CHRONIQUE DE LA PRIMAIRE…
01 novembre 2016
A quoi va servir la primaire de la droite et du centre ?
Pour l’instant elle n’a été qu’un jeu de rôle avec quelques variantes programmatiques dont on a dit qu’elles étaient plutôt rassurantes pour l’électorat appelé à se prononcer. On aimerait pourtant que le débat aille un peu plus loin et quitte à désigner un leader, puisque c’est le but, voire même le prochain Président, autant en profiter pour que chacun des candidats nous dévoile l’horizon positif et les perspectives collectives qu’il compte proposer au pays, en ne se limitant pas aux traditionnels sujets techniques de la baisse des dépenses publiques et autres préoccupations certes légitimes mais auxquelles il faut donner du sens. Car, au-delà de l’élection présidentielle, on sait qu’il faudra affronter la résistance au changement d’une grande partie de la société, qui puise son origine dans la hantise du déclin individuel. Peu nous importe les critiques que les uns ou les autres peuvent faire sur la stratégie suivie par tel ou tel pour capter les voix. Elles peuvent alimenter la querelle, elles ne nous apportent pas de réponses sur l’essentiel. Puisque cette primaire a été l’occasion d’un important effort programmatique, qu’ils (ou elle) nous en fassent profiter plus largement.
Je ne comprends plus Sarkozy.
Sa campagne s’est focalisée cette semaine sur le soutien que Bayrou apporte à Juppé. Faut-il y accorder autant d’importance ? C’est faire beaucoup d’honneur au patron du Modem et lui accorder un poids électoral qu’il n’a plus. Je ne comprends plus Nicolas Sarkozy qui manifeste à l’égard de Bayrou la même obsession que Hollande à son égard. Voilà un débat bien inutile. Il est aussi inopportun. Au lieu de faire une fixation sur celui qui a appelé à voter Hollande et lui donner l’occasion d’exister, Nicolas Sarkozy aurait mieux fait de se montrer magnanime et de passer l’éponge. Il aurait ainsi montré sa capacité à prendre de la hauteur, celle qui convient à l’ancien chef de l’Etat qu’il est, au lieu de se livrer à un règlement de compte qui fait revanchard et le dessert. La droite a toujours autant d’intérêt à être l’alliée du ou des centres, sans qui elle ne peut gagner. Cette croisade a aussi un autre inconvénient, elle pourrit la campagne et elle hystérise ses partisans qui pourraient manquer de lucidité si leur héros était battu, pour ensuite refuser de soutenir le vainqueur, ce qui est essentiel ! Il y a des candidats marginaux qui spéculent sur ce type de comportement. Il y a une donnée de fond que l’ancien président a refusé de voir depuis qu’il est revenu aux affaires, et cela m’étonne de sa part. Tant qu’il y aura une large majorité de Français qui ne veut pas de lui à nouveau comme président, ses chances d’y parvenir seront limitées voir nulles. Force est de constater qu’il n’a rien fait qui soit susceptible d’atténuer ce rejet. Au contraire, en pratiquant sa stratégie préférée, celle du clivage à droite, il l’a légitimé aux yeux de ceux qui l’avaient en tête. Il fait donc une mauvaise campagne, comme l’affirme Jean d’Ormesson, car elle met au second plan les immenses qualités qu’il a montrées à la tête du pays au moment de la crise de 2008 et dont on aurait certainement besoin au cours des cinq ans qui viennent. A moins d’une surprise, Sa défaite est donc envisageable. Mieux vaut s’y préparer !
Fillon à "l’émission politique".
Cette émission est toujours aussi décevante. Et ce n’est pas la faute de l’invité qui a été à la hauteur. Mais on l’a confronté à des interlocuteurs qui ne servent pas à éclairer le débat. C’est du folklore, tout au plus. J’ai trouvé aussi la présentation économique de François Langlet plutôt vicieuse avec des présupposés discutables. Quant à François Fillon, il est apparu carré et ferme dans ses convictions. Espérons que la franchise paiera, ce qui n’est pas certain dans ce monde de faux derches. Un parcours sans faute, au cours duquel on n’apprend rien de plus qu’on ne sache déjà, le candidat étant amené à donner les mêmes réponses aux mêmes questions. Un bon point pour sa répartie finale sur l’inopportune Vanhoenacker. La Salamé en était pâle de rage !
Deux choses qui m’agacent chez Le Maire
Bravo à Bruno Le Maire pour le tonus de sa campagne. Il y croit. Il faut bien, parce qu’il y en a tant qui n‘y croient pas pour lui. Je voudrais lui dire qu’il n’aura pas ma voix tant qu’il continuera à renvoyer la droite et la gauche du même revers de main. Non, la droite n’a pas « rien fait » quand elle était au pouvoir. Sous Raffarin La France s’est désendettée et on a fait la réforme des retraites, entre autres. Sous Sarkozy, avec François Fillon, malgré la crise aigüe de 2008, l’oeuvre de réformes a été intense et immense. La place manque ici pour les rappeler. D’autre part, je suis convaincu, comme Christian Saint-Etienne, que baisser la CSG de 2 points, est une grave erreur qui montre pour le moins une méconnaissance des rouages économiques du pays. La priorité n’est pas de redonner du pouvoir d’achat immédiatement.
Juppé n’a pas l’air…
Mais il connait la musique. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il poursuit sa campagne habilement. Son statut de leader vient de là et non pas des sondages qui ne sont que la conséquence. Il s’est permis deux épisodes cette semaine qui ont fait jaser : une visite dans le 92, ancien fief sarkozyste s’il en fut, et en PACA avec un meeting à Toulon, accueilli par la figure emblématique locale, Hubert Falco. Il fait l’objet d’un « joli » renfort en cette Toussaint , celui de Valérie Pécresse : ça n’est pas rien !
Du mauvais Poisson.
Les sorties du candidat Chrétien démocrate sont parfois surprenantes. Leur teneur est même décevante, quand il dit qu’il n’est pas certain de soutenir le candidat qui sortira de la primaire. Curieux, pour le moins.
Copé et son pain au chocolat en boomerang.
L’occasion d’une belle partie de rigolade. Quand on ne mange pas de pain au chocolat, on n’est pas obligé d’en connaître le prix. Il vaut mieux dire qu’on ne sait pas que de sortir des fadaises. Il aurait pu au moins s’y attendre et prendre ses précautions… C’est là qu’on voit que le débat vole vraiment bas.
NKM en demi-teinte.
Fait-elle campagne seulement ?
Les Français ont le sentiment que le choix du prochain président de la République se joue maintenant, lors de la primaire de la droite. En effet, la gauche n’a pas de candidat qui paraisse en mesure de figurer au second tour. Il n’est donc pas surprenant que la procédure censée ne concerner que les sympathisants de droite intéresse les électeurs au-delà. Car la tragédie du vide à gauche incite à faire le tri dans le trop plein de la droite. Une situation que l’on n’a encore jamais connue jusqu’à présent sous la Vème République. Ce paramètre n’a pas été pris en compte probablement quand nos chères grosses têtes ont décidé de faire une primaire « ouverte » !
Rendez-vous devant le prochain débat, jeudi.
Je ne suis plus Sarkozy. Ses interventions me déçoivent . Je voterais Juppé sans hésitation.
Rédigé par : Chris | 02 novembre 2016 à 09:03