HISTOIRE

EUROPE : MERKEL FIXE LE TEMPO

Angela

 

L’axe franco-allemand en panne.

Avec l'élection de Macron et la réélection d'Angela Merkel, tout le monde s'attendait à une relance de l'axe Paris-Berlin et à une accélération du projet de réforme de l'Europe, avec un renforcement de la gouvernance, notamment financière.  Surtout après les discours enflammés  du président français. A moins d’un mois d’un sommet sur la réforme européenne et alors qu’en Italie un gouvernement très critique envers l’Allemagne est au pouvoir, la chancelière a enfin détaillé sa position dans une interview au « Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung ». Depuis sa réélection compliquée Angela Merkel a, en effet, été particulièrement absente. Son silence a été d’autant plus étonnant que les évènements qui se sont produits en Europe et dans le monde n’étaient pas anodins, en particulier l'affrontement avec les États-Unis sur les droits de douane. La  chancelière s’est enfin décidée à parler. Mais cette interview semble être surtout une réponse aux attentes d'Emmanuel Macron sur le renforcement de l'Europe.

Merkel fait … du Merkel.

Elle fait donc des propositions. Une manière de reprendre la main, car  la chancelière n’a  pas  l’habitude de se laisser mener par le bout du nez.  Aux yeux du locataire de l’Elysée, ses propositions vont paraître plus que timides. Angela Merkel accepte le principe de deux mécanismes limités d’entraide entre pays de la zone euro : un budget d’investissement et un système nouveau de prêts pour les Etats confrontés à des difficultés importantes. S’il  peut se réjouir qu’elle soit favorable à un Fonds Monétaire Européen et à un budget d’investissement comme il le proposait, les  limites qu’elle met en diminuent singulièrement la  portée.  Ainsi, la chancelière a détaillé la proposition allemande d’un Fonds monétaire européen (FME). Celui-ci reprendrait d’une part les prérogatives du Mécanisme européen de stabilité (MES), en accordant aux pays en crise des prêts de très long terme : « A côté de cela, je peux m’imaginer la possibilité d’une ligne de crédit à plus court terme, cinq ans par exemple, pour résister à des difficultés d’origine extérieure », a-t-elle ajouté. Mais, en contrepartie, les pays devraient accepter que ce FME ait un droit de regard et d’intervention dans leurs politiques nationales. En bref,  le fonds monétaire qu’elle souhaite n'interviendra que pour des prêts à moyen et long terme et aura le  cas échéant un droit d'intervention sur les politiques financières du pays. Et encore ces prêts ne seront accordés que si la zone euro est en danger et ils impliqueront une restructuration des dettes du pays. Bigre !

Quant au budget d'investissement, elle précise tout de suite que son montant sera très limité : « limité à deux chiffres en milliards d’euros », précise la chancelière, soit quelques dizaines de milliards d’euros, et qu'il devra être mis en place graduellement. Et ce  budget sera utilisé seulement pour pallier des besoins structurels. On est loin, très loin, des investissements d'avenir souhaités par Macron.

Macron en panne.

C'est sûr qu'Emmanuel Macron a dû être déçu en lisant cette interview. Il voyait dans ses propositions (les siennes), à juste titre, un facteur important de soutien de l'euro notamment. Macron avait évoqué l’an dernier un budget équivalant à « plusieurs points du PIB de la zone euro », soit plusieurs centaines de milliards d’euros. Le  rêve français de plus d'Europe, d’une Europe plus unie, qui se serait dotée d'un Ministre des Finances européen n'est plus d'actualité. « La solidarité entre partenaires de la zone euro ne doit jamais conduire à une union de l’endettement », où la dette serait mutualisée, a prévenu la chancelière. C’est un rappel à l’ordre et à l’orthodoxie à l'heure où la situation politique en Italie et en Espagne est fragile. Une fois de plus, la responsabilité de l'intervention dans la zone euro appartiendra uniquement à la Banque centrale européenne. Ce n'est pas une surprise. C’est aussi une sorte de leçon envoyée à la  France qui continue de s’endetter …  A  bon entendeur ! Décidément, le Président français  n’a rien compris à la logique allemande. La surenchère dont on nous abreuve désormais  sur les  économies envisagées est  peut-être destinée à amadouer la rigoureuse Allemagne, mais la ficelle est un peu grosse.  D’autant plus que « en même temps », les dépenses continuent (SNCF et tutti quanti) ! La croissance cale, les échecs extérieurs s'accumulent, La Rem ressemble de plus en plus à une auberge espagnole ... La magie du verbe ne dure qu'un temps.  Voilà des temps difficiles qui s'annoncent pour Jupiter, qui ne maîtrisent même  plus ses orages qui déferlent sur le pays.

 

 


« OSONS L’EUROPE… DES NATIONS »

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Le  livre de Christian Saint-Etienne est « the book to read » pour tous ceux qui s’intéressent à l’échéance européenne de 2019 : tout y est ! Une analyse  lucide et clairvoyante par un européen convaincu qui ne pourra pas  être taxé d’européiste !

De l’Europe espérance à l’Europe en panne.

En 200 pages, l’auteur réussit l’exploit d’exposer clairement la construction européenne depuis ses  origines, comment la  machine s’est grippée pour arriver au constat d’aujourd’hui : depuis Maastricht et parce qu’on n’a pas voté la constitution européenne, l’Union européenne est devenue une zone qui s’autodétruit par la concurrence fiscale et sociale.  Il  dissèque les erreurs grossières qui ont été commises, les  bévues des dirigeants sans compter avec le moteur franco-allemand tombé en panne, la France affaiblie par sa dette, ses déficits et son manque de compétitivité,  l’Allemagne occupée à digérer sa réunification. Pour ajouter à la complication, l’Europe a décidé de s’élargir aux ex-pays de l’Est au lieu de s’approfondir. Il aurait fallu de l’harmonisation, elle est rendue impossible par la règle de unanimité. Dès lors, c’est  la règle du chacun pour soi,  les égoïsmes favorisant la désunion.  Il  ne faut pas chercher plus loin l’origine des déséquilibres :   les pays ayant les lois les moins contraignantes ont attiré mécaniquement les  capitaux et les individus les plus doués…  Pour aboutir à une absurdité absolue : la zone euro où des pays partagent une même monnaie sans gouvernement économique ni monétaire. 

L’idée européenne est une idée française.

Il ne faut pas être grand clercs pour voir alors l’écrasante responsabilité de notre pays dans cette situation. Les  politiques économiques menées depuis la fin des années 90 nous ont discrédité aux yeux de nos voisins, nous conduisant à une perte d’influence réelle, encore mesurable aujourd’hui dans la réticence opposée  aux projets de relance d’Emmanuel Macron. Avec le Brexit est apparue une autre faille : avec l’acte unique, il n’aurait pas fallu accepter  les  « dérogations ». L’union n’apportant plus la prospérité  espérée, avec son caractère trop technocratique, elle  récolte le  rejet des peuples.

La croisée des chemins.

Aujourd’hui, l’Europe est  à la croisée des chemins : elle doit choisir entre deux conceptions. La  britannique qui nous conduit au désastre d’un continent de nains chamailleurs incapables d’exister face aux grand Etats, instaurant une compétition, non entre les produits du marché, mais entre les règles du marché. L’autre, celle que devrait imposer le bon sens, resserrée autour des  pays dits « carolingiens » (Christian Saint-Etienne en voit neuf ; France, Allemagne, Autriche, Benelux, Italie, Espagne, Portugal) qui se doteraient de règle fiscales et sociales communes, comprises dans une fourchette raisonnable.  Voilà une confédération qui pourrait se doter d’une politique de puissance susceptible d’exister face aux géants américains et chinois. La subtilité de la proposition de l’auteur tient dans la faisabilité : organisée par un traité intergouvernemental, en dehors du traité de Rome, elle n’abolirait pas l’Europe du libre-échange.  Elle pourrait même s’ouvrir progressivement aux autres pays qui le souhaiteraient sous conditions d’adopter les règles communes. L’Euro de cette nouvelle entité serait enfin garanti.

La fée carolingienne.

Cette solution aussi audacieuse qu’originale, reprenant l’idée d’Europa de Giscard, en la détaillant, de fonder une « fédération économique européenne », dite « Fée » carolingienne, permettrait de renouer avec une politique de puissance  seule capable d’enrayer notre colonisation industrielle et numérique par la Chine et les Etats-Unis.   Mais le temps presse. C’est demain qu’il faut agir.  L’élection de 2019 est une opportunité qu’il faut saisir. A condition de sortir des vœux  pieux et déconnectés de toute réalité consensuelle du discours de la Sorbonne et de nous en donner les  moyens par  une politique enfin sérieuse de réduction des déficits, de notre dette, sans quoi rien ne sera possible. La relance de l’Europe, seule la France peut la  provoquer,  mais l’auteur nous prévient : « la France d’Emmanuel Macron n’a que très partiellement emprunté la voie des réformes nécessaires… Compte tenu de l’accélération de  la nouvelle révolution industrielle, l’Europe sera  politiquement dépassée et stratégiquement morte en 2024 ! »

Ce n’est évidemment qu’une synthèse.  Il faut lire le livre qui offre en plus une dimension didactique qui le met à la portée de tous.

« Osons l’Europe des nations » - Christian Saint-Etienne – Editions de l’observatoire.

 


EUROPEENNES : LES TRIPATOUILLAGES DE MACRON

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Une élection à hauts risques.

Ce n’est un secret pour personne, les élections des députés  au parlement européen sont toujours à haut risque pour le pouvoir en place : la faible appétence des Français pour l’Europe a pour conséquence une participation électorale qui est allée rétrécissant comme une peau de chagrin au fil des rendez-vous électoraux depuis 1979. Il en résulte logiquement une survalorisation de l’électorat qui se mobilise le plus. Jusqu’à maintenant, c’était le Front National qui tirait proportionnellement  les marrons du feu, à la notable exception de 2009 où l’UMP est arrivée en tête. Le pire scrutin fut celui de 2014 qui vit le FN arriver en tête avec près de 25% des voix devant l’UMP avec seulement 20%, l’UDI en faisant 10% de son côté. Le  PS s’était effondré à 14% ainsi que  les Verts à 9%, pour seulement 42% de votants. La régionalisation des listes avait probablement limité les  dégâts en tentant de rapprocher les candidats des électeurs. Le camp des eurosceptiques et des souverainistes va-t-il  encore marquer des  points en 2019 ?  Le résultat des élections italiennes incline à le penser,  mais les conséquences du Brexit qui deviennent peu à peu visibles peuvent provoquer un effet inverse. A  la dernière présidentielle les « anti-Europe »  et souverainistes (Le Pen, Dupont-Aignan, Mélenchon…) ont réuni pratiquement la moitié des suffrages. C’est un bon indicateur bien que  ces résultats ne soient pas transposables. C’est néanmoins un premier écueil pour Emmanuel  Macron qui campe sur des positions favorables au renforcement  de  l’intégration européennes  et à son élargissement aux Balkans. 

Les listes transnationales.

La sortie du Royaume-Uni de l’Union libère 73 sièges au Parlement de Strasbourg. D’aucun y verrait une occasion de diminuer le nombre d’élus d’autant et de faire des économies. Les cerveaux de nos technocrates n’ont pas cette logique probablement trop simple. Puisque 73 sièges sont vacants, pourquoi ne pas les utiliser pour élire des députés sur des listes transnationales. Sans entrer dans le détail, si cela se réalisait, nous voterions donc deux fois : une fois pour les  listes nationales et une autre  fois pour les listes transnationales. J’arrête là l’explication : inutile d’entrer dans le détail, le projet a été rejeté par le Parlement européen. Le président français s’était fait le chantre de ce double scrutin,  il y voyait un  moyen de renouveler l’intérêt pour la construction européenne dans la tête de nos concitoyens. A  mon humble avis, il se faisait de douces illusions. Mais l’objectif était bien de faire exploser, grâce à ce tripatouillage, le rapport de force politique entre le PPE et les sociaux démocrates au sein du parlement, en faisant entrer un groupe « ni droite-ni gauche » … Or, le PPE est quasiment assuré de conserver l’an prochain la majorité au Parlement. La seule possibilité de contrer ce monopole, c’était de faire des listes transnationales, chaque citoyen européen disposant alors d’une voix nationale et d’une voix européenne. Une partie de la droite redoutait que le futur président de la commission européenne, qui doit être venir du groupe majoritaire soit issu de ces listes transnationales. Elle a logiquement dit non.

Retour aux listes nationales en France.

« En même temps », Macron a fait voter par l’Assemblée nationale, une modification du mode de scrutin avec le retour des listes nationales. C'est le "vieux monde" qu'il ressuscite  ! Deuxième tripatouillage. Ce type de listes avait été abandonné parce que leur composition concoctée par les états-majors parisiens paraissait bien éloignée des électeurs qui, la  plupart du temps, ne connaissaient même pas  le nom de leurs députés européens finalement élus. Mais c’est un impératif pour le Président dont le parti n’a  aucun enracinement local et se révélait incapable de mettre en place des candidats  crédibles dans les circonscriptions régionales. C’est évidemment une régression démocratique. Il n’est pas certain que cela motive le corps électoral pour le mobiliser.

Le principe de réalité.

Face à la montée du populisme, tout le monde est bien d’accord qu’il faut faire repartir l’Union sur de nouvelles bases. La relance telle que la conçoit Macron,  c’est la fuite en avant,  avec grandes envolées lyriques et décor de théâtre, le Parthénon, en arrière-plan.  Pas certain que ça fasse « bander »  les Français (et les Françaises). Ceux qui tablent sur un affaiblissement de  Merkel vont rapidement déchanter, maintenant qu’elle a obtenu ce qu’elle voulait, sa  « grosko ». Comme  l’émergence d’un nouveau groupe politique au Parlement européen, autour de « En Marche » est plutôt  compromis, les alliés d’Agir venant d’adhérer au PPE, c’est donc aux Républicains de jouer  leur partition. Face au projet de Macron qui veut construire l’Europe en continuant d’oublier les peuples européens et en premier lieu le peuple français, qui rêve d’une Europe de Schengen élargie aux Balkans avec  toujours plus de fédéralisme, celui de  Wauquiez pourrait paraître comme celui du réalisme. Car la solution la plus viable pour notre continent est celle d’une Europe à plusieurs vitesses autour d’un noyau dur d’Etats prêts à avancer ensemble. L’important est que l’Europe  apparaisse comme la  solution et non comme le problème. Le meilleur moyen de la réconcilier avec ses citoyens  c’est qu’elle soit là pour leur faciliter la vie. Ce projet sera aussi un bon moyen de désamorcer le scepticisme qui alimente le souverainisme mortifère. Avec un programme qui pourrait apparaître comme celui de la raison, le scrutin européen, avec une liste « des territoires », peut être une chance  pour Wauquiez : quel joli pied de nez en réponse aux tripatouillages présidentiels !

 


LE BREXIT DANS LE SMOG (2)

May

 

Priorité à l’actualité.

Pour donner une suite à mon article d’hier, je  ne peux que faire écho aux dernières infos qui sont tombées sur le Brexit, et qui mettent en lumière les divisions au sein des Tories.

Une fois de plus, Theresa May fait face à une nouvelle fronde au sein de son parti. Hier, 62 membres de son parti ont publié une tribune pour demander un « Brexit clean », c’est-à-dire une rupture claire et nette, sans atermoiement. Et aussi rapide. Le groupe lui demande de durcir le ton vis-à-vis de l'Europe et d'arrêter de négocier en position de faiblesse et de faire des concessions. Ils disent la soutenir, mais c'est un soutien empoisonné tant il est conditionné par des revendications qui rappellent les plus belles heures du « hard Brexit ». Ils veulent notamment que la Grande-Bretagne s'éloigne le plus rapidement possible des contraintes et réglementations européennes dès le 29 mars 2019.

Pour autant,  on ne sait guère mieux où on va? On y voit même encore moins clair qu'avant. Et c'est le reproche qui est fait à Theresa May : son manque total de vision et de direction. Celle-ci a reçu les contestataires. Elle doit concilier des points de vue qui sont totalement opposés, au sein même de son propre parti. Elle devrait prononcer un discours la semaine prochaine et donner plus de détails sur son plan, si plan il y a,  et en particulier éclairer les négociateurs européens sur sa vision des relations commerciales entre l'Union Européenne et la Grande-Bretagne avant que les négociations officielles sur le sujet commencent en mars. Ce qui est rassurant (si on peut dire) sur le Brexit, c'est que les dirigeants britanniques ont l'air d'aussi peu comprendre la situation que nous.

Entre ceux qui nous expliquent que finalement il n'y aura pas de Brexit, ceux qui parlent d'une période de transition tellement longue que le Brexit ressemblerait plutôt à un statu quo et ceux qui au contraire voient toujours un hard Brexit, on ne sait pas à quelle sauce le Royaume-Uni sera mangé. Mais une chose est certaine, et c'est la grande leçon de ce cafouillage monumental depuis plus d'un an, il se confirme que c'est la Grande-Bretagne et pas l'Union Européenne qui subira toutes les conséquences négatives.

 


LE BREXIT DANS LE SMOG (brouillard londonien)

Brexit 2Je t’aime, moi non plus : drôles de négociations …

Le Royaume-Uni n’en finit pas d’atermoyer face à une Union européenne intraitable : on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Theresa May danse d’un pied sur l’autre, ballottée entre les  partisans du soft et ceux du hard, Boris Johnson en tête. Les conservateurs sont très divisés. Mais Michel Barnier, le négociateur en chef pour l’Union,  vient de le répéter, la transition de 21 mois souhaitée pour amortir le choc de la rupture n’est aucunement acquise car les points de blocage s’accumulent. Ce qui fait tousser outre-Manche ce sont les obligations auxquelles Londres devra continuer de se soumettre pendant la transition, tout en perdant son droit de vote dans les institutions, une fois le  « Brexit » proclamé, le 29 mars 2019. Ce qui fâche aussi c’est la volonté des Européens qui exigent que le respect des mécanismes de mise en œuvre de la séparation se fasse sous le contrôle de la Cour de Justice de l’Union européenne et les Anglais y voient une ingérence… Et ce n’est que la  partie émergée de l’iceberg des désaccords.

Un poison lent.

En attendant, les impacts du Brexit sont de plus en plus visibles pour les grands bretons. Il agit comme un poison lent, surtout sur la City de Londres. L’incertitude sur la conclusion de l’accord avec le continent pèse lourdement sur le climat des affaires dans plusieurs domaines. Les agents immobiliers, les banques,  les universitaires, les industriels sont de  plus en plus inquiets. L’immobilier baisse à Londres, plombé par le départ de salariés de la haute finance ; la Livre chute et a déjà perdu 13% par rapport à l’euro depuis le referendum, d’où un renchérissement automatique des biens importés ; l’inflation s’envole, boostée par l’agroalimentaire et atteint les 3%, ce qui pénalise la consommation des ménages dont le  porte-monnaie se trouve doublement impacté et du coup l’économie patine ; la finance commence à mesurer ses  pertes : 10 000 jobs pourraient être perdus et jusqu’à 75 000 à plus longue échéance en cas d’absence d’accord sur les services financiers car presque tous les fleurons de la city  ont manifesté  leur intention de déplacer une partie de  leur personnel ;  déjà deux puissantes agences font leurs bagages :  l’Autorité bancaire européenne a choisi Paris et l’Agence européenne du médicament ira à Amsterdam, soit près de 1 000 emplois déplacés sans parler de la perte que constituent les visites des 36 000 experts chaque année ; les constructeurs automobiles japonais menacent de partir car leur production commence à chuter, ce qui met 170 000 emplois sur la sellette… De quoi alimenter le pessimisme comme on voit. Conséquence, 65 000 britanniques ont demandé à devenir irlandais en un an.  Plus anecdotique, Toblerone a augmenté l’espace entre ses triangles de chocolat pour ne pas augmenter sa barre,  ce qui a provoqué un grand émoi : voilà, en effet, un signe tangible d’appauvrissement ! 

Le camp des « No Brexit » gagne du terrain.

Cette ambiance favorise les partisans d’un nouveau referendum pour annuler le Brexit qui reprennent du poil de la  bête. Nick Clegg, ancien vice-premier ministre libéral de David Cameron, en est persuadé, le Brexit n’aura pas lieu.  Il veut tout mettre en œuvre pour interrompre un processus qu’il  juge « masochiste ». Il vient de publier un livre « how to stop Brexit » et compte sur un vote au parlement rejetant l’accord sur lequel Downing Street travaille, de quoi conduire à un nouveau referendum dont il est persuadé qu’il  inverserait la décision. Il pense qu’il peut très bien ne pas y avoir d’accord du tout : l’échec des négociations serait la mort du Brexit aussi. Il espère que l’écart entre l’utopie de la séparation et la réalité qui s’élargit chaque jour, ce que les britanniques peuvent mesurer facilement, conduira à une évolution des partis politiques, notamment au sein du Labour. Car il en est persuadé, aucun accord n’épargnera un recul considérable de l’économie britannique.

En attendant, les Brexiters conservateurs voudraient pousser Theresa May dehors, jugée trop molle, et la remplacer par Jacob Rees-Mogg, le chef des europhobes. Une manœuvre qui a coup sûr ferait imploser le parti Tory, divisé entre la poignée de partisans du « soft » comme le  ministre des finances, Philip Hammond, la centaines de radicaux europhobes et le ventre  mou des anciens partisans du maintien, ralliés de mauvaise grâce à la volonté du peuple. Le  seul résultat de  ces luttes intestines, pour l’instant, c’est la paralysie du gouvernement May. Celle-ci veut  gagner du temps, car elle sait qu’il travaille pour elle,  en remobilisant un peu plus chaque jour les modérés de son  parti  comme Anna Soubry.

Rien n’est joué.

En attendant, le bon peuple godon subit et patauge dans le smog quant à son avenir. Et il y a des fadas en France qui prônent le « Frexit » !

 

 


L’ALLEMAGNE EN PANNE POLITIQUE

Merkel sceptique

 

Le recours à la coalition à ses limites.

Il est le résultat d’un mode de scrutin, n’oublions pas de le rappeler.  Après deux mois de négociations avec les libéraux et les Verts, la chancelière Angela Merkel, au pouvoir depuis 12 ans et dont le parti, la CDU-CSU, a remporté les élections législatives de septembre, sans avoir la majorité, n’a pas réussi à former un gouvernement de coalition. Le renouvellement de la coalition gauche-droite, tant vantée, avec le SPD, n’a pas pu être envisagé une nouvelle fois. Arrivé deuxième aux élections de septembre, le SPD estime que sa longue coopération avec la droite de Mme Merkel l’a affaibli et qu’il a perdu des suffrages et des effectifs. Il espère se refaire une santé dans l’opposition. Il a  bien fallu envisager  une autre solution. L’idée est donc née de faire un attelage à trois : CDU-CSU, libéraux du FDP et Verts, dite « jamaïcaine », nécessaire  pour avoir une majorité. Ce scénario vient de se fracasser.

L’intransigeance du FDP.

LE FDP, parti libéral, a fait tellement monter les enchères que l’accord  était devenu impossible, plongeant l’Allemagne dans une crise politique sans précédent. Le rôle joué par le FDP, qui a été écarté du pouvoir il y a quatre ans au profit d’une grande coalition CDU-SPD, a été très néfaste, comme s’il souhaitait faire payer à la Chancelière son choix précédent. Celui-ci n’était  pourtant que   le résultat de son faible  score. Son président, Christian Lindner  a donc estimé qu’il « vaut mieux ne pas gouverner que gouverner mal ». En fait, par son opposition têtue à une collaboration avec les Verts, il n’a fait que souligner la capacité de nuisance acquise par l’AfD. Ce parti nationaliste a littéralement bloqué le fonctionnement des institutions, ce qui lui confère une force de nuisance exceptionnelle, pour un résultat électoral certes inattendu mais trop médiocre pour qu’il puisse briguer le pouvoir.

La suite  est compliquée.

La chancelière peut décider de procéder à de nouvelles élections, mais les sondages montrent qu’une seconde consultation produirait des résultats identiques, avec une extrême droite (Alternative für Deutschland, AfD) assez forte en nombre pour continuer à torpiller le jeu des alliances. En outre, de telles élections ne pourraient avoir lieu que dans quelques mois, ce qui contraindrait le gouvernement de Mme Merkel à expédier les affaires courantes, au moment où Emmanuel Macron multiplie les efforts pour « refonder » l’Europe. Elle va consulter le président de la République, Frank-Walter Steinmeier, dont le rôle, en cas de crise politique interne, est essentiel. Mais il ne peut exercer son pouvoir de persuasion que sur le SPD, en lui lançant un appel, et avec lequel la chancelière peut former une coalition presque aussi puissante que pendant les quatre années écoulées… Ce qui est en jeu, c’est d’abord l’excellente gestion de l’économie allemande, qui fait la force de l’euro, et c’est aussi l’avenir de l’Europe que la France de Macron ne peut évidemment assurer seule.

Les inconvénients de la proportionnelle.

La crise est donc assez grave, avec un possible départ de la chancelière actuelle et de nouvelles élections, événements qui affaibliront durablement le pays le plus solide, sur les plans institutionnel, industriel et politique, de l’Union européenne.  On a le sentiment que le revanchisme du SPD, l’insuffisance des concessions faites par les Verts, la jubilation de l’AfD, tout concourt à faire de l’Allemagne un pays secondaire. Or les partis allemands de gouvernement se retrouvent tous sur des points essentiels : l’Union européenne, l’euro, le système économique qui a donné d’excellents résultats. Ce n’est pas la faute d’Angela Merkel si, une fois de plus, elle est arrivée en tête. Les autres partis devraient accepter le verdict  des urnes.  En se dressant contre elle, ils portent atteinte à l’esprit même du processus démocratique. Le SPD éprouve peut-être un grand plaisir à se faire prier par la CDU, il se réjouit peut-être du désespoir de ceux qui l’ont encore battu aux élections législatives, mais il devrait se demander si, en jouant ainsi avec le feu, il ne compromet pas à la fois l’Allemagne et l’Europe. Voilà ce qui arrive quand le mode de scrutin accorde à quelques roitelets de parti une importance disproportionnée avec la réalité de leur base électorale.  Inutile de rappeler ici les vertus du scrutin majoritaire à deux tours, qui ne permet pas de crise de ce genre.

 


LES APPRENTIS SORCIERS CATALANS AU PIED DU MUR

 

 Carles puigdemont

Le président de l’Assemblée catalane, Carles Puigdemont, a proclamé le droit de la Catalogne à l’indépendance et annoncé en même temps qu’il se donnait du temps pour la déclarer. Le principe de réalité s’est imposé à lui et il a bien fallu qu’il fasse un pas en arrière. Voilà ce qui arrive quand on triche avec la vérité.

Une consultation truquée bâtie sur des mensonges.

La campagne pour l’indépendance  s’est déroulée en s’appuyant sur au moins cinq mensonges. On a d’abord voulu nous faire croire que les nationalistes étaient majoritaires dans la province. Premier mensonge. Ils ont une majorité à l’assemblée autonome, mais ils ne sont pas majoritaires en voix par rapport au nombre des inscrits, et ils en sont loin. Ils ont voulu nous faire croire que le peuple catalan est opprimé par l’Espagne, ce qui est une plaisanterie . C’est plutôt le contraire, les nationalistes imposent par exemple la langue catalane à l’école et interdisent l’apprentissage du Castillan. Ils ont expliqué qu’indépendante, la Catalogne serait plus riche. C’est évidemment l’inverse qui se produira : déjà trois grandes banques ont décidé de quitter Barcelone et d’autres grandes entreprises s’apprêtent à suivre. La région représente 20% du PIB espagnol, que vaudra son économie une fois livrée à elle-même, car, autre oubli des nationalistes, elle se retrouverait avec une dette gigantesque. Enfin, ils ont apparemment oublié d’expliquer qu’en sortant du royaume, la Catalogne se retrouverait de fait hors de l’Union européenne et en perdrait tous les avantages.

C’est probablement pour ces raisons que la réaction anti-indépendantiste a été massive. Les multiples avertissements lancés par le monde ont rappelé aux nationalistes les conséquences inévitables du choix politique qu’ils voulaient faire. Carles  Puigdemont accumulant les actes illégaux, la confrontation avec Madrid ouvrait la porte à toutes les violences.  En effet, il a organisé un référendum que non seulement le droit n’autorise pas mais en plus s’est déroulé dans des conditions si chaotiques qu’il en est dépourvu de signification. Comment accorder du crédit à une consultation qui ne comportait même pas de listes électorales. Cela ne l’a pas empêché de voir dans des résultats dignes d’une république bananière le vœu ardent du peuple catalan, malgré la présence en Catalogne d’un fort mouvement hostile à l’indépendance. Et voilà qu’il invoque une illusoire souveraineté pour décider du destin de la région. Il est donc bien inspiré d’en suspendre la déclaration effective. Madrid lui a donné jusqu’à aujourd’hui pour clarifier son intention.

Un très mince espoir.

Ce qu’il voudrait, c’est une sortie en douceur de l’Espagne et donc négocier uniquement les modalités de l’indépendance. Ce que veut Madrid, c’est maintenir la Catalogne dans son statut actuel, qui, certes, peut être modifié, mais ne saurait, aux yeux du gouvernement espagnol évoluer vers la sécession. L’espoir nourri, notamment par les Européens, d’un dialogue construit éventuellement autour d’une médiation, semble très lointain si l’on tient compte des positions adoptées par le roi Felipe VI et par le chef du gouvernement Mariano Rajoy : ils ont remporté un petit succès grâce à une intransigeance inébranlable et ils n’ont certainement pas envie de dialoguer d’égal à égal avec un homme qui se comporte déjà comme s’il avait tous les pouvoir. Carles Puigdemont, n’avait peut-être pas d’autre choix que de tendre la main à Madrid, mais ce pourrait être une ultime manœuvre car il sait pertinemment que le pouvoir central ne souhaite pas la saisir.  C’est pourquoi en réponse, Mariano Rajoy demande au gouvernement catalan de dire si oui ou non, il compte déclarer l’indépendance. Dans ce cas, Madrid ferait jouer le fameux article 155 de la constitution qui permet au pouvoir central de retirer son autonomie à une région. Rien n’est donc réglé d’autant plus que la reculade du président catalan n’efface pas l’indépendantisme catalan qui est vif et capable de produire d’énormes manifestations. Quand les soutiens de l’unité espagnole se réjouissent de la baisse de tension, les Catalans auxquels on a promis monts et merveilles sont frustrés, et certains même accusent Puigdemont de « trahison ». La démagogie agit toujours comme un boomerang  : enflammez les foules, elles finiront par brûler ce qu’elles ont adoré. Certains Catalans sont assez furieux pour demander à Carles Puigdemont de partir…

Le moment décisif approche.

On ne sait si une négociation est possible. La froide colère des autorités centrales ne risque pas de déboucher sur une politique faite d’avancées puis de reculs. Les indépendantistes abordent cette situation alors qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes, c’est-à-dire une fraction, fût-elle nombreuse, du peuple catalan, et qu’ils ont contre eux ceux des leurs qui restent hostiles à l’indépendance, le peuple espagnol, le gouvernement, et les peuples qui, en Europe ou ailleurs, ne croient qu’à une vérité : l’unité de l’Espagne. Toute cette crise repose sur l’émotion populaire, sur la manipulation d’un peuple qui se croit maltraité alors qu’il est le plus prospère d’Espagne, sur une auto-exaltation fort peu rationnelle. Des portes de sorite existent : elles passent par une réforme constitutionnelle qui permettrait d’accorder à la Catalogne d’autres avantages qui renforceraient l’autonomie ou une dissolution du parlement catalan et l’organisation de nouvelles élections.  Encore faut-il éviter d’oublier la charge émotionnelle qui gonfle les poitrines indépendantistes !

 

 


LE BREXIT : MAY VA ENTRER DANS LE « DUR »

Brexit 2

Les marchés ont encaissé sans broncher.

Theresa May a officiellement déclenché la procédure de séparation. Et ce qui frappe, c'est la façon dont les marchés ont totalement absorbé le choc du Brexit. Paradoxe et coïncidence, c'est le jour où la Grande-Bretagne se lance dans cette grande aventure que les indices boursiers affichent des niveaux qu'on n'avait pas vus depuis longtemps. Pourtant, c'est un événement majeur aussi bien  pour la Grande-Bretagne que pour l'Europe. Nous entrons dans une longue période de négociations dont l'issue est incertaine. Négociations entre la Grande-Bretagne et l'Union Européenne, d’abord, mais aussi négociations au sein même de la Grande-Bretagne comme l'illustre la demande officielle faite par le parlement écossais d'organiser un nouveau referendum sur l'indépendance.

Pour les marchés, rappelez-vous, il y a à peine dix-huit mois, l'éventualité du Brexit était considérée comme un « cygne noir », un de ces événements imprévisibles qui peuvent provoquer le chaos. Il n’en a rien été  la  semaine dernière. Tout d'abord parce que les investisseurs qui ont paniqué après le referendum se sont brûlés les doigts et l'ont payé très cher. Ensuite, parce pour l'instant, le Brexit n'ayant pas encore eu lieu, la Grande-Bretagne affiche une santé économique insolente illustrée par une croissance très élevée et le plein-emploi. Enfin, par le sentiment général sur les marchés que la « reflation », la sortie de la déflation et de la croissance zéro, est en marche et sera plus puissante que les aléas politiques qui peuvent frapper tel pays ou telle zone économique. C'est un paradoxe qui reste à vérifier.

Mère Thérésa a mangé son pain blanc.

Le gouvernement de Theresa May a voulu donner à sa décision historique toute la solennité et l’ampleur qu’elle méritait. Mais il a mangé son pain blanc. La gravité de la crise euro-britannique ne vient pas de l’hostilité de Londres à l’Union européenne mais de l’énorme tâche qui consiste à défaire des liens tissés pendant quarante-quatre ans. Si le Royaume-Uni n’avait jamais adhéré à l’UE, il se serait évité beaucoup des tourments à venir. Evidemment, les « 27 » ne sont pas immunisés contre un certain nombre d’effets économiques et commerciaux négatifs, mais, si l’on doit admettre que les négociations seront aussi compliquées pour les uns que pour les autres, on peut facilement imaginer que les conséquences subies par un seul pays seront sans commune mesure à celles qui en affecteront 27, où elle se seront amorties ou disséminées. L’Union n’est pas seulement un continent sans frontières, c’est un immense écheveau de milliers d’accords qu’il va falloir abolir. On n’a cessé de mettre l’accent sur les carences de la bureaucratie bruxelloise, sur son incapacité à comprendre les besoins populaires, sur son arrogance. Mais il se trouve que tout danger entraîne une réaction, parfois salutaire. La commission européenne mise au défi par une rupture inédite a déjà réagi à la fois d’une manière politique et comme un seul pays. C’est remarquable parce que le Brexit risquait d’encourager certains pays-membres comme la Pologne ou la Hongrie à prendre le large eux aussi. A la veille de l’activation de l’article 50 du traité européen, celui qui prévoit la sécession, les 27 se sont réunis pour réaffirmer leur appartenance à l’Union. Une sorte de pied de nez. Et franchement, à part les 52 % de Britanniques, quel pays raisonnable aurait envie de se lancer dans une telle mésaventure, avec la certitude d’une tâche à la  fois fastidieuse et inexorable, une multitude de complications administratives et de querelles en vue, et des résultats qui, finalement risquent de ne convaincre personne ? La fatigue aura tôt fait d’éroder l’ingéniosité des diplomates.

Un calcul politique.

Theresa May n’est pas à l’origine du Brexit et elle a même milité contre lui. Elle a simplement hérité de la situation que lui a léguée David Cameron qui, avec une désinvolture consternante, a pris le risque inouï de poser la question dans un référendum et s’en est allé sans s’émouvoir le  moins du monde de son immense erreur. La Première  Ministre a repris le flambeau avec une certaine gourmandise, comme en témoigne sa façon de faire du Brexit un événement inéluctable parce qu’il résulte de la volonté populaire. Dans sa démarche, il y a bien sûr un calcul. Elle a compris que en défendant bec et ongles la démocratie britannique, elle avait une très bonne chance de rester au pouvoir et d’assurer un nouveau mandat pour les Tories, actuellement bien plus populaires que les travaillistes, minés par les positions ineptes de Jeremy Corbyn. Elle a pris le temps de calculer les efforts herculéens à fournir, les dangers d’une rupture violente avec l’Europe, le risque d’une récession économique que les Britanniques ne supporteraient pas plus qu’ils n’ont supporté les amarres qui les liaient à l’Union. Simplement, craignons que l’expression très ferme de sa volonté n’aboutisse à une incompréhension réciproque des négociateurs. Ils ne sont pas en nombre suffisant du côté britannique et du côté de Bruxelles, ils sont tout autant déterminés à ne rien lâcher, sous  la conduite  d’un expert qui ne s’en laissera pas compter, Michel Barnier.

Une tâche fastidieuse.

L’avantage du Brexit, c’est que les négociations pour la séparation vont démontrer aisément que c’est une folie à éviter par tous les moyens. Hélas, la preuve sera fournie trop tard pour notre grand rendez-vous électoral. Il eût été très utile de laisser les électeurs de Marine Le Pen assister aux indescriptibles tractations entre Bruxelles et Londres. Pour bien comprendre,  prenons un exemple de complication : le cas de  Gibraltar. Le président du Conseil européen Donald Tusk a mis le feu aux poudres dans des relations anglo-espagnoles sur ce dossier en affirmant qu'après le Brexit « aucun accord entre l'UE et le Royaume-Uni ne pourra s'appliquer au territoire de Gibraltar sans un accord entre le Royaume d'Espagne et le Royaume-Uni », ce qui donnera de fait à Madrid un droit de veto sur le futur de la possession britannique. Theresa May a sèchement répondu qu'elle ne conclurait « jamais d'accord qui laisserait passer les habitants de Gibraltar sous une autre souveraineté sans leur volonté librement et démocratiquement exprimée ». Embarqué contre son gré dans l'aventure du Brexit, le territoire britannique  voit du coup se profiler deux gros risques économiques : celui d'être coupé de la ressource des 10.000 Espagnols qui passent chaque jour la frontière pour venir y travailler  et celui d'être brutalement privé d'un vaste marché de plus de 500 millions d'habitants, pour sa florissante industrie des services financiers notamment. En effet, si Gibraltar ne fait pas partie de l'union douanière européenne comme le Royaume-Uni, il bénéficie de l'accès au marché unique, de la liberté de mouvements de ses ressortissants, du fameux « passeport financier », et n'applique pas de TVA. Ce qui lui a permis de bâtir une solide économie sur quatre piliers : les services bancaires et financiers, le tourisme, les jeux en lignes, et le port. Aidés par un taux d'impôt sur les sociétés limité à 10 %, ce sont 18.000 entreprises qui ont été attirées sur son territoire, assurant un taux de croissance à deux chiffres même en pleine crise financière, un taux de chômage (2,5 %) qui frôle le plein-emploi et fait rêver son voisin espagnol. Ce statut offre aux habitants du Rocher un des PIB par tête les plus élevés au monde. Pas étonnant dans ces conditions que Gibraltar ait voté le 23 juin 2016 massivement à 96 %, contre une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Ce qui le conduit aujourd'hui à un spectaculaire grand écart : contrairement à l'Ecosse, Gibraltar souhaite également par-dessus tout rester rattaché au Royaume-Uni ... qui a quitté l'UE.

On peut souhaiter bon courage aux négociateurs. Parions que les Anglais ne tarderont pas à regretter le « cher continent » !

 


NOUVELLES D’ICI ET D’AILLEURS…

En attendant le débat  ...

Globe-terrestre-

Nouvelles de France

La majorité au Sénat refuse d’examiner un budget 2017, « maquillé comme une voiture volée » : après un examen minutieux, elle évalue la sous-estimation des dépenses à 12 milliards d’€, celle du déficit à 20 milliards et à 25 milliards les dépenses non financées (cadeaux électoraux) reportée sur les budgets ultérieurs. Cela fait beaucoup pour celui qui succèdera.

A gauche, c’est la guerrilla : Malek Boutih dégaine violemment contre une candidature de pépère qui dit-on est imminente, et tenez-vous bien, Arnaud Montebourg appelle les électeurs de droite à participer à la primaire de la gauche pour virer Hollande en votant pour lui !! On est en plein western spaghettis !

Taubira s’en mêle : L'ex-ministre  a qualifié de « cocktail ultralibéralisme-régression sociale » le programme de François Fillon, appelant donc indirectement à voter Alain Juppé. Comme cette caste est aveugle : elle refuse de voir les dégâts de la politique de « gôôôche » dont  elle se réclame. Ces gens-là ne savent que sortir les mêmes « scies » convenues. Bah, laissons le peuple parler, ils ne vont pas  être déçus !

Exode fiscal : voilà une réponse à Taubira qui illustre les méfaits de  l’aveuglement idéologique. L'exode fiscal, loin d’avoir ralenti s'est accéléré. Les départs des foyers gagnant plus de 100 000 euros continuent d'augmenter. Et les chiffres viennent directement du Ministère des Finances : 4100 départs, 10% de plus que l'année précédente. Pour où ? Direction la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Suisse.  Comme quoi il est urgent que la droite reprenne le manche si on ne veut pas devenir un pays que de pauvres, dont la gauche s’occupe  activement d’augmenter le  nombre.

La Gauche Travelo : Macron publie son livre « Révolution » à 200 000 exemplaires. Sa vie, son œuvre, ses espérances présidentielles… On s’en fout ! Il va faire un tour de France des dédicaces.  Tiens, comme qui déjà ?

Nouvelles d’Europe

Brexit : en attendant de savoir s’il sera « hard » ou « soft », il est « slow » comme un poison lent. La croissance du Royaume-Uni est revue à la baisse, le retour à l’équilibre budgétaire reporté. Aucun effort supplémentaire n’est annoncé, pour ne pas pénaliser l’économie. Le gouvernement de Theresa May est bien obligé d’admettre que la perspective du Brexit accentuera le ralentissement économique et que les finances publiques accuseront le coup en conséquence. Au cours des cinq prochaines années, le déficit cumulé sera gonflé de 122 milliards de livres. La richesse britannique aurait fondu de 1.400 milliards d'€ après le Brexit. On mesure l’ampleur du « trou noir du Brexit ». Et on n’est qu’au début ! On n’entend plus Marine Le Pen.

L'Italie, maillon faible de l’Europe : à l'approche du referendum de Matteo Renzi, l'Italie est sous pression. La bourse italienne a un peu profité de l'emballement des marchés des derniers jours, et Milan affiche la pire performance boursière de l'année avec une baisse de plus de 20%. Et les taux d'emprunt italiens continuent à remonter,  au-dessus de 2%, un écart de plus de 50 points de base avec l'Espagne. Les sondages donnent le non gagnant, avec 7 points d'avance  (11 points d'avance dans le Sud particulièrement touché par la récession). Il faut s’attendre à une crise politique. Et pourtant la réforme qu’il propose est courageuse. Elle vise à ramener le rôle du Sénat à un rôle consultatif et surtout réduire drastiquement le nombre de sénateurs. Elle s'attaque aussi au millefeuille régional avec un retour à une centralisation plus rationnelle.

Angela IV : Angela Merkel s'est adressée au Bundestag pour évoquer sa candidature à un quatrième mandat. Elle s'est attachée à transmettre le message que, pour les Allemands, jamais la vie n'avait été meilleure. L'ouverture du pays au monde a permis d'apporter des conditions de vie que les Allemands n'ont jamais connues. Démarche intéressante et courageuse que d'expliquer enfin à son peuple que ce n'était pas mieux avant !

L’Euro 2ème monnaie du monde : la monnaie chinoise est rétrogradée à la troisième place au rang des monnaies les plus utilisées dans le commerce international.

Nouvelles du Monde

L’étau des taux : le revoilà. Nous assistons à un véritable krach des emprunts et à une envolée des taux d'intérêt. Les États-Unis mènent la danse. Pour la première fois depuis l'été 2015, le taux de référence, le taux d'emprunt à 10 ans a atteint les 2.40% après une hausse spectaculaire hier. Et tous les taux d'intérêt dans le monde suivent. Ce qui ne manquera de poser des problèmes de service de la dette pour la plupart des pays développés, y compris la France, qui sont surendettés.

Les monnaies s’affolent : avec un nouveau record tous les jours pour le dollar au plus haut depuis 13 ans. Cette hausse va devenir rapidement un sujet politique sensible. Car face au dollar, ce sont des monnaies comme le yen et le yuan qui chutent. Et comme Trump a promis de s'attaquer au dumping asiatique et en particulier au dumping des chinois, ceux-ci profitent largement de la fenêtre de tir de la transition avant janvier pour dévaluer leur monnaie. Mais en janvier, le combat va être rude ! Personne ne pouvait anticiper une flambée simultanée du dollar, des taux d'intérêt et des indices boursiers. La hausse simultanée de ces trois marchés est une anomalie et forcément une correction va intervenir. Soit les taux vont rebaisser, soit ce sont les marchés qui vont devoir le faire. Nos  gouvernants doivent prendre rapidement conscience que avons brutalement changé de paradigme et qu'il va falloir adapter nos logiciels de pensée sur les marchés et sur les taux. Un tournant brutal qu’il va falloir négocier si on ne veut pas la sortie de route.

Cure d’assainissement indienne : pour combattre la corruption et l'évasion fiscale, le gouvernement a annoncé, du jour au lendemain, que les billets de 500 et de 1000 roupies (soit 6,50 euros et 13 euros) seront inutilisables à partir de 2017. Des millions d'Indiens se sont donc rués dans les banques pour les changer. Ces billets de 500 et 1000 roupies représentent 220 milliards de dollars, soit 86% du cash en circulation. 80 milliards ont déjà été rapportés. On a même eu quelques suicides d'Indiens qui pensaient que ces billets n'avaient, du jour au lendemain, plus aucune valeur. Cette mesure brutale et sans précédent devrait coûter 1% de croissance à l'Inde.

 


UNE DICTATURE FASCISTE A LA PORTE DE L’EUROPE !

Erdogan

 

C’est un véritable régime fasciste  qui s’est mis en place en Turquie. 

Plus rien ne retient Erdogan depuis le pitoyable  coup d’état de l’été dernier. Celui-ci sert de prétexte  à  la  plus épouvantable répression qu’un pays puisse connaître.  Les purges sont menées au mépris des règles démocratiques les plus élémentaires et des conventions internationales.  Ce sont 160 médias qui ont été fermés, 35 000 personnes arrêtées,  des milliers de fonctionnaires révoqués, les  journalistes et les universitaires particulièrement ciblés et maintenant les dirigeants du principal  parti d’opposition pro kurdes placés en garde-à-vue. Le tout sur fond de manifestations « spontanées » de  soutien au président, qui promet  le rétablissement de la peine de mort et tient un discours inquiétant quant à l’histoire et aux frontières du pays. Tout cela rappelle aux anciens de sinistres souvenirs  de  « bruits de  bottes » en Europe, qu’il s’agisse  de  l’Espagne, de  l’Italie ou de l’Allemagne.  Vous voyez ce que je veux dire.

L’Europe regarde ailleurs.  

C’est pourtant un pays qui négocie son adhésion pour entrer dans l’Union. Du moins  parait-il  …  Angela Merkel est « alarmée » : on le serait à moins.  L’union européenne se dit « extrêmement inquiète » : avouez qu’il y a de quoi !  Mais que fait-on ? Federica  Mogherini (notre chef de la diplomatie de l’Union pour ceux qui ne le savent pas) n’a  prévu qu’une réunion des  ambassadeurs auprès d’Ankara. Bien faible protestation, Erdogan aurait tort de se gêner.  Même le gendarme américain  « profondément  préoccupé » n’envisage aucune sanction.  Bref, tout le monde fait profil bas. L’esprit de  Munich prévaut face au nouveau grand Mamamouchi qui nous nargue, sachant très bien qu’il a en main bien plus de  possibilités de représailles que les occidentaux n’ont de sanctions. 

Le chantage aux migrants.

C’est que Bruxelles ne tient pas  à ce qu’Ankara dénonce l’accord signé en mars qui permet de juguler l’arrivée des migrants du côté turc. La Turquie tient en main l’un des robinets migratoire et se sert de la crise des réfugiés pour faire du chantage.  L’Union européenne a aussi besoin de la  Turquie pour combattre Daech. Même si celle-ci ne joue pas un jeu très clair et en profite, au passage, pour régler quelques comptes  avec les Kurdes. Elle reste néanmoins une base arrière occidentale, à proximité de la Syrie, en mettant à disposition la base aérienne d’Incirlik.  Qu’on le veuille ou non,  elle reste un partenaire politique et il serait dramatique qu’elle se tourne vers  la Russie. D’où la prudence des Occidentaux.  Mais enfin, la faiblesse n’est jamais une bonne solution.

Une Europe impuissante.

Nous mesurons avec le jeu d’Erdogan toute l’absence d’autorité et de leadership d’une Europe livrée à elle-même et incapable de se projeter. Entre les sanctions russes et l’absence de réaction face aux Turcs, elle montre un vide existentiel.  L’Europe  n’a pas de politique extérieure. Et la France est bizarrement  très silencieuse,  elle si prompte habituellement à défendre les Droits de l’Homme. C’est que Pépère est plus préoccupé par sa candidature et trop occupé à inaugurer les chrysantèmes. Membre de l’Otan, membre du Conseil  de l’Europe, en négociation d’adhésion avec l’Union, la  Turquie est censée respecter les valeurs et les libertés fondamentales, qu’il s’agisse de la liberté  de la presse ou de l’interdiction de la peine de mort. Si Erdogan n’en a cure, alors il faut en tirer  les conclusions et les assumer. Seule l’Autriche est prête à siffler la fin de la partie en suspendant les négociations. Pour l’instant, les autres capitales ferment les yeux. Comme pour « Munich » : la lâcheté ne sera pas sans conséquences et nous aurons de toute façon le déshonneur. Nous n’avons en effet rien de bon à attendre d’un régime islamo-fasciste installé à notre porte.

 


IL FAUT LE SAVOIR …

Fin du monde tintin

 

Souriez, détendez-vous, on est dimanche !

PAUVRE CROISSANCE !

Alors que l'Allemagne annonce qu'elle va distribuer au moins 6 milliards d'euros dès le début de l'année à ses contribuables, et ce ne sera qu'un début, la France accumule les mauvaises nouvelles. Le gouvernement a enfin admis que la croissance n'atteindra pas les 1.5%. L'Insee annonce même 1.3%. Mais surtout ne changeons rien, Sapin-les-bas-roses est confiant !

PAUVRE DEMOCRATIE !

La présidente du Front National, Marine Le Pen, progresse dans les intentions de vote au premier de tour de l'élection présidentielle dans les trois fonctions publiques, souligne une étude du Cevipof qui a comparé l'évolution entre le début d'année et septembre 2016. A l'autre bout de l'échiquier, Jean-Luc Mélenchon progresse lui aussi.

PAUVRE AUTOMOBILISTE ! 

Les recettes issues du contrôle automatique des radars atteindront un niveau record l’an prochain à 844 millions d’euros. Le nombre des engins va augmenter pour enrayer la hausse des morts sur la route : 4.700 prévus pour 2018. Les radars vont fleurir au bord des routes, comme coquelicot au printemps.

PAUVRE MACRON !

Les cars « Macron » devaient créer 22 000 emplois. On en compte à ce jour 1340 seulement. Et les trois opérateurs longue distance encore vivants ( Flixbus, Ouibus, Isilines) accumulent les pertes. Cela donne une idée de l’efficacité des promesses qu’il peut faire.

 PAUVRE JUSTICE !

Selon un rapport qui vient d'être publié par le Conseil de l'Europe, sur les systèmes judiciaires européens, la France est le pays d'Europe dans lequel les magistrats du parquet doivent supporter la plus grande charge de travail : avec 10,5 juges professionnels pour 100.000 habitants et un budget dédié au système judiciaire de 64 euros par habitant. Elle fait partie des quatre pays où les procureurs cumulent l'ensemble des tâches susceptibles d'incomber aux magistrats du parquet, de la supervision des enquêtes de police au pouvoir de classer une affaire pénale ou de négocier une sanction en passant par son rôle dans les procédures civiles et administratives ; mais avec seulement 2,8 procureurs pour 100.000 habitants. Et on s’étonne que ça dysfonctionne !

PAUVRE JACK !

L'ancien ministre de la Culture est décidément bien chouchouté par le pouvoir. Nommé en 2013 à la tête de l'Institut du Monde Arabe, avec un salaire de 10 000 euros par mois, Jack Lang vient d'obtenir une nouvelle faveur de la part de François Hollande (dixit le Canard enchaîné) : des bureaux dans le somptueux hôtel de Marigny, un hôtel particulier proche de l'Elysée et qui appartenait autrefois à la famille Rothschild. Jack ne pourra plus critiquer. Et ne pourra que soutenir le sortant. Passe-moi la rhubarbe …

PAUVRE FINANCE !

Pauvre, c’est le cas de le dire : le niveau de la dette mondiale a atteint un record avec un montant de 152 000 milliards de dollars. C’est le dernier rapport du FMI qui le dit. On ne s’étonnera pas qu’il tire la sonnette d’alarme sur une dette qui représente 225% de l’économie mondiale !! (C'est plus de deux fois la taille de l'économie mondiale). Le FMI n’arrête plus de s’alarmer. Il avait pointé il y a quelques jours la faiblesse de la croissance mondiale surtout dans les pays développés, puis il a dénoncé les dangers de la montée du populisme, des élections aux États-Unis et du Brexit. On broie du noir chez Christine !

PAUVRE MONDE DEVELOPPE !

Ce chiffre de la dette mondiale devrait nous empêcher de dormir. Le problème que souligne le FMI est triple. Tout d'abord cet océan de dettes qui recouvre la Terre n'a pas relancé l'économie. D'autre part, une dette, normalement, ça se rembourse. Mais comment le faire quand elle est deux fois plus gosse que l'économie mondiale ? Et que se passera-t-il si les taux devaient remonter ? Enfin, cette dette est concentrée dans les pays développés, justement où les taux sont très bas. Seule exception significative : la Chine. Et ça, ça devrait faire réfléchir ! On comprend que le FMI soit inquiet, très inquiet même !

PAUVRE UKIP !

Une photo a fait la une de toute la presse anglo-saxonne et des réseaux sociaux. On y voit un homme gisant inconscient face contre terre sur le sol du Parlement Européen. C’est Steven Woolfe, le favori à la succession de celle qui n'a remplacé que quelques jours Nigel Farage, le dirigeant historique de UKIP. Une bagarre a eu lieu au Parlement entre Woolfe et un autre député européen à cause d'un rapprochement éventuel avec les conservateurs de Theresa May. On savait qu’à UKIP on utilise des arguments frappants.

PAUVRE TRUMP !

Il est en passe de réussir son pari : ne pas être élu aux élections américaines mais, malgré ses obscénités, fédérer la classe moyenne blanche américaine, qui sera prête à consommer un média anti-Clinton pendant 4 ans, un média sous marque « Trump », of course. The loser will be the winner. Avec Trump, il y a toujours moyen de gagner des dollars même avec une défaite, c’est d’ailleurs sa spécialité.

 


ALERTE ! LA FINANCE EST DEVENUE FOLLE !

Planche à billets

 

Les taux bas éreintent le modèle  du livret A, refuge privilégié de l’épargne des Français ; les taux négatifs laminent les banques européennes malmenées en bourse et dont certaines ont perdu jusqu’à 25% de leur valeur…

L’arnaque avec un « A ».

Ce que font aujourd'hui les banques centrales et les États dépassent toutes les arnaques financières les plus célèbres et les plus sophistiquées, par leurs montants et par le silence assourdissant des gouvernements qui en profitent. Ce sont des centaines de milliards qui sont en jeu. En Europe, la BCE et les banques centrales ont mis en place un mécanisme d'une subtilité et d'une perversion rarement atteintes.

Accrochez-vous !

Prenons l’exemple de la BCE (Banque centrale européenne) et de la France. La BCE rachète massivement des emprunts d'État. La première conséquence est simple à comprendre : les taux des emprunts d'État baissent, et du coup le service de la dette et son coût pour l’État chutent. Le but était d'aider les États européens pour que les gouvernements utilisent ce bonus pour réformer,  mais on a observé qu’en France c'est l'inverse qui s'est produit : la baisse des taux a été une prime à la paresse et tout le monde parle déjà de relance alors qu'on n'est même pas passé par la case « austérité » comme l'Allemagne. La France aurait dû profiter de cette aubaine pour apurer ses comptes mais elle ne l’a pas fait.

Attention ça se corse !

En fait, aujourd'hui, quand la France emprunte, c'est donc la Banque centrale européenne qui lui prête. C’est ce qui ressort  de ce qu’on vient d’expliquer, c’est simple à comprendre. Mais la BCE n'est pas sortie de nulle part : elle est bien la « banque centrale » des « banques centrales nationales » (dont la Banque de France) qui dépendent totalement elles-mêmes des budgets des États européens. Vous suivez ? Autrement dit et pour faire simple, lorsque le gouvernement français emprunte de l'argent, c'est en quelque sorte le gouvernement français qui lui prête. En fait, c’est un cercle totalement fermé. Vous trouvez ça normal ?

Bon,  prenons un exemple !

Supposons que  la France emprunte de l'argent à 0.50% par an. La BCE qui a acheté l'emprunt français touche donc 0.50% par an qui reviennent directement à la Banque de France en charge de la dette française. Et évidemment la dite Banque de France reverse ces 0.50% au budget de l'État. C’est ainsi que de 2005 à 2015 la Banque de France a encaissé 50 milliards d'euros qu'elle a reversés au budget de l'État. Et le plus drôle c'est que, soumise à l'impôt sur les sociétés, elle a payé un impôt à l'État français sur l'intérêt payé par l'État français. Kafkaïen ! 

Attendez, ça n’est pas fini !

Comme la BCE a épuisé le marché des emprunts d’Etats, elle rachète aujourd’hui des emprunts de grandes entreprises, pour continuer à déployer son Q.E (Quantitative Easing = planche à billets).  Les intérêts de ces emprunts vont aussi dans les caisses de l'État. Donc, c'est l'État français qui se prête lui-même de l'argent totalement artificiel et qui devient le premier prêteur aux plus grosses entreprises.  C’est la négation totale des lois du marché.  A côté, Madoff était un enfant de chœur.

Résultat des courses.

On ne sait pas combien de temps la plaisanterie va durer ni comment sortir de ce cercle vicieux. D’autant plus que le dispositif du Q.E. n’a toujours pas atteint son objectif principal qui est de relancer  la croissance européenne toujours mollassonne, pas plus qu’aux Etats-Unis où la Fed hésite toujours à remonter ses taux tant les signes de consolidation de l’économie sont peu convaincants. Le Japon connait pire et malgré l’enfoncement dans les taux négatifs, la banque du Japon n’arrive toujours pas à casser la spirale de la déflation. Entre le dollar, l’Euro et le Yen c’est une guerre des monnaies qui ne dit pas son nom. Toutes ces émissions de monnaie, au lieu d’alimenter l’économie réelle, vont grossir les milliards spéculatifs de la planète financière qui tourne de plus en plus follement (je vous expliquerai une autre fois comment), alternant périodes de calme relatif et d’affolement, au gré du prix du pétrole ou de la Chine, jusqu’au moment où le système bancaire exsangue et à bout de souffle s’écroulera, et  là … !

 


LE BREXIT, Y’A PAS DE MAIS QUI TIENNE, MAY… !

Brexit

 

Un gros coup de froid, mais pas de récession. La croissance du PIB britannique devrait atteindre 1,8% au lieu de 2,2% cette année, et 1% au lieu de 2,3% en 2017. L'activité continuera à souffrir en 2018 avec un taux de croissance attendu de 1,8% au lieu de 2,4%. Mais elle ne devrait pas entrer en territoire négatif. Il n'empêche : si ces prévisions s'avèrent exactes, le Royaume-Uni connaîtra l'année prochaine son taux de croissance le plus faible depuis 2009, quand il était frappé de plein fouet par la crise financière de 2008. Et même si le Brexit n'a eu, contrairement aux anticipations de tous, aucun impact important pour l'instant ni sur l'économie ni sur les marchés britanniques, le patron de la Banque centrale anglaise veut continuer à baisser les taux d'intérêt. Il n'est pas rassuré sur l'avenir et pense que le Brexit peut encore avoir des conséquences graves, avec un petit décalage dans le temps.

Perfide Albion.

Et pour cause, la mère Theresa Britannique a beau affirmer que le Brexit aura bien lieu, elle n’est surtout pas pressée de déclencher l’article 50 qui en signifierait concrètement la réalité.  Parce que pour l’instant rien n’a bougé, ou si peu. Pas question d’un second referendum ni de réintégrer l’Europe,  mais elle ne se hâte guère d’en sortir. Cette fermeté affichée cache mal le grand flou dans lequel se trouve le Royaume-Uni deux mois et demi après le vote. Si Theresa May affiche une telle détermination en apparence, c’est parce qu’elle doit encore donner des gages au camp des vainqueurs, dont elle ne fait pas vraiment partie. Mais surtout, Cette position prudente lui permet pour l’instant de ne pas dévoiler son jeu. Elle se garde bien de donner quelles que précisions que ce soit.

Sur le calendrier, d’abord. On sait seulement que la Première ministre a confirmé à plusieurs reprises qu’elle ne déclencherait pas la procédure de sortie de l’Union avant la fin de l’année. On ne sait pas si elle invoquera l’article 50 dès le début de2017, Ou si elle jugera plus prudent de laisser passer les élections françaises de mai, voire les élections allemandes de septembre.  De  quoi exaspérer ses (encore) partenaires européens.

Sur le fond, Theresa May entretient le flou le plus artistique. Depuis juillet, pratiquement aucune indication n’a été donnée sur le type de relation que la Grande-Bretagne souhaite nouer avec l’Union européenne une fois que le Brexit sera effectif. Seules deux grands lignes directrices transparaissent : Il faudra instaurer « un certain contrôle » sur l’immigration en provenance du continent, sans  donner plus de précisions,  et sauvegarder les relations commerciales de la Grande-Bretagne avec le reste de l’Europe, tant pour les biens que pour les services, en particulier les services financiers de la City. On croit rêver !

Brexit sans « brexit » si possible !

Conclusion : on voit bien qu’elle veut gagner du temps pour trouver le moyen de sortir si possible sans rien changer. Et pendant qu’elle fait  lanterner l’Europe, elle négocie des  accords  bilatéraux à  part. Le beurre et l’argent du beurre. La perfide Albion ne joue jamais franc jeu.

Combien de temps peut-elle tenir ? c’est que les pro-Brexit risque tout de même de se réveiller. La Grande-Bretagne doit aussi tenir compte de ses partenaires commerciaux qui commencent à s’impatienter, inquiets de l’impact de cette période d’incertitude sur leur propre économie. Et pas seulement les Européens. En marge du G20 la semaine dernière, le Japon a appelé Londres à clarifier la situation. C’est que les entreprises japonaises – Toyota, Nissan, Nomura… – emploient 140.000 personnes outre-Manche et vendent leur production sur le continent. La sauce douanière à laquelle ils vont être mangés les intéressent au plus haut point. May, mets ce qu’il te plait !  Eh bien non, elle ne pourra pas complètement ignorer ce genre de pression. Ni celle de la  Commission européenne qui est loin d’être dupe du jeu souterrain de la Première britannique.

Il n’y a pas  de « mais » qui tienne !

 


EUROPE A « JE T’AIME, MOI NON PLUS » !

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Fico the One.

L’Europe nous réservera toujours des surprises : c’est au moment où elle connait son prurit populiste aigu du Brexit qu’elle voit arriver à sa présidence tournante l’un des plus excités : Robert Fico ! « Connais pas ! » me direz-vous… ne culpabilisez pas, même si on m’avait demandé qui c’est, je n’aurais pas su. Et pourtant, je n’ai pas d’excuses avec des enfants qui ont habité à Bratislava. Le Fico en question n’est autre que le Premier Ministre de la Slovaquie, où va se tenir le prochain sommet européen. Ce « social-démocrate » appartient à une variété particulière de la grande famille dite de gauche. Voisin de Viktor Orban, le conservateur de Hongrie, il partage avec lui la même conception de l’immigration : il n’en veut pas. « Nous ne laisserons jamais entrer un musulman en Slovaquie » a-t-il proclamé, bien que son pays soit à l’écart des mouvements migratoires. D’ailleurs, il n’a pas hésité à s’allier, pour gouverner,  avec les leaders xénophobes.  On comprend que la gauche européenne tienne à l’écart cet eurosceptique notoire. Aussi attend-on avec curiosité les impulsions que sa présidence voudra insuffler à la machine européenne.

Brexit à reculons.

L’après referendum s’avère plein de surprises aussi chez les Grands Bretons. On y voit les vainqueurs fuir les responsabilités et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on ne se hâte pas de prendre le manche pour envoyer la lettre qui actionnerait l’article 50. Courage fuyons. Le Brexit n'a plus de leader, plus de défenseur. On voit mal comment on pourrait échapper à des élections législatives anticipées et peut-être même à un nouveau référendum. Devant le désastre que provoque l’annonce du divorce, à la fois politique et économique, les godons ne sont plus pressés de se séparer. Ils veulent prendre leur temps, laissant tout le monde dans l’incertitude. Perfide Albion, toujours la même. En attendant, bonjour les dégâts : l’immobilier commercial a chuté de 50% depuis le début de l’année car les institutions bancaires avaient anticipé le risque, deux fonds MetG et Aviva Investors ont gelé leurs fonds face à l’afflux des retraits, et la £ivre a atteint son plus faible niveau depuis 1985 face au dollar. Déficit public record, endettement très élevé des ménages, perte d’attrait du Royaume-Uni auprès des investisseurs : la Banque d’Angleterre a identifié les menaces qui pèsent sur l’économie britannique. C’est pourquoi Londres hésite entre l’affrontement et la coopération avec Bruxelles, mais il faudra que ses gouvernants se décident vite. Si, comme le proclame Georges Osborne, il est envisagé de faire du dumping fiscal pour maintenir la place financière en baissant à 15% les taux d’imposition sur les bénéfices des entreprises (aujourd’hui à 20%), ce sera interprété comme un cri de guerre, de quoi durcir les conditions du retrait. Il va de soi que la « marché unique, c’est la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes, quatre libertés qui forment un tout indissociable ». Si les britanniques veulent jouer aux flibustiers, ils ne pourront rester au sein de l’Europe, même à minima. Et le pari de Georges Osborne est loin d’être gagné pour reconquérir la confiance des investisseurs avec ce seul appât. C’est qu’en effet, Londres ne pourra faire autrement que de négocier un accord avec l’Union européenne qui constitue aujourd’hui plus de la moitié de son commerce et probablement bien plus encore pour la survie de la « City ». D’ailleurs c'est à 99.9% que les actionnaires du London Stock Exchange ont voté pour la fusion avec la Deutsche Börse, fusion qui devrait, malgré le Brexit, avoir lieu. Dans ces conditions on ne voit pas pourquoi le siège de la nouvelle institution ne serait pas en Allemagne.

L’Europe si ça m’arrange !

Matteo Renzi veut profiter du trouble créé par le Brexit pour faire avaler un projet que Bruxelles refuse depuis des mois. Il veut restructurer son secteur bancaire en recapitalisant ses banques avec des aides d'État et en imposant des regroupements. Les banques italiennes sont en difficulté et ça urge. Leurs cours se sont effondrés en Bourse et elles ne passeront pas, pour la plupart, les « stress tests » de la Banque centrale européenne, en fin de mois. Son plan de sauvetage est basique : l'État injecterait de l'argent dans le capital des banques pour leur permettre de respecter leurs ratios de solvabilité car leur problème c'est la masse des créances douteuses qui plombent leur bilan, et pousserait les plus fragiles à se regrouper ou à s'adosser. Un plan comme il y en a eu un peu partout en Europe. Le problème c'est qu’entre temps, l'Europe a changé les règles du jeu. Elle veut que ce soient les actionnaires et les créanciers qui paient les pots cassés et pas la puissance publique, dans le cadre des nouvelles règles de l'Union Bancaire. Donc pas question pour l'Europe d'accepter le plan Renzi. Celui-ci poursuit donc un double objectif : tout d'abord il veut sauver ses banques au plus vite,  mais en même temps, il veut démontrer qu'il sait, lui aussi, résister à Bruxelles. C’est que depuis l'élection municipale à Rome et depuis le Brexit, il est sous pression, notamment des populistes. Lui aussi a mis tout son poids dans la balance pour un referendum (hé oui, encore un) sur les réformes structurelles. Et au fil des semaines, le camp du non gagne du terrain. S’il perd, il devra évidemment démissionner. Il a donc intérêt à sauver les banques contre l'avis de Bruxelles pour sauver sa peau !! Du rififi en perspectives.

Cause toujours…

Finissons ce cours panorama par notre cher pays. Après ce que vient d’annoncer la Cour des Comptes, la discours de notre Sapin-les-bas-roses a perdu toute substance. Non la France ne réduit pas ses déficits, oui la dette explose et non la France ne respectera pas ses engagements de retour en-dessous des 3% en 2017 (je vous épargne les chiffres). Et devant la liste des nouvelles dépenses non financées, à caractère purement électoral, les instances bruxelloises sont exaspérées par le double langage qu’on leur tient. Ce qui rend risibles les discours qu’on entend partout pour expliquer que Paris va attirer tous les talents financiers de Londres. Allez savoir pourquoi un financier viendrait à Paris ? Pour payer 60% d'impôts, plus l'ISF et en prime se faire cracher dessus par la gauche, l'extrême-gauche, les écolos et le Front National ? Voilà donc qu’ils ne seraient plus, ces financiers, l'ennemi sans visage de notre pathétique pingouin ? La Finance ne fait pas bon ménage avec l'égalitarisme et le nivellement par le bas, sinon, ça se saurait. Voilà qui ne rend pas très crédible la France quand elle veut faire entendre ses exigences concernant le Brexit. On a vaguement compris que nos gouvernants souhaitait une évolution de l’Union vers plus de « solidarité ». je traduis le langage « solférinien » : il ne s’agit rien moins que de faire payer par les autres les efforts que nous refusons de consentir depuis cinq ans. M’étonnerait que ça marche !

 


APRES LE BREXIT… EUROPA !

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La nuit dernière, j’ai bien dormi ! D’abord la France bat l’Irlande et se qualifie pour les ¼, ensuite le « oui » l’a emporté à Notre-Dame des Landes et enfin, le Parti Populaire a fait mentir les sondages en Espagne en renforçant son score de décembre dernier. En toute logique, il devrait continuer à gouverner puisque le bloc de gauche arrive derrière, toutes voix confondues. Ceux qui croyaient que le Brexit allait attiser les forces politiques non conventionnelles comme Podemos en sont pour leurs frais. Même le PSOE a réussi à sauver sa seconde place !

Nous commençons néanmoins cette semaine sur un mode très étrange.

C’est ce qu’on entend à la suite de la victoire du « Oui » à l’aéroport de Notre-Dame des Landes. C’est pourtant net et sans bavures : 56%, que faut-il de plus ? Eh bien ça ne change rien. Les opposants ont une conception curieuse de la démocratie, à commencer par Mme Duflot. Depuis le début, on a affaire à une bande d’opposants déterminés qui n’ont rien à battre des procédures démocratiques, dont la lutte s’inscrit dans un cadre révolutionnaire. Face à ces gens-là, il n’y a que la force pour faire respecter le droit ! Le plus tôt sera le mieux.

Autre étrangeté, les Grands Bretons semblent frappés de sidération après le vote de la semaine dernière au point d’avoir perdu la boussole. Une pétition pour un nouveau referendum rassemble plus de trois millions de signatures (et ça n’est peut-être pas fini) et après avoir joué avec le feu, Cameron voudrait prendre le temps qui lui convient pour formaliser sa défaite, au grand dam de ses interlocuteurs de l’Union européenne. Difficile de se moquer du monde davantage ! Il faut dire qu’il laissera un bilan effroyable. Sa gestion n’est pas en cause, puisqu’il a permis au Royaume-Uni de se redresser. Mais ce qui est frappant quand on analyse les résultats du referendum, c'est de voir à quel point la Grande-Bretagne est divisée. Les résultats par région montrent de forts écarts allant jusqu’à 65/35 dans les deux sens, entre celles qui ont rejeté l’Europe et celles qui voulaient y rester. Les clivages par âge et par classe sociale sont du même tonneau. Londres et la City semblent totalement coupés du reste du pays. En Écosse, attachée à l'Europe depuis toujours, un référendum pour l’indépendance est devenu inévitable. En Irlande, européenne elle aussi au Nord comme au Sud, le vote du Brexit réveille le vieux rêve de la réunification. En face, on trouve le Pays de Galles et l’Angleterre qui ont manifesté un sentiment très anti-européen. Le risque d’implosion du Royaume-Uni n’est donc pas une vue de l’esprit.

Europa !

Les grands manœuvres post-Brexit ont donc commencé. Passons sur les réglements de comptes qui animent la classe politique outre-Manche. Sur le continent, tout le monde y va de sa recette pour relancer l’Europe. Pourquoi se mettent-ils en peine ? Inutile de chercher, celle-ci existe déjà et elle est pleine de bon sens. Nos dirigeants feraient bien de prendre comme livre de chevet « Europa », le livre de Giscard préfacé par Helmut Schmidt. Le moment est venu de répondre à l’appel qu’ils lançaient naguère pour la construction d’un ensemble fort et fédéré, comprenant, dans un premier temps les nations fondatrices plus cinq ou six autres.  C’est un projet qui ne demande aucune modification des traités européens. Il prévoit la création d’un Directoire, l’instauration d’un seul et même budget, la marche vers un système fiscal  et de droit du travail communs. Ce projet, qui peut être mis en oeuvre très rapidement et sans attendre la fin des négociations de départ du Royaume-Uni, permettra au continent européen de redevenir puissant et solidaire face aux géants du monde que sont la Chine et les Etats-Unis.

Le livre contient tous les éléments : la marche à suivre et les étapes à respecter. Et naturellement, il ne faut pas perdre de vue la nécessité d’associer les peuples à cette évolution.  Giscard n’a pas négligé la nécessité de réconcilier l’idée européenne avec les peuples. Ainsi précise-t-il, « il n’est aucunement question dans l’union économique et monétaire, d’attribuer des compétences en matière de santé, d’éducation, de logement, de sécurité publique, de protection sociale, de culture, bref de tout ce qui fait le particularisme de notre mode de vie. En revanche, il serait essentiel que les citoyens aperçoivent les buts recherchés et se persuadent du bien-être d’appartenir à un ensemble puissant, prospère et libre, au lieu de languir dans des structures morcelées et vouées inexorablement au déclin.» Et pour cela, il faut que le peuple européen se sente partenaire du projet et donc il ne suffira pas de le consulter, il faudra l’associer notamment par le biais des parlements nationaux. Pour Giscard, la pratique démocratique reste le seul instrument qui fasse communiquer le peuple et le pouvoir, aussi doit-elle être présente dans le fonctionnement d’Europa.

Le chemin qui conduit à une intégration plus poussée existe. Il n’est pas très difficile d’y avancer, conclut-il. Il suffit d’une volonté politique partagée… Le choc du Brexit pourrait avoir cette conséquence salutaire.

 


LA CLARIFICATION

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Leave : 52%  Remain : 48%

Les Anglais ont tranché : le Brexit l’a emporté. Bien sûr on peut le regretter, un pays qui divorce de l’Union européenne n’est pas un événement anodin. D’ailleurs l’affolement qui a gagné le monde financier et le personnel politique en est une démonstration. Pour autant, il faut bien reconnaître que le fait que cette sécession concerne le Royaume-Uni est tout sauf un accident. Bien que son entrée dans l’Union remonte à plus de 40 ans, il n’a jamais vraiment joué le jeu de la construction de l’Europe. Il a refusé d’entrer dans la zone euro et réclamé constamment des exceptions aux règles. Un pied dedans, un pied dehors. En fait, ce qui intéressait notre partenaire d’outre-Manche c’était d’avoir à sa porte une zone de libre-échange à moindre prix. On a donc assisté à 40 ans de guérilla permanente. Depuis son entrée dans l’Union, le Royaume-Uni a été un boulet, voilà la vérité.

Le vote d’hier met fin à 40 ans d’hypocrisie.

La teneur de la campagne électorale a révélé un grave malentendu entretenu par les partisans du Brexit : le principal déclencheur du vote « leave » a porté sur le thème de l’immigration, en en faisant porter la responsabilité aux institutions de Bruxelles, alors que le problème est largement lié aux conséquences de la mondialisation. Qui peut croire que quitter l’Europe changera quelque chose à ces mouvements démographiques. Le pays qui a dominé le monde avec son empire quitte l’Europe par frilosité devant les bouleversements de la globalisation ! Mais faire de l’UE le bouc émissaire pour avoir un prétexte est minable surtout au regard des conséquences effroyables que le divorce va entraîner. Surtout quand on ajoute au tableau le pari politicien de David Cameron pour avoir le pouvoir, suivi du même pari de Boris Johnson dans le même but.

Car la déflagration du Brexit va faire des dégâts difficiles à évaluer.

A commencer par le possible éclatement du Royaume-Uni, l’Ecosse étant en mesure de prendre son indépendance, le réveil de la guerre entre les deux Irlandes, sans parler des conséquences financières et juridiques avec des milliers de lois à réécrire et des dizaines de traités à renégocier : une sacrée galère ! Avec son cortège de misères pour les plus démunis. Ce sont eux qui paient toujours les mensonges des populistes. Alors Marine Le Pen peut bien fêter l’événement en buvant du champagne, Mélenchon prendre à témoin la loi El Khomry comme dictat ultra-libéral de Bruxelles, ce sont les mêmes que Farage. Ils se servent de l’Europe comme bouc émissaire de nos lâchetés nationales, de notre incapacité à mener les réformes nécessaires. Comme si retrouver la souveraineté nationale, la monnaie, le pouvoir de légiférer pouvaient  permettre le redressement du pays, son désendettement, la fin de ses déficits, sans efforts. Qui ne voit pas que nos syndicats qui ne veulent pas renoncer aux acquis sociaux, les conservent au prix de la précarité de ceux qui n’ont pas la chance d’entrer sur le marché du travail. L’Europe n’a rien à voir là-dedans.

Cela dit, nous allons vivre une période d’incertitude qui va durer des semaines et des mois, dans un paysage européen et international imprévisible. Bien des questions se posent, politiques, financières et économiques. Le Brexit ouvre une période de deux à dix ans de négociations, il intervient à un moment où l’économie mondiale est ralentie et ne parvient pas à prendre un nouvel essor. L’économie européenne sera forcément impactée, à commencer par celle du Royaume-Uni, et aussi celle de la France qui a une balance commerciale  positive avec lui, mais personne ne sera épargné.

 


LA POUSSEE POPULISTE

Marine le Pen 2013   Mélenchon Bastille 2013

 

Après l’Autriche, c’est l’Italie. On vérifiera très bientôt ses effets au Royaume-Uni avec le referendum sur le Brexit, on en mesure les progrès même aux Etats-Unis avec le phénomène Trump, et probablement aussi en Espagne avec « Unidos Podemos » cette alliance à l’extrême gauche qui talonne le parti Populaire de Rajoy. En Grèce les populistes n’ont rien réglé et continuent d’encaisser les chèques de l’Europe tout en renaclant à faire les réformes. Cela n’y change rien. Pour réussir en politique aujourd’hui, dans nos vieilles démocraties, il faut être anti-système, et ce n’est pas surprenant puisque le dit système a échoué et les politiques ont renoncé à le changer. On le voit bien en France.

Le cas du Royaume-Uni

L'histoire du référendum britannique incarne jusqu'à la caricature ce que la politique ne devrait pas être. David Cameron en avait lancé l'idée en fonction de petits calculs électoraux qui risquent de lui coûter cher aujourd’hui. L'ancien maire de Londres, Boris Johnson, fait le calcul inverse et semble avoir choisi le Brexit surtout pour arriver plus vite au pouvoir. Comme souvent dans les référendums, les électeurs ne répondent à la question posée - quitter l'union européenne ou y rester - mais à une autre -fermer ou non le pays à l'immigration, le débat s’est fait principalement sur ce thème. L’assassinat de Jo Cox, tuée par un déséquilibré pro-Brexit, a constitué le paroxysme d'une campagne électorale très violente, amplifiée par une presse britannique qui a donné une nouvelle fois la preuve de sa capacité à manier l'outrance. Cameron face à l’Europe comparé à Chamberlain face à Hitler, excusé du peu, faux arguments et mensonges, tout aura conduit à cet épisode dramatique. Le meurtre semble avoir calmé les uns et les autres : tant mieux. Il aboutira peut-être à un vote en faveur du maintien. Mais que d’hypocrisie de la part des Anglais quel que soit leur bord !

Le divorce entre les élites et les peuples des pays développés.

Le plus grave c’est que ce qui se passe en Grande Bretagne est le reflet de ce qui se passe partout ailleurs, y compris en France. Et le meurtre d’une députée en cristallise le constat aberrant : c’est le divorce entre les élites élues ou au gouvernement et les peuples. Ce clivage a dominé la campagne électorale britannique. Les bataillons d'économistes savants qui se sont échinés à expliquer que le « Brexit » serait une catastrophe pour l'économie du pays ont sans doute eu pour effet principal d'alimenter le vote en faveur du divorce avec l’Union... Comment faire entendre raison à des masses populaires qui l’ont perdue, et qui ne veulent plus rien savoir. Car l'opposition au « système » est en passe de devenir la ligne de fracture dominante dans toutes les vieilles démocraties. Chez nous aussi, extrême droite et gauche populistes ont réussi à imposer les thématiques du souverainisme et du protectionnisme à des partis de gouvernement usés, c’est pourquoi Marine Le Pen semble aujourd'hui être le futur candidat à l'élection présidentielle le plus certain d'avoir son ticket pour le second tour. En Italie, Matteo Renzi encaisse une défaite au profit du mouvement « Cinq étoiles » qui vient de remporter haut la main les mairies de Rome et de Turin. En Espagne, deux tout nouveaux partis, Podemos et Ciudadanos, troublent le jeu politique. Plus grave, l’alliance de Podemos avec Izquierda Unida (communistes) risque de faire passer à la trappe le PSOE. En Allemagne,  le parti « Alternative für Deutschland » (AFD) pourrait à son tour déstabiliser la mécanique politique l'an prochain. Partout la clé de lecture est la même et porte sur la question de l'immigration qui est au coeur des débats. Aux Etats-Unis, c'est même la première promesse de Donald Trump face à une Hillary Clinton considérée comme issue du système.

Le mirage des indépendances nationales.

Défiant le principe de réalité, ces nouveaux apprentis sorciers, volontiers nationalistes, experts ès référendums, veulent nous faire croire que nos pays seraient plus forts et plus influents, mieux protégés des crises financières et migratoires en s’enfermant dans un splendide isolement… au mépris de ce que l’histoire nous a appris. Car partout nous rencontrons de beaux esprits qui font de Bruxelles le bouc émissaire de toutes nos lâchetés et calculs politiciens, prompts à ressusciter des rêves de grandeur nationale, sans tenir compte de la puissance disparue. Ils manient pour ce faire débats caricaturaux, dénis et falsifications. Mais quand il n’y aura plus Bruxelles, il faudra trouver d’autres boucs émissaires, et là, on connait la suite ! La montée des « populismes » n'est pas surprenante en temps de crise. Une telle vague s'était aussi formée lors des années 1930, dans la foulée de la Dépression. Toute crise économique pousse au repli sur soi, tue l'espoir au profit du doute, plonge les peuples dans l'incertitude avec le cortège du chômage et de la misère. La tentation est grande alors de se révolter contre un système mis à mal et qui ne tourne plus rond. Et il existe d'excellentes raisons d'être en colère face à des résultantes choquantes comme l’accroissement des inégalités et le marasme d’une croissance qui ne vient pas ou mollement. Pour y faire face il faudrait des gouvernants qui proposent vision et cap, avec des réponses crédibles capables de faire entrevoir un avenir meilleur. Les populistes profitent du vide et semblent apporter des réponses : elles sont évidemment illusoires, mais comment éviter que les citoyens y soient sensibles. Le désenchantement est tel qu’il faut malheureusement craindre qu’il faille en passer par la mise à l’épreuve, avec pour résultat une aggravation de la situation comme on l'a vu en Grèce où les électeurs ont voté l'an dernier contre un plan de mesures que le gouvernement s'est résigné à mettre en œuvre ensuite.

La démocratie représentative.

La démocratie représentative est menacée. On voit ressortir les vieilleries bolchéviques, manipulées par des écervelés qui n’ont pas connu, ou les tentations autoritaires et totalitaires par une frange qui n’a jamais désarmé ni renoncé. Ce sont nos institutions qui sont en mise en danger par l’usure du système politique. Une partie du peuple a de plus en plus de mal à reconnaître l’autorité et la légitimité des élus, mises à mal par le virus de la « démocratie participative ». L’exemple de Notre Dame des Landes est emblématique. Les représentants du peuple devenus des professionnels de la représentation, inamovibles, éloignés de leurs mandants sont condamnés. Il importe, qu’à défaut de se transformer, notre système propose au moins une forme de renouvellement : celle des hommes et des idées qui vont avec. Je crains fort que si nous ressortons du magasin les mêmes personnels, on ne coure à la catastrophe. Voilà où aura conduit l’abaissement de l’autorité du politique et de l’Etat, par un pouvoir qui continue de procrastiner, de manipuler et d’atermoyer. Un abaissement qui rejaillit inévitablement sur l’opposition par effet miroir !


LA SEMAINE D’ARCHIBALD

Haddock se marre bis

 

Retour sur une semaine agitée. C'est comme le temps et ça dure depuis un moment. Quelle époque ! Du côté du temps, on ne peut pas dire que la météo ait fait beaucoup d’efforts pour aider les sinistrés à faire sécher leurs affaires. A se demander ce qu’on a fait au bon dieu (j’en ai une petite idée). Côté CGT, même pas un petit geste pour être solidaire des policiers assassinés. 

Lundi :

On a atteint le comble de l’horreur avec l’assassinat d’un couple de policiers par un terroriste islamiste fou : la barbarie n’a pas de limites. Et dire qu’on est en « Etat d’urgence » !

Mardi :

Martinez-le-stalinien avait promis une mobilisation « énorme » pour sa manif’ : la police a comptabilisé 80 000 personnes à Paris et la CGT … 1 000 000 ! En voilà un qui a les mêmes rapports avec la vérité que l’antique Pravda. On a surtout constaté une énorme casse avec des militants syndicalistes pris la main dans le sac (de la violence). Et si on tapait dans les 450 000 € de sa cagnotte pour payer les dégâts. On a bien fait payer la pelouse du Champ de Mars à la Manif pour tous. Hollande a menacé d’interdire les manifestations : chiche !

Mercredi :

Ce matin les taux d’intérêts allemands à 10 ans sont tombés dans le négatif.

Royal encore punie : EDF devra appliquer un rattrapage de 1,5 € par mois aux 28 millions de clients du tarif réglementé. Têtue et bête à la fois… Mais ça, on savait. Coluche aurait rajouté : « Enfoirée, c’est nous qu’on paye ! »

Primaire de la droite : on va bientôt monter un nouveau "15 de France". Avec la candidature de Guaino, on arrive à 14 candidats. Le ridicule ne tue pas, dommage ! Il ne manque plus que le chauffeur de Sarko ou son poisson rouge (s'il en a un) … Bref, ça fait pas sérieux. Pour qui se prennent-ils tous ces hurluberlus à l’égo démesuré ?

Jeudi :

Echec des négociations sur l’assurance-chômage. El Khomry impute l’échec à l’attitude du Medef (on s’en serait douté). Et courageusement le gouvernement a prorogé le dispositif actuel jusqu’à 2017. Une manière de passer la patate chaude aux successeurs.

A Londres, meurtre de Jo Cox, députée pro « In » par un fou pro « brexit ». La campagne de violence des partisans de la sortie de l’Union a atteint son paroxysme. Une campagne véhémente et mensongère comme seuls les populistes savent le faire. Mais après ?

Vendredi :

L’or est à 1300 $ l’once : du jamais vu depuis août 2014. Cela n’annonce rien de bon.

Mélenchon passe en tête des candidats de gauche dans les sondages. C’est pépère qui rit jaune. On attend la blagounette, mais elle ne vient pas. D’ailleurs il est devenu gaulliste : c’est le premier président de gauche à se rendre à Colombey sur la tombe du Général. Faut-y qu’il soit tombé bien bas pour marcher dans les pas de Philipot !

Et encore : Martinez n’est pas d’accord avec El Khomry. On s’en serait douté.

Samedi :

Conseil national du PS : Camba dégaine la primaire de la « gauche de gouvernement » (si vous savez pas, je vous le dis : c’est le PS + les radicaux + les écolos égarés). Adopté à l’unanimité ! Une manoeuvre hollandaise pour enfermer les Montebourg, Macron, Linneman et autres prétendants dans un carcan fait sur mesure pour le sortant. Ce qui a fait dire à Filoche (lui-même candidat) : «  même une chèvre gagnerait contre Hollande ! ». Les gauchos voteront avec des moufles les deux derniers dimanche de janvier, les veinards.

Dimanche :

Selon le JDD d’aujourd’hui, les cotes de Hollande et de Valls auraient encore baissé. On croyait qu’ils avaient touché le fond, mais non, ils creusent encore. A l’époque, on disait « la cote de Barre baisse et ça amuse la galerie ! » mais avec Hollande et Valls on a rien trouvé de drôle. La situation se suffit à elle-même.

 


ALORS BREXIT OU PAS BREXIT ?

Brexit

 

Les sondeurs « outre Channel » devraient être plus sérieux et ménager les cardiaques. Pas un jour sans que paraissent des évaluations contradictoires, quand elles ne tombent pas dans la même journée. Un coup le Brexit est à 48% quand le « In » est à 43, le coup suivant c’est l’inverse. On croyait la partie perdue pour les partisans de la rupture et deux sondages les donnent largement gagnant : aussitôt la Livre décroche et la City s’affole. Seuls les bookmakers eux restent calmes et continuent à donner le camp du « In » très largement gagnant. De longue tradition il vaut mieux se fier à eux, ils sont probablement le meilleur indicateur.

Mais en réalité, personne n'en sait rien... Ce qui est certain c’est que les investisseurs ne veulent pas croire à une sortie de la Grande-Bretagne. Ils pensent même qu'en cas de victoire du Brexit, les gouvernants profiteront des deux ans de période de transition pour tenter de faire revenir les Anglais sur leur décision. Toujours est-il que même les marchés n'ont pas intégré le scénario d'un Brexit. Cameron a mis tout son poids dans la bataille, les grands leaders européens et américains ont aussi agité le drapeau rouge sans que l’on sache si cela aura un impact sur la décision des habitants du Royaume Uni. La journée du vendredi 24 juin va être une journée intéressante à suivre, surtout sur les marchés.

Et puis je vais vous dire, le Brexit, les Français s’en battent l’œil. Ils ont suffisamment à se démener pour faire face aux turpitudes que leur imposent les radicaux de la CGT ou les éléments déchainés avec leur cortège d’inondations. Les plus anciens se rappellent que l’Europe a su exister sans les « Godons » et que cela ne l’empêchait pas d’être prospère. C’est même parce que le « marché commun » était en train de les ruiner qu’ils sont venus frapper à la porte, profitant d’un Pompidou conciliant. S’ils croient que se séparer de l’Europe empêchera les problèmes d’immigration, ils se leurrent, d’autant que plus rien ne nous empêchera de regarder des « embarcations » s’éloigner de nos côtes vers l’eldorado anglais. Les Calaisiens voteraient certainement « pour ».

Histoire de continuer à se détendre un peu : savez-vous qu’en Allemagne le rendement moyen des emprunts toutes échéances confondues est devenu négatif pour la première fois, et que nos voisins germains empruntent à 10 ans à 0,04% ! De quoi faire rêver notre Sapin-les-bas-roses.

Bien fait ! Je ne peux pas résister au plaisir d’évoquer ici le Macron qui s’est pris un œuf sur ses boucles gominées et son costard Lagonda. L’idole des médias bobos l’a bien cherché, non !

 


MONDE A LA DERIVE CHERCHE LEADER(S)

Bagarre_village_gaulois

 

Le monde actuel va mal. Quel que soit le côté où l’on se tourne, ce n’est qu’incertitude, difficulté et pessimisme. J’entends déjà votre reproche : « Daniel, arrête de jouer les Cassandre ! ». Mais que voulez-vous, je n’y peux rien si la réalité est ce qu’elle est. La preuve par l’observation : faisons un petit tour d’horizon.

Les menaces qui pèsent sur la croissance mondiale

On en compte au moins quatre : la transition économique de la Chine pèse sur les échanges internationaux parce que son gouvernement peine à maitriser les mutations que génère le passage du modèle tourné vers l’export à celui de la consommation intérieur ; les pays émergents sont menacés d’un retrait massif des capitaux internationaux, soit parce qu’ils dépendent trop de leurs matières premières dont les prix chutent, soit parce qu’ils sont en crise politique comme le Brésil ; de nombreux pays en développement sont déstabilisés durablement par la volatilité des marchés financiers et connaissent une récession ; enfin, la plupart des pays développés dont l’Europe et le japon, affichent une croissance faible et restent au bord de la déflation. Ces menaces ont été rappelées par Christine Lagarde, présidente du FMI.

L’arrêt de la globalisation

La conjonction de tous ces facteurs, s’ils intervenaient au même moment comme cela semble se profiler,  pourrait entraîner un mouvement inverse de celui de la « mondialisation ». Ce phénomène de repli sur soi généralisé serait peut-être loué par les apôtres populistes mais serait en réalité une véritable catastrophe pour notre planète. En effet, la plupart des économistes s’accordent sur le constat que l’ouverture généralisée des frontières a permis à près d’un milliard d’êtres humains de sortir de l’extrême pauvreté. Cela n’empêchera pas le spectre d’une crise financière mondiale de hanter tous les esprits. Car les systèmes bancaires de plus en plus interconnectés, les mouvements de capitaux dont la taille n'a cessé de croître et qui sont devenus plus volatils, les acteurs non bancaires du type fonds de gestion, « hedge funds », compagnies d'assurances, centres offshore, sans parler du marché parallèle des « bitcoins »,  gagnent en importance mais avec une distorsion de l’impact sur l’économie réelle par la création de « bulles »: toutes ces évolutions multiplient les risques encourus par l'économie mondiale. Tant et si bien que certains économistes prédisent une nouvelle crise encore plus dévastatrice que celle de 2008, alors que les efforts de régulation ont été engagés mais ne sont pas à la hauteur.

L’absence généralisée de leaderships

A ce climat, viennent s’ajouter trois risques supplémentaires majeurs. Le premier, c’est l’élection américaine. La course de Donald Trump est à cet égard préoccupante. On sait, en effet, que son élection serait le signal d’un repli des USA sur eux-mêmes, tant le discours qu’il développe est ultra protectionniste. Un repli qui se ferait évidemment aux dépends du reste du monde, puisqu’il s’agit d’exacerber la puissance américaine contre tous les autres. Le second risque, c’est l’Europe. On voit bien partout les causes d’immobilisme ou de stagnation : une Espagne paralysée qui doit retourner aux urnes, un Portugal qui recule avec son gouvernement de coalition de gauche, la Grèce qui nous refait le coup du chantage comme tous les dix-huit mois et qui en est encore à faire les fonds de tiroir pour payer ses fonctionnaires, la menace du Brexit qui serait une catastrophe pour la deuxième économie de l’UE s’il se réalisait et pour tous les autres partenaires, le climat des affaires qui se dégrade en Allemagne… Et je ne parle pas de la France, puisqu’il parait qu’elle va mieux (je plaisante). Le dernier risque auquel nous devons faire face, c’est la crise migratoire à quoi on peut associer les tensions religieuses et l’explosion du terrorisme, et le repli identitaire qu’elles déclenchent partout. La dernière élection en Autriche n’envoie pas un signal réconfortant. La fermeture progressive de toutes les frontières serait un formidable frein au développement. Et dans aucun pays, il n’y a un leader qui s’impose avec une vue d’ensemble, et encore moins au niveau continental voire mondial. Le monde court au désordre et il n’y a personne pour prendre les décisions qui l’empêcherait.

Une triple conjonction

Imaginons ce que pourrait produire une déconnection Nord-Sud, associée à une balkanisation de l’Europe et une démondialisation liée au double repli américain et chinois ! Imaginons ce que produiraient les replis de capitaux, la guerre des monnaies qui ne manquerait pas de s’en suivre, et les désastres en chaine amplifiés par les réseaux connectés. Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne : les pays émergents n'ont pas accès à tous les instruments financiers de défense et surtout, ils n'ont pas le privilège d'émettre une monnaie de réserve internationale à l'instar des Etats-Unis, des membres de la zone euro et du Japon. Sans parler de la Chine qui ne se laissera pas faire. Sans parler de la Russie, des pays du golfe….

Heureusement, ce n’est pas parce qu’une catastrophe est prévisible qu’elle se réalisera. Comme dirait l’autre : « les prières sont les bienvenues ». Et avec la chance qu’on a, la droite pourrait bien reprendre le pouvoir au pire moment. On mesurera alors amèrement le temps perdu pendant cinq ans pour mettre nos finances d’équerre quand « la conjonction des planètes était favorable ».

 


BREXIT, TU M’EXCITES !

Brexit

Voir sortir les godons de l’Union, pour le quidam hexagonal qui ne leur a toujours pas pardonné d’avoir brûlé Jeanne, c’est plutôt une bonne nouvelle. Depuis le temps qu’ils nous cassent les pieds avec leurs demandes extravagantes pour ne pas faire comme tout le monde, au moins sans eux, on vivra heureux !  Voire… Ce discours, c’est celui du chauvinisme « béret-baguette-pinard », avec en plus : « Ils roulent à gauche ». Argument définitif ! La raison nous dit tout autre chose.

Le pari dangereux de Cameron.

La date du référendum britannique sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne se rapproche : il aura lieu le 23 juin prochain. Ce jour-là, les citoyens britanniques décideront de rester ou non dans l’Union. Beaucoup d’entre eux sont tentés par ce qu’ils appellent le « Brexit ». La sortie n’est donc pas une hypothèse à prendre à la légère. Mais surtout pour eux. Car aucun argument rationnel ne la justifie, ni sur le plan économique, ni sur le plan politique. Toutes les études, quel que soit l’origine, soulignent les conséquences économiques très défavorables au Royaume-Uni dont l’impact négatif est évalué entre 3% et 8% du PIB. Le coût sera la conséquence de barrières commerciales plus élevées, une baisse des investissements directs étrangers, un impact sur la Livre Sterling, sans parler de l’incertitude causée par la longue période intermédiaire de transition post-Brexit. En outre, bien que le Royaume-Uni n’ait pas rejoint la zone euro, Londres reste la place financière de l’Europe, statut que la capitale britannique perdra. Il faudra probablement un nouvel accord commercial avec l’Union européenne qui ne se fera pas sans contreparties coûteuses pour le sortant. Ainsi les Britanniques supporteront le coût de l’Europe s’ils veulent maintenir leurs échanges, sans être à la table des décisions. En face, le seul avantage bien maigre sera l’économie de la contribution nette au budget de l’Union européenne. Un pari dangereux pris par Cameron quand on sait que les échanges extérieurs du Royaume-Uni sont liés pour près de 50% à l’Europe, son premier partenaire commercial ! Son gouvernement se trouvera contraint à des politiques d’ajustement brutal pour rétablir ses comptes extérieurs. Cela ressemble à un suicide politique. D’autant plus que les entreprises installées en Angleterre, qui exercent souvent des métiers mondiaux et ont fait de ce pays une base d’exportation vers l’Europe comme l’automobile, seraient tentées de se délocaliser pour des territoires plus compatibles avec l’immense marché de 500 millions d’habitants, de surcroit stable grâce à la monnaie unique. Vouloir quitter la première zone économique du monde est donc un non-sens.

De plus en plus de Britanniques prennent conscience de ces enjeux.

Un ancien haut fonctionnaire a lancé la semaine dernière un avertissement aux électeurs britanniques : s’ils choisissent de quitter l’Union européenne, le processus de sortie sera long et compliqué. En effet, le traité de Lisbonne prévoit une période minimale de deux ans de transition si un Etat-membre décide de quitter le groupe des Vingt-Huit. Mais pour Gus O’Donnell, qui a dirigé l’administration britannique sous trois premiers ministres entre 2005 et 2011, il est « hautement improbable » que ce délai soit tenu. Londres devra négocier son accès au marché unique européen, ses relations futures avec l’UE et tous ses traités commerciaux avec les pays tiers. Le gouvernement Cameron qui s’est engagé pour le maintien dans l’Union, a estimé qu’une période de dix ans serait nécessaire pour cette vaste remise à plat. Dans l’intervalle, le pays passerait par deux élections législatives et donc, potentiellement, deux changements de gouvernement, ce qui ne faciliterait pas les choses. Sans compter que les autres Etats-membres, à commencer par l’Allemagne et la France, n’auraient pas intérêt à faciliter la tâche du pays sortant, car ils sont eux-mêmes confrontés à la montée de mouvements anti-européens. Et la règle impose qu’à la fin de la période de deux ans, tout ce qui n’aura pas été négocié devra être prorogé par un vote unanime de tous les autres Etats-membres sauf le sortant ! Effrayant, n’est-il pas ?

Cependant, les dés ne sont pas encore jetés.

La campagne anti-Europe va s’intensifier en Grande-Bretagne où les populistes ne manqueront pas de décrire l’Union sous des traits désavantageux, comme ils n’ont cessé de le faire depuis des années, avec l’aide d’une presse « tabloïd » qui n’en est pas à une outrance près. Ils ne se rendent pas compte que pour le reste de l’Europe, l’enjeu strictement économique est bien plus faible en raison des tailles relatives : l’Union européenne est plus importante pour le Royaume-Uni que l’inverse. Les conséquences économiques éventuelles seraient diluées en termes de croissance et d’échanges, à l’échelle du continent. D’ailleurs les pays européens ne cessent de mettre les Anglais en garde contre un choix historique qu’ils jugent désastreux, moins pour l’Union elle-même que pour la Grande-Bretagne.

Pour l’Europe, l’enjeu est surtout politique.

Le débat sur le Brexit porte en germe le risque d’un retour en arrière de la construction européenne et d’une fragmentation. La sortie du Royaume-Uni serait un symbole dévastateur pour l’avenir du projet européen. Au-delà du rêve,  c’est la force de frappe que représente l’Union pour relever les défis de demain, dans le domaine numérique ou de la propriété intellectuelle, face aux Etats-Unis et à la Chine, qui sera entamée. Et face au terrorisme, comme les attaques dramatiques de Bruxelles viennent de le souligner, l’Europe a davantage besoin de se renforcer que de se désunir. Mais ce peut être aussi une fantastique occasion de rebondir : une nouvelle étape d’approfondissement de la construction européenne pourrait s’ouvrir sous l’impulsion forte d’un couple franco-allemand raffermi.

Un autre contre-exemple pour les souverainistes.

Enfin, ceux qui, chez nous, devraient ouvrir les yeux, ce sont les souverainistes, de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen en passant par Mélenchon. Eux qui persistent dans leurs programmes anti-euro, anti-Europe, le Brexit pourrait être une belle occasion de leur montrer les conséquences négatives d’une rupture de la France avec l’Union. Un peu comme pour la Grèce et Tsipras dont ils chantaient les louanges et tressaient les lauriers. Si on ne tient pas à ce que le Front national continue à s’adjuger chaque année une part plus grande de l’électorat, il est important de rappeler à quoi la famille Le Pen nous exposerait si, une fois à la tête de l’Etat, elle prenait le risque d’une rupture aussi périlleuse.

Le Brexit n’est pas fait.

Un sondage indique que 62 % des Européens sont hostiles à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et montre qu’une majorité d’entre-eux reste favorable au maintien de l’euro. L’enquête a été conduite dans cinq pays européens : la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Il indique aussi que les Britanniques souhaitent à 55% le maintien de leur pays dans l’Union et que les Français se prononcent de la même manière, à 54%. C’est un bon présage pour David Cameron qui réussit donc à faire entendre sa voix.  La perspective consternante d’un départ du Royaume-Uni semble s’éloigner. On a bien compris qu’une rupture avec l’EU serait catastrophique pour les Britanniques, surtout que l’Écosse, dans ce cas de figure, n’hésiterait plus à se déclarer indépendante afin de maintenir ses liens économiques avec l’Europe.

Il faut donc marteler les faits et les arguments rationnels.

Il ne faut pas que le débat reste sur le seul plan émotionnel. Le Brexit, qui permettrait soi-disant au Royaume-Uni de mieux profiter du libre-échange avec d’autres zones et de se libérer de la bureaucratie bruxelloise, plus que jamais, est une illusion ! Puisse Cameron se sortir du mauvais pas dans lequel il s’est fourré. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

 


ARRETONS D’ETRE NAIFS ET LAXISTES !

Attentats Bruxelles

 

La riposte de Daech à l’arrestation de Salah Abdeslam n’a pas tardé. Des terroristes ont fait exploser deux bombes à l’aéroport et une dans le métro de Bruxelles à une station proche des bâtiments abritant les institutions européennes. Ces attentats ont fait 30 morts et 300 blessés. L’interpellation de Salah Abdeslam, très impliqué dans les terribles événements du 13 novembre à Paris, constitue pour Daech une menace considérable. En effet les djihadistes ne sont pas censés survivre à leurs crimes. S’ils restent vivants, ils risquent de révéler des secrets et l’Etat islamique tient à ce que le silence absolu soit fait sur l’organisation de ses crimes, de sorte que le manque de renseignements rende plus difficiles la prévention ou la riposte en cas de nouvelle agression. Il ne faut donc pas s’étonner que la réaction ait été si rapide car c’est une caractéristique de l’État islamique de chercher à avoir le dernier mot. Cette réaction extrêmement violente montre qu’il a subi un sérieux revers avec l’arrestation d’Abdeslam. Il fallait d’une part assurer la vengeance et d’autre part utiliser les islamistes prêts à se faire sauter pendant qu’ils étaient encore opérationnels. Il savait évidemment que la police belge pourchassait plusieurs suspects, et notamment ceux qui ont hébergé Abdeslam dans une douzaine de caches différentes. Cela, d’autant plus que les médias ont relayé un peu vite une information cruciale qui a pu précipiter le passage à l’action : « Abdeslam a décidé de parler ». Il s’est, en effet, déjà beaucoup exprimé et a même affirmé qu’il envisageait de participer à une nouvelle action terroriste.

Abdeslam est une pièce essentielle du puzzle.

Dans les semaines qui viennent, il sera appelé à expliquer pourquoi il est resté vivant, pourquoi il s’est débarrassé de sa ceinture explosive dans une poubelle, pourquoi il a fait organiser son rapatriement en Belgique, comment, ensuite, il a pu se cacher pendant plusieurs mois. Il a forcément bénéficié de l’aide de nombreux complices qui pourront ainsi être appréhendés eux aussi.  Mais l’important réside dans le fait qu’il ne s’est pas résolu au suicide : vivant, il a une valeur inestimable. Il se trouve que non seulement Abdeslam n’a pas voulu mourir, mais qu’il accepte de raconter sa vie. Il devient une source essentielle pour alimenter enfin le renseignement. D’ailleurs le déploiement exceptionnel de nos forces de sécurité témoigne de ce que la prévention a pris d’importance en raison de la faiblesse du renseignement, jugé notoirement insuffisant en général. Certes, notre terroriste peut tenter de balader les enquêteurs mais ceux-ci ont les moyens de faire le tri. Il n’est pas du tout impossible qu’il fournisse des informations sur les filières qui fournissent Daech en chair humaine, au moins pour les réseaux auxquels il appartenait. L’essentiel est que nous tenions ce monstre, que nous lui fassions avouer ses motivations, dénoncer ses complices, énumérer les moyens qui lui ont été fournis et par qui, et, si possible, loger les autres cellules terroristes qu’il connaitrait. L’essentiel, quoi que tente son avocat, est que tôt ou tard, il sera transféré à Paris. Ainsi, il y aura un procès indispensable pour que les familles des victimes retrouvent un peu de sérénité et fassent complètement leur deuil.

La réplique doit être l’occasion d’un sursaut.

Les terroristes ont plongé Bruxelles dans le chaos. Que ce soit par précipitation ou prévu de plus longue date, c’est le cœur de l’Europe qu’ils ont voulu toucher. Ce n’est pas un hasard. Les dégâts, physiques, psychiques et matériels, causés par les trois attentats sont considérables. Plus que jamais, la coopération entre les services belges et français est indispensable. Les critiques réciproques que les deux pays étaient tentés de s’adresser ne sont plus d’actualité. Les terroristes ignorent les frontières et les gouvernements européens doivent s’organiser en conséquence. Il serait indécent d’opposer à la menace terroriste des européens divisés, plus préoccupés par leurs différends sur les procédures que par leurs ennemis. Molenbeek est un nid de terroristes, protégés par des lois démocratiques mais capables de semer une violence épouvantable. Mais combien de Molenbeek ignorés en France, en Allemagne, partout en Europe ? Seule une réponse européenne au terrorisme sera efficace. La preuve en est que les Britanniques et les Allemands, comme les Français, ont pris des mesures supplémentaires de sécurité. Notre solidarité avec les Belges ne relève pas de la simple compassion pour les victimes, elle est une nécessité vitale. Cela fait des années qu’il est question d’établir un PNR (passenger name record), mais il n’a toujours pas vu le jour, alors que les djihadistes de Daech tuent par dizaines des civils à la bombe et à la kalachnikov. Notre Ministre de l’Intérieur a raison d’exhorter ses amis socialistes du parlement européen à se décider à le voter. Il est grand temps de passer à l’action et de mettre fin à une situation ubuesque qui voit les terroristes circuler librement en Europe quand la police ne peut pas circuler dans certaines banlieues de Bruxelles ou de Paris, des attentats se préparer alors qu'on n'a pas encore enterré les morts de Bruxelles…

Aujourd'hui, nous sommes tous bruxellois comme nous étions tous Parisiens ou Charlie. Hier Bamako et la Côte d’Ivoire étaient frappés. Mais à quoi bon si demain nous devons tous être à nouveau « quelque chose ». Toute la planète est concernée. Le terrorisme est une atteinte à l'humanité toute entière, une négation des droits de l'homme les plus fondamentaux, à commencer par le droit à la vie, à la liberté, à la sûreté. Les attentats de Bruxelles constituent un coup de boutoir contre l'Union européenne parce que Bruxelles est considérée comme la capitale de l'Europe. C’est une occasion à saisir pour resserrer ses rangs, coordonner les politiques et renforcer les coopérations. Ne la ratons pas ! Car, tant que nous combattrons la barbarie par la naïveté et le laxisme, il y aura d'autres attentats meurtriers en France, en Belgique ou ailleurs. Les fanatiques se réjouiraient de voir l'Europe exploser. Ne leur donnons pas cette victoire !

 


RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE !

Draghi

 

C’est le dernier scénario mis en place par Mario Draghi, dit « Super Mario », avec les dernières décisions prises par la BCE, annonçant des mesures très agressives qui vont bien au-delà des attentes du marché. Rappelons l’intérêt supposé de cette politique « non conventionnelle » : il s’agit d’abaisser les taux d’intérêts quasiment à zéro, et cette fois-ci on y est, et de créer massivement de la monnaie par  « Quantitative Easing » (assouplissement quantitatif) pour empêcher les faillites de banques, re-solvabiliser les Etats surendettés et stimuler la reprise, avec un objectif de sortir de la déflation. La BCE a donc décidé la semaine dernière une politique de taux de refinancement amené à zéro, de taux sur les dépôts enfoncé en territoire négatif, de rachats d’actifs en quantité toujours plus importante… Des décisions sévèrement critiquées par la presse allemande.

Des politique monétaires discutables.

Car, en effet, il y a tout juste un an, la BCE lançait son programme de rachat de dettes souveraines dans le but de faire remonter l'inflation et de booster l'économie. Force est de constater qu’un an plus tard, le bilan est plus que mitigé. La planche à billets a peut-être permis d'éviter la spirale de la déflation, mais l'inflation est toujours aussi basse et l'économie est restée très molle. De quoi jeter le doute sur l'efficacité de ces politiques monétaires. On se souvient également du flop de la Banque centrale japonaise après la mise en place de taux négatifs. Alors bien sûr, à l'annonce de ces dernières décisions massives, les marchés se sont envolés, l'euro s'est effondré. Mais quelques minutes plus tard, l'euro rebondissait violemment et les indices boursiers rechutaient. Ce qui veut dire que les marchés eux-mêmes doutent de l'efficacité des politiques des banques centrales. L’arme monétaire, c’est comme un antibiotique : il ne faut s’en servir que sur de courtes périodes. Sinon, on perd l’effet potion magique. Non seulement le malade ne guérit pas, mais il peut subir de graves effets secondaires ! En effet, en entretenant ces brutales oscillations des marchés, à la hausse comme à la baisse, les banquiers centraux découragent l’investissement dans les actifs risqués, notamment les actions ou les obligations d’entreprises. Ils n’incitent pas non plus les Etats – drogués à l’argent bon marché – à se désendetter. Et les gouvernements ne font pas les réformes structurelles qui permettraient de relancer la croissance et l’emploi.

Peu d’effets bénéfiques.

On a fini par s’apercevoir que les taux négatifs, ce n'était pas normal, et surtout que leur effet à long terme pouvait être destructeur. Des grands patrons de banques commerciales européennes ont déclaré qu'ils ne pourraient pas supporter longtemps les taux négatifs. Pour l'instant ces taux ne peuvent pas être répercutés aux dépôts des clients mais cette situation est intenable. D’autant plus que cela nuit à la profitabilité des banques et donc la survie de leur modèle est mis en péril. On voit bien que la magie des banques centrales n'opère plus, ce dont on se doutait depuis quelques semaines. Mais elle permet tout de même de limiter la casse : de fait, les marchés ont rechuté mais ils restent, pour l'instant, à des niveaux de relative stabilité. Le CAC a même repris 13% depuis son niveau le plus bas de l'année. Ce n'est donc pas un échec total pour Mario Draghi. Avec tout ce qu'il a annoncé et ce qu'il pourrait continuer à annoncer si la situation économique se dégradait, les marchés reçoivent quand même une dose de dopage monétaire exceptionnelle. Elle n’est peut-être pas suffisante pour alimenter l'euphorie mais elle permet de rester en lévitation dans des paradis artificiels.

L’assouplissement quantitatif semble inadapté.

Si certains pays, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou l'Allemagne, ont profité de cette manne financière pour s’adapter au nouvel environnement mondial, d'autres comme la France n'ont absolument rien fait. Et quand les mesures exceptionnelles deviennent une habitude, c’est une accoutumance malsaine. Il vaudrait mieux prendre en main notre destin économique. C’est d’autant plus nécessaire que ce type de politique a plus d’inconvénients que d’avantages. Le Japon, qui a poussé l’expansion monétaire à l’extrême, n’a pas vaincu sa déflation… Et l’on voit bien que la BCE n’arrive ni à atteindre son objectif de 2 % d’inflation, ni à faire redémarrer l’économie. Au contraire, les liquidités qu’elle injecte donnent des munitions à la sphère financière, sans profiter à l’économie réelle. Comme les banquiers centraux se trompent de diagnostic, ils appliquent de mauvais remèdes. Ils ont des objectifs d’inflation qui datent des années 1980 quand on stimulait l’économie en ouvrant en grand les vannes de liquidités. Or la croissance faible que l’on connait est due à des problèmes sur lesquels la politique monétaire n’a aucune prise : ralentissement démographique, gains de productivité insuffisants, manque d’investissements dans les nouvelles technologies, inégalité dans la répartition des richesses… Mais plus cette politique laxiste dure, plus il sera difficile d’en sortir.

Les marchés restent fébriles.

L'autre élément intéressant de ces derniers jours, c'est l'importance du pétrole pour les marchés. Celui-ci se maintient pour l'instant autour de 40 dollars et tant qu'il ne rechute pas les marchés trouvent là aussi un point de stabilisation. Après la BCE, les marchés vont attendre probablement les annonces de la Banque centrale américaine dont ils espèrent qu'elle va donner des indications sur le fait qu'elle va continuer à relever ses taux… ou pas. Et la prochaine tendance des marchés sera déterminée par les indicateurs économiques. Et en particulier ceux des américains. Alors la panique du début 2016 va-t-elle devenir un lointain souvenir ? Il ne faut pas trop rêver : les problèmes fondamentaux demeurent. Malgré les projections à 5 ans de la croissance chinoise,  la Chine est toujours en phase de transition économique majeure. Malgré la trêve décidée par l'Arabie Saoudite, le pétrole, et les matières premières en général demeurent en surplus. Et surtout, l'économie mondiale ne montre aucun signe de rebond. Il ne faut  donc pas s’étonner si les doutes sur l'efficacité des interventions des banques centrales sont de plus en plus vifs. D’ailleurs, la Banque des Règlements Internationaux vient de lancer un cri d'alarme sur les conséquences néfastes des taux négatifs.

La BCE a créé une bulle obligataire, avec des taux s’intérêt à long terme anormalement bas. Le jour où cette bulle éclatera –comme avec un retour de l’inflation dû à une brutale remontée du prix du pétrole – les dégâts seront effroyables. Les emprunteurs, à commencer par les états, seront insolvables. Quant aux prêteurs, banques et assurances, ils encaisseraient des pertes considérables en capital. Beaucoup se retrouveraient alors en cessation de paiements. On comprend que les Allemands aient la dent dure, d’autant plus que, à elle seule, la politique des taux d’intérêt bas n’a quasiment rien rapporté, fragilise les banques et ruine les épargnants !

Personne ne sait vraiment sur quoi peut déboucher la politique actuelle, en dehors de la catastrophe, ce qui est le plus facile à envisager !

 


MIGRANTS, REFUGIES : L’EUROPE PATAUGE !

Europe324

La Grèce en première ligne

Désormais, ce n’est plus l’Italie et Lampeduza qui doit affronter les flux de migrants. C’est la Grèce, qui n’en demandait pas temps qui est la nouvelle porte d’entrée sur le continent européen. Ce pays a beau avoir triché pour entrer dans la zone euro et son dirigeant actuel enterré ses idéaux pour se maintenir à son poste en réussissant à nous extorquer des milliards d'euros avec des promesses qu'il ne tient pas,  on a tort de le laisser se débrouiller seul avec un flot massif de migrants et de l'enfermer dans ses frontières... Jusqu’à il y a peu, la Grèce réclamait de l'aide à Bruxelles mais tout le monde s'en foutait.

La route des Balkans.

Les États membres de l’UE se révèlent incapables de gérer ensemble la crise migratoire, qui mêle immigration clandestine et réfugiés. « L’Europe est confrontée à une crise humanitaire imminente, en grande partie de son propre fait » avertit le Haut-commissariat aux réfugiés. En effet, les barbelés qui ferment la route des Balkans transforment la Grèce en un vaste « Calais », où les migrants se concentrent. 30 000 personnes y sont dans l’attente d’un hébergement d’urgence et ils seront plus de 100 000 à la fin du mois. On comprend bien que le pays, qui connait par ailleurs de graves difficultés économiques n’est pas capable de suivre. La Commission européenne vient de débloquer 700 millions d’euros (sur trois ans) qui devraient lui aller en priorité, mais cela ne suffira pas, si ce n’est pour installer au bord de la mer Egée les mêmes « jungles » que celles qui prospèrent sur le rivage de la mer du Nord. La Grèce se retrouve à nouveau au cœur d’une crise européenne grave, mais cette fois-ci, elle n’est pas seulement la victime de l’incurie de ses dirigeants, mais plutôt de sa position géographique et des mafias turques. Pas plus que d’autres en Europe, la Grèce ne peut gérer cette situation seule. C’est pourquoi Angela Merkel en a appelé à la solidarité avec Athènes et tenter de dissuader  les états européens de se barricader chez eux. Comme toujours, c’est elle qui a raison. 

Le flux ne tarit pas.

Au cours des deux derniers mois, plus de 120 000 migrants ont débarqué en Grèce et pour la plupart ont traversé le pays… Même si les choses se calmaient en Syrie, ce sont sans doute encore des centaines de milliers de personnes qui tenteront leur chance dans les mois à venir. Et l’Union européenne  est restée comme sidérée devant cette menace qui risque pourtant de la détruire. Les pays qui jalonnent la route entre la Grèce et l’Allemagne pratiquent le « chacun pour soi » et ont érigé des murs et des barrières le long de leurs frontières, au mépris des traités qui nous lient. Leurs policiers, quand ce n’est pas l’armée, tentent de dissuader les migrants de marcher vers l’Allemagne, la Suède, l’Angleterre. Devant la pression ils finissent par les laisser passer. La chancelière Angela Merkel est le seul chef de gouvernement à préconiser une juste répartition des migrants entre les pays membres de l’UE, mais beaucoup des États d’Europe centrale et orientale font la sourde oreille.

Les européens se contentent de subir.

Bien qu’Angela Merkel campe sur sa position (« Nous pouvons le faire »), elle est isolée. Jusqu’à maintenant, la France a été quasi absente alors que François Hollande aurait dû lancer une grande négociation européenne sur le sujet des migrants, mais il est resté inerte. Les Européens se sont contentés de subir, faute d’un leadership que l’Allemagne, elle-même divisée, ne peut assumer seule. Il n’y a pas eu de concertation européenne digne de ce nom, pas vraiment de négociations, peu d’espoir de trouver des solutions, même provisoires. On n’a vu que des égoïsmes qui s’additionnaient. A croire que les Européens ne sont pas tous conscients de l’enjeu. Selon les pays, on assiste à des comportements discordants : le Danemark veut confisquer les économies des immigrés pour qu’ils contribuent au financement de leur accueil, tandis que d’autres s’efforcent de traiter les migrants avec humanité et sans coercition. Mais comme à Calais, vient tout de même un moment où il faut imposer une solution. Les pays de l’Union qui refusent tout sacrifice ne veulent pas comprendre que leur politique de l’autruche finira mal parce que l’Europe elle-même baissera les bras devant un phénomène dont seul un traitement radical peut venir à bout. Il est donc temps de mettre un peu d’ordre dans cette situation anarchique qui contribue à détruire l’Union, la discrédite aux yeux des peuples et peut lui porter un coup fatal.

Un sommet européen, enfin !

Il était temps ! Car le temps est compté maintenant pour qu’une solution collective soit trouvée. Les concertations du président français avec Cameron hier et Merkel aujourd’hui semblent annoncer un début de réveil. La réussite du sommet de lundi prochain sera d’abord une question de volonté politique. Les « rustines » financières ne sont pas suffisantes. La pression exercée sur les territoires concernés par le passage des migrants pose mille problèmes. Deux logiques s’affrontent en effet : la première veut accueillir et répartir, la seconde se veut pragmatique et pense qu’une réponse collective est trop compliquée, il faut donc dissuader, fermer les frontières. Ce qui revient à isoler la Grèce. Impensable !

L'Europe se grandirait en sortant du sommet avec des décisions collectives.

 

 


DANS QUEL MONDE SOMMES-NOUS ENTRES ?

Chantier

 

Quelques éléments du baromètre mondial.

Pour ceux qui en doutaient encore, l'Europe s'est installée dans la déflation : moins 0,2% en février. La voilà sur le même chemin que le Japon. Ce n’est pas rassurant car c’est une déflation durable. L'euro a accusé le coup en chutant au-dessous des 1,09 malgré (ou à cause ?) les anticipations d'une intervention musclée de la Banque Centrale Européenne en mars. Certains commencent à douter que Mario Draghi a encore ses super-pouvoirs.

En Chine, à quelques jours de l’ouverture de l’Assemblée nationale populaire qui doit entériner le plan quinquennal 2016-2020, de nouveaux indicateurs dévoilés pour le mois de février montrent que la deuxième économie mondiale continue de ralentir. Voilà qui ne va pas manquer d’inquiéter les investisseurs.

Les Américains, eux, indifférents à la montée de Trump, affichent de bons indicateurs sur la production industrielle, et veulent une relance. Ils ont clairement dit au G20 qu'ils en avaient assez de tirer la croissance mondiale, ils craignent qu’elle finisse par les ralentir.

On attendait le G20 avec impatience.

Le G20 a frôlé le fiasco. Les voix ont été dissonantes, provoquant une déception des marchés. Il a néanmoins permis à chacun des pays d'exprimer sa différence. Mais aucune mesure concrète de relance coordonnée de l’économie mondiale. Ce G20 est probablement le premier d'une longue série car il faudra plusieurs sommets avant qu'on obtienne ces mesures concrètes qui sont inévitables. Tout le monde est conscient qu’une concertation est nécessaire, inévitable même. Mais il faudra du temps faute d’un chef d’orchestre qui entraine derrière lui. Pour tout dire, il manque au G20 un Sarkozy ! Mais où était donc la France ? Faudra-t-il encore plus  de volatilité sur les marchés pour que les dirigeants politiques se mobilisent ? Toujours est-il que le G20 s'était à peine achevé sur le thème : « Ce n'est plus aux banques centrales de booster la croissance mais aux gouvernements », que la Banque centrale chinoise a mis plus de 100 milliards de dollars sur le marché en réduisant les réserves obligatoires des banques. Comme pied de nez aux autres pays, on ne fait pas mieux ! Ce serait drôle si ce n’était pas un signe tragique de chacun pour soi.  

Un nouveau monde éclot peu à peu sous nos yeux.

Nous sommes à un tournant pour l'économie mondiale comme le prouve l'extrême fébrilité des marchés depuis le début d'année. Le monde connait des situations aux effets durables qui bouleversent nos données habituelles et notre perception : vieillissement démographique qui touche l’Europe et le Japon, mais pas seulement, universalisation du capitalisme qui s’affranchit des frontières et des Etats, réveil des empires tels que Chine, Russie, Iran, sous la pression des réflexes nationalistes et des tensions religieuses, transition écologique traduite par la Cop 21 et imposée par les conséquences du réchauffement climatique, sans parler de l’émergence de Daech et de sa terreur panislamique… Il en résulte des crises aigües qui se superposent à l’échelle planétaire : terrorisme, pandémies, catastrophes industrielles, désastres naturels… Et quand une entreprise comme Apple refuse de collaborer avec le FBI pour lutter contre le terrorisme, on comprend que les Etats tels que nous les concevons ne sont plus vraiment opérationnels face à la montée du cybermonde, l’ubérisation des économies ou la percée de l’intelligence artificielle.

Un monde sans puissance(s) dominante(s), voué à lui-même.

Aussi Les Etats sont-ils à la peine pour garantir la paix civile et la souveraineté telle que nous les concevons. D’ailleurs ils sont affaiblis par le surendettement autant que par la fragilité de leurs régimes politiques, notamment les démocraties, plus vulnérables que les dictatures totalitaires. L’Europe est particulièrement concernée. Elle est sous le feu croisé d’un choc déflationniste qui va ruiner les classes moyennes et de menaces intérieures et extérieures –terrorisme et migrations- qui déstabilisent les pouvoirs en place. Les pays  de l’Union voient leurs institutions déligitimées et le populisme se développer. Elle se divise avec la menace de sortie de la Grèce et du Royaume-Uni, au lieu de se renforcer. Même les Etats-Unis n’échappent pas à la règle –on le voit avec le succès de Trump-, en se désengageant du monde, n’ayant plus ni la volonté ni les moyens de dominer le capitalisme et d’assurer la sécurité planétaire.

Et la France continue de sombrer.

En France, le quinquennat de François Hollande fait basculer progressivement le pays dans la révolte sous toutes ses formes. Plus que jamais, l’étatisme connait une crise de légitimité et toute réforme est bloquée par des institutions balkanisées défendant leur pré carré. Face à l’arrogance de l’exécutif avec sa fiscalité confiscatoire, ses dépenses publiques non maitrisées, sa fonction publique privilégiée au détriment des activités privées, la prolifération de ses réglementations jusqu’à la prétention de dicter les comportements individuels, les Français ont commencé par opposer un droit de retrait de citoyenneté en boudant les élections voire en votant pour le Front National pour manifester leur mécontentement. Mais les données sociétales et économiques montrent d’autres formes de révolte : grève des naissances (- 19 000 en 2015) pour riposter à l’attaque en règle menée contre la famille, grève de la production qui stagne pour l’industrie à son niveau de 1994, grève de l’investissement toujours très au-dessous de son niveau d’avant-crise (- 7%), grève de l’emploi marchand figé à son niveau de 2002, grève du dialogue social qui n’a plus aucun sens puisque bloqué systématiquement par les syndicats. Les parents et les enseignants contestent les réformes stupides, les médecins mettent en échec le tiers payant généralisé, les professions agricoles refusent d’appliquer le compte pénibilité, bientôt suivis par les artisans. Chaque année, 80 000 personnes à haut potentiel quittent la France et son enfer fiscal. Le Ministre des Finances se targue de faire revenir quelques dizaines de millions d’euros d’avoirs cachés en Suisse ou ailleurs, mais ce sont près de 300 milliards d’euros de capital productif qui se sont exilés. Les entreprises changent leurs statuts pour pouvoir devenir « européennes » et se réinstaller plus facilement ailleurs dans l’Union… Enfin, il y a les formes plus violentes de contestation  comme le montrent actuellement les professions agricoles, mais aussi les conflits autour des taxis. La France est au bord de la faillite et même de l’implosion. Voilà la réalité. Et elle n’est pas gouvernée, c’est le moins qu’on puisse dire.

Il y a pourtant des signes positifs qui permettent de garder l’espoir. C’est ce qu’on verra dans le prochain billet du bloc-notes.

 


SI L’EUROPE NE CONVIENT PAS, OUSTE !

Brexit

David Cameron va organiser un referendum pour demander aux Britanniques de dire s’ils veulent rester ou non dans l’Union européenne. Je serais curieux de voir la réponse si on posait la même question aux Français. Personnellement je répondrais « non » sans hésiter. Non pas que je fasse de l’anglophobie à propos de notre « ennemi héréditaire », mais enfin voilà des gens qui veulent bien le beurre sans trop s’engager avec la fermière. L’Europe on est dedans ou on est dehors !

Il faut dire que depuis son entrée dans la CEE de l’époque, en 1973, le Royaume-Uni s’est toujours comporté comme un associé difficile réclamant sans cesse des régimes d’exception. Il a fallu multiplier les « options de retrait » pour les sujets de « sa gracieuse majesté ». Autrement dit « jamais complètement d’accord ». A tel point qu’on rapporte que Jacques Chirac, agacé par les exigences thatchériennes, avait murmuré à la table du Conseil : « Et mes cou…es, tu les veux sur un plateau ! ». Ambiance.

Voilà donc un membre de l’Union qui ne fait pas partie de la zone euro, de l’espace Schengen, de l’espace judiciaire, et qui n’a pas ratifié non plus à la « charte fondamentale » ni la fiscalité. Il n’y a que sur le « marché unique » que les Anglais sont d’accord. Depuis son adhésion, Londres ne voit dans l’Union Européenne qu’un grand marché pour faire ses affaires. Et encore, à condition que la « City » ait son régime particulier.

Je ne dis pas que tous les autres pays sont exemplaires. Mais aucun n’a jamais mis en avant des réticences et des exigences, disons « les bâtons dans les roues » comme les Britanniques. Et c’est au moment où l’Europe est fragilisée par la mondialisation et les vagues migratoires que la Grande Bretagne menace ses partenaires d’un « Brexit ». Retranchés dans leur île, de quoi ont-ils donc peur, ces godons ? Les migrants, ils nous les bloquent sur les rives du « Channel » à Calais ! Leur indépendance n’est même pas menacée puisqu’ils ont gardé leur monnaie et pratiquement toutes leurs prérogatives souveraines. S’il y a bien un pays dont la souveraineté n’est pas partagée, c’est bien celui-là ! Ils veulent retourner vers le grand large en se désarrimant du continent : grand bien leur fasse ! Mais qu’ils ne viennent pas se plaindre ensuite s’il faut payer des droits de douane pour commercer avec l’Union.

Le signal envoyé par Cameron est irresponsable. Il se garde bien de dire à ses compatriotes (encore que ça peut venir...) quel serait le coût d’une sortie de l’Union, à commencer par tous les traités dont la Grande Bretagne bénéficie dans le cadre de l’Union et qu’il lui faudrait renégocier un à un, car dès lors que le pays aurait quitté l’UE, ils seraient caduques. Il y en aurait pour dix à quinze ans, selon les experts. Et qu’en penseront les Ecossais qui sont eux très europhiles ? Que se passera-t-il s’ils décident de prendre leur indépendance pour rester dans l’UE ? Il y a gros à parier que l’Angleterre ne s’en remettrait pas de sitôt. Le repli, c’est le retour des nations, des frontières, de la guerre des monnaies avec leur lot de dévaluations compétitives assassines.

Au moment où nous commémorons le centenaire de la bataille de Verdun, il y a autre chose à faire de l’Europe. Elle seule peut donner des réponses coordonnées aux problèmes que nos vieux pays rencontrent. Le moment est venu de relancer le projet européen en s'appuyant sur le noyau dur des fondateurs : à six au pire, à douze comme au temps de la CEE, ou à dix-neuf pour coller avec la zone euro… peu importe. On prend tous les volontaires qui veulent participer à un bond en avant de l’Union.

On cherche des refondateurs ! Urgent !

 


LA GRECE A L’EPREUVE DU POPULISME

Tsipras

La Grèce paie le prix fort pour avoir choisi Syriza. Le PIB a reculé de 7 points et elle est paralysée par les contraintes imposées par ses créanciers en raison de réformes attendues qui tardent à se réaliser. Où est passé la « superbe » de celui qui annonçait un matin de janvier 2015 « il en sera fini de l’humiliation nationale. Nous mettrons un terme aux ordres venus de l’étranger ! » Eloquence et promesses intenables se sont fracassées contre la réalité. Un an après on cherche vainement les effets du « miracle » attendu.  L’austérité sévit plus que jamais, Alexis Tsipras et sa gauche radicale ont dramatiquement échoué. Ils voulaient imposer à l’Europe un autre modèle économique, c’est l’Europe qui continue de dicter sa loi, et il ne faut pas que les Grecs se plaignent, parce que sans elle le pays se serait complètement effondré. 

Le Populisme, ça ne marche pas.

On n’entend plus Marine Le Pen louer le gouvernement d’Athènes.  Et pour cause, il a fait perdre à son pays un temps précieux. Alors que la Grèce était en train de sortir de l’ornière fin 2014, l’économie affichait une croissance de 1,3% et on attendait 2,9% pour 2015. Aujourd’hui elle est toujours en récession. L’économie vit en quasi autarcie avec un contrôle des capitaux toujours en vigueur. Les 55 milliards d’euros qui ont fui ailleurs ne sont pas revenus, obligeant les banques à une nouvelle recapitalisation. Il faut dire que les réformes imposées ont un impact récessif, alors même qu’elles ne vont pas assez loin, comme celle des retraites. Conséquence : à Athènes les manifestations ont repris : agriculteurs, avocats, entrepreneurs sont dans la rue pour protester contre les réformes. 

Tsipras n’a même pas changé les habitudes.

Le népotisme demeure, sauf qu’il bénéficie maintenant aux proches du nouveau pouvoir. De quoi alimenter une grogne croissante. La dette atteint 187,8% du PIB et le pays est à nouveau menacé par la faillite. « Tsipras-du-vent », dont la popularité était restée longtemps intacte suscite désormais déception et colère. Incapable de rigueur, maniant le double langage, il est contraint, à chaque bras de fer, de rendre les armes. Le cynisme a remplacé l’habileté tactique qui lui avait permis d’obtenir un « oui » au referendum du 5 juillet dernier. L’heure du reniement est venue. Il a bien été obligé de demander un plan d’aide puisqu’il ne pouvait pas changer l’Europe, faute d’être suivi d’aucun partenaire. Il a bien remporté de nouvelles élections mais au prix d’une scission de son parti, avec son aile gauche qu’il retrouve aujourd’hui dans les opposants. Combien de temps pourra-t-il tenir le rôle de Sisyphe avant d’être écrasé par le rocher des réalités ? Le pays va droit dans le gouffre.

La Grèce est dans une impasse politique.

Le nouveau leader de la droite ne fera aucun cadeau à Tsipras et fera tout pour précipiter sa chute. Mais son projet politique ne peut que reprendre les mesures impopulaires du memorandum européen face à une société grecque qui subit de plein fouet les aléas politiques qu’elle a provoqués, et comme prise au piège, continue de résister aux mesures d’austérité. Où trouver les assises pour une reconstruction durable et acceptée par une majorité ?

Comme on le voit, la Grèce n’est pas sortie de l’auberge. Pour arranger les choses, elle est en première ligne de Schengen et faute de contrôle aux frontières, certains européens envisagent son exclusion provisoire… Une autre humiliation supplémentaire peut-être pas souhaitable !

Plus de pauvres encore plus pauvres, merci Alexis !

 


2016 : ETAT DES LIEUX (4) - LA FRACTURE EUROPEENNE

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Avec les élections espagnoles, l’Europe bascule à nouveau dans l’incertitude.

Le fossé se creuse à nouveau entre les pays du Nord et ceux du Sud. Après la Grèce, puis le Portugal, c’est au tour de l’Espagne de quitter le chemin de l’effort et du redressement en sanctionnant le gouvernement sortant.  L’échec pourtant monumental de Syriza n’aura donc pas suffi. Aujourd’hui la Grèce qui a donné le pouvoir à Syriza, en est réduite à faire de la résistance pour retarder les réformes, et à chaque fois Tsipras doit manger un peu plus son chapeau. Le Portugal a choisi une coalition de gauche improbable et hétéroclite, pourtant battue, mais le score obtenu par le gouvernement sortant ne lui assurait pas la majorité absolue… d’un cheveu. Et évidemment le chômage repart à la hausse. Quant aux élections espagnoles, elles sont riches en enseignements. deux nouveaux partis émergent et viennent perturber le tête-à-tête entre le parti populaire et le PSOE qui n’obtient que 90 sièges. Podemos avec 69 sièges sur 350 et Ciudadanos avec 40 sièges ne sont pas en mesure de construire une majorité d’appoint dans chaque camp. Le parti Populaire de Rajoy, au pouvoir depuis 2011 est premier, mais avec 123 sièges seulement, il n'a pas la majorité non plus. Et donc, depuis bientôt un mois, l’Espagne n’a pas de 1er Ministre. Si on ajoute à ça le basculement de la Pologne, un autre bon élève européen, vers le populisme, on pourrait avoir un effet de dominos qui donne toutes les raisons d'inquiéter.

L'Allemagne et l'Europe sont à nouveau montrées du doigt.

Elles seraient responsables de tous les maux de ces pays et de la colère de leurs électeurs. Les critiques vont bon train de la part des leaders des nouveaux partis contestataires. A commencer par Podemos, qui s’est empressé de déclarer que l'Espagne ne serait plus le vassal de l'Allemagne. Matteo Renzi s’est fendu d’une interview au Financial Times dans laquelle il juge que c'est l'austérité imposée par l'Allemagne qui a provoqué ce mini-séisme, considérant qu'il avait désormais le droit de critiquer à la fois l'Allemagne et l'Union Européenne, car il a fait le job qu'on lui avait demandé. Pour lui, l'heure est venue de privilégier l'Europe de la relance à celle de l'austérité si on ne veut pas voir tous les pays basculer vers le populisme ou devenir ingouvernables. De quoi inquiéter l’Allemagne qui se retrouve de plus en plus isolée. Mais à quoi sert donc le « Quantitative Easy » de Draghi ?

L'Allemagne et l'Europe sont les boucs émissaires commodes.

On connait le discours : il est pratiqué en France par l’aile gauche de la gauche. Mais sans l'Allemagne et sans l'Europe, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, et le Portugal, seraient en faillite. Il est peut-être bon de le rappeler. Ces pays n'auraient pas pu surmonter leur crise de la dette. La baisse des taux, grâce à la BCE, mais aussi grâce à la garantie de l'Allemagne, permet à tous ces pays, et à la France au passage, d'économiser des dizaines de milliards d'euros. Les pays d'Europe du Sud, et la France aussi, veulent tous les avantages de l'Europe et de l'euro sans les inconvénients d'une gestion rigoureuse, voilà la réalité. L'Europe se retrouve donc à nouveau coupée en deux. Et on va à nouveau parler d'une Europe à deux vitesses. Cela n’empêche pas Tsipras, pour le troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros que la Grèce a obtenu en Juillet, de préférer n'avoir que l'Union Européenne comme partenaire car il trouve le FMI trop exigeant et trop contraignant. Autrement dit, il il veut être tranquille et sait qu'il pourra manipuler plus facilement l'Europe. On ne fait pas mieux pour se moquer du monde : et pourquoi se gênerait-il puisque ça marche.

Un avenir bien incertain.

Reste maintenant à savoir ce qui va se passer avec la nouvelle crise boursière qui pointe le bout de son nez. L’Europe est chahutée, de tous les côtés, et particulièrement l’Allemagne, avec la crise migratoire ; la France a clairement annoncé qu’elle ne ferait pas les efforts demandés au nom de la lutte contre le terrorisme islamique ; l’Angleterre se dirige tranquillement vers le « Brexit »… En ce début d’année 2016, l’Europe pour laquelle tous les signaux de la croissance sont au vert, ne se présente pas au mieux de sa forme, c’est le moins qu’on puisse dire.  Ainsi sont les peuples européens : inconstants en général et ceux du Sud, inconsistants !


UNE BELLE LECON !

 

Ce sont les électeurs portugais qui nous donnent une belle leçon ! Ils ont reconduit la majorité de centre droit qui a pourtant mené une politique d’austérité que d’aucuns chez nous auraient qualifié « d’effroyable ». Au Portugal, en effet, on a taillé dans le vif pour permettre de redresser le pays. Diminution du salaire des fonctionnaires et des retraites et quantité de mesures impopulaires. Mais celles-ci ont permis au pays de sortir du plan de soutien qui lui était imposé et de retrouver des marges de compétitivité.

Tout n’est pas résolu, bien sûr, et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’être sorti réellement d’affaires. Mais la croissance est de retour et facilite quelque peu la tâche. En tout état de cause, le peuple portugais a préféré continuer dans la voie des efforts plutôt que de répondre à l’appel des sirènes « anti-austérité ». Le Portugal c’est l’anti-Grèce, le contre-exemple qui est là pour donner tort aux promesses démagogiques du « démiurge » en papier de soie Alexis Tsipras, dont le discours s’est fracassé sur le mur des réalités.

L’opposition entre les deux « modèles » ne s’arrête pas là. On a d’un côté un peuple laborieux, dont les habitants ont la réputation d’être des travailleurs impénitents, n’ayant pas peur de se lever tôt et de se coucher tard. On est bien loin de la langueur grecque. J’arrête là la comparaison pour qu’on ne m’accuse pas de manichéisme sordide. Les procès en sorcellerie étant fréquents par les temps qui courent (suivez mon regard).

La consultation portugaise a pourtant un point commun avec la grecque. Elle est aussi une victoire pour l’euro, en plus nette, en plus clair. Cela fait chaud au cœur de voir qu’il y a encore des peuples qui croient en l’Europe. Car cette volonté de continuer la politique de redressement si elle est un acte de foi dans leur pays pour les Portugais, elle est aussi un signal positif envoyé aux partenaires européens. Voilà un pays qui mérite notre solidarité !

Un exemple à méditer pour nous Français, au moment où notre pays boucle son budget 2016 avec la même « clarté » obscure que les précédents sur les économies réalisées, sur les fausses baisses d’impôts selon Sapin les bas roses, alors que le produit augmente, sur ces petites taxes qui se multiplient en douce, planquées dans les lignes du budget,  comme celle sur les huiles végétales, margarines ou matières grasses tartinables  (mais oui !) -certainement pour lutter contre l’obésité-, et celle sur les produits d’industrie ou de fonderie, secteurs on ne peut plus prospères en France, comme on sait : inouï ! Sans oublier la hausse de la redevance… En matière d’obésité, le gouvernement ferait bien de traiter sa maladie, la « taxite aiguë » puiqu’on en arrive à exactement  364 prélèvements de toute nature, soit … un impôt par jour que Dieu fait (je ne parle pas de Hollande).

On ne fera rien pour permettre à nos entreprises de retrouver des marges de compétitivité, pour assouplir le code du travail, pour permettre l’augmentation du temps de travail. Au sommet de l’Etat, on est en campagne, on vend du vent, on ment pour se faire réélire… Tout ce qui intéresse les Français quoi.

Enfin, ne vous étonnez pas si les billets sont un peu espacés sur le calepin. J’ai une excuse. Je suis impliqué (un peu)  dans la préparation de la campagne pour l’élection régionale dont je suis une cheville ouvrière (beaucoup). Je reviens vers vous dès que je peux. Je vous parlerai de quelques bricoles (et un peu plus) qui m’agacent à droite. Et je ne pense pas qu’à « l’affaire » Nadine.