HISTOIRE
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TOUCHE PAS A MON TESSON !

Sylvain tesson

 

Triste époque, décidément !

Sylvain Tesson nous gratifie d’un nouvel ouvrage : « Avec les fées » dans lequel il nous conte son « Odyssée » celtique de  l’Espagne à l’Ecosse, à la poursuite du merveilleux. J’ai hâte de le lire. Cet homme étonnant m’a fait rêver avec son voyage méditerranéen dans les pas d’Ulysse, en refaisant le parcours du héros grec.  Il est  cet aventurier en quête d’absolu qui passe  un hiver  au bord du lac Baïkal en Sibérie, il est l’auteur de la « Panthère des neiges », Prix Renaudot 2019, il est celui  qui traverse la France  en diagonale, sur « les chemins noirs » … Voilà un écrivain  qui sort du lot, par la qualité de son écriture, son style lumineux, son regard émerveillé sur le monde. Rien d’étonnant à ce qu’il ait conquis un large public.  Il écrit en bon français et chacun de ses romans connait un large succès : deux défauts  qui le condamnent et le rendent suspect. Suprême  horreur : il croit encore en certaines valeurs. Et voilà qu’une clique de soi-disant intellectuels qui ne les partagent pas dénonce sa désignation pour parrainer le « Printemps des Poètes » 2024. Son crime : il serait « réactionnaire », proche de l’extrême-droite. La pétition, nous vient évidemment de cette  gauche woko-marxiste qui renoue pour le coup avec le stalinisme. Il est interdit d’être différent et de sortir du  moule intellectuel des « bien-pensants » ! 

Le Printemps des  poètes.

« Le Printemps des poètes » est une belle manifestation littéraire, festive et ouverte. Depuis 1999, elle met à la portée du plus grand nombre de beaux textes de notre littérature, partout en France. Chaque année, une marraine ou un parrain s’en fait le porte-drapeau. Sophie Nauleau, la directrice artistique, a désigné Sylvain Tesson pour les 25 ans du Printemps, qui se tiendra du 9 au 25 mars prochains. L’idée va de soi quand on connaît l’œuvre de cet «arpenteur d’altitude, de steppes, d’à-pics et de poésie», tel que le qualifie Sophie Nauleau, qui explique son choix : « Les poètes escortent Sylvain Tesson dans toutes ses aventures. Pas un périple qui ne se réfère à eux. Pas un récit qui ne les convoque. Souvent ce baroudeur esquisse même des haïkus sur sa route, voire d’autres pensées sauvages. » Tesson a écrit Un été avec Homère et Un été avec Rimbaud. Rien de choquant donc dans sa désignation comme parrain, bien au contraire !

Une cabale sordide.

Visiblement, l’idée n’allait pas de soi pour tout le monde. Sur le site de Libération, le jeudi 18 janvier  dernier, est diffusée une tribune titrée: « Nous refusons que Sylvain Tesson parraine le Printemps des poètes « , par un collectif dont Baptiste Beaulieu, Chloé Delaume, Jean D’Amérique… Dès les premières lignes, le texte prend une tournure politique : il y est question du second mandat d’Emmanuel Macron, de son « projet politique plus que jamais proche de l’extrême droite », -risible-, de Marine Le Pen, et de la nouvelle loi sur l’immigration. Si vous voyez le rapport avec Tesson, prévenez-moi. Ainsi, notre  belle  plume serait une « icône » réactionnaire. De quoi tomber dans le  Panot !  dirait Mathilde. Le texte est d’une indigence sans nom, émaillé d’interprétations erronées et qui plus est écrit en français « inclusif ».  Beurk ! Bref, il  suinte l’idéologie d’extrême-gauche. Ils seraient 1200 à avoir signé cette tribune sur le numérique, mais pas seulement des poètes : il y a des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, des enseignants et des acteurs de « la scène culturelle française ». Voilà un bel  exemple  de ce qu’internet  peut générer, un agrégat de bêtise et de sottise. Le fait que ce soit le site du journal Libération qui accueille une telle horreur n’est pas anodin. Pour le coup, il porte bien mal son nom. « Aliénation » conviendrait mieux !

Incroyable renversement de la liberté d’expression.

Ce qui est étrange, dans cette condamnation, c’est qu’elle va à l’encontre d’une notion jusqu’ici sacrée dans le monde de la culture, de l’art et donc de la poésie : la liberté. Celle-ci est même à l’origine de toute création. Il y a un demi-siècle, Sartre n’avait que prises de position véhémentes, invectives contre la Ve République, et mettait en avant sa défense de l’URSS ou la Chine. N’était-ce pas Libération qu’il avait créé ? Tiens, ce journal même qui a publié la pétition demandant la proscription de Tesson. Interrogé sur le sort à réserver au trublion Sartre, le général de Gaulle avait tranché : « On n’emprisonne pas Voltaire. » En 2024, on n’emprisonnera ni Voltaire ni Tesson. La poésie fleurit partout. Et c’est le moment que choisit une « gent culturelle », un « collectif »  pour inquiéter  les écrivains. Aujourd’hui Tesson, demain qui ? « Poète… vos papiers ! » lançait naguère Léo Ferré. C’était, pour le vieil anarchiste, provocation et ironie, et voilà que c’est devenu une réalité : il est demandé à Tesson ses papiers. Lui que « ses semelles de vent » ont mené partout dans le monde, en Sibérie, en Amérique centrale, un visa d’entrée dans la culture, la poésie, lui est refusé par des douaniers staliniens autoproclamés. Ce serait risible et insignifiant s’il n’y avait plus grave dans cette affaire, qui montre qu’un vent mauvais souffle sur la liberté d’expression. Car les auteurs de ce lynchage médiatique ont perdu le sens de la mesure, projetant leur vanité, leur bêtise dans une condamnation aussi rigoureuse que celle qui  brûlait, jadis, les sorcières.

La démission de Sophie Nauleau.

En fait, Sylvain Tesson n’est qu’une victime expiatoire. Le journal Libération qui s'était fait le réceptacle de la pétition contre lui a dévoilé le pot-aux-roses dans un nouvel article : « La question n'est pas Sylvain Tesson, c'est : qui l'a nommé parrain ? » La véritable cible était Sophie Nauleau, la directrice artistique du Printemps des poètes et, à travers elle toute la manifestation qui fête ses 25 années d’existence. Elle est très vite attaquée jusque dans sa vie personnelle, chargée elle aussi de tous les maux, y compris de ne pas faire de la place à la poésie issue de TikTok, « Le Printemps des poètes » étant jugé classique, voire «poussiéreux», Si ça ne pue pas le wokisme… Toutes ces considérations étant franchement injuste pour les acteurs et le public des milliers de spectacles que la manifestation génère. Au fil des années, elle est devenue un grand rendez-vous qui diffuse la poésie partout, dans les écoles, les salles de spectacles, des lieux inattendus, et même dans le métro. C'est l'institution même qui était visée, l'attaque prenant d'autres formes que le choix du parrain ou l'aspect artistique. Evidemment Le Monde s’est  senti obligé de venir à la rescousse : « huit anciens salariés évoquent un management traumatisant », de la part de la direction. « Ils dénoncent ce qu'ils considèrent comme l'entre-soi étouffant d'une institution vieillissante, et le management douloureux dont ils auraient été victimes ces dernières années », est-il écrit. Ce même article souligne néanmoins qu'il n'y a eu aucune plainte en justice ni de saisie des prud'hommes. Quand on veut tuer son chien … Sophie Nauleau a choisi le silence, et elle a bien raison.  Pourquoi s’abaisserait-elle devant tant de médiocrité. Il faut le dire, de l'avis de beaucoup, la manifestation, qui se tiendra du 9 au 25 mars, partout en France, est un moment festif où, justement, se rassemblent toutes les poésies, y compris les plus contemporaines.

Quel est mon crime ? Qui sont mes juges ? lance l’auteur.  Alors, avec le poète, je proclame : « Sur un cahier d’écolier, sur un pupitre et sur les arbres, sur les livres de Tesson, sur l’affiche du Printemps des poètes, j’écris ton nom, liberté. »


WOKISME ET DECIVILISATION

Décivilisation

Le tocsin.

La démission de la présidente de Harvard sonne comme un tocsin pour mobiliser tous ces universitaires, féministes et autres personnes de différentes conditions qui n’en peuvent plus du délire woke. Ils dénoncent, entre autre, la régression des droits féminins qui conduit à avoir des « femmes  à pénis »  dans les prisons pour femmes et les compétions  sportives, la  condescendance du néo-antiracisme à l’égard des Noirs, le refus de la réalité biologique des transsexuels  quand ceux-ci la revendiquent. La  prise de conscience  a  touché des personnalités  de plus en plus  nombreuses, de Barak  Obama à Rishi Sunak, mais le combat ne fait que commencer.

Mondialisation de la bêtise.

Aux Etats-unis, on éduque à l'« antiracisme » et à la théorie du genre dès la naissance, grâce à des albums adaptés (Antiracist Baby, d’Ibram X. Kendi), et, à l’école maternelle, on apprend à parler de « personnes à vulve » et de « personnes à pénis » pour éviter les termes offensants « femme » et « homme ».  Et la France n’échappe pas au phénomène. Notre Planning familial n’a pas voulu être en reste : « Au Planning, on sait que les hommes aussi peuvent être enceints » ! L’autoaffirmation de genre réclamée par les militants est consacrée par la loi du 16 novembre 2018 (autorisant à changer de sexe à l’état civil sur simple déclaration), et l’incitation à la transition sociale dès l’enfance, au mépris du principe de précaution le plus élémentaire, avalisée par la circulaire Blanquer de novembre 2021. Par un renversement ironique, les lois interdisant les thérapies de conversion adoptées sous l’influence des militants (telle celle du 31 janvier 2022 en France) prévoient de sanctionner les psychologues qui prennent en charge le mal-être des adolescents au lieu de les diriger d’emblée vers un traitement hormonal, puis chirurgical ; elles permettent de porter plainte contre les associations, telle la Petite Sirène, qui offrent une information objective aux familles. Devant ces délires, on a envie de crier « aux fous ! ».

Obscurantisme.

On frémit devant le sectarisme de ce mouvement. Le recours à l’intimidation et au harcèlement est proportionnel à l’absurdité des propositions auxquelles il s’agit de convertir les récalcitrants ; ainsi, plusieurs personnes ont subi la mort sociale pour avoir dit que les femmes existaient… Les victimes de cette idéologie sont légion, qui ont perdu leur emploi pour avoir prononcé un mot interdit, avoir vanté la méritocratie à l’école ou la compétence dans l’entreprise, ou, pire encore, avoir osé douter de l’utilité des séminaires de rééducation « diversité et inclusion » - y compris des femmes, des Noirs, des homo et des transsexuels, populations prétendument défendues par cette idéologie. La cabale contre Sylvain Tesson fait partie de cette police de la pensée.

En fait de progressisme, nous sommes face à  un nouvel obscurantisme, à caractère totalitaire qui plus est.  Rien d’étonnant, il obéit en cela  à un tropisme fréquent de la pensée de gauche. Mais le  plus grave est qu’il  contribue au mouvement de « décivilisation » que notre siècle connaît. L’individualisme postmoderne qu’il professe répand l’idée que chacun ne peut être représenté que par lui-même, nous interdisant désormais de dire avec Montaigne : « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » Le postmodernisme wokiste est résolument un antihumanisme.

Décivilisation.

Le signe le plus tangible en est la « non-fête de Noël ».  Le cru 2023 marque un tournant : Noël a beau frôler les 2000 ans d’existence, il a été subrepticement débaptisé - désormais, on l’appellera simplement « fête », comme le souligne Laurence de Charette dans Le Figaro. Le petit guide de la phraséologie de la RATP, diffusé aux agents avant les « fêtes »  en atteste : une nouvelle forme de bienséance - et dans le cas de la RATP, le règlement - interdit de souhaiter un « joyeux Noël », et sont évidemment proscrites toutes allusions à l’Avent, à la crèche, ou, cela tombe sous le sens, à une quelconque naissance.  Merci M. Castex !  On récidive avec l’épiphanie : on se gave de galette « des Rois », parfois « républicaines » (le ridicule ne tue pas), mais il serait malvenu au nom de la pseudo-laïcité, d’évoquer une histoire de rois-mages guidés par une étoile auprès d’un nourrisson qu’ils désirent ardemment glorifier. On touche là à la définition qu’en donnait récemment Philippe de Villiers, à juste titre : le symbole de la crèche consacre la naissance d’une civilisation, la civilisation chrétienne à laquelle nous devons l’universalisme  auquel nos « lumières » se réfèrent. Il faut vraiment beaucoup d’efforts pour ne pas voir combien la tradition nous parle, depuis l’Avent jusqu’à maintenant, d’enfantement, de fécondité, de source de vie…

L’effondrement de notre démographie en témoigne. Non-fête de Noël et non-désir d’enfant nous disent ensemble quelque chose de ce bouleversement anthropologique à l’œuvre. Que l’on soit croyant, agnostique ou athée, ne change rien à l’affaire : en même temps que le déclin de la célébration ancestrale de la Nativité s’opère une rupture civilisationnelle, une sortie de la façon d’être au monde et du mode de relation issus de la chrétienté. Génie du christianisme qui place la venue au monde d’un bébé au cœur de l’espérance et du salut, et fait de chaque naissance une renaissance universelle, une victoire du possible sur l’impossible, de la lumière sur les ténèbres !...

Cette décivilisation ne se traduit pas que par le retour à la barbarie de plus en plus fréquent dans notre société, elle détruit la modernité qui avait tiré son succès de ce que chacun travaillait pour un avenir meilleur, celui de ses enfants. La grave crise qui la traverse tient dans l’effondrement de cette perspective : toute génération puise - quoi qu’en disent les mouvements childfree - sa vitalité dans la suivante ! Ainsi le désenchantement d’un monde qui n’espère plus ses enfants est-il source d’effacements en cascade : effondrement économique et démographique, mais aussi  désaffection pour le travail, rejet des aînés et des aïeux… « Le fil vibrant qui nous relie du passé à l’avenir se perd », tandis que nous marchons vers le néant.

Tout n’est pas  perdu.

Le gérant du fonds d’investissement Pershing Square Capital Management, Bill Ackman, éminent mécène de Harvard, dont il est diplômé, estime que la gestion d’une université de cette envergure - le fonds de dotation de Harvard avoisine les 50 milliards de dollars - devrait revenir à un leader doté de solides compétences managériales plutôt qu’à un membre de la faculté. À ce titre, Ackman suggère que l’université supprime le DEI (département diversité, équité, inclusion) et se dote d’une nouvelle constitution, à l’image de celle proposée par des professeurs de Penn et signée par plus de 1 200 universitaires. Cette initiative propose de renouer avec les valeurs défendues par Benjamin Franklin, fondateur de l’université de Pennsylvanie.

Au militantisme politique et social qui gangrène les institutions d’enseignement, ce projet de constitution universitaire oppose les valeurs des Lumières. Ainsi, il condamne toute nomination, tout avancement ou toute reconduction des personnels académiques et administratifs sur la base de critères tels que le genre, la race, la nationalité, les opinions politiques, l’orientation sexuelle ou les affiliations religieuses, et applique les mêmes principes à l’admission des étudiants. À contre-courant des pratiques dogmatiques du DEI et de son discours qui divise la communauté universitaire entre oppresseurs et opprimés, cette constitution prône l’ouverture d’esprit, la diversité intellectuelle, le respect, la tolérance ainsi que la neutralité institutionnelle et politique. La réforme des campus américains s’annonce ardue, mais les professeurs de Penn à l’initiative du projet de constitution universitaire semblent prêts à ouvrir la voie. Désormais à la croisée des chemins, Harvard ferait bien de s’inspirer de ce projet qui redonne à l’équité et à la diversité leurs lettres de noblesse.

On en finira alors avec cette réécriture partisane des concepts « d’injustice »  et de « discrimination » désignant l’homme blanc hétérosexuel comme un coupable  universel et la « déconstruction » de notre culture, donc de notre civilisation. Car wokisme et décivilisation vont de paire.

 


L’ACME DE LA DEBILITE DEMOCRATIQUE

Comment on demande

 

La  démocratie participative, initiée par Ségolène, la grande prêtresse du « boboland », est dans  l’air  du temps afin, paraît-il, de reconnecter le « citoyen » aux élus. Elle a désormais son « totem » avec  la municipalité de Saint-Barthélemy d’Anjou, qui peut prétendre à la médaille d’or en la matière. Sa pratique locale a pour nom « Convention Territoriale  Globale », et s’appuie sur  le « rucher », nom noble du comité consultatif de quartier,  pour  activer la participation citoyenne. Elle  utilise principalement un outil : le pipeau,  et un  langage : le « rablabla ».  J’ai eu beau lire attentivement  le dernier bulletin  municipal qui lui est consacré, je ne sais toujours  pas où est le supplément d’efficacité que cet empilement d’usines à parlottes  peut procurer. Je dois avoir  le cerveau qui ramollit, à moins qu’il ne soit  hermétique à la  langue de  bois administrativo-politicarde de la gauche bobo.

Ainsi, on ne répond plus à des besoins, mais on « structure des relations ». Ainsi on va amplifier les actions d’ « aller-vers » en direction des jeunes et des familles. Ainsi, par ses missions d’accompagnement(…) les enjeux de la « CTG » sont particulièrement importants pour le VPR ! Ah oui, je traduis : VPR = Village Pierre Rahbi, bizarre de qualifier de village un bâtiment administratif, autrefois centre social (trop banal)…  « Suivi stratégique, comité technique pour le pilotage, évaluation avec point d’étapes pour un partage du bilan avec les partenaires » : on n’en finit plus d’ajouter des circuits et des protagonistes. Bref, en langage courant, on appelle ça une usine à gaz. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

Et si on revenait à  notre bonne vieille démocratie représentative, avec des  élus  en charge d’un projet validé par le suffrage universel, qu’ils mènent à  bien au grand jour. Point n’est besoin de toutes ces structures parallèles. Les commissions municipales sont faites pour traiter les dossiers et les approfondir, avant de les soumettre à la délibération du Conseil. Mais pour cela, il faut des élus bosseurs, compétents, et qui assument  pleinement leurs responsabilités devant les électeurs. Et au bout du mandat on rend compte de ce qui a été mis en place. Au moins quand le besoin n’est pas traité de manière satisfaisante, on sait qui « engueuler ».

Mais justement, c’est ce que nos adeptes  de la  « participation » veulent éviter.

 


D’UN MONDE A L’AUTRE

Macron conf de presse

le dessin de Kak résume bien le sujet.

 

Une conférence de presse fleuve  pour nous montrer qu’il sait tout sur tout. Au moins, le 1er Ministre a de la matière dans laquelle il pourra puiser pour son discours de politique générale devant la représentation nationale. Il en ressort que le Président roule un peu moins au milieu de la route et qu’il tient mieux sa droite. Mais  pourquoi ceux qui ont la patience de l’écouter en ressortent avec une impression d’illusoire et de virtuel ? Probablement parce qu’au-delà des mots, l’action ne suit pas.  Macron a  inventé la démocratie  péremptoire : c’est dit, donc c’est fait ! Bah non, ça ne marche pas. Au point qu’on se demande si le Macron  qui pérorait devant  le parterre des journalistes n’était pas un de ces « mêmes » fabriqués par l’IA.

Le monde réel oublié.

Mais  surtout, il n’a pas parlé de toute ce monde réel qui mériterait qu’il  emprunte la bande d’arrêt d’urgence. Le gouvernement Attal va être confronté à une situation qui n'était pas arrivée depuis longtemps : il ne va plus pouvoir distribuer de l'argent magique car il n'y a plus d'argent dans les caisses et on ne peut pas en emprunter plus. Aîe ! La France habituée à dépenser sans compter, s'était précipitée sur cette manne sans attendre avec une inefficacité redoutable : plans de relance, plans de soutien, on a même inventé les plans de résilience. En clair des chèques pour tout et pour n’importe quoi. Sauf qu’il n'y a plus de Covid, il y a toujours la guerre en Ukraine mais l'économie s'est ajustée. Et donc il n'y a plus d'excuses pour dépenser toujours plus.  Ce nouveau gouvernement n'a plus droit à un découvert illimité. Notre principal « garant » pour toutes nos dettes, c’est l'Allemagne, et celle-ci a sifflé la fin de partie : elle n'a même pas pu augmenter sa propre dette de 60 milliards d'euros du fait de ses règles d'endettement, c’est pourquoi  elle ne va pas accepter que nous continuions à rouler gratis.

La cigale se trouva fort dépourvue...

La réalité que Macron n’évoque pas c’est la situation préoccupante dans laquelle se trouve le pays : déficit budgétaire record, dette record, et même déficit commercial record. Et maintenant, en plus, notre dette record nous coûte de l'argent. Certes, les taux longs ont un peu baissé mais ils ne sont plus à zéro ou négatifs, emprunter ne rapporte plus d'argent mais en a coûté et en coûte de plus en plus. Or nous empruntons aussi de plus en plus. Heureusement qu'il y a l'euro ! Heureusement qu'il y a la signature de l'Allemagne ! Sans cela, nous en serions à notre énième dévaluation avec des taux supérieurs à 10%. On comprend pourquoi même Marine Le Pen ne parle  plus d’en sortir. Ce gouvernement va donc être confronté à une situation nouvelle : l'impossibilité de dépenser sans compter. Il n’y a aucune chance que la cigale ne devienne une fourmi, mais il va être intéressant de voir comment la cigale va continuer à danser alors que la bise est venue. Voilà une expérience inédite.

Cerise (amère) sur le gâteau : comme en écho au discours présidentiel, les derniers chiffres sur la natalité française montrent une réalité très sombre. La politique familiale nataliste démantelée sous Hollande montre toute sa terrible conséquence avec l’effondrement du nombre des naissances :  - 700 000. Ce n’est pas la  seule cause, mais c’est la principale. Voilà une génération qui ne pourra pas  compter sur la « répartition » le  moment de la retraite venu. Elle sera la  première à s’en plaindre évidemment !

 


LE CANDIDAT DE LA CLARTE ET DU SERIEUX POUR L'EUROPE !

Bellamy europe 2

Je vous propose l'interview de François Xavier BELLAMY . Très intéressante !

Après un mandat studieux et efficace, il vient défendre son bilan et montrer les enjeux du scrutin.

 

Grand entretien dans Le Figaro

Le président des Républicains, Eric Ciotti, vous a désigné comme tête de liste aux européennes. Ce n’est guère une surprise mais quelle est votre première réaction ?

Je mesure l’importance de cette responsabilité. Je suis très reconnaissant à Eric Ciotti de sa confiance, ainsi qu’à tous ceux, si nombreux, qui me témoignent leur soutien. Cette campagne engage beaucoup de l’avenir de notre famille politique, mais aussi de la vie démocratique en France. Nous avons le devoir de réussir, et je donnerai tout pour cela. Je suis le candidat de la clarté et de la constance.

Avec quelle équipe souhaitez-vous partir au combat ? 

Cette question sera discutée dans les semaines qui viennent. Une chose est sûre : je me lancerai dans cette élection avec l’équipe qui sera la plus susceptible de convaincre les Français, et de leur être utile en gagnant les batailles décisives qui nous attendront demain au Parlement européen. Pour cela, nous pouvons compter sur un vivier extraordinaire de talents, d’engagement, d’expérience. C’est un vrai atout, parce qu’on n’improvise pas la réussite d’un mandat. Je construirai cette liste avec Eric Ciotti et la commission d’investiture avec ce seul objectif. Il faudra une part de continuité, mais aussi, bien sûr, de renouvellement. 

Quelle figure féminine est prévue pour la deuxième place sur la liste ?

La liste sera annoncée en son temps. Mais Les Républicains ne sont pas dans une politique de casting superficielle ; c’est aussi ce qui nous distingue d’Emmanuel Macron. La priorité, pour nous, c’est le fond. 

Quelles sont vos principales motivations ?

Je suis engagé sans relâche depuis cinq ans pour faire entendre la voix des Français au Parlement européen, et je vois à quel point notre continent est à la croisée des chemins. Les crises multiples que nous avons traversées ces dernières années ont confirmé les intuitions que nous défendions en 2019 : il faut reconstruire une Europe qui donne à nos démocraties les moyens de maîtriser leur destin. Cela suppose de ne plus passer par des normes asphyxiantes, mais par des stratégies réalistes. Au cours de ce mandat, nous avons rectifié ce qui devait l’être dans l’urgence ; maintenant, il reste à reconstruire en profondeur l’action européenne. Mais cette élection a aussi pour enjeu la reconstruction de notre vie démocratique en France…

Parce que vous la jugez abîmée ? 

Même s’il ne doit pas devenir un référendum national comme Emmanuel Macron et Marine Le Pen en rêvent, ce scrutin fera évoluer le centre de gravité de la vie politique française. Pour tous les électeurs de droite, c’est le moment de se retrouver pour affirmer leurs convictions. Nous traversons une crise très profonde, et la réponse politique n’est pas à la hauteur des enjeux existentiels auxquels nous sommes confrontés ; preuve en est avec ce nouveau gouvernement, dont on voit bien qu’il n’incarne pas la promesse d’un cap enfin clair. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se font la courte échelle, et veulent réduire la vie démocratique à un choix qui n’en est pas un. Je le dis aux électeurs de droite : c’est le moment de prouver qu’il y a encore une place pour les priorités auxquelles vous tenez, pour la clarté des idées et le sérieux dans l’action. Cette élection européenne, c’est notre chance d’échapper au désespoir d’un second tour perpétuel, dont nous savons déjà qu’il n’apporte aucune solution aux grands problèmes du pays.

Quelles différences voyez-vous avec les élections de 2019 qui s’étaient soldées par un score décevant malgré une campagne saluée ?

En 2019, les candidats étaient presque tous nouveaux. La République en Marche n’avait tout simplement pas d’élus au Parlement européen. Quant à moi, c’était ma première candidature. La grande différence, c’est qu’après cinq ans, nous assumons désormais un bilan. Nous allons devoir non seulement dire ce que nous voulons pour l’avenir, mais répondre de ce que nous avons fait. Derrière l’ambiguïté du « en même temps », le macronisme aura été le fidèle supplétif de la gauche dans son projet de décroissance européenne : dirigés par des élus venus des verts ou du parti socialiste, les députés macronistes ont voté contre le nucléaire, soutenu l’inflation normative qui fragilise notre agriculture et notre industrie, poussé pour le renforcement de la pression fiscale. Quant au RN, son bilan est assez simple : il n’a littéralement rien fait. En cinq ans, les élus du RN n’auront pas fait évoluer une seule virgule d’un seul texte européen. C’est une question de travail, de courage et de détermination : avec notre délégation, même moins nombreuse, nous avons mené et gagné de nombreuses batailles. 

Durant cette campagne, vos adversaires pourraient vous attaquer sur le terrain des convictions, notamment conservatrices. Comment comptez-vous déjouer ces pièges tendus ?

Certains ont intérêt à multiplier les caricatures pour éloigner l’attention des vrais sujets. Pendant ce mandat, c’est nous qui, au nom des principes que nous ne devrions jamais abandonner, avons combattu les régressions qui menacent l’Europe. Après une longue bataille, j’ai fait voter un amendement pour interdire à la commission européenne de financer des publicités proclamant que « la liberté est dans le hijab ». Comment les élus de gauche qui ont tout fait pour s’y opposer osent-ils encore faire des procès en féminisme ?

Avec le recul, quelles erreurs ne souhaitez-vous plus commettre ? 

Nous devons repenser la manière dont nous parlons aux Français. Par habitude, nous avons peut-être mené trop souvent campagne en parlant d’abord à nos soutiens, plutôt qu’à tous les Français, et en particulier à tous ceux qui ne se sentent plus concernés par la politique. Beaucoup ont le sentiment d’être orphelins, privés d’une parole qui les représente. C’est à eux que je veux parler dans cette campagne. Pour cela, nous voulons nous déployer partout en renouvelant nos méthodes, pour aller là où la parole publique ne porte plus, retrouver ceux qui ne croient plus en la politique, ou en la droite. Nous avons besoin que les Français se réapproprient cette élection européenne.

Sur quoi ferez-vous campagne ? 

Les défis ne manquent pas. Sur la question migratoire, l’essentiel reste à faire pour permettre aux pays européens de maîtriser leurs frontières. C’est l’un des plus grands défis du siècle pour notre avenir et pour l’équilibre du monde de demain. Avec le sujet de notre sécurité, alors que la guerre est de retour aux portes de l’Europe, il est impératif de reconstruire notre sécurité économique : le continent européen doit retrouver la capacité de produire ce dont il a besoin. Au nom de l’écologie, la gauche et le macronisme n’ont cessé de défendre un projet de décroissance qui nous appauvrit, nous fragilise et nous rend dépendants d’une production importée désastreuse pour l’environnement… C’est la triple peine. Il est temps de libérer ceux qui travaillent de cet amas de contraintes qui décourage toute responsabilité. Les agriculteurs sont en première ligne, ils alertent à juste titre, mais leur détresse nous concerne tous. Derrière ce combat contre ce qui empêche l’Europe de se projeter dans l’avenir, se joue aussi le déni de ses racines et de son identité.

Craignez-vous d’être pris en étau entre Jordan Bardella (RN) et Marion Maréchal (Reconquête!) ?

Non, pour une raison simple : personne d’autre que nous ne mène le travail que nous faisons. Prenez le sujet migratoire : à Paris, c’est le travail déterminé des élus LR qui a permis de faire voter une loi immigration qui renforce nos frontières ; c’est la même chose à Strasbourg. Le RN a voté contre l’augmentation du budget de Frontex par réflexe anti-européen. Les macronistes ont combattu notre proposition de financer les infrastructures physiques, les murs nécessaires dans certaines zones frontalières de l’UE. A chaque fois, nous avons gagné ces batailles. Quant à Marion Maréchal, je ne comprends pas le projet de sa campagne. Reconquête! nous parle de l’union des droites, en ayant simplement créé une division supplémentaire. Dans un moment aussi décisif, se disperser serait irresponsable. Notre devoir est de rassembler les électeurs de droite dans cette élection, pour donner le plus de force possible à leurs idées en Europe.

Dans ses vœux à la presse, Jordan Bardella appelle lui aussi l’ensemble des adhérents et militants des Républicains à rejoindre le RN.

Le RN se projette dans ses rêves de victoire nationale : Jordan Bardella se croit nommé premier ministre... Ce serait déjà bien d’exercer réellement son mandat de député européen. Le RN a gagné l’élection européenne il y a cinq ans ; mais il n’a rien fait de la confiance des Français, rien. Il aura seulement varié du tout au tout sur les sujets européens : il a vanté le Frexit et fait de la sortie de l’euro sa première priorité, avant de changer de discours. Pour ma part, je n’ai jamais varié, ni dans ma parole, ni dans mon action. A tous les Français qui espèrent la reconstruction d’une droite sérieuse, sincère et constante, je veux dire simplement : j’ai besoin de vous !

Le ralliement de Rachida Dati à la macronie ne risque-t-il pas de troubler le message de la droite ? 

C’est le seul but d’Emmanuel Macron : créer de la confusion, au risque de désespérer les électeurs. Nous résisterons à cette entreprise de démolition. Dès que Rachida Dati est entrée au gouvernement, Eric Ciotti a clairement indiqué qu’elle ne faisait plus partie de notre famille politique.

Fin novembre, vous avez rencontré Nicolas Sarkozy avec lequel les relations n’ont pas toujours été simples. Vous a-t-il manifesté une forme de soutien en vue des européennes ? 

Non, et je ne le rencontrais pas pour cela d’ailleurs. Nicolas Sarkozy est bien sûr libre de sa parole. Son choix lui appartient. 

Quel sera le rôle de Laurent Wauquiez dans cette campagne ? 

Laurent Wauquiez est une figure majeure de notre famille politique, et je n’oublie pas que c’est lui qui m’a fait confiance en 2019 pour porter nos couleurs. Je suis heureux de compter sur son appui pour cette nouvelle campagne.

Quelle sera la conséquence sur votre campagne des travaux réguliers que vous menez avec David Lisnard (Nouvelle Énergie) et Hervé Morin (Les Centristes) ? 

Nous avons partagé ensemble un travail de fond important sur les sujets essentiels pour la vie du pays. Désormais, je vais m’engager totalement dans cette nouvelle bataille des européennes ; c’est un autre moment qui s’ouvre pour moi. J’ai beaucoup d’amitié et d’estime pour David et pour Hervé ; avec eux, je veux fonder cette campagne sur l’expérience de ceux qui font que le pays tient debout dans les crise qu’il traverse, les maires et les élus locaux.

On dit que la survie des Républicains repose sur le résultat de ce scrutin. C’est une lourde responsabilité qui repose sur vos épaules… 

J’en mesure l’ampleur : l’enjeu n’est pas la survie d’un parti, mais l’avenir du pays, et de l’Europe. Ma conviction profonde et sincère est que cette élection est d’abord et surtout, pour la droite, le moment de se relever. Si nous partons en campagne avec pour objectif d’éviter la catastrophe, nous ferons une grande erreur : les Français n’ont jamais été aussi nombreux à attendre ce que nous avons à leur proposer. Je suis prêt.


LE GRAND DENUEMENT

Dati culture

 

Le nouveau gouvernement exprime on ne peut plus clairement le grand dénuement dans lequel se trouve la Macronie. Déjà privé d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, Macron, prisonnier de son hubris, se révèle incapable d’ouvrir sur des forces politiques complémentaires qui lui permettrait de gouverner efficacement jusqu’à la fin de son mandat. Il préfère commettre la même erreur que Chirac en 2003 qui avait nommé un gouvernement chiraco-chiraquien, incapable de pardonner  à ceux qui avaient soutenu Balladur. L’équipe laborieusement constituée est plus resserrée et plus à droite pour coller davantage à l’opinion publique, mais il n’y a guère de grands changements. La seule surprise est l’arrivée tonitruante de Rachida Dati à la Culture qui cache la misère.

Le  Gouvernement Attal est un gouvernement de repli sur soi.

La Macronie, toute la Macronie, rien que la Macronie. Le « en même temps »  ne marche pas. Macron ne veut rien céder des pouvoirs qu’il s’est arrogés au mépris de la constitution. Il a nommé un gamin à  la tête du gouvernement et « son ex-mari » aux affaires étrangères.  Les deux sont des « hommes-liges » qui obéiront au doigt et à  l’oeil. Quant à Rachida, aussitôt exclue de LR dont elle assurait la présidence du Conseil National, sa nomination n’est pas susceptible de changer la répartition des groupes à l’Assemblée nationale et s’explique surtout par son incontournable envie de prendre la mairie de Paris que seule une alliance avec Renaissance lui permettra de conquérir. Sa mise à l'écart de LR est logique mais prend aussitôt un caractère sectaire. Les poids lourds du gouvernement restent en place et seul l’hyperministère de l’Education et des Sports fait débat par son étendue  dans l'année des JO à Paris. La nomination d’un ministre délégué à l’Education auprès de la ministre en titre ne fait aucun doute et viendra en alléger la charge. Enfin, Macron en profite pour régler ses comptes en virant les ministres frondeurs de la  loi sur l’immigration, à l’exception de Sylvie Retailleau qui garde son poste, ce qui accentue le tropisme droitier du nouveau gouvernement. Au fond ça ne change pas grand-chose.

Un coup d'audace trompeur.

Le  coup d’audace du Président et de son Premier Ministre est bien dans la désignation de la Ministre de la Culture et les médias se sont précipités dessus comme des loups affamés sur un chevreau, éclipsant toutes les autres nominations au profit de la star parisienne dont la puissance de feu est bien connue.  Enfin, un peu d’animation !  On va  peut-être un peu moins s’ennuyer. Néanmoins, ne soyons pas dupes : sous la com, la banalité. Bruno Le Maire qui reste à Bercy et élargit son périmètre à l’énergie, Darmanin à Beauvau, Lecornu aux Armées, Dupond-Moretti à la Justice, ceux-là gagnent le statut de «poids lourds ». En prenant en compte la susceptibilité des alliés, les rodomontades de Bayrou et la popularité d’Édouard Philippe essentiellement, Gabriel Attal avait une marge de manœuvre ténue : dans ce gouvernement, il sera plus encadré que soutenu. Le  resserrement ne lui a pas permis de prendre en compte totalement la parité. Pour terminer, une anecdote : hier soir, à la télé sur France info, à l’énumération de la  liste des ministres, Christophe Béchu a été totalement oublié, et avec lui la transition écologique. Le choc émotionnel « Dati » sans doute dans ce repère de gauchos !

Avec son jeu de chaises musicales limité, ses féodaux confirmés  et ses débauchages restreints, l’opération voulue par Macron garde une note politicienne bien légère en regard de la gravité des temps. Aussi, cette nouvelle équipe pas si nouvelle que ça, sera jugée avant tout sur l’efficacité de son action.

 


QUAND LE REMEDE EST PIRE QUE LE MAL

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2024 est l’année de l’élection du parlement européen. Il faut s’attendre à une poussée populiste et dans le contexte actuel, notamment avec la guerre en Ukraine, un blocage par les eurosceptiques et anti-européens serait catastrophique. Pourtant, nous avons sous les yeux, l’exemple du Royaume-Uni de  Grande-Bretagne. L’Europe, c’est quand on la quitte qu’on s ‘aperçoit de son utilité.

La faillite du Brexit.

Huit ans après le référendum et trois ans après son entrée en application, le Brexit a plongé le Royaume-Uni dans une crise sans équivalent depuis les années 1970. Au Royaume-Uni, les élections législatives se dérouleront à l’automne  2024, et les Britanniques s’apprêtent à sanctionner les tories moins pour quatorze années de pouvoir erratique qui ont usé cinq premiers ministres que pour le résultat du Brexit.  Huit ans après le référendum et trois ans après son entrée en application, le Brexit se traduit par un naufrage qui ne peut plus être masqué par la  pandémie du Covid ou la guerre d’Ukraine. Les  derniers sondages sont éloquents : 65% des Britanniques se prononcent pour un nouveau référendum, ils ne sont plus que 22 % à soutenir le Brexit alors que 54% jugent comme une mauvaise idée. Aussi, les élections se présentent comme la chronique d’une défaite annoncée pour les conservateurs, devancés de quelque 20 points dans les sondages par les travaillistes. 

Les conséquences du Brexit.

La campagne des élections législatives ne portera pas directement sur le Brexit mais sur ses conséquences : l’annihilation de la croissance ; la déliquescence des services publics ; l’explosion des prix et la paupérisation de la population. Dans les faits, il n’a pas entraîné une reprise mais une perte totale de contrôle de leur destin par les Britanniques.

La croissance : elle est désormais inférieure à celle de la zone euro, alors qu’elle était systématiquement supérieure depuis les années 1990. L’activité ne progressera que de 0,5 % en 2023 et 2024 ; elle a été réduite de 5,5 points et le commerce de 7 points depuis 2016. La stagflation est désormais bien installée. Les ménages sont étranglés par l’inflation qui atteint 7 % contre 2,8 % dans la zone euro, avec une spirale de hausse entre les prix et les salaires. La banque d’Angleterre a augmenté quatorze fois ses taux pour les porter à 5,25 % (contre 4 % dans la zone euro), ce qui a laminé le pouvoir d’achat des consommateurs, provoqué un effondrement du marché immobilier et euthanasié l’investissement.

La finance : elle est désormais un point faible. Les capitaux et les investisseurs fuient. La City perdra à terme 35.000 à 40.000 emplois au profit de l’Union. Simultanément, la pression des marchés ne se relâche pas, depuis le krach provoqué par l’expérience aussi courte que calamiteuse de Liz Truss de planifier une baisse massive et non financée des impôts pour les plus riches. La dette publique a dépassé 100 % du PIB en 2023 et son service a explosé pour atteindre 4,2 % du PIB en raison de son indexation sur les prix à hauteur d’un quart. Cerise sur le gâteau (amer) : Birmingham, deuxième ville du pays, a fait faillite.

L’économie désorganisée : la pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture, de la construction, de la santé, des transports et des services, provoquée par le départ de plus de 1 million de travailleurs européens, va de pair avec la montée du chômage de 3,5 % à 4,2 % de la population active. Le pays compte désormais 14,5 millions de pauvres tandis que le pouvoir d’achat recule fortement. D’où une sévère crise sociale qui entraîne la multiplication des grèves dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des transports routiers et ferroviaires, de la poste ou de la recherche.

L’immigration : avec le Brexit , le pays devait en reprendre le contrôle. L’échec est aussi cinglant. Le départ forcé des Européens a été plus que compensé par l’arrivée d’immigrés non européens. Le solde des entrées et des sorties a battu un record en 2022, avec une hausse de la population immigrée de 606.000 personnes. Il faut y ajouter l’immigration illégale, qui a elle aussi explosé, avec 45 774 traversées de la Manche en 2022. Et le phénomène s’est aggravé en 2023.

Le Royaume-Uni et l’Europe.

La démonstration est faite, il ne peut pas tourner le dos à l’Europe. Sur le plan politique, il reste menacé d’implosion par la revendication d’indépendance de l’Écosse, qui est indissociable de sa volonté de rejoindre rapidement l’Union. En Irlande du Nord, la crise ouverte autour du protocole conclu avec l’Union européenne, a abouti, pour la première fois, à la victoire du Sinn Féin en mai 2022, qui ouvre à terme la voie à une réunification de l’île. Voté au terme d’une campagne dominée par les mensonges, le Brexit a placé le Royaume-Uni dans une complète impasse. Le projet d’une Global Britain coupée du continent européen constitue un contresens économique, géopolitique et historique, au moment où la mondialisation se reconfigure autour de blocs régionaux. Mais s’il revenait, il ne retrouverait pas les privilèges qui lui avaient été consentis, notamment le rabais de moitié de sa contribution au budget. C’est pourquoi aucun dirigeant ne pourra assumer le risque d’un nouveau référendum sur le retour dans l’Union avant vingt ou trente ans.  Pourtant, il a désespérément besoin de l’Union pour retrouver le chemin de la croissance, condition de la stabilisation de la classe moyenne et de la paix civile. De son côté, l’Europe a aussi besoin du Royaume-Uni pour faire face à la montée des tensions géopolitiques. De part et d’autre de la Manche, il est donc temps de renoncer aux mirages de la radicalité pour emprunter la seule voie raisonnable qui s’offre, celle du réalisme et du pragmatisme.

Tout  ça pour ça !  Avant de  voter, les Français devraient y regarder à deux fois avant d’envoyer les nouveaux députés au Parlement de Strasbourg. L’Europe n’est pas  parfaite, loin de là, mais attention aux faux remèdes qui sont pires que le mal ! On aura le temps d’en reparler.

 


AU NOM DE L’INTERÊT GENERAL !

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En attendant Godeau …

Le Président nous promet  un « grand rendez-vous avec la Nation » et annonce  un nouveau gouvernement qui  aura  pour tâche de  rétablir  l’autorité  et l’éducation. Chiche ! On verra à l’ampleur du remaniement et la répartition des postes si l’objectif est tenable ou si comme  les fois précédentes, Jupiter se contente d’un habillage pour mieux travestir une réalité qui échappe. La réussite  viendra à deux conditions : que l’action soit menée au nom de l’intérêt général quoi qu’il en coûte à l’hubris de ceux qui gouvernent, et qu’elle se fasse au nom de la vérité, aussi cruelle soit-elle pour les Français.

La vérité.

Elle n’est pas difficile à cerner. D’abord refuser le déni sur l’état réel du pays que nos compatriotes perçoivent confusément. Il  est caractérisé par un endettement massif de plus de 3 000 milliards d’euros, une économie presque sous-développée, plombée par les charges et dont la dette  ampute  à coup sûr le potentiel de croissance, le tout aggravé par une suradministration qui multiplie les freins que les « petits hommes gris »  toujours plus nombreux s’empressent d’actionner pour prouver qu’ils existent.  Son effondrement scolaire et intellectuel, ensuite, avec un système éducatif englué dans son égalitarisme qui empêche toute promotion du mérite et des enseignants paupérisés et sous-formés  dans tous les domaines incapables de transmettre les savoirs fondamentaux. Il en résulte un déclin intellectuel qui se traduit par le tarissement des grands esprits largement remplacés par la débâcle abrutissante des réseaux sociaux.  La violence banalisée nous est livrée  par le  lot quotidien des faits divers : femmes violées, poignardages, festival de  kalachnikovs, refus d’obtempérer avec des forces de l’ordre prises régulièrement  pour cible. Les fractures qui minent la société dans laquelle le « vivre ensemble »  est constamment bafoué par le communautarisme qui progresse  sous la pression notamment de l’Islam politique, et par les idées  obscurantistes  propagées par le wokisme. Enfin, il n’y a pas  besoin d’être grand clerc pour constater que nos libertés reculent en même  temps que notre démocratie représentative par  la contestation systématique des lois et projets votés, le mépris pour les élites et le règne du chacun  pour soi.

Ce que j’attends.

Il faudrait qu’une équipe déterminée uniquement motivée par l’intérêt général et le service de la France, s’engage avec lucidité sur le travail de long terme qu’il est envisageable d’accomplir pour œuvrer au redressement du pays. Le rétablissement de la  prospérité ne viendra pas sans efforts, mot oublié, ni sacrifices, et le chemin risque d’être long. Il ne s’agit pas de déclencher une révolution brutale comme certains en rêvent, qui nous conduirait tout droit dans un abîme encore plus profond et douloureux, mais d’une action patiente, clairvoyante, menée avec pédagogie et répartissant les efforts avec équité.  Il y faudra de la constance, mais l’œuvre accomplie par le Général de Gaulle, à son retour au pouvoir, nous montre que c’est possible et que  les fruits peuvent venir  plus rapidement que  prévus. Si le cercle vicieux  de la facilité et de la dépense  est enrayé et remplacé par le cercle vertueux de la rigueur, tout peut redevenir possible. Il ne suffit pas d’avoir des gens courageux pour se mettre à la  tâche, c’est aussi aux Français  de  choisir !

 


DES VŒUX, EN VEUX-TU, EN VOILA…

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C’est la période des vœux.

Le contexte, en ce début d’année 2024 n’est pourtant guère propice à leur formulation, à moins d’être un optimiste invétéré. Ainsi, je n’en peux plus de ces bombardements russes sur les villes ukrainiennes, visant les populations civiles au mépris de toutes les lois internationales, et du discours cynique de Poutine pour les justifier, inversant les rôles et certain de l’impunité que lui confère son parapluie atomique, ce que la lâcheté de l’ONU confirme. Sans parler du bouffon de Corée du Nord qui préfère faire crever de faim son peuple pour jouer avec ses "bombinettes" en menaçant la Terre  entière  de ses foudres pour contenter sa  skizophrénie et sa paranoïa.

Que dire de plus ?

Qu’au début de 2023  les  prévisionnistes se sont trompés à peu près sur tout. Le  journal Les  Echos en fait lui-même le mea culpa. Et  c’est  vrai que les prévisions « sont difficiles, surtout quand elles concernent l’avenir » disait Pierre Dac. Sur les dossiers internationaux, nous étions nombreux à penser que l’Ukraine pouvait gagner la guerre, sa contre-offensive a échoué, que l’Iran verrait triompher la révolution « femme, vie, liberté » et c’est l’ordre des turbans à  matraques qui l’a emporté, que les américains se détourneraient de Trump, l’escroc, le menteur, le voleur et il est le favori de  la  présidentielle. Le  Président turc Erdogan devait se trouver en difficulté pour sa  réélection, en fait il l’a remportée dès le 1er tour. Sur le plan international, on nous annonçait une récession mondiale qui n’est pas  arrivée. Et cerise sur le  gâteau,  la France devait gagner la coupe du monde de rugby, ce qui ne s'est pas produit.

Les surprises de 2023.

L’année dernière a cependant été fertile en « rebondissements ». Je ne choisis pas le mot au hasard.

Grosse surprise avec le pétrole dont les cours devaient s’envoler. Avec la guerre en Ukraine qui n'en finit pas, avec la Russie qui repart à l'offensive, avec un conflit du Moyen-Orient où des navires militaires américains se frottent à des navires militaires iraniens, le pétrole a baissé. Cela, malgré les réductions de production imposées par l'OPEP+. L'explication est simple : les États-Unis n'ont jamais produit autant de pétrole qu'en 2023 et la croissance mondiale est restée faible.

Autre  grosse surprise : La hausse fulgurante des taux d'intérêt devait provoquer une récession de l'économie américaine. Il n'en a rien été. Elle a même bien résisté grâce aux ménages américains qui ont continué à consommer malgré la pression sur leur pouvoir d'achat. L'emploi qui s'est bien tenu du fait des millions de postes non pourvus post « grande démission » post Covid est l'explication la plus souvent avancée.

Autre surprise, bonne celle-là, c’est l’inflation et les taux d’intérêt. Alors que les banquiers centraux, Christine Lagarde en tête, répétaient que l'inflation allait devenir « permanente », elle a ralenti et s'est même effondrée et les taux à long terme ont chuté. Dans un certain nombre de pays, elle est même proche ou en dessous de l'objectif obsessionnel des 2%. C’était pourtant prévisible : nous avons subi une inflation conjoncturelle et non pas structurelle, et quand les prix du pétrole et les prix alimentaires ont chuté, l'inflation a suivi en toute logique.

La plus grosse surprise de l'année 2023 est venue de l’économie chinoise. C'était pourtant gravé dans le marbre : après trois ans de Covid et de politique brutale de confinement, les consommateurs chinois devaient faire exploser la croissance avec l'effet rattrapage. On craignait même que l'emballement de l'économie chinoise provoque un rebond spectaculaire de l'inflation dans le monde. Et il n'en a rien été. La croissance chinoise a fait pschitt ! L'économie chinoise est plombée par un endettement massif, notamment dans le secteur de l'immobilier et par une prise en main étatique qui l’étouffe.

Dans ce contexte très particulier, on aurait pu  penser que la  bourse  toucherait le fond. Que nenni ! Personne n'avait prévu l’envolée des indices boursiers : CAC40 : +16,5%, EuroStoxx : +19,19%, Nasdaq : +43,42%, Nikkei : +28,2%... Certains  ont parlé « d’euphorie » ! Seule la  Chine est restée en rade : Shanghai : -3,70%. Une euphorie qui a profité certes à un nombre limité de valeurs mais qui a commencé en fin d'année à s'étendre à tous les actifs dits « risqués », le bitcoin est à nouveau au-dessus des 45 000 $ et l'or proche des 2 100 $. Les marchés « anticipent », comme  à leur habitude. Ils ont déjà largement joué le nouveau cycle de baisse des taux qui va commencer à partir de la mi-2024.

Alors ?

Etats-Unis, Iran, Chine, Taïwan, Corée du Nord… 2024, une année de tous les dangers. Bien fol qui se risquerait à des prévisions…Les souhaits risquent de rester  lettre morte.