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MEDIRE DES CONS EST AUSSI UNE DISCIPLINE OLYMPIQUE

Médire des cons001

Dans notre famille, comme chez beaucoup de Français, « médire des cons » est une faculté très développée. C’est bien connu, « on est entouré de cons ».  Et des cons, il y en a de toutes sortes. Comme il se dit doit, « le temps ne fait rien à l’affaire », il n’est pas difficile d’être confronté à de « jeunes cons », on a tous un « gros con » dans le collimateur, on a tous été confrontés au moins une fois « au roi des cons », et les « vieux cons » courent les rues. Evidemment, le corollaire c’est qu’on est forcément le « con » de quelqu’un. Dans le vieux réac que je suis, voisine un vieil anar, ce qui fait de moi un « vieux con patenté » qui peut s’arroger le droit de décerner les titres.  Dans la transmission familiale, nous avons aussi la version "connard", qu'on retrouve dans l'expression :  "dis pas merci, connard !". Cela dit, on ne traite pas quelqu’un de « con » n’importe comment. C’est tout un art et un art ça s’entretient. Voilà pourquoi, quand j’ai vu le bouquin de Luca di Gregorio, j’ai aussitôt sauté dessus. Histoire de se perfectionner ou d’entretenir la forme. Et je n’ai pas été déçu !

Une histoire vieille comme la connerie.

Le « con » émerge du Moyen-Age. C’est un trait culturel français.  Je ne vais pas vous refaire toute l’histoire, achetez plutôt le livre. Vous découvrirez comment le « con » passe de l’eros à l’argot, entre dans la littérature des frères Goncourt à Céline pour émerger au 20ème siècle avec Brassens qui y a consacré plusieurs Chansons. Ah ! Brassens ! J’ai été élevé avec son sirop. C’est pour ça que je suis un fan de Cyrano de Bergerac. Le gascon n’utilise pas le mot, mais il pratique la discipline. Chez lui le « con » est un « bélitre ».  On retrouve dans sa gouaille le complexe français : la médiocrité, c’est le « con », le manque de panache, c’est le « con », l’absence de générosité, c’est le « con »… Le passage  par le polar était inévitable et par l’argot, bien entendu. On arrive alors à Michel Audiard.   Le « con » devient un thème récurrent dans les dialogues au point que les formules deviennent des « citations ». Les cons dont je fais partie n’arrêtent pas de faire des citations d’Audiard, « c’est même à ça qu’on les reconnaît » !  Plus largement, le culte du « con », devient la culture médiatique des trente glorieuses. Traquer les cons devient un sport de copains, largement vulgarisé par les  chansons de Brassens, par la gouaille de Cavanna, par les sentences de Pierre Desproges, par les  provocations du magazine Hara-Kiri, par les qualificatifs de San Antonio… Un âge d’or qui sert encore aujourd’hui de référence, avec son florilège d'expressions cultes du type  :"quand on mettra les  cons  sur orbite, t'as pas fini de tourner !". Ce n’est pas par hasard, si chaque rediffusion des « Tontons Flingueurs » a autant de succès. Car Audiard est aussi servi par des acteurs talentueux qui collent au sujet :   Gabin, Blier, Ventura, Blanche et tant d’autres.

Le con intégral, c’est le « pauvre con ».

C’est Frédéric Dard qui s’est essayé à un classement. C’est ainsi qu’on a les « sales cons » rejetons du roi des cons, les « vieux cons » réticents à accepter le monde réel, et le plus doté, le « pauvre con ». Lui, c’est le peuple. Je ne résiste pas à vous livrer la description qui en est donnée. « Il a des cornes, des traites à payer, des hémorroïdes, une épouse malade ou acariâtre, des gosses anormaux, des grands-mères à élever, des nouilles à tous les repas, des voitures dont le moteur « fait le con », des fausses joies, des vraies misères, une télé en panne les soirs d’Ajax et des tuyaux crevés pour le prochain tiercé. Il dégobille aux noces, habille les morts, débouche les éviers, noie les petits chats, met le pied dans l’unique merde du trottoir, se fait gifler par erreur, casse le manche de son esquimau neuf, ne comprend pas les bonnes histoires, rit aux mauvaises, urine à contre-vent, part à la guerre, n’en revient pas, croit ce qu’on lui dit, dit ce qu’il croit (le  con !), croit croître mais se démultiplie. »

Fermez le ban !                     

Médire des cons, Histoire culturelle d’un snobisme populaire - Luca  Di Gregorio – Editions du Cerf.

Commentaires

Luca Di Gregorio

Merci pour ce billet sympathique, cher ami ;)
LDG

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