POURQUOI SOUTENIR L’UKRAINE EST INDISPENSABLE
20 mars 2024
Quand j’observe que, selon un sondage, 57 % des Français n’approuvent pas que Macron hausse le ton face à la Russie, je trouve que c’est inquiétant. Même si on n’aime pas Macron, ce qui est mon cas, il faut reconnaître que son action face à Poutine est justifiée et nécessaire. Et je rejoins l’analyse de notre ancien Ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, connu pour sa modération, quand il déclare : « En Ukraine, nous jouons notre liberté et notre existence ». Et son analyse qu’il développe dans une interview au Figaro, est frappée au coin du bon sens. J’en reprends quelques arguments.
Poutine a tout faux.
Le bilan à l’heure actuelle, c’est un échec de la Russie. D’abord l’Ukraine a résisté si bien que « l’opération spéciale » a capoté. Rappelons-nous cette colonne de camions de 40 km de long qui transportait personnels et matériel pour se substituer à l’administration ukrainienne alors que les soldats russes avaient dans leur paquetage leurs uniformes de parade pour défiler dans la capitale quelques jours plus tard. Les erreurs d’appréciation du Kremlin se sont accumulées : sous-estimation de la résistance ukrainienne et de la force du sentiment patriotique dans le pays ; sous-estimation de l’unité des européens ; sous-estimation de la posture et du talent de communication du Président Zélinski. Enfin Poutine a surestimé ses forces. Surtout, il n’a pas vu que cette invasion allait faire revenir dans le jeu l’OTAN et donc les Etats-Unis. Il a subi des défaites cuisantes et même des humiliations : destruction du Croiseur Moskva, frappes contre le pont de Kerch, reflux de la flotte dans la mer Noire, poussée ukrainienne à Kerson et à Karkiv… La prise d’Avdiivka destinée à offrir au maitre du Kremlin une victoire avant les élections n’est pas une percée mais un grignotage au prix de milliers de soldats morts. Par ailleurs, les Russes ont un problème de mobilisation et des lacunes technologiques en raison des sanctions occidentales.
L’Union européenne exemplaire.
L’unité de l’Union européenne n’a jamais été démentie dans les actes. La mobilisation fut immédiate dès le 24 février, et dans la même semaine l’UE a pris à l’unanimité les premières sanctions contre la Russie et décidé d’envoyer des armes à l’Ukraine. Aujourd’hui, tout le monde a compris que l’Ukraine ne doit et ne peut pas perdre. L’échec de sa contre-offensive et la possible élection d’un Trump aussi imprévisible que jamais, oblige les européens à un renforcement de leur soutien. D’abord en passant réellement à une économie adaptée à la situation : il faut produire munitions et artillerie pour répondre à la demande, ce qui implique que les outils de production militaire soit en capacité d’y satisfaire. Il ne faut pas avoir peur de l’effort financier : les 6% du PIB de la Russie consacré à la guerre représentent en effet bien peu face aux 2% du PIB de l’Union (27 pays). Il faut soutenir la proposition de la première ministre estonienne de mobiliser un emprunt de 100 milliards d’euros pour relever le défi. Quand l’Europe veut, l’Europe peut. Et il faut reconnaître que la France, devant le défaut provisoire américain, seule puissance « dotée » de l’Union a le devoir de mettre Poutine au pied du mur car celui-ci ne comprend que le rapport de force. Elle seule a la capacité de le faire. Voilà pourquoi le Président a pris en main le flambeau. Il est dans son rôle. Et ne nous y trompons pas, il a toute l’Europe derrière lui, sauf Orban et Frico, et encore.
Un enjeu civilisationnel.
Il faut se féliciter que l’Europe soit sortie de sa naïveté et de sa torpeur géopolitique. Après avoir vécu sur les « dividendes de la paix », il est temps qu’elle se réveille. Je pense comme Jean-Yves Le Drian que l’Ukraine est désormais la première ligne de défense de l’Europe et que nous jouons là-bas notre liberté et notre existence. Le prix à payer par l’Ukraine est déjà élevé mais il n’est rien par rapport au prix que nous aurions à payer si elle était battue. D’autre part, il est choquant de constater que l’ONU est paralysée par le fait qu’un de ses membres au Conseil de sécurité, parce qu’il est doté de la puissance nucléaire, puisse s’affranchir de toutes les règles de droit international et envahir un état souverain en tentant de faire régner la loi du plus fort. Elle se ridiculise par la modestie de ses protestations face aux horreurs perpétrées sur l’Ukraine et sa population par les troupes russes. La musique de fond de ce qu’on appelle le « Sud global » est en grande partie alimentée par la Russie, aidée par la Chine à travers des discours qui attaquent l’ordre international. Ces attaques visent à promouvoir un ordre mondial alternatif où les dictatures servent de modèle. Il importe pour nos démocraties dont la pérennité dans le monde est menacée de combattre ces régimes autoritaires dont certains veulent en profiter pour atteindre le statut nucléaire. On voit combien laisser tomber l’Ukraine serait catastrophique pour le monde dit « libre ».
Tâchons de nous en souvenir au moment de voter pour renouveler le parlement européen.
Plusieurs milliards pour l'Ukraine et quelques poignées d'Euros pour nos agriculteurs. Pendant ce temps ils enlèvent les taxes sur les produits ukrainiens qui arrivent chez nous.
Allez comprendre !
En effet la gouvernance française et européenne sont à changer avec une tout autre politique.
Rédigé par : Georges | 30 mars 2024 à 16:24