'aujourd'hui, alors qu’actuellement, il publie moins de 1 % du marché mondial du livre. Et que penser de ces prédicateurs saoudiens qui apprennent à leurs étudiants que la terre est plate ? Et de cette chercheuse à l'Université de Sfax en Tunisie, l'un des pays arabes les plus avancés, qui voulait dernièrement démontrer aussi que la terre était plate et qu'elle ne tournait pas autour du soleil ! Le même mal touche aussi la grande puissance que sont les USA où 46 % des Américains pensent que la Terre a moins de 10 000 ans. Voilà ce que produisent les « créationnistes » qui commencent à prendre pied en France, en Angleterre, un peu partout en Europe… Il est difficile de ne pas constater que nous sommes en pleine régression intellectuelle dans le monde.
L’ignorance est le terreau de l’obscurantisme.
Le vide spirituel et culturel qui saisit nos sociétés est à mettre en relation avec la progression de l’islamisme, du djihadisme, du complotisme et du fanatisme. On assiste, en effet, parallèlement à cette montée de l'ignorance, à une montée de l'obscurantisme. Et notre époque, du même coup, plonge dans le relativisme culturel. Tout se vaut. On perd de vue la hiérarchie des valeurs qui favorise le communautarisme. Ce phénomène est particulièrement violent en France dont la culture est de longue tradition « universaliste ». Que valent les « droits de l’Homme » entre les mains de gens incultes ?
Un avatar de la révolution numérique.
L’historien voit un lien évident avec la révolution numérique. Cela a démarré dans les années 2000. C’est la surinformation qui a conduit à l'ignorance. Ainsi, les 15-29 ans ne lisent plus de livres, en revanche, ils lisent davantage sur les réseaux sociaux, les blogs... Et d'après une étude de l'Université de Yale, la lecture sur internet n'est pas la même : les informations se superposent les unes aux autres alors que la lecture d'un livre permet de pénétrer les pensées de l'auteur et de structurer les informations. Cela organise le cerveau. D'autres études sont à rapprocher de cette observation : les Français auraient perdu 4 points de QI entre 1989 et 2009, phénomène mesuré aussi en Angleterre ou aux États-Unis. Wikipédia, qui est le plus bel exemple des effets pervers d'internet, a donné la culture aux imbéciles. Si dans le domaine scientifique, les notices sont rédigées par des experts, dans le domaine de la littérature et en histoire, c'est un agrégat d'informations nivelées par le plus grand nombre. Il n'y a plus de hiérarchisation du savoir. Ainsi la page de Kim Kardashian sera bientôt plus longue que celle de Montaigne et le grand poète grec Homère a déjà moins d'articles que Homer Simpson…
La seule réponse : l’école !
Il faut replacer la culture générale et l'histoire au centre de nos préoccupations. Et d'abord à l'école. Or, depuis une trentaine d'années, la culture générale a été abandonnée. Les pédagogistes de la rue de Grenelle portent une lourde responsabilité, eux qui ont remplacé la transmission du savoir et des connaissances par de simples compétences techniques, et encore. L'idée est de fabriquer un homme nouveau, sans racines ni héritages. On se souvient que Mérieu et Bourdieu préconisaient d'apprendre à lire dans les notices d'appareil électroménager, pour éviter que les élèves s’ennuient, et non plus grâce aux textes de Hugo ou de Molière... Au lieu de corriger le mal de la surinformation apportée par l’omniprésent smartphone qui véhicule le vrai et le faux, le superfétatoire au détriment du sérieux, on l’a aggravé en supprimant les repères de la vraie culture et de l’esprit critique. Il faut revenir à la culture classique française, car c’est son rejet qui fait du mal aux esprits faibles. Et cesser de croire aux vertus de l’égalitarisme qui conduit à être tous être égaux dans la médiocrité.