DEUX VISAGES, MAIS UNE DROITE !
25 novembre 2016
On pouvait craindre un débat sous tension. Il l’a été à quelques rares moments, mais on a plutôt eu un échange tranquille. Alain Juppé dans la fébrilité de tout développer, François Fillon dans sa précision chirurgicale habituelle, avec une élocution paisible et sobre. Ce débat a surtout souligné que, en dépit de quelques différences sur l’assurance-maladie ou la politique étrangère du pays, les deux programmes procèdent de la même inspiration et du même désir de changement.
Juppé à l’offensive
Alain Juppé s’est attaché à démontrer que les calomnies lancées contre lui sur les réseaux sociaux n’avaient aucun fondement. Il persiste à décrire le programme de son adversaire comme inapplicable, à se démarquer de la politique étrangère qu’il pourrait conduire en tant que président de la République et à dénoncer de manière plus feutrée qu’en début de semaine son conservatisme sociétal. Ce qui l’amène à douter de sa capacité à battre la gauche et l’extrême-droite lors du second tour de la présidentielle et à se présenter lui-même comme le meilleur rempart.
Le sillon Fillon
Fort de la prise de position des 215 élus, François Fillon n’a jamais perdu de vue le peuple qui s’est rendu aux urnes dimanche dernier et qui l’a placé largement en tête. Il s’est employé à rassurer l’électorat qui craint des bouleversements dont il pâtirait excessivement. Il a exposé sans s’exciter les diverses nécessités d’un changement radical : le redressement de la France dépend d’une restructuration complète de nos moyens de production, de notre rapport avec la protection sociale, de l’équilibre entre nos revenus et nos dépenses, de la sécurité intérieure et extérieure qu’il faut assurer, compte tenu de de la multiplicité des dangers. Il n’a pas caché les sacrifices indispensables que nous devons faire si nous voulons offrir à nos enfants et petits-enfants un avenir meilleur.
Un échange équilibré
Ce que la primaire de la droite a réussi à montrer, et c’est d’une importance cardinale, c’est que le chemin du redressement est semé de paradoxes, à commencer par un traitement du chômage fondé sur la réduction du nombre de fonctionnaires. Leur grand nombre constitue la raison principale de nos déficits, mais il ne s’agit ni de contester la qualité de leur travail ni d’imaginer une société qui pourrait se passer d’eux. Le seul problème, c’est qu’on a fait du recrutement dans la fonction publique ou territoriale l’unique moyen de lutter contre le chômage, alors qu’il faut créer des emplois marchands, ce que la France ne sait plus faire. Le débat d’hier soir n’est pas de nature à inverser le rapport de forces entre François Fillon et Alain Juppé, même si aucun des deux n’a démérité. Si un vainqueur est désigné par les téléspectateurs, cela tient vraisemblablement plus à leurs attentes qu’à la teneur du débat. Alain Juppé a davantage visé l’électorat du centre et des déçus du hollandisme, François Fillon est resté sur le chemin qu’il a emprunté depuis le début, celui de la France provinciale et taiseuse, attachée à ses racines et à ses valeurs et en attente d’une revanche sur le parisianisme et ses modes bobos. Gardons-nous donc de faire un pronostic, à moins de deux jours du scrutin, même s’il semble bien improbable que l’écart entre les deux candidats, même s’il se réduit, disparaisse complètement. Huit millions et demi de téléspectateurs ont assisté au débat, ce qui est énorme et laisse présager une participation au moins aussi élevée que celle de dimanche dernier. Pour qu’Alain Juppé gagne, il faudrait que 1,4 million d’électeurs de gauche supplémentaires se déplacent en plus des 600 000 du 1er tour. On ne voit pas quel intérêt ils auraient à le faire, François Fillon étant un candidat plus « confortable » pour l’opposer au culbutot qui paraît-il en fait déjà ses « délices ».
L’unité ne sera pas de trop
C’est l’heure de la droite, mais elle se termine dimanche. La bonne tenue du débat et la courtoisie retrouvée ne laisse aucun doute sur le climat dans lequel l’union se fera dès dimanche prochain autour du vainqueur. Et on en aura bien besoin. Il n’y a qu’un « hold-up » de la gauche qui pourrait créer le désordre. Mais le choix du candidat à la présidence aura été à peine annoncé que se mettront en branle les cohortes véhémentes de ces gauches innombrables qui ne sauront jamais s’unir. Elles se saisiront de l’épouvantail de la « réaction » avec d’autant plus de violence verbale qu’elles seront désunies. Au moins auront-elles un os à ronger. On peut compter sur l’entêtement et la virulence de ces gauches qui, loin de dresser le bilan de leurs erreurs, continuent à se ressourcer dans les bréviaires moisis de leurs convictions obsolètes. Le locataire de l’Elysée piaffe dans ses brancards et en fera son miel, comme un mauvais élève qui n’a appris qu’un sujet mais le connaît par coeur. Il dit déjà à ses proches combien la bagarre qui s’annonce lui semble facile, combien elle lui paraît confortable, presque agréable et, forcément, qu’il n’y a pas mieux placé que lui pour venir à bout « du candidat le plus réactionnaire que la droite ait produit ». Ouais, s’il avait démontré l’efficacité de sa méthode, il serait plus crédible. Il en oublie aussi sa cote de popularité … et Macron le paricide.
Alain Juppé a dénoncé une « campagne absolument dégueulasse » dont il estime avoir fait l’objet. Précisons qu'il s'agit d'une campagne émanant vraisemblablement de la droite extrême et à laquelle Francois Fillon et son équipe sont totalement étrangers !
Certes, il a bien eu une campagne "Ali Juppé" dénonçant la construction d'une mosquée salafiste a Bordeaux !
Mais Juppé en est en grande partie responsable !
Car il n'a rien compris aux préoccupations des Français de Droite ! et, grossière erreur, il a prêté le flanc à de telles caricatures et à de telles campagnes !
Monsieur Juppé, au lieu de s'en prendre aux autres, et à des campagnes, il faut donc savoir se remettre en question et reconnaître ses erreurs !
Au lieu de s'adresser au cœur de l'électorat de Droite, par des propositions fortes en terme de contrôle de l'immigration, d'intégration, de lutte contre le communautarisme et l'islam radical, Juppé s'est obstiné à donner des signes de d'islamophilie !
Ainsi son slogan d'identité heureuse était totalement décalé par rapport aux aspirations de l'électorat de la Droite beaucoup plus proche du constat du philosophe Alain Finkielkraut développé dans son Essai " l'identité malheureuse " celle des jeunes des banlieues issus de l'immigration.
La primaire se déroulait à Droite et non pas à gauche ou au centre gauche !
Il faut donc que Juppé s'en prenne qu'a lui même car il n'a pas su parler avec son potentiel électorat !
Pire, il l'a provoqué !
Rédigé par : Lamerie | 28 novembre 2016 à 07:57
Je partage cette analyse frappée au coin du bon sens.
Amitiés
Daniel
Rédigé par : Daniel | 28 novembre 2016 à 08:34