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FORMATION : HOLD-UP DE L’ETAT !

Apprentissage

 

Une manne importante mal utilisée.

La formation professionnelle coûte chaque année autour de 32 milliards d’euros et on ne peut pas s’empêcher de mettre en relation cet effort colossal avec la hausse du taux de chômage qui l’a accompagné. Il y a donc un  problème,  c’est  le  moins qu’on puisse dire. La formation gérée paritairement par les syndicats et le patronat était une bonne idée, mais seulement en apparence, car depuis quarante ans le dispositif ne semble pas avoir lutté avec succès contre les crises économiques qui se sont succédé. Nous avons un modèle de formation qui coûte très cher, qui a vieilli, et qui a surtout généré des rentes de situation. Un constat s’impose : il  ne profite pas  suffisamment à ceux de nos jeunes concitoyens qui espèrent entrer sur le marché du travail et surtout à tous les autres de rester dans le monde du travail. Voilà ce qui arrive quand on se retrouve à la fois juge et partie. Une réforme est donc indispensable.

L’Etat choisit la pire solution.

Que l’Etat reprenne en main la formation professionnelle n’aurait rien de choquant si l’on évalue à la fois la somme investie chaque année dans ce secteur et les résultats peu probants qu’elle obtient en matière de réduction du chômage. Mais il est loin d’avoir toute la légitimité requise pour lancer une OPA sur la formation. Il n’alimente qu’un tiers de son budget, avec à peu près dix milliards d’euros par an (3,8 milliards directement versés par ses caisses et 5,5 milliards au titre des fonctions publiques) ; les entreprises, pour leur part, dépensent 14 milliards pour la formation professionnelle et le reste du financement est assuré par les ménages (1,4 milliard), l’Unedic (2,1), les régions (4,5), les autres collectivités territoriales (117 millions). Pourtant, désormais, la gestion des montants recueillis sera désormais gérée par l’Etat qui souhaite accélérer la formation en la finançant lui-même et en prenant toute une série de dispositions très techniques destinées à faciliter l’accès aux droits pour ceux qui souhaitent bénéficier d’une formation professionnelle. C’est l’Etat qui recueillera les fonds par le biais des Urssaf et non plus les 6 000 collecteurs dont c’est la tâche permanente et qui ne pourront survivre que s’ils sont affectés à d’autres tâches, ce qui explique que le nouveau dispositif déplaît souverainement aux syndicats et en particulier à la CFDT, vivement opposée à cette réforme,  et au patronat, mécontent qu’on le prive d’une activité lucrative et qui n’aura de cesse de rappeler qu’il apporte près de la moitié des sommes dépensées. Il faut dire que les résultats obtenus ne plaident pas en la faveur des unes et des autres. La transparence sur l’utilisation des fonds n’était pas toujours de mise.  Le choix qui est fait est donc celui de la  centralisation. Cet Etat déjà obèse veut tout faire.  Comme le reste, il le fera  mal et il y a tout à craindre malgré les bonnes intentions affichées : le CPF, compte personnel de formation, sera crédité d’une somme d’argent et non d’heures, le droit à l’accompagnement sera renforcé, les chômeurs bénéficieront d’un accès élargi au dispositif.

Ce sont les Régions qui ont la compétence.

Les technocrates de Bercy ont-ils  encore frappé ? Mme Pénicaud ignore superbement une fois de  plus les Conseils régionaux à qui la  décentralisation a transféré la  compétence en  matière de formation,  ce qui rend la réforme incompréhensible. En plus elle prend le risque de jeter quelques milliers de salariés au chômage, ce qui serait le résultat inverse de celui qui est recherché. Ce sont les Régions que la réforme aurait dû placer comme principal collectrices des fonds de la  formation et  de l’apprentissage. Elles ont une bonne connaissance du tissu économique, ayant par ailleurs la  compétence du développement économique régional, et donc des besoins des entreprises, y compris  en formation.  Elles seules sont en contact avec tous les  types d’entreprises des  plus petites, artisanales, aux plus grosses. Elles ont l’expérience vécue des relations avec  tous les partenaires de la formation,  qu’ils soient branches  professionnelles, chambres consulaires ou syndicats patronaux, avec en plus la coordination nécessaire  avec  la  formation  initiale et continue, des lycées professionnels au Cnam pour l’enseignement supérieur. Elles devraient  être le lieu privilégié de la mise en œuvre des parcours de formation professionnelle continue, et n’étant pas  partie prenante, le lieu d’arbitrage idéal pour la pérennité ou la validation de l’offre. Ne  pas  leur confier ce qui entre dans leurs  compétences  est une faute politique grave.

Il faut donc s’interroger sur les  motivations réelles de l’exécutif.

Cette volonté constante de recentralisation en ignorant sciemment les opportunités offertes par la décentralisation relève d’une vision de l’aménagement du territoire passéiste qui conduira immanquablement au gaspillage et à l’inefficacité.

 

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