BELLAMI, WHAT ELSE ?
26 mai 2024
Avec les deux dernières semaines de campagne, dite officielle à partir de lundi, nous entrons dans le vif du sujet. La grande confrontation a eu lieu et le verdict est tombé des « experts » de LCI qui ont commenté le débat : c’est Bellami qui a été le meilleur, avec en outsider le communiste Leon Deffontaines. Que faut-il de plus aux électeurs de la droite ? Ils ont une tête de liste pugnace, qui connait ses dossiers, qui peut se targuer d’une influence hors-norme au sein du groupe européen du PPE, qui ne s’est pas contenté de paroles. Enfin, un leader de droite qui agit, qui fait ce qu’il a dit et qui présente un vrai programme de droite ancré sur des convictions. Il a à ses côtés une agricultrice du cru et un général talentueux…
Alors quand les sondages disent que rien n’y fait, même creux comme un radis trop arrosé, Bardella garde la préférence des anciens électeurs de Sarkozy et de Fillon, les bras m’en tombent. Pour eux c’est la droite. Ils n’en démordent pas. Pourtant au-delà des apparences du gendre idéal et de la dédiabolisation, Bardella charrie avec lui bien des éléments qui n’ont rien à voir avec la droite modérée et libérale. Il suffit de gratter un peu pour voir ce que cache le discours rassurant qui voudrait qu’on l’assimile à une sorte de RPR rénové. C’est une escroquerie intellectuelle. Bardella c’est l’extrême-droite. Le programme du RN, dont la publication a été opportunément reportée à après le 9 juin, est un savant amalgame de discours identitaire et de propositions qui rappellent celles du PC des années 80 : nationaliste d’un côté, socialiste de l’autre. Cela ne vous rappelle rien, le national-socialisme ? Evidemment les jeunes qui suivent Bardella sur Tik-tok ne peuvent pas savoir, on ne leur a rien appris, mais les anciens, eux n’ont pas d’excuses. Et je passe sur tous les nazillons qu’il a dans ses bagages, bien planqués et attendant leur heure.
Le RN à plus de 30%, voilà où nous a conduits la stratégie de Macron du « en même temps ». La ficelle a fonctionné jusqu’à maintenant, sauf que cette fois-ci la mise en scène ne fonctionne plus : ni l’entrée en campagne du Président, ni le débat Attal-Bardella, scandaleux dans son principe, n’ont permis à la liste macroniste de gagner des points, elle en aurait même perdu. Un débat Macron-Le Pen ne ferait qu’aggraver les choses. Au moins dans ce théâtre qui paraissait figé, une partie des citoyens semble avoir retrouver un peu de lucidité : à gauche la liste « Place Publique » de Raphaël Glucksmann est partie pour bousculer un peu le scénario pré-établi. Pourquoi n’en est-il pas de même à droite. Ses électeurs voudraient-ils illustrer l’adage selon lequel elle serait la plus bête du monde ? Par chance, nous avons Bellamy ! Il est encore possible de garder l’espoir qu’ils se réveillent.
Surtout, ne perdons pas de vue que l’enjeu est européen et pas franco-français. Bellamy, c’est le vote utile par l’influence que nos élus auront au sein du PPE, principal groupe en nombre au Parlement de Strasbourg. Il importe que la France ait une voix de droite qui porte au sein de l’assemblée de l’Union. Ce ne sera pas le cas de Bardella qui siègera dans un groupuscule minoritaire inaudible, en scission avec l’AFD et qui a peu de chance de rejoindre celui de Méloni très pro-Ukraine et Otan. Eh, oui, voter Bardella c’est apporter un soutien à Poutine. Alors, pour moi, c’est rédhibitoire.
Bellamy, quoi d’autre ???