POUR FAIRE LE TRI…
12 octobre 2016
Le grand débat.
Jeudi soir aura lieu le grand débat entre les sept mercenaires (oups !) je voulais dire … candidats de la primaire de la droite et du centre. Compliqué de s’y retrouver dans leurs multiples propositions entre les baisses d’impôts, les mesures d’économie et les dispositifs de relance… ! Ce qui change avec une élection primaire ouverte, c’est qu’elle fait de l’électeur « un stratège » qui peut peser dans le choix. Je m’explique : autrefois, le candidat était désigné par un cénacle plus ou moins large de militants et d’adhérents. Cela laissait peu de prise aux citoyens non encartés qui devaient se contenter de celui (il n’y a jamais eu de femme jusqu’à maintenant) qui était proposé. Cette fois-ci, non seulement il y a le choix, mais tout le monde peut y participer, les conditions exigées étant on ne peut plus symboliques (2 € et une signature). En principe c’est l’électorat de la droite et du centre qui est appelé à voter, sans qu’on puisse en cerner exactement les contours.
Il y aura donc quatre tours ce qui permet beaucoup de scénarios, selon le bord auquel on appartient ou la sensibilité qui nous habite.
Personnalité ou projet ?
En effet, chacun des candidats peut nous plaire en fonction de deux types de critères : la personnalité d’une part, le projet d’autre part. Pour la personnalité, cela relève de l’appréciation plus ou moins subjective de chacun. Influer sur ce ressenti personnel est compliqué. Par contre, le choix du projet peut relever plus de la raison que de la passion. Il vaudrait mieux, évidemment. La principale préoccupation des Français, devant toutes les autres, c’est la baisse du chômage. C’est donc l’économie qui doit primer. Je vous propose donc d’apprécier le programme de chacun d’entre eux ou elle, à la lumière des constats et de l’analyse d’un économiste peu suspect de sympathies pour la gauche : Christian Saint-Etienne, et en utilisant la grille d’évaluation que je vous redonne ci-dessous. Pendant le débat, même si votre choix est déjà fixé, essayez l’évaluation, par curiosité. Par contre si vous peinez devant l’embarras du choix, alors c’est le moment de vous déterminer rationnellement.
Le constat économique.
On le connait : la dette publique est à 98% du PIB, la croissance reste atone, et la politique menée n’a pas permis à la France de profiter de la chance historique de la triple baisse du pétrole, des taux d’intérêt et de l’euro. Le choc fiscal de 60 milliards d’euros n’a pas vraiment réduit le déficit et a détourné les investisseurs de l’hexagone. Le déficit est un bloqueur de croissance. Il faut y ajouter la fiscalité sur le capital, les multiples rigidités du marché du travail et le niveau des indemnités de chômage.
Le chemin de la croissance.
La croissance repose sur trois pieds : l’investissement productif, l’élévation des compétences des travailleurs, le renforcement de l’innovation. Une seul décision prise depuis 2008, sous Sarkozy, a été efficace : le crédit impôt recherche. Il faut donc s’interroger, avant tout, sur la situation actuelle de l’économie française avant d’envisager de baisser les impôts en même temps que les réformes structurelles absolument nécessaires pour réduire la dépense publique. Notre système productif est en berne et le déficit de la balance commerciale ne cesse d’augmenter.
Ce qu’il faudrait éviter de faire.
Il faut éviter d’augmenter le pouvoir d’achat dans un premier temps : tout gain se traduit par une augmentation de nos importations. Quand on donne 100 € de revenu supplémentaire, les Français consomment 70% de produits importés pour 30% d’hexagonaux. Ce qui veut dire que toute baisse d’impôts sur les ménages se traduit par une hausse massive des importations. A utiliser avec modération, donc. La pire mesure serait la baisse de la CSG qui est le seul impôt intelligent que nous ayons avec la TVA. De même, il est illusoire de diminuer immédiatement les transferts sociaux (indemnités chômage, allocations diverses, santé), ce qui serait socialement explosif. Ce ne sera possible qu’avec le retour de la croissance, l’augmentation des revenus et la baisse du chômage.
Ce qu’il faudrait absolument faire.
Il faut réduire la dépense publique de 5 points de PIB en 5 ans. Parallèlement, il faut relancer l’investissement et l’emploi : instaurer un taux unique à 25-28% sur la fiscalité du capital et sur l’impôt sur les sociétés, diviser par deux les taux de l’ISF (ou le supprimer), réformer le contrat de travail et les seuils sociaux, réformer les retraites, réduire le nombre des fonctionnaires dans les ministères non régaliens. La proposition d’une allocation sociale unique qui remplacerait la prime d’activité et les différentes allocations (logement, handicapé, APA,RSA..) permettrait d’économiser 2 milliards d’euros de frais de gestion et 3 milliards d’euros de prestations. Il est nécessaire de remonter le quotient familial pour redonner confiance aux familles, d’augmenter les incitations à l’investissement en actions, d’accélérer la modernisation de notre appareil productif par un amortissement accéléré. Enfin pour tenir compte de l’ubérisation de l’économie, il faut transformer le RSI en protection sociale de tous les non salariés. Tout cela est compatible avec notre situation économique réelle.
A savoir
Equilibrer nos finances publiques sans redresser notre économie est utopique. Et la « flexibilité » des comptes ne sera acceptable que si on engage les réformes structurelles toujours repoussées.
A vous de jouer
Transformez-vous en « électeur-stratège ». A vous de savoir si vous voulez continuer à vous déterminer en fonction du candidat qui a le plus de chance de faire gagner vos idées ou de faire perdre celui dont vous ne voulez surtout pas. Ou choisir le candidat qui a le programme le mieux susceptible de redresser la France.
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