MACRON : CET HOMME EST DANGEREUX… SURTOUT POUR LE PS !
13 décembre 2016
« Aujourd’hui, on tue le PS ! »
C’était le mot d’ordre de son meeting de samedi dernier. L’équation est simple : après les disruptions sur les territoires des autres, il a compris que se contenter d’être un candidat attrape-tout n’avait guère d’avenir, et qu’il lui fallait donc s’appuyer sur un socle, et justement, ce socle il ne pouvait le trouver qu’à gauche, face à une droite de conviction et un centre qui le fuit pour cause existentielle. Il lui fallait auparavant éliminer Hollande. Avec le concours objectif de Manolito, c’est chose faite. Mais pour être un candidat de substitution au locataire de l’Elysée, il ne pouvait pas se contenter du discours traditionnel des « sociaux-libéraux » depuis Stirn et Stoléru, sur le dépassement des clivages. Il se doit donc de séduire l’électorat de la gauche modérée en gommant son image de chouchou des électeurs de droite. Avec une autre préoccupation : tout faire pour éviter un affrontement avec son concurrent direct qu’est l’ancien Premier Ministre qui chasse sur les mêmes terres électorales que lui.
La grande misère intellectuelle de la gauche.
La gauche archaïque, antilibérale et postmarxiste (ou marxiste tout court) ne restera pas inerte. Elle délègue en renfort d’Hamon et de Montebourg , l’impayable Peillon pour dézinguer le « Brutus ». Ces gens-là ne mesurent toujours pas l’inadéquation de leurs idées et de leurs solutions avec la réalité, qui devrait pourtant se mesurer à l’aune de leurs échecs sur le chômage, la fiscalité et la dette. Le dernier avatar de cette pensée vérolée, de cette idéologie du déni et du mensonge, c’est la déclaration de Ségolène Royal, à Cuba, aux funérailles de Castro qui défendait, au nom de la France une dictature, en assurant que les droits de l’homme y sont respectés… Le stade ultime de la perversion des esprits ! Et le pauvre Manolito, qui ose plonger dans ce marigot qu’est la « primaire de la belle alliance », va être obligé pour mettre en œuvre la « réconciliation » de reprendre à son compte les ficelles usées de cette gauche n’ayant rien à proposer, hormis la critique véhémente de la droite réac. On comprend que se battre sur ce registre-là est risible. L’empoignade avec ses concurrents promet de bons moments de bonheur. C’est une aubaine pour un Macron qui s’est bien gardé de faire la même erreur. Si le concours des égos à la primaire socialiste met en spectacle la vacuité de la gauche, carrefour des ambitions personnelles et image vivante de la décomposition du parti socialiste, en opposition, le « festival Macron » de la porte de Versailles offre un contrepoint dynamique et plus séduisant. Sauf que la communauté socialiste reste attachée à ses utopies ce qui explique les limites de l’exercice de l’ancien ministre de l’économie qui, par exemple, ne touchera pas aux 35 heures… Il est donc condamné à être un « progressiste immobile ».
La « bulle » Macron.
Dans le paysage de cette gauche « sinistrée » (totologie, puisque « senestre » = gauche), la différence Macron a créé une « bulle d’opinion ». Cette bulle est constituée à la fois du regard clément que l’électorat de droite et du centre jette sur ce qui est apparu d’abord comme un « opni » (objet politique…) de gauche, et de l’attente de renouvellement qui travaille une partie de celui de la « gauche moderne ». Mais il apparait dans toutes les études d’opinion que l’alternative qu’il représente repose sur une ambiguïté avec une préférence des électeurs de droite et un soutien beaucoup moins évident dans le peuple de gauche. On retrouve là toutes les caractéristiques d’une « majorité de papier » qui ne se retrouve jamais dans les urnes, un phénomène bien connu. Le candidat de la « mondialisation heureuse » pourrait bien connaître le même destin que celui de « l’identité heureuse ». Sa candidature peut s’inscrire dans le paysage politique, mais elle ne fera que consacrer le désarroi de la gauche et sera de toute évidence en concurrence avec le candidat de la gauche dure qu’est Mélenchon et qui capte assez largement les voix jusqu’à la gauche du PS et celui qui sortira de la « primaire de la belle alliance populaire ». Un marché bien encombré, surtout si on ajoute le candidat des écologistes…Avec à la clé le boulet que constituerait le soutien de ces socialistes sectaires dont l'icône est la bécasse du Poitou.
Une « révolution » en poil de chameau.
Un meeting avec 10 000 personnes, même si on en annonce 15 000 (vieille ficelle) peut galvaniser, mais ça ne remplit pas pour autant les urnes. On trouvera bien ici ou là quelques transfuges centristes ou autre comme Arnaud Dutreil qui viendront se brûler les ailes comme autant de papillons à la recherche de la lumière. La vérité, c’est que Macron est un candidat de la « France d’en haut » qui ne capte pas les ouvriers et les populations démunies au regard de l’emploi et des revenus. Il n’intéresse guère tous ceux qui sont en « mal d’identité » ou qui se sentent oubliés. Des électorats déjà préemptés par la gauche dure ou le FN pour les premiers, par la droite pour les populations de la France périphérique en mal de reconnaissance. Il ne suffit pas de toucher les CSP+, les cadres supérieurs, les comblés de diplômes et de revenus, le microcosme des start-upers, pour remporter une présidentielle. Cette gauche caviar ou bobo qui se croise dans les salons germanopratins entre banquiers et chefs d’entreprises « modernes ». Macron propose un mélange de mesures de gauche à d’autres plus libérales et il faudrait un miracle pour qu’il parvienne à donner une cohérence à ce programme puzzle qu'il élabore en marchant. Le risque est de promettre tout et son contraire, reprendre d’une main ce qu’on donne de l’autre. Il ne suffit pas de proposer un nouveau modèle de société qui tienne compte de la mondialisation en s’appuyant sur des évidences comme l’émergence de l’économie de la connaissance et de l’innovation. En cela, il trouvera François Fillon sur sa route avec des arguments et un pedigree beaucoup plus convaincant. Car ce que les Français réclament avant tout, ça n’est pas seulement un changement politique, c’est la fin de l’impuissance publique. Sur ce dernier point, Macron n’a pas fait la démonstration de sa capacité.
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