HISTOIRE

LES DONNEES INCONTOURNABLES DE LA COURSE PRESIDENTIELLE

France-faillite

 

L’année de tous  les risques.

L’année 2017 est présentée  par de nombreux médias et commentateurs comme l’année de tous les risques.  Il est vrai que les inconnues sont multiples, l’incertitude presque partout. Un bref catalogue sans entrer dans le détail : les Etats-Unis, avec Donald Trump l’imprévisible, le raidissement de la Chine, l’Europe avec  les échéances électorales et le Brexit, les frasques russes d’un Poutine ambitieux et gourmand, le terrorisme qui peut frapper partout à n’importe quel moment, …

La France est affaiblie.

Face à ce contexte, la France n’est pas au mieux de sa forme. Affaiblie par un quinquennat de laisser-aller, ses finances publiques sont exsangues, sa compétitivité toujours insuffisante, son pouvoir  politique pour peser sur les événements est réduit à la  portion congrue. C’est dire l’importance de  la  présidentielle 2017. Notre pauvre pays est divisé en deux blocs : à gauche et à l’extrême-droite, ceux qui prônent de continuer avec le même modèle social et économique, en aggravant ses dérives, à droite, celui  qui propose de relever le défi du redressement en se retroussant les  manches, au prix de quelques efforts, pour  permettre à la  France de reprendre son destin en main. Mais quoi qu’il en soit, les uns et les autres devront faire avec  la réalité qui tient en quelques constats chiffrés.

Un tableau accablant.

  • Déficit de compétitivité

Différentiel de charges  à la production avec l’Allemagne : 60 milliards, 140 milliards avec les taxes et les impôts.

  • Les dépenses : 1200 milliards (57,5% du PIB) >>> 47% du PIB dans la zone euro
    • Collectivités : 250 milliards
    • Budget de l’Etat : 375 milliards
    • Dépenses sociales : 580 milliards = 13% du total mondial (population : 0,94%)
  • Excédent commercial : Allemagne 200 milliards, Italie 40 milliards, …

        Déficit commercial de la France : 40 milliards d'euros soit 2,2% du PIB à comparer avec un excédent de 2,4% de la zone euro.

Entre 2012-2017, le  contre choc pétrolier a transféré 3% du PIB mondial des pays producteur vers les pays consommateurs et la politique monétaire expansionniste de la BCE a permis à la France d’emprunter 187  milliards en 2016 à 0,37%, pendant que l’euro a fortement chuté face au dollar. Notre pays n'en a pas profité pour se redresser. Au contraire.

En parallèle, l’économie française a décroché au sein de la zone euro :

  • 1,2% de croissance contre 1,7 % pour nos partenaires. Elle sera de 1,25% en rythme annuel sur les 5 prochaines années si rien n’est fait, et pourrait tomber à 0,75%.
  • L’industrie ne représente plus que 11% de la valeur ajoutée contre 17% chez nos partenaires.
  • Chômage à 10% .
  • 14,3 % de la population dans la pauvreté (réduction de 12,2%  à 9,8%  autour de nous).
  • Déficit budgétaire : supérieur à 80 milliards, 3,1% pour 1,8% en moyenne dans la zone euro.
  • Dette publique : 2170 milliards, 98,4% du PIB contre 90,6% en moyenne dans la zone euro.
  • Le choc fiscal a représenté 3% du PIB : 70 milliards sur 2011-2014.
  • Fiscalité du capital 60% contre 20 à 30% pour nos concurrents.
  • Hausse des taux à 10 ans : 60 points de base en 6 semaines à la fin 2016.
  • Pétrole de 40 $, il est passé à 55 $.

La  priorité des priorités est donc de soulager notre économie des charges qui la freinent.

La dégradation de l’environnement économique et la volatilité de la situation géopolitique commandent d’agir vite et fort, dès l’été 2017.

  • Reconstitution de l’offre compétitive, clé du retour au plein emploi et à l’équilibre financier,
  • Diminution impérative des dépenses publiques (10 points de plus que nos partenaires et prélèvement obligatoires 8,6 point au-dessus de l’Allemagne) : faire retomber le déficit public à 1,5% représente un effort de 45 milliards sur 2017-2018 !
  • L’économie de l’informatique, de l’intelligence et de l’internet qui a déjà modifié 40% de notre économie a un gros besoin de capital ! Pour le satisfaire, il faut ramener la  fiscalité du capital et l’impôt sur les sociétés à 25%.

Dans ce contexte, il n’y a pas de place pour une relance budgétaire.

Beaucoup de candidats vont nous refaire le coup du : « Encore une minute monsieur le bourreau ! », sans tenir compte de ces constats. Il faudra beaucoup de lucidité aux Français pour ne pas se faire piéger une nouvelle fois par  les  « belles paroles »  de ceux qui brassent des idées générales pour plus d’humanisme, de démocratie et de solidarité, ou qui affichent leur modernité  comme étendard, et qui restent prisonniers de concepts devenus obsolètes dans le monde que nous vivons. Le « vivre ensemble » commence par  rendre possible le plein emploi et donner  une espérance à la jeunesse. Le contexte international va devenir plus exigeant : tant mieux pour nos finances publiques.

En 2017, la France a rendez-vous avec son Histoire.

Elle peut choisir la voie du salut, en faisant le choix de François Fillon.

 


NOEL ARRIVE

Noel tintin

 

Noël  arrive à grands pas.

Déjà la maison commence  à se remplir. Le  sapin est en place et attend l’arrivée  des  petits-enfants pour revêtir sa  parure d’or et de  lumière. L’heure est à l’intendance : préparer les  lits, anticiper  les  menus, remplir les frigos et congélateurs…

Voici venue la « trêve des confiseurs » et la pause qui va avec.

Quelques sujets  légers pour remplacer autant que possible ceux qu’une actualité plus grave nous impose. Nous allons laisser un peu de côté la politique.

Quelques coups de  pattes quand même avant de reprendre en janvier   

Le silence de Fillon excite tout le monde et ça donne un spectacle assez drôle ; la primaire  socialiste  compte sept candidats dont trois extérieurs au PS qui concourent en « invités » et quatre anciens ministres, tout ça pour un strapontin dans la course à gauche ( les 7 nains ?) ; leurs premières déclarations reprennent toutes les vieilles lunes de la  gauche ; Hollande fait déjà partie du passé, mais je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir de nous avoir fait perdre 5 ans, et les chiffres que l'Insee vient de publier sont sans appel (croissance 2016 encore abaissée à 1.2%,  1.5% en 2017 au mieux ). Macron devient la personnalité  préférée des Français, c’est le résultat de sa campagne marketing, avec  une  particularité : son stock de sympathie est nettement plus à droite (48%) qu’à gauche (36%).  Il  est facile de deviner ce qu’il adviendra quand le bon peuple découvrira qu’il est de gauche, purement et simplement. Christine Lagarde est finalement coupable mais « dispensée de peine ». C'est original ! Voilà un curieux concept que le FMI a eu raison de mépriser en la confirmant à son poste. Nous vivons une période vraiment étonnante.

Bon, on termine par une pensée pour nos amis allemands.

 


FILLON : LE DEFI DE LA LIBERTE

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Tout commence.

François Fillon a été désigné pour représenter la droite et le centre dans la course à l’Elysée. Son score lui procure un socle qui le rend incontestable. Cela dit, tout commence. On entre dans le dur et subitement tout ce que la France compte d’officines intello-gaucho découvre son programme qu’elles avaient regardé distraitement jusque-là et, horreur, il ose toucher à la Sécurité sociale !  Alors on fait jouer les grandes orgues de la « privatisation » et sur tous les plateaux télé, dans toutes les rubriques, et à toutes les occasions, lui ou ses représentants sont sommés de s’expliquer. La terreur intellectuelle est de retour, sondages à l’appui. Question centrale posée par Léa Salamé, la gourdasse de service sur une radio : « Alors le rhume ne sera plus remboursé ? » !!!  Drôle de question, non ? … L’étonnant c’est que son interlocuteur, Jérôme Chartier, d’habitude incisif, cafouille pour lui répondre, au lieu de la renvoyer dans ses cordes. Personnellement, Je ne suis jamais allé voir mon toubib pour un rhume qui en général passe tout seul. Le moins qu’on puisse dire c’est que cette première passe d’arme n’a pas été bien gérée du côté Fillon et on a l’impression d’assister  à un rétropédalage contre-productif. L’idée du « panier de soins » était bonne et la répartition des remboursements avec les mutuelles n’est pas choquante. Pourquoi noyer le poisson ?

Sous le feu des tirs croisés.

C’est le défi que François Fillon va avoir à relever. Nous sommes dans un pays où la liberté est chérie sur tous les tons, mais où le libéralisme est très mal vu. Soumis depuis des années aux divers tranquillisants « dette », « déficit », « trou de la sécu »…, le bon peuple savamment interrogé répond majoritairement qu’il ne souhaite pas la suppression de 500 000 emplois publics et à 90% refuse qu’on touche aux retraites ou à la santé. On ne change pas les politiques qui échouent ! Peu importe qu’elles soient la cause du chômage de masse, de la paupérisation des jeunes, du blocage des carrières, des salaires gelés, du transfert des charges sur les générations futures…  Une large majorité de Français est d’entrée de jeu hostile à toute espèce de réforme libérale. Même le Front national a renoncé au libéralisme que défendait naguère Jean-Marie Le Pen. Le  candidat de la droite et du centre devra donc faire campagne sous les tirs croisés des gauchos de tout poil, frondeurs ou pas du PS, frontistes de gauche méluchiens, cégétistes doctrinaires (sic), syndicalistes FO et Sudistes, en passant par toutes les nuances des verts et même par les habituels cracheurs dans la soupe de chez nous, centristes ou LR, et forcément des outrances verbales national-communardes de Philipot.

Le pire serait de reculer.

Il faut donc faire face à la calomnie, au mensonge, à la désinformation et à la caricature. François Fillon est persuadé que les Français peuvent entendre la vérité. Il faut qu’il reste sur cette ligne-là qui a fait son succès dans la primaire. Surtout qu’il n’écoute pas les sirènes du compromis et tous les « tristes-sires », du centre ou d’ailleurs, donneurs de conseils, il détruirait ce qui fait la force de son projet : l’homogénéité.  Il a la capacité de le faire partager par la majorité des Français, en lui communiquant de la passion en plus de la raison.  Il a pour le faire, un vecteur puissant qu’il a réveillé : le soutien de l’institution qui fonde notre société, la famille, et l’esprit de fraternité qui est sa marque de fabrique gaulliste. C’est sur cette lame de fond qui s’est levée qu’il lui faut maintenant surfer. La société civile peut entendre son message. Bien sûr, les « politiques » de la « bienpensance » vont se charger de le brouiller. L’enjeu est désormais dans la pédagogie et l’organisation stratégique. A lui de mettre en place une équipe cohérente et homogène, susceptible de porter en chœur les bons « éléments de langages ». Il  est urgent que tous parlent d’une seul voix et avec clarté, sans donner l’impression de tourner autour du pot. A lui de diffuser les bons argumentaires à tous ses relais pour faire passer le message jusque dans la moindre chaumière.

En réalité, il avance sur un champ de ruines.

L’Etat providence est en faillite. Le choix politique n’en est que plus vital. L’Etat-qui-peut-tout est à bout de souffle et sans les réformes difficiles que François Fillon propose, l’avenir des générations futures est compromis, celui de nos enfants. N’ayons pas peur ! Sans elles, il sera impossible à la France de retrouver sa puissance et surtout de créer les richesses nécessaires à l’amélioration du niveau de vie de sa population. Oui, il est possible de ne pas remplacer 500 000 emplois publics en 5 ans (700 000 fonctionnaires de trop selon l’IFRADE !). Oui, il est possible d’économiser 100 milliards sur 1200 milliards…  Sa chance, à François Fillon, est unique : il a en face de lui un gouvernement en capilotade, mené par un Premier Ministre qui, en guise de politique générale, se fait petit boutiquier pour dresser l’inventaire des échecs d’un quinquennat présentés comme d’insurpassables réussites ; il a en face de lui un paysage politique morcelé avec une gauche émiettée et éperdue, des écologistes à la rue, et même un Front National déstabilisé. L’heure est aux convictions, aux choix courageux et à la constance. La débacle inouïe de la fin du quinquennat à laquelle on assiste a au moins une vertu : celle de convaincre les Français d’engager les transformations radicales nécessaires au redressement de notre pays, comme en 1958. Quel meilleur signal peut-on envoyer aux autres démocraties et à l’Europe, que celui du coup d’arrêt donné à la contagion populiste et aux forces obscures socialo-marxisantes du déclin. Avec François Fillon, la France va renouer avec le progrès et la défense de la liberté. En vrai, en actes, pas seulement en mots, pas seulement en hurlements. Mais pour le réaliser, sa main ne doit pas trembler !

Comme il l’a dit devant les parlementaires « Les Républicains » : « ça n’est pas en zigzaguant qu’on convainc et ça n’est pas en négociant des compromis qu’on va redresser la France ! » 

Il va falloir tenir cette ligne jusqu’au mois d’avril !

François, tu n’es pas seul !

 


MACRON : CET HOMME EST DANGEREUX… SURTOUT POUR LE PS !

Macron prophète

 

« Aujourd’hui, on tue le PS ! »

C’était le mot d’ordre de son meeting de samedi dernier. L’équation est simple : après les disruptions sur les territoires des autres, il a compris que se contenter d’être un candidat attrape-tout n’avait guère d’avenir, et qu’il lui fallait donc s’appuyer sur un socle, et justement, ce socle il ne pouvait le trouver qu’à gauche, face à une droite de conviction et un centre qui le fuit pour cause existentielle. Il lui fallait auparavant éliminer Hollande. Avec le concours objectif de Manolito, c’est chose faite. Mais pour être un candidat de substitution au locataire de l’Elysée, il ne pouvait  pas se contenter du discours traditionnel des « sociaux-libéraux »  depuis Stirn et Stoléru, sur le dépassement des clivages. Il se doit donc de séduire l’électorat de la gauche modérée en gommant son image de chouchou des électeurs de droite. Avec une autre préoccupation : tout faire pour éviter un affrontement avec son concurrent direct qu’est l’ancien Premier Ministre qui chasse sur les mêmes terres électorales que lui.

La grande misère intellectuelle de la gauche.

La gauche archaïque, antilibérale et postmarxiste (ou marxiste tout court) ne restera pas inerte.  Elle délègue en renfort d’Hamon et de Montebourg , l’impayable Peillon pour dézinguer le « Brutus ». Ces gens-là ne mesurent toujours pas l’inadéquation de leurs idées et de leurs solutions avec la réalité, qui devrait pourtant se mesurer à l’aune de leurs échecs sur le chômage, la fiscalité et la dette. Le dernier avatar de cette pensée vérolée, de cette idéologie du déni et du mensonge, c’est  la déclaration de Ségolène Royal, à Cuba, aux funérailles de Castro qui défendait, au nom  de la France une dictature, en assurant que les droits de l’homme y sont respectés… Le stade ultime de la  perversion des esprits ! Et le pauvre Manolito, qui ose plonger dans ce marigot qu’est la « primaire de la belle alliance », va être obligé pour mettre en œuvre la  « réconciliation » de reprendre à son compte les ficelles usées de cette gauche n’ayant rien à proposer, hormis la  critique véhémente de la droite réac. On comprend que se battre sur ce registre-là est risible. L’empoignade avec ses concurrents promet de bons moments  de bonheur. C’est une aubaine pour un Macron qui s’est bien gardé de faire la même erreur. Si le concours des égos à la primaire socialiste met en spectacle la vacuité de la gauche, carrefour des ambitions personnelles et image vivante de la décomposition du parti socialiste, en opposition, le « festival Macron » de la porte de Versailles offre un contrepoint dynamique et plus séduisant. Sauf que la communauté socialiste reste attachée à ses utopies ce qui explique les limites de l’exercice de l’ancien ministre de l’économie qui, par exemple, ne touchera pas aux 35 heures… Il est donc condamné à être un « progressiste immobile ».

La « bulle » Macron.

Dans le paysage de cette gauche « sinistrée » (totologie, puisque « senestre » = gauche), la différence Macron a créé une « bulle d’opinion ». Cette bulle est constituée à la fois du regard clément que l’électorat de droite et du centre jette sur ce qui est apparu d’abord comme un « opni » (objet politique…) de gauche, et de l’attente de renouvellement qui travaille une partie de celui de la « gauche moderne ». Mais il apparait dans toutes les études d’opinion que l’alternative qu’il représente repose sur une ambiguïté avec une préférence des électeurs de droite et un soutien beaucoup moins évident dans le peuple de gauche. On retrouve là toutes les caractéristiques d’une « majorité de papier » qui ne se retrouve jamais dans les urnes, un phénomène bien connu. Le candidat de la  « mondialisation heureuse » pourrait bien connaître le même destin que celui de « l’identité heureuse ». Sa candidature peut s’inscrire dans le paysage politique, mais elle ne fera que consacrer  le désarroi de la gauche et sera de toute évidence en concurrence avec le candidat de la gauche dure qu’est Mélenchon et qui capte assez largement les voix jusqu’à la gauche du PS et celui qui sortira de la « primaire de la belle alliance populaire ». Un  marché bien encombré, surtout si on ajoute le candidat des écologistes…Avec à la clé le boulet que constituerait le soutien de ces socialistes sectaires dont l'icône est la bécasse du Poitou.

Une « révolution » en poil de chameau.

Un meeting avec 10 000 personnes, même si on en annonce 15 000 (vieille ficelle) peut galvaniser, mais ça ne remplit pas pour autant les urnes. On trouvera bien ici ou là quelques transfuges centristes ou autre comme Arnaud Dutreil qui viendront se brûler les ailes comme autant de papillons à la recherche de la lumière. La vérité, c’est que Macron est un candidat de la « France d’en haut » qui ne capte pas les ouvriers et les populations démunies au regard de l’emploi et des revenus. Il n’intéresse guère tous ceux qui sont en « mal d’identité » ou qui se sentent oubliés. Des électorats déjà préemptés par la gauche dure ou le FN pour les premiers, par la droite pour les populations de la France périphérique en mal de reconnaissance. Il ne suffit pas de toucher les CSP+, les cadres supérieurs, les comblés de diplômes et de revenus, le microcosme des start-upers, pour remporter une présidentielle. Cette gauche caviar ou bobo qui se croise dans les salons germanopratins entre banquiers et chefs d’entreprises « modernes ». Macron propose un mélange de mesures de gauche à d’autres plus libérales et il faudrait un miracle  pour qu’il parvienne à donner une cohérence à ce programme puzzle qu'il élabore en marchant. Le risque est de promettre tout et son contraire, reprendre d’une  main ce qu’on donne de l’autre. Il ne suffit pas de proposer un nouveau modèle de société qui tienne compte de la mondialisation en s’appuyant sur des évidences comme l’émergence de l’économie de la connaissance et de l’innovation. En cela, il trouvera François Fillon sur sa route avec des arguments et un pedigree beaucoup plus convaincant. Car  ce que les Français réclament avant tout, ça n’est pas seulement un changement politique, c’est la fin de l’impuissance publique. Sur ce dernier point, Macron n’a pas fait la démonstration de sa capacité.

 


ALAIN JUPPE : LE REVE EVANOUI

ALAIN-JUPPE-STRASBOURG

Le retour sur terre a été brutal pour celui que les sondages pendant plus de deux ans mettaient au zénith de la faveur des Français. Comment a-t-il  pu rater à ce point la réalisation de ce qui était pour lui une chance inespérée de parvenir au poste qui lui était promis naguère et auquel il avait dû renoncer face à l’adversité de courants contraires. La fondation de l’UMP n’avait-elle  pas été faite justement  pour lui servir de rampe de lancement ?

Ce retour en grâce était inespéré.

Alain Juppé s’est donc repris à rêver de la magistrature suprême quand un soir à des « Paroles et des  actes » il a fait un véritable carton. Il  avait conquis un auditoire qui lui avait permis de prendre une longueur d’avance dans la course. Avec habileté et un art consommé de la stratégie, il a réussi à tenir la tête très largement dans l’opinion publique. Il a semé son parcours de repères en formes de livres permettant d’affiner son approche des réformes et des projets qu’il souhaitait mettre en oeuvre. Il a choisi certainement après mûre réflexion et probablement aussi par sa perception de la réalité, un positionnement volontairement modéré sur beaucoup de sujets, qu’il s’agisse de l’Islam, de la réduction du nombre des fonctionnaires ou de la diminution de la dépense publique. Son concept de retour à « l’identité heureuse », en reprise inversée  de « l’identité malheureuse » constatée par Finkielkraut, paraissait même un objectif rassurant qui aurait dû plaire à une large majorité de Français.  Jusqu’au début de la  « Primaire » qu’il avait appelé de ses vœux, tout allait bien pour lui.

Une primaire « candidaticide »

C’était sans compter sur la campagne de la primaire de la droite et du centre. Aujourd’hui, on peut le dire, Alain Juppé n’a pas démérité : il a mené honnêtement campagne et a montré qu’il était à la hauteur dans les débats à la télévision. Pourtant le résultat a été sans appel. Alors que s’est-il  passé ? Le premier de la classe doit s’attendre à être la cible de tous les autres. Et cela n’a pas manqué de se produire. Dans la stratégie d’Alain Juppé il y avait deux failles qui pouvaient être exploitées pour le faire chuter : le soutien de Bayrou et l’appel aux électeurs de gauche, pudiquement nommés « déçus du hollandisme ». Il a sous-estimé l’impact qu’elles  pouvaient avoir sur le cœur de l’électorat de la droite. Il faut dire que le pilonnage de Nicolas Sarkozy sur ces deux thèmes a été violent. Le thème de « l’identité heureuse » habilement détourné a aussi servi de cheval de Troie pour faire exploser un axe de campagne majeur, trop intelligent sans doute ! Alain Juppé, c’est dans son caractère, s’est raidi sur ses choix, mais ce faisant, il a oublié de parler suffisamment au cœur de son électorat, pendant que Fillon et Sarkozy s’y employaient chacun à sa façon. De ce fait, ceux qui voulaient le faire passer pour un réformateur mou au positionnement trop conciliant sur les sujets chauds ont réussi, alors que dans son programme on trouve toutes les  mesures souhaitées et fermes aptes à combler un électeur de droite. Il n’a pas cherché suffisamment  à répondre aux attentes de la droite, s’adressant davantage au centre qui, on le sait, est un ventre mou. Et ses « attaques » sur la faisabilité du programme de ses adversaires, et notamment  des propositions de François Fillon, sont tombées à plat. Le débat de l’entre-deux tours a été significatif : techniquement les deux candidats ont fait jeu égal, pourtant les sondages des jours suivants ont désigné un vainqueur assez largement, François Fillon. C’est donc que son discours était plus attendu par l’auditoire (8 millions de personnes) que celui de son concurrent : autrement dit, c’est sur le contenu que ça s’est joué !

Les petits riens qui font perdre

Une défaite, c’est souvent aussi plein de petits riens qui s’accumulent. Si Alain Juppé n’a pas commis « la » faute  majeure, il a, ici et là, laissé passer des mots ou des gestes qui ont pu le desservir : les « 200 000 immigrés que la France peut accueillir chaque année sans que ce soit trop » (l’émission politique), c’est peut-être vrai mais pas à dire, l’écharpe rouge qu’il a arboré un temps de sa campagne alors que d’habitude il en porte une bleue, les expressions qui « datent » comme le « Prisunic » ou « j’ai la pêche ! ». Et c’est vrai, l’image compte, et dans les débats, il ne pouvait pas cacher son âge, et ça aussi a pu jouer, bien qu’aucun de ses concurrents n’ait osé l’attaquer là-dessus, sauf peut-être Bruno Le Maire, mais indirectement.

Une lame de fond

Le résultat, personne ne l’avait prévu. Sarkozy a peut-être tué Juppé, l’entraînant dans sa défaite, comme il a entrainé indirectement et par contre coup le retrait de François Hollande. L’élection était jouée dès le 1er tour en faveur de François Fillon, avec 44% des voix : le cœur de la droite a répondu avec une étonnante homogénéité. Là encore, Alain Juppé n’avait pas mesuré suffisamment ce ras-le-bol profond du pouvoir en place, au point que, pour nombre d’électrices et d’électeurs, tout ce qui peut apparaître comme composition avec les sortants est insupportable. Il a donc payé très cher ses appels au vote à un électorat extérieur à celui de  la droite et du centre. Celui-ci n’a en effet que partiellement répondu. La France s’est « droitisée » sous les excès doctrinaires de la gauche en place. La vague dont a bénéficié François Fillon et qui s’est exprimée par le vote n’est que la partie émergée de l’iceberg : elle aura un prolongement dans la vraie  présidentielle, nul ne doit en douter. On a observé un basculement du vote dans les communes rurales, là-même où le FN avait percé. L’attente d’une droite bien campée sur ses valeurs et les affirmant sereinement  est beaucoup  plus forte que les observateurs « bien intentionnés » ne le pensent. Il suffit de voir le subit tir de barrage et les tentatives pour effrayer les Français sur le programme de François Fillon depuis sa désignation. Les discours les plus violents venant du FN, justement. De fait Marine Le Pen a perdu en moyenne dix points dans les sondages. A gauche comme à l’extrême-droite, on se trompe de cible. La lame de fond est de nature identitaire plus que socio-économique : plus que les catholiques pratiquants, c’est la « culture chrétienne » qui se réveille à quoi s’ajoute l’envie de vérité, de dignité et d’honnêteté, François Fillon cochant toutes les  cases de ces critères.

Je comprends l’amertume que peut ressentir Alain Juppé. Je n’ai pas voté pour lui, mais j’aurais pu. Je n’ai pas non plus aimé les attaques ignominieuses dont il a été l’objet de la part de petits clans pratiquant plus la calomnie et la désinformation que l’argumentation. Je lui pardonne la réaction agressive à l’égard de son concurrent au début de la semaine du 2ème tour, d’ailleurs  il l’a certainement payée dans les urnes. Le destin est ainsi. Il avait de bonnes raisons d’y croire, mais son programme trop raisonnable n’était pas dans l’atmosphère du moment. La chute n’en est que plus dure. Cependant, son devoir c’est de faire contre mauvaise fortune bon cœur, dès lors que l’élection a été loyale. On a besoin de lui pour gagner en 2017. Son devoir est de faire campagne. Je ne doute pas, que la déception digérée, il joue le rôle qui convient à un homme d’Etat de premier plan, ce qu’il est et reste !  

 


LE RETOUR DU « POLITIQUE »

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Eloge de  la démocratie représentative.

La démocratie représentative n’est pas morte. Certes, on vous dira que les partis politiques chargé de l’organiser ne vont pas bien. Mais excepté le parti communiste dans les années cinquante, qui peut me dire quand ils allaient bien. Dans notre  pays, à la différence de l’Allemagne notre voisine, ils ont  toujours eu des effectifs  étriqués, à l’image de nos syndicats.  Ils n’en sont pas moins utiles  pour autant. Bien sûr, il y a les périodes de vaches maigres, comme celle que vit le PS avec un trou d’air phénoménal dans les adhésions. Cela peut se comprendre à la vue du spectacle auquel se livrent ses leaders et surtout faute d’avoir fait son aggiornamento. Tant qu’il ne tranchera  pas entre  la vieille garde marxisante et ses vieilles lunes et un projet clairement social-démocrate à l’allemande, il en restera à ses querelles intestines. La crise du PS est d'abord une crise de projet. De l’autre côté, « Les Républicains » se portent plutôt bien et pourtant le parti revient de loin, il  aurait pu même disparaître sous les effets conjugués de la guerre fratricide Copé-Fillon et de l’affaire Bygmalion. Mais voilà que la primaire qu’il a su organiser correctement, avec 80 000 bénévoles dont il a fourni le gros des troupes, lui donne un coup de jouvence et un apport d’argent  pour la campagne qui est le  bienvenu. Le voila muni d'un projet et d'un chef pour le mettre en oeuvre. N’en déplaise aux grincheux, la démocratie fonctionne. Les Français se méfient des partis, c’est vieux comme De  Gaulle. Mais il en faut. Et je ne crois guère aux initiatives qu’on voit fleurir ici et là sur internet, ou mises en scène comme la candidature Macron. Elles ne peuvent être que l’écume de la démocratie, parce que ceux qui portent ces initiatives ne croient à rien. Et ils ne sont pas seuls à se servir des réseaux sociaux. Les  partis traditionnels savent eux aussi y être très présents par différents biais. On découvre ainsi, par exemple, que François Fillon a utilisé des logiciels sophistiqués de ciblage tant pour le porte-à-porte que pour les messageries électroniques.

La démocratie connait des hauts et des bas.

S’il y a bien un peuple  difficile à satisfaire, c’est bien le peuple français.  Sa  mentalité y participe : soif d’absolu, goût pour la rhétorique, attachement à la théorie et pragmatisme atrophié, contestation systématique... Les Français sont attaché aux promesses et de ce fait ils seront toujours déçus, même quand elles sont tenues, parce qu' alors ils ne le croient pas. Qui sait que Nicolas Sarkozy a tenu plus de 80% de ses promesses faites en 2007, malgré la crise de 2008. Il a été jugé sur le chômage que sa politique avisée n’avait pas eu le temps de faire reculer suffisamment. On en déduit alors une incapacité à résoudre les problèmes. Il est facile d’imaginer les dégâts que peut faire un quinquennat comme celui qui se termine : là, on peut dire que les promesses n’ont pas été tenues, ni celles faites pendant la campagne de 2012, ni celles faites depuis. La conséquence, c’est que l’électorat de gauche est désabusé. Je voudrais attirer l’attention sur une précaution qui n’est jamais prise dans les jugements, y compris par les politiques ce qui est inexcusable comme le sont aussi les médias : la part du contexte. On devrait toujours resituer dans le contexte du moment. On préfère jouer sur la faculté d’oubli et l’émotion. C’est ça qui tue la politique ! Et les réseaux sociaux n’ont rien arrangé : le faux y circule bien plus que le vrai et les Dr. Yfaucon et Yaka y pullulent. De quoi déboussoler le citoyen lambda. Rappelons ici que la politique doit faire avec la réalité et que celle-ci est mouvante : la politique n’est donc que l’art du possible.

Plus rien n’étonne.

Les citoyens français s’intéressent médiocrement aux convulsions historiques du pouvoir en place créant d’étranges situations : en quelques jours, le président de la République a renoncé à un second mandat, son Premier ministre a démissionné, et a été aussitôt remplacé. Les événements politiques n’ont peut-être jamais été aussi surprenants depuis la création de la Vème République et jamais, dans le même temps, ils n’ont eu moins d’influence apparente sur notre vie quotidienne. Car, au fond, le sujet d’agacement qui est dans les têtes, c’est plutôt la restriction apportée au trafic automobile, imposée avec entêtement par une maire de Paris incapable de redescendre de sa planète écolo-bobo. L’effondrement de nos gouvernements ne nous inquiète plus, les dirigeants passent  mais notre routine quotidienne n’en est pas affectée. On peut y voir un signe fort du déclin de la politique, alors qu'en réalité nous sommes protégés surtout par la solidité de nos institutions. Nous assistons à une fin de règne et les Français en ont bien conscience, c’est pourquoi ils ne s’inquiètent pas. Ils savent que dans moins de six mois ils auront la parole et que le pays retrouvera un gouvernement stable pour les cinq prochaines années.   

La vérité vaut toujours mieux que la démagogie.

Le déclin de la politique est lié au rejet de la réforme, il est induit par le marasme économique, par le chômage, par l’accroissement des inégalités. Pour changer les choses, pour échapper à la pente qui nous fait glisser vers la régression, il faut qu’une nouvelle direction nous propose des réformes drastiques. Il faut aussi, et surtout, que les gouvernés acceptent les propositions courageuses de leurs gouvernants. Le retour du « politique » va avec la vérité et un corps de pensée. Ce n'est pas pour rien que près de 70% des 4,2 millions de votants à la primaire ont voté pour François Fillon. C’est le chemin qu'il veut emprunter, comme Gerhard Schröder l’a fait en Allemagne. Ce n’est pas le plus facile. Il y faudra beaucoup de pédagogie pendant la campagne et pour cela, lever une armée de porteurs de son projet pour ne pas laisser place au démolissage systématique des Cassandre de tout poil. C’est là que le parti est utile avec sa force de frappe militante. Il faut l’emporter d’abord sur toutes les forces de la conservation qui vivent sur des acquis considérés comme inaliénables. Il faut  l’emporter aussi sur le populisme de l’extrême-droite toujours prête à faire feu de tout bois et à changer de discours. Elle ne cherche pas des solutions sérieuses, elle veut surfer sur les mécontentements. C’est sur la vérité et une pensée qu’un consensus peut s’établir. Car il n’y aura pas de renaissance sans consensus.

 

 


NICOLAS SARKOZY : LE VIDE N’EST PAS LE NEANT …

Sarko troca 2

 

Depuis le soir du premier tour de la primaire, le silence a succédé à la fureur.  Ses dernières  paroles publiques furent d’une très grande dignité. Les comparer à celles de Hollande venu annoncer son renoncement n’est même pas envisageable. Sa voix puissante aux formules frappantes ne résonne  plus dans le débat. Un sentiment de vide a fait place. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore n’y change rien : le peuple a parlé, c’est tout et il s’en est allé, avec élégance, tranquillement, après avoir tout donné. Il s’en est allé… pour l’instant.

Je ne vais pas vous faire croire qu’un retour est possible.

Qui pourrait y croire en cet instant ? Mais dans un monde aussi chaotique, nul ne peut préjuger de rien. Il était de toute évidence extrêmement difficile de redevenir président de la République après l’avoir été une première fois. En France, c’est comme ça. Revenir au plus haut niveau après y avoir été, est quasiment impossible, aucun n’y est arrivé après avoir été battu. Nicolas Sarkozy a tenté l’impossible.  C’est tout lui ! Pourtant, il pouvait être l’homme de la situation, avec ce qui se passe dans le monde, le terrorisme, la poussée populiste, les tentations hégémoniques de la Russie, l’Amérique trumpiste… son expérience et son énergie auraient été bien utiles. Mais il lui fallait relever le défi du retour quand tout effet de surprise est passé, que les rancœurs et les haines subsistent, exacerbées, et que l’usure du pouvoir persiste. Lors de sa venue à Andard, pour les élections régionales, j’ai tout de suite senti, à son discours, que ça ne marcherait pas. L’histoire a ses lois, la roue tourne, le fleuve coule et ne remonte pas à sa source : il en était resté à 2012, comme figé ! Je n’ai pas retrouvé le souffle de 2007 ni la foi qui abat les  montagnes de la campagne de 2012. S’il avait gagné à ce moment-là, nous savons bien qu’il aurait dû continuer sous les huées de la gauche venimeuse, et qu’il aurait malgré tout redressé le pays comme il avait commencé à le faire.  C’est certain, il aurait fait bien mieux que ce piètre quinquennat. Aussi son retour aurait dû s’inscrire dans une tout autre démarche que celle de descendre dans la fosse au lion. Les Français aiment le recours, pas le pugilat. Son retour à la tête du pays a été hypothèquée dès sa reprise en main de l’UMP. Comment être au-dessus des partis en étant le patron de l’un d’eux ? Or c’était sa chance s’il l’était resté. J’ai pourtant voté pour lui à ce moment-là.

Nicolas Sarkozy, on l’aime ou on le déteste.

Je n’ai pas voté pour lui à la primaire. Et pourtant je ne le hais point, comme aurait dit Chimène en parlant de Rodrigue.  Je lui ai préféré François Fillon, comme tant d’autres.  J’ai hésité jusqu’au dernier moment : Fillon, Juppé, Sarko  … Les trois avaient leurs qualités.  Mais pour Nicolas Sarkozy, j’ai craint que s’il l’emportait, la suite soit trop compliquée : la haine seule catalyseur d’une  mobilisation de la gauche en faisait le candidat punching-ball pour Hollande (ça marche avec encore tant de gens), les affaires et le poison lent du doute, et puis cette incapacité à sortir de son discours  pour être au-dessus de la mêlée, ce qu’il n’a réussi qu’à quelques moments des débats. J’ai donc fait le choix de ce qui était pour moi une forme de sérénité. A regrets, peut-être, mais avec certitude. Je sais au fond de moi qu’il est un homme honnête, que toutes ces affaires tomberont un jour. Suis-je naïf ? Que voulez-vous, j’aime croire qu’il est innocent de tout ce qu’on lui colle sur le dos. En attendant le mal est fait, comme pour Eric Woerth. Je sais pour  l’avoir approché quand j’étais secrétaire départemental, que le personnage est humain,  profondément humain jusque dans ses défauts, et gentil. Je sais qu’il est animé par la passion de la France et de l’intérêt national et beaucoup moins par ambition.  Ceux qui voient en lui un carriériste, un obsédé du pouvoir se trompent. S’il est revenu c’est parce qu’il  a cru être indispensable au pays par son énergie et son courage politique. Ces qualités qui lui ont permis de réaliser avec succès des réformes extrêmement difficiles, comme celle sur l’âge de la retraite en 2010, sur la fiscalité, sur la sécurité avec les peines plancher ou la rétention de sûreté pour les criminels sexuels, sur la politique de maîtrise de l’immigration et d’intégration. Le jour où les historiens se pencheront sur son bilan, ils seront sidérés de l’ampleur de l’œuvre accomplie en cinq ans.

« Il est bien trop intelligent pour limiter sa vie à l’ambition politique, ce royaume de l’illusion et de l’éphémère. » comme dit Maxime Tandonnet qui a été l’un de ses conseillers. Alors ne nous apitoyons pas sur son sort, il ne le souhaite certainement pas. N’ayons pas le comportement puéril d’idolâtres en mal d’icône. Gardons en nous le souvenir de cet homme hors du commun, incarnation et modèle du volontarisme politique, de celui qui a réveillé la France et la droite. Ici, ou ailleurs, avec  son talent, ce serait bien étonnant qu’il n’ait pas un rôle à jouer ! L’espoir n’a jamais tué personne.

 


LAISSE ALLER… C’EST UN’ VALLS ! (prononcer « un » à l’espagnole)

Valls candidat

 

Difficile de ne pas parodier le titre de la célèbre comédie de Georges Lautner dans laquelle un certain Serge Aubin sort de trois ans de prison et va rejoindre son épouse qu’il enlève car il la croit responsable de son emprisonnement. Transposons : Valls Premier Ministre depuis trois ans s’évade du gouvernement et va rejoindre la « BAP » (la Belle Alliance Populaire) qu’il veut enlever …   Une belle comédie en perspective,  mais qui prendra le rôle de Jean Yann ou celui de Bernard Blier ? On ne sait,  ce qui est certain c’est qu’on risque de rire autant. A une condition : être de droite.

Donc  Manolito s’est déclaré. 

Un très beau discours bien léché devant un auditoire acquis d’avance, à Evry, avec en décor de fond, un échantillon de Français mélangés et colorés à souhait, et l’épouse en tailleur sobre et sombre comme il convient pour la gravité du moment. Voilà la gauche grandiloquente dans toute sa splendeur ! Celle qui confond toujours le dire et le faire. Il veut sauver la gôôche et la France : vaste programme ! Est-il seulement sincère ce prétendant à la présidence ?  Oui quand il parle avec émotion de ses racines, de sa ville, de ses premiers engagements. Non quand il propose à la gauche la réconciliation qui ne peut se faire qu’en abandonnant sa ligne sociale-démocrate. Non encore quand il fait l’amnésique et oublie de parler du chômage dont sa politique est responsable,  des errements de l’éducation nationale dont il n’assume pas les piètres résultats, de la dette qui a enflé du fait de la préférence de son gouvernement pour l’emprunt et qu’il oublie de cautionner, des déficits publics toujours là parce qu’il s’est refusé à l’effort.

Le Valls nouveau comme le Beaujolais…

Il nous dresse un portrait idyllique de ses relations avec le chef de l’Etat dont chacun sait ce qu’elles furent. Il annonce un programme remarquable où les grands mots : République, démocratie, liberté, égalité, fraternité, … cachent les vrais maux : chômage, recul économique, gauche disloquée, société fracturée. Ah, j’oubliais : les sacro saintes « valeurs ». La gauche a des « valeurs ». Mais ont-ils les mêmes tous autant qu’ils sont ? Surtout quand on sait que même Bordeaux-Chesnel, le marchand de rillettes, en a ! Ne parlons pas de la droite, vous l’imaginez avec des « valeurs » ?  Bref, on va pouvoir lui dire désormais, chaque fois qu’on le rencontrera : « Ce que vous proposez, mais pourquoi ne l’avez-vous pas réalisé ? » à la manière de ces éléments de langage utilisés par tous les responsables de gauche qui commence toutes leurs interventions par « Il a fallu d’abord réparer les dégâts du quinquennat précédent ». « Je l’ai entendu … Vous aussi », aurait dit l’autre ! Quatre ans après, s’ils  en sont encore là c’est qu’ils ne sont vraiment pas efficaces, mais surtout c’est un gros mensonge pour cacher leur incapacité et justifier en partie leur bilan désastreux. On y aura encore droit :  c’est la faute à Sarkozy, puisqu’on vous le dit !

La guerre des gauches.

Pourtant, reconnaissons au Catalan le courage d’y aller. Entrer dans l’arène comme il le fait ne manque pas de panache. Il ne manque que l’orchestre jouant un paso-doble endiablé.  Mais il lui faut venir avec le « label de Cadix » pour faire les yeux doux à la gauche ; un Catalan qui se fait passer pour un Andalou, ça n’est pas gagné d’avance. Car ils vont tous lui tomber dessus. Le bellâtre (Macron, voyons), de New York où il est parti lever des fonds, n’a pas tardé à envoyer ses premières flèches. Celui-là, plus il est nouveau, plus il fait vieux politicard. Il me fait penser à Olivier Stirn… Hamon et Montebourg, ses anciens alliés le temps de virer l’inaudible Jean-Marc, sont dans leur rôle de frondeurs. Suivront les autres. « Tout sauf Valls » sera leur leit-motiv. Incapables de s’entendre entre eux pour faire un front commun derrière un seul, ils vont se venger en tapant sur un seul. Cela s’appelle du harcèlement. La guerre des gauches « irréconciliables » à qui il propose maintenant la réconciliation sous son égide : je me régale d’avance. Mais attention, le torero est malin et a du talent. Il sait enchaîner les passes et planter ses banderilles. Gare à celui qui baissera la garde. Convenons tout de même que sa marge de manœuvre est étroite et que s’il réussit à planter l’épée dans chacun de ses adversaires, il aura eu beaucoup de chance.

Admettons qu’il l’emporte.

Cette épreuve passée, il lui restera deux gros morceaux à combattre : Macron et Mélenchon, pas fous, qui préfèrent rester à l’écart de la mêlée, sans parler du Front National et tout de  même la droite… Ce ne sera pas une raison suffisante pour cette dernière de s’endormir. Mais c’est une autre histoire. Rendez-vous en février 2017 ! Un sondage de ce matin place Manolito en cinquième position au premier tour de la présidentielle avec 10 % des suffrages, après Fillon, Le Pen, Macron et Mélenchon. C’est le score le moins moche des candidats de la "BAP". Prenons ce résultat avec précaution, mais cette enquête nous décrit aussi l’état actuel de la gauche qui est désastreux. Ses candidats sont trop nombreux et doivent se partager un électorat qui a largement fondu depuis 2012, au profit du Front National : c’est là le principal défaut de la gauche qui avec sa gestion catastrophique du pays pendant près de cinq ans a contribué à l’irrésistible montée de l’extrême droite. Alors pour lui faire barrage, peut-on vraiment compter sur les sortants ?

Aujourd’hui, les candidats de la gauche s’efforcent de démolir par tous les moyens l’image de François Fillon. Tant mieux, car cela ne leur profitera pas. Les Français ont déjà compris que le candidat de la droite et du centre reste le seul rempart contre un basculement de la France dans une mésaventure qui serait catastrophique.

 


LA GAUCHE HYPERBOLIQUE, LE NET ET CIE...

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L’hyperbole est une figure de style.

Elle consiste à exagérer l'expression d'une idée ou d'une réalité, le plus souvent négative ou désagréable, afin de la mettre en relief. C'est la principale figure de l'exagération et le support essentiel de l'ironie et de la caricature. L'hyperbole correspond le plus souvent à une exagération qui tend vers l'impossible. La définition contient en elle-même  toute la vacuité du discours des gauches qui en font un abus, surtout depuis la désignation de  François Fillon comme candidat de la droite et  du centre.  Aveuglée par son nombrilisme, la gauche en général insulte plus de 4 millions de Français porte-parole de millions d’autres.  Elle ne tardera pas à s’apercevoir de l’effet délétère sur elle-même d’un tel discours qui, loin de l’affaiblir, renforce l’adversaire.

Les éléments de langage en boucle…

Au supermarché de la gauche-bobo-soixante-huitarde-attardée, le rayon du prêt-à-penser est bien fourni. On y trouve tout l’arsenal anti-Fillon cet « archi-réac, ultra-libéral, pro-poutinien ». En tête de gondole, le produit phare : le Nouvel-Obs ! C’est un discours emprunté à Georges Marchais, donc qui date un peu. Il ne suffit pas de le relooker pour le rendre frais. La date de péremption est depuis longtemps dépassée,  mais que voulez-vous, quand le compartiment des idées neuves est désespérément vide … Pauvre Geoffrin ! Donc on n’a pas fini de voir arriver tous ces « éléments de langage », martelés jusqu’au moindre des responsables politique de la « gauche-bien-pensante » (tous les autres sont des cons qui ne comprennent rien). Un nouvel article vient juste d’arriver en rayon : un  produit « Ségolène », garanti  « pure connitude », importé de Cuba ! Difficile de faire mieux : Castro en chef d’œuvre de régime démocrate garant des libertés ! De quoi dégoûter André Santini du Havane ! Quand on pense qu’elle aurait pu être présidente de la République, on en a des suées dans le dos. Vivement qu’elle rallie Macron, qu’on rigole un peu ! Justement, Macron pense qu'il est déjà Président et Bayrou qu'il est déjà son Premier ministre. On attend la primaire de la gauche avec impatience.

Manolito entre dans l’arène.

Avec l’entrée en lice de Manolito, ça va être du sport de haut niveau : une nouvelle version de « petits meurtres entre camarades ». Et abondance de biens ne nuit pas : combien de candidats déjà ? J’entends encore Camba ironiser sur le nombre des candidats de celle de la droite : de quoi faire une équipe de foot disait-il. Lui il va pouvoir constituer le XV du PS : pour un match de catch, je connaissais le « catch à quatre », mais à quinze, j’attends de voir ça ! Aussi serai-je religieusement devant mon écran (plat) à 18h30 ce soir pour voir le Catalan évryen annoncer son entrée sur le ring. A moins qu’il ne s’affranchisse de l’épreuve comme le présidenticide Macron ou comme le Chavézien Mélenchon. Ce serait comique ! Assistera-t-on à l’affrontement des « fistons flingueurs » Valls-Macron ? Voilà qui donnera du piment à la présidentielle. A gauche,  j’entends bien.

Et la sélection du net.

Et on attend avec impatience Noël, et ce qui va sortir de la sélection du net, le nouveau Graal de la démocratie, comme candidat à la présidence : peut-on éviter l’écume des vagues ? Car, qu’on le veuille ou non, briguer la  magistrature suprême n’est pas à la portée du premier venu. Et puis, ras-le-bol de ce discours : les partis sont dépassés, les  propositions citoyennes transpartisanes, l’assemblée qui mélange élus et citoyens … C’est la culture du « soviet » remaniée  à la sauce internet. Ce  sont peut-être des gens intelligents, mais la politique suppose de connaître un peu l’histoire du pays, le  fonctionnement de ses institutions et surtout l’histoire de ses  modes  de pensée. Ce n’est pas  pour rien que la France a une conception unique de la laïcité en Europe :  c’est le fruit de son histoire. On ne peut pas s’asseoir dessus.  Alors quand  j’entends que les clivages n’existent pas, j’ai envie de crier à  l’ignorance, pire à l’inculture.  On est forcément  de droite  ou de gauche quand on a à  prendre une décision, et beaucoup plus souvent qu’on ne l’imagine, parce que ça sous-tend toujours  un référentiel et un mode de rapport aux autres et à la société. La  politique s’accommode mal de « l’oxymore », c’est-à-dire de tout et son contraire dans le même panier, des  propositions contradictoires. 

Tout peut arriver !

Pour une fois, j’applaudis à la victoire d’un écologiste. En Autriche, l’extrême-droite a été battue. Tant mieux.  En Italie, Renzi a perdu son pari. Les referendums ne sont jamais une réponse à la question posée. Il va sortir, mais  … pour  mieux revenir. Tiens, on prend les paris ?


TOHU BOHU POLITIQUE

A suivre vendredi,  l'interview exclusive d'une personnalité du Maine-et-Loire pour le bloc-notes. 

 

Un pompier-pyromane nommé Manolito.

Valls en colère

 

Manolito a publié un article dans « Le Journal du dimanche » où il laissait entendre qu’il était prêt à se lancer dans la primaire socialiste. Il a ainsi déclenché une tempête que François Hollande semble provisoirement avoir apaisée lors d’un déjeuner lundi avec son Premier ministre. Mais on n’est pas plus avancé, sinon que le pyromane a dit devant les  députés, avec une langue de  bois super ligneuse des plus convenues, qu’il n’y avait pas de crise de régime au sommet de l’Etat ! Le  Catalan  serait-il  un taureau sans c….es,  un bœuf quoi ! Car on ne sait toujours pas si « patapouf » sera candidat à un second mandat, si Manolito se présentera ou non, contre son patron ou non, ni si l’une ou l’autre des deux têtes de l’exécutif passeront ou non par la primaire socialiste. Confusion totale.

La malaise politique créé est profond mais, paradoxalement, le remède trouvé par le locataire (provisoire) de l’Elysée a été simpliste (en théorie) : une bonne conversation devant un non moins bon repas. Etrange tour de passe-passe qui ne trompera personne. Désinvolture d’un président de plus en plus en sursis ; cyclothymie du Premier Ministre qui nourrit sans cesse alternant propos de révolte et discours d’allégeance ! Un accord serait donc intervenu : qui peut croire ce boniment ? Reste une certitude : le président a bel et bien l’intention de se présenter, et il passera par la primaire parce qu’il a naguère donné son accord pour qu’elle soit organisée. Il lui est difficile de revenir en arrière. Auquel cas, Valls aurait la main pour contrôler le PS, ce qui est son but. On aurait quand  même pu éviter le vaudeville qui ridiculise un peu plus l’exécutif. Ce n’est pas à droite qu’on s’en plaindra.

 

Le FN-CGT.

Marine Le  Pen perplexe

 

La victoire de François Fillon ne fait pas les affaires du parti à la rose bleue. D’ailleurs il pourrait changer de symbole et adopter une faucille et un marteau sur fond bleu. Car le discours tenu par les hiérarques du parti d’extrême droite dimanche dernier ressemblait terriblement à celui de Georges Marchais ou d’Henri Krasuki : « ultra libéralisme, droite réactionnaire, classes  populaires, européiste, patin-couffin…. ». De quoi faire écumer le « vieux » tenu à l’extérieur, dont l’anticommunisme était viscéral. L’influence des  gauchistes infiltrés dans la machine frontiste, à commencer par le sémillant Florian, décidément prend le dessus sur la teinture nationaliste. On passe ainsi du national-socialisme au national-communisme. Un glissement que le corps électoral dit « patriotique », qui sait avoir de la  mémoire, ne cautionnera pas. Le discours sur les valeurs du candidat de la droite et du centre a commencé d’être entendu dans la France rurale, et on a pu le vérifier aux scores qu’il a obtenus dans les nombreux petits villages où le FN avait fait une percée. Cela n’a pas échappé à Marion  qui a commenté : « c’est le plus dangereux » dès avant le second tour et lui donne du grain à moudre contre Tata. Déjà les premiers sondages montrent cette érosion. Ce ne sont que des « instantanés », mais ils sont pris très au sérieux à la direction du parti d’extrême-droite qui cherche la parade contre un vainqueur qu’elle n’avait pas prévu. D’où ce discours outrancier. Mais remplacer une diabolisation par une autre n’est pas un remède ni une stratégie, c’est la manifestation d’un désarroi et d’un doute sur la ligne à suivre et surtout sur le programme. Désormais, la « France apaisée », c’est François Fillon qui la porte, pas Marine Le Pen ! Il n’a  plus qu’à suivre sa route sans en dévier d’un millimètre, comme il l’a fait depuis deux ans. Manifestement, c’est ce que l’électorat de la droite et du centre attend de lui. Il aurait tort d’en changer pour écouter les sirènes des démagogues de l’intra-périphérique.

 


UNE VICTOIRE FONDATRICE

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Il s’est passé quelque chose d’inédit au cours de cette primaire de la droite et du centre : en donnant la parole au peuple, contre toute attente, il s’est clairement exprimé. Il importe de se  demander pourquoi un tel résultat : François Fillon arrivé largement en tête dès le 1er tour et Alain Juppé balayé au second. La bizarrerie, c’est que personne n’a vu arrivé le vainqueur, pourtant en campagne depuis bien longtemps, creusant son sillon dans la France profonde et peaufinant un programme que d’aucun finit par présenter comme  le plus abouti. Au moment de la « cristallisation » du choix, il est  apparu comme une évidence : « Bon sang, mais c’est bien sûr ! ». Après, on s’étonne que les Français l’ait choisi. Ils ne sont donc pas si bêtes et si manipulables que les bobos et les médias le pensaient.

Enfin, un candidat qui se réclame de droite, avec des valeurs et des convictions, et qui ne se cache pas derrière des faux semblants. La référence au gaullisme est rassurante. Son libéralisme n’est  pas  si échevelé que les caricaturistes le disent. Ses propositions ne sont pas si irréalistes que voudraient  le faire croire ses détracteurs. Simplement il rompt avec les schémas convenus du « modèle social » et « l’Etat providence » dont on mesure chaque jour l’inefficacité et la carence, accentuées par la vacuité socialiste.  François Fillon propose d’autres chemins. Ce ne sont pas des pistes pour aventuriers en mal d’émotions fortes. Ce sont les chemins empruntés par tous nos voisins avec succès.

C’est un homme expérimenté qui prend les rênes de la droite et du centre. Aucun doute sur sa volonté de rassembler. Son programme, ce n’est pas du sang et des larmes, c’est le passage obligé  pour le renouveau de notre pays, la restauration de sa puissance économique et de  son autorité  internationale.

Il tirera sa force du soutien populaire. Près de cinq millions de citoyennes et de citoyens se sont déplacés sur les deux tours, et les deux tiers lui ont apporté leurs suffrages. Ils sont les porte-parole des millions de Français qui pensent comme eux. Ils sont la partie visible de l’iceberg. Ils sont le socle sur quoi le candidat, soutenu par tous ses concurrents d’hier, va  pouvoir s’appuyer pour entamer la vraie campagne, celle qui conduit à l’Elysée.

La gauche est en miettes. Elle donne le triste spectacle d’un président qui persiste et dont les appels au rassemblement  sonnent comme les bêlements d’une brebis esseulée ; d’un premier  ministre qui se révolte ; d’une pléthore de frondeurs qui briguent la place en se bousculant. Les  radicaux de gauche ont décidé de faire sécession et le PC rejoint Mélenchon en faisant chambre à part. Elle ne donne en écho que le discours de « l’amère de Lille », haineux et méprisant, symbole emblématique d’une politique en perdition. Ils vont tous crier au « réac » et à « l’ultra-libéralisme » comme si c’était une maladie honteuse, comme naguère ils criaient au « KO social » et à la « régression ».  Mais ça ne marchera pas, parce qu’entre temps, ils ont eu le pouvoir et les Français ont vu. Leur discours sent la décadence et le vide de la pensée. Il est rance. Et Macron avec son préchi-précha ni droite-ni gauche se trouve ridiculisé par ce simple  constat : ben oui, la droite ça existe bien.

De l’autre côté, l’extrême-droite peut trembler. Les réactions à la victoire de François Fillon l’ont bien montré : formules habituelles à l’emporte-pièce, jugements préétablis, outrances caricaturales. Le discours tourne en boucle et est déjà usé. Le Front National, avec sa doctrine nationale-communisante, constitue désormais la seule force d’opposition à la droite républicaine. Marine Le Pen et son âme damnée de Florian Philipot sont subitement ringardisés. Ils arrivent avec des arguments périmés face au logiciel renouvelé d’une droite républicaine retrouvée. Car, quand cette dernière s’affirme avec ses valeurs, Le FN retourne dans son petit pré carré, celui des extrêmes.

La primaire de la droite et du centre a redonné ses lettres de noblesse à la politique, par la dignité des candidats, la densité des propositions et la noblesse des comportements finaux, qu’il s’agisse de Nicolas Sarkozy ou d’Alain Juppé. Les millions de voix qui se sont portées sur François Fillon sont l’avant-garde d’une armée qui s’est levée dans toute la France. C’est un vote puissant, ni de rejet, ni de substitution, mais d’adhésion à un homme et à un projet.

C’est une victoire fondatrice parce qu’elle est porteuse d’une espérance forte.

 


DEUX VISAGES, MAIS UNE DROITE !

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On pouvait craindre un débat sous tension. Il l’a été à quelques rares moments, mais on a plutôt eu un échange tranquille. Alain Juppé dans la fébrilité de tout développer, François Fillon dans sa  précision chirurgicale habituelle, avec une élocution paisible et sobre. Ce débat a surtout souligné que, en dépit de quelques différences sur l’assurance-maladie ou la politique étrangère du pays, les deux programmes procèdent de la même inspiration et du même désir de changement. 

Juppé à l’offensive

Alain Juppé s’est attaché à démontrer que les calomnies lancées contre lui sur les réseaux sociaux n’avaient aucun fondement. Il persiste à décrire le programme de son adversaire comme inapplicable, à se démarquer de la politique étrangère qu’il pourrait conduire en tant que président de la République  et à dénoncer de manière plus feutrée qu’en début de semaine son conservatisme sociétal. Ce qui l’amène à douter de sa capacité à battre la gauche et l’extrême-droite lors du second tour de la présidentielle et à se présenter lui-même comme  le meilleur rempart.

Le sillon Fillon

Fort de la prise de position des 215 élus, François Fillon n’a jamais perdu de vue le peuple qui s’est rendu aux urnes dimanche dernier et qui l’a placé largement en tête. Il s’est employé à rassurer l’électorat qui craint des bouleversements dont il pâtirait excessivement. Il a exposé sans s’exciter les diverses nécessités d’un changement  radical : le redressement de la France dépend d’une restructuration complète de nos moyens de production, de notre rapport avec la protection sociale, de l’équilibre entre nos revenus et nos dépenses, de la sécurité intérieure et extérieure qu’il faut assurer, compte tenu de de la multiplicité des dangers. Il n’a  pas caché les sacrifices indispensables que nous devons faire si nous voulons offrir à nos enfants et petits-enfants un avenir meilleur.

Un échange équilibré

Ce que la primaire de la droite a réussi à montrer, et c’est d’une importance cardinale, c’est que le chemin du redressement est semé de paradoxes, à commencer par un traitement du chômage fondé sur la réduction du nombre de fonctionnaires. Leur grand nombre constitue la raison principale de nos déficits, mais il ne s’agit ni de contester la qualité de leur travail ni d’imaginer une société qui pourrait se passer d’eux. Le seul problème, c’est qu’on a fait du recrutement dans la fonction publique ou territoriale l’unique moyen de lutter contre le chômage, alors qu’il faut créer des emplois marchands, ce que la France ne sait plus faire. Le débat d’hier soir n’est pas de nature à inverser le rapport de forces entre François Fillon et Alain Juppé, même si aucun des deux n’a démérité. Si un vainqueur est désigné par les téléspectateurs, cela tient vraisemblablement plus à leurs attentes qu’à la teneur du débat. Alain Juppé a davantage visé l’électorat du centre et des déçus du hollandisme, François Fillon est resté sur le chemin qu’il a emprunté depuis le début, celui de la France provinciale et taiseuse, attachée à ses racines et à ses valeurs et en attente d’une revanche sur le parisianisme et ses modes bobos. Gardons-nous donc de faire un pronostic, à moins de deux jours du scrutin, même s’il semble bien improbable que l’écart entre les deux candidats, même s’il se réduit, disparaisse complètement. Huit millions et demi de téléspectateurs ont assisté au débat, ce qui est énorme et laisse présager une participation au moins aussi élevée que celle de dimanche dernier. Pour qu’Alain Juppé gagne, il faudrait que 1,4 million d’électeurs de gauche supplémentaires se déplacent en plus des 600 000 du 1er  tour.  On ne voit pas quel  intérêt ils auraient à le faire,  François Fillon étant un candidat plus « confortable » pour l’opposer au culbutot qui paraît-il en fait déjà ses « délices ».

L’unité ne sera pas de trop

C’est l’heure de la droite, mais elle se termine dimanche. La bonne tenue du débat  et la courtoisie retrouvée ne laisse aucun doute sur le climat dans lequel l’union se fera dès dimanche prochain autour du vainqueur. Et on en aura bien besoin. Il n’y a qu’un « hold-up » de la gauche qui pourrait créer le désordre.  Mais le choix du candidat à la présidence aura été à peine annoncé que se mettront en branle les cohortes véhémentes de ces gauches innombrables qui ne sauront jamais s’unir. Elles se saisiront de l’épouvantail de la « réaction » avec d’autant plus de violence verbale qu’elles seront désunies. Au moins auront-elles un os à ronger. On peut compter sur l’entêtement et la virulence de ces gauches qui, loin de dresser le bilan de leurs erreurs, continuent à se ressourcer dans les bréviaires moisis de leurs convictions obsolètes. Le locataire de l’Elysée piaffe dans ses brancards et en fera son miel, comme un mauvais élève qui n’a appris qu’un sujet mais le connaît par coeur. Il dit déjà à ses  proches combien la bagarre qui s’annonce lui semble facile, combien elle lui paraît confortable, presque agréable et, forcément, qu’il n’y a pas mieux placé que lui pour venir à bout « du candidat le plus réactionnaire que la droite ait produit ». Ouais, s’il avait démontré l’efficacité de sa méthode, il serait plus crédible. Il en oublie aussi sa cote de popularité … et Macron le paricide.  

 


LE GRAND DEBAT … A CHAUD

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Nous avions sur le plateau Dupond et Dupont.

Même veste bleu marine, même cravate …

Dupond le chevelu et Dupont  le dégarni,

Dupond le précis et Dupont le bavard,

Dupond le serein et Dupond le fébrile.

Dupont faisant assaut de courtoisie à Dupond.

Bref, un débat intéressant, serré, digne et courtois.

L’unité post primaire est  garantie.

Voilà quelques réflexions immédiates qu’il conviendra de compléter après une nuit de réflexion.

 


PRIMAIRE DE LA DROITE ET DU CENTRE : 2ème ROUND

VIVEMENT DIMANCHE QU’ON EN FINISSE !

Fillon home_photo1  Juppé

François Fillon, parce qu’il a largement gagné le premier tour de la primaire, est devenu l’homme à abattre, à la fois pour son challenger Alain Juppé mais surtout pour la gauche, qui le présente comme un insupportable réactionnaire.  Et  cela préfigure déjà le type de campagne que cette dernière, pourtant disqualifiée  par ses résultats  et ses mensonges, va mener pendant six mois, avec en arrière fond, le chœur des « vierges » pleurant sur le sort injuste réservé au culbutot de l’Elysée. C’est un gros nul mais vous êtes priés de ne pas le dire !

Programme  inapplicable : pour qui ?

Alain Juppé soutient que le programme de François Fillon est « inapplicable », il n’en demeure pas  moins que c’est celui que veut l’électorat de droite, largement majoritaire aujourd’hui dans le pays, et qui représente presque la  moitié des 4,3  millions de Français qui se sont déplacés dimanche dernier. Reconnaissons que cela a donné une forte légitimité au vainqueur du 1er tour qui rend pratiquement impossible la tâche d’une gauche disqualifiée par le mandat de François Hollande, divisée en multiples tendances qui semblent irréconciliables.  Il est logique que les rapports se tendent entre vainqueurs et vaincus du premier tour, à la veille d’un débat décisif et quatre jours avant un second tour qui désignera probablement le futur président de la République. Le camp Juppé a envoyé une salve plutôt mal ciblée, peut-être  à cause d’une trop grande fébrilité.

C’est que le maire de Bordeaux a bien compris la leçon : vaincu par sa tiédeur, il sort ses griffes, et probablement à son corps défendant. Il ne peut espérer un redressement qu’en se livrant à ce combat de coqs que la plèbe réclame, quitte à oublier la grande parenté qui existe entre les deux programmes, sur la TVA, la durée du travail, la baisse des charges des entreprises … et que les différences ne sont qu’une question de curseur poussé plus ou moins loin. Et s’il y a de l’excès dans la méthode Juppé post-premier tour, son lieutenant Benoît Apparu s’est empressé de rappeler les ressemblances entre les programmes des deux finalistes. Alain Juppé et ses amis ont donc tort de reprocher à leur concurrent  un projet trop libéral pour être réalisable, ils devraient laisser ce type d’argument à la gauche en évitant de reprendre son vocabulaire. Et  au lieu de l’attaquer sur ses engagements en faveur du retour de l’ordre moral, d’une Europe moins intégrée, ou d’un rapprochement entre la France et la Russie, en les caricaturant, il serait  plus judicieux de montrer ce qui peut différencier  les approches, par exemple la tenabilité des promesses face au retournement de la tendance internationale qui pourrait créer un contexte beaucoup plus contraint,  avec la remontée des taux d’intérêts.

Une semaine de tohu-bohu.

Le bruit et la fureur sont-ils inhérents à la vie politique ? Cette semaine est donc la phase la plus moche de la primaire, avec des attaques contre François Fillon qui sont loin d’être toutes justifiées comme Alain Juppé en fut la victime pendant les précédentes. Le Maire de Bordeaux fait feu de tout bois quand, par exemple, il demande à son épouse, habituellement si discrète, de monter sur le ring, quand il dénonce la proximité de François Fillon avec Poutine, ce que le député de Paris ne nie pas ; quand il répète que le programme économique et social de son adversaire risque de provoquer un chaos. Alain Juppé utilise successivement des arguments plus ou moins bons, comme n’importe quel candidat qui est resté en tête de tous les sondages pendant près de deux ans et s’est effondré à la dernière minute, cherchant fiévreusement le moyen de récupérer un peu de sa popularité passée.

En effet, François Fillon n’est ni réactionnaire, ni ultra-libéral, ni inconséquent en politique étrangère. Alain Juppé n’est pas obligé de prendre à son compte les procès que la gauche intentent à François Fillon et qu’elle intenterait tout aussi bien à son égard. Nous attendons qu’Alain Juppé montre de la détermination, garde son cap qui est crédible, prouve le bien fondé  de ses objectifs sans se départir de son calme qui fait sa force. Il a tout  à perdre à tomber dans le piège de l’agressivité, et il y a gros à parier que cela se retournerait contre lui s’il persistait pendant le débat de jeudi soir.

Cette courte semaine va-t-elle fracturer la droite ?

Pas le moins du monde. Les pessimistes professionnels ne voient pas le bon côté des choses. Voilà une droite qui a passé avec succès le test des primaires, qui va, quoi qu’on en dise, se regrouper autour d’un homme, dont le comportement réhabilite la politique et les partis, qui a créé dans l’électorat de l’envie sinon de la passion, et le formidable espoir de faire table rase du passé et de changer en profondeur la société française. Comment y voir un mauvais résultat ?

Il est stupide d’imaginer que l’extrême droite va se diviser : elle aura toujours ses têtes de turc et elle continuera d’agresser François Fillon comme Marion Maréchal Le Pen vient de le faire, comme elle a voulu la perte de Nicolas Sarkozy, comme elle s’en prendrait à Alain Juppé s’il avait gagné le premier tour, et comme elle s’en prendra à lui s’il gagne le second. La percée de François Fillon entraine la  mobilisation de la gauche, comme il se doit.

Mais de quoi parle-t-on ? La gauche est en miettes et profondément divisée.  Macron fait son  chemin en parallèle, mais ses réactions face à François Fillon montrent bien qu’il est de gauche, comme il essaie de ne pas le montrer. Tout est suspendu à la décision que le président de la République doit prendre en décembre. S’il renonce, il ouvrira la boîte de Pandore de toutes les ambitions et la multiplicité des candidatures, y compris celle de Manuel Valls en plus de celle d’Emmanuel Macron. Enfin, si l’on tient compte de la volonté populaire telle qu’elle s’est exprimée lors du premier tour de la droite, les candidatures très à gauche ne risquent pas de faire le plein.

Les électeurs ont leur destin entre les mains.

Les électeurs de la droite et du centre, grâce à la primaire, ont pris leur destin en main. Le plus étrange, c’est que rien de profond ne différencie les deux hommes en lice. Ils ont été, tous les deux, chacun à son heure, des réformateurs. L’un, en 1995, a redressé l’assurance-maladie, l’autre, sous Raffarin, a accompli une réforme des retraites. Celui-ci était attaché à Philippe Seguin et appartenait à la branche sociale du Gaullisme, celui-là était un proche de Jacques Chirac, à qui il a été dévoué au-delà du sacrifice. L’un et l’autre savent que les gouvernements français qui se sont succédé depuis une vingtaine d’années n’ont pas su accompagner les grands changements qui auraient rajeuni l’industrie française, favorisé la production, ouvert de nouveaux marchés, accru la compétitivité des entreprises et créé suffisamment d’emplois.

Aujourd’hui, il va nous falloir un président conscient des enjeux, qui sache que la réforme en profondeur est notre dernière chance si on veut qu’à terme, la France retrouve son rang. François Fillon et Alain Juppé sont également capables de conduire ce programme. Si François Fillon l’emporte dimanche, c’est que, pour remplacer Nicolas Sarkozy, les électeurs de droite auront voulu un homme plus à droite qu’Alain Juppé. Au fond, le flot historique qui nous entraîne aujourd’hui, n’est-il pas celui d’une revanche de la droite pure et dure sur la gauche, laquelle, par ses erreurs de gouvernance, a préparé elle-même ce retour. Ces électeurs, qui sont plus des deux tiers à rejeter la gauche, et n’entendent faire aucune concession !

 


FILLON… LOIN DEVANT !

Fillon  primaire

 

Juste deux mots à chaud. On aura l’occasion de revenir sur ce premier tour de la primaire dans la semaine, après analyse complète des résultats.

La soirée que nous venons de vivre est historique :

D’abord la surprise du résultat qui place François Fillon en position quasi irrattrapable, l’élimination de Nicolas Sarkozy qui se retire avec l’élégance qu’on lui connaissait déjà (décidément un grand monsieur), et la volonté d’Alain Juppé de relever le défi en allant jusqu’au bout du scrutin. Décidément  la droite donne ce soir aux Français une bien belle image de la démocratie. Gageons que les électeurs seront encore plus nombreux dimanche prochain à venir aux urnes avec l’enthousiasme qu’on a découvert tout au long de  la journée.

La victoire de  François  Fillon est celle du travail, de la constance, du courage et de la ténacité. Lui qui a si longtemps végété à 10% dans les sondages n’a jamais baissé les bras. Il a continué  méthodiquement à tracer son sillon. Les  trois débats ont mis les projecteurs sur lui et il est enfin apparu dans la lumière. C’est probablement à ce moment-là que les électeurs de la droite et du centre ont pris la mesure de ce candidat calme, serein, sérieux et digne. Ils ont vu que parmi les sept, il pouvait être celui qui, comme le disait souvent Bruno Retailleau, alliait la sérénité d’un Juppé et la force de conviction d’un Sarkozy.  Ainsi, celui qui a si longtemps été présenté comme un « marginal » dans l’ombre de Philippe Seguin, est en passe de prendre la place du « chef ». 

Il reste à parachever cette étape démocratique par un feu d’artifice dimanche prochain : celui du rassemblement quel que soit le vainqueur, même si le suspense est quelque peu entamé. Les discours entendus ce soir en préfigure l’apothéose. Nous l’espérons, nous la voulons. La  dynamique de la campagne présidentielle, la vraie, est en jeu.

 


PRIMAIRE DE LA DROITE … LE TROISIEME DEBAT

Primaire à droite

 

OUF !

Certains observateurs ont  trouvé le  3ème débat  long et ennuyeux. Ils attendaient quoi ? Du spectacle : il s’agit de choisir un président de la République. Du pugilat ? Les candidats  ont eu à cœur de se respecter  ce que l’on attendait d’’eux. Du discours bien populaire ? Les  sujets abordés étaient sérieux et exigeaient une connaissance technique. Alors évidemment, on s’est retrouvé  loin du passe-temps et de la variété. En ce qui me concerne,  j’ai trouvé le débat intéressant, un peu plus vivant que les  précédents, mais rendu confus par une animation  parfois brouillonne. Mais l’essentiel  c’est qu’il n’y ait eu aucun dérapage  irréparable entre les candidats.  Dimanche soir il y aura deux sélectionnés pour un second tour, selon toute vraisemblance et le suspense reste entier sur ce qui sortira des urnes.

Car, reconnaissons-le, tous les candidats, à des degrés divers ont montré des facettes attachantes et se sont maintenus à un excellent niveau de compétences. Difficile de faire un choix.  Bien sûr, ce que mesurent les sondages n’est pas anodin : il y en a bien trois qui survolent la compétition, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et  François Fillon (dans l’ordre des intentions de vote).

Que dire de plus ?

Copé : le voltigeur de la soirée.  C’est Bonaparte au pont d’Arcole qui sauve la République.  Il n’a pas que des mauvaises idées.

Sarkozy : c’est un patron.  Sa connaissance technique des dossiers et son expérience lui permettent de recadrer les sujets dans la réalité. Pourtant, il n’a pas cherché à briller. Son recadrage de Pujadas était sans appel, peut-être n’aurait-il pas dû utiliser l’expression « service public ». Sa conclusion m’a paru trop « autocentrée ».

Juppé : plus détendu que les deux premières fois. Toujours à l’aise dans les réponses. Son expérience transparait à plusieurs reprises sur les dossiers internationaux et sur les réformes sociales. Un peu court sur l’éducation. Clairement, il montre une dimension de chef d’Etat, comme son voisin. Une bonne conclusion : le seul qui parle de perspectives à donner aux Français.

NKM : Enfin elle-même. Moins préoccupée de régler ses  comptes, elle développe  habilement ses thèmes de prédilection. Elle est un peu trop dans la prospective. Sa conclusion originale pleine de lucidité est courageuse en affirmant qu’elle sait qu’elle ne sera pas dans la finale.

Poisson : toujours aussi décalé. Il est un peu sorti de son bocal et ses idées originales et pleines de bon sens peuvent séduire. Mais, bon, on ne le voit pas président. Ses boulettes de vocabulaire en témoignent.

Fillon : avec ce 3ème débat, c’est un parcours sans faute depuis le début. Il est celui qui aura le plus profité des trois confrontations grâce à sa connaissance parfaite d’un programme très cohérent.  Rigoureux, précis, calme : il respire une sérénité qui n’a pas échappé aux téléspectateurs. Lui aussi a la carrure pour endosser le costume présidentiel. Sa conclusion pleine de subtilité lui correspond bien : il ne demande pas de voter pour lui, mais à chacun de le faire pour ses convictions… Très fort.

Le Maire : il a tout donné. Trop. Son débit « mitraillette »  le dessert.  Il s'énerve inutilement contre El Kabbach. Il veut trop dire et trop prouver tout en restant sur la même posture de renouvellement de génération et se prend les pieds dans le tapis sur l’expérience nécessaire  pour occuper la fonction. Il est brillant quand même.

Conclusion.

On peut être fier de ces trois débats quand on est de droite ou du centre. Chacun a  maintenant le choix.  Pour certains, il est déjà fait depuis  longtemps. Pour ceux-là les débats n’auront pas changé grand-chose. Mais nombreux sont ceux qui vont hésiter jusqu’à la dernière seconde, puisque près d’un tiers des électeurs potentiels disent pouvoir encore changer d’avis. Toutes les surprises  sont donc possibles à la sortie des urnes dimanche prochain. Une chose est certaine : rien ne sera venu entraver l’envie d’aller voter. Au contraire ! Et ça, c’est la meilleure chose qui soit.

 


MACRONESQUE ! (pour ne pas dire : grotesque)

Macron le messie

 

Le « bellâtre », donc, est candidat.

Je veux dire « l’Emmanuel », dont le  prénom prédestiné  veut dire  « porteur de  la bonne nouvelle ».  THE Macron ! Hallelujah!! Nous sommes sauvés ! Le Messie est candidat aux élections.  L’inénarrable Cambadélis a trouvé cela fâcheux… Pour une fois, il a raison. Déjà qu’Hollande n’avait pas grande chance, voilà que le Macron y va ! Comme ça ! Alors qu’il n’a rien de plus à dire ou à proposer que l’hôte actuel de l’Élysée. Il faut reconnaître qu’il est plus un problème pour la  gauche que pour la droite. Il suffit de voir les réactions.

Grotesque !

Donc, mercredi matin, l'ancien ministre s’était rendu dans un centre de formation à Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour annoncer « la bonne nouvelle ». Le lieu avait été soigneusement choisi : un centre d’apprentissage, et au cœur de la banlieue populaire, pour bien marquer les esprits. Un lieu qu’il voulait en concordance avec la « valeur travail » dont le candidat souhaite faire un élément essentiel de son programme.  Pourtant, la salle choisie pour le discours de candidature est apparue bien étrange : un garage avec des voitures en réparation, et au milieu… des journalistes. Mais dans ce garage qui servait de cadre à son intervention, il n'y avait pas de jeunes, pas de traces d'apprentis ni même de jeunes étudiants de banlieue, non, que des journalistes... Il y avait bien une poignée de jeunes, mais il s'agissait des militants du mouvement  « En Marche ! » Du côté de l'équipe d'Emmanuel Macron, on tente de corriger la bévue en expliquant que l'ancien ministre était déjà venu deux fois sur place pour les rencontrer.  C’est donc  encore pire : on veut bien discuter mais surtout pas  se  mélanger. L’immersion populaire a ses limites ! « Il y avait un besoin de solennité pour cette annonce de candidature » : bah tiens, on vient faire la fête chez vous,  mais vous n’êtes pas invités !!! « Nous ne voulions pas instrumentaliser les étudiants, ni faire venir des groupies. Nous souhaitions éviter le mélange des genres. C’était une conférence de presse, pas un meeting », a expliqué un jeune du mouvement macronien. Personne n’est dupe. Tout le monde retiendra que les apprentis pouvaient assister à distance derrière une vitre : grotesque !

L’apprenti, c’est  lui !

On voit bien qu’il n’a jamais affronté le suffrage universel. Lui, qui n’a jamais eu aucun mandat voudrait sauter toutes les marches d’un seul coup. Il faudrait être bien léger pour lui faire confiance. Valls a raison quand il dit que l’expérience, ça compte.  C’est  même  indispensable  pour accéder au pouvoir suprême. L’expérience « Hollande » se suffit en elle-même, on ne va pas recommencer. Que Macron soit plein de talents et très brillant comme nous l’explique Jacques Attali, un gentil mondialiste qui a oublié l’idée même du socialisme depuis bien longtemps, pourquoi pas. Mais L’ancien ministre de l’Économie, qui n’a jamais inversé une seule courbe, n’a pas grand-chose à sortir de son escarcelle en guise de pédigrée. Ah si, quand même, Macron, c’est un grand moderne. Il a fait les bus. C’est bien les Macron-bus ! Et puis il a aussi fait de la pub pour relancer la vente de costard –cravate en expliquant aux jeunes qu’ils n’avaient qu’à aller bosser s’ils voulaient s’en payer un… « Ni droite, ni gauche » : alors là, je rigole. Ça n’existe  pas.  Pour tenir ce discours-là il faut avoir été De Gaulle. Et en plus, pas de couilles, parce que tuer un mort-vivant c’est quand même pas bien difficile ; pas de colonne vertébrale non plus : un mollusque, donc ! Son seul mérite est , comme  un rat, d’avoir quitté le Titanic avant qu’il ne coule.

Il ne connait manifestement pas le passé de la France. Depuis 1790, la droite et la gauche, ça existe. La  droite n’a  pas les mêmes valeurs et les mêmes repères que la gauche de laquelle il est issu. Comme les girondins et les jacobins, ces clivages qui irriguent encore nos débats politiques entre régionalistes et centralisateurs. Bobo à souhait aux souliers biens vernis et bien pointus, bien-pensant comme il convient, efféminé juste ce qu’il faut, pas trop viril, bien-pensant comme il se doit. Il correspond à l’air du temps. Il  s’adresse au ventre  mou des Français qui ne croient à rien, par ignorance, produits d’un système éducatif massificateur et égalitariste qui fabrique des crétins. Cela ne mène nulle part. Tôt ou tard, c’est-à-dire une fois élu, il penchera inévitablement du côté originel, la gauche.

Une éthique en toc.

Son positionnement repose sur une escroquerie intellectuelle et une éthique en toc qui lui permet de tuer le père sans avoir le moindre remords. Tout dans sa démarche le confirme. Le fond est vaseux. Son programme ? Il a anonné un salmigondis de poncifs,  « notre démocratie est en souffrance et il faut redonner de l’espoir, parce que l’espérance c’est important, l’espérance ! Mais aussi parce qu’il faut avoir confiance en l’avenir. C’est important l’avenir … et puis la confiance c’est très important aussi et vous ne me direz pas le contraire… » Il a constaté de l’intérieur la « vacuité du monde politique » dit-il. Il parle de ce qu’il connait : la gauche. Et bien on n’avait pas  besoin de lui pour le constater, il y a longtemps qu’on s’en était aperçu. Quant à la droite, qu’en sait-il ? N’a-t-elle pas fait un important travail programmatique pour la primaire,  reconnu par de nombreux observateurs …  Il ne peut pas en dire du bien puisque ce n’est pas son camp et ça ne l’arrange pas.  On ne tardera pas à s’apercevoir,  à travers ses  propositions que cet homme-là est imprégné de l’idéologie de gauche comme l’a souligné déjà Alain Madelin.  Libéral, comme un communiste chinois, à condition de passer par l’Etat. Macron c’est une bulle de la décomposition de la gauche. Une bulle qui remonte de la vase du socialisme et vient crever à la surface de l’étang avec l’odeur de gaz sulfureux qui va avec. La forme de son intervention colle à la réalité du personnage : discours ampoulé, éloquence factice, lieu « aseptisé ». On cherche l’élan. J’avais déjà remarqué que sa  voix ne portait pas quand il voulait jouer les tribuns. C’est « En marche »…  mais au petit pas.

Macron n’en a pas conscience, mais il est déjà démodé. Il ne suffit pas  d’être « connecté » et d’utiliser des gadgets modernes comme des prompteurs transparents  pour faire croire à l’aisance improvisée, il incarne, qu’il  le veuille ou non, un monde  finissant, celui de la  sociale-démocratie européenne qui n’a su se renouveler nulle part. Son passage chez Hollande l’a marqué au fer rouge. Alors il fait de la stratégie, celle « d’un candidat populaire hors establishment ». Drôle de Trump ! Très politicien, surtout. Pipeau !

 


PROMESSES ET … REALITES.

Primaire à droite

 

L’économie internationale n’a pas l’air de faire partie des préoccupations des candidats à la primaire de la droite et du centre, encore  moins de ceux de la gauche toujours abrités derrière leur idéologie.  C’est pourtant capital.  Quand on élabore un programme, on chiffre  les propositions dans un contexte donné. Mais ce  contexte sera-t-il le même dans quelques mois, au moment de les mettre en applications ?  Il ne suffit pas de faire des promesses, encore faut-il qu’elles soient réalisables au moment de les tenir.  C’est que nous sommes dans un monde ouvert et nous ne sommes pas tout seuls. Notre économie dépend  de nombreux partenaires européens et mondiaux, est soumise à une concurrence internationale où les concurrents, notamment des pays émergents, produisent des niveaux de gamme voisins de ceux de notre pays avec des coûts de production plus bas.

Or le contexte est en train de changer.

On a beaucoup parlé de l’alignement des astres, permettant des conditions exceptionnellement favorables à la croissance.  Les « astres » en question sont trois : le coût du pétrole, les taux d’intérêts, la valeur de l’euro. Nous avons vécu une période de pétrole peu cher, de taux d’intérêts très bas, et de chute de la valeur de l’euro très favorable pour nos exportations. Jamais  les conditions n’auront été aussi favorables à l’Europe,  mais la France n’en a guère profité et a échoué à enclencher un cycle d’expansion solide.  Elle se traine avec une croissance de 1,3% en 2016 et ne fera guère mieux l’an prochain si l’on en croit les prévisionnistes. Or les stimulants sont en train de s’effacer ou se renversent : la  croissance ne pourra alors que ralentir ! Evidemment rien n’est certain, comme toujours. Mais les causes d’incertitudes s’accumulent et l’économie a horreur de l’incertitude.

Les taux d’intérêt remontent fortement.

Ce qui se passe sur les taux d'intérêt américains en particulier et sur les taux en général est même spectaculaire. C'est sur les taux d'intérêt que le plus grand tournant sur les marchés est en train de se jouer. Or ils s'envolent. Le mouvement vient des États-Unis où les taux des emprunts nationaux à 10 ans se traitent en ce moment au-dessus de 2,20% : plus 50 points de base en quelques jours. Et l'onde de choc se propage partout. En Allemagne où le taux d'emprunt à 10 ans était négatif il y a peu, il cote déjà à 0,30%. Ce mouvement avait été amorcé quelques jours avant la victoire de Trump mais c'est effectivement elle qui a provoqué cette remontée. Car les marchés l’interprètent comme  la fin des politiques d'austérité et le début des politiques de relance, comme la fin de la rigueur fiscale et le retour d'éventuels déficits et surtout comme la fin de la déflation et le retour possible de l'inflation. De fait, le programme de Trump est de type keynesien avec relance par les grands travaux,  la baisse des impôts, le retour de la politique d’endettement et le protectionnisme. On aura l’occasion de développer tout cela.

La guerre du pétrole peut recommencer.

Et ça aura des répercussions sur le prix du baril. Inévitablement.  Pourtant on avait découvert que l'Iran inondait le marché en augmentant sans arrêt sa production si bien que les instituts spécialisés ne voyaient aucun ralentissement de l'offre de pétrole dans les 5 à 10 années à venir. Il a fallu une fois de plus que l'Arabie Saoudite intervienne pour limiter la casse. Pour cette dernière, le pétrole ne doit pas baisser en dessous de 50 dollars et elle fera tout pour qu'il se maintienne au-dessus de ce niveau. Elle veut, en fait, le maintenir dans une fourchette de cours de 50 à 60 dollars, le temps qu'elle organise la mutation d'une économie 100% tournée vers pétrole en une économie plus diversifiée. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois maintenant qu'elle a sifflé la fin de l'effondrement des cours,  effondrement qu'elle avait voulu pour fragiliser l'industrie du pétrole de schiste américain. Trump a expliqué pendant sa campagne qu'il bloquerait toutes les importations de pétrole pour favoriser l'industrie nationale et pour que les États-Unis soient définitivement indépendants en matière d'énergie. Et du coup, l'Arabie Saoudite a menacé Trump : le ministre de l'Énergie saoudien n’a pas pris de gants : à savoir que les États-Unis auraient plus à perdre qu'à gagner à bloquer les importations car l'Arabie Saoudite et ses alliés de l'OPEP prendront des mesures de rétorsion qui auront de graves conséquences pour la croissance américaine. Bonjour l’ambiance,  d’autant plus que Trump a été élu depuis ! Mais on peut compter sur l'Arabie Saoudite pour reprendre la main à tout prix, c'est pour elle un enjeu majeur pour son avenir.

Le commerce mondial s’essouffle.

Le signe : les  exportations chinoises en baisse.  Le grand pays d’Asie commence à rééquilibrer son économie vers la consommation intérieure. Le FMI a élaboré un scénario de « hausse généralisée du protectionnisme sous forme d’un relèvement des barrières tarifaires et non tarifaires ». Cela conduirait forcément à amputer la croissance mondiale. Or, nous avons déjà en Europe le Brexit qui pourrait alimenter cette projection, et maintenant les Etats-Unis avec les promesses « trumpettes »  de taxer à 45% les importations chinoises et 35% certains produits  mexicains, et  aussi de geler le TAFTA. De quoi rendre asthmatique une croissance mondiale déjà poussive et sans souffle. Ces évolutions politiques rappellent furieusement celles menées  dans les  années trente, mais heureusement, il parait que l’Histoire ne se répète jamais.

Les  quatre vulnérabilités de la France, plus une…

Et la France dans tout ça ? Elle aborde cette nouvelle ère qui s’ouvre avec quatre facteurs de  vulnérabilité : une croissance insuffisante malgré les rodomontades pitoyables de Sapin-les-bas-roses, un déficit public excessif qui n’a pas fait l’objet d’une volonté politique suffisante pour le diminuer, un chômage  de masse que les coûteuses  mesures en trompe l’œil tendent à faire baisser tangentiellement mais partiellement sans rien résoudre, et un handicap de compétitivité qui n’a pas été réduit. Ce sont les faiblesses que tentent de corriger les projets des candidats de la primaire. Ils supposeraient que toutes choses restent égales par ailleurs et que les efforts considérables que cela demandera puissent  être menés dans un contexte favorable. Et de ce point de vue, malheureusement, il faut craindre que cela ne soit pas le cas. Encore faudrait-il ajouter un handicap supplémentaire : la facture laissée par la gauche de 25 à 30 milliards supplémentaires qu’il faudra bien financer. Aussi, les candidats devraient-ils prendre en compte ces données dans leur chiffrage. Sinon, c’est le  risque de faire des  promesses qui ne seront pas tenues une fois de plus. Même si la faute ne leur en incombe  pas  -on ne sait pas de quoi demain sera fait- le  peuple en jugera autrement. Un boulevard pour Marine Le Pen et le populisme !

Le débat à droite.

Deux sondages Ifop et Kantar-Sofres confirment l’ascension de François Fillon. Cette tendance permet même d’envisager une victoire de l’ancien Premier ministre si, d’ici le premier tour, il gagne encore plusieurs points. Pour le moment, la percée de François Fillon se fait au détriment de Bruno Le Maire, d’Alain Juppé mais aussi de Nicolas Sarkozy qui ne progresse pas ou perd quelques points. Mais le plus surprenant, c’est l’attaque virulente de Jean-François Copé contre lui. Bien qu’il n’ait aucun espoir de figurer au second tour, ce dernier reprend quelques arguments éculés, comme la participation de l’ancien Premier ministre à toutes les actions de son président. Nul ! Mais avec cette nouvelle donne, le  débat de  jeudi soir risque d’être tendu. Tout dérapage sera catastrophique.  Ce n’est pas le moment, alors que Mister Macron annonce sa candidature en souhaitant jouer les trouble-fête à gauche comme à droite, de perdre de vue l’objectif : désigner le meilleur candidat et se retrouver tous derrière ensuite. Ils feraient bien de profiter  de ce dernier moment de confrontation pour aborder les sujets fondamentaux que sont l’avenir de la France dans l’Europe et la nouvelle donne créée par l’élection américaine. Et surtout ne pas faire comme si ça ne changeait rien ! Bref, comment comptent-ils adapter leurs propositions en cas de modifications importantes du contexte international dont nous dépendons avec évidence. Sinon, il sera plus prudent de voter pour le plus... prudent, si on veut éviter encore une fois la déception post électorale.

La réalité a un gros défaut :  elle est têtue !

 

 


MACRON : UN « FAUX NEZ » POUR DEMOCRATE CREDULE.

Macron enjoleur

La candidature à la présidentielle d’Emmanuel Macron est un secret de polichinelle depuis le début.   Mais c’est un nouveau lièvre qui est en train d’être levé. Celui que l’on croyait inscrit dans un scénario « au cas où », voulu par le démiurge de l’Elysée pour prendre sa place en cas d’empêchement de candidature, seulement la créature a échappé à son maître qui n’a pas su lire l’ambition démesurée dans les yeux de son poulain.L’enjeu maintenant est de prendre de vitesse le candidat Hollande dont on voit bien jour après jour que rien ne pourra le faire renoncer à briguer un second mandat. Celui qui ne devait être qu’un auxiliaire  devrait  donc  pousser les feux et sortir du bois plus tôt que prévu, avec l’espoir ténu de lui barrer la route quitte à être candidat contre lui. 

L’insoutenable suspens.

Cette officialisation imminente de son entrée en campagne met donc  fin à un insoutenable suspens. La langue de bois du « cheminement », de la démission au porte-à-porte puis au projet avant de passer à l’acte, a ses limites. La dernière inconnue reste la date exacte. La machine Hollande s’est effondrée si vite et si fort qu’il a bien fallu revoir les plans. Pour Macron, il  n’y a plus de marche arrière possible. Il va donc se présenter : à 38 ans, ce sera le plus jeune des prétendants à la magistrature suprême de l’histoire de la Vème république. Aura-t-il réussi à inverser l’ordre naturel des choses à l’égard de son ancien mentor, on le  saura  bientôt. Il  n’est pas évident que sa candidature soit bien perçue par un électorat qui, bien que troublé  par le mauvais  jeu présidentiel,  reste néanmoins suspicieux à l’égard des changements de pieds du troublion. Jeune, donc candidat du renouveau. A voir !

Un pur produit du « système ».

En fait de renouveau et de candidat qui se dit hors du « système », Macron en est un pur produit. Il appartient clairement à la gauche « caviar » boboïsante. Il en a tous les tics et même les tocs. Sans parler de son éthique en toc, qui lui permet de fouler gaillardement  ce qu’il a adoré hier, de cracher dans la soupe après s’en être gavé. Son CV parle pour lui et est éloquent. Macron, un « marginal » ? De qui se moque-t-on. D’original il n’a pour lui que le fait d’avoir épousé une jeunette de vingt de  plus que lui. Mais passons. Pour le reste, il a le profil « académique » bien dans le droit fil de tout politicien contemporain en France. Sorti du prestigieux lycée Henri IV à Paris, il poursuit par une classe préparatoire hypokhâgne-khâgne dans le même établissement, puis un DEA de philosophie à Paris-X. Après deux ans passés à Sciences Po, il obtient le concours de l'ENA en 2002, dont il sortira inspecteur des finances. Tiens, comme qui déjà ? Un certain François … Hollande ! Son parcours ensuite, on le connait : Inspection des Finances, banquier associé chez Rothschild, Secrétaire  Général adjoint de l’Elysée puis Ministre des Finances. Il n’y a que  les gogos qui mordront à l’hameçon du candidat « anti-système » alors qu’il en est un produit les plus réussis, celui de la formation et du recrutement des élites !

Le « Lecanuet » du pauvre.

Avec son sourire permanent, il fait penser à Jean Lecanuet quand il avait été candidat contre le Général De Gaulle : on l’avait surnommé « Dents blanches » à l’époque. Même stature aussi.  Sauf que Lecanuet était l’héritier d’une famille politique solide et bien ancrée, le MRP, et pouvait s’appuyer sur un fonds de commerce électoral autrement plus structuré que le petit monde macronmaniaque. Aussi on attendait avec impatience, et même curiosité, le fameux projet, fruit de  la  collecte  en porte-à-porte d’En Marche. Le moins qu’on puisse dire c’est que ce qui est  dévoilé  pour l’instant n’est pas de nature à chambouler la planète électorale. Il s’attaque aux  tabous  de la gauche avec les 35 Heures qu’il veut assouplir en fonction de  l’âge du capitaine, et une modulation de  l’âge de départ en retraite selon les  individus et les situations. Sous Giscard, on appelait ça la « retraite à la carte ». Il plaide pour un assouplissement du Code du Travail et l’adaptation des allocations chômage à la situation économique… C’est réinventer l’eau chaude et le fil à couper le beurre ! Un vrai libéral (de gôche) après avoir été le complice de l’assommoir fiscal.

La démocratie des crédules.

Il est important que Macron se déclare le premier. Enfin avant Hollande et  aussi précéder la désignation du candidat de la droite et du centre. Jeu politicien pour tenter de dissuader des électeurs du centre-gauche, déçus du hollandisme, de participer à la  primaire. Encore que je ne pense pas  qu’il soit en mesure de faire de l’ombre à un Juppé. On constatera surtout que sa pratique  politique n’a rien d’innovante et utilise toutes les vieilles ficelles politiciennes. S’il s’agit de se différencier par les  gadgets, on a ça aussi dans le magasin à droite avec NKM. Mais on n’empêchera pas les constructions médiatiques qui ont été pour beaucoup dans la « Macronite » :  c’est un milieu qui adore tout ce qui crache dans la soupe.Par sa démarche dite « participative », on pourrait dire que Macron pratique un populisme mondain. Mondain, parce qu’il faut savoir d’où vient l’argent et parce qu'il peut plaire à une certaine bourgeoisie "jamais contente". Alors il y aura toujours des crédules pour y voir de la nouveauté, notamment avec les réseaux sociaux et tout ce qui y circule en informations, surtout fausses. Une force coordonnée ou non qui se nourrit de tout et principalement des frustrations comme la démocratie sait en créer, de raisonnements captieux auxquels la dérégulation du marché de l’information et une armée d’idiots utiles assurent la diffusion. Je préfère penser qu’il existe encore des femmes et des hommes qui choisissent la raison contre cette forme d’obscurantisme qui désormais fait plus que nous menacer. A chacun son rôle : aux élites de phosphorer, au peuple de choisir. Pas l’inverse.

 


LA DROITE RASSURANTE ET LA GAUCHE INQUIETANTE

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L’héritage d’un quinquennat pour rien.

Plus le temps passe, plus les raisons d’être inquiets s’accumulent. Et  encore, sans tenir compte de l’évolution de la conjoncture internationale très volatile et qui peut devenir beaucoup moins favorable d’ici six mois. Ce qui inquiète, c’est la dégradation continue de nos comptes publics, sciemment organisée par un pouvoir qui fait fi de toutes les alertes, qu’elles viennent de la Cour des Comptes ou du Haut Comité des Finances Publiques. Pas une semaine ne se passe sans un nouveau chèque sans provision. Tout le monde y est passé : fonctionnaires, petits retraités, étudiants, intermittents, … 1 milliard par-ci, 300 millions par-là ! Si on y ajoute les acrobaties financières du budget 2017 avec ses économies imaginaires, ses rentrées surévaluées et ses dépenses minorées, l’addition devient vertigineuse. Encore faut-il évoquer tous les « fonds » que le gouvernement assèche systématiquement et qu’il faudra reprovisionner : il y en a déjà pour près de200 millions d’euros. Quelques exemples : 25 millions sur l’établissement public de sécurité ferroviaire, 70 millions sur le fonds de prévention des risques naturels majeurs, 50 millions sur la caisse de garantie du logement locatif … Bref, on racle tous les fonds de tiroirs pour alimenter une dépense insasiable.

Comme il va manquer autour de 0,5 point de croissance, c’est encore 4 milliards d’euros qui manqueront à l’appel. Au bilan, toutes les décisions prises ces derniers mois représentent plus de 11 milliards d’euros de dépenses supplémentaires plus ou moins financées au budget 2017, 13 milliards d’euros pour le 2018 et pèseront encore pour 9,5 milliards d’euros en 2019. De quoi lester sévèrement le début du prochain quinquennat. Dans ces conditions, jamais la France ne parviendra à réduire son déficit en-dessous des 3% du PIB, ni en 2017, ni en 2018. Notre sous-président peut bien faire le fanfaron et proclamer qu’il a redressé le pays, les Français l’ont déjà destitué dans les faits, avec 3 ou 4% de bonnes opinions. Difficile de faire pire ! En attendant, on se demande bien ce que fera le vainqueur de la présidentielle une fois élu avec untel boulet financier aux pieds, déficit public colossal et dette faramineuse.

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Une droite rassurante.

Le principal enseignement du débat de jeudi dernier est que personne, en définitive, n’a perdu le contrôle de ses nerfs et que même les assauts désagréables n’ont pas nui à la bonne tenue de l’échange. Ce qui n’est pas un fait sans importance si on veut tenir compte des sept caractères très différents. Nicolas Sarkozy, en particulier, a réussi à rester digne pendant toute la soirée, ce qui montre que non seulement il a mûri, mais est capable de descendre dans l’arène démocratique et d’en jouer le jeu, ce qui n’est pas évident quand on a été président de la République. Alain Juppé, égal à lui-même, a continué à tenir un discours toujours aussi transparent et honnête. Nathalie Kosciusko-Morizet a éclairé le débat de quelques réflexions assez drôles. Jean-François Copé, qui n’a plus rien à perdre, a choisi l’humour, et même le lapsus comique. Quant à François Fillon, on doit toujours garder à l’esprit que son programme est le plus complet et le plus abouti. Il n’est pas du genre à fendre l’armure, mais il donne une bonne impression de solidité. Dans les sondages, il est passé devant Bruno Le Maire, qui était censé changer la donne par sa jeunesse et sa personnalité, mais il n’arrive pas à décoller.

Evidemment, on ne peut pas prédire avec certitude que le troisième débat ne provoquera pas une mêlée générale, quand ceux qui savent qu’ils n’ont pas une chance d’être désignés joueront leur va-tout. Cela a peu de chance d’arriver. On sait déjà que la primaire rassemblera entre 2,5 et 3 millions d’électeurs. C’est pourquoi il était indispensable qu’Alain Juppé s’explique sur la nature du soutien de François Bayrou. En effet, le point chaud se situe bien là : il ne fallait pas donner à Nicolas Sarkozy un prétexte valable pour qu’il conteste le résultat du scrutin. Sa promesse de soutenir Alain Juppé s’il est désigné montre qu’il est dans un état d’esprit responsable, qui n’est pas surprenant de sa part. On se souvient de la dignité et de l’élégance de son départ de l’Elysée en 2012. Non seulement l’alternance est au bout du chemin, mais elle peut désormais se produire dans un climat apaisé. Et ça n’est pas rien !

L’heureux élu de 2017 aura-t-il la tentation de considérer qu’un peu de déficit supplémentaire ne serait pas bien grave que ce serait une grave erreur. Les baisses d’impôts et de charges sont nécessaires et il faudra inévitablement engager des dépenses nouvelles : pour les financer sans provoquer la catastrophe financière, il faudra d’autant plus de réformes et d’économies.  Et si l’on veut qu’il n’y ait pas une nouvelle fois de déception des Français, il vaudra mieux annoncer la couleur, faire peu de promesses et ne garder que celles susceptibles d’être tenues.

Le « moins disant » dans la primaire n’est pas forcément le plus mauvais candidat !

 


RETOUR SUR LE 2ème GRAND DEBAT

Débat primaire 2

 

C’était plus animé, mais au détriment du fond.

Ainsi le temps imparti à l’éducation a été sérieusement escamoté.  Dommage, c’était un sujet central.  On a passé beaucoup trop de  temps sur le cas « Bayrou ». A ce sujet, on peut dire que Nicolas Sarkozy a réussi son coup, mais sans déstabiliser Alain Juppé. Les esprits chagrins ne retiendront que les chamailleries, les optimistes les nombreux points d’accord entre les candidats. 

Mon avis (qui n’engage que moi) :

L’émission a été globalement réussie, assez  bien animée, sauf peut-être le passage avec Michael Darmon, plus confus. On a passé  trop de temps à revenir sur le quinquennat de Sarkozy, mais c’est la faute de trois candidats. Le  bilan : deux candidats ont survolé la soirée et sont au-dessus du lot, Alain Juppé et François Fillon. L’ancien président, Nicolas Sarkozy, ne démérite pas par sa connaissance parfaite des dossiers et tire son épingle du jeu sous le tir croisé dont il a fait l’objet.

Le cas par cas :

Alain Juppé : il brille déjà par son élégance, vestimentaire et intellectuelle. Il est clair et évite habilement les flèches qui lui sont adressées sans jamais se départir de sa sérénité. Le procès en mollesse fait chou blanc et il montre ses muscles quand il faut. Un exercice parfaitement maitrisé, donc. Il y a peu de chance que son statut de leader soit remis en cause par ce débat.

François Fillon : toujours aussi précis et documenté, en restant concis. Campe sur son gaullisme de « rassemblement » ce qui lui évite de tomber dans les questions pièges. Avec son anaphore finale, (est-ce de l’humour anglais ?), il a pris un risque : celui de faire résonner le  « moi, président » de sinistre mémoire. Néanmoins, il devrait marquer des points sur le cœur de cible à droite. Il améliore son statut de "présidentiable".

Bruno Le Maire : à l’aise, c’est  l’un des animateurs de la soirée avec son verbe soigné. Son ton incisif met finalement en valeur Nicolas Sarkozy qu’il met en cause trop souvent, directement ou indirectement. A l’écouter, on regrette qu’il n’ait pas été aux manettes au moment de la crise de 2008 ! Trop facile. Toujours pas convaincant sur les mérites de la baisse des impôts qu’il promet.

NKM : elle était en forme ! Visiblement elle a un compte à régler avec Nicolas Sarkozy : elle n’a pas digéré son éviction et le « Grenelle de l’environnement » reste son « grand œuvre ». Sauf qu’on n’est  pas là pour dézinguer le voisin mais présenter son projet, ce qu’elle fait superficiellement. Elle marque sa différence, c’est tout !

Nicolas Sarkozy : c’est quand on l’attaque qu’il est le meilleur ! Du coup il ne peut pas vraiment développer ses propositions. Un peu étouffé par les morsures dont il fait l’objet pendant le débat , elles renforceront son statut plus qu’elles ne l’affaibliront auprès de son électorat. Sa stature d’Homme d’Etat transparait à plusieurs reprises, sur les  migrants,sur les relations internationales. Il réussit à démontrer que Bayrou ne peut pas avoir un pied dedans et un pied dehors. Calme, et plus détendu qu’au premier débat, il s’en sort bien. Aura certainement marqué des points.

Jean-Frédéric Poisson : il reste l’opni de la soirée. S’il fallait lui donner une palme, ce serait celle du plus « décalé ». On retient qu’être « chrétien démocrate »,  c’est être très à droite et anti-européen. Quelques réflexions frappées au coin du bon sens ne font pas un « président ».

Jean-François Copé : de loin le plus agressif de la soirée, notamment à l’égard de l’ancien président.  Donneur de leçon, il devient vite fatiguant.  Chaque fois qu’un mot commence par « a », on se demande s’il va le sortir. C’est moi, moi et moi… ça se soigne !

La primaire de la droite et du centre commence à tourner en rond.

On se demande à quoi pourra servir le troisième débat. On sait déjà tout ce qu’on doit savoir sur les candidats amenés à se répéter. Le nombre reste un handicap parce qu’il ne permet pas l’approfondissement des réponses.  Il faudra attendre celui de l’entre-deux tours ? Finalement, en dehors des règlements de compte qui font le bonheur de quelques-uns, la confrontation ne sert pas à grand-chose. Je n’y vois qu’un seul mérite : l’excellent niveau de tous par rapport à ce qu’on observe à gauche. La relève est manifestement de ce côté-là.  Pour 2017 avec certitude et on a même de la réserve pour 2022 …

 


PRIMAIRE DE LA DROITE … (suite)

Primaire à droite

 

Le bloc-notes continuera de ne pas prendre parti pour être pleinement disponible quand le candidat sera désigné. Cela n’empêche pas les analyses et de faire part de sentiments,  remarques et commentaires à propos des candidats. Avec un principe : éviter de dire du mal et essayer de faire ressortir le positif… quand c’est  possible.

Voici une photo intéressante à connaître pour le débat sur BFMTV  (origine : L’Opinion)

Selon la dernière enquête Elabe-l’Opinion-BFMTV, François Fillon gagne 4 points et serait à 15 % au premier tour. Bruno Le Maire reste stable, à 11%. Au second tour, le maire de Bordeaux battrait l’ex-chef de l’Etat avec 61 % des suffrages contre 39 %.

A dix-sept jours du premier tour de la primaire de la droite et centre, Alain Juppé continue à faire solidement la course en tête. Selon le dernier sondage de l’institut Elabe réalisé pour l’Opinion et BFMTV du 18 octobre au 2 novembre (soit après le premier débat télévisé le 13 octobre sur TF1), le maire de Bordeaux récolterait 39 % des voix. Stable par rapport à la précédente enquête (qui avait été effectuée du 20 septembre au 12 octobre), il creuserait même son avance sur Nicolas Sarkozy. Celui-ci obtiendrait 27 % des suffrages et serait en baisse de 5 %. Il resterait néanmoins en tête auprès des seuls sympathisants Les Républicains avec 37 % (contre 32 % à Alain Juppé).

Le principal gagnant de ce sondage est François Fillon. L’ex-Premier ministre progresserait de 4 points, avec 15 % des intentions de vote. C’est la première fois dans une enquête Elabe qu’il se retrouve à un tel niveau et occupe la troisième place devant Bruno Le Maire, qui serait, lui, stable à 11 %. « Les deux tiers de l’enquête ont été réalisés le week-end dernier et c’est là qu’un transfert de l’électorat de Nicolas Sarkozy vers François Fillon s’est fait », révèle Bernard Sananès. Il progresse ainsi de sept points au sein des sympathisants LR.

« Cette progression s’est faite après son passage à L’Emission politique de France 2, poursuit le président de Elabe. Mais elle soulève aussi une interrogation : la stratégie d’attaque du centre choisie par Nicolas Sarkozy fonctionne-t-elle ? Même si en masse le nombre d’électeurs LR se disant certains d’aller voter à la primaire et celui de l’UDI est différent, en pourcentage, il est le même : 18 %. Ce n’est pas énorme pour LR. Là où la stratégie de Nicolas Sarkozy bloque, c’est qu’il n’arrive pas à mobiliser ses principaux électeurs : il n’y a pas de surmobilisation des LR et du côté des électeurs du FN, la mobilisation n’est pas très élevée. 6 % de ses sympathisants se déclarent certains d’y participer. »

Voilà qui conforte le ressenti que je manifestais dans mon article d’hier. 

Ci-dessous, la grille d’évaluation pour ceux qui veulent s’y essayer (copier et imprimer, c'est possible avec un clic gauche pour sélectionner et un clic droit "copier  l'image").

Bon débat !

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CHRONIQUE DE LA PRIMAIRE…

Primaire à droite

 

A quoi va servir la primaire de la droite et du centre ?

Pour l’instant elle n’a été qu’un jeu de rôle  avec quelques variantes programmatiques dont on a dit qu’elles étaient plutôt rassurantes pour l’électorat appelé à se prononcer. On aimerait pourtant que le débat aille un peu plus loin et quitte à désigner un leader, puisque c’est le but, voire même  le  prochain Président, autant en profiter pour que chacun des candidats nous dévoile l’horizon positif et les perspectives collectives qu’il compte proposer au pays, en ne se limitant pas aux traditionnels sujets techniques de la baisse des dépenses publiques et autres préoccupations certes légitimes mais auxquelles il faut donner du sens. Car, au-delà de l’élection présidentielle, on sait qu’il faudra affronter la résistance au changement d’une grande partie de la société, qui puise son origine dans la hantise du déclin individuel. Peu nous importe les critiques que les uns ou les autres peuvent faire sur la stratégie suivie par tel ou tel pour capter les voix. Elles peuvent alimenter la querelle, elles ne nous apportent pas de réponses sur l’essentiel. Puisque cette primaire a été l’occasion d’un important effort programmatique, qu’ils (ou elle)  nous en fassent profiter plus largement.

Je ne comprends plus Sarkozy.

Sa campagne s’est focalisée cette semaine sur le soutien que Bayrou apporte à Juppé. Faut-il  y accorder autant d’importance ? C’est faire beaucoup d’honneur au patron du Modem et lui accorder un poids électoral qu’il n’a plus. Je ne comprends plus Nicolas Sarkozy qui manifeste à l’égard de Bayrou la même obsession que Hollande à son égard. Voilà un débat bien inutile. Il est aussi  inopportun.  Au lieu de faire une fixation sur celui qui a  appelé  à voter Hollande et lui donner l’occasion d’exister, Nicolas Sarkozy aurait mieux fait de se montrer magnanime et de passer l’éponge. Il aurait ainsi montré sa capacité à prendre de la hauteur, celle qui convient à l’ancien chef de l’Etat qu’il est, au lieu de se livrer à un règlement de compte qui fait revanchard et le dessert. La droite a toujours autant d’intérêt à être l’alliée du ou des centres, sans qui elle ne peut gagner. Cette croisade a aussi un autre inconvénient,  elle  pourrit la campagne et elle hystérise ses partisans qui pourraient manquer de lucidité si leur héros était battu, pour ensuite refuser de soutenir le vainqueur, ce qui est essentiel ! Il y a des candidats  marginaux qui spéculent sur ce type de comportement. Il y a une donnée de fond que l’ancien président a refusé de voir depuis qu’il est revenu aux affaires, et cela m’étonne de sa part. Tant qu’il y aura une large majorité  de  Français qui ne veut pas de lui à nouveau comme président, ses chances d’y parvenir seront limitées voir nulles. Force est de constater qu’il n’a rien fait qui soit susceptible d’atténuer ce rejet. Au contraire, en pratiquant sa stratégie préférée, celle du clivage à droite, il l’a légitimé aux yeux de ceux qui l’avaient en tête. Il fait donc une mauvaise campagne, comme l’affirme  Jean d’Ormesson, car elle met au second plan les immenses qualités qu’il a montrées à la tête du pays au moment de la crise de 2008 et dont on aurait certainement besoin au cours des cinq ans qui viennent. A moins d’une surprise, Sa défaite est donc envisageable. Mieux vaut s’y préparer !

Fillon à "l’émission politique".

Cette émission est toujours aussi décevante.  Et ce n’est pas la faute de l’invité qui a été  à la hauteur. Mais on l’a confronté  à des interlocuteurs qui ne servent  pas à éclairer le débat.  C’est du folklore, tout au plus. J’ai trouvé aussi la présentation économique de  François Langlet plutôt vicieuse avec des présupposés discutables. Quant  à François Fillon, il est apparu carré et ferme dans ses convictions. Espérons que la franchise paiera, ce qui n’est pas certain dans ce monde de faux derches.  Un parcours sans faute, au cours duquel on n’apprend rien de plus qu’on ne sache déjà, le candidat  étant amené à donner les mêmes réponses aux mêmes questions.  Un bon point  pour sa répartie finale sur l’inopportune Vanhoenacker. La Salamé en était pâle de rage !

Deux choses qui m’agacent chez Le Maire

Bravo  à Bruno Le Maire  pour le tonus de sa campagne.  Il y croit. Il  faut bien, parce qu’il y en a tant qui n‘y croient pas pour lui. Je voudrais lui dire qu’il n’aura pas ma  voix tant qu’il continuera à renvoyer la droite et la gauche du même revers de main.  Non, la droite n’a pas « rien fait » quand elle  était au pouvoir.  Sous Raffarin La  France s’est désendettée et on a fait la réforme des retraites, entre autres. Sous Sarkozy, avec  François Fillon, malgré la crise aigüe de 2008, l’oeuvre de réformes a été intense et immense. La place manque ici pour les rappeler. D’autre part, je suis convaincu, comme Christian Saint-Etienne, que baisser la CSG de 2 points, est une grave erreur qui montre pour le moins une méconnaissance des rouages économiques du pays. La priorité n’est pas de redonner du pouvoir d’achat immédiatement.

Juppé n’a pas l’air…

Mais il connait la musique. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il poursuit sa campagne habilement. Son statut de leader vient de là et non pas des sondages qui ne sont que la conséquence. Il s’est permis deux épisodes cette semaine qui ont fait jaser : une visite dans le 92, ancien fief sarkozyste s’il en fut, et en PACA avec un meeting  à Toulon, accueilli par la  figure emblématique locale, Hubert  Falco. Il fait l’objet d’un « joli » renfort en cette Toussaint , celui de Valérie Pécresse : ça n’est pas rien !

Du mauvais Poisson.

Les sorties du candidat Chrétien démocrate sont parfois surprenantes. Leur teneur est même décevante, quand il dit qu’il n’est pas certain de soutenir le candidat qui sortira de la primaire. Curieux, pour le moins. 

Copé et son pain au chocolat en boomerang.

L’occasion d’une belle partie de rigolade.  Quand on ne mange pas de pain au chocolat, on n’est pas obligé d’en connaître le prix. Il vaut mieux dire qu’on ne sait pas que de sortir des fadaises. Il aurait pu au moins s’y attendre et prendre ses précautions… C’est là qu’on voit que le débat  vole vraiment bas.

NKM  en demi-teinte.

Fait-elle campagne seulement ?

Les Français ont le sentiment que le choix du prochain président de la République se joue maintenant, lors de la primaire de la droite. En effet, la gauche n’a pas de candidat qui paraisse en mesure de figurer au second tour. Il n’est donc pas surprenant que la procédure censée ne concerner que les sympathisants de droite intéresse les électeurs au-delà. Car la tragédie du vide à gauche incite  à faire le tri dans le trop plein de la droite. Une situation que l’on n’a encore jamais connue jusqu’à présent sous la Vème République. Ce paramètre n’a pas été pris en compte probablement quand nos chères grosses têtes ont décidé de faire une primaire  « ouverte » !

Rendez-vous devant le prochain débat, jeudi.

 


PETIT POINT SUR LA PRIMAIRE…

Primaire à droite

 

Ma  lettre au Père Noël.

« Nicolas, Alain et François, Nathalie et le Jean-François … » sur un air connu (dans la chanson, ce sont des prénoms féminins).

Je suis très tenté de voter Sarfiju ! Ben oui, le programme qui me conviendrait totalement est  un  mélange : une part de celui de Sarkozy, un gros morceau de celui de Fillon arrosé d’un bon coup de Juppé ! On pourrait mettre quelques miettes de celui de Copé ou de NKM, qui ont aussi quelques bonnes idées.

Alors j’attends quoi ?

Quelques propositions essentielles me tiennent à cœur :

La sortie du revenu imposable de la prime de  10% accordée pour avoir élevé trois enfants.

Le rétablissement de la franchise pour les  droits de succession au niveau où elle était avant 2012.

La revalorisation des retraites dès que possible.

Le rétablissement  du principe d’universalité pour les allocations familiales.

Le rétablissement du quotient familial à son niveau d’avant 2012.

La réécriture de la loi Taubira pour empêcher l’adoption plénière et la PMA pour les couples homosexuels et l’interdiction de la GPA.

La suppression de l’impôt  à la source qui est une arnaque pour le contribuable et une contrainte administrative supplémentaire pour l’entreprise.

L’engagement que l’impôt sur le revenu ne sera pas fusionné avec la CSG.

Le paquet sur les jeunes :  apprentissage mais aussi rassembler toutes les aides, structures, dispositifs sous un seul et même toit, un "Service d'accompagnement vers l'emploi et l'intégration sociale", avec comme cible les 16-25 ans et comme objectif : aucun jeune sans solution  !

Je suis d’accord  pour une hausse de au moins  2 points de la TVA  à  20%, voire même 3, si en même temps on redescend le  taux de 10%  à 7% pour favoriser l’artisanat. Je ne comprends  pas que personne n’y ait pensé !  Ce double mouvement aurait pour avantage de diminuer les charges des entreprises en transférant les prélèvements de la politique familiale sur l’impôt, en faisant participer les importations au financement de notre protection sociale, et la baisse de la TVA « interne », de lutter contre le travail noir ou gris.

L’interdiction des signes religieux dans tous les établissements  publics.

L’interdiction des associations à caractère subversif et mettant les lois de la République au-dessous de leurs croyances type Salafistes, Frères musulmans. 

Poursuite systématique de toute personne en intelligence avec « l’ennemi » puisque nous sommes en guerre contre l’islamisme radical.

Un discours clair sur l’engagement européen de la France.

Je me fiche pas mal que Copé se soit planté sur le prix du pain au chocolat (encore que vendu par paquets de dix en grandes surfaces, on n’est pas loin des quinze centimes l’unité). Je ne suis pas d’accord avec NKM pour que les mosquées soient financées par une taxe "hallal" parce qu’on mange souvent de la viande hallal sans le savoir. Je trouve que Nicolas Sarkozy en rajoute trop sur les attaques contre le centre avec lequel il ferait mieux de se réconcilier et il ne gagnera plus rien sur  le Front National dont une partie de l’électorat vient du PC et de l’extrême gauche. François Fillon fait des progrès et Bruno me fatigue toujours autant.  Peut-être parce que trop vieux pour comprendre ou parce que je sais que l’expérience, au plus haut niveau, ça compte. Et qu’on arrête de taxer Alain Juppé d’être de gauche ou de mollesse, c’est stupide.

Voilà pour aujourd’hui.

J’attends le prochain débat avec impatience.

 


J'AI REGARDE LE GRAND DEBAT

Débat de la primaire

 Cette analyse n'engage que moi.

 

En bref.

Un réel succès : près de 6 millions de téléspectateurs !

Deux constats : la droite est en forme  /  six contre un

 

Etalonnage :

Le Maire : le plus « théâtral ». On comprend vite que le « renouveau » est plus dans la façade qu’arbore le personnage que dans son programme très « droite classique ». Le renouveau de Bruno : du pipeau ?

Juppé : la plus belle conclusion. Le physique affiche les heures de vol, mais il le reconnait avec humour. Le maire de Bordeaux montre sa maîtrise et affirme son profil d’homme d’Etat.

NKM : la plus originale. Ses propositions décapantes suivent une logique très cohérente.  C’est elle  qui apporte le plus de fraîcheur dans le débat avec des propositions vraiment novatrices.

Sarkozy : le plus tendu. Il avait tiré la meilleure place. Sous les feux croisés de ses concurrents, il s’en est plutôt bien tiré. Toujours incisif avec le sens de la formule qui fait mouche. Mais ça devait bouillir à l’intérieur !

Copé : le plus bateleur. Beaucoup de faconde pour un discours qui ne s’est pas renouvelé depuis le  « pain au chocolat ». Brillant mais trop agressif.

Poisson : le plus déroutant. Ses réponses sont souvent basiques et pleines de bon sens, au risque de passer à côté des vrais problèmes. Un opni ?

Fillon : le plus précis. Il a été desservi par l’ordre du questionnement. Clair, fouillé, cohérent, il intervient avec calme, efficience et même une certaine élégance. Il entame une remontée justifiée parmi les adhérents et sympathisants de la droite.

 

Conclusion :

Les programmes : une grande convergence, des différences sur le détail.  Rassurant.

Les personnalités : trois ont une carrure vraiment présidentielle, Sarkozy, Juppé, Fillon.

Un premier débat réussi mais le nombre des candidats rend difficile la sélection par les argumentations avancées en raison du caractère expéditif demandé aux réponses (1 mn). De plus l’ordre du questionnement peut influer sur le jugement. Ainsi Sarkozy s’est souvent senti obligé de réagir au détriment de ses propres propositions.

Les sondages après émission : ils donnent logiquement Juppé vainqueur, suivi de Sarkozy.  On est déçu du score de Fillon (11 à 13%).  En fait chacun des téléspectateurs est resté sur son choix, aucun des candidats n’ayant vraiment démérité.

 

Jusque-là, tout va bien !

Prochain rendez-vous sur BFMTV. On espère une formule moins verrouillée.

 


LE LOURD DEFI DU FUTUR QUINQUENNAT

Budget 2017

 

Relever la France, c’est ce qu’auront en tête tous les candidats qui se confronteront ce soir sur le plateau de TF1. Et le défi n’est pas mince compte tenu de l’état du pays laissé par cinq ans de gestion à la godille où l’amateurisme l’a disputé à l’incompétence.

Il faudra faire d’abord avec les factures impayées.

On le sait, il y en a pour 12 à 13 milliards (CICE, augmentations des fonctionnaires, etc…) reportées volontairement sur 2018 pour pouvoir présenter un budget 2017 à peu près convenable (en apparence). Il faut y ajouter les aléas d’Areva et d’EDF qu’il faut recapitaliser : 5 milliards. Sans oublier les TGV commandés à Alstom (500 millions) et ce que le gouvernement vient de lâcher aux associations (600 millions).  Et encore faudra-t-il  ajouter les 2 milliards que l’Etat devra rembourser depuis que la loi sur les dividendes a été retoquée. On dépasse déjà les 20 milliards dans la corbeille du nouveau président. Bienvenue !

Il faudra faire avec la lourde facture fiscale.

Le « ras-le-bol » fiscal perdure et à juste titre. Si le « grand soir fiscal » promis pendant la campagne de 2012 n’a  pas eu lieu, l’empilement des mesures a  transformé en profondeur notre fiscalité. Heureusement le projet de fusion IR et CSG a été abandonné, car les classes moyennes qui morflent déjà auraient été encore en première ligne.  Heureusement la taxe à 75% sur les hauts revenus a été liquidée… quand le mal était fait. Mais les mesures se sont accumulées pour compenser. Sans entrer dans le détail, ce qui serait fastidieux, les  prélèvements obligatoires sur les ménages sont passés de 24,18% en 2012 à 25,45% en 2015. Dans le même temps, et grâce au CICE, les entreprises ont vu leurs prélèvements diminuer après avoir augmenté : de 18,96 % à 19,34% puis 18,60 % en 2015. Le transfert de prélèvement s’est fait des entreprises vers les ménages. Tout cela est à apprécier dans un contexte fiscal qui reste globalement en hausse et très inéquitable pour les ménages puisque des efforts d’allègement ont surtout porté sur les premières tranches de revenu par une défiscalisation. Si l’on inclut les impôts locaux, la pression fiscale sur les ménages a augmenté significativement. En même temps les niches fiscales ont été plafonnées et les placements sur les actions et le capital sévèrement imposés. La meilleure mesure reste celle des prélèvements obligatoires : ils sont passés de 43,8% en 2012 à 44,7% en 2015 pour retomber légèrement à 44,5% en 2016 et en 2017.En un mot : les hausses d’impôt ont pénalisé fortement les classes moyennes depuis 2012, d’autant plus que quantité de décisions parallèles concernant les allocations familiales, la majoration de retraite pour famille nombreuse et les emplois à domicile ont apporté leur lot de charges supplémentaires. Les attentes de ces classes moyennes sont énormes !

Il faudra faire avec la confrontation sociale.

La loi El Khomry est un indicateur qu’’il ne faut pas négliger. Certes, la résistance qui s’est manifestée reposait sur un sentiment de trahison.  Mais la capacité de nuisance de certains partenaires sociaux ne doit pas être sous-estimée, d’autant plus que peuvent s’agréger à eux les contestataires de tout poil qui pratiquent volontiers la violence. Il faudra donc s’attendre à des conflits dans la rue bien que tout ait été dit avant. Et les projets qui susciteront leur opposition sont multiples : fin des 35 heures, contre-choc fiscal, coupes dans les dépenses, diminution du nombre des fonctionnaires, sans parler du casus belli des seuils sociaux et du code du travail… Inutile de dire que la gauche en profitera pour se reconstruire dans l’opposition, ce qu’elle sait faire le mieux. Et je n’ai pas évoqué la fin des régimes spéciaux, la  baisse des allocations chômage, la fin de l’ISF …

Il faudra faire aussi avec la conjoncture européenne et mondiale.

Le principal ressort sur lequel compte tous les candidats de la droite c’est la croissance. Tous pensent qu’il suffira de libérer les entreprises et d’alléger leurs charges pour retrouver un rythme de 2% l'an. C’est d’ailleurs la condition nécessaire pour pouvoir réduire les impôts, augmenter les recettes et diminuer le déficit. Encore faut-il qu’elle soit au rendez-vous  ! Le potentiel de croissance de la France se situe actuellement autour de 1% sur le temps long, en raison de la dégradation de son tissu économique et de sa faiblesse technologique, comme le manque de robots par exemple,  ou de sa main d’œuvre (manque de compétences), mais aussi de son vieillissement. Cette difficulté pourrait être aggravée par l’atonie de l’économie mondiale, une conjoncture planétaire qui promet de durer longtemps. Et il y a les taux d’intérêt sur les emprunts qui voient poindre une remontée, et qui exerceront une pression supplémentaire sur des marges de manœuvre déjà très étroites. La droite risque de prendre le pouvoir avec des mesures qui arrivent à contretemps. On voit bien ce qu’elle aurait pu faire avec « l’alignement des planètes ».  On voit aussi ce que l’on peut craindre d’un retournement de contexte : taux d’intérêts élevés et pétrole cher accompagnant une récession mondiale. En politique comme en tout, le temps perdu ne se rattrape jamais.

C’est pourquoi je plaide pour la modestie des promesses, afin qu’on ne vienne pas dire encore qu’elles ne sont pas tenues, parce que rendues impossibles par la conjoncture. Il faudra faire faire un état des lieux par la Cour des Comptes pour que tout soit sur la table. Et il faudra ensuite beaucoup d’imagination à nos gouvernants pour passer entre les écueils.

 


POUR FAIRE LE TRI…

Primaire à droite

 

Le grand débat.

Jeudi soir aura lieu le grand débat  entre les sept mercenaires (oups !) je voulais dire … candidats de la  primaire de la droite et du centre. Compliqué de s’y retrouver dans leurs multiples propositions entre les baisses d’impôts, les mesures d’économie et les dispositifs de relance… ! Ce qui change avec une élection primaire ouverte, c’est qu’elle fait de l’électeur « un stratège » qui peut peser dans le choix. Je m’explique : autrefois, le candidat était désigné par un cénacle plus ou moins large de militants et d’adhérents. Cela laissait peu de prise aux citoyens non encartés qui devaient se contenter de celui (il n’y a jamais eu de femme jusqu’à maintenant) qui était proposé. Cette fois-ci, non seulement il y a le choix, mais tout le monde peut y participer, les conditions exigées étant on ne peut plus symboliques (2 € et une signature). En principe c’est l’électorat de la droite et du centre qui est appelé à voter, sans qu’on puisse en cerner exactement les contours. 

Il y aura donc quatre tours ce qui permet beaucoup de scénarios, selon le bord auquel on appartient ou la sensibilité qui nous habite.

Personnalité ou projet ?

En effet, chacun des candidats peut nous plaire en fonction de deux types de critères : la personnalité d’une part, le projet d’autre part.  Pour la  personnalité, cela relève de l’appréciation plus ou moins subjective de chacun. Influer sur ce ressenti personnel est compliqué.  Par contre, le  choix du projet peut relever plus de la raison que de la passion. Il vaudrait mieux, évidemment. La principale préoccupation des Français, devant toutes les autres, c’est la baisse du chômage.  C’est donc l’économie qui doit primer. Je vous propose donc d’apprécier le programme de chacun d’entre eux ou elle, à la lumière des constats et de l’analyse d’un économiste peu suspect de sympathies pour la gauche : Christian Saint-Etienne, et en utilisant la grille d’évaluation que je vous redonne ci-dessous. Pendant le débat, même si votre choix est déjà fixé, essayez l’évaluation, par curiosité.  Par contre si vous peinez devant l’embarras du choix, alors c’est le moment de vous déterminer rationnellement.

Le constat économique.

On le connait : la dette publique est à 98% du PIB, la croissance reste atone, et la politique menée n’a pas permis à la France de profiter de la chance historique de la triple baisse du pétrole, des taux d’intérêt et de l’euro. Le choc fiscal de 60 milliards d’euros n’a pas vraiment réduit le déficit et a détourné les investisseurs de l’hexagone. Le déficit est un bloqueur de croissance. Il faut y ajouter la fiscalité sur le capital, les multiples rigidités du marché du travail et le niveau des indemnités de chômage.

Le chemin de la croissance.

La croissance repose sur trois pieds : l’investissement productif,  l’élévation des compétences des travailleurs, le renforcement de l’innovation. Une seul décision prise depuis 2008, sous Sarkozy, a été efficace : le crédit impôt recherche. Il faut donc s’interroger, avant tout, sur la situation actuelle de l’économie française avant d’envisager de baisser les impôts en même temps que les réformes structurelles absolument nécessaires pour réduire la dépense publique. Notre système productif est en berne et le déficit de la balance commerciale ne cesse d’augmenter.

Ce qu’il faudrait éviter de faire.

Il faut éviter d’augmenter le pouvoir d’achat dans un premier temps : tout gain se traduit par une augmentation de nos importations. Quand on donne 100 € de revenu supplémentaire, les Français consomment 70% de produits importés pour 30% d’hexagonaux. Ce qui veut dire que toute baisse d’impôts sur les ménages se traduit par une hausse massive des importations. A utiliser avec modération, donc. La pire mesure serait la baisse de la CSG qui est le seul impôt  intelligent que nous ayons avec la TVA. De même, il est illusoire de diminuer immédiatement les transferts sociaux (indemnités chômage, allocations diverses, santé), ce qui serait socialement explosif. Ce ne sera possible qu’avec le retour de la croissance, l’augmentation des revenus et la baisse du chômage.

Ce qu’il faudrait absolument faire.

Il faut réduire la dépense publique de 5 points de PIB en 5 ans. Parallèlement, il faut relancer l’investissement et l’emploi : instaurer un taux unique à 25-28% sur la fiscalité du capital et sur l’impôt sur les sociétés, diviser par deux les taux de l’ISF (ou le supprimer), réformer le contrat de travail et les seuils sociaux, réformer les retraites, réduire le nombre des fonctionnaires dans les ministères non régaliens. La proposition d’une allocation sociale unique qui remplacerait la prime d’activité et les différentes allocations (logement, handicapé, APA,RSA..) permettrait d’économiser 2 milliards d’euros de frais de gestion et 3 milliards d’euros de prestations. Il est nécessaire de remonter le quotient familial pour redonner confiance aux familles, d’augmenter les incitations à l’investissement en actions, d’accélérer la modernisation de notre appareil productif par un amortissement accéléré. Enfin pour tenir compte de l’ubérisation de l’économie, il faut transformer le RSI en protection sociale de tous les non salariés. Tout cela est compatible avec notre situation économique réelle.

A savoir 

Equilibrer nos finances publiques sans redresser notre économie est utopique. Et la « flexibilité » des comptes ne sera acceptable que si on engage les réformes structurelles toujours repoussées.

A vous de jouer

Transformez-vous en « électeur-stratège ». A vous de savoir si vous voulez continuer à vous déterminer en fonction du candidat qui a le plus de chance de faire gagner vos idées ou de faire perdre celui dont vous ne voulez surtout pas. Ou choisir le candidat qui a le programme le  mieux susceptible de redresser la France.

Cliquez sur le lien ci-dessous pour télécharger le tableau d'évaluation :

Téléchargement Tableau primaires 

 

 


JUPPE A-T-IL DEJA GAGNE ?

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Retour sur « l’émission  politique ».

Alain Juppé a expliqué jeudi soir dernier qu’il sentait « l’adhésion » et voyait « un peu de panique à bord » chez Nicolas Sarkozy. Avec une audience sensiblement supérieure à celle de son concurrent, il a fini le parcours sur un score relativement confortable de « convaincus » : 49% du panel IFOP au global et près des 2/3 des « Républicains » et sympathisants.  On mesure donc à cette occasion la durabilité du niveau d’adhésion à sa candidature qui ne s’est pas démentie depuis son passage, lui aussi réussi, à « Des Paroles et des Actes » il y a deux ans.

Pourtant il y aurait beaucoup de choses à dire sur le style de l’émission elle-même, qui se rapproche plus de la variété que de la production sérieuse comme il siérait au sujet, par la manière de faire des animateurs et le choix des intervenants face au candidat. Pour interroger Alain Juppé, France 2 avait choisi d'inviter quatre personnes un peu surprenantes et contestables. Car, au pays de Jean Tirole, inviter Jérôme Kerviel pour apostropher le candidat sur sa volonté de réformer la finance relève du gag. De même le choix du controversé Robert Ménard pour parler d'immigration est-il vraiment pertinent pour aborder un sujet aussi grave ? Quant à ressortir un survivant des grèves de 1995 qui ne savait trop quoi dire sans les suggestions soufflées par Pujadas, on touche vraiment le  fond de l’inconsistant. Le bouquet aura été le « youtubeur » imbu de ses milliers de « followers » qui se permet de juger d’un méprisant « vous êtes le moins pire » un Alain Juppé flegmatique et patient, pas si « déconnecté » que ça.  Qui est-il et quel bagage a-t-il pour se permettre cette « gratuité » ? Navrant ! Et même François Langlet, pourtant sérieux habituellement, n’a pas pu s’empêcher de sombrer dans l’égalitarisme et la haine du riche avec sa présentation discutable du résultat sur les ménages des baisses d’impôts proposées par Juppé. Restent les  animateurs : Léa Salamé reste fidèle à elle-même, superficielle et un brin impertinente, mais c’est l’air du temps qui veut ça. David Pujadas, toujours aussi « orienté » malgré les sourires, cherche toujours à faire le « buzz » en titillant son interlocuteur pour obtenir une réponse bien politicienne, au détriment du fond. On s’étonnera ensuite que l’émission ne batte pas des records médiatiques. On n’y apprend pas grand-chose et si on en décroche, c’est plus la faute de ceux qui l’animent que de l’invité.

Ce qu’on retient de l’émission.

Rien qu’on ne sache déjà ! Avec un constat : on découvre un Alain Juppé beaucoup plus naturel et moins stressé qu’à l’habitude. Il réussit même à faire rire la salle aux dépends de la « Salamé » qui apparemment ne s’en est pas remise. Comme quoi le « foutage de gueule » peut être mal vécu aussi par la gent médiatique. Certes, le personnage garde toujours une certaine distance que certains prendront pour de l’arrogance ou du mépris. On n’empêchera pas les idées toutes faites. Après tout, je préfère cette posture un peu raide qui transpire « l’homme d’Etat » que l’empathie jouée de beaucoup trop de politiciens. Alain Juppé pratique l’humour froid,  on s’en sera aperçu. Alors bien sûr, on en profitera pour évoquer cette fameuse phrase  prononcée dans une conversation avec FOG : « Je les emmerde ! ».  Chocking !  Facile de conclure ensuite sur le dédain manifesté par celui qui l’a dite. Mais il faut la resituer dans son contexte avant d’en faire le « buzz ».  FOG : « Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que vous êtes chiant ? » Réponse de Juppé : « Je les emmerde ! ». Mais de qui parlaient –ils ? Des journalistes, me  semble-t-il. Ce qui change tout. Mais  peu importe, qui que ce soit, cette réponse  reste  un détail qui ne mérite même pas qu’on s’arrête dessus, alors qu’il s’agit d’une boutade dans une conversation à brûle-pourpoint.

Alain Juppé a profité du débat pour réaffirmer qu’il est bien de droite comme en témoigne son projet. Etant donné les procès d’intention qu’on lui fait régulièrement, ce rappel n’était pas inutile. On n’est pas surpris qu’il ait la même matrice que Nicolas Sarkozy, « l'amour de la France, une vision de la France », puisqu’ils ont parcouru un grand nombre d’années dans le même sérail gaulliste. La référence à 1995 et à sa probité ne sont amenées que pour tenter de le déstabiliser et ce sera en vain. Pour le reste, le candidat a réussi à faire passer son message principal, le « plein emploi » qui justifie la baisse des impôts et les nombreuses réformes évoquées. Et on retient la formule : « Juppé = espérance ».  Bien joué !

Deux ou trois bémols quand même.

Sur le thème de l’immigration, il a tenté de faire passer un message inaudible pour le Français moyen à savoir que « 200 000 arrivants chaque année, cela ne change pas le visage de la France ». Sur le « shaddow banking » il avait l’air un peu à la ramasse et peu informé alors qu’à son niveau on devrait connaitre l’existence du « Bitcoin ».  Enfin, sur le dossier Syrien, sa position anti Bachar très raide semble méconnaître certains aspects, comme  le soutien au régime de la partie Alaouite et Chrétienne de la population, même si le renfort russe est déterminant. Mais on est bien d’accord que la priorité, c’est Daech. On gardera de son passage cette phrase-clé : « Ma référence, c'est le général de Gaulle. La France ce n'est pas la droite, la France ce n'est pas la gauche, la France c'est tous les Français. » Quant à la réponse à la question : « Soutiendra-t-il Nicolas Sarkozy s'il remporte la primaire ? » La réponse est évidemment « oui », «  si les primaires sont honnêtes ».

A l'arrivée, on aura vu un Alain Juppé parfois raide, certes, mais tout en maitrise. Un candidat qui ne travestit pas son caractère et qui s'assume clairement « de droite ». 

La « charge héroïque ».

La formule : « La politique n’est que l’art du possible » reste toujours vraie. Plus on s’écarte du réalisable plus on met en danger la démocratie. C’est peut-être la leçon subliminale qu’a voulu donner Alain Juppé. La « panique à bord » qu’’il voit chez Nicolas Sarkozy à six semaines du premier tour de la primaire de la droite se traduit par un regain d’énergie, si tant est que cela soit possible, dans la campagne de l’ancien président, qui redouble d’efforts et multiplie les meetings et les propositions identitaires, son cheval de bataille. Une sorte de « charge héroïque » pour tenter de refaire les points perdus au cours d’une semaine calamiteuse avec la sortie du livre de Buisson et les révélations sur les différentes affaires qui lui sont imputées. Mais il ferait bien de prendre garde car à force de cibler toujours plus « à droite » il risque de tomber dans le piège que lui tend Marine Le Pen qui joue la carte de la « France apaisée », au risque de passer pour plus modérée que lui, et « engrange » sans rien dire. 

Juppé a-t-il déjà gagné, en étant le candidat qui « rassure » ? Son avance régulière dans les sondages ne se dément pas et plaide pour un tel constat. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer ses concurrents, à commencer par Nicolas Sarkozy dont l’énergie est capable de soulever des montagnes, ni les autres, comme  François Fillon qui font leur bonhomme de chemin consciencieusement et qui pourraient bien récolter les fruits de leur travail au soir du 1er tour.  Et puis, il y a les deux haies majeures qui peuvent changer la donne et redistribuer les cartes, à savoir les deux débats en présence de tous les candidats…  Autrement dit, rien n’est joué. Comme au tennis, « avantage Juppé » ne veut pas dire que le set est gagné, encore moins le match.  La suite promet d’être passionnante.

 


LES PRIMAIRES : UNE COMPLICATION DEMOCRATIQUE

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Nicolas Sarkozy reproche à Alain Juppé de vouloir se faire élire avec le concours des voix de gauche. Un sondage récent (Ipsos-Sopra-« le Monde ») estime, en effet, à 6 ou 7 % la proportion d’électeurs de gauche (sans qu’on sache qui exactement) qui sont décidés à voter Juppé à la primaire pour faire barrage à l’ancien président. Mais c’est la logique d’une primaire ouverte.

Des primaires partout.

Les primaires sont adoptées par tous les partis politiques ou presque. Les Verts, le Parti Socialiste sont obligés de passer par cette étape  pour désigner un candidat. Elles introduisent deux tours de vote supplémentaires pour l’élection du Président de la République. C’est donc une complication, imposée  par le fait que seuls les deux premiers arrivés en tête sont retenus pour le choix final. Autrefois, c’était le premier tour qui faisait le tri. A l’heure actuelle, il y a tellement de prétendants qu’on n’a pas d’autre possibilité que d’écrémer avant l’épreuve finale. La cause principale, on la connait : le poids du Front National qui monopolise près du tiers de l’électorat au 1er tour, se garantissant pratiquement l’homologation pour le second. La primaire est donc un moyen d’accéder au moins à la 2ème place. Si l’on en croit les sondages, le candidat de la droite et du centre qui sera sélectionné par la primaire a de bonnes chances d’y parvenir.  Pour le candidat du PS, c’est beaucoup moins certain, même si François Hollande est candidat. On comprend alors que le désespoir puisse conduire certains électeurs de gauche ou ayant voté Hollande, à se choisir un candidat dans ceux de droite.

Les primaires compliquent le jeu.

Alain Juppé n’a jamais caché qu’il voulait la primaire la plus ouverte possible car il sait que, si elle s’était limitée aux militants, Nicolas Sarkozy le devancerait. C’est ce qui lui vaut les remarques triviales de l’ancien président, selon lequel si on accepte les voix de gauche, c’est qu’on s’apprête à appliquer un programme de gauche. Cette sorte d’OPA aux contours très réduits à laquelle l’ancien Premier ministre se livrerait sur les électeurs de la majorité actuelle n’est du goût de personne et d’ailleurs quelques voix se sont élevées pour dénoncer le candidat Juppé, considéré comme réactionnaire, ce qu’il n’est pas évidemment. Le reproche de Nicolas Sarkozy est d’autant plus stupide que lui-même a ouvert son gouvernement à des ministres de gauche alors qu’il n’y était pas obligé. Il n’en a pas pour autant mené une politique de gauche. On ne voit pas pourquoi Alain Juppé serait amené à changer son projet, d’autant plus que si le sort de la primaire lui est favorable, rien de dit que ces mêmes électeurs de gauche lui resteraient fidèles pour le 1er tour de la présidentielle. Quant au 2nd de l’élection, que ce soit Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, ils auront bien besoin, l’un et l’autre, des voix provenant de la gauche, s’il faut affronter Marine Le Pen. En fait, c’est une question de stratégie. La question porte uniquement sur les candidats que l’on trouvera au premier tour de la présidentielle : la gauche peut souhaiter que Nicolas Sarkozy représente son camp parce qu’elle pense qu’il sera plus facile à battre que M. Juppé. C’est en tout cas ce que l’on suppose dans le camp de François Hollande. Celui-ci se trompe au moins sur un point : beaucoup d’électeurs de gauche ne croient pas qu’il sera en capacité de se faire réélire. Au contraire, beaucoup sont convaincus que le second tour opposera Marine Le Pen au candidat de la droite et, dans ces conditions, ils préfèrent Juppé à Sarkozy. Encore que tout cela ne soit que suppositions.

Les primaires se transformeraient en auberges espagnoles.

Les sondages montrent mois après mois que les électeurs ont leur propre idée du match final. Ils sont régulièrement une large majorité à ne vouloir ni de François Hollande ni de Nicolas Sarkozy. La question est de savoir si ce souhait est assez fort pour les inciter à participer à toutes les primaires, seul moyen d’écarter les candidats qu’ils récusent ! Des primaires « fermées », c’est-à-dire limitées aux militants et sympathisants, auraient certainement favorisé les candidatures de Hollande et de Sarkozy. Les primaires « ouvertes » font plus l’affaire d’Alain Juppé ou de François Fillon ou encore de Bruno Le Maire, et, à gauche, des challengers du Président de la République. Voilà du boulot en perspective pour les analystes de tout poil.

Et il faut compter avec les « extras ».

Les primaires n’empêcheront pas des candidats déclarés, comme Jean-Luc Mélenchon, ou près de le faire, comme Emmanuel Macron, de participer à l’élection présidentielle. Leurs scores dans les sondages indiquent qu’ils peuvent changer la donne et font donc peser une sérieuse incertitude sur l’issue du second tour. Pour autant, ni l’un ni l’autre ne sont classés à droite et ils rassembleront des suffrages sur leur seul nom, bien plus que sur leur programme. A ceux-là, il faut ajouter la kyrielle des autres candidats à commencer par les entêtés comme Dupont Aignan et Guaino, ceux issus de la sphère internet qui nous réinventent la démocratie de Mme Michu, etc… Une forme de renouvellement démocratique bien contestable. S’il est certain que notre système démocratique montre des signes d’essoufflement avec la montée du populisme, le refuge dans l’abstention et la dénonciation des élites, ce cache-sexe commode, comment en serait-il autrement avec une gestion aussi médiocre qui génère 6 millions de personnes sans emploi ou en grande précarité. Ce ne sont pas les élites qui sont en cause, mais l’idéologie marxiste qui imprègne encore la gauche française. Mais notre démocratie souffre d’un autre mal bien plus profond : la coupure des élites avec le peuple, parce qu’elles ne le représentent plus dans sa diversité sociale. C’est le résultat bien peu enviable de notre système  éducatif qui depuis de trop nombreuses années pratique le nivellement par le bas. Il faut d’urgence rétablir la « construction démocratique de nos élites ». Car le pire remède, pour se rabibocher avec le peuple, c’est  la démocratie participative de Mr Macron, fondée sur le porte-à-porte et les solutions proposées (en apparence) par Mr et Mme Toutlemonde. Mettra-t-on Mme Michu aux affaires étrangères ?

Heureusement, la société française a une capacité de résilience qui peut nous permettre d’échapper à un tel destin. Il faut donc aller voter à la primaire de la droite et du centre. Pour l’heure, c’est  encore le meilleur moyen d’aller vers l’alternance que nous souhaitons.

Lundi, je reviendrai sur la prestation d’Alain Juppé à « l’Emission politique ».

 


PRIMAIRE DE LA DROITE : FAUSSES QUERELLES ET FAUX DEBATS

Primaire à droite

 

La  campagne s’active  de toutes parts.  Tous les candidats s’agitent chacun à sa façon. C’est à qui trouvera la bonne posture,  le bon positionnement, le bon angle d’attaque pour se valoriser aux yeux d’un électorat dont on ne connait guère les contours. Avec, en résultat, plus ou moins de succès. Les sondages essaient de rendre compte de toute cette agitation, et bien que sérieusement menés, on ne sait pas quelle valeur leur attribuer vraiment. Ce à quoi les candidats distancés se raccrochent pour garder espoir de créer une surprise, toujours possible, au soir du premier tour.

Faux débats.

S’ils s’agitent tous autant, c’est qu’en fait peu de chose les sépare. J’observais dans un hebdomadaire un tableau présentant leurs propositions, ligne par ligne, par grands chapitres : je me suis aperçu rapidement que les divergences relevaient de détails… ou d’appréciations (subjectives) du journaliste. Il y a bien un socle commun à tous, que pour résumé, on pourrait qualifier de « socle républicain », tant on retrouve le projet du parti à tous les niveaux. Alors, bien sûr, il y a des débats. Et ils sont d’autant plus virulents qu’ils portent sur de faibles marges de différenciation. L’essentiel n’est-il pas qu’on y retrouve une cohérence d’ensemble sur les sujets qui affaiblissent notre pays : les dépenses publiques qu’il faut réduire, l’activité économique qu’il faut relancer par les entreprises et non par l’Etat, la nécessité de la compétitivité, le retour d’un Etat fort dans ses compétences régaliennes, le contrôle de l’immigration, la défense de notre conception de la laïcité et de notre culture face au « fait religieux » pour ne pas dire l’Islam, la résorption du chômage, la  priorité  aux investissements d’avenir…  Chacun interprète chaque chapitre mais les solutions se ressemblent.  De quoi être optimiste pour le fond.

Fausses querelles.

Alors puisque le débat sur le fond ne permet guère de faire la différence, les candidats se réfugient dans les fausses querelles. A commencer par celle du vote ouvert. La question que certains posent : jusqu’où, ou plutôt jusqu’à qui ? On a bien compris. C’est ainsi que d’aucuns reprocheront à Nicolas Sarkozy de courir après le Front National pour en capter les  voix, en menant une campagne sur ses thèmes de prédilection que sont l’identité nationale, la lutte contre l’Islamisation de la société, l’immigration. En retour celui-ci accuse certains de ses concurrents, à commencer par Alain Juppé, de rechercher le vote de la gauche pour s’imposer. Ce qui dénote, c’est la virulence avec laquelle il le  fait, alors que l’on sait que ces votes n’interviendront qu’à la marge dans la limite d’un apport de 6 ou 7%. C’est que Nicolas Sarkozy est face à un problème qu’il a probablement sous-estimé : celui de son rejet par une majorité assez large de Français, mesurée avec constance depuis des mois, et que son retour n’a pas fait diminuer. Il pensait peut-être que son énergie, sa force de conviction permettraient de convaincre un grand nombre de réticents. Il n’en est rien. Après une belle  progression sur son cœur de cible, les « Républicains » et sympathisants, il est retombé presque à son point de départ avec les nouvelles révélations sur l’affaire Bygmalion. Voilà un gros caillou, à tort ou à raison, dans sa chaussure. Il devrait observer qu’il a régressé justement par la défection d’une partie de son cœur de cible, et non par une augmentation d’intentions de vote en provenance de la gauche. C’est pourquoi ses attaques en trahison, ou en « vol » de la primaire de la droite, ne sont pas recevables. Et elles sont même décevantes.  Dans une primaire ouverte, on ne peut pas délimiter de contours,  puisqu’elle s’adresse à tous les électeurs, en principe de la droite et du centre, inscrits sur les listes électorales. Sauf à instituer un contrôle de la pensée, impossible à la fois par éthique et en pratique, la démocratie c’est aussi reconnaitre à chacun le droit de changer d’avis. Nicolas Sarkozy droit comprendre que des déçus de son quinquennat qui ont voté Hollande en 2012 ont peut-être envie aujourd’hui de voter Juppé ou Fillon ! Mais le  fond du problème n’est-il pas que son retour ne reposait pas sur un profond  désir de Sarkozy. Il ne faut donc pas qu’il s’étonne de la difficulté de la tâche, rendue encore plus ardue par le fait qu’il a déjà été président. S’il veut gagner, il se grandirait en brandissant d’autres arguments que ces accusations indignes contre ses concurrents, et en renouvelant davantage ses propositions. Dans le monde troublé qui nous entoure et qui nous attend, nous avons besoin d’un stratège et d’un leader sur la scène internationale, domaine où il a excellé et sur lequel il pourrait s’appuyer pour convaincre de l’utilité de son retour. Etonnant qu’il ne le voie pas !

Du calme !

La campagne électorale  n’est jamais une affaire de bisounours. La bienséance est indispensable, elle n’exclut pas la virilité. Cependant, chacun doit bien mesurer ses propos afin de ne pas obérer la suite : à savoir de rendre possible le rassemblement derrière celui ou celle qui sortira de l’élection le 27 novembre au soir. Il est donc dangereux d’exacerber les passions.  Je vois circuler sur internet des messages inquiétants avec des prises de position d’exclusion péremptoires bien infantiles. Un candidat n’est pas une idole, bon sang ! Aucun des sept candidats ne peut être suspecté de connivence avec la gauche, sauf à faire des procès d’intentions staliniens. Faire appel aux électeurs n’a rien à voir avec une quelconque  complaisance idéologique, dès lors que le  programme est clair.  Arrêtons de prendre les citoyens pour des ectoplasmes manipulables.  La primaire démontrera toute son efficacité si le « grand débat » est réussi sur le plan de la convivialité et de la cohérence, ce qui n’empêche pas chacun de se démarquer.  Dans le cas contraire, le pire serait à craindre. Ne jamais oublier que l’électorat de la droite et du centre a horreur des querelles de personnes.