HISTOIRE

UN ELOGE, DES BOUGIES, UNE MANIF … ET APRES ?

Attentat-de-Trebes
 

Les attentats commis à Carcassonne et à Trèbes par un Franco-Marocain radicalisé ont de nouveau plongé le pays dans le deuil et la frustration. Au fil des jours, des semaines, et même des mois sans attaques, la France avait fini par oublier le danger islamiste. Une coupable insouciance entretenue par le  gouvernement qui nous berçait d’illusions : en Syrie, la guerre contre Daech était gagnée, dans l’Hexagone, les tentatives d’attentats étaient déjouées les unes après les autres, faisaient savoir les autorités, laissant croire aux Français que la situation était sous contrôle et le pire derrière eux. Dormez en paix braves gens … Cette période  s’est refermée brutalement vendredi avec l’assassinat de quatre personnes – dont un gendarme, Arnaud Beltrame, au comportement héroïque – par un petit délinquant radicalisé de Trèbes, dans l’Aude. L’impact est fort, car c’est la France rurale qui est touchée pour la première fois,  celle d’un petit village où tout le monde se connaît. Mais au-delà du sacrifice du lieutenant-colonel de gendarmerie, c’est Monsieur Tout-le-monde qui est pris pour cible !

On ne peut se contenter de ne retenir que le sacrifice héroïque.

Arnaud Beltrame, a donné sa vie pour sauver une otage. Ceux qui le connaissaient n’ont exprimé aucune surprise : « Il était comme ça », disent-ils. Voilà un homme valeureux, brillant à tous égards, assuré d’une belle carrière  qui donne sa vie en échange de celle d’un otage. On sait grâce à ses états de service, qu’il lui semblait logique, inévitable, que sa propre vie comptât moins que celle d’un civil, qu’il était formé pour cette éventualité. Il était tout le contraire d’un homme qui méprisait la vie, mais il croyait la devoir à ceux qu’il fallait protéger à n’importe quel prix. Il n’a donc pas été téméraire, mais purement courageux. Il nous laisse un exemple admirable : celui d’une immense beauté morale !  Cela  mérite  bien un hommage de la nation et  nous nous inclinons respectueusement devant sa mémoire. Cela  ne doit pas nous faire oublier les autres victimes, ordinaires, innocentes et impuissantes, à commencer par le boucher abattu d’une balle dans la tête.  Combien de temps encore allons-nous tolérer que des concitoyens qui ne demandent rien à personne soient livrés à la mort par des individus pétris de haine que rien n'empêche de tuer lâchement des hommes sans défense ?

La responsabilité de ceux qui nous gouvernent est engagée.

Emmanuel Macron, élu il y a dix mois, se retrouve frontalement confronté au terrorisme islamiste dont il faut rappeler qu'il a fait 212 victimes en France depuis 2012. Or tout n’est  pas  fait  pour mener avec détermination la  guerre contre ce fléau. L’islamisme se répand et continue de progresser dans les quartiers, et dans des villes comme Trappes, la situation est catastrophique. Au point que cent intellectuels ont cru bon de tirer  la sonnette d’alarme. Quelques jours après la parution de cette tribune  dans le Figaro, l’attentat de Trèbes résonne sinistrement. La réaction de Benjamin Griveaux à cet appel au sursaut,  qu’il  juge « stigmatisant », est navrante, et celle  de  Christophe Castaner qui précise encore hier que les terroristes français de Syrie doivent  pouvoir revenir en France, à côté de la plaque et inquiétante. Cela en dit long sur la naïveté des raisonnements qui hantent les allées du pouvoir. On va encore avoir droit à de grands discours bien creux  et bien péremptoires  du Jupiter de  la rue Saint-Honoré, mais on ne peut s’en contenter. Car ce qu’on nous propose comme réplique est risible. Que nous dit Monsieur Griveaux : Il reconnait que le « salafisme a pris le pouvoir » dans certains quartiers, mais appelle contre lui à une croisade pacifique : « La reconquête, elle ne se fait pas dans les tribunes, en stigmatisant, en expliquant que c’est des zones d’apartheid, elle se fait avec la police de sécurité du quotidien, elle se fait en dédoublant les classes et en ayant deux fois moins d’élèves dans les quartiers difficiles ». On pourrait aussi distribuer des kits de « vivre ensemble » ou des bonbons au caramel sans lécithine de soja ni gras de porc !  Combien faudra-t-il de  morts encore pour leur ouvrir les yeux ?

Il faut de la fermeté face à l’islam politique.

Laurent Wauquiez a pris la parole dans une déclaration solennelle : « Face à l’islamisme il ne peut pas y avoir d’un côté le courage, le sens du devoir et l’esprit de sacrifice de nos forces de l’ordre, et de l’autre l’aveuglement et l’irresponsabilité politique à la tête de la France depuis beaucoup trop d’années. L'islamisme a déclaré la guerre à la France. Nous faisons face aujourd'hui à un ennemi intérieur. La contagion islamiste doit être éradiquée. Je demande que l’on s’en donne les moyens et que l’état d’urgence soit rétabli. De nombreux individus de nationalité étrangère et proches des mouvances islamistes continuent à résider sur notre territoire. Il faut le dire clairement : nous ne voulons pas d'eux sur notre sol. Quand on part pour le djihad, on trahit la France. C’est aux autorités syriennes et irakiennes de s'occuper d’eux, et je le dis tout net : peu m'importe leur sort. Je demande solennellement à Emmanuel Macron de sortir de sa coupable naïveté et d'avoir enfin le courage de prendre les mesures pour protéger les Français. » Le président des Républicains a raison : des  mesures peuvent être prises pour réduire l’influence des radicaux sur le  sol  français : il suffit d’interdire certaines organisations et de fermer certaines  mosquées. Il ne faut pas avoir peur d’expulser tous ceux qui peuvent l’être et interner tous les fichiers S considérés  comme  dangereux. Cela fera déjà moins de cas susceptibles de passer à l’acte en situation de le faire.

Non, comme le pense et le dit Emmanuel  Macron, « nous ne nous habituerons pas à vivre avec le terrorisme ! ». Le sacrifice du Colonel  Beltramme nous engage tous : il nous invite à tout faire pour l’éradiquer. Collectivement. A commencer, évidemment, par ceux qui nous  gouvernent.

 

 


COLERE FROIDE EN DIRECT !

Sarko TF1 Libye

 

J’ai vu un Nicolas Sarkozy en colère. Venu au 20H de TF1 pour prendre les Français à témoin et  leur assurer qu’il n’avait jamais trahi leur confiance, la nouvelle mise en examen dont il fait l’objet paraît être la goutte d’eau supplémentaire insupportable.  A juste titre ! Car l’affaire du financement de sa campagne électorale de 2007 par la Libye ressemble trop à un mauvais polar. Et puis quelle stature !  A  côté, l’actuel titulaire passe pour un freluquet. Personnellement, je crois vraiment au mauvais procès, avec une justice qui ne recule devant aucun moyen pour l’humilier : de la garde à vue à la liste des chefs d’accusation fondant sa mise en examen. 

Le  soupçon d’acharnement

Le fait que ce soit le juge Tournaire qui est à la manœuvre participe du soupçon d’acharnement. Dans l’affaire du financement de la campagne de 2012, le juge Renaud Van Ryumbeke a refusé de signer le renvoi en procès de Nicolas Sarkozy et de treize autres personnes pour financement illégal de campagne. C’est le juge Serge Tournaire qui a tenu à exiger un procès. C’est le même juge qui vient de mettre à nouveau l’ancien président en examen. Ce juge est partout dans les affaires Sarkozy. Pour éviter tout soupçon d’acharnement, on pourrait très bien penser qu’un autre juge aurait pu être désigné. Une chose est sûre : les accusations portées contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire libyenne sont d’une gravité sans précédent. Si elles étaient confirmées, ce qui est très peu probable, elles porteraient un coup historique à la Vè République. L’hypothèse d’un acharnement des Libyens proches de l’ancien dictateur paraît  tout de même le plus vraisemblable, ce qui nous amène à nous demander pourquoi la justice prend au sérieux des déclarations de gens irresponsables dont on devine sans effort l’intérêt qu’ils ont à salir l’ancien président, sinon que le juge instructeur est animé du même désir ? Après tout l'aveuglement idéologique, ça existe, non ?

C’est la France qui est atteinte

Nicolas Sarkozy ne plaide pas pour lui-même. En l’humiliant, c’est la France qu’on humilie. A travers lui, il pense, à juste titre, que c’est la fonction présidentielle qu’il a occupée qui est atteinte. C’est parce  qu’il a une haute idée du service du pays qu’il ne souffre pas qu’on le soupçonne de malversations. Car on peut voir un acharnement excessif de la justice qui, jusqu’à présent, n’a abouti à aucune condamnation. En dehors des affaires liées à ses dépenses électorales et à des besoins de financement qui allaient beaucoup plus loin que ce que la loi autorise, on a en effet essayé de l’impliquer dans l’affaire Karachi, dans un réseau de transport de drogue (Air Cocaïne), dans une tentative de trafic d’influence à partir d’écoutes destinées à autre chose (l’affaire libyenne, en l’occurence), il doit répondre des sondages qui ont été commandés par l’Elysée, sans appel d’offres… sans parler de "l'affaire Bettencourt" dont il a été blanchi, ça commence à faire beaucoup pour un seul homme. D’autant plus que bien des actes de procédures sont « bordure-line », comme les écoutes de son avocat. On est bien dans un « enfer de la calomnie » !

L’affaire libyenne va trop loin

N’importe qui peut constater que la première « révélation » sur cette énorme affaire de transfert de « cinquante millions d’euros » a été faite entre les deux tours de la présidentielle de 2007. L’énormité de la somme suffirait en soi à en montrer le caractère fantaisiste. Ségolène Royal, qui fut la candidate du parti socialiste à l’époque, intervient aujourd’hui sur les ondes pour dire que, si Nicolas Sarkozy a touché autant d’argent, cela a faussé les résultats de 2007. La chèvre du Poitou a toujours l’esprit d’à-propos. Lui-même, Nicolas Sarkozy, dans la déclaration qu’il a faite au juge au terme de la garde vue et qu’il a transmise au « Figaro », estime que l’affaire libyenne, à ses yeux inventée de toutes pièces, lui aura coûté son second mandat, qu’il a perdu avec seulement 1,5 point d’écart avec François Hollande. Sa mise en examen est motivée par « la corruption passive, le financement illégal de campagne électorale et le recel de fonds publics libyens » : des faits d’une gravité exceptionnelle mais s’appuyant sur des accusations qui ne sont étayées par aucune preuve, sinon des déclarations prononcées par des personnages troubles qui, de toute évidence haïssent l’ancien  président, qui, rappelons-le a détruit le régime qui les abritait. Il n’existe absolument aucune trace physique d’un quelconque transfert de fonds libyens, sinon des déclarations écrites ou parlées, qui ne sont soutenues par aucun document fiable, et comment un document de la Libye de Kadhafi le serait-il ?  Et c’est là où le bât blesse : est-il normal que la justice influe à ce point sur le destin d’un homme et aussi du pays ? Le directeur de Médiapart, Edwy Plenel, clame qu’il s’agit « du plus gros scandale de la Vème République ». Il va même jusqu’ à établir un lien entre la culpabilité supposée de Nicolas Sarkozy et  l’intervention militaire en Libye, dont le moment-clé a été l’assassinat de Kadhafi, comme si le président de l’époque avait voulu se débarrasser d’un témoin gênant. C’est vraiment aller un peu vite en besogne. La campagne de Libye était aérienne et internationale. La France n’a pas été le seul pays à y participer. Les assassins du dictateur étaient libyens. Mais on ne se surprend plus de rien de nos jours, surtout  quand il s’agit de journalistes « bien comme il faut » ! Mais imaginer qu’un président français a entraîné plusieurs pays dans une guerre uniquement pour régler ses comptes personnels avec un homme qui l’aurait aidé financièrement, c’est tout de même pousser un peu loin une analyse torturée, d’autant que, dans cette affaire, personne n’a de preuves, même pas les juges, qui ne disposent que de déclarations contradictoires et fluctuantes.

Empêcher la droite d’exister par le soupçon permanent

Les multiples poursuites dont le parti Les Républicains (et avant lui l’UMP) fait l’objet, toujours à propos de financements, ne cessent de créer un malaise dans l’opinion. Certes, d’autres partis politiques ont eu maille à partir avec la justice, mais le cas des Républicains devient obsédant à cause de la longueur des procédures. Au moment où l’on est conduit à stigmatiser les truquages électoraux en Russie et dans d’autres pays qui bafouent les règles démocratiques, la possibilité qu’un parti politique français ait répétitivement tenté de dépenser beaucoup plus que ce qui est autorisé jette une ombre sur le fonctionnement même de notre propre démocratie. On est en droit de se demander comment tous les paratonnerres institutionnels ont pu laisser passer de tels procédés. Rappelons que les comptes de campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy ont été passés au laser et validé par la commission ad hoc. L’affaire libyenne fait passer ses instructeurs pour des guignols. Enfin, pourquoi cette mise  en examen maintenant ? Certains y voient une double préoccupation : celle du pouvoir de distraire l’opinion d’une conjoncture qui lui est défavorable et discréditer à la fois l’ancien président et la  nouvelle direction du parti au moment où ils mettent des bâtons dans les roues de la réforme constitutionnelle.  De là à imaginer un coup de téléphone du « château » à la Chancellerie pour réveiller une procédure  … Dans ce mauvais roman, tout est possible. Imaginons ce qui arriverait si l’affaire  Fillon débouchait sur un non-lieu !

Depuis l'affaire des "diamants" de Giscard, on sait que la calomnie est meurtrière.

 

 


PLACE DES REPUBLICAINS

Rappel  !

Samedi  prochain 24 mars,

j'animerai un nouveau Forum "PLACE DES REPUBLICAINS"  sur le thème :  

"COMMENT LA POLITIQUE DE LA REGION DYNAMISE LA CROISSANCE ECONOMIQUE"

avec pour invité :

Paul JEANNETEAU

Vice-président du Conseil Régional

Président de la commission Entreprise, développement international, tourisme, innovation, enseignement supérieur et recherche

à 15h00, Fédération de Maine-et-Loire, 72 rue Rabelais – Angers

 

La retransmission video sur les réseaux sociaux qui était prévue ne pourra malheureusement pas avoir lieu encore cette fois-ci  pour des raisons  matérielles  non résolues. J'en suis le premier désolé.

 


LES VIEUX, VACHES A LAIT DE MACRON !

Retraites 3

 

Les retraités sont en colère et ils veulent le faire savoir.

Ils expriment un ressentiment justifié. Le  parcours du combattant a commencé pour eux en 1993 : ça n’est donc pas d’aujourd’hui que l’Etat change constamment les règles à leur désavantage. Depuis il y a eu la contribution d’assurance solidarité autonomie (CASA), prélevée au taux de 0,3 % sur différents revenus bruts (retraites, mais aussi pension d’invalidité et allocations de préretraite) instituée en 2004 et le calcul de leur retraite indexé sur les prix et non sur les salaires. Si Nicolas Sarkozy avait tenu sa promesse d’augmenter de 25%  le minimum vieillesse au cours de son quinquennat, rectifiant un peu la tendance, le quinquennat de Hollande aura été désastreux pour eux : la réintégration de la prime de 10% pour avoir élevé trois enfants dans le revenu imposable, le gel  des pensions depuis cinq ans … ont fait régresser graduellement et considérablement leur pouvoir d’achat. Macron est victime de l’exaspération des retraités qui ont trop souvent été mis à contribution ces dernières années. Il y a de quoi comprendre leur ras-le-bol.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase.

La hausse de la CSG, non pas de 1,7% (qui est le taux)  comme ils avaient pu le comprendre et  comme  persiste à le faire croire Macron, mais bien de 25%,  sans aucune compensation, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Car la facture est  salée. Le Président dit aux séniors qu’il a rencontrés qu’il veut encourager le travail, qu’il doit d’abord augmenter le pouvoir d’achat des actifs. C’est un discours de technocrate raisonnant sur des chiffres et des statistiques qu’on ne peut pas entendre, tellement il est loin de la réalité humaine de ses interlocuteurs. Si ceux-ci avaient été économistes, ils auraient pu lui répondre qu’ils sont des consommateurs comme les autres. Ils ont simplement constaté qu’ils se serrent de plus en plus la ceinture ! Les retraités souffrent de ne pas être traités équitablement, et en plus, il y a d’autres moyens sûrement plus efficaces pour relancer l’emploi que de prélever 25 milliards d’euros d’impôts  dont une faible partie est restituée aux salariés.

Les retraités ne sont pas  des nantis !

Autre point : cette volonté de présenter les retraités comme des nantis, issus d’une génération dorée : un pur scandale ! Récemment un député LREM a tenu des propos comparables. Le pacte qui les liait à l’État a été trahi par le gouvernement, car le principe de répartition sur lequel est assise leur pension est baffoué. Comme pour d’autres mesures perçues par l’opinion comme autoritaires ou cavalières, la déception des seniors est très grande car  beaucoup ont voté Macron. Le gouvernement se prive ainsi d’une fraction de son électorat et cela durablement car ses explications ne sont guère convaincantes. Ainsi, on entend que les retraités ont eu leur cadeau avec la réforme de la taxe d’habitation. C’est faux ! Cette réforme n’est pas un cadeau pour les retraités, c’est un cadeau pour tout le monde, sous condition d’éligibilité. Sans compter que la suppression potentielle de la taxe d’habitation annoncée par le président de la République entraîne de nombreuses interrogations, d’autant plus qu’elle sera progressive et ne les concernera pas forcément tous.

Un sort injuste.

En attendant, ce sont les retraités qui financent la résorption du déficit des assurances vieillesse complémentaires. Il ne faut pas oublier qu’ils ont cotisé pendant toute leur vie professionnelle,et souvent au prix de sacrifices. Certes, ils ont payé non pas pour leurs propres pensions mais pour celles des retraités qui les ont précédés. Ce n’est vrai toutefois que pour le retraité de base de la Sécurité sociale. Les régimes complémentaires fonctionnent selon un système d’acquisition de points. Or ceux qui veillent au fonctionnement des régimes de retraite n’ont cessé à travers les âges de diminuer le montant prévu de la pension  et d’augmenter les cotisations. Quand on dit qu’il n’y a pas de meilleur système parce qu’il est public et non privé, ceux qui touchent leur pension doivent se demander s’ils n’auraient pas mieux fait de gérer eux-mêmes l’épargne qu’ils ont confiée aux régimes. En réalité, les décisions qu'ils  subissent sont dures et créent une injustice à leur égard, car ils ne devraient pas être la cible des économies souhaitées par le gouvernement. La vraie solution aurait résidé dans la prolongation des carrières, un plus grand nombre d’années de cotisations, une date de départ à la retraite ajournée à 64, 65 ou même 66 ans. C’est l’état de la société qui le veut. Nous vivons plus longtemps et en meilleure forme. Nous pouvons travailler au-delà de 62 ans et il est plus bénéfique de rester actif que de se retirer complètement du monde du travail. Un salarié qui travaille un an de plus permet de faire une double économie : il ne puise pas dans les caisses de retraite et il cotise un an de plus aux régimes.

Mais ça, ce serait vraiment courageux !

 


MACRON RÊVE DE PUTINISER LA FRANCE

Constitution

 

Candidat, Emmanuel Macron avait fait figurer dans son programme une réforme constitutionnelle, celle-ci est en train de prendre forme. Elle contiendrait la suppression de la Cours de justice de la République, la reconnaissance de la Corse dans la Constitution, l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives, la diminution du nombre de parlementaires, mais aussi la limitation de leurs droits d’amendement. Les différentes révisions constitutionnelles seront adoptées selon trois modalités : pour certaines il s’agira de lois ordinaires et organiques, mais pour d’autres une inscription dans la Constitution sera nécessaire. Pour cela, l'exécutif devra obtenir le vote des 3/5 du parlement, et donc l’approbation des sénateurs, majoritairement LR. Le président de la République a envoyé des signes en direction de Gérard Larcher, le président du Sénat, et hiérarchiquement deuxième  personnage de l’Etat, avec lequel la discussion semblait jusqu’alors possible. Mais en forçant le trait de la domination de l’exécutif sur le législatif, comme la réforme semble y conduire, le gouvernement ne laisse pas d’autre choix à ce dernier que de montrer au créneau, en vieux sage qu’il est.

L’affaiblissement du parlement : c’est non!

En ces temps où les démocratures triomphent ( Russie, Chine), la tentation est grande pour le président français de se « putiniser » afin de pouvoir gouverner sans contre-pouvoir.  Pour cela, une seule solution : affaiblir le parlement. La réforme constitutionnelle prévoit deux dispositions qui y conduisent : la diminution  du nombre des  parlementaires  et  la limitation du pouvoir d’amendement. Moins de députés ayant chacun un pouvoir limité de discussion ou de contestation. La diminution du nombre des députés et des sénateurs est un sujet populiste à souhait.  Les Français croient majoritairement que c’est une source de dépenses considérables, cause de  tous nos déficits. En diminuer le nombre leur paraît donc évident. C’est une connerie largement entretenue par le vieux fond antiparlementariste bien relayé par les réseaux sociaux. Contrairement  à ce qui est régulièrement avancé,  la France n’a  pas trop de parlementaires. Elle se situe dans la moyenne des  pays européens. Diminuer le  nombre de parlementaires ne permettra aucune économie : moins nombreux sur des circonscriptions plus grandes, il faudra augmenter le nombre de leurs collaborateurs. De plus on accroîtra la distance avec la population ce qui n’est pas le meilleur moyen de réduire la  « fracture démocratique ». S’il  y a des économies à faire sur le  nombre des élus, c’est dans les autres strates qu’il faut les chercher : pourquoi ne pas rétablir, par exemple réforme du « conseiller territorial », votée en 2011, qui fusionnait conseiller départemental et régional ? Quant à la limitation du pouvoir d’amendement, c’est purement et simplement une atteinte à la liberté  de  parole et de proposition du parlementaire. C’est un droit inaliénable ! 

La  proportionnelle : c’est non !

Il suffit de regarder autour de la France  pour voir  les ravages du scrutin proportionnel qui rend les  pays ingouvernables : l’Allemagne, l’Italie en sont deux exemples qui devraient faire réfléchir les Français. Or, Macron prévoit de ramener l’Assemblée nationale à 400 députés dont ¼ seraient élus à la  proportionnelle.  C’est la garantie d’une majorité introuvable !  Même à 10% des sièges, ce mode de scrutin est un poison. On évoque toujours la IVème République et ses gouvernements éphémères, pour fustiger le chaos démocratique qu’il engendre.  Mais à part les anciens, qui s’en souvient ? Pour un président en mal de pouvoir « jupitérien » ce serait pain béni pour gouverner sans partage avec un parlement réduit à l’impuissance. Et pour faire monter le « populisme » il n’y a pas mieux.

La Corse dans la constitution : c’est non !

La  réforme constitutionnelle devient une espèce de fourre-tout.  L’exécutif  prévoit d’inscrire  un paragraphe consacrant  la Corse comme une sorte de territoire à part dans la République. Une bien étrange concession faite aux « nationalistes ». Là encore, c’est contrevenir au principe fondateur d’une « nation une et indivisible ».  Et c’est dangereux car c’est inscrire dans la Constitution un  précédent communautaire qui sera facilement exploitable par d’autres revendications. Il faut savoir si les habitants de l’ile de beauté sont Français avant d’être corses,  car l’inverse n’est pas possible.

Une formidable régression démocratique.

Le projet de réforme constitutionnelle présenté par Macron, s’il  était adopté, constituerait une formidable régression démocratique, accentuant le déséquilibre entre le pouvoir législatif et  le  pouvoir exécutif, au profit de ce dernier. La dernière modification introduite par Nicolas Sarkozy visait à améliorer l’équilibre  entre les deux, en renforçant le pouvoir de contrôle du parlement.  Cette fois-ci, ce qui est proposé c’est un retour en arrière vers l’archaïsme désuet d’une dictature qui ne dirait  pas son nom. La tentation de passer par le referendum, d’ailleurs très discutable en droit, en dit long. Cependant, face au saucissonnage des textes par la multiplication des procédures, il n’y a qu’une réponse possible, elle est  globale, et c’est : NON ! Assez de tripatouillages, Monsieur Macron !

 


MACRON ATTENTE A L’IDENTITE FRANCAISE !

Macron Europe

 

Le titre de cet article peut paraître violent.  Pourtant c’est une réalité contenue dans son programme et qu’il  met méthodiquement en œuvre. La  « nation est une et indivisible » : c’est le principe  premier de l’identité française  qui fonde notre conception de  la République.  La laïcité en est le  ciment.  Elle  est  une spécificité de notre pays,  unique en Europe.  Voilà  pourquoi la  France est  ce pays singulier où l’acquisition de la  nationalité suppose de « s’intégrer » en ayant assimilé les principes fondamentaux de notre culture, langue et  principes.

Une vision exclusivement économique et sociétale.

Emmanuel Macron ignore la spécificité du politique.  Il confond nation et société. S’il  utilise le mot « Nation », il ne lui donne pas de contenu, il s’arrange pour que chacun entende ce qu’il a envie d’entendre. D’où ce sentiment récurrent de discours creux quand il s’exprime. Le seul objectif qu’il se donne  c’est de poursuivre le processus de déstructuration et de décomposition de la France.  Il  préside à nos destinées mais notre nation lui est parfaitement indifférente. Le contenu de la réforme constitutionnelle qu’il prépare est dans le droit fil de cette volonté : il compte jouer « le peuple contre les élites » pour diminuer le  nombre des  parlementaires et le nombre de  mandats, et surtout réduire le rôle du parlement. Son entourage fait  tout pour présenter la résistance du Sénat comme une volonté du « monde ancien » d’empêcher d’avancer, et faire passer Gérard Larcher pour un vieux con, alors qu’il présente des arguments de sagesse. L’équilibre des pouvoirs et la solidité des institutions de la Vème République, Macron n’en a rien à faire, il est un adepte du « post-national » qui envisage la France comme une « start-up » dont il serait le dirigeant dynamique et souriant. La  nation n’est  pour lui qu’une entité qu’il convient de dynamiser, de mettre en mouvement, sans mémoire, sans passé, sans histoire. Une nation devenue selon le concept de Zygmunt Bauman « la société liquide ». Macron veut une société de mobilité, ce qui explique ses attaques réitérées contre  la  « propriété » via l’IFI et la  « super taxe foncière » en préparation à Bercy.

Adapter la  France à la marche du monde.

Dans le discours macronien on ne « réforme pas », on « transforme » !  La  France sera parfaitement adaptée lorsqu’elle vantera la fluidité des identités sexuelles, le « gender fluid », lorqu’elle aura autorisé la PMA pour tous, et ensuite permis la GPA, lorsque l’école sera entrée dans les clous des injonctions de l’OCDE et des tests PISA, pour acquérir des compétences et non des savoirs qui permettraient ensuite de lire Racine ou Victor Hugo pour se cultiver. Il ne s’agit que d’insertion professionnelle, le reste n’est pas utile !  Quelle réponse donne-t-il à la question : « Pourquoi l’école ? »  Former des agents économiques efficaces lui suffit, alors qu’il faudrait ne pas perdre de vue la promotion de citoyens héritiers d’une civilisation. Macron est totalement acquis à l’idée de « société inclusive » et c’est ce qu’il met en œuvre. L’adaptation de la France à la marche du monde, c’est convertir notre société au multiculturalisme, en faire une mosaïque de communautés vivant les unes à côté des autres, chacun selon ses mœurs, son calendrier. Nos mœurs, notre culture chrétienne (pour ce qu’il en reste) ne seront plus que des composantes parmi d’autres. Ce qui  met en lumière ses déclarations successives : l’art et la culture français n’existent pas. « Il n’y a pas une culture française, il y a une culture en France ! » C’est on ne peut plus clair.

La laïcité à la mode anglo-saxonne.

C’est la conception de la laïcité du Président de la République : il la comprend comme un principe de liberté alors qu’elle est avant tout chez nous la passion du monde commun. La laïcité française est une exigence de discrétion afin de faire prévaloir l’identité nationale à laquelle chacun doit prendre part. On remarquera que la question des « territoires perdus de la République » ne fait pas partie, ni de son discours, ni de ses priorités de reconquête. Le port du foulard et du voile  qui met en danger la  condition des femmes est toléré au nom du « libre arbitre » personnel, ce qui est un  contresens fondamental (il est avant tout un signe d’oppression). Quant au terrorisme djihadiste qui a pourtant fait de  la France sa cible privilégiée, il ne le conçoit que comme une résultante de l’ordre  mondial qui nous l’imposerait. L’Etat entre ses mains n’a d’autorité que pour affirmer son pouvoir personnel et broyer ce qui s’oppose à la transformation qu’il veut imposer. Le « régalien » qui voudrait que l’Etat impose sa  loi partout n’a pas  de sens pour lui. On l’avait compris quand il a fait voter la loi qui a mis fin à l’état d’urgence.

Ce qui me fait le plus mal, c’est que cette politique soit mise en œuvre par des individus qui ont naguère appartenu à  ma famille  politique. Sont-ils aveugles à ce  point ?

 

ATTENTION : le  bloc-notes va faire une pause pour raisons familiales. Il reviendra le 19 mars !

A  bientôt  !

 


LETTRE A MES AMIS DE LA DROITE ET DU CENTRE

Daniel Houlle001

 

Chers amis,

Si je m’adresse à  vous aujourd’hui, c’est parce que je crois nécessaire de remettre un certain nombre de choses en place. Le départ d’un certain nombre de personnalités du Parti « Les Républicains », tels  Christophe Béchu ou Marc Laffineur, au prétexte que la  ligne suivie par Laurent Wauquiez serait dangereuse, et au nom de leur sensibilité humaniste, a pu jeter le trouble dans votre esprit. 

Vous le savez, j’appartenais par le passé à cette sensibilité de la droite et du centre incarnée  par l’UDF, et j’ai adhéré aussitôt à l’UMP quand la plus grande partie de ma famille politique s’est regroupée avec le RPR. J’ai d’ailleurs été le premier  secrétaire départemental du nouveau parti, il y a quinze ans.

Aujourd’hui, non seulement je reste au  sein des Républicains,  mais j’ai décidé de reprendre du service actif en participant à  l’animation de la fédération de Maine-et-Loire. Je voudrais sereinement vous en exposer les raisons.

D’abord, j’ai beau chercher des raisons au-delà des postures, mais je ne sens pas mon humanisme menacé par Laurent Wauquiez. Que lui reproche-t-on, en effet ?

-La ligne qu’il défend en matière de défense de notre identité culturelle et de lutte contre l’immigration, notamment clandestine, est dans le droit fil de celles défendues par François Fillon et avant lui, par Nicolas Sarkozy. J’ajouterai que le  contrôle de l’immigration est fondé sur le  plan éthique : un peuple n’est pas une simple juxtaposition d’individus mais une collectivité partageant un ensemble de  caractéristiques culturelles et un projet commun de société. Cela justifie de contrôler l’ampleur et la nature des flux, en tenant compte de la facilité d’intégration des immigrés et du degré d’acceptation par la  population. Un des corollaires de ces principes, c’est l’application  indépassable de notre conception de la  laïcité qui veut que les lois de la République soient premières.

-Laurent Wauquiez se fait le chantre des territoires face à la métropolisation, de la défense des classes moyennes face aux injustices fiscales répétées, de l’assainissement de nos finances publiques alors que la dette se creuse. Il défend donc une conception de l’action publique économe de ses moyens et de l’aménagement du territoire qui vise à rétablir un équilibre entre la France des agglomérations et la France dite « périphérique ».

-En ce qui concerne l’Europe,  dont certains font leur « ligne rouge », les  propositions que Laurent Wauquiez a exposées dans le Figaro en novembre dernier sont frappées au coin du bon sens, à mi-chemin entre le fédéralisme technocratique et la fuite en avant de Macron qui veut élargir l’Union jusqu’aux Balkans et le jusqu’auboutisme des souverainistes. L’idée d’une Europe des réalités  à plusieurs cercles, déjà émise par Giscard est reprise par Christian Saint-Etienne dans son livre « Osons l’Europe des nations ».  Ces deux derniers ne sont pas des extrémistes, que je sache.

-enfin, je voudrais souligner l’importance que revêt le débat démocratique. Celui-ci ne peut pas se passer de l’échange entre gauche démocratique et droite républicaine au risque de limiter l’alternance qui arrivera forcément un jour au choix problématique avec les extrêmes. Le  ni-droite, ni gauche n’a aucun fondement. Qu’on le veuille ou non, qu’on les aime ou pas, les partis politiques ont un rôle à  jouer. Et puisqu’il y a une majorité,  il est bon et sain qu’une opposition s’exprime. Et au premier rang, celle des « Républicains ».

Alors j’’entends dire qu’il faut à tout prix aider Macron à réussir, sinon la prochaine fois  …  Mais  réussir quoi ?

-la recentralisation à tout crin sur l’Etat central : de la formation, de l’indemnisation du chômage, des impôts locaux, des décisions d’aménagement du territoire : non,  merci !

-l’affaiblissement du parlement et la régression démocratique qui accompagne les réformes institutionnelles envisagées aussi bien que le retour à des listes nationales pour les européennes : non merci !

-le laxisme contenu dans le plan d’application des peines, récemment énoncé, dans le droit fil de  la réforme Taubira, alors qu’il faudrait augmenter le nombre des places de prison, et le même laxisme face aux dérives communautaires et aux menées islamistes, soulignées dans un rapport : non,  merci !

Emmanuel Macron a lui-même qualifié son élection « d’effraction », et nous devons dénoncer  son mépris et sa brutalité  quand il assomme de nouveaux impôts ceux déjà étrillés sous François Hollande. La « violence » des propos « volés » à Laurent Wauquiez est peu de chose en regard.  Le  Président actuel ne s’attaque pas aux problèmes de fond. Rien sur le temps de travail ; rien sur la protection de nos entreprises face à la guerre économique, et la transformation du CICE en baisse de leurs charges est une nouvelle entourloupe  qui fera peser sur elles une ponction de 8 à 9 milliards d’euros ; rien sur l’Europe ouverte à tous les mauvais vents de la mondialisation ; rien sur la baisse de la dépense publique et la réforme de l’État ; rien sur l’islamisme qui gangrène les cités, les prisons et même certains territoires ruraux ; rien non plus sur le rétablissement de l’autorité de l’État… Et maintenant on apprend que Mr Darmanin envisage de calculer la taxe foncière en fonction des revenus ! 

Comme vous le voyez, s’opposer est une nécessité quand on croit aux valeurs et aux idées de la droite et du centre.  Faites comme moi, confortez l’action de l’opposition. Le  moment  est venu de réadhérer, si vous ne l’avez déjà fait. « Les Républicains » ont besoin de vous !

Avec mon amitié fidèle et militante,

                                                                                            Daniel Houlle

 

Vous pouvez me retrouver régulièrement sur mon bloc-notes :  www.calepindh.typepad.fr

Je vous invite  à suivre le prochain forum « Place des Républicains » consacré à l’économie Régionale avec Paul  Jeanneteau, vice-président du Conseil Régional, le  24 mars à 15h, à la fédération rue Rabelais ou sur la page Facebook des Républicains de Maine-et-Loire.

 

 

 


FORMATION : HOLD-UP DE L’ETAT !

Apprentissage

 

Une manne importante mal utilisée.

La formation professionnelle coûte chaque année autour de 32 milliards d’euros et on ne peut pas s’empêcher de mettre en relation cet effort colossal avec la hausse du taux de chômage qui l’a accompagné. Il y a donc un  problème,  c’est  le  moins qu’on puisse dire. La formation gérée paritairement par les syndicats et le patronat était une bonne idée, mais seulement en apparence, car depuis quarante ans le dispositif ne semble pas avoir lutté avec succès contre les crises économiques qui se sont succédé. Nous avons un modèle de formation qui coûte très cher, qui a vieilli, et qui a surtout généré des rentes de situation. Un constat s’impose : il  ne profite pas  suffisamment à ceux de nos jeunes concitoyens qui espèrent entrer sur le marché du travail et surtout à tous les autres de rester dans le monde du travail. Voilà ce qui arrive quand on se retrouve à la fois juge et partie. Une réforme est donc indispensable.

L’Etat choisit la pire solution.

Que l’Etat reprenne en main la formation professionnelle n’aurait rien de choquant si l’on évalue à la fois la somme investie chaque année dans ce secteur et les résultats peu probants qu’elle obtient en matière de réduction du chômage. Mais il est loin d’avoir toute la légitimité requise pour lancer une OPA sur la formation. Il n’alimente qu’un tiers de son budget, avec à peu près dix milliards d’euros par an (3,8 milliards directement versés par ses caisses et 5,5 milliards au titre des fonctions publiques) ; les entreprises, pour leur part, dépensent 14 milliards pour la formation professionnelle et le reste du financement est assuré par les ménages (1,4 milliard), l’Unedic (2,1), les régions (4,5), les autres collectivités territoriales (117 millions). Pourtant, désormais, la gestion des montants recueillis sera désormais gérée par l’Etat qui souhaite accélérer la formation en la finançant lui-même et en prenant toute une série de dispositions très techniques destinées à faciliter l’accès aux droits pour ceux qui souhaitent bénéficier d’une formation professionnelle. C’est l’Etat qui recueillera les fonds par le biais des Urssaf et non plus les 6 000 collecteurs dont c’est la tâche permanente et qui ne pourront survivre que s’ils sont affectés à d’autres tâches, ce qui explique que le nouveau dispositif déplaît souverainement aux syndicats et en particulier à la CFDT, vivement opposée à cette réforme,  et au patronat, mécontent qu’on le prive d’une activité lucrative et qui n’aura de cesse de rappeler qu’il apporte près de la moitié des sommes dépensées. Il faut dire que les résultats obtenus ne plaident pas en la faveur des unes et des autres. La transparence sur l’utilisation des fonds n’était pas toujours de mise.  Le choix qui est fait est donc celui de la  centralisation. Cet Etat déjà obèse veut tout faire.  Comme le reste, il le fera  mal et il y a tout à craindre malgré les bonnes intentions affichées : le CPF, compte personnel de formation, sera crédité d’une somme d’argent et non d’heures, le droit à l’accompagnement sera renforcé, les chômeurs bénéficieront d’un accès élargi au dispositif.

Ce sont les Régions qui ont la compétence.

Les technocrates de Bercy ont-ils  encore frappé ? Mme Pénicaud ignore superbement une fois de  plus les Conseils régionaux à qui la  décentralisation a transféré la  compétence en  matière de formation,  ce qui rend la réforme incompréhensible. En plus elle prend le risque de jeter quelques milliers de salariés au chômage, ce qui serait le résultat inverse de celui qui est recherché. Ce sont les Régions que la réforme aurait dû placer comme principal collectrices des fonds de la  formation et  de l’apprentissage. Elles ont une bonne connaissance du tissu économique, ayant par ailleurs la  compétence du développement économique régional, et donc des besoins des entreprises, y compris  en formation.  Elles seules sont en contact avec tous les  types d’entreprises des  plus petites, artisanales, aux plus grosses. Elles ont l’expérience vécue des relations avec  tous les partenaires de la formation,  qu’ils soient branches  professionnelles, chambres consulaires ou syndicats patronaux, avec en plus la coordination nécessaire  avec  la  formation  initiale et continue, des lycées professionnels au Cnam pour l’enseignement supérieur. Elles devraient  être le lieu privilégié de la mise en œuvre des parcours de formation professionnelle continue, et n’étant pas  partie prenante, le lieu d’arbitrage idéal pour la pérennité ou la validation de l’offre. Ne  pas  leur confier ce qui entre dans leurs  compétences  est une faute politique grave.

Il faut donc s’interroger sur les  motivations réelles de l’exécutif.

Cette volonté constante de recentralisation en ignorant sciemment les opportunités offertes par la décentralisation relève d’une vision de l’aménagement du territoire passéiste qui conduira immanquablement au gaspillage et à l’inefficacité.

 


EUROPEENNES : LES TRIPATOUILLAGES DE MACRON

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Une élection à hauts risques.

Ce n’est un secret pour personne, les élections des députés  au parlement européen sont toujours à haut risque pour le pouvoir en place : la faible appétence des Français pour l’Europe a pour conséquence une participation électorale qui est allée rétrécissant comme une peau de chagrin au fil des rendez-vous électoraux depuis 1979. Il en résulte logiquement une survalorisation de l’électorat qui se mobilise le plus. Jusqu’à maintenant, c’était le Front National qui tirait proportionnellement  les marrons du feu, à la notable exception de 2009 où l’UMP est arrivée en tête. Le pire scrutin fut celui de 2014 qui vit le FN arriver en tête avec près de 25% des voix devant l’UMP avec seulement 20%, l’UDI en faisant 10% de son côté. Le  PS s’était effondré à 14% ainsi que  les Verts à 9%, pour seulement 42% de votants. La régionalisation des listes avait probablement limité les  dégâts en tentant de rapprocher les candidats des électeurs. Le camp des eurosceptiques et des souverainistes va-t-il  encore marquer des  points en 2019 ?  Le résultat des élections italiennes incline à le penser,  mais les conséquences du Brexit qui deviennent peu à peu visibles peuvent provoquer un effet inverse. A  la dernière présidentielle les « anti-Europe »  et souverainistes (Le Pen, Dupont-Aignan, Mélenchon…) ont réuni pratiquement la moitié des suffrages. C’est un bon indicateur bien que  ces résultats ne soient pas transposables. C’est néanmoins un premier écueil pour Emmanuel  Macron qui campe sur des positions favorables au renforcement  de  l’intégration européennes  et à son élargissement aux Balkans. 

Les listes transnationales.

La sortie du Royaume-Uni de l’Union libère 73 sièges au Parlement de Strasbourg. D’aucun y verrait une occasion de diminuer le nombre d’élus d’autant et de faire des économies. Les cerveaux de nos technocrates n’ont pas cette logique probablement trop simple. Puisque 73 sièges sont vacants, pourquoi ne pas les utiliser pour élire des députés sur des listes transnationales. Sans entrer dans le détail, si cela se réalisait, nous voterions donc deux fois : une fois pour les  listes nationales et une autre  fois pour les listes transnationales. J’arrête là l’explication : inutile d’entrer dans le détail, le projet a été rejeté par le Parlement européen. Le président français s’était fait le chantre de ce double scrutin,  il y voyait un  moyen de renouveler l’intérêt pour la construction européenne dans la tête de nos concitoyens. A  mon humble avis, il se faisait de douces illusions. Mais l’objectif était bien de faire exploser, grâce à ce tripatouillage, le rapport de force politique entre le PPE et les sociaux démocrates au sein du parlement, en faisant entrer un groupe « ni droite-ni gauche » … Or, le PPE est quasiment assuré de conserver l’an prochain la majorité au Parlement. La seule possibilité de contrer ce monopole, c’était de faire des listes transnationales, chaque citoyen européen disposant alors d’une voix nationale et d’une voix européenne. Une partie de la droite redoutait que le futur président de la commission européenne, qui doit être venir du groupe majoritaire soit issu de ces listes transnationales. Elle a logiquement dit non.

Retour aux listes nationales en France.

« En même temps », Macron a fait voter par l’Assemblée nationale, une modification du mode de scrutin avec le retour des listes nationales. C'est le "vieux monde" qu'il ressuscite  ! Deuxième tripatouillage. Ce type de listes avait été abandonné parce que leur composition concoctée par les états-majors parisiens paraissait bien éloignée des électeurs qui, la  plupart du temps, ne connaissaient même pas  le nom de leurs députés européens finalement élus. Mais c’est un impératif pour le Président dont le parti n’a  aucun enracinement local et se révélait incapable de mettre en place des candidats  crédibles dans les circonscriptions régionales. C’est évidemment une régression démocratique. Il n’est pas certain que cela motive le corps électoral pour le mobiliser.

Le principe de réalité.

Face à la montée du populisme, tout le monde est bien d’accord qu’il faut faire repartir l’Union sur de nouvelles bases. La relance telle que la conçoit Macron,  c’est la fuite en avant,  avec grandes envolées lyriques et décor de théâtre, le Parthénon, en arrière-plan.  Pas certain que ça fasse « bander »  les Français (et les Françaises). Ceux qui tablent sur un affaiblissement de  Merkel vont rapidement déchanter, maintenant qu’elle a obtenu ce qu’elle voulait, sa  « grosko ». Comme  l’émergence d’un nouveau groupe politique au Parlement européen, autour de « En Marche » est plutôt  compromis, les alliés d’Agir venant d’adhérer au PPE, c’est donc aux Républicains de jouer  leur partition. Face au projet de Macron qui veut construire l’Europe en continuant d’oublier les peuples européens et en premier lieu le peuple français, qui rêve d’une Europe de Schengen élargie aux Balkans avec  toujours plus de fédéralisme, celui de  Wauquiez pourrait paraître comme celui du réalisme. Car la solution la plus viable pour notre continent est celle d’une Europe à plusieurs vitesses autour d’un noyau dur d’Etats prêts à avancer ensemble. L’important est que l’Europe  apparaisse comme la  solution et non comme le problème. Le meilleur moyen de la réconcilier avec ses citoyens  c’est qu’elle soit là pour leur faciliter la vie. Ce projet sera aussi un bon moyen de désamorcer le scepticisme qui alimente le souverainisme mortifère. Avec un programme qui pourrait apparaître comme celui de la raison, le scrutin européen, avec une liste « des territoires », peut être une chance  pour Wauquiez : quel joli pied de nez en réponse aux tripatouillages présidentiels !

 


LA FRANCE EN PLANS !

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Une technocrature.

La France n’est plus vraiment une démocratie libérale. Avec l’élection de Macron, la prise de pouvoir par la technocratie atteint son apogée : c’est  ça  la « transformation ». Notre pays est devenu une « technocrature », contraction du mot « technocratie » avec le mot « dictature ». La  démocratie est en effet confisquée par l’énarchie, présente dans tous les rouages  avec une haute administration toute puissante et une prise en main politique où elle s’est  infiltrée chez les élus pour s’emparer complètement du pouvoir. Le parlement est ravalé à un rôle d’approbation sans marge de manœuvre sous la domination d’un groupe majoritaire qui reçoit ses ordres directement de l’Elysée, c’est-à-dire de la haute fonction publique. Pour faire de la  politique, aujourd’hui, Sciences-Po ne suffit pas, il faut avoir fait  l’ENA et c’est souvent la condition pour être ministre : « énarque », c’est être de « sang pur » ! Le « ni droite-ni gauche » prend tout son sens quand on a été formaté par le même moule. C’est ainsi que Le Maire  et Philippe se sont adaptés à Macron : entre énarques on se comprend. Les énarques ont un seul dieu : l’Etat, et leurs convictions fluctuent en fonction de leur appétit de pouvoir,  on l’a bien vu avec Bruno Le Maire. Toute la politique actuelle menée par le  gouvernement est entièrement entre les  mains des énarques et de leurs raisonnements fumeux coupés de la  réalité. A-t-on besoin d’un rapport ? C’est, par exemple, Spineta, un énarque qui s’y colle. Mais franchement, on pouvait en faire  l’économie, « Edouard » pouvait demandé un avis autorisé à son ami  Bussereau, fin connaisseur du dossier de la SNCF, avec l’avantage d’être gratuit, pour arriver aux mêmes préconisations.

L’Assemblée nationale réduite au rôle de chambre d’enregistrement, ça n’est pas encore  suffisant.  Il reste encore le Sénat où un peu de pouvoir politique « non aligné » s’exprime.  Qu’à cela ne tienne, il faut « transformer ».  Macron a dans la tête une révision constitutionnelle dans laquelle le  Sénat fusionnerait avec le CESE (Comité Economique et Social),  ce  machin à recaser les syndicalistes retraités et les politiques en déshérence, machine à fabriquer des rapports le plus souvent inutiles, pour en faire une « assemblée des territoires ».  Ainsi on pourrait supprimer les Régions, que l’on commence à priver de moyens, à commencer par la formation professionnelle dont elles ont la charge et dont on refile le pognon aux « branches ». Ainsi tout serait recentralisé et tellement plus commode à « gouverner ». L’affaiblissement du parlement, c’est un objectif, pas un mirage !

Des plans à tire-larigot.

En attendant, la  machine technocratique fonctionne à plein régime pour « transformer » la France  à sa main. Edouard Philippe c’est « Monsieur Plan-Plan ».  C’est lui le chef d’orchestre de cette improbable symphonie dont la partition est faite de « rapports » qui débouchent sur des « plans » qui font l’objet de « comités de suivi ». C’est l’administration victime du syndrome de Parkinson. Vous ne le savez peut-être pas, mais ce sont vingt-trois plans, à ma connaissance, qui ont été produits depuis son entrée en fonction : un problème ? Vite un rapport et un plan !

On a des  plans pour tout. Plan pour le commerce extérieur, avec le trou qu’on a il faut bien théoriser sur la baisse de nos parts de marché,  mais on n’envisage pas l’essentiel qui tient dans l’insuffisante compétitivité de notre économie, ce serait trop simple. Je continue : plan étudiants, plan d’action pour la croissance des entreprises, plan en faveur des travailleurs indépendants, plan « France à très haut débit », plan Tourisme, plan pour réguler l’immigration, plan pour l’audiovisuel public, plan d’action pour la mise en œuvre du traité CETA, plan logement, plan de soutien à l’industrie française, plan pour le développement de l’Intelligence Artificielle, plan pour renforcer le contrôle des chômeurs, plan de privatisation, plan pour isoler les détenus radicalisés…  Certains sont plus emblématiques : ainsi le « Plan Climat » qui nous vaut la mobilisation de 12 milliards d’euros de prélèvements pour financer les délires de Mr Hulot. Nous avons le grand plan d’investissement sous la houlette de Pisani-Ferry, de 57 milliards d'euros, mené tout au long du quinquennat, afin d'accompagner les réformes structurelles et répondre à quatre défis majeurs de la France : la neutralité carbone, l'accès à l'emploi, la compétitivité par l'innovation et l'État (ouf !). Il y a même des plans dans le plan : ainsi le « Plan d'Investissement dans les Compétences » qui vise à former un million de jeunes peu qualifiés et un million de demandeurs d'emploi de longue durée faiblement qualifiés et à transformer en profondeur l'offre de formation fait partie du grand plan d’investissement. Vient de sortir récemment le  « plan de prévention de la radicalisation et de lutte contre la radicalisation » en 60 mesures (ah, ce chiffre 60, un fétiche depuis Hollande) pour un coup d’épée dans l’eau. Le  plus attrayant est certainement le « plan d’action national pour une action publique transparente et collaborative » : tout un programme rien que dans le titre et il est doté d’un comité de suivi, ça va de soi !  Il faut encore citer le plan  pour lutter contre la fraude fiscale pour renforcer un peu plus la traque des citoyens qui fuient l’enfer fiscal sans se demander s’il ne vaudrait pas mieux faire l’inverse : aurait-on de la fraude si la France était un « paradis » ? Pour tourner l’écueil de la diminution du nombre de fonctionnaires, le gouvernement préfère avoir recours à un « plan de départs volontaires » pour masquer son  manque de volonté en la matière. Les chiffres de la première année de mandat sont éloquents : il aurait fallu ne pas remplacer 25 000 fonctionnaires pour tenir le cap promis des 120  000 à la fin du mandat présidentiel, or lors du vote du dernier budget, le gouvernement n’avait finalement supprimé que 1 600 postes de fonctionnaires au lieu des 10 000 prévus pour l’année 2018…! 

Une France suradministrée.

Je suis sûr qu’il y a d’autres plans qui ont échappé à ma recherche. C’est évident qu’avec une telle activité il devient impossible de diminuer le nombre des fonctionnaires. Il  ne manque plus que « le plan pour importer du sable au Sahara », pour reprendre la  plaisanterie bien connue. Vous doutez encore que la France est suradministrée ? Malheureusement, tout cela a un coût, et on peut douter de la  méthode. Car les  plans  sont faits aussi pour aller dormir dans les tiroirs : on en tire quelques mesures et le reste n’est jamais appliqué. Il suffit d’observer les réformes réellement mises en œuvre qui se contentent le plus souvent de demi-mesures. De fait, l’organisation de l’État est anormalement coûteuse et lourde dans son fonctionnement. La France est septième au classement de la part des employés publics sur l’emploi total : il y a deux fois plus d’agents publics en proportion de l’emploi total qu’en Allemagne. Les services publics sont également parmi les plus coûteux des pays de l’OCDE. Pas étonnant !

Il faut d’urgence supprimer l’ENA !

 


POURQUOI LA FRANCE IMPORTE-T-ELLE SA CROISSANCE ?

Compétitivité

La croissance extérieure.

Nous venons de le constater : notre pays a été le dernier à voir sa  croissance redémarrer, bien après les  Etats-Unis et après tous nos partenaires européens. Et pour cause, elle nous vient de l’extérieur.  C’est  bien pour ça que Hollande la guettait, juché sur le toit de l’Elysée,  comme « soeur Anne » en haut de sa tour. « Pas de bol », elle n’est pas venue à temps. Macron le sait bien qui organise à Versailles un grand raoût pour attirer ce que la  planète compte de grands investisseurs. La raison est toute simple : La  France se  révèle  incapable  de générer sa croissance propre. En cause, un système d’imposition et de prélèvements qui épuise l’épargne privée au profit d’un Etat omnipotent qui prétend tout diriger. Ce qui manque le plus en France, c’est le capital privé qui devrait irriguer la bourse, les entreprises, l’immobilier… En macro-économie, l'accumulation du capital est le processus qui permet de transformer l'épargne en moyens de production ou en actifs financiers. Avec le travail et le progrès technique, elle est l'un des facteurs de production qui est nécessaire au développement économique. Le niveau des  prélèvements obligatoires et les dispositifs fiscaux rendent impossible  le  bon déroulement de ce processus.  Et notre  pays est bien le seul en Europe à avoir un système aussi complet de captation de l’épargne à  sa source  pour alimenter un monstre obèse qui malgré cela  dépense plus qu’il ne perçoit. Il est même  le champion mondial des dépenses collectives de tous les pays développés : près de 57% du Pib de dépenses pour 46% du Pib de prélèvements obligatoires. Non seulement on empêche l’épargne privée d’alimenter la croissance, mais l’Etat est obligé de l’acheter à crédit, puisqu’il n’arrive  pas à joindre les deux bouts malgré la lourdeur des prélèvements. C’est pourquoi il compte sur les capitaux étrangers pour venir investir en France, un jeu dangereux qui nous appauvrit à long terme.

Toujours plus d’impôts.

La « transformation » annoncée par  Macron n’a pas lieu. Sa logique d’Inspecteur des Finances l’a emporté. Il a certes supprimé l’ISF et mis en place la « flat taxe » à 30% sur les revenus mobiliers. Ce sont deux arbres  pour cacher la forêt des taxes et impôts nouveaux et les augmentations des existants. Malgré son souhait de réduire les prélèvements obligatoires et la suppression annoncée de la taxe d'habitation, la France a déjà créé huit impôts nouveaux.  Pourtant, le programme fiscal du candidat Macron contenait plusieurs propositions dont les plus emblématiques étaient, d'une part, l'opération « hausse de la CSG/baisse des cotisations sociales » et, d'autre part, la suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des assujettis. L'objectif final était une baisse de l'ensemble des prélèvements obligatoires de 32 milliards d'euros. Déjà, elle est ramenée à 20 milliards par la mise en place à hauteur de 12 milliards d'une nouvelle fiscalité écologique : une paille ! Parmi les huit nouveautés, un exemple ubuesque : l’IFI. Cet impôt se révèle être à la fois une usine à gaz comme  on n’en a jamais vue et une aberration fiscale. Ainsi l’immobilier français supporte  3,3 points d’impôts et taxes quand celui de l’Allemagne est à … 0,8 point !  Un écart qui se chiffre à 50 milliards d’euros. Les mécanismes sont tellement complexes qu’un assujetti « pourrait ne pas être en capacité de posséder les informations nécessaires à l’estimation de  la  valeur des parts ou actions représentatives des biens qu’il détient » !  Voilà un inextricable  monument directement sorti  de la  technostructure de Bercy !  Mais ça n’est pas tout. D'autres impôts sont arrivés un peu par surprise comme la très étrange « taxe pour le développement des industries de fabrication du papier, du carton et de la pâte de cellulose ». Il faut y ajouter l'entrée en vigueur de la Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) accompagnant une réalité dont on se serait bien passée, et l'augmentation de 3 % de la taxe « cabanon » ( un impôt sur la construction des abris de jardin et des piscines). A cet inventaire à la Prévert, il faut ajouter la nouvelle taxe sur le tabac, deux sur « l'exploration d'hydrocarbures et de gîtes géothermiques », une autre sur les plus-values de ventes de logements HLM et les deux contributions exceptionnelles sur l'impôt sur les sociétés des très grandes entreprises qui ont pour but de financer l'annulation de la taxe à 3 % sur les dividendes. En outre, L’exécutif envisage une réforme de l’impôt  sur les sociétés qui se solderait par un gain pour l’Etat d’1 milliard d’euros supplémentaire. A Bercy, on ne réforme pas pour rien. C’est pourtant l’inverse qu’il faudrait faire !

Le capital, clé de la croissance inclusive.

Au sein des entreprises, l’accumulation du capital est liée à l'investissement qui est financé par l'excédent brut d'exploitation ou par l'emprunt. Comme le capital subit une dépréciation permanente du fait de son utilisation pour la production, il y a accroissement du capital et donc accumulation si l'investissement brut est supérieur à cette dépréciation. Ce mécanisme est largement obéré par le manque de marges sous le poids des  charges. C’est  pourquoi le CICE n’a pas fait  reculer le chômage, les entreprises profitant de ce ballon d’oxygène pour les reconstituer avant d’embaucher. C’est pourtant d’une baisse des charges qui favoriserait durablement  l’investissement que pourrait repartir la  croissance « inclusive »,  celle qui permettrait d’augmenter le Pib de l’intérieur. Une reprise est saine quand elle est portée  par les investissements. Les  décisions prises par le gouvernement Philippe vont dans le bon sens mais ne sont pas suffisantes. Rien dans le budget 2018 n’améliore la compétitivité de nos entreprises et l’année 2019 devrait même diminuer leur  marge de  manœuvre avec la fin du CICE et le basculement en une baisse des charges qui devrait être moins avantageuse.

La formation et le capital humain.

Le déploiement de la croissance soutenable et durable passe par la mobilisation des trois formes de « capital » : humaine, financière et  environnementale. Mais,  dans une économie de la connaissance et de services à haute valeur ajoutée, le capital humain joue aussi un rôle essentiel. La  croissance « inclusive » ne peut ignorer la question de l’accès  à l’emploi qualifié. L’éducation constitue une des  principales réponses à la révolution numérique, au risque de déclassement du fait de la transformation des emplois et même des entreprises, des bouleversements des cadres sociaux et des modes de vie. Education et formation doivent être repensées pour accompagner les individus au long de leur vie avec pour objectif de leur permettre d’accéder à l’emploi productif. C’est l’intention poursuivie avec les réformes de  l’apprentissage et de la formation professionnelle. En choisissant de favoriser le corporatisme, la voie risque d’être non seulement décevante mais catastrophique comme le soulignent Nicolas Bouzou et Bertrand Martinot dans un article paru récemment. Rien de bon ne peut  sortir d’une emprise accrue des appareils syndicaux et patronaux sur la formation. Les  institutions potentiellement concernées par l’emploi et le développement économique sont soigneusement tenues à l’écart, en premier lieu les Régions dont on attend cependant la contribution financière : un comble !

Comme on le voit, la bataille de la croissance est  loin d’être gagnée.

La vision centralisatrice et technocratique de nos gouvernants, formatés par l’ENA, continue de corseter l’économie de notre pays. Qu’arrivera-t-il  quand le retournement de conjoncture –inévitable- se produira ? Les risques systémiques liés à la finance, au cybermonde, sont amplifiés par le démantèlement des institutions multilatérales voulu par Trump, le retrait de l’accord de Paris en étant l’exemple emblématique. Malgré l’activisme réformateur superficiel qui agite l’exécutif, la France fait du surplace et, telle la cigale, va se trouver fort démunie quand la bise se mettra à souffler.

 


EN MÊME TEMPS…!?

Daniel Houlle001

 

J’ai beaucoup de sujets en tête dont je voudrais vous entretenir.

Par exemple, je me demande bien pourquoi le Président de la République se croit  obligé d’inviter à grands frais au château de Versailles tout ce que la planète compte de grands entrepreneurs étrangers pour les inciter à investir en France, qui fait que les chinois et les émirs s’emparent de notre patrimoine, si ce n’est parce que dans notre pays il n’est plus possible d’accumuler du capital :  ce sera l’objet d’un article sur la notion de « capital  inclusif ».  Autre exemple, qu’est-ce qui passe par la tête du même pour qu’il ait envisagé dans un délire fédéraliste, des listes transnationales pour le scrutin des Européennes,  projet heureusement repoussé par le Parlement européen, alors qu’aucun cadre territorial ni institutionnel ne le justifie sauf à abolir les frontières : j’ai une réponse et ce sera l’objet d’un premier article sur les élections européennes, qui sera forcément  suivi de beaucoup d’autres. Savez-vous  combien de  plans le  gouvernement a tiré sur la comète depuis  moins d'un an.  Mimant Sarkozy, j'ai envie de continuer par "eh bien je vais vous le dire...". Voilà un sujet qui vous distraira certainement car   on frise le  ridicule. J’aimerais aussi vous entretenir de politique fiscale : là encore il y a large matière face à un pouvoir qui nous parle de « transformation » et qui se complait en réalité dans la pire des traditions, celle qui consiste à toujours plus d’impôts et de taxes : j’ai des preuves ! Il y aurait encore beaucoup à commenter au sujet des réformes dont  les médias « ébaubis » nous vantent la multiplicité et la ferme volonté, comme si ouvrir des chantiers suffisait à garantir la fin. Je reviendrai bientôt  sur celles de l‘apprentissage et de la formation professionnelle, où l’on voit l’Etat laisser les organisations patronales mettre la  main sur le pactole que représentent les cotisations pour le gérer à sa guise, mettant sciemment de côté les Régions qui ont pourtant en charge la compétence dans ces domaines. Dans quel but, sinon affaiblir les  territoires !

L’affaire Wauquiez.

Ce dernier sujet me permet d’enchaîner sur ce qu’il  faut bien appeler « l’affaire Wauquiez ».  S’il  y a bien un scandale, il  n’est pas dans les propos tenus mais dans le procédé. Nous vivons dans un monde où l’éthique et la morale professionnelle ont disparu. Tous les coups sont permis.  C’est non seulement inacceptable mais insupportable ! J’ai eu la curiosité d’aller voir à quoi correspondaient les paroles prononcées qui ont fait les choux gras médiatiques jusqu’à l’overdose pendant plusieurs jours. Il suffit d’écouter à quelles questions il répondait pour comprendre tout de suite qu’il n’y avait pas de quoi retenir cinq minutes l’attention. Ainsi, ses propos sur « le Médef  qui ne pense qu’à ramasser du fric sans se préoccuper des cotisations payées par les entreprises » répondaient précisément à une question sur la réforme de l’apprentissage qui retire aux Régions 4 milliards d’euros au profit des branches professionnelles, alors que les entreprises de moins de 11 salariés, en même temps, se voient assujetties à la taxe de 0,85% de la masse salariale pour participer au financement. Connaissant bien le sujet, j’aurais été  bien plus violent ! Tout le reste est à la même aune. Il suffit de remettre dans le contexte pour comprendre. Evidemment le ton employé dans la formulation n’était pas fait pour être rendu public. La tempête médiatique n’aurait pas dû concerner Laurent Wauquiez mais ceux qui utilisent ces méthodes de voyous.

C’est la méthode qui est scandaleuse.

Qu'est-ce qui est scandaleux, la parole libre d'un homme politique ou ce qu'on voudrait lui faire dire en l'enregistrant clandestinement ? Car le vrai scandale, c’est qu’aucun média n’ait condamné la méthode qui aurait pourtant mérité la « furia » plus que les propos révélés. D’abord, le fait même que l’enregistrement soit clandestin. Il  est vrai que depuis l’affaire Bettencourt, c’est à la mode. Tout le  monde va  pouvoir se sentir autorisé  à agir de la sorte, puisque ce n’est pas répréhensible. Si c’est ça le  journalisme d’investigation, il vole bien bas. Chers amis, il va vous falloir éviter les confidences ou les propos douteux dans les repas entre amis ou au restaurant sur untel ou untel, car un smartphone pourrait vous trahir. Je pense aussi aux enseignants qui devront  plus que tout autre peser leurs propos à chaque instant, et éviter l’humour qui pourrait être mal interprété. Et si vous avez des critiques à faire sur le personnel politique haut placé, méfiez-vous, des « oreilles ennemies vous écoutent ». La  dictature n’est pas loin et les médias y participent, car quand il n’y a plus de bornes, il n’y a plus de limites. Le deuxième scandale qui aurait dû provoquer la condamnation unanime du procédé, c’est le « montage » auquel s’est livré le journaliste de « Quotidien ». Il est tellement facile de rendre des propos insultants alors qu’ils ne le sont pas. Il suffit de les sortir de leur contexte. Le but était manifeste : faire le plus de mal à droite. On ne me fera pas croire que c’est un hasard. Ils nous ressortiront le coup de la théorie du complot en guise de dénégation. Il n’empêche, c’est un procédé bien connu des régimes staliniens : cela ne grandit pas les auteurs. Ce sont les mêmes qui, alors que nous attendions pour entrer à un meeting de François Fillon pendant la campagne électorale, s’insinuaient parmi les gens avec des micros-perches, pour tenter de « voler » ici ou là des conversations qui pourraient être exploitées ensuite.  Nous avions dû les « inviter fermement » à s’écarter ! Toujours le même procédé. « En même temps » il est tout de même  dommage que des Xavier Bertrand, Dominique Bussereau, Elisabeth Morin, Valérie Pécresse, et même Jean-François Copé (manque pas d'air celui-là !) cautionnent ce genre de procédé pour en tirer un prétexte politique, sans même le dénoncer. Presque trop facile !  

Entre poubelles et caniveaux.

Malheureusement, c’est ce journalisme de caniveau qui est à la mode aujourd’hui. La dictature du scoop qui fait l’audience pour attirer la pub. Et si pas de pub, pas d’argent et dans ce cas-là on vire. « Il faut bien que je mange, alors je fais les poubelles ! » Voilà résumé le  modèle sur lequel vivent toutes ces pseudos chaines d’infos et leurs hommes de main. Monsieur Barthès a de beaux jours devant lui. Laurent Wauquiez peut porter plainte, le temps que la justice lui donne éventuellement raison, comme pour tous ceux dans son cas, les dommages et intérêts qu’il pourrait percevoir ne seront rien comparés aux profits immédiats engrangés par ces entreprises de destruction. C’est pourquoi on n’entend plus parler de l’affaire Fillon. Il y a gros à  parier que l’instruction menée à pas  de charge pendant la campagne, avec  fuites organisées, s’éternise maintenant pour aboutir le plus loin possible de la dernière présidentielle… Et pour cause : imaginons le scandale si la procédure aboutissait aujourd’hui à un non-lieu, ce qui n'est pas exclu !

On ne pourra pas éternellement nous faire prendre des vessies pour des lanternes, alors qu’ils se méfient bien de la lucidité des Français. Car, j’en suis le témoin, ces épisodes tumultueux de furia médiatique lassent de plus en plus, et de plus en plus vite : « ça ne va pas recommencer ! » est la phrase que j’ai entendue le plus souvent. Dans ces conditions, ils ont peut-être rendu service à celui qu’ils voulaient descendre. Les premiers sondages valident cette réflexion.

 


LE BREXIT DANS LE SMOG (2)

May

 

Priorité à l’actualité.

Pour donner une suite à mon article d’hier, je  ne peux que faire écho aux dernières infos qui sont tombées sur le Brexit, et qui mettent en lumière les divisions au sein des Tories.

Une fois de plus, Theresa May fait face à une nouvelle fronde au sein de son parti. Hier, 62 membres de son parti ont publié une tribune pour demander un « Brexit clean », c’est-à-dire une rupture claire et nette, sans atermoiement. Et aussi rapide. Le groupe lui demande de durcir le ton vis-à-vis de l'Europe et d'arrêter de négocier en position de faiblesse et de faire des concessions. Ils disent la soutenir, mais c'est un soutien empoisonné tant il est conditionné par des revendications qui rappellent les plus belles heures du « hard Brexit ». Ils veulent notamment que la Grande-Bretagne s'éloigne le plus rapidement possible des contraintes et réglementations européennes dès le 29 mars 2019.

Pour autant,  on ne sait guère mieux où on va? On y voit même encore moins clair qu'avant. Et c'est le reproche qui est fait à Theresa May : son manque total de vision et de direction. Celle-ci a reçu les contestataires. Elle doit concilier des points de vue qui sont totalement opposés, au sein même de son propre parti. Elle devrait prononcer un discours la semaine prochaine et donner plus de détails sur son plan, si plan il y a,  et en particulier éclairer les négociateurs européens sur sa vision des relations commerciales entre l'Union Européenne et la Grande-Bretagne avant que les négociations officielles sur le sujet commencent en mars. Ce qui est rassurant (si on peut dire) sur le Brexit, c'est que les dirigeants britanniques ont l'air d'aussi peu comprendre la situation que nous.

Entre ceux qui nous expliquent que finalement il n'y aura pas de Brexit, ceux qui parlent d'une période de transition tellement longue que le Brexit ressemblerait plutôt à un statu quo et ceux qui au contraire voient toujours un hard Brexit, on ne sait pas à quelle sauce le Royaume-Uni sera mangé. Mais une chose est certaine, et c'est la grande leçon de ce cafouillage monumental depuis plus d'un an, il se confirme que c'est la Grande-Bretagne et pas l'Union Européenne qui subira toutes les conséquences négatives.

 


LE BREXIT DANS LE SMOG (brouillard londonien)

Brexit 2Je t’aime, moi non plus : drôles de négociations …

Le Royaume-Uni n’en finit pas d’atermoyer face à une Union européenne intraitable : on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Theresa May danse d’un pied sur l’autre, ballottée entre les  partisans du soft et ceux du hard, Boris Johnson en tête. Les conservateurs sont très divisés. Mais Michel Barnier, le négociateur en chef pour l’Union,  vient de le répéter, la transition de 21 mois souhaitée pour amortir le choc de la rupture n’est aucunement acquise car les points de blocage s’accumulent. Ce qui fait tousser outre-Manche ce sont les obligations auxquelles Londres devra continuer de se soumettre pendant la transition, tout en perdant son droit de vote dans les institutions, une fois le  « Brexit » proclamé, le 29 mars 2019. Ce qui fâche aussi c’est la volonté des Européens qui exigent que le respect des mécanismes de mise en œuvre de la séparation se fasse sous le contrôle de la Cour de Justice de l’Union européenne et les Anglais y voient une ingérence… Et ce n’est que la  partie émergée de l’iceberg des désaccords.

Un poison lent.

En attendant, les impacts du Brexit sont de plus en plus visibles pour les grands bretons. Il agit comme un poison lent, surtout sur la City de Londres. L’incertitude sur la conclusion de l’accord avec le continent pèse lourdement sur le climat des affaires dans plusieurs domaines. Les agents immobiliers, les banques,  les universitaires, les industriels sont de  plus en plus inquiets. L’immobilier baisse à Londres, plombé par le départ de salariés de la haute finance ; la Livre chute et a déjà perdu 13% par rapport à l’euro depuis le referendum, d’où un renchérissement automatique des biens importés ; l’inflation s’envole, boostée par l’agroalimentaire et atteint les 3%, ce qui pénalise la consommation des ménages dont le  porte-monnaie se trouve doublement impacté et du coup l’économie patine ; la finance commence à mesurer ses  pertes : 10 000 jobs pourraient être perdus et jusqu’à 75 000 à plus longue échéance en cas d’absence d’accord sur les services financiers car presque tous les fleurons de la city  ont manifesté  leur intention de déplacer une partie de  leur personnel ;  déjà deux puissantes agences font leurs bagages :  l’Autorité bancaire européenne a choisi Paris et l’Agence européenne du médicament ira à Amsterdam, soit près de 1 000 emplois déplacés sans parler de la perte que constituent les visites des 36 000 experts chaque année ; les constructeurs automobiles japonais menacent de partir car leur production commence à chuter, ce qui met 170 000 emplois sur la sellette… De quoi alimenter le pessimisme comme on voit. Conséquence, 65 000 britanniques ont demandé à devenir irlandais en un an.  Plus anecdotique, Toblerone a augmenté l’espace entre ses triangles de chocolat pour ne pas augmenter sa barre,  ce qui a provoqué un grand émoi : voilà, en effet, un signe tangible d’appauvrissement ! 

Le camp des « No Brexit » gagne du terrain.

Cette ambiance favorise les partisans d’un nouveau referendum pour annuler le Brexit qui reprennent du poil de la  bête. Nick Clegg, ancien vice-premier ministre libéral de David Cameron, en est persuadé, le Brexit n’aura pas lieu.  Il veut tout mettre en œuvre pour interrompre un processus qu’il  juge « masochiste ». Il vient de publier un livre « how to stop Brexit » et compte sur un vote au parlement rejetant l’accord sur lequel Downing Street travaille, de quoi conduire à un nouveau referendum dont il est persuadé qu’il  inverserait la décision. Il pense qu’il peut très bien ne pas y avoir d’accord du tout : l’échec des négociations serait la mort du Brexit aussi. Il espère que l’écart entre l’utopie de la séparation et la réalité qui s’élargit chaque jour, ce que les britanniques peuvent mesurer facilement, conduira à une évolution des partis politiques, notamment au sein du Labour. Car il en est persuadé, aucun accord n’épargnera un recul considérable de l’économie britannique.

En attendant, les Brexiters conservateurs voudraient pousser Theresa May dehors, jugée trop molle, et la remplacer par Jacob Rees-Mogg, le chef des europhobes. Une manœuvre qui a coup sûr ferait imploser le parti Tory, divisé entre la poignée de partisans du « soft » comme le  ministre des finances, Philip Hammond, la centaines de radicaux europhobes et le ventre  mou des anciens partisans du maintien, ralliés de mauvaise grâce à la volonté du peuple. Le  seul résultat de  ces luttes intestines, pour l’instant, c’est la paralysie du gouvernement May. Celle-ci veut  gagner du temps, car elle sait qu’il travaille pour elle,  en remobilisant un peu plus chaque jour les modérés de son  parti  comme Anna Soubry.

Rien n’est joué.

En attendant, le bon peuple godon subit et patauge dans le smog quant à son avenir. Et il y a des fadas en France qui prônent le « Frexit » !

 

 


APPRENTISSAGE : UNE MAUVAISE REFORME

Apprentissage

 

Le projet présenté par le gouvernement part dans la mauvaise direction, en voulant confier le pilotage de l’apprentissage aux branches professionnelles, après une concertation pipée comme d’habitude. Le  premier ministre a suivi  le choix de sa  ministre du travail, qui,  ça n’est un secret pour personne, voulait absolument que  le bébé soit pris en charge par ses amis du patronat. Tout n’est pas encore joué,  car le projet doit encore être discuté au parlement. Il importe que les  Régions continuent de faire entendre leur voix.

Un tabouret à trois pieds.

L’apprentissage repose sur un tabouret à trois pieds : l’Etat, les entreprises et les Régions.  Il  importe qu’un équilibre soit respecté entre ces trois partenaires dans la définition des rôles, sinon  le système sera bancal. Et  l’on sait ce qui arrive  quand on s’assoit sur un tabouret  bancal. Ce sont les Régions qui devraient recevoir la mission principale du pilotage de l’apprentissage, je suis bien placé pour  le savoir,  ayant eu en charge son développement pendant six ans au Conseil Régional des Pays de la Loire, de 1992 à  1998. Nous avions multiplié par deux le nombre des apprentis, car c’est d’abord une question de volonté politique. J’ai pu mesurer alors combien l’exercice était périlleux, car le nerf de la guerre,  la taxe d’apprentissage, était capté par les branches professionnelles et les réseaux consulaires, qui  l’utilisaient à leur guise pour financer leurs  propres outils de formation. La plus grande  partie de  la  collecte nationale allait à  la Région Ile-de-France.  Les  Régions s’étaient vu confier l’organisation de l’apprentissage par les lois de décentralisation mais n’avaient pas les moyens correspondants. Il a fallu lutter pour obtenir qu’une péréquation plus équitable des fonds soit mise en place.

Le projet comporte des avancées appréciables.

Le volet « Etat » du tripode propose plusieurs points qui sont des progrès utiles : la hausse de la rémunération de l’apprenti de 30€ par mois, l’élargissement de l’accès à Erasmus, l’allongement de l’âge à 30 ans au lieu de 26 pour entrer en apprentissage, l’aide de 500 € pour passer  le permis de conduire… De même la simplification de la  taxe qui devient unique avec un taux de 0,85% de la masse salariale pour financer les contrats d’apprentissage. Une manne de 4 milliards d’€ qui ira aux centres de formation en fonction du nombre d’apprentis. Le gouvernement veut aussi cibler les aides à l’embauche d’apprentis vers  les petites entreprises, c’est bien vu et bienvenu. Les artisans ne s’en plaindront pas. C’est aussi une bonne chose que les Régions récupèrent l’orientation.  

Les  branches professionnelles ne sont pas les mieux placées.

Le projet prévoit de simplifier le financement en confiant aux branches professionnelles le  pilotage de la  distribution des fonds collectés. Cela peut paraître logique. Mais c’est oublier qu’elles ne couvrent pas tous les champs de formation ouverts à l’apprentissage : la fonction publique, les carrières médico-sociales et les réseaux des  maisons familiales qui ont en charge des formations multiples très impliquées dans la ruralité. Qui prendra en charge le financement de tous ces outils ? Se pose aussi une autre question et qui n’est pas anodine : qui régulera le taux de l’heure de formation dans les différents CFA ? Il y a un grand risque de rendre les branches professionnelles à la fois juges et parties. Sans parler du risque d’opacité sur l’utilisation des fonds collectés comme on l’observe pour ceux de la formation professionnelle. Enfin,  ce n’est pas au monde professionnel de décider de la  place de l’apprentissage, mais à la puissance publique, élue démocratiquement.

La Région devrait être le pôle d’équilibre de  l’apprentissage.

C’est la Région qui est la mieux à même d’organiser un développement harmonieux de  l’apprentissage sur l’ensemble de son territoire. Parce qu’elle est déjà au centre du dispositif et à l’expérience de la négociation avec tous les partenaires concernés,  avec un panel beaucoup  plus large que les seules branches professionnelles qui sont loin de couvrir tous les métiers. C’est donc vers elle que devrait converger toute la taxe d’apprentissage, à charge pour elle de financer les CFA, qu’ils soient de branche ou pas.  Elle est encore la mieux placée pour savoir quels types de formations il faut développer, ayant en charge  par ailleurs le développement économique. Or, pour le développement de l’apprentissage, la connaissance des besoins des bassins d’emplois est essentielle. La réduire à un rôle de concertation avec les branches professionnelles est à la fois dérisoire et pitoyable. C’est méconnaitre gravement l’expérience qu’elles ont acquise depuis plus de vingt ans. Je ne peux  m’empêcher de penser que derrière cette recentralisation, car c’en est une, il y a une volonté d’affaiblir les Régions. Il  est clair  là encore que la vision métropolitaine l’emporté sur celle des  « territoires ».

Pour que l’apprentissage réussisse, il faut aussi faire évoluer les mentalités des  parents et surtout celles qui dominent au sein de  l’éducation nationale. Quant à faire de  l’apprentissage une filière d’excellence, il y a longtemps que c’est une réalité dans les Pays de la Loire !

 

 


POUR LA DROITE, TOUS LES ESPOIRS SONT PERMIS

Laurent-wauquiez- la droite de retour
 

 

Intéressante cette synthèse de la fondation Jean Jaurès parue le 31 janvier dernier dans Le Figaro. A la lumière de  différentes études d’opinion, réalisées notamment pour le Cevipof, elle nous montre à la fois la « droitisation » de l’opinion,  qui n’est pas une surprise et une résistance de la droite pourtant mise  à mal par les tentatives de déstabilisation récurrentes du « macronisme ». On ne s’étonnera pas  non plus, qu’au moment où elle est réalisée, cette étude constate un manque de crédibilité des Républicains aux yeux des Français, quoique moindre auprès de ses sympathisants. Cette situation est bien normale après l’année de tourmente que nous avons vécue en 2017.

L’appel d’air de Macron.

Après son élection, et compte-tenu de l’effondrement du PS qui lui a permis des marges de manoeuvre, le Président de la République a mis l’accent sur des mesures susceptibles de plaire  à l’électorat de la droite, avec un certain succès, il faut bien le reconnaître. Et d’abord  en mettant les transfuges à des postes clés tels Le Maire et Darmanin, à l’économie et aux finances. Ils ne font pas vraiment une politique de droite, mais l’affichage est là. Cet appel d’air contribue à déplacer le centre de gravité de l’opinion vers la droite avec une note moyenne de 5,4 sur une échelle de 10 (moyenne à peu près constante depuis juin 2014), avec une poussée à 5,8 en novembre 2017. Le positionnement de Macron est à 6 dans les enquêtes Ifop fin 2017 : il s’est manifestement « droitisé » depuis son élection. Il profite ainsi du vide provoqué par la défaite de Fillon, plus que Le FN, autre concurrent sur le segment de la droite. Les Républicains doivent donc livrer une bataille sur deux fronts pour reconquérir leur place. Il faut relativiser le positionnement droitier de Macron qui est perçu comme tel autant par des électeurs de droite que de gauche. Au passage, il n’est pas anodin de noter que cette étude souligne, statistiques à l’appui, que la perception des Républicains est demeurée quasi inchangée entre septembre 2016 et octobre 2017 : la droitisation dénoncée par certains dirigeants LR sous l’effet de la campagne de Fillon puis de la désignation de Laurent Wauquiez est donc un fantasme ou un prétexte, parce qu’elle n’est pas perçue par les Français.

Un crédit entamé.

L’annus horribilis a laissé des traces. La défaite entraîne toujours des querelles et des défections. Les Républicains ont donc perdu en lisibilité et en crédibilité sur un grand nombre de sujets, y compris sur ceux qui formaient des points forts : réduction des déficits, autorité et sévérité des  peines,  l’immigration, sur tous ces thèmes, la perte de confiance est considérable. Quand on dit qu’il faut refonder le parti, le diagnostic est évident. Le rebond du parti Les Républicains viendra de sa capacité à retrouver un ou plusieurs chevaux de bataille qui feront sa singularité et résonneront vrai dans la tête des sympathisants de la droite : l’abandon des territoires, les attaques contre les classes moyennes, le pouvoir d’achat … peuvent lui conférer un avantage comparatif décisif par rapport au macronisme et à l’extrême droite en pleine débâcle.

Un potentiel de vote et une attente forte.

Le parti « Les Républicains » se retrouve comme les autres partis, fragilisé par l’élection présidentielle et la recomposition qui a suivi. Mais, en raison de la forte concurrence exercée sur l’électorat de droite, le parti garde une probabilité de forte progression, notamment sur le FN (ne parlons pas des autres partis de gauche). L’avenir dépend donc de la capacité prioritaire à récupérer les électeurs de droite qui constitue en partie le potentiel de vote LREM.  Les résultats des élections partielles sont de ce point de vue, assez encourageants. Il semble bien que le discours de Laurent Wauquiez et sa percée dans l’opinion des gens de droite traduise concrètement les prémisses d’une nouvelle envie de droite. Car 78% des sympathisants LR  continuent de  juger leur parti proche de leurs préoccupations (Ifop).  Le socle de confiance n’est pas réellement érodé ce qui permet de consolider l’hypothèse d’un rebond. Les mêmes sont à 75%  persuadés que leur parti reprendra le pouvoir en 2022. C’est donc sur sa « capacité d’incarnation » que Laurent Wauquiez va jouer sa réussite ou son échec. Il a du pain sur la  planche et n’a rien à perdre en s’opposant fortement au chef de l’Etat : 46%  seulement des sympathisants estiment que le parti s’oppose suffisamment. La base partisane des Républicains croit en l’avenir du parti, ce qui invalide ou marginalise les tentations de départ ou les tactiques personnelles. Elle veut que le combat se déroule en interne. Cette base est aussi en attente d’une doctrine claire. La mise en place d’un centre d’études et d’un « shadow cabinet » est destinée  précisément à répondre à ces deux préoccupations : s’opposer et avoir un projet solide et innovant.

Un chemin tout tracé.

Si les Français jugent dans leur ensemble que le parti n’a pas de projet et estiment (68%) qu’il ne pourra pas revenir au pouvoir en 2022,  c’est tout simplement qu’il faut un peu de temps. L’essentiel c’est que le socle sur lequel se refonder soit là, et il est  là. D’abord rassembler la famille, puis toute la droite pour s’adresser ensuite à tous les Français. Le chemin est tout tracé. Car l’exercice d’équilibre auquel se livre le Président de la République a ses limites. Les  sujets qui fâchent ne vont pas tarder à réapparaître comme l’approbation de la  PMA ou l’accueil des réfugiés, et viendront s’ajouter à la superficialité des réformes engagées. Le travail remarquable de Jean-Michel Blanquer à l’éducation ne suffira plus à faire illusion. A  la différence du PS, la droite n’a pas perdu son âme, elle semble même avoir retrouvé un brillant porte drapeau. Tous les espoirs lui sont permis.

 


A MOI, COMTE, DEUX MOTS !

A  moi comte  ...

 

Soyons nous-mêmes !

La droite doit être elle-même pour se différencier de la gauche. Mais nous avons pris de mauvaises habitudes, en grande partie à cause du langage utilisé par les médias, imprégnés depuis  1968 du vocabulaire de la gauche. Sans le  vouloir nous parlons tous le « gaucho ». Comment nos concitoyens alors ne seraient-ils pas perdus ? Il importe donc que nous nous astreignions à l’exercice salutaire qui consiste à parler le « dextro ». C’est d’autant plus important que les Français se situent majoritairement à droite (5,4 sur une échelle de 0 à 10) !

Voici quelques exemples de différenciation :

Est-ce qu’on dit : la gauche républicaine ? Non ! Alors  pourquoi se croit-on obligé de dire « droite républicaine ». Y aurait-il  une droite qui ne le soit pas ? Non plus. Le FN  n’est pas un prolongement de la droite. Donc, disons la  « droite » tout simplement. Nous n’avons pas à justifier son  appartenance à la République qui va de soi.

Dans le même genre, ne parlons pas des « valeurs de la  République », lexique gaucho s’il en est, dont on nous rebat les oreilles. Pour la droite, la référence ce sont les « libertés fondamentales ».  De même, à la place de « l’école républicaine » évoquons « l’instruction publique », locution plus précise et plus signifiante. Remplaçons le mot « justice » mis à toutes les sauces par la gauche (sociale, fiscale, sociétale, pénale  …) et sert d’appui à toutes  les mises sous conditions de ressources, par la notion « d’équité ». Si la droite avait à proposer une refonte de la fiscalité de notre pays, il faudrait qu’elle soit fondée sur l’équité et non la justice. Nous éviterons de parler de « capitalisme » forcément « sauvage », mais plutôt de « l’économie de marché » et surtout pas de « libéralisme » qui n’existe pas autrement que sous la forme « ultra » mais de « liberté d’entreprendre ». Vous remarquerez combien le mot « liberté » est peu employé par la gauche. On devrait en faire un étendard de la droite.

Les éléments de langage.

La  droite, peut-être parce qu’elle n’aime pas l’embrigadement pratique peu l’art des « éléments de langage ».  A une époque où la communication est essentielle, elle devrait le pratiquer davantage pour renforcer l’effet de cohésion. Ainsi devraient être mis davantage « en scène » tous ces  mots qui ont une vraie signification dans la pensée de droite tels que « autorité », « confiance », « famille », « nation », « responsabilité » (le pendant de la « liberté individuelle »). Arrêtons d’employer la  « solidarité » à  toutes  les sauces, mais insistons sur le  « bien commun ». Ainsi, Quand Murielle Pénicaud justifie l’assommoir de la CSG pour les retraités, c’est au nom de la « solidarité intergénérationnelle ». Voilà bien la traduction politique d’une pensée de gauche. L’Etat, donc, se substitue à la « famille » qui est  l’espace dédié à ce type de solidarité, qu’à droite on nomme « fraternité ».

En ces temps de confusion où l’on veut nous faire croire que le clivage droite-gauche appartient à un monde dépassé, au moment où nous nous attelons à redéfinir  un projet  politique pour notre famille politique, notre mouvement, il  est important,que nous nous réapproprions la langue qui correspond à nos idées. Alors quand vous entendez « créer du lien social », « espace de solidarité », « imposer un ordre juste », « rechercher le vivre ensemble », ne cherchez pas, c’est un gaucho qui parle.  Réfléchissez aux éléments de langage que vous utiliseriez en lieu et place : « relations humaines », « coopération » ou « entraide », « respect de la loi », « communauté nationale »… Il y a toujours un mot qui correspond à notre façon de penser et qui nous différencie.

Prochainement : Les  attentes des Français sur la droite (d’après une étude de la  fondation Jean Jaurès)

 


LA REGRESSION DEMOCRATIQUE EN MARCHE

Macron jupiter

 

Le  comportement du groupe LREM à l’assemblée nationale entre amateurisme et naïveté, incompétence et caporalisme, est déjà en soi une régression du mandat de député. Mais le mal est bien plus grave. Il touche à l’exercice du pouvoir tel  que Macron le conçoit, Jupiter dominant le monde, et aux projets de « transformations » qu’il nous concocte.

La gouvernance Macron.

Il se compare à Bonaparte, dit-on. Il en a la jeunesse et voudrait s’attribuer le même « esprit de conquête ». De ce dernier il n’a que l’arrogance. Il n’a  pas l’audace de Bonaparte tirant au canon sur les émeutiers devant l’église St-Roch pour rétablir l’ordre, on l’a bien vu avec l’épisode calamiteux de Notre-Dame des Landes. De la comparaison avec De Gaulle, il n’a retenu qu’une idée qui lui va bien : l’exercice du pouvoir suprême exige une certaine distance par rapport au « vulgum », mais si pour le  premier c’est un éloignement conféré par le prestige, pour le second il est surtout le fait du mépris du peuple. Macron a une vision verticale du pouvoir qu’il voudrait fondée sur l’autorité, bien dans la logique du technocrate de Bercy. Un pouvoir personnel, centralisé, qui entre en opposition avec le régime parlementaire, synonyme de pluralisme et tendant à la limitation de  l’exécutif. D’où la nécessité d’une majorité reposant non sur un parti, mais plutôt un club  de supporters (En Marche), à la botte, et un gouvernement qui est l’un des plus faibles de la Vème République, car, hormis Jean-Michel Blanquer et Jean-Yves Le Drian, comme personnalités marquantes, les « hommes forts » du macronisme, Ferrand, Castaner ou Griveaux sont plutôt fades. En sommes Macron ne doit son  pouvoir qu’à son premier tour présidentiel et à la loi électorale majoritaire. A  l’intérieur de son camp, il est seul. Pour l’instant il est resté le président des « CSP+ » et des « bobos ». Il n’a pas réussi à transcender la fonction en devenant aussi le président de ceux qui n’ont pas voté pour lui.

La centralisation au détriment des territoires.

L’identité urbaine du président qui imprime la marche de  l’exécutif l’empêche de voir  le reste de la France. En témoignent de nombreux exemples dans la pratique et dans les projets. Ainsi la « conférence nationale des territoires » est mise en place pour établir une concertation avec les  acteurs locaux mais c’est aussitôt pour prendre des décisions sans les consulter : diminution des dotations, suppression de la taxe d’habitation… L’abandon du projet de l’aéroport nantais est dans la même veine de renoncement à l’aménagement du territoire où l’on décentralise les équipements structurants. La réforme de la taxe d’apprentissage aurait dû faire des Régions les pôles d’équilibre de la formation en alternance, entre tous les acteurs dont elles ont la pratique et l’expérience, renforçant leur compétence en matière de formation professionnelle. Au lieu de cela, on impose un cadre centralisé sur les branches professionnelles assis sur la vision parisienne du Medef. Et  du même coup  on affaiblit les Régions comme la suppression de la taxe d’habitation met les collectivités locales sous tutelle. C’est un jeu dangereux : les communes qui comptent moins de 2 000 inscrits, représentent 14 millions d’électeurs contre 7 millions dans les villes de plus de 50 000 inscrits. Une poignée de métropoles va continuer d’imposer sa loi à des campagnes désindustrialisées, cantonnées dans le rôle résidentiel. La révolte est inévitable.

L’affaiblissement de la démocratie.

Vouloir la fin du clivage gauche –droite  est en soi une régression démocratique. Le consensus est possible au niveau local quand il s’agit du choix d’un réverbère, mais quand il s’agit des affaires de l’Etat, il en va tout autrement. Cela dit, le pouvoir présidentiel est en train de tout faire pour avoir les coudées franches. Toutes les décisions qu’il prend et tous ses projets convergent vers un affaiblissement de la démocratie. Déjà les modalités de désignation des élus des communautés de communes et agglo éloignent un peu plus les conseillers municipaux et les maires de leurs administrés. C’est une première régression. Le retour à des listes nationales pour la prochaine élection du parlement européen revient au système qu’on avait abandonné parce qu’il rendait inconsistant le lien entre les députés et le peuple. C’est une seconde régression. Le projet de réforme de la constitution qui prévoit de diminuer le nombre des parlementaires, s’il est populiste à souhait, n’en est pas moins une troisième régression : 400 députés et 240 sénateurs, cela veut dire que certains départements n’auront que deux élus. Or, on sait qu’après le maire, c’est la proximité de contact avec le député qui est la plus recherchée par le citoyen. Et que dire de l’idée de fusionner le Sénat, cet empêcheur de tourner en rond, avec le CESE pour en faire un « machin » illisible ! Comme on ne renforcera pas les moyens de contrôle du parlement, c’est bien un affaiblissement programmé de la fonction parlementaire, d’autant plus que la  dose de proportionnelle à 25% ne va rien arranger en matière de majorité pour gouverner. La  France, contrairement aux idées reçues, n’a pas trop  de parlementaires. Il y avait un moyen très simple de diminuer le nombre des élus, c’était de revenir à la réforme intelligente du « conseiller territorial » en lieu et place des conseillers départementaux et régionaux. Et encore il y aurait beaucoup à dire sur le  caractère antidémocratique de "l'encadrement des mandats" et les limites qu'on veut leur imposer en nombre et en durée. 

Certes, le Président fait de beaux discours. César sait être convaincant. Mais il a autant de discours que d’interlocuteurs. Il est capable de dire  tout et son contraire, en changeant de langue, comme à Davos. C’est satisfaisant pour son ego. Mais, faute de convaincre une majorité de Français, il  souhaite faire le vide autour de lui pour gouverner à sa guise. Ce n’est pas de cette manière qu’on va inciter les abstentionnistes à revenir aux urnes. On ne tardera pas à voir que le roi est nu ! La régression démocratique n’est pas une bonne chose pour la France.

 


PETITE CHRONIQUE DE TRAHISONS PROGRAMMEES…

Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé

 

Ils n’en finissent pas de prendre leurs distances, en attendant… on ne sait quoi. La  cible  c’est Laurent Wauquiez et ses positions soi-disant droitières et surtout son supposé souverainisme sur l’Europe. Pourtant, émissions télé et articles de presse ont mis les choses au clair. Ce ne sont que des procès d’intention. Des prétextes quoi ! Pour rejoindre Macron le moment venu, et si possible à une date cruciale qui  fasse bien le buzz  pour nuire aux Républicains. C’est comme  ça  que je vois  les choses : chacun ses procès. C’est une attente cousue de fil blanc ! Ils ne me feront pas croire que leur décision n’est  pas prise.

Le cas Juppé.

Sa "réserve" semble suivre un plan de com’ bien huilé. Etape par étape il se rapproche de Macron. Cela a commencé  par une  déclaration aussitôt suivie d’une rétractation sur les « convergences européennes » avec la vision du Président. Puis il a annoncé qu’il n’avait pas renouvelé sa cotisation à son parti en 2017, dont il est pourtant le fondateur. Enfin il a déclaré récemment se mettre en retrait de sa  propre fédération dont il était le président naturel. Seraient en cause un méli-mélo de raisons parmi lesquelles l’influence excessive supposée de Sens commun (risible), les positions droitières de Wauquiez et ses propositions trop souverainistes sur l’Europe. Bref, Alain Juppé  prépare sa mue macronienne. Il est chaperonné en cela par tout son ancien état-major passé chez Edouard Philippe, qu’il avait, parait-il, dissuadé de prendre le poste de PM, et dont il chante les louanges aujourd’hui. Je ne vois pas en quoi la politique social-démocrate qu’il mène peut convaincre le Maire de Bordeaux. Alors, comment expliquer ce virage ? Probablement par un mélange d’aigreur : il n’aurait pas digéré sa défaite à la primaire de la droite et encore moins le refus de Fillon de lui laisser la place quand il s’avérait que la droite allait « droit dans le mur ». A l’aigreur peut s’ajouter le souci de  garder la mairie en 2020 en imaginant que LREM pourrait encore tout balayer. Un pari risqué. L’histoire nous a appris que les élections intermédiaires sont rarement en faveur du pouvoir central. Il reste que ce comportement me déçoit fortement, moi qui ai toujours eu de l’affection, et même de l’admiration, pour lui. Allez, Alain, n’écoute pas les sirènes de Matignon, elles vont te perdre !

Adresse à mon ami Jean-Pierre.

Jean-Pierre Raffarin a mis le parti sous observation jusqu’à la fin 2018. Pour quelqu’un qui a dit se retirer de la vie politique, il reste très présent dans le paysage. On ne se refait pas : couper le cordon lui est impossible. La longue interview qu’il a donnée au journal « Les Echos » m’a néanmoins laissé pantois. Il y montre une fascination pour Macron qui m’étonne et me surprend, lui, d’habitude si réaliste. Je ne veux pas croire qu’il revit un « effet Giscard », dans « l’effet Macron » qu’il décrit, car ce serait un signe de sénilité. Macron est certes jeunes et semble remplir correctement la fonction présidentielle –après Hollande, c’est plutôt facile- mais je ne lui reconnais en rien le génie et la vision prospective de Giscard. Il accorde au Président un désir de réformer qui se résume pour l’instant à ouvrir toutes les portes, sans emprunter aucun couloir, sauf peut-être celui de la finance et des banques. Ces dernières sont bien les seules à profiter pleinement des réformes. C’est tout au plus un « président courants d’air », plus dans le discours que dans l’action.

Cher Jean-Pierre, tu voudrais qu’Emmanuel Macron réussisse, mais c’est un vœu pieux car à l’inverse de ce que tu souhaites, la France continue de perdre du temps sur l’essentiel, les déficits et la dette. Comme le dit Agnès Verdier-Molinié, « la France continue d’aller dans le mur,  mais plus doucement ». Tu ne mesures pas non plus l’effet dévastateur de la hausse de la CSG et en janvier 2019 celui du prélèvement à la source, sur le pouvoir d’achat des classes moyennes. Non, Macron ne mène pas une politique de centre droit. Ce sont les médias qui répercutent cet « élément de langage » dont tu te fais le relais. La politique économique menée par l’actuel exécutif est classiquement keynésienne : une relance financée par l’impôt et l’emprunt.  C’est au mieux, une politique de centre-gauche, social-démocrate, camouflée  par un discours volontairement droitier. Je ne retrouve pas, comme tu dis « le libéralisme économique et la volonté de modernisation de la société » qui animait Giscard, dans cette conduite des affaires qui fait la part toujours plus belle à l’économie administrée et aux lobbies bobos. Et quand tu cites l’action du Premier Ministre au sujet de N.D. des Landes, plus le temps passe et plus on s’aperçoit que c’est une reculade qui bat en brèche la vision d’aménagement du territoire qui animait Dominique Bussereau quand il avait signé la DUP en 2008. Sur l’Europe, je suis effrayé de voir que le procès fait à Wauquiez, qui reprend pourtant une grande part des idées exposées par Giscard dans « Europa », repose sur une vision fédéraliste qui ne change pas et c’est celle qui nous a fait perdre aux précédents scrutins et dont les Français ne veulent plus. Cette vision ne mérite pas la trahison que tu prépares. Pour le reste, c’est toujours beaucoup d’indulgence, même quand tu reconnais que Macron ne fait pas ce qu’il faut. Au lieu d’essayer de convaincre Macron d’infléchir son action, tu ferais mieux d’apporter ton expérience aux Républicains dans leur reconstruction. Alors j’ai envie de te crier : « Jean-Pierre, réveille-toi, Macron va échouer, et on a besoin de tout le monde dans le parti pour reprendre le flambeau le moment venu ! ». Il n’y a plus deux droites. La France a changé. Par contre, comme toujours, l’union fera la force !

Le bloc-notes rattrapé par l’actu.

Je ne pensais pas si bien dire dans ma note du 5 février : « La dette, cette bombe à retardement ». C’est venu plus vite que je ne le pensais. Les Bourses sont en train de connaître une correction logique, mais plusieurs variables indiquent que l'économie est en train de connaître le retournement de situation plus rapide qu'attendu. Les diverses notes de conjoncture montrent que les opérateurs redoutent l'apparition d'un cycle économique caractérisé par la hausse des taux et par la réapparition d'une inflation significative. Concernant l'Europe, le choc risque d'être rude car des liquidités américaines vont nécessairement quitter notre continent (rapatriement de 3 000 milliards de dollars voulu par Trump) d'autant plus nettement que les taux américains seront plus élevés – comparativement - que ceux de la zone euro. Du pain noir pour Macron au moment où son gouvernement souhaitait orienter l’épargne vers les marchés d’action. A bon entendeur !

 


WAUQUIEZ : LA PASSE DE TROIS !

Laurent Wauquiez

 

Les réussites, c’est comme les ennuis, ça  peut voler grouper.

Après une « Emission politique » maîtrisée et réussie brillamment, dont j’ai pu mesurer l’impact auprès de nos amis et sympathisants autour de  moi, Laurent Wauquiez a enchaîné avec  un  Conseil national du parti Les Républicains parfaitement orchestré.   Les séances de travail à huis clos ont été très  appréciées des cadres et la séance plénière de l’après-midi, émaillée de nombreux échanges avec la  salle, a inauguré un nouveau style de gouvernance plus proche des  militants. L’incident provoqué par Valérie Pécresse n’aura été qu’un coup d’épée dans  l’eau : que peuvent penser nos adhérents et cadres d’une personnalité qui vient « faire la leçon » en arrivant en retard et en s’éclipsant sans attendre le discours final ? On a beau être présidente de Région, tout de même, ça manque de  respect.

Le parti bel est bien en ordre de marche.

Les  Républicains sont opérationnels. Dotés d’une direction rajeunie, d’un nouveau bureau politique rassemblant les diverses sensibilités, d’un centre d’études  dirigé par le talentueux Bernard Accoyer et d’un Conseil national présidé par Jean Léonetti dont on sait la modération, ils peuvent repartir de l’avant. On a vu déjà à l’œuvre les membres de la nouvelle direction  avec une mission sur le terrain en Maine-et-Loire pour se mettre à l’écoute des  territoires. Les  mois qui viennent seront déterminants pour  imposer le parti à la place qui est la sienne : le premier parti d’opposition.

Des  législatives bienvenues.

Voilà deux victoires qui tombent à point nommé. Certes, on arguera qu’un électeur sur cinq, ça fait pas  beaucoup. Mais il en va souvent ainsi dans les  partielles. Cela n’empêche pas  d’en tirer quelques leçons. D’abord, même faiblement, ce sont les électeurs républicains qui se sont le mieux mobilisés. Et voilà deux élus et un député de plus ! Le FN et Les Insoumis sont dans les choux, le PS inexistant. La République en marche n’est  apparue que ce  qu’elle est : la droite ne vote pas pour elle quand il n’y a  pas de menace. Et la gauche,  probablement agacée par le discours droitier n’a eu guère envie d’y revenir. Pour les Républicains, est-ce un effet Wauquiez ? Trop tôt pour le dire, encore que la prestation de l’intéressé à l’Emission politique n’a pas pu nuire. Mais si les Républicains avaient perdus, on aurait bien su désigner le fautif. Nous sommes bien le  premier parti d’opposition au parlement et en nombre d’adhérents (payants). Voilà de quoi faire réfléchir tous ceux qui auraient des velléités de « prise de distance ».

Et si Macron, finalement, n’était pas ce  magicien qu’on nous vend du matin au soir sur BFMTV ! C’est que les ennuis, à notre époque, ça peut venir vite. Les  situations se retournent rapidement comme on le voit en ce moment avec les soubresauts boursiers. Je ne pensais pas si bien dire dans ma note précédente. Après le pain blanc … Certains vont commencer à imaginer qu’après tout, il pourrait bien échouer. Ben oui, chacun son tour. Les ennuis aussi ça vole en escadrille. Et le vote du Parlement européen qui a flingué son idée farfelue de listes transnationales pour les  européennes, ça n’est peut-être qu’un début !

En attendant, pour Wauquiez, c’est  tout bon !

 


L'INTERVIEW DE VIRGINIE CALMELS

 

Je donne aujourd'hui la parole à Virginie CALMELS, N°2 des Républicains. 

Interview donnée à ATLANTICO.

 

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VIRGINIE CALMELS 2

 

ATLANTICO : La semaine dernière lors de votre discours au Conseil National des Républicains, une partie de votre intervention était consacrée à réfuter l’idée qui vous est souvent opposée selon laquelle Emmanuel Macron mènerait une politique de droite. Peut-être ne mène-t-il pas une politique de droite en effet si on s’en fie à ce qu’étaient les programmes des républicains pour la présidentielle et les législatives mais il fait et c’est ce que semblent lui reconnaître les Français dans les sondages.
Au regard des corporatismes, des archaïsmes et des rigidités françaises, en quoi considérez-vous que vous feriez mieux ?

VIRGINIE CALMELS : Cela dépend à quoi l’on s’attache. Est-ce qu’aujourd’hui on a le sentiment qu’Emmanuel Macron a œuvré contre ces corporatismes ? Lorsque l’on a des représentants syndicaux qui quittent l’Elysée avec le sourire c’est rarement l’exemple d’un immense bras de fer qui a été mené. J’aurais tendance à dire que bien sûr on ne peut pas reprocher à Emmanuel Macron de ne pas travailler ou de ne pas vouloir traiter un certain nombre de sujets, d’être passif ou d’être mou. Maintenant est-ce que vraiment en profondeur il s’attaque aux syndicats, aux statuts de la fonction publique, aux régimes spéciaux… Toutes ces choses-là pour moi aujourd’hui il n’y a pas touché. Si l’on parle vraiment des carcans français et du poids de l’administration ou de la lourdeur de la fiscalité on voit qu’il n’y touche pas. L’absence totale de réduction de la dépense publique est pour moi la continuité de ce que l’on a subi pendant des dizaines d’années et on en arrive à des chiffres de dette colossaux (2.200 milliards) avec une dépense publique gigantesque (57% du PIB). Au fond, si l’on creuse, il n’a pas tordu le cou à beaucoup de ce qui fait le fondement de l’Etat providence dans lequel nous sommes enfermés. Il faut avoir le courage de s’attaquer à tout ce que l’on vient de citer avec un accent mis sur la redéfinition du périmètre de la fonction d’Etat. Emmanuel Macron est lui dans la reconduction d’un modèle classique et l’on est loin de la révolution promise. Il faudrait avoir une approche beaucoup plus courageuse et quelque part beaucoup plus innovante de la gestion à la fois de la dépense publique et des missions de l’Etat.
 
ATLANTICO : Des affrontements violents ont eu lieu à Calais, vous souligniez la semaine dernière également que votre approche des questions migratoires étaient plus ferme que celle de gouvernement mais que feraient concrètement les républicains de différents s’ils étaient au pouvoir aujourd’hui ?
 
VIRGINIE CALMELS : Là encore l’habileté de Macron est de rependre un thème (généralement emprunté à la droite dans la perception du grand public) comme l’immigration et de faire semblant de le traiter alors qu’en fait il ne s’attaque qu’à un petit bout du problème.

Aujourd’hui le projet de loi ne touche qu’à l’asile politique (40 000 personnes par an) alors qu’il y a eu l’année dernière 262 000 titres de séjour délivrés soit un record depuis 40 ans. Cela veut dire qu’en fait on est en train de mettre en avant une action du gouvernement qui ne touche qu’une petite partie d’un problème bien plus grand. Nous, nous voulons la restauration des peines plancher, l’instauration de quotas d’immigration à l’instar de ce qu’a pu faire le Canada, un durcissement des conditions du regroupement familial, une réflexion sur le droit du sol en durcissant les règles sur ce dernier ou encore la révision totale de l’Aide Médicale d’Etat (AME) qui pèse directement un milliard d’euros par an… Ces six ou sept mesures n’apparaissent pas dans le projet de loi Macron ni dans ses propos.  Comme toujours c’est beaucoup de communication, on donne l’impression de s’emparer de thèmes importants pour les Français mais en restant très parcellaires.

 
ATLANTICO : Autre point fort de votre discours de la semaine passée et vous avez même commencé par ça, vous rejetez en bloc les affirmations de ceux qui considèrent que les républicains sont proche du Front National : pour vous, le parti véritablement proche du FN en France, c’est la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. C’est certainement vrai si on raisonne en termes de programme économique mais n’est-ce pas appuyer là où ça fait mal aussi pour les républicains : certains, comme Guillaume Peltier l’un des deux autres vice-présidents du parti, ne semblent plus du tout être libéraux ? Laurent Wauquiez lui-même a attisé les inquiétudes avec ses propos sur le protectionnisme. Vous qui êtes libérale, quelle serait la ligne rouge que vous refuseriez dans les programmes à venir du parti ?
 
VIRGINIE CALMELS : La distinction par rapport au FN doit porter sur l’ensemble. Bien sûr sur la partie économique mais aussi sur la partie régalienne car nous n’avons résolument pas la même approche. Nous vivons dans un monde ouvert et nous refusons le repli sur nous-mêmes, nous ne sommes pas protectionnistes sur les frontières de la France. Nous considérons que c’est une chance d’être pro européens et de s’inscrire résolument dans une construction européenne. S’agissant en revanche du protectionnisme, je préfère la notion de défense des intérêts de nos acteurs économiques, qui doit se faire à mon sens au niveau européen et c’est donc bien à cette échelle qu’il faut définir notre ligne économique. Que l’on ne veuille pas être naïf par rapport aux grandes puissances qui elles-mêmes fixent un certain nombre de restrictions et que la puissance européenne doive en conséquence se doter d’actions réciproques me semble être la bonne direction.
 
La question de la ligne rouge n’est pas à poser au niveau des individualités selon moi mais plutôt au niveau du parti. Si ce dernier évoluait vers une ligne qui serait très souverainiste se recroquevillant sur ses frontières nationales ce serait effectivement s’éloigner de ma vision d’une France forte et ouverte dans une Europe forte à reconstruire. Je ne crois pas au protectionnisme français. De surcroît, au regard de notre balance commerciale ce serait une erreur totale.
 
ATLANTICO : Vous appeliez au rassemblement et à la reconstruction de la droite, Jean Pierre Raffarin a annoncé dans les Échos ce vendredi qu’il envisageait lui aussi de quitter les républicains. Alain Juppé pour sa part s’est posé ouvertement la question sur une chaîne de télévision Suisse de savoir s’il était encore de droite tout en reconnaissant trouver beaucoup de charme à Emmanuel Macron… Pensez-vous que ces départs affaiblissent la droite en la rétrécissant ou la consolident en lui permettant de ne plus être écartelée idéologiquement ?
 
VIRGINIE CALMELS : Il ne faut pas surjouer les différences et ce que vous appelez l’écartèlement idéologique. Lorsque l’on regarde les projets portés lors des primaires, l’on s’aperçoit qu’ils étaient très voisins entre Sarkozy, Fillon ou Juppé avec 90% de tronc commun. Evidemment les primaires se sont focalisés sur les différences mais nous avons dans les faits un socle de valeur qui est commun. Je réfute l’idée saugrenue que les pro-européens devraient se tourner vers Macron et que les antieuropéens se retrouveraient dans Les Républicains. C’est une imposture intellectuelle car la quasi-totalité des membres des Républicains aujourd’hui sont pro-européens. C’est la ligne de notre famille politique. A mon avis ce sont plus des affaires d’individus que d’idéologie.  A titre personnel je pense qu’il faut garder les sensibilités politiques différentes au sein de ce parti et qu’une grande famille politique comme la nôtre ne peut pas être monochrome. Ce serait se rétrécir. Il faut cette pluralité de sensibilités mais sans être dans l’antagonisme.  Il faut que le socle de valeur soit le même.
 
ATLANTICO : Certains murmurent qu’Alain Juppé se rapproche de la république en marche pour des considérations de politique personnelle afin de pouvoir garder sa mairie de Bordeaux grâce à LREM, vous qui connaissez et Bordeaux et Alain Juppé, qu’en pensez-vous ?
 
VIRGINIE CALMELS : A Bordeaux on constate certes que Macron et Mélenchon sont arrivés en tête au premier tour de la présidentielle mais j’observe que l’élection municipale est plus une élection de personnes que d’étiquettes. Compte-tenu de ce qu’Alain Juppé représente à Bordeaux, son historique et son excellent bilan, il peut se passer d’étiquettes.
 
ATLANTICO : Vous dites que la France est le parent pauvre de l’Europe en matière de chômage malgré le retour de la croissance ? Où en serions-nous de ce point de vue-là si Les Républicains nouvelle version étaient au pouvoir ?
 
VIRGINIE CALMELS : On aurait pris des mesures beaucoup plus fortes. Quelles sont celles qui permettraient d’inverser la courbe du chômage ? D’abord le doublement des seuils sociaux, cela ne coûte rien mais cela modifie le rapport avec la représentation syndicale. C’était d’ailleurs dans le projet Fillon. Autre point, nous pensons que le chômage ne sera endigué que par une baisse massive des charges. Pour cela, il fallait une baisse massive de la dépense publique et pour baisser cette dépense publique il y a plusieurs leviers mais un levier important (pour n’en citer qu’un) aurait été de s’attaquer aux retraites. On est dans une configuration aujourd’hui où Emmanuel Macron ne s’est pas attaqué à ce qui permettrait de réduire les charges des entreprises. C’est même l’inverse. Lorsqu’il transforme le CICE en baisse de charge, au passage il augmente le coût du travail de 9 milliards en 2018, ce qui pour moi est une hérésie dans le contexte qui est le nôtre où nous devrions faire du chômage une priorité. Nous sommes finalement à l’inverse de ce que nous aurions fait nous si nous avions gagné.
 
ATLANTICO : Plus d’Europe, moins d’Europe, une autre Europe ?
 
VIRGINIE CALMELS : L’Europe oui. Mais il faut surtout « mieux d’Europe ». Oui nous sommes résolument européens, oui nous voulons une Europe forte mais nous sommes capables de dire que cette Europe actuelle ne fonctionne pas en l’état. Elle ne fonctionne pas car il y a eu des vagues d’élargissement qui ont finalement diminué ce qu’était le pacte initial. Il faut se concentrer à renforcer une Europe qui protège, qui soit en mesure de protéger nos intérêts économiques et de peser sur la scène internationale. Mais l’Europe que nous voulons c’est un système qui n’est en rien une technocratie qui rajoute des normes à n’en plus finir qui sont au final autant de freins à l’émergence de champions européens.
 
ATLANTICO : Les Républicains ont appelé à la démission de Darmanin mais plusieurs personnalités du parti ont fait entendre une voix différente, ne redoutez-vous pas un effet boomerang comme celui vécu par François Fillon avec son évocation du général de Gaulle impossible à imaginer mis en examen ? Est-ce que nous ne sommes pas en train d’entrer dans une ère ou de simples dénonciations non traitées encore par la justice peuvent abattre une personnalité ?
 
VIRGINIE CALMELS : Ma position est de dire que si les faits étaient avérés ce serait très grave mais que de fausses allégations seraient également très graves. Je me méfie toujours des dénonciations, je fais confiance à la justice de mon pays et crois en la présomption d’innocence. Elle reste un axe indispensable à mettre en avant dans tout dossier quelle que soit l’appartenance politique de la personne incriminée.

Je ne commente pas un dossier que je ne connais pas. Mais au-delà du motif de l’ouverture de l’enquête préliminaire, sur lequel je laisse à la justice le soin de se prononcer, ce que j’ai trouvé extrêmement choquant dans le récit qui a été fait, et qui apparemment n’a pas été contesté, c’est qu’il y aurait eu « un accord » pour interférer dans l’effacement d’un casier judiciaire moyennant une contrepartie « en nature ».
Quant à l’effet boomerang, à titre personnel je ne me sens pas menacée (rires).

 
ATLANTICO : Vous qui venez du privé, que pensez-vous du projet de Big Bang annoncé par Edouard Philippe et Gerald Darmanin sur la fonction publique avec en particulier le recours à des méthodes venues de l’entreprise ?
 
VIRGINIE CALMELS : Je serais toujours favorable à essayer d’importer certaines méthodes managériales comme la mobilité, les primes au mérite. Je suis contre l’évolution à l’ancienneté. De ce point de vue là, je ne pourrais que saluer l’initiative si elle était mise en œuvre. Mais là encore on ne va pas assez loin. C’est intéressant de parler de plans de départ volontaires des fonctionnaires mais il faudrait s’attaquer au périmètre de la fonction publique et recourir à des contractuels dans les périmètres non régaliens. Et là encore ce n’est pas traité par Emmanuel Macron ou son gouvernement.
 
ATLANTICO : Emmanuel Macron doit se rendre en Corse pour le 20e anniversaire de l’assassinat du préfet Erignac. Des manifestations ns sont prévues ce week-end. La situation dans l’île de beauté vous inquiète-t-elle ?
 
VIRGINIE CALMELS : La République est Une et indivisible. On peut entendre des revendications sans pour autant les partager. La Corse a déjà un statut différent. Ce qui m’importe c’est plus de respecter les identités, les cultures, les bassins d’emploi et de raisonner au niveau régional. Je suis profondément décentralisatrice et je pense que le périmètre régional est le bon niveau. Je plaide même pour une autonomie fiscale pour donner aux régions de vrais moyens d’action et beaucoup plus de responsabilisation aussi. Mais les revendications des indépendantistes vont bien au-delà et cela pourrait rompre cette notion juste et nécessaire de République Une et indivisible.
 
ATLANTICO : Que vous inspirent les polémiques du moment sur les commémorations incluant Charles Maurras ou les suites du mouvement MeToo/ #BalanceTonPorc ? Laurent Wauquiez défend l’intérêt de la droite à ne plus céder aux intimidations idéologiques et au politiquement correct, jusqu’où faut-il aller pour ne pas prêter le flanc aux accusations qui vous réduisent à un parti réactionnaire ?
 
VIRGINIE CALMELS :

Je crois en la liberté d’expression et je m’inquiète toujours de protéger cette liberté sans tomber dans le caniveau de la dénonciation calomnieuse. On a la chance de vivre dans un pays qui normalement n’est pas répressif sur un certain nombre de choses et je ne pense pas qu’il faudrait que l’on s’enferme pas à pas dans un système un peu caricatural et oppressant. On était un pays qui avait trouvé cet équilibre entre les pays latins et les pays nordiques. C’est notre force et ce serait dommage de s’en éloigner.
Pour moi et à l’instar de Laurent Wauquiez, vouloir affirmer haut et fort ses convictions, ne pas vouloir plaire à tout le monde, ce n’est pas être réac. Dire que l’on ne va pas céder au politiquement correct et dire ce que l’on pense, partager nos valeurs y compris quand ça froisse, ce n’est pas être réac. C’est d’ailleurs le piège qui nous est souvent tendu et dans lequel il ne faut pas que l’on tombe. On peut être clair sur ses convictions, ne pas plier l’échine, sans tomber dans la caricature. C’est à nous de savoir livrer ce débat en répondant sur le fond à nos adversaires qui chercheront toujours à nous enfermer dans cette caricature de réactionnaires.

 

Demain : "LAURENT WAUQUIEZ  : LA PASSE DE TROIS !" 

 


LA DETTE, CETTE BOMBE A RETARDEMENT …

étau des taux

 

Depuis 2008, en raison de la crise, les  politiques économiques budgétaires et  monétaires, menées dans les pays de l’OCDE ont ouvert largement les vannes de la facilité, notamment en inondant les marchés généreusement : emprunts et émissions de monnaie.  Les gouvernements et les  banques centrales ont privilégié le court terme sans mesurer sur le long terme les conséquences de leurs décisions. La récession est pourtant terminée depuis longtemps : la reprise économique  est  effective depuis 2010 aux Etats-Unis et depuis 2014 en Europe, et malgré tout, ces  politiques se sont poursuivies. L’accumulation de dette publique se poursuit encore aujourd’hui aux Etats-Unis et en zone euro, hors Allemagne qui n’a plus de déficit depuis 2012, au Royaume-Uni, au Japon.  La dette atteint 135% du PIB en Italie, 230% au Japon, 100%  en France et en Espagne, 90% au Royaume-Uni,  110% aux Etats-Unis… Soit un doublement des taux d’endettement public en 15 ans ! Entre 2008 et aujourd’hui, la quantité de monnaie offerte par la banque centrale américaine est passée de 900 milliards à 4 400 milliards de dollars, et de 900 à 3 100 milliards d’euros dans la zone euro.

On aurait pu imaginer que l’amélioration de la conjoncture conduirait à l’amélioration de la situation des finances publiques : il n’en est rien. Si les déficits se redressent quelque peu, c’est parce que la croissance est plus forte, pas du tout parce que les politiques budgétaires sont devenues plus restrictives. Mais lorsqu’il y aura normalisation des taux d’intérêt à long terme, processus qui est entamé aux Etats-Unis et atteint maintenant l’Europe,  les Etats, pour assurer  leur solvabilité devront augmenter la pression fiscale et réduire les dépenses publiques qui peuvent être utiles à la croissance et n’auront pas le choix. C’est pourquoi les banques centrales craignent les effets de la contraction monétaire et de la hausse des taux d’intérêt sur la situation des emprunteurs et des investisseurs en obligations, et aussi sur les marchés d’action.  Ils avancent donc la main tremblante, en sachant que prolonger cet excès de liquidité est très dangereux : il peut générer des bulles sur les prix des actifs, sur les actions des entreprises de l’internet , sur les cryptomonnaies, et déjà actuellement à nouveau sur les prix  de l’immobilier, et déstabiliser les taux de change (ex : l’euro trop fort).

La France est particulièrement exposée en cas de nouvelle déflagration. Celle-ci parait encore improbable à court terme,  mais le temps presse. Ce qui nous distingue de nos voisins c’est le  poids de nos charges sociales. Si la protection sociale n’a pas de prix, elle a un coût, et ce coût reste supporté essentiellement par les employeurs. Il  est donc coupable  de ne pas engager, alors que la croissance est de retour, les efforts structurels pour réduire significativement la dépense publique et la dette qui asphyxient les capacités d’action du pays dont la capacité d’investissement est totalement saturée par la place démesurée des dépenses de fonctionnement et l’expansion des transferts sociaux incontrôlés.

Pendant 5 ans sous Hollande, on a  laissé filer les dépenses malgré « l’alignement des planètes » (euro faible, faibles taux, énergie peu coûteuse), et le gouvernement actuel prolonge  la même passivité alors que la croissance libère des marges. La France s'est habituée à l'ère de l'argent gratuit. Les marchés ont été d'une incroyable mansuétude et nous ont bercés d'illusions. Nous avons continué de vivre au-dessus de nos moyens et à nous droguer à la dette, sans que les investisseurs ne s'en émeuvent. Nous avons repoussé les vrais efforts de redressement des comptes publics, tant qu'ils continuaient à nous apporter les doses de morphine...

Or depuis le début de cette année, les taux se tendent partout. Celui de la dette française s’est hissé à 1% alors qu’il se situait autour de 0,60% au printemps 2017. C’est un mouvement a priori durable qui marque la fin d’un âge d’or pour les marchés obligataires et la banque centrale européenne commence à s’engager dans la même voie. Cette hausse peut être vécue dans un premier  temps, comme  un signe de bonne santé de l’économie,  mais elle alimente la remontée du rendement des obligations souveraines, et en parallèle un mouvement de prises de bénéfices sur les marchés boursiers. Le spectre de l’éclatement de la bulle resurgit et pourrait concerner les actions et les obligations …

Si elle ne réagit pas rapidement, la France va se télescoper au mur de la dette. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le pays doit encore lever 180 milliards d'euros cette année - il reste l'un des plus gros emprunteurs mondiaux. La dette française est une bombe à retardement, surtout dans un environnement où les taux commencent à remonter. Il suffirait ainsi qu’ils augmentent de 1% (déjà + 0,40% en ce début d’année) pour que la dette nous coûte 2 milliards de plus chaque année. En 2023, dans à peine cinq ans, ce point supplémentaire représenterait une surcharge de 12,9 milliards d'euros dans le budget de l'Etat, l'équivalent de tout l'argent que nous consacrons aujourd'hui à la police et la gendarmerie nationale ! Et rien ne dit que la hausse ne serait que d’1 point. Voilà pourquoi reporter l’effort  à la fin du quinquennat est irresponsable, d’autant plus que la conjoncture favorable offerte par une croissance inespérée risque de s’amoindrir.  Nous sommes dans une reprise cyclique. En France nous l’avons découverte très tardivement.  Elle  ne fait que commencer chez nous alors que la zone euro en est à son 18ème trimestre consécutif de croissance. Le retournement est  donc pour bientôt et il ne faut pas croire qu’il serait retardé chez nous.

Il  manquait une pièce au puzzle : l’augmentation des salaires qui relancerait  l’inflation. Le mouvement est enclenché aux Etats-Unis et a fait chuter Wall-Street, il ne tardera pas en Europe. Ce sera l’accélérateur de la remontée des taux.

La course de vitesse est engagée. Si nous ne prenons pas nous-même des mesures vigoureuses pour réduire notre endettement, si nous ne faisons pas nous-même des choix difficiles, ce sont les marchés qui nous les imposeront. L’euphorie économique actuelle est forcément grisante mais ne doit pas nous leurrer : nous  avançons sur une corde raide et elle est peut-être le signe avant-coureur de la tempête qui se prépare. Rappelons-le une dernière fois : l’ampleur des deux déficits budgétaire et commercial, le niveau du chômage, l’endettement de l’Etat, des entreprises et des ménages nous rendent très vulnérables.

C’est là qu’on  verra si Macron est à la hauteur, car les mots ne suffiront pas.



LA CROISSANCE EST LA, PAS L’EMPLOI !

Croissance 2014 panne

 

La  croissance tellement attendue.

Non sans triomphalisme, le gouvernement a annoncé que la croissance du produit intérieur brut français (PIB) avait progressé de 1,9 % en 2017. Ce succès est revendiqué par tous, y compris les amis de François Hollande. Le gouvernement, bien sûr, qui travaille depuis sept mois, mais aussi les hollandais qui affirment qu’elle résulte des mesures adoptées par l’ancien président, CICE et pacte de compétitivité. C’est de bonne guerre, pourtant ils n’y sont pas pour grand-chose, car elle vient surtout par l’extérieur.

On ne peut s’empêcher de se poser d’autres questions.

La croissance à 1,9 % est-elle suffisante, car elle n’a eu qu’un impact très modéré sur l’évolution de l’emploi : la France a créé 250 000 emplois en 2017, mais huit cent mille personnes se sont présentées sur le marché du travail alors que seulement 660 000 seniors prenaient leur retraite, et il en résulte un « surplus » de chômeurs de l’ordre de 140 000. Le taux de chômage n’a donc diminué que de manière insatisfaisante et se situe aujourd’hui à 9,6 %.

Autre question : dans l’Union européenne, le PIB a bondi de 2,5 %. Ce qui signifie que, si notre croissance est honorable, elle est tout de même inférieure à la moyenne européenne et que cette différence de 0,6 % nous empêche de retrouver des indices comparables à ceux de l’Union, qu’il s’agisse du commerce extérieur, de l’emploi et du taux d’industrialisation de notre pays, figé à 12% de la production brute alors que, ailleurs , il est de 15 ou 17 %.

Un modèle  économique inefficace.

Si la croissance traîne les pieds en France,  c’est à cause d’un modèle économique suranné : celui de l’économie administrée qui perdure derrière les quelques réformettes libérales engagées par le gouvernement actuel, qui ne redonnent pas suffisamment de liberté d’action et de marges de  manœuvre à notre appareil productif. Par ailleurs on continue de relancer la consommation par le  prélèvement d’impôts (la CSG et les taxes) et les déficits, qui font davantage travailler le travailleur asiatique que l’hexagonal, creusent notre dette et le déficit de notre commerce extérieur, si bien qu’au terme de la boucle, notre  pays n’a pas créé de richesse supplémentaire et s’est même appauvri. L’Etat continue d’acheter une croissance faiblarde à crédit en assommant  d’impôts au passage les classes moyennes. Si vous avez regardé votre bulletin de salaire, vous savez maintenant à quoi vous en tenir.

Le  chômage résiste.

Si la situation française semble s’être franchement améliorée en quelques mois, avec un rebond porté essentiellement par l’investissement, il n’en est pas de même de la création d’emplois. Le volet confiance du côté  des ménages comme des entreprises est indiscutable. Mais d’une part, la réforme du marché du travail ne produira  des effets –si elle en produit- pas avant 2019, et d’autre part, les entreprises  ne trouvent pas sur le marché les qualifications dont elles ont besoin. On pointe ici l’urgence de mettre la formation des jeunes et  moins jeunes en adéquation avec le contenu des offres d’emplois,  l’autre urgence d’accélérer la réforme de l’apprentissage qui  facilite l’embauche (c’est prouvé), et aussi  la nécessité  de rendre le travail beaucoup plus attractif que  les prestations qui permettent de s’y soustraire. Les exemples abondent de ces « jeunes » qui font le  choix de travailler en pointillé, se complaisant dans une alternance entre CDD et « inactivité sous alloc’ ».

Un rythme d’avant crise.

La zone euro a connu une croissance de 2,5% en 2017, pour les 19 pays qui la composent. Elle n’avait pas connu une telle progression depuis  dix ans. On voit qu’avec 1,9%, la France reste largement sous la moyenne du club de l’euro. Mieux, l’union à 28 affiche la même performance. Au palmarès, citons l’Allemagne (inévitable) avec 2,2%, la Pologne avec 4,6% (!), l’Espagne avec 3,1%  malgré la Catalogne (même pas peur). L’économie de la zone euro qui a profité du redémarrage mondial tourne à bon régime et s’accompagne d’une hausse  des valeurs européennes. La baisse du chômage va de pair, sauf en France. En zone euro il est passé de 9,6%  à 8,7%.

Mais cet élan a un revers : il contribue à une autre hausse, celle de l’euro. En 2018, il faudra surveiller l’impact de l’euro dont la vigueur pourrait annuler les effets de l’amélioration de la demande extérieure (en clair : les exportations). Et puis, les risques politiques ne sont pas nuls : en Allemagne la grande coalition peine à se mettre en place laissant un espace que l’AFD a mis à profit  pour s’emparer de la présidence de la commission des finances et de la commission des lois du Bundestag, et en Italie où les élections législatives sont à haut risque avec la nouvelle percée prévisible des populistes. 

Enfin, à noter le consensus  des  analystes : ralentissement prévisible en 2019. Même s’il n’est pas avéré, il serait prudent de l’envisager.

A suivre : la dette, bombe à retardement...


REPUBLICAIN ? … PLUS QUE JAMAIS !

Daniel Houlle001

 

Les Républicains ont un leader.

Ceux qui en doutaient n’ont pu être que convaincus par la prestation de Laurent Wauquiez à « l’Emission politique », ce parcours du combattant où tous les coups  sont permis quand il s’agit d’une personnalité de droite. Dieu sait que tout a été fait par ses adversaires et certains médias  pour donner de lui une image exécrable auprès des Français, depuis  son élection.  On ne sera  donc pas étonné qu’il n’ait pas attiré un très large public. L’absence d’enjeu autre que l’actualité de la vie politique  a pu contribuer  aussi à banaliser sa venue sur France 2. Néanmoins, il lui fallait transcrire en terme médiatique sa victoire écrasante du 10 décembre, qui l’a placé à la tête du principal parti d’opposition. Il est au début d’une tâche immense puisqu’il arrive sur les ruines encore fumantes des deux défaites cinglantes de 2017. Il a beau avoir été député et ministre, présider la Région Rhône-Alpes-Auvergne, son déficit de notoriété est considérable. S’il fallait que l’émission valide son entrée dans la cour des grands, eh bien, c’est fait !

Maîtrise et compétence.

Ainsi, il a pu, plus de deux heures durant, s’adresser à un auditoire dépassant le  cercle  des adhérents convaincus, et affirmer sa crédibilité, avec une expression claire et ferme sans jamais   sombrer dans l’agressivité. Ceux qui attendaient des positions outrancières en ont été pour leurs frais, Laurent s’appuyant même sur celles d’Alain Juppé pour évoquer le regroupement familial et le droit du sol, ce qui clouera le bec à ceux qui espéraient avoir un prétexte pour prendre leurs distances avec le  parti. Même Alain Minc, convoqué dans le rôle du « triste sire » en s’enfermant dans un procès à peine voilé en « pétainisme », s’est fait laminer par des réponses ancrées  dans la réalité et des convictions assises sur un substrat de culture éloquent. Quant à l’arpette du gouvernement,  Benjamin Griveaux, il n’a pas fait le poids, avec ses arguments imprécis et tellement attendus…  C’est donc un Laurent Wauquiez jugé convainquant qui  a terminé l’émission. Il a pu rôder son réquisitoire de premier opposant,  se plaçant sur le terrain du pouvoir d’achat plus que sur celui de l’identité. Même la vision de l’Europe qu’il dessine paraîtra frappée au coin du bon sens pour le plus grand nombre. Là aussi, il faudra beaucoup de mauvaise foi pour justifier d’aller voir ailleurs,  n’est-ce pas cher Alain…

Une droite pas si « à droite ».

Le patron assume son credo d’appartenir à une droite « qui ne s’excuse pas d’être à droite ».  Or, il a pu s’expliquer sur l’immigration, la  laïcité, la PMA, la sécurité, avec clarté et affichant des convictions qu’on  partagera d’autant  plus qu’elles sont pour le moins raisonnables, et tranchent avec le flou présidentiel dans les mêmes domaines. C’est bien pour cette raison que tout ce que la planète politique compte de courtisans et experts en chausse-trappes s’est aussitôt activé  à caricaturer et à dénaturer, telle Fabienne Keller dans le débat qui a suivi. Mais quand le contact direct avec l’opinion a été établi, le travail de sape est bien plus compliqué. Laurent Wauquiez a été entendu sur ses positions de fond et elles  mettent les « embarras partisans » au second plan.  Alors, ceux-là peuvent bien partir ou quereller sur leur part d’influence  d’autant plus bruyamment qu’elle est réduite, au moins les électeurs ont aujourd’hui une bonne raison de se réjouir : la droite a un nouveau patron, et il a la  pointure ! Et qui plus est, il a montré sa capacité à rassembler.

La faute de Pécresse.

Le conseil National du 27 janvier était attendu : il consacre  la  remise en route officielle et complète des Républicains. Le succès remporté  à « l’Emission politique », a permis à Laurent Wauquiez de  l’aborder dans les meilleures conditions. Et d’ailleurs ce fut une journée de mise en place studieuse, au cours de laquelle  les cadres du parti auront pu découvrir une équipe nationale renouvelée, un bureau politique rajeuni, un président du Conseil national, Jean Léonetti, inspiré et réfléchi comme à son habitude.  Il fallait évidemment  compter avec la fausse note  et les  médias n’ont retenu que ça. C’est l’arrivée tonitruante de Valérie Pécresse, en retard (volontairement ?), en plein milieu du discours Jean Léonetti, qui a valu à la Présidente de la Région Ile-de-France une bronca  et des sifflets d’une poignée de participants,  que Laurent Wauquiez s’est empressé de calmer pour faire  « applaudir chaleureusement » la perturbatrice. Banal dans un congrès. Mais celle-ci est trop avisée pour ne pas avoir agi sciemment.  Avait-elle peur de passer inaperçue ? A-t-elle à ce point besoin d’exister ? Toujours est-il  que ces agissements, puisés à l’aune de postures alimentées par des ambitions personnelles, ne grandissent pas ceux qui les pratiquent. Dans le contexte de reconstruction actuelle, alors que Macron est à l’affût, agir de la sorte est une faute. D’ailleurs, après avoir lâché ses deux pets nauséabonds, elle est partie sans avoir attendu la réponse du Président du parti. Valérie, il n’y a pas deux droites, il n’y en a qu’une !  On accepte qu’elle soit diverse. Ce n’est pas en divisant qu’on rassemble !

Bref, militer a encore du sens. Ce n’est pas le moindre enseignement de cette fin janvier. Et si je manquais de motivations, le prélèvement de la CSG que je viens de découvrir sur ma  feuille de paie, m'en fournirait.