LA DROITE RASSURANTE ET LA GAUCHE INQUIETANTE
06 novembre 2016
L’héritage d’un quinquennat pour rien.
Plus le temps passe, plus les raisons d’être inquiets s’accumulent. Et encore, sans tenir compte de l’évolution de la conjoncture internationale très volatile et qui peut devenir beaucoup moins favorable d’ici six mois. Ce qui inquiète, c’est la dégradation continue de nos comptes publics, sciemment organisée par un pouvoir qui fait fi de toutes les alertes, qu’elles viennent de la Cour des Comptes ou du Haut Comité des Finances Publiques. Pas une semaine ne se passe sans un nouveau chèque sans provision. Tout le monde y est passé : fonctionnaires, petits retraités, étudiants, intermittents, … 1 milliard par-ci, 300 millions par-là ! Si on y ajoute les acrobaties financières du budget 2017 avec ses économies imaginaires, ses rentrées surévaluées et ses dépenses minorées, l’addition devient vertigineuse. Encore faut-il évoquer tous les « fonds » que le gouvernement assèche systématiquement et qu’il faudra reprovisionner : il y en a déjà pour près de200 millions d’euros. Quelques exemples : 25 millions sur l’établissement public de sécurité ferroviaire, 70 millions sur le fonds de prévention des risques naturels majeurs, 50 millions sur la caisse de garantie du logement locatif … Bref, on racle tous les fonds de tiroirs pour alimenter une dépense insasiable.
Comme il va manquer autour de 0,5 point de croissance, c’est encore 4 milliards d’euros qui manqueront à l’appel. Au bilan, toutes les décisions prises ces derniers mois représentent plus de 11 milliards d’euros de dépenses supplémentaires plus ou moins financées au budget 2017, 13 milliards d’euros pour le 2018 et pèseront encore pour 9,5 milliards d’euros en 2019. De quoi lester sévèrement le début du prochain quinquennat. Dans ces conditions, jamais la France ne parviendra à réduire son déficit en-dessous des 3% du PIB, ni en 2017, ni en 2018. Notre sous-président peut bien faire le fanfaron et proclamer qu’il a redressé le pays, les Français l’ont déjà destitué dans les faits, avec 3 ou 4% de bonnes opinions. Difficile de faire pire ! En attendant, on se demande bien ce que fera le vainqueur de la présidentielle une fois élu avec untel boulet financier aux pieds, déficit public colossal et dette faramineuse.
Une droite rassurante.
Le principal enseignement du débat de jeudi dernier est que personne, en définitive, n’a perdu le contrôle de ses nerfs et que même les assauts désagréables n’ont pas nui à la bonne tenue de l’échange. Ce qui n’est pas un fait sans importance si on veut tenir compte des sept caractères très différents. Nicolas Sarkozy, en particulier, a réussi à rester digne pendant toute la soirée, ce qui montre que non seulement il a mûri, mais est capable de descendre dans l’arène démocratique et d’en jouer le jeu, ce qui n’est pas évident quand on a été président de la République. Alain Juppé, égal à lui-même, a continué à tenir un discours toujours aussi transparent et honnête. Nathalie Kosciusko-Morizet a éclairé le débat de quelques réflexions assez drôles. Jean-François Copé, qui n’a plus rien à perdre, a choisi l’humour, et même le lapsus comique. Quant à François Fillon, on doit toujours garder à l’esprit que son programme est le plus complet et le plus abouti. Il n’est pas du genre à fendre l’armure, mais il donne une bonne impression de solidité. Dans les sondages, il est passé devant Bruno Le Maire, qui était censé changer la donne par sa jeunesse et sa personnalité, mais il n’arrive pas à décoller.
Evidemment, on ne peut pas prédire avec certitude que le troisième débat ne provoquera pas une mêlée générale, quand ceux qui savent qu’ils n’ont pas une chance d’être désignés joueront leur va-tout. Cela a peu de chance d’arriver. On sait déjà que la primaire rassemblera entre 2,5 et 3 millions d’électeurs. C’est pourquoi il était indispensable qu’Alain Juppé s’explique sur la nature du soutien de François Bayrou. En effet, le point chaud se situe bien là : il ne fallait pas donner à Nicolas Sarkozy un prétexte valable pour qu’il conteste le résultat du scrutin. Sa promesse de soutenir Alain Juppé s’il est désigné montre qu’il est dans un état d’esprit responsable, qui n’est pas surprenant de sa part. On se souvient de la dignité et de l’élégance de son départ de l’Elysée en 2012. Non seulement l’alternance est au bout du chemin, mais elle peut désormais se produire dans un climat apaisé. Et ça n’est pas rien !
L’heureux élu de 2017 aura-t-il la tentation de considérer qu’un peu de déficit supplémentaire ne serait pas bien grave que ce serait une grave erreur. Les baisses d’impôts et de charges sont nécessaires et il faudra inévitablement engager des dépenses nouvelles : pour les financer sans provoquer la catastrophe financière, il faudra d’autant plus de réformes et d’économies. Et si l’on veut qu’il n’y ait pas une nouvelle fois de déception des Français, il vaudra mieux annoncer la couleur, faire peu de promesses et ne garder que celles susceptibles d’être tenues.
Le « moins disant » dans la primaire n’est pas forcément le plus mauvais candidat !
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