COLERE FROIDE EN DIRECT !
23 mars 2018
J’ai vu un Nicolas Sarkozy en colère. Venu au 20H de TF1 pour prendre les Français à témoin et leur assurer qu’il n’avait jamais trahi leur confiance, la nouvelle mise en examen dont il fait l’objet paraît être la goutte d’eau supplémentaire insupportable. A juste titre ! Car l’affaire du financement de sa campagne électorale de 2007 par la Libye ressemble trop à un mauvais polar. Et puis quelle stature ! A côté, l’actuel titulaire passe pour un freluquet. Personnellement, je crois vraiment au mauvais procès, avec une justice qui ne recule devant aucun moyen pour l’humilier : de la garde à vue à la liste des chefs d’accusation fondant sa mise en examen.
Le soupçon d’acharnement
Le fait que ce soit le juge Tournaire qui est à la manœuvre participe du soupçon d’acharnement. Dans l’affaire du financement de la campagne de 2012, le juge Renaud Van Ryumbeke a refusé de signer le renvoi en procès de Nicolas Sarkozy et de treize autres personnes pour financement illégal de campagne. C’est le juge Serge Tournaire qui a tenu à exiger un procès. C’est le même juge qui vient de mettre à nouveau l’ancien président en examen. Ce juge est partout dans les affaires Sarkozy. Pour éviter tout soupçon d’acharnement, on pourrait très bien penser qu’un autre juge aurait pu être désigné. Une chose est sûre : les accusations portées contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire libyenne sont d’une gravité sans précédent. Si elles étaient confirmées, ce qui est très peu probable, elles porteraient un coup historique à la Vè République. L’hypothèse d’un acharnement des Libyens proches de l’ancien dictateur paraît tout de même le plus vraisemblable, ce qui nous amène à nous demander pourquoi la justice prend au sérieux des déclarations de gens irresponsables dont on devine sans effort l’intérêt qu’ils ont à salir l’ancien président, sinon que le juge instructeur est animé du même désir ? Après tout l'aveuglement idéologique, ça existe, non ?
C’est la France qui est atteinte
Nicolas Sarkozy ne plaide pas pour lui-même. En l’humiliant, c’est la France qu’on humilie. A travers lui, il pense, à juste titre, que c’est la fonction présidentielle qu’il a occupée qui est atteinte. C’est parce qu’il a une haute idée du service du pays qu’il ne souffre pas qu’on le soupçonne de malversations. Car on peut voir un acharnement excessif de la justice qui, jusqu’à présent, n’a abouti à aucune condamnation. En dehors des affaires liées à ses dépenses électorales et à des besoins de financement qui allaient beaucoup plus loin que ce que la loi autorise, on a en effet essayé de l’impliquer dans l’affaire Karachi, dans un réseau de transport de drogue (Air Cocaïne), dans une tentative de trafic d’influence à partir d’écoutes destinées à autre chose (l’affaire libyenne, en l’occurence), il doit répondre des sondages qui ont été commandés par l’Elysée, sans appel d’offres… sans parler de "l'affaire Bettencourt" dont il a été blanchi, ça commence à faire beaucoup pour un seul homme. D’autant plus que bien des actes de procédures sont « bordure-line », comme les écoutes de son avocat. On est bien dans un « enfer de la calomnie » !
L’affaire libyenne va trop loin
N’importe qui peut constater que la première « révélation » sur cette énorme affaire de transfert de « cinquante millions d’euros » a été faite entre les deux tours de la présidentielle de 2007. L’énormité de la somme suffirait en soi à en montrer le caractère fantaisiste. Ségolène Royal, qui fut la candidate du parti socialiste à l’époque, intervient aujourd’hui sur les ondes pour dire que, si Nicolas Sarkozy a touché autant d’argent, cela a faussé les résultats de 2007. La chèvre du Poitou a toujours l’esprit d’à-propos. Lui-même, Nicolas Sarkozy, dans la déclaration qu’il a faite au juge au terme de la garde vue et qu’il a transmise au « Figaro », estime que l’affaire libyenne, à ses yeux inventée de toutes pièces, lui aura coûté son second mandat, qu’il a perdu avec seulement 1,5 point d’écart avec François Hollande. Sa mise en examen est motivée par « la corruption passive, le financement illégal de campagne électorale et le recel de fonds publics libyens » : des faits d’une gravité exceptionnelle mais s’appuyant sur des accusations qui ne sont étayées par aucune preuve, sinon des déclarations prononcées par des personnages troubles qui, de toute évidence haïssent l’ancien président, qui, rappelons-le a détruit le régime qui les abritait. Il n’existe absolument aucune trace physique d’un quelconque transfert de fonds libyens, sinon des déclarations écrites ou parlées, qui ne sont soutenues par aucun document fiable, et comment un document de la Libye de Kadhafi le serait-il ? Et c’est là où le bât blesse : est-il normal que la justice influe à ce point sur le destin d’un homme et aussi du pays ? Le directeur de Médiapart, Edwy Plenel, clame qu’il s’agit « du plus gros scandale de la Vème République ». Il va même jusqu’ à établir un lien entre la culpabilité supposée de Nicolas Sarkozy et l’intervention militaire en Libye, dont le moment-clé a été l’assassinat de Kadhafi, comme si le président de l’époque avait voulu se débarrasser d’un témoin gênant. C’est vraiment aller un peu vite en besogne. La campagne de Libye était aérienne et internationale. La France n’a pas été le seul pays à y participer. Les assassins du dictateur étaient libyens. Mais on ne se surprend plus de rien de nos jours, surtout quand il s’agit de journalistes « bien comme il faut » ! Mais imaginer qu’un président français a entraîné plusieurs pays dans une guerre uniquement pour régler ses comptes personnels avec un homme qui l’aurait aidé financièrement, c’est tout de même pousser un peu loin une analyse torturée, d’autant que, dans cette affaire, personne n’a de preuves, même pas les juges, qui ne disposent que de déclarations contradictoires et fluctuantes.
Empêcher la droite d’exister par le soupçon permanent
Les multiples poursuites dont le parti Les Républicains (et avant lui l’UMP) fait l’objet, toujours à propos de financements, ne cessent de créer un malaise dans l’opinion. Certes, d’autres partis politiques ont eu maille à partir avec la justice, mais le cas des Républicains devient obsédant à cause de la longueur des procédures. Au moment où l’on est conduit à stigmatiser les truquages électoraux en Russie et dans d’autres pays qui bafouent les règles démocratiques, la possibilité qu’un parti politique français ait répétitivement tenté de dépenser beaucoup plus que ce qui est autorisé jette une ombre sur le fonctionnement même de notre propre démocratie. On est en droit de se demander comment tous les paratonnerres institutionnels ont pu laisser passer de tels procédés. Rappelons que les comptes de campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy ont été passés au laser et validé par la commission ad hoc. L’affaire libyenne fait passer ses instructeurs pour des guignols. Enfin, pourquoi cette mise en examen maintenant ? Certains y voient une double préoccupation : celle du pouvoir de distraire l’opinion d’une conjoncture qui lui est défavorable et discréditer à la fois l’ancien président et la nouvelle direction du parti au moment où ils mettent des bâtons dans les roues de la réforme constitutionnelle. De là à imaginer un coup de téléphone du « château » à la Chancellerie pour réveiller une procédure … Dans ce mauvais roman, tout est possible. Imaginons ce qui arriverait si l’affaire Fillon débouchait sur un non-lieu !
Depuis l'affaire des "diamants" de Giscard, on sait que la calomnie est meurtrière.
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