HISTOIRE

FAUX PROPHETES ET VRAIE INTOX

Réchauffement climatique 3

 

La France traverse une période de sécheresse inédite.

Evidemment les conséquences en sont dramatiques, puisqu’elle s’accompagne de son cortège d’incendies, de cultures sacrifiées, de maisons dévastées, d’humains désemparés. Notre pays, habituellement mieux servi par la nature, est peu préparé à ce genre d’aléas climatique, ce qui est, de toute évidence un facteur aggravant. Soulignons au passage la réactivité de nos corps de sapeurs pompiers confrontés à des feux épouvantables  dont la plupart ont une origine humaine accidentelle ou plus souvent malveillante.

Mais ce n’est qu’un aléas climatique, comme la Terre est capable d’en produire sans prévenir. Et je me méfie de ces météorologues qui viennent nous annoncer l’apocalypse, comme il le faisait déjà en 1976, sauf que depuis les chaînes en continu leur offrent une caisse de résonance amplifiée. Chacun sait, en effet, que la prévision du temps qu’il va faire est devenue plus fiable  grâce  aux observations des satellites, mais qu’au fond, beaucoup des mécanismes qui y président nous échappent encore tant les paramètres sont nombreux, complexes et souvent imprévisibles.

Le réchauffement climatique est une évidence.

Il n’est  pas nouveau, cela fait 10 000 ans qu’il est à  l’œuvre. Depuis la fin de la dernière glaciation. Il connait des  pauses, des phases de refroidissement (petits âges glaciaires) et des excès comme en cet été 2022.  Et comme toujours, l’Homme  subit  les  caprices de Gaïa mais grâce à son génie, arrive à s’organiser au mieux, tirant de chaque épisode une expérience pour s’adapter. Quant aux déductions que certains commentateurs en tirent, la sagesse commanderait plutôt la prudence, précaution  qui ne semble pas animer la plupart d’entre eux.

Le fléau des demi-sachant.

C’est que les plateaux médiatiques et autres tribunes sont envahies par  les grands prêtres au service de la nouvelle déesse des temps modernes, GaÏa, au premier rang de qui on trouve les climatologues du GIEC suivis de la cohorte des écolos de tout poil, avec pour leit-motiv l’exigence de réduire drastiquement nos rejets de gaz à effet de serre, c’est-à-dire essentiellement celui issu des énergies fossiles,  le CO2.  Moyennant quoi nous parviendrions à enrayer le réchauffement qui, sinon, rendrait la Terre inhabitable à très court terme. Pourtant, rien n’est moins certain mais si je me risque à douter des projections du GIEC, je serai immédiatement mis à  l’index  et catégorisé parmi les  « climato-sceptiques », ce qui revient à être mis au pilori.

Cet écologisme militant confine à l’animisme, comme si l’Homme devait absolument retrouver  la vie en harmonie avec la planète qu’il aurait perdue  par son comportement irresponsable et prédateur et ses activités coupables. Et  c’est en lui vouant un véritable culte qu’il y parviendra.  Sauf que cette harmonie n’a jamais existé que dans la Bible,  et depuis l’histoire de la pomme, on sait ce qu’il en est advenu. La Terre n’a jamais été tendre avec tout ce qui vit sur elle. Aussi  les raisonnements que les écolos exposent forment la trame d’une sorte d’obscurantisme, et, depuis Greta Thunberg, on a  compris que derrière tous les  ukases visant à sauver la planète se  cachent une science aléatoire de « demi-habiles » comme aurait dit Blaise Pascal, aggravée d’un projet politique bien réel, celui de la décroissance et de  l’anticapitalisme, lequel serait à l’origine de tous nos maux.  Le  XIXème siècle à la vie dure. 

La doxa écologisante.

Ces demi-savants qui nous saturent de  leur communication, et en cette période de chaleur anormale il n’en manque  pas  un à chaque heure qui passe pour nous répéter à l’envi son antienne, sont des intellectuels standardisés, des diplômés mal assumés, des intelligences paresseuses  voire des obscurantistes de la raison. Convaincus que leurs argumentaires stéréotypés disent le bien, ils méprisent plus savants qu’eux qui viendrait les contredire. Car ces demi-savants sont d’abord des dévots qui vivent dans leur monde simplifié. Ils  ne vont jamais ou bout de leurs raisonnements, et comme la raison cède à la loi du moindre effort, ils abattent la carte insurmontable, celle du jugement moral. Si vous ne pensez pas  comme  eux, c’est que vous êtes un salaud ! Leur esprit ne connaît qu’un menu unique : développement durable, antiracisme, vérité libertaire. L’effort de la réflexion n’est pas pour eux. Cet obscurantisme confortable  n’est pas sans inconvénients ni contradictions.  Ainsi on a vu nos professeurs de développement durable qui d’ordinaire s’insurgent avec véhémence contre ceux qui produisent trop de CO2, absoudre sans débat la réouverture des centrales à charbon, nécessitées par les conséquences énergétiques de la guerre en Ukraine. Les militants de la cause crient au scandale face à la recrudescence des transports aériens réputés très polluants, sans jamais se poser la question de l’empreinte écologique de leur consommation d’internet dont ils abusent, à l’origine d’une pollution qui approche  le double de celle du secteur civil aérien.

Science sans conscience, n’est que ruine de l’âme.

Banal, me direz-vous. Mais grave. Parce qu’on en arrive au fanatisme écologique avec la création de commandos capables de  commettre les pires méfaits au détriment des braves citoyens qui respectent la loi. Ainsi, on a vu des équipes se mobiliser nuitamment pour faire le  tour des vitrines qui restent allumées la nuit, afin de les  éteindre par des  moyens pour le moins discutables. Cela resta anodin.  Ce n’est pas  toujours le cas. D’autres font le tour des rues pour dégonfler les pneus des gros 4X4 qui n’ont rien à faire en ville ou pénètrent chez les particuliers pour percer les jacuzzis : comportement fasciste s’il en est. On est encore  au niveau de l’incivilité. Mais quand on s’en prend à des bassines, comme cela vient d’être le cas  en Vendée, ces réserves d’eau à l’utilité cruciale en ces temps de sécheresse, avec à la clé des dégâts qui se chiffrent en dizaines de milliers d’euros, on tombe dans l’obscurantisme le plus crasse et le terrorisme insupportable. On pourrait évoquer les multiples actions contre  les forestiers qui entretiennent les forêts… Ce ne sont là que quelques exemples. Ces commandos constituent le bras armé visible d’une dictature de la pensée.

Pourtant, comme dirait l’autre, ça se discute !

Il serait grand temps qu’on ouvre enfin un vrai débat scientifique sur l’origine du réchauffement climatique. Est-il normal que le GIEC soit composé essentiellement de climatologues et de glaciologues, dont la base de données n’offre que 150 ans de recul en regard d’une ère géologique dans laquelle nous vivons qui remonte à 12 000 ans ? N’y a-t-il pas, comme le suggèrent géophysiciens, astrophysiciens, paléontologues, d’autres causes que les rejets de CO2 d’origine anthropologique comme explication au réchauffement ? Que faut-il penser des scientifiques qui assurent que le principal gaz à effet de serre n’est pas le gaz carbonique mais la vapeur d’eau ? Et enfin pourquoi les médias ne prennent-ils jamais en compte cette  prévision de la NASA qui annonce  depuis 2014 la probabilité d’un « petit âge glaciaire » dans les  années 2030-2040, prévision confirmée par la Royal Astronomical Society en 2017 ? Cela fait beaucoup de sujets qui viennent bousculer la « pensée unique » que voudraient imposer les Verts. C’est d’autant plus important que nous sommes à un moment où se prennent des décisions hautement stratégiques comme  la fin de la production des  moteurs thermiques pour les automobiles en 2035  qui va coûter des milliards d’euros sans parler des aspects humains. Je vois venir l’accusation immédiate : la forêt brûle et il veut regarder ailleurs !  C’est justement parce que la forêt brûle qu’il est temps de se demander quelle part de responsabilité revient à l’Homme et quelle part appartient à  l’Histoire de la Terre… contre laquelle on ne peut pas grand-chose.

 


PAS DE PANIQUE !

Fin du monde tintin

 

Le portefeuille des ménages reste durement frappé par la hausse massive des prix : les prix ont augmenté de 6,1% sur un an. Et celle-ci n'est pas terminée. L'inflation tricolore reste bien moins élevée que chez nos voisins : en juin, selon Eurostat, celle-ci atteignait ainsi 10,5% sur un an en Belgique, 8,2% en Allemagne, 10% en Espagne et 8,5% en Italie, ou encore 8,7% en Autriche. Le remède ? La  hausse des taux qui débouchera sur un ralentissement de la croissance, voire une récession. Quoi qu’en disent les experts ou qu’annonce le gouvernement. La croissance française continue de faire illusion avec la prolongation du "quoi qu'il en coûte" qui fait que la menace de la dette s'ajoute à celle de l'inflation.

Un ralentissement salutaire.

L'économie mondiale a besoin de passer par la case « récession » pour retrouver son fonctionnement normal. La récession arrive et ce n'est pas une mauvaise nouvelle.

Le FMI a publié ses nouvelles prévisions de croissance, nettement en baisse. Et nous risquons de connaître un ralentissement massif. C’est tout simplement le signe que l'économie retrouve son fonctionnement normal, sans l'intervention des banques centrales (enfin presque) qui en jouant aux apprentis sorciers ont fait sauter la banque. Nous observons une inflation massive, donc une baisse de la consommation des ménages et un ralentissement des investissements des entreprises, donc aussi un ralentissement de la croissance qui annonce une récession : un cycle économique classique !

Dans ce contexte, il est important  que l’Europe reste synchronisée avec les Etats-Unis. Comme l’euro a décroché par rapport au dollar, la Banque centrale européenne a été obligée de réagir en relevant ses taux d'intérêt plus vite que prévu. Elle les a relevés de 0,5% alors qu'elle n'envisageait de les relever que de 0,25% il y a encore quelques mois. C'est un changement après des années de laxisme et de taux d'intérêt négatifs, mais on ne doit pas s'arrêter à ça. La BCE réagit avec du retard, trop de retard. Toutes les autres principales banques centrales ont déjà remonté leurs taux et dans le cas des États-Unis et de la Grande-Bretagne de façon beaucoup plus marquée. La BCE a maintenu des taux d'intérêt négatifs alors que la situation économique de la zone euro ne le justifiait plus. Avec la forte croissance de sortie du Covid et le dérapage de l'inflation qui avait démarré bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, plus rien ne justifiait cette aberration. La hausse de la BCE n'est que de 0,5% alors que le taux d'inflation est supérieur à 8 ou 9%. Ce que les analystes de pacotille ont jugé spectaculaire a  engendré, en Europe des taux d’intérêt qui restent à …  0% ce qui, avec l’inflation actuelle reste une aberration. D’ailleurs, les  commentateurs, comme d’habitude  n’ont pas vu le plus important : la BCE s'est dotée des moyens d'intervenir sans limite sur les emprunts d'un pays si la situation le justifie.... En cas de dérapage des taux italiens, par exemple, elle pourra donc acheter, sans limite aucune, la dette italienne pour éviter la « fragmentation de la zone euro ».

Christine Lagarde a donc fait le service minimum. Elle a fait semblant de monter les taux d'un côté pour montrer que la BCE agissait contre l'inflation mais cette hausse de taux est tellement limitée et le niveau des taux reste tellement bas que cette hausse n'en est pas une. Surtout qu'elle s'accompagne d'un programme massif d'injections potentielles de liquidités en cas de danger sur la dette d'un pays. De nouvelles hausses des taux sont inéluctables, même si l’Union européenne, par sa diversité, est infiniment plus compliquée à piloter  que les  Etats-Unis.

Selon le  FMI la croissance mondiale sera de 3,2% en 2022, et de 2,9% en 2023, 0,7% de moins que les prévisions faites il y a trois mois seulement. En même temps, le  même FMI relève ses prévisions d'inflation à 8,3% pour 2022 et à 5,7% en 2023. Toutefois on peut envisager une inflation plus faible que 5,7% en 2023 car elle va ralentir. Elle va ralentir « grâce » au ralentissement de la croissance et à la récession qui va toucher certains pays.

Les Etats-Unis donnent le cap, comme toujours.

Comme il fallait s’y attendre, la Banque centrale américaine a relevé ses taux d'intérêt de 0,75%. C'est la quatrième hausse de taux consécutive. Et la deuxième hausse de taux consécutive de 0,75%.  Et ce n'est pas terminé. 2,25/2,50 %, c'est donc la nouvelle fourchette du taux directeur de la FED. On était à zéro avant la première hausse de taux en mars. Mais pour le patron de la FED, la situation est claire : « L'inflation est beaucoup trop haute, et le marché du travail reste encore trop tendu. » Il y aura d'autres hausses de taux, en fonction de l'évolution de l'inflation et de la croissance. Il ne donne pas d'objectifs chiffrés mais on peut imaginer qu'il ne marquera pas de pause avant que le taux directeur soit à 3,50%. Rappelons que l'inflation, aux Etats-Unis est au-dessus de 9%, son plus haut niveau depuis 40 ans. Car Jay Powell n'a pas peur de la récession, il croit même que les États-Unis parviendront à l'éviter. Mais il a raison de considérer que le vrai problème est l'inflation. D’ailleurs, les indices boursiers ont salué la hausse et les hausses à venir par une progression forte : 2,62% pour le S&P 500, 4,06% pour le Nasdaq, et vous remarquerez que le CAC40 reste  au-dessus des  6 000 pts.

Ce qui est important, ce sont les anticipations des investisseurs sur les taux. Ils anticipent bien une hausse des taux à court terme mais ils commencent déjà à se positionner sur l'étape d'après... et l'étape d'après c'est la baisse de l'inflation du fait du ralentissement de l'économie. Les marchés anticipent donc déjà une baisse des taux dans 12 à 18 mois, et même que la FED baissera ses taux d'intérêt dans 18 mois quand la menace de l'inflation aura disparu. Un scénario très plausible !

Pour  l’immédiat, il nous faut bien retenir que l'inflation et la hausse des taux par les banques centrales vont provoquer un ralentissement salutaire de l'économie des grandes puissances mondiales, que ce ralentissement va terrasser l'inflation et que c’est nécessaire car l’inflation est un danger beaucoup plus grand qu'une récession temporaire. Bien sûr, vous allez avoir droit à la panique sur les anticipations de récession, accompagnée de cris, de prévisions catastrophiques, bref, on va vous annoncer la fin du monde ! Mais rappelez-vous, quand ça arrivera, que ceux qui paniquent sont ceux qui n'ont pas vu l'inflation venir, qui ont affirmé ensuite haut et fort qu'elle était temporaire et qui ont oublié la relation entre inflation et consommation. Les mêmes aujourd'hui pensent aussi que la hausse du gaz sera permanente et non temporaire… On n’est pas obligé de tout croire !


TOUT VA MAL ! FINALEMENT, TANT MIEUX ! (Peut-être)

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L'économie ralentit.

L’économie ralentit fortement en Europe. En Chine aussi, avec  le confinement  qui perdure. Mais le coup de frein est aussi significatif aux États-Unis, même si c’est dans une moindre mesure. On a cru qu'on pouvait prolonger les cycles de croissance à l'infini avec des plans financés par de l'argent magique, qu'on pouvait même empêcher la croissance de chuter. On l'a vu avec la crise des subprimes, puis la crise de l'euro, surtout avec la crise du Covid. Avec ce jeu malsain, les banques centrales et les États, avaient fini par oublier le jeu des cycles économiques. Mais voilà, on a atteint les limites du système comme l'a reconnu la semaine dernière la patronne du FMI. La mauvaise nouvelle  c'est que les banques centrales n'ont plus de marge de manoeuvre car elles ont fait exploser l'inflation avec leur torrent d'argent magique. La guerre en Ukraine et ses conséquences a amplifié le phénomène au mauvais moment. Pour un Etat surendetté comme la France, c’est une complication supplémentaire.

La situation actuelle s’explique facilement et était largement prévisible : l'explosion de l'inflation,  couplée aux conséquences du Covid avec ses pénuries et ses ruptures d'approvisionnement, avait  commencé à provoquer partout un ralentissement de la croissance, avec une amplitude variable selon les zones. En conséquence les banques centrales sont obligées de réagir en remontant les  taux d’intérêt. De ce fait, elles vont accentuer la décélération de l'économie, surtout aux États-Unis, en arrêtant de faire tourner la planche à billets. Pour l’instant la  BCE reste prudente mais elles sera obligée d’y venir, à moins de laisser  l’euro continuer de se déprécier  par rapport au dollar.

En fait c’est (peut-être) une bonne nouvelle !

Pour que l’économie retrouve une situation normale, avec des circuits qui soient rétablis et une inflation qui rechute, il faut absolument que l'économie ralentisse. C'est le seul moyen de réduire la pression qui crée des tensions et des fissures partout. Il va falloir réapprendre à laisser les cycles économiques reprendre leur cours normal. La baisse de l'inflation provoquée par la hausse des taux et la baisse du pouvoir d'achat va permettre, à terme, de redonner du pouvoir d'achat aux ménages et de revenir à des niveaux de croissance moins volatils et plus sains. L'économie ne peut pas fonctionner uniquement avec des substances artificielles et hallucinogènes. Il va donc y avoir une période de « transition »,  compliquée tant au plan de l'économie qu'au plan des marchés, mais c'est une étape nécessaire. D’ailleurs le grand nettoyage sur les marchés a largement commencé. La combinaison de l'inflation, de la hausse des taux d'intérêt, de la guerre en Ukraine et du confinement en Chine pèse sur les indices boursiers : les actifs les plus touchés sont ceux dont les valorisations étaient les plus aberrantes, mais l'onde de choc se propage au-delà.

Les taux d’intérêt s’envolent  et atteignent des niveaux qui sont encore loin de la normale, mais qui s'éloignent de l'anormal : finis les taux d'intérêt négatifs, finie la dette française financée à 0%. On assiste à une véritable tension sur les taux d'emprunt des États à 10 ans. Aux États-Unis, on est à 3,15%, et la hausse devrait continuer. Avec le plein-emploi affiché vendredi dernier et des taux d'inflation supérieurs à 8%, des taux autour de 3% restent encore étonnamment faibles. L’Europe aussi connait des tensions. La France emprunte à 1,65%. On était à -0,17% il y a moins de 9 mois. Les « spread », c'est-à-dire la différence de taux d'emprunt, entre l'Allemagne et les autres pays de la zone euro divergent. Alors que l'Allemagne emprunte à 10 ans à 1,15% (-0,52% il y a encore quelques mois), l'Italie emprunte déjà à 3,15%, un « spread » de 2% par rapport à l'Allemagne, l'Espagne à 2,25%. Là encore rien de plus normal, mais on n'était plus habitué à ce que les marchés réagissent normalement. Donc rien d’étonnant aux mouvements actuels sur les marchés. La hausse des indices boursiers a été alimentée par la baisse des taux d'intérêt et les injections (trop) massives de liquidités. La hausse des taux d'intérêt et l'arrêt des injections de liquidités alimentent la baisse des marchés. C'est aussi basique que cela constate Marc Fiorentino.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des rebonds puissants, sur d’éventuelles bonnes nouvelles…

Un retour à la normale qui complique le début du quinquennat.

En attendant, le deuxième mandat d’Emmanuel Macron démarre sous le signe d’un grand affaiblissement. Le déficit commercial de la France s’est creusé à 12,4 milliards d’euros en mars, pour atteindre, sur les douze derniers mois, 100 milliards d’euros, viennent d’annoncer les Douanes. Un double record, sur un mois et sur une année glissante. La moitié de la dégradation récente est due à la  facture énergétique : le prix des biens importés comme le pétrole, le gaz et l’électricité augmente de 19% sur trois mois. Il y a aussi des effets indirects : la France importe des biens qui se fabriquent avec beaucoup d’énergie, dans la chimie, la métallurgie, le bois et le papier… Les prix de ces importations augmentent davantage que celui de nos exportations.

Autre facteur conjoncturel aggravant : la dépréciation de l’euro par rapport au dollar, monnaie dans laquelle se règle le pétrole. Le remède, ce serait la remontée des taux par la BCE, ce qui ne nous arrange pas non plus à cause de la dette. « Si le ralentissement de la croissance et le retour en boomerang de l'inflation dans la zone euro, en raison de la guerre en Ukraine, font redouter une stagnation de la croissance couplée à une forte inflation » constate Christine Lagarde, elle en profite pour rappeler «l'ordre des événements». « Il convient d'abord de mettre fin au programme de rachat de dettes qui devrait intervenir au début du troisième trimestre avant de procéder aux ajustements des taux directeurs quelque temps après et de façon graduelle. » Voilà qui donne un peu de visibilité, mais ne simplifie pas la tâche pour autant. Encore faut-il qu’aucun événement contrariant ne vienne perturber ce schéma.

 


2022, PETIT ETAT DES LIEUX…

Globe-terrestre-

 

L’année 2021 s’est terminée en fanfare pour les bourses mondiales, malgré les vagues successives de coronavirus. Rien n’a réussi à entamer la confiance des boursicoteurs  dopés par l’excès de monnaie déversée par les banques centrales. Comme toujours la bourse promet la Lune, mais on ne veut regarder que le doigt qui la montre, l’indice. 

Le bilan de l’année est inespéré en France sur le front de l’emploi avec  un demi-million de chômeurs en moins sur douze mois  et la stabilisation du chômage à 8% de la population active. La reprise technique de la croissance après  le  creux de -8% en 2020  l’explique en partie, car un coup d’œil à la pyramide des âges nous montrerait qu’un déficit du nombre d’entrées sur le marché de l’emploi est loin d’être le fait du hasard et explique en grande partie  que  le chômage des jeunes soit au plus bas et que plus d’un million d’emplois ne soient pas pourvus. Ceux qui ne sont pas nés il  y a vingt ou trente ans manquent à l’appel !  Mais loin d’être solide, le retour de la croissance reposait sur une illusion que la vague  « omicron » est en train de faire s’évaporer.

Du côté du Brexit, le gars Bojo prend enfin le retour de bâton  que méritent sa mauvaise foi et ses mensonges. Les multiples difficultés rencontrées par les importateurs et exportateurs britanniques pour s’approvisionner ou pour vendre, montrent que le  Brexit,  loin de leur redonner  une liberté de manœuvre, leur impose  de nouvelles contraintes et débouche sur une perte massive de souveraineté réelle. On est loin du « take back control » ! 

Le  monde ne sera  pas moins dangereux.  Poutine, qui n’en finit pas de montrer ses muscles du côté de l’Ukraine, semble vouloir privilégier la  voie diplomatique face à Biden mais en même temps lorgne du côté de la Chine. Les dictateurs nous montrent un peu plus chaque jour qu’ils n’ont peur de rien,  qu’ils  aient des résultats catastrophiques comme Erdogan, ou qu’ils tissent les fils étroits des routes de la soie  à travers la  planète avec la main de fer du communisme comme Xi Jinping, qui ne renonce pas à annexer Taïwan.  Dans ce sombre concert,  l’Europe aura bien besoin d’être unie pour espérer jouer un bout de partition. Il ne faut pas oublier que nous devons lutter en permanence contre  l’universalisme islamiste qui ne renonce pas à sa conquête de la planète et dont les démocraties occidentales sont les premières cibles à abattre.

Enfin, puisque la France prend la présidence de l’Union européenne pour six mois, profitons-en pour célébrer comme il se doit les vingt ans de l’Euro. Que les  Français l’aient adoptée par raison ou par passion, il n’en reste pas  moins que la monnaie commune apporte la crédibilité budgétaire à la quasi-totalité des Etats et heureusement, aujourd’hui, plus personne ne la remet en cause. Elle est devenue la deuxième grande monnaie internationale derrière le dollar en même temps qu’une balise de sécurité pour les européens,  qu’il s’agisse de l’épargne,  de la stabilité monétaire indispensable à nos entreprises, ou encore des capacités financières incomparables qu’elle peut apporter aux Etats eux-mêmes. Son seul défaut est qu’elle peut inciter au laxisme et malheureusement la France  ne sait pas y résister.

Voilà de quoi donner du grain à moudre pour le bloc-notes,  en ajoutant la campagne présidentielle, vous l’imaginez bien.

Une bonne année 2022, je ne sais pas, mais passionnante, certainement !

A  suivre, La France, une sorte de Cuba en Europe.

 


ECONOMIE : INFLATION, DETTE et Cie

économie plomberie

 

Comment va-t-on pouvoir concilier inflation et dette ? Un sujet qui revient à l’ordre du jour, d’autant plus que l’Allemagne revient dans le jeu avec un nouveau gouvernement et de nouvelles exigences.

Les effets de  la crise.

Vous vous rappelez, avant le Covid, les Etats de l’Union européenne étaient soumis au « pacte de stabilité », c’est-à-dire à la nécessité de respecter des normes budgétaires et à la contrainte de contenir l'endettement public. Il n’était pas simple d’économiser l’argent, surtout dans un pays comme la France, et encore moins simple de réaliser les réformes pour tenter de gagner quelques milliards ici et là. Il a suffi qu'un virus apparaisse en Chine et se propage dans le monde entier pour que tout change, et comme par magie, tout est devenu possible. Il fallait de l’argent : on en a fabriqué beaucoup et de plus en plus. Oubliées les réformes, les économies, les  contraintes. Pas de problème pour les déficits, la dette… On peut comprendre qu'il ait fallu intervenir par une décision politique, « quoi qu’il en coûte »,  qui visait à nous préserver pour tenter de compenser une décroissance subie. Mais pourquoi continuer aujourd'hui ? Pourquoi continuer à distribuer des dizaines de milliards d'euros ? C'est que maintenant qu'on a ouvert la boîte de Pandore, impossible de la refermer !  Surtout en France.

La question du retour à l’orthodoxie budgétaire.

Le  gouvernement français a profité du vide politique en Allemagne pour continuer, sous prétexte de crise sanitaire, même après le rebond de l'économie, à dépenser et dépenser encore. Les quelques mois de battement nécessaires à la formation d'un nouveau gouvernement en Allemagne ont été une aubaine. Avec les sociaux-démocrates, alliés en plus aux écologistes, on avait une chance de faire sauter définitivement les règles de Maastricht, d'oublier les contraintes de limite du déficit à 3% du PIB, et d'enterrer les limites d'endettement. Et la France se frottait déjà les mains. Mais La nouvelle coalition gouvernementale, appelée « feu tricolore », a un troisième allié : les Libéraux, et leur chef de file, Christian Lindner, est un faucon, gardien du temple de la rigueur ! Le problème pour la France c'est qu'il est devenu...ministre des Finances. Il a donné tout de suite le ton en expliquant qu'il fallait revenir en Europe à l'orthodoxie budgétaire et que l'Allemagne ne devait pas continuer à financer les dérives de certains pays de la zone euro... Dans le programme du gouvernement de la nouvelle coalition allemande, l'austérité est à nouveau gravée dans le marbre et le retour à l'équilibre budgétaire obligatoire. Comme les Sociaux-Démocrates et les Verts ont laissé les clés des finances allemandes et européennes à Lindner, il va avoir les mains libres. Comme qui dirait un caillou dans la chaussure du gars Macron.

La parade de la France.

Si vous vous demandiez pourquoi notre Président est allé à Rome et a signé avec Draghi un traité bilatéral de coopération, la réponse  est toute simple : il fallait trouver une parade au père fouettard allemand. La parade, c'est Mario Draghi. Il s’agit d’utiliser le leader italien pour calmer les ardeurs de Lindner, et gagner du temps. Un axe Paris-Rome avec le banquier central qui a sauvé l'euro et qui fait figure de référence en Europe et de sauveur en Italie peut changer la donne. Plutôt que chercher à assainir nos finances, on continue à chercher des prétextes ou des alliés pour dépenser sans compter. Il n'y a qu'en France qu'on pense que « c'est gratuit puisque c'est l’État qui paie. » En ce sens, Macron est un continuateur discipliné et zélé de Hollande. Car nous n’étions pas dans les clous de Maastricht avant la crise sanitaire, et nous le sommes encore moins après.

Sortie de crise et marché des changes.

Une des spécificités de cette crise est que nous l'avons tous subie de façon assez similaire, avec des intensités et un timing différent, mais tous les pays ont été touchés par la crise sanitaire. C'est ce qui a permis aux principales puissances économiques de mener des politiques extrêmement agressives d'injection de liquidités, de baisse des taux et d'aides gouvernementales massives. Pendant cette période de crise où les marchés ont été extrêmement volatils, les cours de change eux ont très peu fluctué. C’est d’ailleurs une première pour une crise économique de cette importance. Aucune zone n'a été particulièrement sanctionnée par rapport à une autre. Par contre, en sortie de crise, nous sommes confrontés à des situations extrêmement différentes. Et nos banques centrales et gouvernements ont adopté des politiques qui sont très sensiblement différentes, ce qui explique la volatilité des dernières semaines sur le marché des changes, dont l'illustration la plus frappante est la chute de l'euro et la hausse du dollar.

Le rôle déterminant de l’inflation.

L’inflation devrait déterminer le comportement des  banques centrales. Car l’inflation a réapparu. La hausse des prix et le dérapage de l'inflation sont dus à des facteurs exceptionnels : la hausse des matières premières et la hausse des prix alimentaires sont liées à des goulets d'étranglement et à un déséquilibre massif de l'offre et de la demande, conséquence de l'effet rattrapage post crise sanitaire. Mais au-delà des hausses, probablement temporaires, des matières premières, il y a des hausses qui ne disparaîtront pas une fois les goulets d'étranglement résorbés. L'élément majeur du passage d'une inflation « temporaire » à une inflation « durable », c'est, entre autre, la hausse des salaires. Face à la hausse des prix des matières premières et des prix alimentaires et face à la pénurie de main d'oeuvre, les salariés réclament et obtiennent de plus en plus des hausses de salaires. Et si la hausse des matières premières peut disparaître, la hausse des salaires, elle, est permanente. Par ailleurs, l'explosion des prix de l'immobilier partout dans le monde avec des taux de progression spectaculaires nous alerte aussi sur l'inflation des actifs.

Divergence entre Etats-Unis et Europe.

Les Etats-Unis sont eux confrontés à une forte inflation. Celle-ci commence à entamer la confiance des ménages et donc la consommation et devient une préoccupation pour la croissance. Du coup, le sujet est devenu politique et Biden doit combattre l'inflation. En conséquence, la Banque centrale américaine a d'ores et déjà annoncé qu'elle réduira drastiquement ses injections de liquidités pour endiguer l'inflation et qu'elle remontera probablement ses taux. D'où la forte hausse du dollar depuis quelques semaines.

A l’inverse, La zone euro, malgré un fort rebond de l'économie, une baisse du chômage, et malgré la hausse des prix, voit la Banque centrale européenne s'accrocher à l'idée que l'inflation est temporaire. Elle affirme par la voix de Christine Lagarde qu'il n'y aura pas de hausse de taux avant longtemps et que la BCE continuera à injecter massivement des liquidités, au grand dam de la Bundesbank qui ne comprend pas pourquoi on continue à distribuer gratuitement de l'argent alors que l'argent coule déjà à flots et provoque des goulets d'étranglement partout. La conséquence de ce laxisme européen se traduit par la chute de l'euro. Il ne faut jamais oublier que nous sommes toujours indexés sur l'économie américaine. La baisse de l'euro, limitée pour l'instant, n'est pas un sujet d'inquiétude tant qu'elle est maîtrisée. Mais si elle s'accélère, elle pourrait devenir un problème. Car le frein à la chute, c’est l’augmentation des taux.

La baisse d'une monnaie provoque aussi une hausse des prix des produits importés et donc alimente l'inflation. Or on sait  que mécaniquement, la remontée des taux augmentera les intérêts de la dette. Un cercle imparable.


LA FÊTE CONTINUE !

Economie  bourse

 

Le CAC à plus de 6 000 pts ! 

Le CAC atteint ce seuil symbolique. Et les indices boursiers affichent de nouveaux records historiques. C'est le cas du Dax, l'indice allemand, hier. Quel chemin parcouru en moins d'un an ! Ce qui alimente la hausse des marchés c'est cet argent qui coule à flots continus : l'argent des banques centrales,  ou si l’on préfère, l'argent des gouvernements financé par la dette, elle-même financée par les banques centrales. Depuis un an, les gouvernements et les banques centrales ont réagi vite et fort,  et il y a trop d’argent dans le circuit. Il inonde les marchés, accentuant la financiarisation de l’économie et le  découplage avec l’économie réelle. Si bien que les connaisseurs le savent, il y a deux indices CAC : l'indice CAC que nous connaissons et dont le niveau est commenté tous les jours, et l'indice « CAC GR » ou CAC « Gross Return ». Ce dernier tient compte des dividendes réinvestis en actions. Et ce CAC GR a atteint un record historique. Deux chiffres pour mesurer le chemin parcouru : le CAC a chuté le 16 mars 2020 à 3 612, il cote aujourd'hui 6 000 ; le CAC « GR » cotait 10 200 le 18 mars 2020, il vaut 16 682 !  Tout est  dit !

« Whatever it takes ».

Cette expression lancée par Mario Draghi en 2012 est encore d'actualité. Le rapport de la dernière réunion de la Banque Centrale Européenne est clair : l'argent va continuer à couler à flots en Europe. Notre plan de relance européen de 750 milliards d'€, qui n'a d'ailleurs toujours pas été déployé, fait pâle figure face aux plans de relance américains, mais notre Banque Centrale va compenser tout cela. En Europe, le rebond de l'économie sera moins puissant qu’aux Etats-Unis, et en plus  il est différé chaque jour un peu plus  à cause des cafouillages de la campagne de vaccination. Le plein emploi n'est pas du tout d'actualité, et l'inflation n’est pas un sujet  face  aux facteurs déflationnistes toujours puissants. La BCE a bien compris tout cela, et elle va devoir continuer à soutenir la croissance. Elle va donc injecter encore plus d'argent dans le circuit, « At a significantly higher place », a annoncé Christine Lagarde. La fête de l'argent va  continuer en Europe et les indices européens se réjouissent : plus les nouvelles sont mauvaises pour l'économie, plus la banque centrale injectera de l'argent, et plus la banque centrale injectera de l'argent, plus la bourse montera. Un paradoxe ? Pas vraiment. Il n’y a que la bourse qui peut rapporter en spéculant. Les taux bas disqualifient les autres placements et les investisseurs savent que leur remontée sera très limitée.

1 900 milliards de $ !

Le plan Biden a été adopté par le Sénat : 1 900 milliards de $ qui viennent s'ajouter aux 900 milliards de $ du plan de soutien de décembre. Aux États-Unis, chaque Américain gagnant moins de 80 000 $ par an, va recevoir un chèque de 1 400 $ qui viennent s'ajouter aux chèques de 1 200 $ puis de 600 $ envoyés par l'administration Trump. Il faut y ajouter des aides pour les chômeurs supplémentaires,
plus des fonds pour les vaccinations pour le personnel soignant et pour la couverture santé des plus défavorisés, plus des aides pour les écoles et les lycées. Voilà un pays qui s'apprête à distribuer 422 milliards de $ directement aux ménages.  De l’argent « hélicoptère » qui tombe du ciel. L'État n'intervient plus seulement pour soutenir les plus défavorisés, il intervient pour compenser la baisse de la croissance et ses conséquences. Pour Janet Yellen, la secrétaire au Trésor Américain et ancienne patronne de la banque centrale américaine, la lettre de la reprise est le « K ». Une confirmation officielle d'une tendance profonde. Cela veut dire que la reprise va favoriser les entreprises qui ont su surfer sur les tendances qui ont été très largement accélérées par la crise sanitaire, autrement dit une très large partie de l'économie va rebondir. Par contre, une partie de l'économie ne se relèvera pas une fois les aides gouvernementales supprimées. D’où le « K ». Cela provoque des « rotations » en bourse, ainsi, la  semaine dernière, les investisseurs se sont rués sur les valeurs technologiques qui avaient pourtant perdu plus de 20% et étaient entrées dans un territoire de baisse : hausse de 3,69 % pour le Nasdaq alors que le Dow Jones ne progressait que de 0,10 %. Malgré le package massif de relance américain, malgré les perspectives de hausse de l'inflation, malgré les perspectives de hausse de taux d'intérêt, les investisseurs restent optimistes, voire euphoriques. Cependant, la FED, va vite devoir réduire sa distribution d'argent gratuit car les États-Unis vont connaître une croissance spectaculaire avec un risque avéré de surchauffe, revenir au plein emploi et même se payer un retour à l'inflation. Surtout que certains jugent l’efficacité des aides financières directes aux ménages douteuse, puisque 30 % seulement du montant des premiers chèques de 1 200 dollars versés par l’Administration Trump ont été dépensés en biens de consommation, le reste étant épargné, affecté au désendettement, voire consacré à la spéculation, comme l’a montré l’affaire GameStop. Dès lors, le plan de relance pourrait conforter les inégalités et les bulles, comme on le constate dans l’immobilier - en hausse de 10 % - ou sur les marchés financiers, qui alignent les records.

Une locomotive puissante pour les Etats-Unis et le monde.

Néanmoins, ce dispositif qui intervient dans un contexte d’accélération de la campagne de vaccination a poussé les économistes à revoir leur copie : selon un sondage réalisé par le Wall Street Journal, ils tablent désormais sur une croissance de 5,95% en 2021 en glissement annuel. S’ils ont raison, les Etats-Unis connaîtront cette année leur plus forte croissance depuis 1983. Le plan Biden porte, en effet, à 14 % du PIB le soutien budgétaire de l’activité aux États-Unis en 2021, soit un niveau sans précédent en période de paix. L’objectif est double. Sur le plan économique, la relance vise à restaurer le plein-emploi Sur le plan politique, l’ambition est de rendre espoir aux Américains, de stabiliser la classe moyenne en apportant une réponse concrète aux difficultés des ménages, dont 40 % connaissent des fins de mois difficiles. Le plan Biden est donc une locomotive puissante. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), juge qu’il devrait entraîner un bond supplémentaire de 3 à 4 points. D’autres observateurs, plus optimistes, parient même sur une croissance de 8 % à 10 % de l’économie des États-Unis. Ce plan aura «des retombées positives pour la croissance mondiale» prévoit le Fonds monétaire international (FMI). Il ajoutera plus d’un point de croissance au PIB mondial, lequel devrait augmenter de 5,6% en 2021, calcule l’OCDE. Les partenaires traditionnels des États-Unis profiteront de cette manne. Ses voisins proches, liés par l’accord Canada- États-Unis-Mexique, en seront les premiers bénéficiaires avec un gain de croissance de leur PIB de respectivement 1,2 et 0,8 point, pronostique encore l’OCDE. L’impact devrait être moins élevé, à seulement 0,5 point, dans la zone euro, où le poids des échanges avec les États-Unis est moins important. Mais attention, la réouverture des économies pourrait entraîner un boom et amorcer une spirale inflationniste, ce qui obligerait les banques centrales à relever leurs taux d’intérêt au prix d’un krach obligataire et de défauts en chaîne des États et des entreprises surendettés. La relance, par sa démesure, accoucherait alors d’une violente récession. D’une manière plus certaine, ce gigantesque plan américain, qui sera bientôt suivi d’un autre grand programme d’investissement dans les infrastructures, risque de creuser l’écart entre la première puissance mondiale et l’Union européenne. Bruxelles, dont le plan de 750 milliards d’euros n’est pas encore en action et comporte une part trop faible d’investissements pour l’avenir, a plutôt le pied sur le frein, de quoi accroître un peu plus le retard de l’Union européenne dans la course mondiale.

Allez, le bout du tunnel se rapproche quand même. On y croit, même si en France, comme d’habitude, la reprise sera plus lente qu’ailleurs. C’est que la crise n’a pas fait disparaître nos boulets, hélas.

 


LA DICTATURE DU « JE »

Haddock insultes maj

 

La toute puissance des algorithmes.

Pour ceux qui, comme moi, ont  lu le livre de Gaspard Koenig, « La  fin de l’individu »,  dont je vous ai déjà entretenu, la numérisation accélérée de la société  pendant le Covid n’est pas une surprise. Elle annonce un tremblement de terre qui met en évidence un risque d’obsolescence  rapide de nombreuses tâches pour lesquelles nous estimions que l’homme était indispensable, mais en plus, et c’est le plus grave, le rétrécissement de la pensée subjective humaine individuelle submergée par une rationalité déterminée par des algorithmes supposés nous représenter dans notre globalité.

Encore une fois, ce n’est pas l’Intelligence Artificielle qui est en cause, mais l’usage que nous en faisons et qui façonne une drôle de société. Comme l’Europe a déjà perdu pied dans la compétition qui s’est engagée pour la maîtrise du modèle, il nous reste le choix entre celui qu’impose le régime  chinois, exquise fusion du communisme et des technologies les plus avancées pour enrégimenter l’individu, et celui des Etats-Unis contrôlé entièrement par le géant Google et ses intérêts matériels, dont on vient de voir qu’il pouvait faire le tri dans le contenu des messages qui circulent dans ses réseaux et  fermer un compte purement et simplement.

Deux périls nous menacent : les choix des algorithmes et les choix politiques ou idéologiques de ceux qui contrôlent les serveurs que nous utilisons. Ils connaissent de mieux en mieux nos vies, nos goûts, nos habitudes et ils dominent des pans entiers de l’activité économique du fait de l’accumulation incroyable de données qu’ils sont parvenus à réaliser. Ils se sont aussi attribué un nouveau rôle : être les censeurs de la vie politique et de l’opinion. Et ce n’est peut-être qu’un début. La suspension des comptes de Donald Trump après l’invasion du Capitole le 6 janvier dernier pose la question essentielle pour la liberté d’expression, de la régulation des réseaux sociaux.

Ultra-connectés et bavards.

A cela s’ajoute un troisième péril.  L’avènement du smartphone a fait de la plupart d’entre nous des êtres ultra-connectés, repliées sur leur subjectivité et leurs intérêts tout en intensifiant l’impression de jouir d’une forme d’allégement de l’existence et d’une indépendance sans cesse accrue, constate Eric Sadin (« L’ère de l’individu tyran »). Et nous sommes devenus dépendants de cet « infini » vertigineux. Avec nos téléphones, nos tablettes, nos ordinateurs, un espace d’expression sans limite et à tous moments permet à chacun de s’offrir une multitude de tribunes virtuelles, pour exprimer un avis sur tout –et surtout un avis, aurait dit Coluche-,  dans une débauche de « je » aussi gratifiante qu’addictive. L’inconvénient c’est que ces réseaux sociaux échappent à tout contrôle. Ils constituent un territoire ni structuré ni  hiérarchisé,  chacun étant maître de son « je ».

Avec Twitter on assiste au triomphe de la parole sur l’action, où l’on cherche à s’affirmer non pour défendre un point de vue mais pour imposer une perception des choses. Avec Instagram, l’affichage de soi se transforme en une continuelle monétisation de sa personne, faisant de « l’instagrameur » un homme-sandwich. Les mécanismes pervers mis en œuvre nous font glisser vers une culture de l’humiliation.  Il suffit de lire les commentaires sur Facebook pour s’en convaincre. Enfin, en étant indulgent, parce que l’indigence y règne entre la syntaxe approximative et l’orthographe déficiente qui va généralement avec la superficialité du discours. La  plupart y recherchent des signes pouvant flatter  leur narcissisme ;  asséner sa vérité est devenu un carburant pour l’ego : « je twitte, donc j’existe ! » Cette galaxie inépuisable d’individus produit une profusion de messages qui concurrence les médias traditionnels qualifiés de « top down ».

Un fait, une phrase, une remarque qui tombe  dans ces réseaux va s’envelopper d’une masse de commentaires dont les chaines d’information en continu font leur miel. Ainsi, l’information disparaît au profit de son commentaire. La parole « des gens » remplace l’argumentation de ceux qui militent ou réfléchissent, elle devient vérité et disqualifie le sachant et l’expert, le journaliste, ces passeurs d’une parole vérifiée, d’une opinion étayée ou d’un projet structuré. Tout se vaut, la  parole d’un professeur d’université et celle d’un youtubeur, celle d’un président et celle d’une madame Michu. Il devient quasiment impossible de faire émerger un point de vue  sur ces forums obéissant à la règle de celui qui braille le plus fort. L’information est partout,  mais elle n’est  pas hiérarchisée  et nous nous égarons.

Le triomphe du relativisme.

Les « gens », bien à l’abri de l’anonymat qui permet le lynchage permanent, peuvent s’indigner, se révolter, dénoncer les  incapables, les pratiques insupportables, les complots imaginaires  … Argumenter dans ces conditions, c’est perdre son temps, quant à la raison, « braves gens » … Les contenus qui ont le plus de succès ne sont pas nécessairement les  plus rationnels. C’est lié à la nature même de nos cerveaux qui mémorisent davantage les informations contre-intuitives, qui sélectionnent celles qui confirment nos vues, qui installent des œillères mentales pour nous permettre de camper sur nos positions et que les algorithmes savent renforcer. Car les  plateformes accélèrent la diffusion des fausses nouvelles,  les  post-vérités des complotistes, parce que c’est ainsi qu’elles fonctionnent : proposer à chaque internaute des lectures « proches » de ses recherches précédentes et « fabriquer » des groupes de gens qui pensent pareil, qui se confortent et se justifient. La parade serait l’esprit critique, mais il a disparu avec la culture qui l’accompagnait.

Menace pour la démocratie.

Sauf que tout ce tintamarre, ce  système d’expression est dangereux pour la démocratie.  Il favorise le populisme et le rejet des élites. D’autant plus que toutes les manipulations sont possibles, une minorité de dictateurs de l’indignation polluent les plates-formes, en dénaturent les valeurs de partage.  S’y ajoutent les algorithmes  de certains réseaux qui choisissent et trient vos « followers ».

L’impact de ces nouvelles technologies sur notre psychologie individuelle et collective  est effarant : l’histoire récente des systèmes numériques révèle une ivresse des réseaux qui encourage l’avènement de particularismes autoritaires et l’émergence d’une forme d’ingouvernabilité permanente, autrement dit la montée des comportements d’incivilité qui caractérisent l’effondrement de notre monde commun. Ceux-ci sont aggravés par les technologies de l’embrasement des esprits mises en œuvre sur les réseaux tels que Facebook, Twitter ou Instagram. On s’étonnera alors de la vacuité de ceux qu’on porte au pouvoir, faisant ainsi les choux gras de la technostructure inamovible et de ce fait, toute puissante.

Il faut se doter d’outils pour contrôler les algorithmes eux-mêmes et limiter la puissance des géants du numérique pour rétablir la concurrence. Les Facebook, Twitter, Youtube, Instagram, Snapchat doivent rentrer très rapidement dans le champ de la loi française. Ce sont tous des éditeurs de médias dont les dirigeants pour la France doivent être pénalement responsables de leurs contenus, à l’instar de leurs homologues de la presse audiovisuelle et écrite. Mieux, la  France devrait détenir ses propres plateforme numériques. Il y va de notre survie démocratique, économique et culturelle. Ces  plateformes sont simples, rapides et  peu coûteuses à démarrer et  l’on sait que notre environnement digital est fécond.

L’Europe est le premier continent à s’être engagé dans une réforme globale de son espace numérique par le biais du Règlement sur les services numériques (DSA),  et du Règlement sur les marchés numériques (DMA). Ils sont en discussion actuellement.  Ils permettront de veiller en temps réel à ce que les  plateformes se conforment aux injonctions qui découleraient de ces règlements qui s’appliqueront à tous les Etats membres. Nous devons en effet, fixer les règles du jeu et organiser l’espace informationnel avec des droits, obligations et garanties clairement définis.  C’est une question essentielle pour nos démocraties au XXIème siècle.

 


LA FIN CATASTROPHIQUE DE TRUMP

Donald Trump

 

Ultime coup politique.

Les images des manifestants pro-Trump envahissant le Capitole étaient spectaculaires. Par son discours incendiaire, Donald Trump a lui-même incité ses partisans à interrompre la procédure de confirmation du nouveau président, dans l’ultime tentative de prouver par l’absurde qu’il n’a pas perdu l’élection présidentielle. On a frôlé le coup d’État. Beaucoup d’observateurs sont, en effet, tentés de décrire un coup d’État avorté, mais il n’a pas eu lieu. En revanche, le seul et unique responsable de cette journée sinistre qui a ridiculisé l’Amérique aux yeux du monde entier, c’est bien Trump : il a tout fait pour inciter les émeutiers à intervenir physiquement dans la procédure et ce n’est pas par hasard que le rassemblement avait été prévu hier à Washington. Ces manifestations ont provoqué 4 morts et des dizaines de blessés. La fin du règne du président sortant est pathétique. Cette tentative de renverser le cours démocratique aura réussi à détacher de lui la plus grande partie des élus Républicains. Certains ministres envisagent même de l'écarter du pouvoir en le déclarant inapte.

La démocratie résiste.

Heureusement le fonctionnement normal des institutions a pu reprendre et la confirmation officielle de l’élection de Jo Biden a pu se faire. Comme pour couronner cette officialisation, le parti démocrate a remporté les deux sièges de sénateur dans l’élection sénatoriale de Géorgie, ce qui lui procure, dans la chambre haute, la majorité absolue de 50% à laquelle s’ajoute le vote démocrate de la présidente du Sénat, qui n’est autre que la future vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris. Dans quelques jours, le 20 janvier exactement, Biden va devenir officiellement président. Et, c'est une surprise, il aura à ses côtés un Congrès à majorité démocrate, Chambre des Représentants et Sénat. Le nouveau président disposera des instruments nécessaires pour gouverner, et s’il n’a pas la majorité des deux tiers indispensable aux grandes réformes, il dispose néanmoins des voix pour conduire à la fois son programme économique et sa politique extérieure. Par contre il n'aura pas l'excuse de la crainte d'un blocage par les Républicains pour refuser certaines mesures réclamées par l'aile la plus radicale de son parti, mesures auxquelles il lui faudra résister. Il a déjà montré hier, par un discours de haute tenue, qu’il n’était pas l’homme amoindri dont certains nous faisaient complaisamment le portrait.

Un couple aguerri.

Le couple Biden-Harris n’est pas une somme de médiocrités. Joe Biden a été sénateur pendant trente ans, vice-président pendant huit ans ; Kamala Harris, qui se destinerait à la présidence en 2024, était sénatrice après avoir occupé le poste de procureur de la Californie. Ces deux-là ne souhaitent pas plonger leur pays dans une révolution. Ils veulent, comme tous les dirigeants centristes du monde, le réformer. Ils continueront à le faire, même s’ils affrontent le vent contraire que fait souffler la minorité républicaine. Il n’est pas impossible que, maintenant que Trump est à terre, les ténors du Grand Old Party se ravisent et s’affranchissent de sa tutelle ; les chances du perdant de continuer à peser sur la politique ne vont pas cesser de s’amenuiser, surtout après la journée d’hier. D’autre part, Joe Biden ne sera pas inerte : il a déjà annoncé que les États-Unis reviendraient dans le giron de la conférence mondiale sur le climat ; il est probable qu’ils reviendront à l’Unesco ; on peut espérer qu’ils vont redevenir membre de l’OTAN à part entière. Il ne fait aucun doute que la pandémie sera gérée désormais avec le sérieux nécessaire, que la réforme de l’assurance-maladie, amorcée par Obama, va progresser, en dépit des réticences républicaines, car les électeurs américains ont compris ce qui se passe au moment d’une épidémie quand on n’a pas d’assurance-maladie. Les pessimistes font grand cas de la division du pays entre ceux de la campagne et ceux des villes, les suprémacistes blancs et ceux qui vénèrent les libertés pour tous, la gauche dite socialiste et la droite réactionnaire et irréductible. Il n’existe pas d’autre moyen, pour un gouvernement rationnel et raisonnable, de convaincre par les actes qu’il ne présente aucun danger pour ses opposants. Et ça, Biden devrait savoir le faire.

Un sombre avenir pour Trump.

Pendant les quatre années qui viennent, Donald Trump va continuer à répéter que les fonctions de Biden sont le produit de la fraude électorale, conformément à l’esprit de la « réalité alternative » qui remplacerait la vérité tout court, celle qui résulte de l’arithmétique électorale. Le contexte ainsi créé par cette machine à mensonges n’est pas favorable à l’exercice du pouvoir, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais combien de temps encore la moitié de la population des États-Unis maintiendra-t-elle l’idée que Trump a gagné les élections de 2020 ? Quelques occasions vont lui être offertes de douter de son héros, principalement les procès judiciaires et politiques qui lui seront intentés et au cours desquels seront déposées les preuves innombrables de sa corruption : d’abord et avant tout, il a tenté à plusieurs reprises de fausser le jeu des institutions, ensuite il traînait déjà quelques lourdes casseroles qui lui valent des procès au sujet de la conduite de ses affaires immobilières. Au terme de cette descente aux enfers, combien d’Américains souhaiteront encore le réélire, s’il se représente ? Car Trump a tout à craindre pour son sort de citoyen lambda.

La réaction des marchés.

La façon dont les marchés se sont positionnés dès qu'ils ont appris la victoire des démocrates au Sénat est très intéressante : baisse du dollar, hausse des taux d'intérêt et envolée des marchés spéculatifs comme le bitcoin. Ces trois mouvements reflètent la même anticipation : une hausse des dépenses publiques, un creusement du déficit, et une possible perte de confiance sur le dollar et certains actifs américains. Du côté des actions, on a assisté à un mouvement de hausse surtout le S&P et le Dow Jones : les investisseurs ont préféré jouer un nouveau plan de relance plus généreux des Démocrates. En fait, il y a eu « rotation » : ils se sont rués sur les valeurs « Biden », comme les valeurs liées à la consommation ou aux énergies renouvelables, et ont un peu délaissé les valeurs technos. Pour nous, Français, Biden avec les pleins pouvoirs, c'est une présidence qui va être beaucoup plus sociale. Dans un premier temps c'est une bonne nouvelle pour les indices boursiers car Biden va être beaucoup plus généreux et distribuer encore plus d'argent aux ménages américains, surtout les plus modestes. Mais dans un deuxième temps, cette présidence va peser sur les indices boursiers car on peut s’attendre à ce que les déficits, la dette et les taux d’intérêts dérapent.

 


LE POINT SUR LE « QUOI QU’IL EN COÛTE ! » (1) LA DETTE

Dette  mondiale

 

La situation en France fin novembre.

Après le plan de relance à 100 milliards d’euros, le gouvernement a mis 20 milliards de plus sur la table pour faire face au reconfinement. Mais depuis la fin octobre, les annonces de rallonges pour donner un os  à chaque chien qui aboie n’en finissent plus de pleuvoir. Il s’agit de muscler les aides aux entreprises  et aux Français les plus précaires. L’aggravation de l’épidémie refait plonger les comptes publics dans une spirale négative. Le déficit est attendu à plus de 11% du PIB à la fin 2020, autour de 250 milliards d’€, mais l’inquiétude porte surtout sur l’exercice 2021 : la croissance sera loin d’atteindre les 8% espérés et devrait se limiter à 5%. Depuis mars dernier, le Covid a déjà coûté 186 milliards d’€ à l’Etat soit 100 milliards de pertes de recettes du fait de la chute d’activité et 86 milliards d’€ de mesures d’urgence. La dépense publique culminera à 65% du PIB et restera à un haut niveau alors que la base fiscale va fondre avec la baisse durable de la  production des entreprises et des revenus des ménages. La  dette publique frôle les 120% du PIB. Au bilan : 11% de récession, 11% de déficit, 11% de chômage.

Pour comprendre la situation, nous examinerons successivement le rôle des banques centrales dans l’explosion de la dette des Etats, puis les raisons qui expliquent l’envolée des cours boursiers  avec TINA (There Is No Alternative) et enfin ce qui attend la France et l’Europe.

 

(1) LE RÔLE DES  BANQUES CENTRALES

Première préoccupation : la dette.

Quand la crise sanitaire sera terminée nous découvrirons l'étendue des dégâts qu'elle a causés. Et un des éléments les plus frappants sera sans conteste la dette massive que l'économie mondiale devra assumer. À la fin de l'année 2020, la dette mondiale aura dépassé les 277 000 milliards de $. Avec une hausse de 15 000 milliards juste pour l'année 2020. Il est difficile de se rendre compte de ce que ça représente tant les chiffres sont énormes : 365% du PIB mondial. C'était 320% à la fin de 2019. Les États se sont massivement endettés pour soutenir l'économie  de même que les entreprises, en particulier dans les secteurs exposés, principalement auprès des États. Cela dit, la dette n'est pas un problème pour les États tant qu'il n'y a pas d'inflation. Les pays développés bénéficient de taux particulièrement bas quand ils ne sont pas négatifs. Ils bénéficient de la confiance des investisseurs et du soutien massif de leurs banques centrales qui absorbent la dette. Celle-ci devient un problème si un pays (ou une zone) est plus exposé(e) qu'un(e) autre, par comparaison, ou si l'inflation dérape. Mais, pour l'instant, dans la plupart des grandes puissances économiques, il n'y a pas d'inflation. Au contraire, il y a une double déflation comme je l’ai déjà expliqué : la déflation structurelle liée à la démographie, à la technologie et à la révolution sociétale, et une déflation conjoncturelle liée à la crise du Covid.

La toute-puissance des banques centrales.

Les banquiers centraux étaient déjà largement intervenus pour inonder le monde de liquidités et baisser les taux à zéro voire en dessous. La nouveauté c’est que cette  année nous avons découvert que leur pouvoir était illimité. Dès le début de la crise sanitaire, les banques centrales ont mis en place des rachats massifs de dettes d'États ou d'entreprises pour soutenir l'économie mondiale, avec des montants de plus en plus importants. Comme cela n'a pas suffi, elles sont rapidement passées à la vitesse supérieure en n'indiquant plus de montants  et en annonçant que leurs interventions seraient illimitées. Les banques centrales dirigent de fait l'économie mondiale d’autant plus qu’on sait qu'elles maintiendront les taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas très longtemps, et aussi longtemps que nécessaire. Elles incitent même les gouvernements à faire des plans de relance, à creuser les déficits, à augmenter leurs dettes qu’elles s'engagent à financer par les rachats massifs de dettes d'États mais aussi de dettes d'entreprises, et en commençant à distribuer de l'argent directement, de « l'helicopter money ».

Le pouvoir des banques centrales est-il vraiment illimité ?

La question se pose en effet. Si c'était le cas, on pourrait aller jusqu’à imaginer qu'une fois sortie de crise, on continuerait à faire tourner la machine à déficit et la planche à billets. Beaucoup se demanderaient pourquoi les gouvernements devraient faire des économies et pourquoi ne pourraient-ils pas distribuer encore plus d'argent puisqu’il est gratuit et que leurs déficits et leurs dettes sont financés par les banques centrales. D’autant plus que les économistes ne sont d'accord sur rien, notamment sur le fait qu'on puisse indéfiniment laisser la dette des États déraper. Certains pensent qu'il faudra bien rembourser un jour, d'autres qu'on ne remboursera jamais et qu'on transformera les dettes en « dettes perpétuelles » ou qu'on annulera tout simplement les dettes d'États détenues par les banques centrales. Ce  débat n’est pas nouveau. Les uns pensent que les banques centrales pourront toujours continuer à créer de la monnaie tant qu'il n'y aura pas d'inflation, or nous sommes en pleine déflation structurelle et conjoncturelle. Les autres pensent que l'inflation finira un jour par rebondir et que le jour où l'inflation commencera à rebondir sera le jour de vérité.

Comme le dit François Lenglet, «  lorsque nous aurons consommé la crédibilité à la fois de l’Etat et de la banque centrale, il n’y aura plus qu’à aller voir sur la lune. Le krach est la première route possible. La deuxième est l’inflation ».

 

 


LE BILAN DE TRUMP

Capitole

Le suspense se prolonge : qui sera le 46ème Président des Etats-Unis ?  Le décompte n’en finit pas de s’éterniser. Et puis, les résultats sont si serrés que dans les derniers états, on recompte pour être certain. Mais le voile se lève peu à peu. Tout  converge  pour désigner Joe  Biden comme gagnant. Une victoire de Trump sur le fil serait une énorme surprise.

Saluons d’abord la performance électorale.

Une fois de plus, Trump crée quand même la surprise. Même s’il  est battu. Cette fois-ci encore, les sondages se sont trompés. Cette  fois-ci encore, le fossé entre la perception générale et la réalité du terrain est profond. Mais, quel que soit le résultat définitif de cette élection, on voit que Trump a été soutenu par une part importante de la population américaine, près de la moitié des suffrages exprimés, et pas seulement par quelques bandes d’extrémistes ou de clowns caricaturaux qu'on a vus pendant quatre ans. Non seulement Trump n'a pas été rejeté mais ses électeurs se sont largement mobilisés, au-delà du cliché du petit blanc du middle-west. Il faudra analyser en profondeur ce qui, quoi qu'il arrive, constitue un excellent score. Il y a quatre ans on pouvait dire qu'il avait bénéficié d'un effet de surprise et que personne ne le connaissait. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Au cours  de  la campagne électorale, il a donné une leçon sur la confiance en soi, inébranlable, allant jusqu'au déni permanent de réalité. Il a donné aussi une leçon de combativité, menant le combat jusqu'au bout, à raison de cinq meetings par jour, et cela lui a permis de combler son retard qu’annonçaient les sondages. Tout cela, évidemment, ne compense aucune de ses outrances. Mais la vague démocrate annoncée n’a pas eu lieu.

Un pays fracturé.

Trump, s’il s’en va, laisse un pays divisé en deux camps totalement opposés et difficilement réconciliables. Sa volonté de rester dans le bureau Ovale à n’importe quel prix, y compris le désordre institutionnel, des troubles ou émeutes possibles qui affaibliraient les démocrates, des accusations calomnieuses non assorties de la moindre preuve, suffit à indiquer qu’il a perdu l’élection et qu’il ne pourrait exercer un second mandat que dans un cadre institutionnel difforme. Mais, en réalité, il ne peut se battre contre le calendrier que pendant une courte période. Le 16 décembre, le collège électoral se réunira pour désigner le vainqueur. Au tout début de janvier, le nouveau Congrès confirmera ce choix. Au-delà des palinodies judiciaires, toute décision d’un tribunal se fondera sur le nombre des suffrages. Biden aura probablement la majorité du collège électoral et la majorité en voix populaires. À partir de là, il sera invincible. Deux choses sont sûres : la  première c’est que pour rétablir un semblant de sérénité et d’unité, Biden est préférable à Trump ;  la  seconde c’est que la  démocratie est tout de même grande gagnante, car jamais  les Américains n’ont été aussi nombreux à participer au scrutin. Il n’en reste pas moins que l’Amérique sort encore plus divisée de cette expérience. Il se peut même que se produisent de graves incidents, avec morts, blessés, pillages et incendies.

Le bilan économique.

En attendant le résultat, profitons-en pour tenter de faire un bilan économique des quatre ans de présidence Trump. Essayons de dépasser les clivages partisans et les sentiments que peut inspirer le personnage. Sa volonté de « Make America Great Again », sa volonté d'être pro business et son obsession pour la Bourse, lui tenait lieu de programme économique. A-t-il réussi ? Certes, la crise du Covid, comme partout, a fait déraper la machine.  Il faut donc examiner la situation pré-Covid sur les points fondamentaux : la croissance, le chômage et la bourse.

+ La croissance.  Avant Covie, les États-Unis ont connu la plus longue période de croissance positive de leur histoire : plus de onze ans de trimestres successifs de croissance ininterrompue. Une croissance certes moins importante que les taux habituels de sortie de crise (crise de 2008), mais une croissance prolongée de quelques années alors qu'on annonçait régulièrement une récession qui n'est venue qu'avec la Covid.

+ Le chômage.  Là encore, un point positif. Avant la Covid, il avait atteint le plus bas niveau depuis près de 60 ans : à 3,5%, le chômage américain défiait toutes les prévisions avec même des taux au plus bas aussi pour les minorités.

+ La Bourse. Elle est allée de records historiques en records historiques, avec une écrasante domination de la tech et de la finance américaines en Bourse, et des capitalisations phénoménales, avec des entreprises de moins en moins contraintes par la réglementation et de moins en moins imposées.

Ces points positifs ne doivent pas occulter pour autant les aspects beaucoup moins favorables.

Cette croissance s'est faite à crédit, avec une dette qui, même avant la Covid, avait dérapé du fait de déficits budgétaires explosifs.

Autre point négatif : le commerce extérieur. C’est un échec total. Le pari du protectionnisme a été perdu. Les mesures prises contre la Chine n'ont pas permis de faire baisser le déficit commercial abyssal des États-Unis, bien au contraire, et n’ont pas réussi à empêcher les importations tout en les renchérissant pour le consommateur américain.

Et enfin, les inégalités.
C’est un débat plus compliqué. Certes le fossé s'est creusé, mais l'accroissement des inégalités est plus dû à un enrichissement spectaculaire des plus riches qu'à une détérioration de la pauvreté.

Et le Sénat !

Quand Biden sera élu, il devra compter avec un Sénat hostile, très probablement. Les Démocrates pensaient remporter facilement le Sénat. Ce n'est pas le cas. Les deux camps ont 48 sénateurs chacun, et il faut 51 postes pour avoir la majorité. Sauf qu’on ne connaîtra les résultats définitifs pour le Sénat qu'en janvier 2021. En effet, en Géorgie (toujours la Géorgie), un candidat et probablement un deuxième n'ont pas atteint la barre des 50% des voix. Il faudra donc, fait exceptionnel, attendre un deuxième tour qui déterminera si les Républicains conservent la majorité. Il ne pourra avoir lieu qu’en janvier. Il faut savoir que Le Sénat américain n'est pas notre Sénat, il a un vrai pouvoir qui pourrait en cas de majorité des Républicains,  contrebalancer le pouvoir démocrate et empêcher toute dérive d’impôts ou de dépenses … autrement dit paralyser grandement l’application du programme du nouveau président.

Les Etats-Unis vont  donc connaître une nouvelle période  passionnante !

 


ACTUALITE DE « DE GAULLE »

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2020 : année De Gaulle

Cette année est une année particulière en commémoration du grand homme. Evidemment, parmi elles, le 18 juin résonne d’une manière plus particulière  à cause de son environnement historique  entre la débâcle de juin 1940 et le redressement de la France que l’on doit à Charles De Gaulle. Au point que tout le personnel politique ou presque se réclame de son message ou de son action aujourd’hui, du chef de l’Etat à Marine Le Pen, en passant par ses héritiers évidemment… Et  c’est vrai qu’à bien des égards, le général De Gaulle et le gaullisme n’ont jamais été aussi actuels. Plus que personne d’autre dans l’Histoire de notre pays, l’homme incarne l’honneur de la France dont il est un symbole intangible et ses idées une vision exigeante et généreuse de son destin. Pendant la guerre il a défendu souvent avec arrogance, mais toujours avec ardeur, face aux américains et aux anglais, les intérêts de son pays, positions qu’il a continué à défendre après son retour aux affaires,  en 1958, au nom de la souveraineté française : réticences à l’égard de l’intégration européenne, sortie du commandement intégré de l’OTAN. Curieusement, on retrouve  des démarches similaires dans les positions contemporaines de Trump et de Johnson à l’égard de l’Union européenne, bien que les motivations profondes en soient très différentes. Mais De Gaulle était De Gaulle, de la Résistance au discours de Phnom Penh, la transformation de l’empire colonial en « Communauté française », l’indépendance de l’Algérie, il était un inlassable combattant du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Méfiant face à l’intégration européenne, il a été néanmoins l’artisan de la réconciliation franco-allemande. Sa capacité visionnaire était unique, guidé qu’il était par l’épreuve épouvantable que fut pour la France la Seconde Guerre mondiale. Il fallait d’abord remettre le pays sur pied avec des institutions solides, mais il avait vu aussi qu’il ne fallait pas faire une confiance aveugle à nos deux principaux alliés parce que, un jour, leur égoïsme national l’emporterait sur les liens puissants institués par un triomphe militaire qui a dessiné le monde où nous avons vécu pendant les 70 dernières années. Nous y sommes !

Souveraineté et alliances.

Dans cette seconde moitié du 20ème siècle, De Gaulle a  imposé la France dans le concert des grandes nations. Il a construit de ses mains la puissance nucléaire que nous sommes devenus. Il a tenu à renouer avec l’Allemagne les relations exceptionnelles dont nous, Français  et Allemands, bénéficions aujourd’hui.  Et il a été le premier à admettre la montée en puissance de la Chine. Il avait vu que le formidable rapprochement des trois alliés de la guerre, constituait une alliance nécessaire mais qui,  appliquée à la lettre, aurait conduit au cantonnement de l’Allemagne sur le bord de la route. La construction d’une Europe concrète avec la CECA puis le marché commun, lui suffisait. Si La France n’a pas souffert de la décolonisation, le cas de l’Algérie étant à part, c’est parce que la Communauté, puis l’Union européennes ont contribué à sa prospérité. Autrement dit, la vision à longue distance de De Gaulle était surprenante de lucidité, ce qui ne signifie pas pour autant qu’à l’aune historique le souverainisme doive devenir le socle d’une politique, loin de là. Aujourd’hui, la gaulliste de l’Europe, c’est Angela Merkel, et la vraie rupture s’appelle Brexit, elle est en cours, et elle n’annonce rien de bon ni pour les Anglais ni pour les Européens. En effet, les deux jumeaux politiques que sont Trump et Johnson cherchent une autre forme d’alliance, celle qui, en réunissant deux égoïsmes, deviendrait un système gagnant-gagnant. Si on ajoute le nouvel  impérialisme chinois, voilà de très fortes raisons d’être inquiets : crise sanitaire, développement alarmant des systèmes autoritaires dans le monde, terrorisme, insécurité… Et la réponse évidente à toutes ces menaces consiste à s’unir pour être plus fort face aux fléaux. La France seule ne peut rien faire.  De Gaulle applaudirait des deux mains à toutes les tentatives pour donner du souffle à l’unité européenne mais n’aurait pas laissé la France sombrer dans l’incurie financière pour que sa voix compte et soit respectée, sans brader sa souveraineté Avec De Gaulle, la parole était toujours suivie par des actes. On voit bien que pour tous les prétendants à son remplacement,  le képi reste trop grand !

 


QUAND LA MONNAIE TOMBE DU CIEL.

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En bref : l’argent va couler à flots, on va emprunter à tour de bras, on ne remboursera pas, mais  en France on a deux problèmes.

Le sujet de la dette.

C'est la question qui va se poser régulièrement et qui reviendra comme un refrain. Avec sa question induite : « Qui paiera » ?  Oui, qui va payer pour toutes ces centaines de milliards d'euros que les États distribuent et vont continuer à distribuer ? Car, c’est une évidence, les Etats n’ont pas l’argent qu'ils distribuent. Ils l'empruntent quasiment tous aux banques centrales. Forcément, on se  demande  bien comment on pourra rembourser. « Helicopter money » est devenu le terme qui illustre cette masse d'argent qui tombe directement sur les comptes des particuliers. Ce serait plutôt des Canadairs que des hélicoptères.

L’Europe mobilise au total plus de 2 000 milliards.

Et d’abord, d’où viennent ces 2000 milliards d’euros que les Etats mobilisent pour faire face à la crise ? Ils sortent de trois poches. D’abord celle des Etats membres qui ont cassé leur budget et se sont assis sur les normes de bonne conduite de Maastricht. Ils sortiront 500 milliards et principalement des grands pays de l‘Union européenne. La deuxième poche sera celle de l’Union européenne,  via trois canaux : la Banque européenne d’investissement qui va prêter 200 milliards à des entreprises, la Commission qui se réserve de lever 100 milliards et le MES mécanisme européen de stabilité va sortir 200 milliards. Mais le gros de l’effort viendra de la troisième poche, la plus  profonde, la BCE : la Banque centrale européenne s’est engagée à racheter pour 1000 milliards de dettes aux banques. Pour simplifier : les banques centrales distribuent de l'argent aux banques, elles distribuent de l'argent aux États, indirectement, en rachetant leurs dettes, et elles distribuent de l'argent aux entreprises, toujours indirectement en rachetant leurs dettes. Comme en plus il va falloir relancer la consommation et compenser la perte de pouvoir d'achat liée à la crise, on va donc plus loin. Les États, et la France, une fois de plus en pointe pour ce type d'initiatives, distribuent de plus en plus d'argent. Les déficits n’en finissent plus de se creuser : sécu, budget, assurance chômage,  solidarité …

La crainte des contribuables.

Quand on entend « qui paiera ? », c’est surtout la crainte des contribuables de voir les impôts exploser qui s’exprime. Et ressort ce fantasme qui revient à chaque crise, d'un « prélèvement exceptionnel » très élevé sur les actifs financiers au-delà d'un certain seuil. Il y a eu des précédents.  Tout  le monde se souvient de « l’impôt sécheresse » de 1976… Et l’imagination de nos politiques est débordante en la matière : ça va du rétablissement de l’ISF à la création d’un impôt spécial corona, en passant par des taxes exceptionnelles comme  celle que Laurent Berger a déjà proposé. La  France est la reine du concours Lépine quand il  s’agit d’inventer des impôts nouveaux. Il  y a deux écoles : il y a ceux qui cherchent des idées pour faire payer des taxes et des impôts à tous les autres qu'eux ; et il y a ceux qui veulent que cette dette soit un jour annulée, ou qu'elle devienne « perpétuelle », ce qui revient, peu ou prou, au même. Ces derniers n’ont pas tort.

La solution est toute simple.

En fait, arrêtez de vous préoccuper de la dette, elle ne sera jamais payée. Nous ne rembourserons jamais la dette liée à la relance post-Covid. D’abord, elle ne va rien coûter. Certains pays, dont la France ou l’Italie, sont déjà très endettés, mais beaucoup en Europe le sont moins  et  comme par ailleurs, l’Union européenne est une meilleure garantie que la somme des garanties nationales les taux bas sont garantis pour longtemps.. Car le fait nouveau est que la solidarité  joue cette fois-ci, et que l’Allemagne est d’accord. La BCE, qui rachète les dettes des banques commerciales pour qu’elles puissent accorder de nouveaux prêts va donc être un instrument clef d’une mutualisation très forte. La BEI Banque Européenne d’Investissements) et le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) également. Donc les moyens de financement prévus sont beaucoup plus puissants et moins chers que si on laissait les membres du club se débrouiller chacun de leur côté.  Tout cela rend une inflation ou une hyperinflation, qui devrait découler de la surabondance monétaire, quasiment impossible.

Mais la réalité probable est encore plus simple. Ces 2000 milliards ne seront jamais remboursés, ni aux Etats, ni à l’Union Européenne ni à la BCE ... Ces 2000 milliards seront inscrits et stockés dans un compte spécial, corona, crise exceptionnelle, sous forme d’emprunts très long terme, plus de 30 ans, qui pourront être renouvelés. Une sorte de dette perpétuelle qui sera garantie par les contribuables européens mais auprès desquels on ne fera jamais jouer cette garantie, jusqu’au jour où on annulera la dette. Mieux, ça ne gênera personne, pas même les héritiers lointains des épargnants qui auront tout oublié ou disparus et si cet effort exceptionnel permet de redresser les machines économiques et d’écarter les risques.  Keynes, le champion de la recette, disait : « A très long terme, les épargnants ne demandent jamais le remboursement de leur épargne, pour une raison simple, c’est qu’à très long terme, ils sont morts ». On va donc être tous endettés à perpétuité, car le grand argentier de Trump dit la même chose. Et un jour, coup de baguette magique, on annulera dans le monde entier tout ou partie de la dette.

Il y a quand même deux problèmes.

Avec de la croissance, sans crise de coronavirus, nous avons en France, année après année, fait exploser notre dette. Avant même le coronavirus, nous avions rejoint le club très fermé des pays dont la dette est supérieure à 100%, avec le Japon, la Grèce, le Zimbabwe, entre autres.

Le problème c'est que des pays comme la France qui ont ouvert les vannes encore plus grand, en faisant sauter la digue des 3% de Maastricht, ne vont plus pouvoir les refermer. C'est qu'une fois qu'on commence à distribuer de l'argent, il est difficile d'expliquer à ceux qui vont en réclamer qu'on ne peut plus le faire. Chez nous, il y a de grandes chances que cette distribution d'argent devienne un « acquis », et sachant qu'en France on ne revient jamais sur les « acquis », la situation risque d’être compliquée à gérer. On voit déjà venir un plan « santé » exceptionnel, puis un plan « éducation » exceptionnel, puis pour la justice, et ainsi de suite... Chez  nous, l’exceptionnel pourrait devenir la règle. Seulement l'Allemagne et les pays d'Europe du Nord qui vont reprendre tranquillement le chemin de la bonne gestion des finances publiques ne vont pas accepter que nous créions chaque année de « l'exceptionnel » à tour de bras. Il faudra  bien que nous nous décidions à mieux gérer nos finances publiques. La  crise n’a-t-elle  pas révélé la suradministration et ses lourdeurs coûteuses et surtout son inefficacité ? Et ce jour-là, ça va coincer...  car le coronavirus ne va pas toujours être là pour servir de prétexte à une gabegie budgétaire annoncée.

L’autre problème, c’est que les Français qui le peuvent, chacun en fonction de ses revenus, ont décidé, pour l'instant, de ne pas dépenser leur argent, mais de le planquer sur leur livret A. Bien sûr, ils ne consomment pas et épargnent parce que nous sommes confinés, mais ils épargnent aussi parce qu'on leur a dit « nous sommes en guerre !» et Bruno Le Maire s’inquiète de la ruée vers l'épargne, et craint que cette épargne forcée ne se transforme en partie en épargne de précaution. D’autant plus que la crainte inévitable du chômage va l’alimenter. C’est pourquoi l’idée d’Eric Woerth de créer un livret « Coronavirus » a du sens pour orienter cette épargne vers le financement des TPE et PME.

AH, si nous étions au pouvoir … !




SUR LES RESEAUX EN DELIRE …

Internet

 

37ème  jour de confinement.

Les confinés parlent aux confinés :

Plus d’un salarié sur deux est au chômage partiel : plus de 10 millions, indemnisés à 84% du salaire net (concerne 820 000 entreprises, soit 6 sur 10).

17 plans d’actions prioritaires pour le déconfinement : on n’a pas de  pétrole mais au moins on a une usine à gaz ! (On ne sait pas si Strauss Khan a proposé un plan Q) Bref, on n’est pas sorti de l’auberge.

Les Français se lavent moins –et surtout les hommes- 67% seulement des confinés  font une toilette quotidienne complète. Et en plus les hommes changent de sous-vêtements encore moins souvent (déjà qu’il y en a qui gardaient le slip une semaine). Dans les petits appartements, bonjour l’ambiance. Casse-toi, tu pues !

Netflix  fait de  bonnes affaires : avec  le confinement la video en streaming a doublé  son bénéfice net  …

Le concours d’impôts nouveaux est ouvert :  c’est Laurent Berger qui a ouvert le  bal avec une proposition de « taxe sur les entreprises qui ont bénéficié de la crise ». On attend avec intérêt Mélenchon et Martinez … Ah ces gauchos ! Et je ne vous parle pas du « verdissage » !

On va, paraît-il, vers un « embrasement » des  banlieues, à cause des dealers qui ne font  plus  leurs affaires et aussi à cause de la « faim » ! Un lien entre  les deux : cela s’appelle l’économie souterraine. Ne pas prendre à la légère.

Pour ajouter au stress, si besoin : c’est le monde qui serait au bord d’une explosion sociale majeure. Même pas  peur ?

Les bons  plans : la FNAC fait une promo sur cinq téléviseurs. C’est aussi le  moment d’acheter une voiture. Il va falloir faire respecter la « distanciation sociale » (ça y est, je l’ai casé) dans les magasins et les concessions dès le 11 mai.  Les Français auraient déjà accumulé 50 milliards d’euros sur les livrets.

Macron serait devenu le 1er épidémiologiste de France : notre président hypermnésique et insomniaque serait devenu un expert en la matière. Ce qui ne l’empêche pas de douter. De quoi disserter à longueur de temps sur le sujet. Comme dit  Sarkozy, à un moment, il faut décider, et donc prendre  un risque !

Médisite : cinq positions pour brûler le plus de calories au lit… Pour compenser le grignotage et les  petits plats !

Et à part ça ?

Un astéroïde géant va frôler la Terre le 29 avril. Brrr… La NASA surveille de près. On est  rassuré.

On est  mal patron : 70% du muguet nantais ne sera pas cueilli. Le bonheur n’est plus dans le pré.

Kim Jun Un a disparu des écrans radars : énigme. Ce serait à cause d’une opération chirurgicale qui aurait mal tourné. Ce n’est pas le virus, c’est bien connu, il ne passe pas les  frontières fermées.

Elisabeth II a eu 94 ans le 21 avril ! Un anniversaire gâché par Meghan et Harry qui ont annoncé la veille qu’ils ne communiqueraient plus avec les  médias de sa gracieuse majesté. Susceptible  Mémé ! (Précision : Meghan n’est pas la fille de Renaud, comme je l'ai entendu dire)

Bouchons de voitures : ils sont dus à la réouverture des « Drive » de Mac Do ! Qui a dit « rien ne sera plus comme avant dans le monde d’après » ?

20 avril : date d’ouverture de la campagne de déclarations d’impôts (pour ceux qui ont quelque chose à déclarer évidemment).

Le prix du baril de pétrole a chuté en-dessous de 0 $, brièvement, mais du jamais vu. Surproduction, certes, mais aussi jeu des spéculateurs des contrats à terme. Bah, le cours remontera inévitablement et malheureusement. En attendant, les prix à la pompe sont très bas,  mais comme vous ne roulez guère ….

 


PRESIDENTIELLE AMERICAINE : CE SERA BIDEN CONTRE TRUMP

Biden trump 2020

Pour changer un  peu de  la politique hexagonale... Un peu d'exotisme  !

La prochaine élection présidentielle américaine opposera donc Joe Biden, ex-vice président de Barack Obama et figure de l'establishment démocrate, à Donald Trump. Bernie Sanders a jeté l'éponge sans attendre les résultats de la primaire du Wisconsin, après s'être accroché longtemps. Une enquête du Wall Street Journal situe le tournant au moment de la primaire du Michigan, le 10 mars dernier, un état qui concentre tous les problèmes qui ont empêché Bernie Sanders, à deux reprises, d'accéder à la Maison-Blanche.  Au moins espère-t-il, en se ralliant, que Biden retienne certaines de ses propositions alors que l'épidémie de Covid-19 remet l'Etat fédéral au centre du jeu, du côté des démocrates comme des républicains. La consécration de Joe Biden se produit dans un contexte électoral bouleversé par la pandémie : des primaires ont été annulées et on ne sait pas très bien comment les conventions des deux partis, prévues pour le mois d’août, pourront être organisées.

Que le spectacle commence.

Joe Biden, sans surprise, encore que … il a mené sa campagne des « primaires » avec une nonchalance surprenante, et avant que Bernie Sanders ait jeté l’éponge, il avait complètement disparu de la scène politique, peut-être à cause de l’épidémie. Sans doute pensait-il que la multiplication des discours n’était pas utile dans un pays tétanisé par le virus et que les résultats des primaires ayant précédé la mise sous cloche du pays avaient suffi, sous l’impact de ses victoires successives, à démontrer sa supériorité sur les autres candidats démocrates. Joe Biden est une personnalité politique qui ne se laisse guère impressionner par les provocations de Donald Trump, et contrairement à Sanders qui, deux fois, en 2016 et 2020, a sué sang et eau pour se faire une place au soleil, à 77 ans, il laisse calmement venir à lui l’investiture du parti démocrate. Il faut dire que l’ancien vice-président de Barack Obama bénéficie du charisme du président précédent. Donc Sanders, en homme intègre, lui a promis son soutien qui sera aussi celui des minorités et des classes pauvres. Il gauchira inévitablement le programme de Biden, mais il ne sera pas vice-président. Ce  serait plutôt Kamala Harris, 55 ans, la belle sénatrice de la Californie qui présente plusieurs atouts auxquels Biden est sensible. Un choix qui, s’il se confirmait, renforcerait le « progressisme » de son programme et, en somme, pourrait fort bien convenir à son ancien concurrent. Bref, il part du bon pied.

Le calme et le furieux.

Joe Biden est grandement aidé par l’épidémie que le président en exercice a gérée par le déni et le mensonge, avec des résultats catastrophiques en termes de décès et de cas graves, notamment dans l’État de New York. Jusqu’à présent, il s’est contenté de dire qu’un second mandat trumpiste serait insupportable pour le peuple américain. Mais face à Trump, cependant, il va falloir qu’il s’exprime et qu’il dénonce la gestion du pays par  les Républicains, tous unis autour d’un chef qu’ils vouaient aux gémonies il y a quatre ans. Cela fait des mois que les administrations décentralisées des États n’écoutent même plus la voix de Washington, préférant adopter des mesures locales dans nombre de domaines qui vont et surtout face à la pandémie. L’approche infantile des crises par Trump a non seulement isolé les États-Unis, mais elle a soumis la fédération à des forces centrifuges qui font que désormais on ne vit pas de la même façon au nord et au sud, à l’ouest et à l’est. Enfin, Donald Trump s’est toujours targué d’avoir accru la prospérité américaine, un atout qu’il a perdu presque instantanément avec la mise au chômage de dix millions de travailleurs abandonnés à leur sort par le système social le plus cruel des pays industrialisés. Mais Joe Biden aurait tort de penser qu’il suffit de jouer le jeu du centriste calme, éloigné de la clameur des primaires, comptant plus sur son curriculum vitæ que sur un art oratoire qui n’est pas son fort.

Trump est capable de tout.

Certes le président en exercice ne pouvait pas prévoir un tel cataclysme et en Europe on se demande toujours pourquoi il est resté populaire malgré les innombrables casseroles qu’il traîne. Bien qu’il ait encore le temps de rebondir, et on le voit à l’œuvre en débloquant des fonds pour soutenir les chômeurs, le virus pourrait bien lui donner le coup de grâce, d’abord parce qu’il a mis à jour parfaitement l’injustice du système de santé américain qui ne fonctionne que si on peut se l’offrir, ensuite parce qu’il est privé de son succès économique, soudain transformé en déroute. Le recul de l’économie américaine ne saurait être inscrit à son passif, même si gouverner, c’est prévoir. Mais Trump est réactif et capable de toutes les volte-faces. Certes, l’électeur américain est versatile et, bien que Trump dispose d’un noyau de partisans qui ne renonceront jamais à lui, le centre et la classe moyenne pourraient bien quand même lui faire payer l’addition. Et donc laisser le vent de sa légèreté et de sa versatilité emporter le président le moins compétent de l’histoire des États-Unis.

En chute dans les sondages face à Biden, il veut que le pays redémarre au plus vite. Pour le confinement, il ne veut pas aller au-delà de début mai : « Economy first ». Dès que l'épidémie sera terminée, la campagne électorale va vraiment commencer. On a hâte de voir ça !

Avantage  Biden, mais le match n’est pas joué.

 


L’ALERTE DEMOCRATIQUE

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Puisque confinement il y a, il faut bien s’occuper. La  lecture est un bon passe-temps et c’est le  moment de mettre à exécution les intentions souvent repoussées parce qu’on a mieux à faire.

Le dernier ouvrage de Nicolas Baverez est dense. L’auteur s’inquiète de l’explosion populiste, mais pas seulement. Nos démocraties libérales peuvent-elles mourir ? La réponse est « oui ! ». Dans un style parfois aride mais jamais abscons, l’auteur procède par constats implacables, qu’il s’agisse d’énoncer ce qui est grave ou déplaisant ou au contraire ce qui permet d’espérer. C’est un fin analyste des  phénomènes économiques et sociaux et de leurs conséquences politiques. La  formation de l’énarque le conduit à catégoriser et à énumérer les faits avec une logique imparable.  Mais l’humanisme du normalien qui a lu Tocqueville (et en a fait un livre paru récemment) n’est jamais loin. Voilà un prochain sujet de réflexion tout trouvé pour le bloc-notes, puisque  Nicolas  Baverez rejoint Jacques Julliard qui titre l’un de ses articles sur ses « carnets » :  « Obsolescence de Marx, actualité de Tocqueville ».

Une grave crise de la démocratie.

« La démocratie reste très  minoritaire dans le monde. Elle  est prise sous le feu croisé de trois menaces : l’Islam politique qui a partout échoué sauf en Iran où le régime des  mollahs est très contesté, les démocratures qui ont le vent en poupe avec l’exportation du total-capitalisme chinois, et le populisme qui corrompt la démocratie de l’intérieur et constitue le plus grand danger. » Il faut insister sur le ou les « populismes » qui portent, selon Nicolas Baverez, un projet destructeur pour la liberté politique et on en voit l’émergence avec la  « démocratie illibérale »  comme en Hongrie.  On en sous-estime le caractère pernicieux. Celle-ci cantonne l’intervention des citoyens aux élections qu’elle manipule et récuse les contre-pouvoirs, l’Etat de droit, le pluralisme, le respect de la minorité. Deux exemples doivent nous inquiéter : Donald Trump et Boris Johnson. Et l’Europe est au coeur du sujet car elle est la cible privilégiée.

Le produit d’une double rupture économique et sociale.

La crise  de 2008 a été un accélérateur : le krach du capitalisme mondialisé s’est transformé en krach de la démocratie dans la décennie qui a suivi, bien que les ruptures soient plus anciennes. En cause la révolution numérique et la mondialisation qui ont provoqué une polarisation excessive des richesses, la stagnation des revenus pour la majorité de la population et la marginalisation de pans entiers de la société et du territoire, par l’explosion des inégalités. A cela il faut ajouter les  données  proprement politiques liées à l’indigence des gouvernants tels que le désarroi identitaire face au renouveau migratoire, au défi islamiste, à la montée de la violence. Sans parler de la volonté de la Chine de dominer  le monde à l’horizon 2049. Mais le krach de 2008 a été aussi celui du capitalisme de « bulles » et des vices économiques qu’il avait générés comme les  « subprimes ». Il cumule aujourd’hui croissance faible, gains de productivité nuls, dette dont le stock atteint 300 000 milliards de dollars et inégalités record. Un modèle insoutenable. Il faut sortir du capitalisme de rente pour retourner à un capitalisme d’innovation qui remette en ligne le capital humain, financier, culturel et environnemental.

La France a la démocratie la  plus corrompue (malade).

Il ne s’agit pas de la corruption des personnes. Pour Nicolas  Baverez cela veut dire qu’on assiste à une décomposition intérieure par la démagogie. La  France est avec l’Italie, le pays d’Europe le plus exposé à cette dénaturation de la démocratie. Notre pays cumule 40 années de décrochage avec en plus l’onde populiste qui parcourt l’Europe depuis 2016. Et il est particulièrement exposé à cause de son modèle  de développement insoutenable qui associe 1% de la  population mondiale, 3% de la production et 15% de transferts sociaux de la  planète sur fond d’une dette publique qui a dépassé 100% du PIB. La  société est vulnérable avec  la  montée du communautarisme et de la violence alors que les institutions de la Vème République cumulent l’impuissance à réformer et l’étatisme. Quand l’Etat est bien dirigé et le citoyen prospère, tout va bien. Aujourd’hui rien ne va plus parce que l’Etat est paralysé et surendetté et le citoyen atomisé et paupérisé,  livré à des peurs souvent irrationnelles. Les  espoirs suscités  par l’élection de Macron sont rapidement retombés.  Le quinquennat est sorti de route : réformes qui sanctuarisent le secteur publique sans y toucher vraiment, incohérences, impréparation, illisibilité… Résultat d’un pouvoir hypertechnocratique et hypercentralisé, créant un vrai vide politique propice à toutes les  agitations. L’Etat de droit est menacé, or, c’est le pilier de la démocratie avec le suffrage universel. Ses pouvoirs régaliens sont contournés de plus en plus par les réseaux sociaux ou dénaturés par les magistrats eux-mêmes quand ils cèdent à la tentation de substituer leur morale au droit avec la complicité des  médias.

La démocratie libérale n’est pas morte.

On le voit avec les peuples qui se battent pour leur liberté comme à Hong-Kong, à Taïwan, à Istanbul, à Caracas ou à Alger … La  crise du coronavirus va rebattre toutes les cartes,  mais elle nous confirme, après le « big brother » numérique, que le rêve chinois est un cauchemar totalitaire. Ce n’est pas parce que les populismes échouent toujours que leur essor est compromis  pour autant. Cela impose de réinventer notre démocratie !  L’enjeu central du XXIème siècle est à nouveau la liberté  politique !

Mais tout ceci n’est qu’un résumé.  Il faut lire « L’alerte démocratique ».  D’autant plus passionnant que la  crise que nous vivons en direct va rebattre les cartes d’un jeu dont  Nicolas Baverez nous décrit avec précision toutes les cartes.

« L’alerte démocratique »  aux Editions de l’Observatoire.

 


QUE NOUS RESERVE 2020 ET APRES ?

Fin du monde tintin

 

Je ne vais pas tenter de vous faire croire que je possède une boule de cristal ou que je lis dans le marc de café. J’ai beau avoir quelques réminiscences de culture gréco-romaine, je ne sais pas pour autant jouer les augures ni interpréter les auspices, pas plus que je n’ai sous la main la Pythie de Delphes pour consulter ses oracles… Bref, tout ça pour vous dire que je m’en suis tenu benoitement à une compilation des avis parus ici et là en ce début d’année. Avec une constante quand même : alors que le pessimisme prévalait début 2019, la fête boursière avec un indice qui a bondi de 25% sur l’année, conduit aujourd’hui à l’euphorie sur les marchés.

Politique et banques centrales.

Rien ne semble avoir prise sur l’impact des politiques d’aisance monétaire menée par les banques centrales. Marc Fiorentino le constate : « Aucun événement politique majeur n’a eu d’impact durable depuis que les banques centrales ont inondé les marchés de liquidités gratuites ou à taux négatifs,  ni l’élection de Donald Trump, ni le Brexit, ni, plus récemment, les attaques sur les infrastructures pétrolières saoudiennes ou encore la procédure de destitution de Trump. Rien ne peut gâcher la fête sur les indices boursiers. » Les jours qui viennent vont constituer un test important pour les marchés en 2020. Nous allons savoir s’il faut définitivement ignorer les événements politiques et géopolitiques majeurs et si la puissance des banques centrales est telle que les « cygnes noirs », sont pulvérisés dès leur apparition. Et il ne va pas en manquer : Trump qui a endossé l’uniforme de chef de guerre a frappé au cœur du régime iranien. Il y aura des représailles qui passeront par l'intermédiaire des multiples milices financées par l’Iran dans la région. Et il faut s’attendre au pire puisque en représailles des représailles Trump a menacé de frapper 52 cibles iraniennes. « 52, comme le nombre des otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979 », a-t-il dit. On aura aussi du nouveau du côté du Brexit…

Les songes d’Attali.

Il ne s’agit pas de l’héroïne de Racine, mais de Jacques. Dans sa chronique hebdomadaire des Echos, il nous livre une liste de 12 événements improbables auxquels il faut néanmoins se préparer. Il appuie son raisonnement sur les événements surprises survenus depuis 2010, dont l’un des plus significatifs fut l’élection « d’un total inconnu à la présidence de la République française »… Je vous livre cet inventaire sans développer : en 1. Le plus « sympathique », l’effondrement du système financier mondial sous les coups d’une très grande crise financière (il n’est pas le seul à y penser) 2. Un tir de missile balistique nucléaire de la Corée du Nord vers Tokyo, ou Washington 3. La dislocation de l’Eglise catholique (ça c’est plus original) 4. L’invasion d’un des pays baltes par la Russie, suivie d’aucune réaction des Etats-Unis 5. La constitution d’un nouveau califat islamique de la Lybie au Nigeria 6. L’élection en France d’une présidente de la république d’extrême-droite (on n’y est pas encore) 7. La victoire à l’élection présidentielle américaine d’une femme sociale-démocrate et écologiste 8. Des découvertes majeures permettant la guérison des cancers les plus résistants 9. Une prise de conscience écologique planétaire avec un prix mondial du carbone à 100 dollars la tonne 10. Une charte contraignante édictée par les 50 plus grands fonds d’investissement du monde pour ne plus investir que dans les entreprises durables 11. Des révolutions démocratiques victorieuses en Russie, en Turquie ou en Chine 12. Des œuvres d’art et de nouveaux courants artistiques changeant notre regard sur le monde. C’est une liste à la Prévert, j’en conviens. Je vous laisse le soin d’imaginer les développements, c’est plus romanesque.

Le regard de Nicolas Baverez.

Voilà un économiste sérieux. Certes, il verse facilement dans le pessimisme, mais les temps y prédisposent. Il analyse le cycle de démondialisation auquel nous assistons sous la poussée des populismes, qui explique le contexte économique beaucoup plus dur, marqué par une diminution de la croissance et des emplois ainsi qu’une hausse des risques politiques et financiers. Pour lui, l’abandon de toute discipline monétaire et budgétaire (les deux vont ensemble), dans les grands pays développés renforce la probabilité d’un nouveau krach. Il prédit que les années 2020 seront placées sous le signe de la crise de la démocratie représentative et du regain (déjà en cours) des nationalismes. Car l’échec économique des populistes n’arrive pas à remettre en cause leur capacité à arriver au pouvoir et même à s’y maintenir, profitant de la déstabilisation des classes moyennes ou de la polarisation des territoires, des désarrois identitaires et de la montée de la violence… Triste tableau. L’antidote au national-populisme, c’est le patriotisme et la liberté. Encore faut-il le mettre en œuvre.

A vous de faire votre opinion.

Allez, une bonne nouvelle pour terminer, comme quoi rien n’est impossible : la Grèce où la bourse d'Athènes triomphe des indices boursiers mondiaux avec 52% de hausse. Et elle emprunte à des taux plus bas que l'Italie. Hé, Hé ! Et Carlos Ghosn qui s’évade du Japon, c’est pas un joli pied de nez ? Pendant ce temps-là, nous, on concocte une réforme des retraites qui se voudrait universelle et juste et qui ne sera ni universelle, ni juste…

Bah, le principal n’est-il pas d’être en bonne santé !

 

 


NOUS VIVONS UNE EPOQUE EPIQUE !

Planche à billets

 

Notre siècle marche sur la tête. On s’apprête à fabriquer des enfants sans pères avec des parents de papier et en économie, il vaut  mieux avoir des dettes que de l’argent de côté…. Mais où va-t-on ?

Plus personne n’y comprend rien du fonctionnement de l’économie. 

Les  banques prêtent  à des taux négatifs,  ce qui veut dire qu’elles ne gagnent pas d’argent et que si vous placez  vos économies, il faudra bientôt payer pour qu’elles vous les prennent. Aujourd’hui l’argent est « gratuit » !  C’est donc le  moment d’emprunter. Ce  que font les entreprises fautes de trouver d’autres financements. Conclusion : partout la dette enfle ! Il y a deux secteurs qui prospèrent sur cette  opportunité : la bourse,  que plus rien n’effraie et l’immobilier. 

Le revers de la médaille.

Dans un monde qui tourne à l’envers,  il y a forcément un loup quelque part. Les épargnants ne sont pas les bienvenus dans le  monde de l’économie liquide, et ils subissent une sorte de hausse des taxes via les taux d'intérêts négatifs (-0.5% depuis quelques jours) qui ne sont ni plus ni moins qu'un nouvel impôt qui est considéré comme « nécessaire » pour relancer l'inflation. Mais voilà, la recette  n’a  pas  marché  jusqu’à maintenant et aurait  plutôt  contribué à accélérer le  ralentissement économique mondial. Rappelez-vous mon article  sur la  « baignoire ».  Eh bien,  ça ne marche pas, raison de  plus pour continuer ! L'argent coule à flots mais il alimente les bulles, sur les marchés et sur l'immobilier, mais il n'atteint pas ou peu l'économie réelle. Les banques centrales vont continuer à déverser des milliers de milliards mais cela ne sert plus à grand-chose. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que le Japon a des taux zéros depuis près de 30 ans et fait tourner à fond sa planche à billets mais que sa croissance et son inflation n'ont jamais décollé.

La récession se rapproche.

Depuis cet été, plus personne ne nie que la croissance économique mondiale ralentit et que ce ralentissement risque de s'accentuer. Les  derniers chiffres de la Chine le confirment. Il y a encore un débat entre les optimistes qui pensent que ce ralentissement est purement conjoncturel, et en partie dû à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et les réalistes, qui pensent que nous sommes entrés dans une phase de décroissance structurelle pour les raisons déjà exposées : vieillissement démographique, révolution technologique et numérique, révolution sociétale avec changement du mode  de consommation des  « Milleniums ». L'Allemagne est entrée dans un cycle baissier et frôle la récession et l’Europe suit. Pour tenter d’enrayer le mouvement, la BCE s’est lancée à nouveau dans un programme massif de baisse de taux et de quantitative easing sans avoir l’assurance que cela ait un impact sur l'économie européenne. Car il est  apparu que les banquiers centraux ne peuvent pas tout faire, et que la baisse des taux et la planche à billets ne peuvent pas, à elles seules, relancer l'économie. Cette arme est même devenue inutile, elle ne sert plus qu'à alimenter la hausse des marchés (CAC à 5 600).

La relance !

Les gouvernements doivent faire de la « relance ». C’est la « nouvelle recette-miracle » pour relancer la croissance économique. Il fallait une nouvelle histoire à raconter pour faire à nouveau rêver les investisseurs et les marchés. La future patronne de la BCE, Christine Lagarde a appelé les « pays riches » à faire plus pour relancer la croissance, et en temps normal, cela ne devrait concerner que les pays qui ont les moyens de le faire. Une manière aussi de mettre la pression sur l’Allemagne. Le raisonnement est simple : l'Allemagne a des surplus budgétaires massifs,  un surplus commercial et une dette en chute libre. Il faut donc qu’elle lance un programme ambitieux de relance de l'économie. C'est évidemment ce que lui demandent les Français qui eux n'ont rien fait pour réduire ni leurs dépenses ni leurs dettes mais donnent tout de même des leçons. Tout le monde, Macron en tête, incite donc l'Allemagne à faire de la relance. Mais ceux qui n’ont pas les moyens s’y mettent aussi. C'est la musique qu'on entend en Italie et même chez nous. Là encore le raisonnement est simple : lâchons les vannes, ça on a l’habitude, augmentons les dépenses, ça aussi on en a l’habitude, lançons des grands programmes d'infrastructure… Tant pis si cela coûte de l'argent. Tant pis si cela fera déraper des déficits et les dettes. Cela n'a aucune importance puisque les taux d'intérêt sont négatifs et qu'aujourd'hui, plus vous dépensez et plus ça vous RAPPORTE de l'argent. Un bon déficit français, à l'ancienne, rapporte aujourd'hui  0,40% par an sur 10 ans... Pourquoi se priver, nous disent les cigales, alors que les fourmis triment pour mettre de l'argent de côté qui leur COÛTE de l'argent. Bref, on tourne en rond.

L’arme fatale.

L’imagination n’ayant pas de limite, au lieu de revenir aux fondamentaux  de discipline budgétaire, de désendettement et de financement de l’économie réelle, si la relance ne marchait  pas, on nous a inventé l'arme ultime, l'arme fatale contre la déconsommation et contre la décroissance : « l'Helicopter money ». Non, ça n’est pas une plaisanterie ! C’est  la dénomination qu’on donne  au projet des banques centrales de distribuer l'argent directement aux consommateurs pour qu'ils consomment, sans transiter par les banques et les circuits financiers. Non, vous ne rêvez  pas !  Bref : les banques centrales, directement, sans passer par les gouvernements ou le système financier, distribueraient des bons de consommation aux ménages, de 500 € à 1 000 € par mois, gratis : la seule obligation que vous aurez c'est... de les dépenser. Avec ça, allez récompenser « l’effort » ? C’est qu’il faut échapper à la grande récession qui nous menace par tous les moyens, quitte à dynamiter Les règles de « gestion » classiques et les principes économiques. En attendant, le gouvernement français procède donc aux derniers arbitrages sur le budget et le déficit.  On abandonne les réductions des dépenses publiques : pourquoi se fatiguer à faire des efforts alors qu'on peut financer les déficits à « MOINS 0,40% » ? Nous aurons donc un déficit de 2,1 ou 2,2% au lieu des 1,4%... Pourquoi s’inquiéter, de toute façon, on doit bien mourir un jour !

A court terme, cela recule l'heure fatidique de la récession, peut-être de une ou deux années, et cela rend les investisseurs euphoriques.

À long terme, c'est évidemment destructeur. Car un monde sans différentiel entre les zones et pays, cela n'a jamais existé, vu qu'il y a des différences majeures entre les peuples au niveau de la production. Bon, on ne sait pas à ce stade quel différentiel va mettre à mort l'euro. On sait juste que c'est inévitable. Rien que ça !





G7 : LE MONDE ENTIER, ET MOI, ET MOI, ET MOI

G7 Biarritz

 

Président du Monde !

Enfin, pas tout-à-fait, du ½ Monde puisque le G7 représente aujourd’hui un peu moins de 50% du PIB de la planète. Mais Narcisse est toujours là. Il s’était déjà pris pour le Président de l’Europe avec le succès que  l’on sait. Il avait juré que la crise des gilets jaunes l'avait rendu humble. Mais on mesure  combien il est difficile d’aller contre sa nature. A  Biarritz, Macron s’est donc pris pour le Président du monde : il a été sur tous les fronts, l'Amazonie, l'environnement, l'Iran, l'Inde et le Pakistan, la paix dans le monde (conseillé par Raffarin ?)…  Il a fait venir Poutine,  il a  ménagé  un coup de théâtre en faisant venir le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, sur place, en marge du sommet.   Il donne des leçons à tout le monde, à Trump, à Boris Johnson et à tous les leaders dits « populistes » contre lesquels il est en croisade. Il est même tombé dans le piège de la  manipulation sans se renseigner outre  mesure sur les incendies (qui ne  sont  pas extraordinaires) de  la forêt amazonienne (qui n’est pas le  poumon de la planète) pour faire  la leçon à Bolsonaro. Procédé indigne. Président du monde alors qu'il y aurait déjà fort à faire pour être Président de la France.

Le tam-tam et le concert de louange.

Rarement on aura vu une telle  mise en scène, à grand renforts de « points presses » bien huilés. La  communication a vraiment  pris le dessus,  ça permet de cacher la réalité, et il faut dire que l’Elysée a fait fort sur ce coup-là.  Il était amusant de lire et d'écouter les commentaires français bien sûr, sur le G7 de Biarritz. Finalement,  voilà un G7 « historique » : ce serait  le  seul  G7 de tous les  G7 qui aurait été utile. La France a repris sa place, au centre du monde,  évidemment ! Donc Trump aurait cédé sur tout, face à notre président : il aurait accepté de reprendre le dialogue avec l'Iran, sujet essentiel ; il aurait décidé de ne pas taxer les produits français et de mettre en place une taxe GAFA à l'échelle mondiale. C’est bien simple, tous  les  problèmes du monde y ont été réglés et même l’Amazonie va  être sauvée. Tous ? Enfin pas tous : la  guerre commerciale de Trump avec la Chine va continuer de peser sur l’économie  mondiale. Ah, il faut voir les titres élogieux  de la presse, et je passe sur les multiples plateaux en continu de la télé-réalité-people : « Amazonie, Iran, GAFA: les paris réussis de Macron », « Macron à l'offensive au G7, Trump infléchit ses positions », « Les initiatives et le volontarisme du chef de l’État ont permis des avancées sur plusieurs dossiers sensibles lors du sommet de Biarritz », « Macron-Trump : la détente cordiale », « Le président français réussit un coup diplomatique sur l'Iran ». Il ne s’agit que de la  presse française, évidemment. C’était donc THE sommet !

Retour à la réalité.

Il  n’était pas bien difficile d’imaginer la suite. Trump reste fidèle  à lui-même, et il aura bientôt tout oublié ce qu’il a promis au gré des aléas de sa campagne électorale et repartira dans ses attaques si nécessaire. Contre la France, contre  l’Iran,  contre la Chine… Entre autres. Il vient d’apporter son soutien à Bolsonaro. Déjà un couac, et on n’est que le 29 août. L’annonce conjointe par Trump et Macron d’une future détente entre les US et l’Iran ouvrant la voie à un possible nouvel accord sur le nucléaire iranien, grand moment du G7,  eh bien c’est raté : Rohani appelle ce matin Washington à « faire le premier pas » en levant l’intégralité des sanctions qui plombent l’économie iranienne, condition sine qua non à tout sommet Iran/US, ce qui est impensable pour Trump qui s’y est toujours opposé. Et Zarif, le Ministre des Affaires Etrangères iranien a surenchéri en affirmant qu’une poignée de mains Trump/Rohani était aujourd’hui « inimaginable » ou possible « que sur Photoshop ». En attendant, Bolsonaro a refusé l'aide de 20 millions d'euros du G7 pour l'Amazonie, enfin pas tout-à-fait… En fait, les contorsions avec ses  propos sur Mme Macron continuent. Ailleurs le G7 n’a eu aucune influence sur le retour de Giuseppe Conte comme Président du conseil en Italie, après l’accord  entre le parti démocrate et le M5S ; aucune influence sur Bojo, toujours prêt à  livrer le Royaume Uni à Trump avec le Brexit et qui vient de tenter un coup de force contre le Parlement qui pourrait provoquer sa perte.

Trump  et  la Chine.

Pendant ce temps Trump continue à souffler le chaud et le froid sur la guerre commerciale avec la Chine. Il veut taxer davantage, puis il ne veut plus taxer. Il ne veut plus discuter avec les Chinois, puis il veut discuter avec les Chinois qui ont tapé à la porte. Xi Jinping est l'ennemi des États-Unis ; Xi Jinping is a « great guy, a friend, a great leader ». C'est sa façon de négocier et sa façon de mettre la pression sur la Fed, pour qu'elle baisse ses taux afin de lui garantir de la croissance jusqu’à sa réélection. Le  Monde, il s’en fout. Alors la France …

Mais l’essentiel n’est pas là.  L’essentiel c’est que les Français croient le  conte de fée qu’on vient de leur raconter et qu’ils ont un « grand Président » qui aimerait avoir les  mains libres pour la rentrée.  La réalité est plus modeste : les manœuvres politiques sont à peine commencées  avec une belle reculade sur les  retraites. Et on attend la suite.  Car ça bout toujours dans la marmite !

 


PEUT-ON ECHAPPER A LA CRISE QUI VIENT ?

Fin du monde tintin

 

Chaque jour qui passe, elle semble se rapprocher et les signaux d’alerte sont de plus en plus nombreux. Les révisions à la baisse des  prévisions de croissance s’enchaînent mois après mois, mais elles semblent accentuer la folie. Déjà, de nombreux pays sont entrés en récession industrielle. Le stock total des dettes publiques et privées est au plus haut (environ trois ans de PIB mondial). Dans ce contexte, une récession provoquerait une nouvelle crise financière avec d’énormes risques de défaillances en chaîne. A l’image de la  planète qui brûle, les financiers entretiennent le brasier au lieu de tenter de l’éteindre.

La  folie de l’argent gratuit.

Comme le  constate Jean-Claude Trichet « l’endettement public et privé a continué d’augmenter au même  rythme qu’avant la crise de 2008 alors que celle-ci était largement due à un formidable excès d’endettement ». Tous les grands chocs ont pour point commun l’augmentation incontrôlée de la  gratuité des  moyens de paiement. Or, il n’y a pas de prospérité illimitée, mais la  fascination pour les  fortunes rapides  et la croyance dans l’affranchissement des contraintes d’équilibre financier, monétaire ou budgétaire pour soutenir la croissance, pour faire face à la révolution technologique, ou parce que le monde géopolitique serait différent, aveuglent les autorités politiques. Ainsi les   banques centrales se sont lancées dans des baisses des taux d’intérêt et de nouvelles injections de liquidités.

Des relances budgétaires irresponsables.

Pourtant, la drogue monétaire n’est qu’un palliatif qui reporte les  solutions à la crise en gonflant les bulles d’actifs de l’immobilier, des obligations, de la bourse. Il s’agit de maintenir à tout prix l’activité. Le  pire exemple  vient des Etats-Unis où la Fed a  interrompu ses efforts et baissé ses taux de 0,25%. La baisse des taux favorise l’expansion monétaire et va donc de pair avec des relances budgétaires.  Les américains connaîtront un déficit public de 1 000 milliards de dollars en 2020 soit 5,5% du PIB, au moment où le taux de chômage est au plus bas (3,7%) et la frénésie des emprunts gagne tous les secteurs. Cette expansion monétaire est dangereuse : elle ne soutient que marginalement l’économie, car  les  banques centrales ne peuvent contrôler l’usage et l’affectation des moyens qu’elles émettent ;  la pénalisation de l’épargne déstabilise  les classes moyennes des pays développés et nourrit le populisme ; l’argent facile est une machine à distribuer du pouvoir d’achat factice et à créer des bulles spéculatives. Un bon exemple pour illustrer que les liquidités déversées ne vont pas en priorité à l’investissement qui améliorerait la  vraie croissance et la  productivité tient dans la distribution des dividendes qui n’a jamais été aussi élevée en France,  favorisée par la flat  tax, alors que la productivité est au point mort et que notre croissance reste atone.

Un système bancaire fragilisé.

L’expansion monétaire et budgétaire prive les banques de toute capacité de réaction.  Elles sont ruinées par les taux négatifs qui entretiennent  la finance de l’ombre, d’autant plus que le travail de sape de Donald Trump contre les  institutions multilatérales, limite  les possibilités de coopération internationale et de stratégies concertées, qui jouèrent pourtant un rôle  décisif pour endiguer la crise  de 2008. La monnaie  est un outil de politique économique qui ne doit être utilisé qu’en période de krach ou de déflation, mais certainement pas en période de plein-emploi qui consiste alors à entretenir une « surchauffe ».  L’argent gratuit est une addiction qui ne peut connaître d’issue heureuse. La fin est certaine : le  krach, seul le moment est incertain.

Des solutions existent.

Echapper à la crise qui vient suppose de relancer massivement l’investissement mondial par une intensification de  la  coopération internationale. Mais on n’en prend pas le chemin. L’Europe a les  moyens de se mettre à l’abri. Au moins pourrait-on achever la construction européenne  autour de l’euro  qui permettrait une défragmentation financière de la zone et la création d’un support d’épargne commun pour drainer les  capitaux vers une union de financement de l’investissement et de l’innovation. C’est réalisable : la zone euro dispose  de la  première épargne du monde (340 milliards d’euros) qui n’est malheureusement pas investie dans l’espace monétaire commun.  Cette union de financement nous mettrait à l’abri de la prochaine crise systémique. Mieux, elle ferait de l’euro légal du dollar. Réalisation de l’union bancaire et des marchés  de capitaux : voilà une belle tâche à la hauteur des compétences de Christine Lagarde. Si le mouvement pouvait s’accompagner d’une convergence fiscale, sociale et environnementale, l’Europe serait armée pour faire face. Cela ne dispenserait pas de la nécessité d’une conférence internationale définissant les conditions d’une relance mondiale, comme le G20 l’avait imposée en 2008, mais c’est une autre histoire et avec des Trump, des Johnson et Salvini dans le paysage, c’est pas gagné !

Il nous faudrait un Sarkozy, et nous n'avons qu'un Macron...

 


MON PETIT RAPPORTEUR

Cedric demande à ton père

 

Capitalisme fou : la  dernière sortie de Macron devant l’OIT (Organisation Internationale du Travail). Il aime bien dire ce que son auditoire a envie d’entendre. No comment. 

Le tweet : “The United States has very low inflation, a beautiful thing !”.  Trump se réjouit que l’inflation est très basse  et trouve que c’est une bonne nouvelle.  En économie, c’est une aberration.  Bref !

Ralentissement du commerce  mondial : on l’attribue à la guerre commercial US-Chine.  Probable.  Mais on oublie que l’argent en est le carburant, or avec les taux très bas, les banques n’ont pas assez d’argent. Bah oui, on oublie ce  qui est basique !

Les  taux bas : la France emprunte à 10 ans à pratiquement 0%.  Un vrai poison pour un pays addict à la dépense publique.

Les taux bas, toujours : ils dopent l’emprunt dans tous les domaines, notamment l’immobilier et les  entreprises (175%  du PIB). La hausse de l’endettement privé est elle aussi inquiétante. Des « bulles » se forment un peu partout.

Les taux bas, encore : Les  Français auraient bénéficié de 8,5 milliards d’euros de pouvoir d’achat supplémentaire depuis l’automne dernier, mais ils n’en auraient consommé que 3 milliards.  Le  reste est stocké en économies, même si ça ne rapporte rien. Vous avez dit « inquiets » ?

Dirigisme fou : L'échec du rapprochement entre Fiat Chrysler et Renault-Nissan illustre les erreurs de l'Etat actionnaire, qui ne peut pas grand-chose non plus pour apaiser les tensions avec Nissan… Et si Le Maire foutait la paix à Sénard ?

Electricité : Les  énergies renouvelables et le  fait  que c’est un faux marché expliquent largement les hausses du prix : + 6% en juin, + 1 ou 2% en août. Le « renouvelable intermittent » est  un gouffre qui bénéficie de subventions massives.  C’est  un faux marché parce qu’il n’y a pratiquement qu’un seul producteur en France : EDF. On a là une caricature de marché concurrentiel, sans vrais concurrents, mais avec beaucoup de subventions. On n’a pas fini de payer.

Corruption : il paraît qu’elle continue de saper  la croissance économique de la Russie.

Signe prémonitoire : Le chêne planté dans le jardin de la Maison Blanche en symbole de l’amitié Trump-Macron est mort.  La  greffe n’a pas pris, et l’arbre n’a pas survécu.

Nouvelle cible : Trump tire tous azimuts.  Il a maintenant le vin français dans le collimateur : les Etats-Unis en importent trop et nous nous n’achetons pas assez du leur. Peut-être que le nôtre est meilleur ? C’est bien ce que je disais. En fait il ne sait plus quoi faire pour affaiblir la concurrence européenne.

Victoire écrasante : après sa défaite 2-0 contre la Turquie, la France écrase Andorre 4-0. Il paraît que c’est rassurant.  On se console comme on peut.

41 000 : c’est en 4 mois le nombre de demandeurs d’asile, 10 000 de plus par mois en moyenne. Mais pourquoi veulent-ils tous venir en France ?

Novlangue : « nous avons parfois construit les bonnes réponses mais trop loin de nos concitoyens » c’est du Macron et ça ressemble à « nous avons été trop intelligents et trop subtiles » de Legendre. Ils nous prennent toujours pour des cons, quoi !

Le retour du trou : Ah,  le  « fameux trou de  la sécu », il était soi-disant rebouché. Eh bien non, le revoilou,  autour de 4 milliards. Le retour à l’équilibre pour 2019 est compromis. La faute, entre autres,  aux  mesures Macron d’exonérations de cotisations…  On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.L’Etat continue de creuser des trous pour reboucher les précédents. C’est le « libéralisme » à la française !

8 points de PIB : une étude de Rexecode nous dit que si la France avait maintenu son niveau d’exportations d’avant 2 000 on serait riche de 8 points de PIB supplémentaires. Nos parts à l’export sont passés de 18% à 14,3% (export total de la zone euro).  En cause : la hausse du coût salarial dans l’industrie (donc les 35h). On serait 185 milliards d’euros au-dessus  de l’an dernier. De quoi laisser Le Maire rêveur …

 

 


PETIT JOURNAL DE L’ECONOMIE

Economie  bourse

 

Le « nouveau monde » selon Le Maire…

Les méthodes employées par notre « grand financier » relèvent des recettes économiques de notre arrière-grand-mère. Il fait partie d’un gouvernement dont le Premier Ministre, en bon social-démocrate, croit fermement aux vertus de l'intervention de « la main bien visible de l'Etat » dans l'économie. Voilà un environnement de rêve pour ce technocrate dont la besace regorge de propositions toutes plus étatistes les unes que les autres. On le retrouve donc sur le front de toutes les entreprises en difficultés avec  le succès que l’on sait : De General Electric  (merci Macron) à Ascoval et Blanquefort, on peut  mesurer l’étendue de l’efficacité de « l’Etat-stratège ». Mais le top de l’efficacité a été atteint par le  « fonds pour l'innovation » constitué au sein de l'établissement public Bpifrance, structure contrôlée par l'Etat. Un dispositif tellement performant que la Cour des comptes est venue mettre son nez dans son fonctionnement et, dans un rapport publié le 15 mai, s'est prononcée « pour sa suppression et la réintégration des 250 millions d'euros annuels dans le budget général via les dispositifs classiques de financement de l'innovation ». En cause, la multiplicité et la complexité des opérations nécessaires à la constitution de ce fonds n'ont pas permis de le rendre opérationnel en 2018, pour reprendre les mots de la Cour. Bref : du gaspillage d’argent public ! ? Il est clair que la création de ce fonds, annoncée en grandes pompes car répondant à des enjeux d'affichage politique, est une usine à gaz conçue dans la plus pure tradition française. L'efficacité de « l'Etat stratège » n'est qu'une légende, laquelle sévit en France au moins depuis le XVIIe siècle, et  prospère  plutôt dans les beaux cerveaux des technocrates jacobins. Un dernier exemple  ce matin : Fiat Chrysler ne veut plus de deal avec Renault qui avait demandé une journée de plus pour réfléchir. Il semble que Nissan soit parvenu à saborder le deal avec ses réticences. Xavier Bertrand va  être  content, pas  Bruno Le Maire !

Youpi, les investissements étrangers …

Voilà de quoi pousser un joli cocorico : une enquête sur le nombre de projets d'investissements étrangers montre que... la France a dépassé l'Allemagne ! Leur nombre en France en 2018 s’est monté à 1027 contre 973 en Allemagne.  Serait-on devenus champions d’Europe ? Eh non : la Grande-Bretagne est devant avec 1054. Sorry !  Ce serait quand même mieux si les investissements étaient français, mais voilà, au pays de l’enfer fiscal le capitaliste se fait rare. On est donc premiers sur les centres de Recherche & Développement financés par des capitaux étrangers. Et c’est bien normal puisque nous avons un système de crédit d'impôt recherche, financé par nos impôts, extrêmement généreux. Non seulement les étrangers investissent chez nous mais ils en profitent pour défiscaliser. Et  c'est nous qui payons...

Eclaircie sur la pompe ?

Le prix du pétrole s'est effondré, en dessous des 53 dollars sur le brut américain. Il était à 77 dollars il y a peu. Pourtant le pétrole iranien n'arrive plus sur le marché. Mais l'Arabie Saoudite alimente pour que les États-Unis continuent à mettre la pression sur l'Iran.  Et aussi la production du pétrole de schiste aux États-Unis continue à progresser, favorisée par les prix élevés. Il  y a une autre raison moins réjouissante :  les investisseurs anticipent un fort ralentissement de l'économie mondiale, notamment à cause des gesticulations tweetesques de Trump. Si ça se confirme, ça n'est pas réjouissant du tout.

Les  taux bas ne font pas les bons totaux.

Et c'est reparti, partout dans le monde. L'Australie en tête avec sa première baisse des taux depuis 3 ans pour contrer les effets négatifs du ralentissement de l'économie chinoise. De  son côté, Trump va pouvoir continuer son offensive commerciale contre la Chine, le Mexique et bientôt l'Europe, sans peser sur l'économie et les marchés, grâce à l'aide, une fois de plus, de la Banque centrale américaine.Il a suffi d'un mois de baisse relative sur les indices boursiers en mai, pour que le patron de la FED, Jay Powell, annonce que la Banque Centrale se tenait prête à baisser les taux. Il va donc continuer ses guerres commerciales au risque de faire dérailler l'économie et les marchés.

En France, en mai le taux de crédit immobilier moyen a atteint un nouveau record de baisse : 1,29%.
Du jamais vu depuis les 1.33% de décembre 2016. Et cela devrait continuer en juin. Les banques baissent les taux et repartent à l'attaque. Jamais les niveaux d’emprunts ont été aussi élevés…  L’argent pas cher rend fou !  Mais combien de temps les banques centrales vont-elles tenir l'économie mondiale et les marchés à bout de bras avec la baisse des taux d'intérêt ? Une fuite en avant !

Forcément ça finira mal… un jour  ou l’autre.

 


AMERICA GREAT AGAIN ? PAS SÛR !

Donald Trump

Une guerre commerciale aux effets contradictoires.

Trump s’agite  beaucoup et régente le monde à coups de tweets rageurs. Il a fait de la Chine le principal  adversaire des Etats-Unis avec un objectif : empêcher le pays d’Asie de lui passer devant. En apparence, tout semble lui réussir : l’économie américaine tourne à fond et le chômage n’a jamais été aussi bas. Mais ce n’est qu’une facette.  Selon Patrick Artus, les droits de douane imposés par Trump ont creusé le déficit commercial américain sans pour autant bénéficier à l'économie du pays. Il a d'abord mis en place des droits de douane sur l'acier, l'aluminium, le bois, les machines à laver, le lait, les panneaux solaires. Puis il a ajouté 10 % de droits de douane sur 200 milliards de produits chinois qui sont devenus 25 % le 10 mai. Entre temps il a négocié un accord avec les Chinois, puis ceux-ci ont rompu… On dispose de  suffisamment d'évaluations des mesures mises en place l'année dernière et elles montrent exactement ce qui était prévisible, à savoir qu’elles n'ont eu aucun effet positif sur l'économie américaine. Certes les recettes douanières ont permis de financer en partie des  baisses  d’impôts  monumentales qui ont bénéficié surtout aux entreprises, mais  elles renchérissent les  produits importés pour les consommateurs. Comme les Chinois n'achètent plus de produits énergétiques ni de produits agricoles aux États-Unis, le résultat ne s’est pas fait attendre : le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine est en train d'exploser. Autrement dit, les mesures ont surtout fait que les Américains payent plus cher ce qu'ils importent. Le protectionnisme produit deux effets qui s'annulent, d’un côté on taxe des produits importés qu’on paie plus cher mais comme c'est une taxe il faut la redistribuer. Donc ce qu'on vous prend dans une main en payant plus cher les importations on vous le rend de l'autre en rendant le produit de la taxe sur les importations. Voilà pourquoi l'effet sur l'économie américaine est quasi nul, donc ça peut durer.  Cette  économie de  Parkinson, Trump la pratique à des fins uniquement électoral, parce qu’elle lui donne l’apparence du beau rôle.

La  guerre commerciale  n’est qu’un aspect de l’affrontement entre les États-Unis et la Chine. C’est aussi une guerre technologique et même  une guerre économique totale. Il s’agit du leadership économique et technologique mondial. Trump tape là où ça fait mal, mais pour combien de temps ? L'affaire Huawei est un bon exemple de ce qui se passe, parce qu’elle est devenue une affaire mondiale  et constitue l’un des noeuds du conflit entre la Chine et les États-Unis. Huawei, créé en 1987 à Shenzhen, est un fournisseur de réseaux de télécommunication aux opérateurs. Trump en a fait une cible en l'accusant d'espionnage. Le Japon et la Grande-Bretagne, de peur des représailles américaines, ont donc décidé de ne plus partager de technologie avec Huawei. C'est un revers majeur pour le Chinois qui n'a plus accès aux puces de Qualcomm,  fabricant de composants électroniques américain, ou encore Intel et qui ne pourra plus intégrer Androïd. Est-ce ce conflit qui en est la cause ? Toujours est-il que Qualcomm s’est pris 12% de baisse : 10 milliards de dollars envolés. Et un juge vient de donner raison à la commission de la concurrence américaine, la FTC, qui accuse Qualcomm d'avoir verrouillé le marché des iPhone. Comme quoi, rien n’est facile   !

Il reste quand même la grande inquiétude : la  guerre qui fait rage bride inévitablement le commerce   mondial  et la  croissance va s’en ressentir.  Le FMI vient d’abaisser la prévision pour la deuxième fois à  3,3%  avec un coup de mou en Europe. Il semblerait que l’Allemagne rechute.  Heureusement pour la France tout va bien. Enfin,  on aimerait le croire !

En attendant les marchés plongent.

 

 


QUE SERA 2019 ?

Orages

Pessimisme ambiant.

Si j’en crois les titres que je lis, l’année qui commence n’arrive pas avec les meilleurs auspices. « Année lourde d’incertitudes pour l’économie mondiale » titre  Le Figaro ; « L’économie mondiale enregistre un endettement record » surenchérissent les Echos ; Macron va être confronté  à « un retournement de conjoncture plus fort que prévu », nous prévient l’économiste Jean-Marc Daniel ; « Les entreprises doivent se préparer à  une année risquée »  analyse David Barroux… Et cerise sur le gâteau (enfin, façon de  parler), le livret A fait perdre de l’argent aux épargnants avec sa rémunération gelée à 0,75% jusqu’en 2020 alors que l’inflation est à 2% ! Du coup, on ne sait plus si on doit enfiler un gilet jaune ou pas, à cause de la récupération par les casseurs et les gauchos, prendre un stylo rouge comme les  profs pour demander qu’on arrête de maltraiter les retraités, adopter une toque verte pour signifier à nos mauvais écolos que de la  façon dont ils s’y prennent le combat est  perdu d’avance.

Entrons dans les faits.

Les nuages s’accumulent en effet sur l’économie mondiale, et par contre coup sur la croissance européenne. Les signes annonciateurs ont été observés dans les fluctuations des bourses et leur ralentissement, qui trouvent leur justification dans de nombreuses incertitudes. Celle du bras de fer commercial engagé par Trump avec la Chine vient en premier.  Sans compter que le FMI vient de révéler que la dette mondiale (publique et privée) a atteint 184 000 milliards de dollars … à la fin de 2017, soit 225%  du PIB de la planète. Et on peut se dire que la glissade a continué en 2018. Avec le resserrement des conditions financières dans de nombreux pays, les perspectives ne sont pas réjouissantes. A cela s’ajoute la perspective du Brexit qui risque de se faire dans les pires conditions, aggravée par la montée des populismes qui risquent de paralyser l’Europe après le mois de mai.  Toujours est-il que du FMI à l’OCDE, en passant par les grandes banques, tous les prévisionnistes, au fil des mois ont révisé leurs chiffres vers  le  bas. De  leur côté, les  « émergents » restent sur des fondations fragiles et cela ne s’améliorera pas en 2019.  Ils dépendent de l’épargne du reste du monde et la prudence plus marquée des investisseurs et la hausse des taux d’intérêts américains ne sont pas des éléments qui leur soient favorables. Beaucoup vont voir leur croissance ralentir. Quant à la France, les gilets jaunes font broyer du noir aux économistes.  On devrait assister à un gros coup de frein sur la fin de l’année, après  trois trimestres déjà faiblards.  L’élan est brisé et ça n’est pas la meilleure façon d’aborder  la nouvelle année. D’autant plus que les événements ont contribué à charger un peu plus la barque de nos dépenses publiques alors que les ressources stagnent. Et l’on a du mal à évaluer quel effet aura le prélèvement à la source sur la consommation des ménages. Inflation, chômage qui reste  élevé, croissance en berne : voilà un mauvais cocktail que Macron va devoir diriger. Et  nous avec !

La France file un mauvais coton.

Avec  les « Gilets Jaunes », nous sommes en présence d’une révolte contre la fiscalité doublée d’une crise de la démocratie représentative, l’une ayant d’ailleurs alimentée l’autre. A lire et à entendre toutes  les déclarations, on se demande bien comment le pays va pouvoir s’en sortir entre un pouvoir sourd qui ne veut rien entendre, des  révoltés  qui se radicalisent, des  oppositions démocratiques qui n’impriment pas et des extrêmes en embuscade.  Si ce que projette  Macron voit le jour, il n’y a rien à attendre de bon pour les classes moyennes en matière de fiscalité avec des idées tout droit sorties de Terra Nova ou de France Stratégie, ni en matière de démocratie  sinon un affaiblissement du pouvoir  législatif,  avec à la clé une emprise encore  plus grande de la technocratie.  La  vérité,  c’est  que nous sommes au bout d’un système,  celui de l’Etat-providence, qui se révèle incapable de produire de la richesse par la  croissance et qui est entré depuis plusieurs années déjà dans le cercle pervers du prélèvement aux uns pour redistribuer aux autres.  Pour en sortir, il faudrait prendre le chemin du libéralisme, de la concurrence et de la responsabilité… Un chemin bien malaisé par les  temps  qui courent. Et si l’Europe se retrouve paralysée et qu’elle ne peut plus nous protéger de nos démons en nous imposant des limites, qu’est-ce qu’on va devenir ? S’il est vrai que nous avons un million et demi de jeunes sans formation, stage ni emploi, alors  ne nous étonnons pas que la colère l’emporte contre ceux qui ont généré un tel bilan. Sauf que la tentation est grande de mettre tout le monde dans le même panier. Et  ça, ça peut conduire au pire.

« Les Républicains » depuis un an et demi ont porté tous les thèmes qui affleurent aujourd’hui dans les revendications, mais tout a été fait pour qu’ils ne soient pas entendus. Ils sont les premiers à défendre les retraités et à avoir dénoncé la hausse de la CSG, ils sont les premiers à avoir mis en avant la fracture territoriale et le prix excessif des carburants,  la  bêtise de la limitation à 80 km/h, ils sont les premiers défenseurs de la classe moyenne, celle qui paie tout et ne reçoit rien et ils sont les derniers défenseurs de la famille… Souhaitons que des retrouvailles aient lieu. Le moment est peut-être propice. L’espoir fait vivre ! Comme dit Guillaume Larrivé : « La France a commencé l’année 2019  en marche arrière ! » (admirez au passage  la subtilité du jeu de mot  qui aura échappé à Gilles Legendre). Faisons en sorte qu’avec « Les Républicains » elle passe en marche avant !

 


NOUVELLES D’ICI ET D’AILLEURS…

En attendant le débat  ...

Globe-terrestre-

Nouvelles de France

La majorité au Sénat refuse d’examiner un budget 2017, « maquillé comme une voiture volée » : après un examen minutieux, elle évalue la sous-estimation des dépenses à 12 milliards d’€, celle du déficit à 20 milliards et à 25 milliards les dépenses non financées (cadeaux électoraux) reportée sur les budgets ultérieurs. Cela fait beaucoup pour celui qui succèdera.

A gauche, c’est la guerrilla : Malek Boutih dégaine violemment contre une candidature de pépère qui dit-on est imminente, et tenez-vous bien, Arnaud Montebourg appelle les électeurs de droite à participer à la primaire de la gauche pour virer Hollande en votant pour lui !! On est en plein western spaghettis !

Taubira s’en mêle : L'ex-ministre  a qualifié de « cocktail ultralibéralisme-régression sociale » le programme de François Fillon, appelant donc indirectement à voter Alain Juppé. Comme cette caste est aveugle : elle refuse de voir les dégâts de la politique de « gôôôche » dont  elle se réclame. Ces gens-là ne savent que sortir les mêmes « scies » convenues. Bah, laissons le peuple parler, ils ne vont pas  être déçus !

Exode fiscal : voilà une réponse à Taubira qui illustre les méfaits de  l’aveuglement idéologique. L'exode fiscal, loin d’avoir ralenti s'est accéléré. Les départs des foyers gagnant plus de 100 000 euros continuent d'augmenter. Et les chiffres viennent directement du Ministère des Finances : 4100 départs, 10% de plus que l'année précédente. Pour où ? Direction la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Suisse.  Comme quoi il est urgent que la droite reprenne le manche si on ne veut pas devenir un pays que de pauvres, dont la gauche s’occupe  activement d’augmenter le  nombre.

La Gauche Travelo : Macron publie son livre « Révolution » à 200 000 exemplaires. Sa vie, son œuvre, ses espérances présidentielles… On s’en fout ! Il va faire un tour de France des dédicaces.  Tiens, comme qui déjà ?

Nouvelles d’Europe

Brexit : en attendant de savoir s’il sera « hard » ou « soft », il est « slow » comme un poison lent. La croissance du Royaume-Uni est revue à la baisse, le retour à l’équilibre budgétaire reporté. Aucun effort supplémentaire n’est annoncé, pour ne pas pénaliser l’économie. Le gouvernement de Theresa May est bien obligé d’admettre que la perspective du Brexit accentuera le ralentissement économique et que les finances publiques accuseront le coup en conséquence. Au cours des cinq prochaines années, le déficit cumulé sera gonflé de 122 milliards de livres. La richesse britannique aurait fondu de 1.400 milliards d'€ après le Brexit. On mesure l’ampleur du « trou noir du Brexit ». Et on n’est qu’au début ! On n’entend plus Marine Le Pen.

L'Italie, maillon faible de l’Europe : à l'approche du referendum de Matteo Renzi, l'Italie est sous pression. La bourse italienne a un peu profité de l'emballement des marchés des derniers jours, et Milan affiche la pire performance boursière de l'année avec une baisse de plus de 20%. Et les taux d'emprunt italiens continuent à remonter,  au-dessus de 2%, un écart de plus de 50 points de base avec l'Espagne. Les sondages donnent le non gagnant, avec 7 points d'avance  (11 points d'avance dans le Sud particulièrement touché par la récession). Il faut s’attendre à une crise politique. Et pourtant la réforme qu’il propose est courageuse. Elle vise à ramener le rôle du Sénat à un rôle consultatif et surtout réduire drastiquement le nombre de sénateurs. Elle s'attaque aussi au millefeuille régional avec un retour à une centralisation plus rationnelle.

Angela IV : Angela Merkel s'est adressée au Bundestag pour évoquer sa candidature à un quatrième mandat. Elle s'est attachée à transmettre le message que, pour les Allemands, jamais la vie n'avait été meilleure. L'ouverture du pays au monde a permis d'apporter des conditions de vie que les Allemands n'ont jamais connues. Démarche intéressante et courageuse que d'expliquer enfin à son peuple que ce n'était pas mieux avant !

L’Euro 2ème monnaie du monde : la monnaie chinoise est rétrogradée à la troisième place au rang des monnaies les plus utilisées dans le commerce international.

Nouvelles du Monde

L’étau des taux : le revoilà. Nous assistons à un véritable krach des emprunts et à une envolée des taux d'intérêt. Les États-Unis mènent la danse. Pour la première fois depuis l'été 2015, le taux de référence, le taux d'emprunt à 10 ans a atteint les 2.40% après une hausse spectaculaire hier. Et tous les taux d'intérêt dans le monde suivent. Ce qui ne manquera de poser des problèmes de service de la dette pour la plupart des pays développés, y compris la France, qui sont surendettés.

Les monnaies s’affolent : avec un nouveau record tous les jours pour le dollar au plus haut depuis 13 ans. Cette hausse va devenir rapidement un sujet politique sensible. Car face au dollar, ce sont des monnaies comme le yen et le yuan qui chutent. Et comme Trump a promis de s'attaquer au dumping asiatique et en particulier au dumping des chinois, ceux-ci profitent largement de la fenêtre de tir de la transition avant janvier pour dévaluer leur monnaie. Mais en janvier, le combat va être rude ! Personne ne pouvait anticiper une flambée simultanée du dollar, des taux d'intérêt et des indices boursiers. La hausse simultanée de ces trois marchés est une anomalie et forcément une correction va intervenir. Soit les taux vont rebaisser, soit ce sont les marchés qui vont devoir le faire. Nos  gouvernants doivent prendre rapidement conscience que avons brutalement changé de paradigme et qu'il va falloir adapter nos logiciels de pensée sur les marchés et sur les taux. Un tournant brutal qu’il va falloir négocier si on ne veut pas la sortie de route.

Cure d’assainissement indienne : pour combattre la corruption et l'évasion fiscale, le gouvernement a annoncé, du jour au lendemain, que les billets de 500 et de 1000 roupies (soit 6,50 euros et 13 euros) seront inutilisables à partir de 2017. Des millions d'Indiens se sont donc rués dans les banques pour les changer. Ces billets de 500 et 1000 roupies représentent 220 milliards de dollars, soit 86% du cash en circulation. 80 milliards ont déjà été rapportés. On a même eu quelques suicides d'Indiens qui pensaient que ces billets n'avaient, du jour au lendemain, plus aucune valeur. Cette mesure brutale et sans précédent devrait coûter 1% de croissance à l'Inde.

 


TRUMPERIE : LE JOUR D’APRES …

Drapeau américain

Vus d’Europe, les Etats-Unis ne sont pas un pays toujours très compréhensible, tant nos cultures sont différentes. Je suis notamment toujours très perplexe devant l’obscurantisme de millions de citoyens qui nient les travaux de la paléontologie et se réfugient dans un créationnisme rétrograde et fondamentaliste, sans parler des multiples sectes qui pratiquent un communautarisme proche de la  ségrégation, qui vouent aux armes un véritable culte, et dont la culture se limite  trop souvent à l’horizon de leur petit état. Mais je reconnais que mon jugement est probablement superficiel. Je suis effrayé à l’idée que ce qui s’y passe pourrait préfigurer notre avenir à plus ou moins long terme.

Arrêtez de prendre le citoyen lambda pour un ignare boiteux !

Depuis hier, dans les journaux  on « décrypte », comme si les  bulletins « Trump » avaient été écrits en hiéroglyphes. Les rois de l’analyse décrypte ce qui, finalement, était évidemment... évident et auraient dû sauter aux yeux : le rejet des élites, la déconnexion de la classe politique et du monde médiatique avec la réalité de l'Amérique, la faillite des sondeurs (récurrente aux US), la révolte des « petits blancs », la précarité galopante…Chacun y va de son argumentaire. Bref, tout était prévisible ! Et, tenez-vous le pour dit, cela vaut pour la France : Juppé devrait baliser et Dupont Aignan se voit déjà en Président !!! Etonnant cette facilité avec laquelle on nous explique maintenant que l'élection de Trump était finalement évidente.  Mieux, on nous explique même que la présidence de Trump est en fait une super nouvelle pour l'économie des États-Unis et l'économie mondiale, et donc pour les marchés. "L'effet récessif des barrières douanières ? - A la trappe !" Mouais, encore faudrait-il accepter de se fier à une bourse sous la morphine de l’argent pléthorique dont le robinet n’est pas encore fermé et qui la maintient en état second !

Trump est un président mal élu.

La participation électorale américaine a été d’environ 55%. C’est le taux le plus bas depuis le duel entre George W. Bush et John Kerry en 2004. Ce record signifie que seulement un quart des Américains (26,4%) inscrits sur les listes électorales a voté pour Donald Trump. Son adversaire a  même fait près de 200 000 voix de plus que lui. Cela ne lui permet pas de contester l’élection,  mais doit être pris en compte quand on sait que celui qui gouvernera bénéficiera des pleins pouvoirs avec les majorités acquises dans les deux chambres et même les nominations  à la cour suprême. Ce type de configuration est extrêmement rare, la constitution américaine étant faite justement  pour la rendre quasi impossible. Donc Trump est mal élu mais dispose d’un large pouvoir. Il n’aura pas d’excuses s’il n’applique pas son programme. C’est une leçon pour tous les abstentionnistes, notamment les jeunes et peut-être beaucoup de noirs déçus d’Obama,  qui sont peut-être parmi les manifestants qui protestent alors qu’ils ont perdu leur droit de contester. L’abstention est toujours une lâcheté qui se paie au prix  fort.

Le programme de Trump.

Parmi les premières décisions que Donald Trump a promis d’adopter dès sa prise de fonctions, figure la suppression « d’Obamacare », la réforme-phare de l’administration Obama. Une priorité à l’ordre du jour confirmée hier par le chef de l’opposition républicaine au Sénat Mitch Mc Connell.

Voici en résumé les grandes lignes du programme. Réalisable, pas réalisable ?

  1. Il est contre le traité Trans-Pacifique et veut modifier le NAFTA avec le Mexique et le Canada.
  2. Il veut rompre l'accord avec l'Iran, se rapprocher de la Russie et remettre en cause le traité de l'OTAN.
  3. Il veut supprimer l'Obamacare (cf. ci-dessus).
  4. Il veut réduire drastiquement les impôts, notamment pour les entreprises (15%).
  5. Il veut une Cour Suprême beaucoup plus conservatrice.
  6. Il veut annuler l'accord sur le climat de la COP 21.
  7. IL veut construire un mur avec le Mexique, bannir l'immigration des Musulmans et expulser les 11 millions d'immigrants sans-papiers.

Dans son discours d’acceptation, il a annoncé qu’il allait doubler la croissance aux Etats-Unis. Comme il vient de gagner, il y aura bien sûr des gens assez naïfs pour le croire. Cela veut dire que le candidat qui a raconté un peu tout et n’importe quoi pendant la campagne continue à mentir et à annoncer des lendemains qui chantent. Il  met en avant comme arguments ses qualités de gestionnaire de l’économie. Le fait qu’il soit milliardaire n’est pourtant pas une garantie suffisante quand on sait qu’il ne connait absolument rien aux rouages de l’Etat américain. La preuve en est que c’est son Vice- Président, Mike Pence, qui va prendre en main la lourde charge des « dépouilles ». Trump est d’autant moins préparé à la tâche qui l’attend qu’il n’avait pas même songé à former son équipe de gouvernement.

Promesses, promesses … et réalité.

C’est un peu un inventaire à la Prévert : en vrac, la baisse des impôts pour les riches et les entreprises, dont on ne sait pas comment elle sera financée, les grands travaux (l’Amérique en a bien besoin tant ses infrastructures ont vieilli) dont on ne sait pas non plus comment ils seront financés, une plus grande liberté laissée aux entreprises, dont on ne sait pas comment elle se traduira en matière d'emplois… Tout ce qu’on ne réalisait pas jusqu'à hier devient possible comme par magie et constitue désormais d'excellentes nouvelles.  Du coup, après sa chute brutale de la nuit électorale, le dollar a retrouvé de belles couleurs avec un euro à 1.0940 $ et il s'est envolé contre le yen à 105.40 yens. L'or a régressé mais reste tout de même très proche des 1300 dollars, preuve que tout le monde ne croit pas au scénario qu'on veut nous vendre. Quant au pétrole, il reste au-dessus des 45 dollars. On peut même se mettre à nouveau à attendre les réunions de la FED, car il n’est  pas certain que les taux remontent à la fin de l’année… Pour l’instant le nouvel élu a d’autres chats à fouetter : il travaille à constituer son cabinet, et ça n’est pas rien. Ah, j’allais oublier : il a eu une conversation de huit minutes avec le Président français ! Enfin, pour terminer sur une note concrète, le Canada contrôle un peu plus ses frontières. En effet, de nombreux Américains affolés par la victoire de Donald Trump cherchent à rejoindre le pays de Justin Trudeau, au point d’avoir fait sauter le site de l’immigration d’Ottawa mercredi matin. La confiance règne !

 

 


DETRUMPEZ-VOUS !

Donald Trump

 

Seul contre tous !

Vous savez  ce qu’a fait Donald ( pas  le copain de Mickey,  l’autre) quand il a vu qu’il gagnait ? Il a ri ! (ouaf , ouaf, !).  Celle-là, depuis le temps qu’elle attendait, il fallait que je la fasse (de rat, dit le Chinois). Bon, reconnaissons que l’hypothèse de Fiorentino du Trump qui ne voulait pas gagner a  fait « splash ! ». On a beau détester le personnage et ses idées nauséabondes, il faut reconnaître le talent de l'artiste  et son énergie à 70 ans (ça, ça peut rassurer Juppé). Le  grand  blond a gagné seul, sans aucun appui, même pas celui de son parti. Le  fait est qu’il  s’est retrouvé seul contre tous : contre les Démocrates, contre les leaders de son parti, contre Obama, contre les élites, contre Wall Street, contre Hollywood, contre la Silicon Valley, contre l'Europe et même contre Jay Z et Beyoncé… C’est tout dire ! Il est tellement seul qu'on se demande même avec qui il va gouverner. Enfin seul n’est peut-être pas le bon mot. La vodka doit probablement couler à flots au Kremlin et wikileaks sabrer le champagne.

Pourquoi Trump ?

Les  docteurs en sciences politiques vont nous expliquer doctement (forcément) qu’il faut y voir là la grande colère des peuples, contre  la  globalisation, la mondialisation, patin-couffin… avec Marine Le Pen en première ligne suivie de la Méluche et pourquoi pas de notre Nicolas. Chacun veut y voir ce  qui l’arrange. C’est un peu faire fi de la réalité. La colère rend aveugle : en voilà un bon exemple.  Oui,  il y a une partie des américains qui est en colère : ce sont les « petits blanc » de la classe  moyenne qui n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de vie d’avant la crise de 2008 et qui en ont payé largement le prix en déclassement social. Ceux-là ont été sensibles au discours populiste du candidat milliardaire, sans se rendre compte qu’ils seront les premiers à payer le prix de ses promesses. Mais, numériquement ils ne sont pas assez nombreux pour avoir fait gagner leur candidat. L’élection de Trump est donc un ultime avatar de 2008 et des subprimes. Est  venue s’y ajouter la déception des deux mandats Obama. Celui-ci n’a  pas  pu aller au bout de ses projets, empêché par un Congrès républicain qui n’a cessé de lui mettre des bâtons dans les roues. Les noirs et les latinos se sont probablement davantage abstenus et c’est autant de voix en moins pour Hillary. Enfin, dernière raison, les Démocrates ont présenté en face de Trump, une candidate usée par quarante ans de vie politique.  Et en plus, elle a eu le grand tort d’être une femme. Dans un pays encore très macho, c’était évidemment un handicap.

A quoi faut-il s’attendre ?

D’abord, que Trump sera rattrapé par la réalité. Il a déjà changé de discours. Le roi de la « télé réalité » n’a pas son pareil  pour changer de pied.  Dans son discours de nouveau président, il a changé diamétralement de ton à l’égard de sa concurrente qu’il traînait naguère dans la boue. Comme Reagan dont l’élection avait été l’objet de quolibets sur son incompétence, et qui s'était révélé ensuite un bon président, peut-être y aura-t-il une surprise Trump ? Cependant son programme, s’il est appliqué peut provoquer bien des dégâts. Si on se demande encore s'il y aura un « hard Brexit » ou un « soft Brexit », il ne peut y avoir qu'un « hard Trump ». Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n'a jamais été soft pendant sa campagne et on voit mal comment il pourrait le devenir alors qu'il devient le maître du monde. D’autant plus qu’il a remporté non seulement l’élection présidentielle  mais obtient en sus la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. Il pourra gouverner avec les deux chambres et disposera donc de tous les pouvoirs. L'Europe a déjà du mal à se faire  à l'idée de quatre ans de présidence Trump. Sa victoire doit être vue côté européen comme une très grande urgence maintenant pour nous de prendre en main notre propre destin, notre propre défense et donc notre propre politique étrangère. Nous n’avons que trop tardé, il faut rattraper ce retard. Le contraire de ce qui réjouit MLP. Les Mexicains verront peut-être s’ériger le mur de six mètres de haut le long de leur frontière. Quant au Canada, il va devoir réfléchir à la nécessité de construire son mur, lui aussi, tant le flot de « migrants » américains risque de le submerger.

Conclusion (provisoire).

Ce qui s’est passé aux Etats-Unis dans la nuit de mardi à mercredi est sans précédent. Il ne s’agit pas seulement d’un changement de majorité, il s’agit aussi du basculement d’un peuple de 330 millions d’habitants dans une orientation politique inédite et aventureuse. Les solides institutions américaines sont maintenant au service d’une vision originale, mais qui reste aussi inquiétante aujourd’hui que lorsqu’elle était énoncée pendant la campagne électorale. Donald Trump a prouvé des centaines de fois qu’il était imprévisible et bien que l’exercice du pouvoir soit de nature à le normaliser, on peut craindre qu’il mette en oeuvre les idées, souvent inapplicables, qu’il n’a cessé d’exposer.

Sa victoire est une surprise pour le monde entier. Des politologues très sérieux, d’excellents experts de la politique intérieure américaine, l’ensemble des gouvernements européens, ceux du Proche-Orient et de l’Asie, notamment du Japon, n’ont pas cru qu’elle fût possible. Elle reste aussi une humiliation pour le parti démocrate, pour son électorat, pour la presse et les sondeurs. Tous souhaitaient le succès de Hillary Clinton, peut-être parce qu’elle appartenait au monde connu. Alors, si une erreur d’analyse a été commise, elle est partagée par des centaines de millions de personnes. A un détail près quand même, toute l’Amérique n’est pas derrière le vainqueur, loin s’en faut, malgré sa défaite Hillary Clinton a fait 180 000 voix de plus que lui, ce qui peut générer une hostilité dans la rue,  compte tenu de la violence de la campagne. Il n’empêche, tout le  monde est saisi d’inquiétude, et même d’angoisse, comme en témoigne les titres de la presse en France. Donald Trump a tout à fait le droit de savourer son triomphe, celui-ci n’en est pas moins perçu comme un désastre.

L’argument de la colère n’est guère convaincant, parce que s’il existe un pays plein d’opportunités, où tout le monde peut se faire encore une place au soleil, c’est bien l’Amérique que laisse Obama. Non, ce n’est pas la colère du peuple qui a triomphé de la sagesse conventionnelle. C’est le populisme qui profite de la fragilité des démocraties. C’est la liberté, qui permet à chacun de jeter son bonnet par-dessus les moulins, la liberté d’un Trump qui a pu dire tout et n’importe quoi pour l’emporter, cette liberté des électeurs qui votent non en fonction d’une analyse, mais de leurs émotions. La démocratie de Madame Michu, en quelque sorte, celle du peuple contre les élites, celle qui proclame la supériorité de l’électeur sur l’élu… Le peuple le veut, courbons l’échine ! C’est toujours comme  cela que se terminent les expériences populistes. 

Voilà une leçon que les Français feraient bien de méditer pour 2017 avant de voter Macron ou Le Pen ...

 

 


IL FAUT LE SAVOIR …

Fin du monde tintin

 

Souriez, détendez-vous, on est dimanche !

PAUVRE CROISSANCE !

Alors que l'Allemagne annonce qu'elle va distribuer au moins 6 milliards d'euros dès le début de l'année à ses contribuables, et ce ne sera qu'un début, la France accumule les mauvaises nouvelles. Le gouvernement a enfin admis que la croissance n'atteindra pas les 1.5%. L'Insee annonce même 1.3%. Mais surtout ne changeons rien, Sapin-les-bas-roses est confiant !

PAUVRE DEMOCRATIE !

La présidente du Front National, Marine Le Pen, progresse dans les intentions de vote au premier de tour de l'élection présidentielle dans les trois fonctions publiques, souligne une étude du Cevipof qui a comparé l'évolution entre le début d'année et septembre 2016. A l'autre bout de l'échiquier, Jean-Luc Mélenchon progresse lui aussi.

PAUVRE AUTOMOBILISTE ! 

Les recettes issues du contrôle automatique des radars atteindront un niveau record l’an prochain à 844 millions d’euros. Le nombre des engins va augmenter pour enrayer la hausse des morts sur la route : 4.700 prévus pour 2018. Les radars vont fleurir au bord des routes, comme coquelicot au printemps.

PAUVRE MACRON !

Les cars « Macron » devaient créer 22 000 emplois. On en compte à ce jour 1340 seulement. Et les trois opérateurs longue distance encore vivants ( Flixbus, Ouibus, Isilines) accumulent les pertes. Cela donne une idée de l’efficacité des promesses qu’il peut faire.

 PAUVRE JUSTICE !

Selon un rapport qui vient d'être publié par le Conseil de l'Europe, sur les systèmes judiciaires européens, la France est le pays d'Europe dans lequel les magistrats du parquet doivent supporter la plus grande charge de travail : avec 10,5 juges professionnels pour 100.000 habitants et un budget dédié au système judiciaire de 64 euros par habitant. Elle fait partie des quatre pays où les procureurs cumulent l'ensemble des tâches susceptibles d'incomber aux magistrats du parquet, de la supervision des enquêtes de police au pouvoir de classer une affaire pénale ou de négocier une sanction en passant par son rôle dans les procédures civiles et administratives ; mais avec seulement 2,8 procureurs pour 100.000 habitants. Et on s’étonne que ça dysfonctionne !

PAUVRE JACK !

L'ancien ministre de la Culture est décidément bien chouchouté par le pouvoir. Nommé en 2013 à la tête de l'Institut du Monde Arabe, avec un salaire de 10 000 euros par mois, Jack Lang vient d'obtenir une nouvelle faveur de la part de François Hollande (dixit le Canard enchaîné) : des bureaux dans le somptueux hôtel de Marigny, un hôtel particulier proche de l'Elysée et qui appartenait autrefois à la famille Rothschild. Jack ne pourra plus critiquer. Et ne pourra que soutenir le sortant. Passe-moi la rhubarbe …

PAUVRE FINANCE !

Pauvre, c’est le cas de le dire : le niveau de la dette mondiale a atteint un record avec un montant de 152 000 milliards de dollars. C’est le dernier rapport du FMI qui le dit. On ne s’étonnera pas qu’il tire la sonnette d’alarme sur une dette qui représente 225% de l’économie mondiale !! (C'est plus de deux fois la taille de l'économie mondiale). Le FMI n’arrête plus de s’alarmer. Il avait pointé il y a quelques jours la faiblesse de la croissance mondiale surtout dans les pays développés, puis il a dénoncé les dangers de la montée du populisme, des élections aux États-Unis et du Brexit. On broie du noir chez Christine !

PAUVRE MONDE DEVELOPPE !

Ce chiffre de la dette mondiale devrait nous empêcher de dormir. Le problème que souligne le FMI est triple. Tout d'abord cet océan de dettes qui recouvre la Terre n'a pas relancé l'économie. D'autre part, une dette, normalement, ça se rembourse. Mais comment le faire quand elle est deux fois plus gosse que l'économie mondiale ? Et que se passera-t-il si les taux devaient remonter ? Enfin, cette dette est concentrée dans les pays développés, justement où les taux sont très bas. Seule exception significative : la Chine. Et ça, ça devrait faire réfléchir ! On comprend que le FMI soit inquiet, très inquiet même !

PAUVRE UKIP !

Une photo a fait la une de toute la presse anglo-saxonne et des réseaux sociaux. On y voit un homme gisant inconscient face contre terre sur le sol du Parlement Européen. C’est Steven Woolfe, le favori à la succession de celle qui n'a remplacé que quelques jours Nigel Farage, le dirigeant historique de UKIP. Une bagarre a eu lieu au Parlement entre Woolfe et un autre député européen à cause d'un rapprochement éventuel avec les conservateurs de Theresa May. On savait qu’à UKIP on utilise des arguments frappants.

PAUVRE TRUMP !

Il est en passe de réussir son pari : ne pas être élu aux élections américaines mais, malgré ses obscénités, fédérer la classe moyenne blanche américaine, qui sera prête à consommer un média anti-Clinton pendant 4 ans, un média sous marque « Trump », of course. The loser will be the winner. Avec Trump, il y a toujours moyen de gagner des dollars même avec une défaite, c’est d’ailleurs sa spécialité.

 


LES ETATS-UNIS ENTRE GAUCHISME ET POPULISME

Bernie Sanders   Hillary Clinton   Donald Trump

 

L’Amérique change de visage. Déjà, elle avait élu Barak Obama, c’était un signe d’évolution mais ce n’était pas un changement en profondeur tant le président noir avait les codes de la société traditionnelle américaine incarnée pendant des décennies par les WASP (White Anglo-Saxon Protestant). L’évolution démographique – les latinos sont désormais plus nombreux que les blancs- et la crise de 2008 ont modifié à la fois la sociologie électorale et les mentalités.

Des primaires plus démocratiques qu’on ne le pense.

La campagne des primaires est un révélateur de ces transformations. Derrière le « barnum » des « super Tuesdays » et autres « caucus », il y a bien un processus démocratique dans le déroulement de la consultation : innombrables meetings, centaines de débats, multiples rapports, commentaires, sans compter les heures consacrées par les médias aux analystes de tout poil. Mais cette fois, les primaires ont pris une tonalité différente : le fait que Donald Trump  écrase tous ses rivaux du côté Républicain et qu’Hillary Clinton soit bousculée par un Bernie Sanders rendent visibles le désarroi d’une Amérique mutante. Les citoyens ont envie de participer, d’entendre les candidats et aussi de se faire entendre d’eux. On découvre ainsi une défiance à l’égard de « l’establishment » et des candidats qui le représentent beaucoup plus forte que les fois précédentes.

La percée populiste de Trump.

Déjà, on avait vu le Parti Républicain traversé par le courant ultra conservateur du « Tea Party ». Cette fois-ci, ce sont les candidats de l’élite du parti qui ont été éliminés ou mis à l’écart. Ainsi le troisième représentant de la dynastie Bush, Jeb, a dépensé 140 millions de dollars pour rien, il a dû jeter l’éponge, Marco Rubio s’est retiré et si Ted Cruz reste en course, ses chances s’amenuisent au fil des élections. Son profil d’ultra conservateur ne lui permet pas de rassembler. Donald Trump s’est taillé un boulevard malgré le « Tout Sauf Trump » qui continue parmi les cadres du Great Old Party. Il surfe sur l’énorme frustration économique, la misère aussi, et sur une classe moyenne qui tremble devant la menace d’un déclassement social et se sent abandonnée ou oubliée par les élites. A chaque primaire, son avance se confirme, malgré ses outrances et ses erreurs. Il est le symptôme d'un mal américain qu'on ne peut pas ignorer : la peur de perdre son identité. « América first ! »

Le glissement à gauche des « démocrates ».

Côté démocrate, Sanders est le grand gagnant. La nomination comme candidat lui échappera sans doute, mais une étude de Harvard attribue au sénateur du Vermont la « gauchisation » radicale des opinions politiques des jeunes Américains (18-29 ans) : 45% se prononcent pour davantage de dépenses publiques pour réduire la pauvreté, 51% se disent opposés au capitalisme et 33% se déclarent même « socialistes ». Cette évolution est à prendre au sérieux et marque un tournant important de ce que l’on pourrait appeler la « gauche » américaine. En effet, cette génération des « millenials » est en train de remplacer celle des baby-boomers comme fraction numériquement la plus importante de la population des Etats-Unis et leur domination continuera à augmenter jusqu'en 2030 où ils représenteront un adulte sur trois.

La défiance des élites et des institutions.

Une grande partie des Américains a le sentiment que les actions de Washington ne se décident pas en fonction du bien commun, mais dans l’intérêt particulier des plus privilégiés. Ce sentiment explique beaucoup de choses, et notamment les grandes difficultés rencontrées par Hillary Clinton. Il est annonciateur de changements idéologiques dans la société US. Bernie Sander a longtemps été  considéré comme une « curiosité » de la vie politique que l’on expliquait par son origine : élu du Vermont, état classé le plus à gauche des Etats-Unis. Son langage clair et simple, assis sur des propositions précises et concrètes pour résoudre les problèmes économiques et les demandes sociales urgentes, lui assure le soutien massif des jeunes générations. Un discours qui fait écho à l’inégale répartition des richesses, à l’évasion fiscale ressentie comme intolérable et qui propose de s’occuper davantage des équipements collectifs. De quoi compliquer sérieusement l’action d’Hillary Clinton plus en phase avec la stratégie dite du « recentrage » chère à Bill Clinton et qui lui avait valu son succès. Mais l’Amérique n’est plus la même et le contexte idéologique laissé par la crise a profondément changé.

D’un côté la perte d’identité fait le succès de Donald Trump, de l’autre la peur du déclassement social favorise la « renaissance » d’une gauche affirmée.


MONDE A LA DERIVE CHERCHE LEADER(S)

Bagarre_village_gaulois

 

Le monde actuel va mal. Quel que soit le côté où l’on se tourne, ce n’est qu’incertitude, difficulté et pessimisme. J’entends déjà votre reproche : « Daniel, arrête de jouer les Cassandre ! ». Mais que voulez-vous, je n’y peux rien si la réalité est ce qu’elle est. La preuve par l’observation : faisons un petit tour d’horizon.

Les menaces qui pèsent sur la croissance mondiale

On en compte au moins quatre : la transition économique de la Chine pèse sur les échanges internationaux parce que son gouvernement peine à maitriser les mutations que génère le passage du modèle tourné vers l’export à celui de la consommation intérieur ; les pays émergents sont menacés d’un retrait massif des capitaux internationaux, soit parce qu’ils dépendent trop de leurs matières premières dont les prix chutent, soit parce qu’ils sont en crise politique comme le Brésil ; de nombreux pays en développement sont déstabilisés durablement par la volatilité des marchés financiers et connaissent une récession ; enfin, la plupart des pays développés dont l’Europe et le japon, affichent une croissance faible et restent au bord de la déflation. Ces menaces ont été rappelées par Christine Lagarde, présidente du FMI.

L’arrêt de la globalisation

La conjonction de tous ces facteurs, s’ils intervenaient au même moment comme cela semble se profiler,  pourrait entraîner un mouvement inverse de celui de la « mondialisation ». Ce phénomène de repli sur soi généralisé serait peut-être loué par les apôtres populistes mais serait en réalité une véritable catastrophe pour notre planète. En effet, la plupart des économistes s’accordent sur le constat que l’ouverture généralisée des frontières a permis à près d’un milliard d’êtres humains de sortir de l’extrême pauvreté. Cela n’empêchera pas le spectre d’une crise financière mondiale de hanter tous les esprits. Car les systèmes bancaires de plus en plus interconnectés, les mouvements de capitaux dont la taille n'a cessé de croître et qui sont devenus plus volatils, les acteurs non bancaires du type fonds de gestion, « hedge funds », compagnies d'assurances, centres offshore, sans parler du marché parallèle des « bitcoins »,  gagnent en importance mais avec une distorsion de l’impact sur l’économie réelle par la création de « bulles »: toutes ces évolutions multiplient les risques encourus par l'économie mondiale. Tant et si bien que certains économistes prédisent une nouvelle crise encore plus dévastatrice que celle de 2008, alors que les efforts de régulation ont été engagés mais ne sont pas à la hauteur.

L’absence généralisée de leaderships

A ce climat, viennent s’ajouter trois risques supplémentaires majeurs. Le premier, c’est l’élection américaine. La course de Donald Trump est à cet égard préoccupante. On sait, en effet, que son élection serait le signal d’un repli des USA sur eux-mêmes, tant le discours qu’il développe est ultra protectionniste. Un repli qui se ferait évidemment aux dépends du reste du monde, puisqu’il s’agit d’exacerber la puissance américaine contre tous les autres. Le second risque, c’est l’Europe. On voit bien partout les causes d’immobilisme ou de stagnation : une Espagne paralysée qui doit retourner aux urnes, un Portugal qui recule avec son gouvernement de coalition de gauche, la Grèce qui nous refait le coup du chantage comme tous les dix-huit mois et qui en est encore à faire les fonds de tiroir pour payer ses fonctionnaires, la menace du Brexit qui serait une catastrophe pour la deuxième économie de l’UE s’il se réalisait et pour tous les autres partenaires, le climat des affaires qui se dégrade en Allemagne… Et je ne parle pas de la France, puisqu’il parait qu’elle va mieux (je plaisante). Le dernier risque auquel nous devons faire face, c’est la crise migratoire à quoi on peut associer les tensions religieuses et l’explosion du terrorisme, et le repli identitaire qu’elles déclenchent partout. La dernière élection en Autriche n’envoie pas un signal réconfortant. La fermeture progressive de toutes les frontières serait un formidable frein au développement. Et dans aucun pays, il n’y a un leader qui s’impose avec une vue d’ensemble, et encore moins au niveau continental voire mondial. Le monde court au désordre et il n’y a personne pour prendre les décisions qui l’empêcherait.

Une triple conjonction

Imaginons ce que pourrait produire une déconnection Nord-Sud, associée à une balkanisation de l’Europe et une démondialisation liée au double repli américain et chinois ! Imaginons ce que produiraient les replis de capitaux, la guerre des monnaies qui ne manquerait pas de s’en suivre, et les désastres en chaine amplifiés par les réseaux connectés. Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne : les pays émergents n'ont pas accès à tous les instruments financiers de défense et surtout, ils n'ont pas le privilège d'émettre une monnaie de réserve internationale à l'instar des Etats-Unis, des membres de la zone euro et du Japon. Sans parler de la Chine qui ne se laissera pas faire. Sans parler de la Russie, des pays du golfe….

Heureusement, ce n’est pas parce qu’une catastrophe est prévisible qu’elle se réalisera. Comme dirait l’autre : « les prières sont les bienvenues ». Et avec la chance qu’on a, la droite pourrait bien reprendre le pouvoir au pire moment. On mesurera alors amèrement le temps perdu pendant cinq ans pour mettre nos finances d’équerre quand « la conjonction des planètes était favorable ».

 


POUR ROUSSEF L’AVENIR SENT LE ROUSSI !

Dilma Rousseff

Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, s'est rapprochée un peu plus de la sortie depuis que le Parti centriste qui était dans la coalition gouvernementale a préféré quitter le navire. D'autres petits partis pourraient suivre d’autant plus que de nouvelles procédures de destitution ont été lancées. La présidente va encore essayer de tenir, puis elle tentera probablement de passer le bâton du pouvoir à un autre éléphant de son parti tout autant impliqué dans les affaires de corruption. Le Brésil n'est donc pas sorti de l'ornière.

L’affaire Petrobras.

La fièvre était un peu retombée avec le carnaval. Elle est remontée depuis et les manifestations se multiplient, réclamant la démission de Dilma Roussef, sous le coup d’une procédure « d’impeachement » pour  ses compromissions dans les affaires du géant pétrolier Petrobras. L’implication de l’ancien président Lula, qu’elle a appelé près d’elle au gouvernement pour lui faire bénéficier de l’immunité, a mis le feu aux poudres. Il a été interpellé manu militari par la police fédérale car il est soupçonné d’avoir touché des avantages en nature de la part des entreprises impliquées dans le vaste scandale de corruption autour du pétrolier. Il n’aurait pas déclaré être le propriétaire d’une grande maison de campagne et d’un appartement à la plage.. Ce dernier nie tout en bloc et crie à la persécution, sachant fort bien que ses partisans encore nombreux crieront « touche pas à Lula ! ». Néanmoins le parquet a ouvert des poursuites judiciaires contre lui. Etre de gauche et mettre la main dans le pot de confiture, est-ce possible ? Luchini a bien raison de dire qu’être « de gauche », c’est du boulot !

Un feuilleton judiciaire.

La suspension, par un juge du Tribunal suprême fédéral, de la nomination de l’ancien président Lula à la Casa civil du gouvernement, un rôle équivalent à celui de Premier Ministre, pour « obstruction à des procédures judiciaires », illustre bien la crise institutionnelle que traverse le Brésil. Une grande défiance s’est installée entre les juges et l’opinion vis-à-vis de la classe politique soupçonnée de corruption, doublée d’une défiance du Parlement vis-à-vis de l’exécutif, incarné par Dilma Rousseff en raison de la procédure de destitution engagée contre elle. Une procédure qui s’annonce longue et incertaine. Il faudra quinze sessions de la commission spéciale composée de  soixante-cinq parlementaires, qui soumettra un rapport à l’assemblée plénières du Congrès des députés, une majorité des deux tiers étant requise pour mettre en accusation et saisir le Sénat … Un vote des eux tiers des Sénateurs serait ensuite nécessaire pour une destitution. On n’est pas rendu au bout.

La coalition se délite.

Le mariage de raison contracté en 2003 entre le parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) et le parti de Lula et Dilma Rousseff, vient de finir par un divorce. Le PMDB a décidé de claquer la porte du gouvernement. Ce parti qui a été de tous les gouvernements depuis trente ans avait réussi à imposer son leader, Michel Temer, comme bras droit de la présidente et sa désaffection pourrait en hâter la chute. Dans un système avec plus de trente-trois partis représentés au Parlement, la capacité à faire émerger une nouvelle majorité s’avère compliquée. Plusieurs petits partis devraient néanmoins suivre le mouvement, devant l’ampleur de la crise. Mais le calcul du PMDB s’explique surtout par l’approche des élections municipales dans sept mois, les maires sortants ne voulant plus être associés au gouvernement alors que la crise économique a des effets dévastateurs. Et surtout, en cas de destitution de Dilma Rousseff, c’est Michel Temer, actuel Vice-Président, qui devrait hériter du poste.

Une course de vitesse.

Mais il lui faut pour cela accélérer le vote au Congrès. En effet, le Tribunal suprême électoral est saisi d’une plainte déposée par le Parti de la Social-Démocratie Brésilienne (PSDB), opposition de droite. Celui-ci dénonce des financements illégaux dans la campagne de l’actuelle présidente, et si le Tribunal qui examine les comptes annulait l’élection, elle annulerait aussi  celle de Michel Temer par contrecoup. Le PMDB a voté la sortie du gouvernement et ses ministres devront le quitter avant le 12 avril, sauf Michel Temer qui sera le seul à s’y maintenir en attendant que la commission parlementaire propose la destitution de la présidente. On y verra plus clair fin avril.