Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres
Deux égarés à leur façon.
J’ai découvert Jean d’Ormesson tardivement, il y a quelques années. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’avais jamais lu aucun de ses romans, même les plus connus. Peut-être parce qu’il n’était pas dans les œuvres susceptibles d’être étudiées au collège … Déformation professionnelle. Et puis, la curiosité m’a poussé à lire « C’est une chose étrange à la fin que le monde ». A cause du titre bizarre, et aussi et surtout, parce qu’à défaut de l’avoir lu, j’avais eu de multiples occasions d’apprécier l’esprit brillant de l’académicien lors de ses passages sur les plateaux télévisés. Et ce fut une révélation. D’ormesson avait l’art de rendre intelligents ceux qui le lisent autant que ceux qui l’écoutent. Du coup, j’ai pratiquement lu tous ses derniers ouvrages jusqu’au fameux « guide des égarés ». Mais voilà, l’écrivain, chroniqueur, journaliste Jean d’Ormesson est mort à 92 ans. Au-delà de l’auteur illustre qu’il était, il exprimait des idées qui méritaient d’être retenues par la classe politique. Ce qui frappait c’est que son engagement à droite ne l’a pas empêché d’être apprécié de tous à force de penser pour tous, y compris des adversaires qu’il séduisait par sa souplesse intellectuelle et sa grande tolérance. Sa grande capacité à pratiquer l’auto-dérision n’est pas pour rien dans la popularité qu’il avait acquise. Il a incarné un bonheur de vivre d’autant plus compréhensible qu’il avait de la chance : entourage bourgeois, existence cossue, carrière éblouissante, toutes choses qu’il devait en partie au fait d’être bien né mais surtout à ses dons éclatants, son talent, sa vivacité d’esprit incomparable, sa culture insondable qu’il ne mettait jamais en avant, son humour ravageur. Un « égaré » dans un pays où le pessimisme est promu en art de vivre, un chanceux conscient qui n’hésite jamais à se demander ce qu’il fait là.
Johnny Hallyday n’est pas entré dans mon répertoire tout de suite. Moi, j’étais plutôt « 3 B » : Bécaud, Brel et Brassens. J’ai pourtant le même âge que lui. Mais le style « yéyé », au début des années 60, je trouvais ça puéril. Et puis les « blousons noirs », c’était pas très bien vu dans mon environnement familial … Il faut dire que je sortais de « l’austère maison d’Instituteurs », autrement dit l’Ecole Normale. J’ai commencé à aimer Johnny Hallyday à partir de la période « Noir c’est noir ». Ensuite, comme tout le monde, j’ai goûté chaque fois un peu plus la voix et le spectacle, sans pour autant avoir jamais eu l’occasion d’assister à un de ses concerts, ce que je regrette aujourd’hui. Donc, Johnny Hallyday est mort dans la nuit de mardi à mercredi d’un cancer des poumons, à l’âge de 74 ans. Il est parti trop tôt, c’est une évidence. Sa disparition est accueillie à juste titre par un chagrin et un deuil national. Car il était, plus qu’un chanteur, plus qu’un rocker, il était un facteur d’unité du pays. Il ne cachait pas que sa préférence allait à la droite. Ce qui n’était pas évident quand on connait son parcours et d’où il vient. Il avait eu d’autant plus ma sympathie qu’il avait soutenu Giscard et je vois encore Jean-Pierre Raffarin imiter le rocker lors de nos « universités d’été » politiques. Il était un ami de Nicolas Sarkozy. Mais cela ne l’empêchait pas de se rendre à la fête de l’Huma. L’homme faisait ses choix, le chanteur s’adressait à tous, ce qui traduit générosité et liberté de sa part. Dans son genre, il pouvait se targuer de réunir autour de son art un immense consensus, tant il était incontestable. Il faisait partie de ces hommes très rares dont l’immense notoriété les rend indiscutables. Ce qu’il disait ou pensait n’enlevait rien à ce qu’il apportait à tous les Français, cette communion de sentiments, d’admiration, de bonheur collectif. Et pourtant, lui aussi est un « égaré » dans la chanson puisque son rêve était d’être comédien ou acteur, bref, de faire du cinéma. Certes, il en a fait, pourtant ce n’est pas ce qu’on retiendra de lui.
Une même communion nationale.
Entre celui dont la dextérité et l’abondance littéraires lui valait des millions de lecteurs, pour qui la curiosité et le partage culturel lissaient les différences, et qui passait parfois pour un amuseur public, et celui pour qui la liberté de vivre comme il l’entendait n’avait pas de prix, et qui de sa voix puissante a eu une carrière exceptionnelle, une existence de triomphes et de gloire, le même droit à la communion nationale s’est imposé. Jean d’Ormesson était dans la vie, c’est-à-dire avec un appétit inextinguible, comme il était dans le combat. Académicien, c’est lui qui a fait entrer dans la vénérable institution la première femme, Marguerite Yourcenar. C’est lui aussi qui a menacé de quitter l’Académie, qu’il aimait par-dessus tout, si Alain Finkielkraut, harcelé par une cabale qui n’honorait guère quelques-uns de ses futurs collègues, n’y était pas admis. Mais il n’est jamais tombé dans l’engagement aveugle. Comment ne pas penser, en même temps, au caractère de lutteur de Johnny Hallyday, prêt à tous les sacrifices pour sa scène et honorer un public. L’un a eu une vie peut-être plus courte, mais si chargée de moments magnifiques qu’elle lui aura probablement semblé plus pleine, et jusqu’au dernier moment, il aura chanté, puisqu’un dernier album était prêt et va sortir. L’autre a patienté longtemps pour aller vérifier ce qu’il y a de l’autre côté, comme il disait, continuant à produire ses écrits jusqu’au bout. Ultimes point communs de deux être exceptionnels à tous égards. Deux modestes aussi.
La postérité dira si Jean d’Ormesson est du niveau des écrivains que l’histoire et l’enseignement retiennent. Elle dira aussi, si Johnny existera encore dans les bacs des disquaires longtemps après sa disparition physique. A vrai dire, personne n’en sait rien. Ce que l’on peut simplement affirmer, c’est que la France vient de perdre deux monstres sacrés, qui contribuaient chacun à sa manière, à son identité culturelle. Et c’est toujours une perte. Nous sommes envahis par le regret d’avoir perdu deux hommes qui tenaient une si grande place dans la vie de presque tous leurs concitoyens, et donc dans la nôtre..
Il y a des jours lumineux qui tombent comme ça, inattendus.
"Nos Provinces, une chance pour la France."
C’est d’abord cette très jolie tribune commise par Guillaume Peltier, député Les Républicains de Loir-et-Cher, le 9 novembre dans le Figaro. Il y démontre avec brio et dans un style enlevé et élégant que la France des provinces devrait être la première bénéficiaire des politiques publiques. « Paris n’est pas toute la France, et toute la France ne rêve pas comme Bercy ». Il nous livre une analyse frappée au coin du bon sens du comportement de ceux qui nous gouvernent : « les enfants gâtés de l’ultralibéralisme tentent d’imposer leur vision du monde : un modèle individualiste, ultraconsumériste, négateur de notre histoire et de notre exception culturelle, vénérant San Francisco mais ne sachant pas situer Châteauroux ou Montauban… ». Il oppose à ce modèle imposé d’en haut sa conception d’un Etat fort et protecteur et d’une nation unissant ses identités provinciales. Il démontre en quoi la France populaire et rurale n’est pas ringarde et il plaide pour un rééquilibrage des politiques publiques en sa faveur, arguant que la majorité des Français vivent dans une commune de moins de 10 000 habitants. Il dénonce les sommes astronomiques déversées pour toujours plus de densité urbaine et de « mobilité embouteillée et d’anonymat social ». Face aux idéologues du vivre ensemble, aux illuminés du vivre-plus-vite, il prône le modèle du « vivre-mieux », par « l’enracinement, la relocalisation et l’épanouissement de la France des villages et des visages ». Et pour lui, il ne s’agit pas d’opposer la France des métropoles et celle des provinces, mais il s’agit de rappeler à juste titre que pour atteindre l’universel, il faut des ailes et … des racines ! C’est aussi une question d’équilibre et de justice. « Le vivre-mieux de la société française est la condition de son unité et du renforcement de notre adhésion collective à la patrie ». La conclusion, on ne peut qu’y souscrire, s’adressant à tous les Français de gauche, de droite et d’ailleurs de cette France oubliée : « Soyez fiers et conquérants, car vous êtes l’avenir et la chance de la France. C’est par le bas que se forge le haut. Ce sont les provinces de France qui nous ferons renouer avec le chemin de la grandeur ». C’est ni plus, ni moins, un appel à une révolution girondine. Girondin par tempérament, je ne peux qu’applaudir des deux mains.
"Dégageons les Robespierrots et lançons la révolution girondine !"
Le contrepoint est venu quatre jours après, sous la plume de Michel Onfray, toujours dans Le Figaro. Michel Onfray est de ces philosophes qu’on écoute avec respect quand il parle parce qu’il rend intelligents ceux qui l’écoutent. De gauche, il le revendique et l’assume en intellectuel brillant, cultivé, sincère. Il n’est pas connu pour manier la langue de bois. C’est en cela que son texte tout aussi lumineux prend intérêt : il plaide pour une décentralisation assumée et réelle. Même quand on ne partage pas ses conclusions, on admire le brio du raisonnement. C’est encore le cas quand il réagit à la tribune de Guillaume Peltier, pourtant situé politiquement aux antipodes du philosophe. Il n’empêche. Il se dit « ravi ». Et pour cause, sans le savoir, le député du Loir-et-Cher a repris un thème qui lui est cher et qu’il a développé dans un livre intitulé « décoloniser les provinces ». Il dénonce les « Robespierrots », pour parler comme Olympe de Gouges, elle aussi décapitée, « qui sont chez tous ceux qui estiment que Paris doit faire la loi aux provinces… » et il cosigne volontiers l’idée qu’ « il est temps, au nom de l’équilibre et de la justice, que la France des provinces bénéficie en priorité des politiques publiques ». Selon lui, seule une révolution girondine pourrait donner de l’air à la France jacobine qui a échoué, de Marine Le Pen à Philippe Poutou en passant par Macron et Mélenchon, Hamon ou Fillon. Un logiciel qu’il faut jeter à la poubelle. J’adhère. Après, est-ce qu’il faut reprendre les vieilles thèses de Proudhon et son « communalisme libertaire », c’est une autre affaire. L’autogestion a ses limites et Michel Onfray a le droit de pousser sa logique jusqu’au bout, celle du philosophe. Mais si on reste plus terre-à-terre, on le rejoint à nouveau pour constater que la régionalisation n’a consisté qu’à transférer des pouvoirs secondaires, de « pitoyables hochets » pendant que les régaliens sont conservés par Paris. C’est vrai, les Régions devraient disposer d’une véritable autonomie dont, dit-il, il faudrait désormais « penser la nature ». Il est persuadé que ce serait un bon moyen de mobiliser les citoyens lassés par le jeu médiatique et politique qui a pris le pas sur la démocratie. Il rêve déjà d’une révolution avec « ses cahiers de doléances régionaux, ses états généraux des provinces aux fins de création d’une Constituante girondine » ! Il conclut sur la perspective ouverte par l’appel du député du Loir-et-Cher.
Voilà un échange qui, par le truchement du journal, prend une saveur exceptionnelle par le talent mis par les deux protagonistes dans leur démonstration. Et, à la fin de ces deux lectures, il m’est venu une idée, tout naturellement. Puisqu’il s’est "mis en mouvement", comme il dit, voilà un bon cheval de bataille pour l’actuel Maire de Bordeaux, patrie des Girondins. Ah, cher Alain Juppé, toi l’ancien jacobin devenu emblème des Girondins, que ne prends-tu ce combat à bras-le-corps en répondant à l’appel du sarkozyste Guillaume Peltier ? Voilà un débat à ta mesure qui vaut bien mieux que les piètres intentions que certains te prêtent. Et quel symbole de réconciliation pour notre parti !
Les retraités étaient dans la rue la semaine dernière pour protester contre la hausse de la CSG. C’est une catégorie sociale qui subit injustement beaucoup d’agressions, qu’elles soient verbales ou financières.
Des nantis !
Parmi les qualificatifs les plus courants qui leur sont attribués, celui de « nantis » est le plus pervers. Comme souvent, on a vite fait, en France, de désigner des boucs émissaires, et ici, de dresser les jeunes contre les vieux. Ainsi on n’hésite pas à attribuer artificiellement à cette fraction de la population, dont les membres n’ont que l’âge en commun, des avantages, des égoïsmes, des indifférences qui existent d’autant moins qu’il y a toutes sortes de retraités : des pauvres, des riches, des malades, des bien portants, des généreux, des pingres, des heureux et des malheureux. Faire détester les autres est la solution la plus facile quand on veut faire passer une mesure inique. Les retraités coûtent cher ? Il suffit de les appauvrir encore. Alors on les accable de jugements négatifs. Mais la campagne dont ils font l’objet, si elle est indigne, va aussi droit dans le mur, car une société qui se respecte ne jette pas à la vindicte un quart de sa population. Les seniors ne méritent pas cet amas d’injures gratuites déversé sur eux : il suffirait qu’ils fassent la grève du bénévolat pour qu’on se rendent compte de l’ineptie de ce genre de débat.
Une mesure contestable.
Peut-on exprimer l’idée que celui qui a travaillé toute une vie possède, c’est une évidence, plus de biens ou d’argent que celui qui commence sa carrière ? Alors forcément, c’est chez les Français âgés que se concentre le patrimoine national. Mais on oublie au passage que nombre de parents aisés aident en général leurs enfants par tous les moyens dont ils disposent, et la tentation est grande pour le fisc d’intervenir dans la procédure sous le prétexte qu’il faudrait mettre un terme aux privilèges dynastiques ! C’est tellement facile d’imposer de force une solidarité entre génération. Quitte à faire l’impasse sur la réalité. Comme chez les actifs, les inégalités entre retraités sont considérables. La hausse de la CSG affectera moins l’ancien cadre supérieur que l’ancien ouvrier au salaire minimum, même en appliquant des seuils. Mais ce qui rend la nouvelle ponction de la CSG insupportable, c’est que les retraités ont déjà beaucoup donné : ils ont cotisé 120 pour que le calcul de leur pension soit établi sur une base 100, et le montant de leur retraite est gelé depuis quatre ans. Et s’ils ont des retraites aujourd’hui, ils ont travaillé pour, et souvent durement, dans un contexte qui a toujours échappé complètement à leur volonté : on est forcé de cotiser en tant qu’actif, et on paie des impôts sur la pension pour laquelle on a cotisé ! Le gouvernement aurait vraiment pu trouver autre chose que céder à la facilité d’une hausse de la CSG ?
L’âge n’est pas une classe sociale.
Le président de la République n’a pas caché qu’il rejoignait le choeur des détracteurs de la vieillesse. Il trouve lui aussi que les vieux, décidément, ont une vie trop tranquille et qu’il est juste qu’eux aussi « participent à l’effort national ». Comme si ça n’était pas déjà le cas ! Il faudra bientôt qu’un retraité demande pardon à la société d’avoir l’âge qu’il a. Déjà, quand il travaillait au-delà de 55 ou de 60 ans, son entreprise le pressait de partir, et sous prétexte qu’il coûtait trop cher, de prendre sa « pré-retraite », antichambre du cimetière des actifs. On a beau jeu aujourd’hui de stigmatiser les retraités alors que beaucoup de gens ne souhaitent pas prendre leur retraite à 62 ans. Le plus absurde, c’est que tous, il n’y a pas si longtemps, syndicats, gouvernements, entreprises, se sont littéralement ligués pour licencier des personnels considérés comme âgés, les jeter au chômage avant la retraite. Et voilà que maintenant on considère les pensionnés comme une charge insupportable pour la société. Mais l’Etat n’est pas à une contradiction près. Les plus pessimistes voient poindre la tentation d’une solution totalitaire du genre : « Ils coûtent trop cher en pensions et en soins, qu’ils crèvent », une idée déjà évoquée par Jacques Attali, qui comme on le sait, vaque dans les allées du pouvoir. Il s’agit évidemment d’un excès de langage, mais il n’est peut-être pas inutile de rappeler que les jeunes finiront par vieillir, que les vieux ont été jeunes et qu’il est ridicule d’opposer un âge à un autre. L’âge n’est pas une classe sociale ! Quant à la hausse de la CSG ciblée, c’est, par définition, une mesure injuste qui ne trouve sa justification que dans la condamnation du principe de la retraite et même de l’état de personne âgée.
Une réforme encore incomplète, mais une réforme !
Et c'est déjà appréciable. Dans les cinq ordonnances modifiant le Code du Travail, une quarantaine de mesures devraient simplifier la vie des entreprises et en particulier celles des TPE et des PME. C'est ça la bonne nouvelle.
Ce qu’il faut retenir.
En deux mots voici les grands axes : fusion des instances représentatives du personnel en un « comité social et économique » pour les entreprises de plus de 50 salariés ; négociation directe dans les entreprises de moins de 50 personnes avec un délégué du personnel, dans les entreprises de moins de 20 personnes, négociation directe avec les salariés avec referendum au deux tiers ; plancher mais surtout plafond des indemnités pour licenciement abusif avec en contrepartie une augmentation de 25% des indemnités légales de licenciement ; pour une entreprise multinationale, la justification d'un licenciement économique se fera sur la base des résultats en France. Ce n’est pas la « révolution copernicienne » promise par Emmanuel Macron, mais c’est une rénovation utile du droit du travail. Jusque-là ultraprotecteur pour le salarié, le marché du travail, en France, ne va donc pas subitement devenir une jungle livrée à la loi du chef d’entreprise… Vouloir plafonner le montant des indemnités prud’homales à des niveaux conformes à la jurisprudence, autoriser les petites entreprises à négocier avec leurs salariés en l’absence de représentant du personnel, permettre des ruptures conventionnelles collectives, voilà qui ne suffit pas à casser le modèle social français, d’autant qu’il sera toujours possible d’aller devant le juge en cas d’atteinte aux droits fondamentaux. Cette réinitialisation du Code du travail est d’une tout autre ampleur que les petites « mises à jour » qu’avaient été la loi Bertrand de 2008 et la loi El Khomri de 2016, lesquelles, rappelons-le, avaient donné plus de pouvoir à l’entreprise pour renégocier l’organisation du travail.
On est encore loin d’une réforme libérale.
Mais on commence à décorseter vraiment les entreprises de l’économie administrée. Notre Code anti-travail devient enfin plus neutre. Assouplir la réglementation sociale, rééquilibrer les droits en faveur du chef d’entreprise et alléger le livre rouge à l’obésité légendaire : voilà trois conditions favorables à la création d’emplois qui sont réunies dans cette réforme. En ramenant la négociation des primes collectives au niveau de l’entreprise, en délimitant à l’échelle nationale les difficultés pouvant motiver un licenciement économique dans une multinationale, le gouvernement apporte une flexibilité qui pourrait être payante à moyen terme pour la relocalisation de l’emploi en France. On y trouve aussi des mesures de bon sens comme la fusion des instances représentatives du personnel, ou de simple justice comme ce ticket modérateur que les comités d’entreprise devront maintenant débourser lorsqu’ils engagent des expertises jusqu’à présent payées par l’entreprise. Le balancier revient dans le camp de l’entreprise, timidement, mais sans réduire les droits des salariés. Là est probablement toute l’habileté de cette réforme menée par l’ancienne DRH qu’est Muriel Pénicaud. La principale barrière à l’emploi qu’est le Code du Travail est en train de tomber. Il en faudra plus pour qu’elle ait des répercussions sur le chômage. On reste encore largement dans une économie « administrée » tant que les niveaux de prélèvements et les textes plus contraignants que chez nos voisins seront en vigueur, comme ceux sur la « pénibilité ». Et il faudra aussi agir sur les autres plaies qui pèsent sur l’emploi : le manque de main d’œuvre qualifiée et le niveau des charges. C’est aussi le carnet de commandes rempli qui fait le résultat.
Des réactions modérées.
La CGT grogne comme d’habitude et va sortir son arme ultime : les cheminots. La CFDT dit qu'elle est un peu déçue : il faut bien se démarquer du politique. Curieusement, FO semble satisfaite, ce qui n'est pas rien ; mais curieusement aussi, au même moment Stéphane Lardy, chargé de l’emploi et de la formation professionnelle à FO pendant neuf ans, devient directeur adjoint du cabinet de Muriel Pénicaud. Corrélation ? Décrit comme « un réformiste convaincu », membre du Parti socialiste, il sera en charge de la formation professionnelle, grand chantier que souhaite ouvrir Emmanuel Macron, et de la pénibilité. Quant à elle, la France Insoumise dénonce une agression contre le Code du Travail, et continue à vouloir utiliser la rue… Ce qui reste du Parti Socialiste veut se battre (no comment). La droite en toute logique reconnaît que cette réforme est une avancée même si elle émet quelques critiques, ce qui est normal. Au pouvoir, elle aurait certainement fait différemment et serait allée plus loin, notamment sur les fameux « seuils ». Les "constructifs" n'ont rien dit de plus : preuve qu'ils ne servent à rien.
Il faut maintenant attendre la dernière étape : rendez-vous le 22 septembre.
L’AUTOROUTE
Départ pour quelques jours en Vendée. La voiture est chargée comme si on s’échappait pour trois mois. C’est chaque fois la même chose. Pour la énième fois, nous allons emprunter l’A87 jusqu’à La Roche-sur-Yon. Une heure et quelques miettes d’un parcours qu’on connait par cœur.
Et pourtant, c’est chaque fois différent.
Non pas que la route se déplace ou se modifie. Excepté les inévitables travaux d’entretien, elle est toujours inexorablement la même. Mais prendre l’autoroute pour aller en Vendée, c’est une ambiance, un état d’esprit, une allégresse incontrôlable. Il y a d’abord la promesse de retrouver notre appartement douillet. C’est la surprise que nous offrira la marée selon qu’elle sera haute ou basse. C’est le plaisir chaque fois renouvelé de contempler de notre balcon le port et ses bateaux alignés. Et si nous partons, c’est qu’il va faire beau, et donc c’est l’assurance de trouver sur place le ciel bleu. C’est aussi le spectacle vivant de l’océan qui joue sans cesse avec les couleurs : bleu Méditerranée, vert émeraude, gris, ou un mélange savant en strates horizontales de la côte vers le large …
Alors la route à faire s’oublie un peu.
En fait, pas tant que ça. Elle n’offre jamais tout-à-fait le même paysage qui varie en couleurs, en intensité et en animation selon les saisons et les dates de départ. Avec le stabilisateur automatique de vitesse, quand la circulation le permet et c’est le cas le plus souvent, la conduite est plus relaxe et on a le temps de regarder la route, ça vaut mieux, et ce qu’il y a autour. Les bas-côtés bien verts que nous avons longés au printemps ont viré au blond avant de devenir franchement roux à la fin de l’été. Tiens ! là, la chaussée est toute neuve et nous permet de glisser presqu’en silence sur quelques kilomètres sans le bruit de roulement, que le sifflement de l’air, c’est à peine si l’on perçoit le vrombissement du moteur. Et voici Chemillé : la cheminée de l’usine Isover crache comme d’habitude un panache dru dans l’atmosphère ; on espère seulement que le contenu n’est pas trop polluant. Plus loin : ah, aujourd’hui les éoliennes ne moulinent guère, signe que le vent a tombé, tant pis pour l’énergie verte. Une autre fois, par contre, elles tournaient comme des folles. Inconsciemment je note que nous roulons depuis 20 mn : c’est le temps que l’on met depuis Angers pour arriver à leur hauteur. Nous avons maintenant passé Cholet dont on a aperçu d’abord le profil de l’usine Michelin et à l’autre bout quelques gratte-ciel, puis nous dévalons déjà sous le puissant viaduc ferroviaire de la Sèvre Nantaise et ses multiples arches que le tortillard Mortagne-Les Epesses emprunte : nous l’avons aperçu une fois trottinant comme un jouet miniature sur le dessus du pont. Un appel vers la fantaisie ou un retour à l’enfance. Tout comme en saison, nous apercevons de loin le ballon aux rapaces, signe que nous approchons du Puy du Fou, autre lieu de rêve éveillé ! Après la sortie vers Chambretaud dont on aperçoit le clocher, ce sera un autre point de repère : le moulin du mont des Alouettes qui domine Les Herbiers. Il est un peu caché sur la gauche, mais il se reconnait à son blanc immaculé. L’autoroute tangente alors la ville avant de filer vers l’échangeur avec l’A 83. Les kilomètres ne pèsent pas. Plus on s’approche vers la côte, plus le ciel semble augmenter en luminosité. C’est surtout quand le temps est moyen qu’on le perçoit : des hauteurs on entrevoit la barre lumineuse au loin sur l’horizon, qui nous vaudra tout-à-l’heure un ciel pur. En attendant on a franchi l’autoroute qui file vers Niort et invariablement, à cet endroit précis, sur quelques dizaines de mètres, mon « gps » m’indique « 90 » au moment où on le croise, alors qu’aucun panneau n’indique une telle contrainte. Une anomalie de géolocalisation. Mais déjà le péage de La Roche-sur-Yon est en vue et l’on passe sans encombre dans le couloir « 30 » télépéage. Nous quittons l’autoroute deux sorties plus loin, au sud de l’agglomération yonnaise. Le sentiment d’être arrivé nous parcourt, pourtant il reste encore à faire un peu de chemin jusqu’à Jard-sur-Mer, mais c’est comme si ça faisait partie du décor. C’est fou ce que l’esprit peur être capricieux et faire preuve d’élasticité. Il reste encore une bonne demi-heure de route, mais voilà, c’est décidé, on est arrivé. Aubigny ou Nieul-le-Dolent, c’est la banlieue de Jard !
Nous ne sommes pas un jour de grands départs.
Et la circulation est très paisible en cette fin de matinée car nous partons rarement de bonne heure. Il nous est pourtant arrivé plusieurs fois de nous faire piéger et d’oublier qu’il y a des dates à éviter, car les autres aussi peuvent avoir envie d’aller vers la côte, ou plus loin même, vers l’Espagne… Heureusement, nous avons deux parades pour alléger le supplice du bouchon : le paiement automatique pour la barrière de Beaulieu-sur-Layon, et la sortie par l’A83 et les Essarts pour éviter celle de La Roche-sur-Yon où il arrive que cinq ou six kilomètres de retenue se coagulent. Cela nous vaut un peu de « départementale » mais c’est mieux que de poireauter une demi-heure voire plus dans la cohue.
C’est quand l’autoroute est fluide qu’on le voit le moins.
Alors, l’esprit s’évade. On pense à tant de choses en roulant et en conduisant « machinalement ». J’en ai trouvé des idées « géniales » que je me promettais de noter dans un coin et que j’ai évidemment oubliées ou été incapable de retrouver une fois venu le moment de les transcrire. J’en ai résolu des problèmes, au fil des voyages, touchant au bricolage ou à la vie domestique… Et que de réflexions sur la vie politique qui hanteront ensuite le bloc-notes ! « 107,7 » en sourdine diffuse une musique pas toujours à mon goût et égrène « ses points circulation » qui se résument le plus souvent à une litanie d’accidents sur l’A10. C’est fou ce que cet axe vers Bordeaux est accidentogène ! L’essentiel c’est que pour nous : RAS ! A côté de moi, il y en a une qui roupille tranquillement, comme d’habitude. Tout va bien. A l’arrivée, j’aurai, une fois de plus, refait le monde.
« Roule ma poule ! »
Naguère, elle apparaissait après la mi-août, voire début septembre. Plutôt petite, elle serait passée inaperçue au milieu de ses cousins, nectarines et autres brugnons, imposants par leur taille et leur couleur dorée plus ou moins carminée, mais son parfum incomparable suffisait à la faire remarquer : je veux parler de la petite « pêche de vigne ». Il faut dire qu’elle n’avait que ça pour elle. Son aspect verdâtre et rêche à peine rosi n’était pas des plus attirants. Seule sa forme aplatie attirait l’attention. Mais j’aimais sa saveur incomparable à l’égal de son parfum, surtout quand elle était mûre à point. Elle a aujourd’hui disparu, ou alors il faut bien chercher.
Pourtant un miracle s’est produit : la « pêche plate » est apparue. De la génétique, elle a gardé la forme de la pêche de vigne, mais en plus opulente. Elle s’est même affublée des attributs des stars de la place : couleur et dimension font qu’elle n’a rien à envier à ses concurrents du rayon fruits. Elle a perdu un peu du parfum de sa devancière, et c’est dommage, mais on ne peut pas tout avoir. Inévitablement, on a voulu y goûter : reconnaissons qu’elle n’a pas non plus tout-à-fait le même effet sur les papilles non plus, mais elle est quand même délicieuse.
Il faut la déguster quand elle atteint sa maturité optimale. C’est facile à savoir : la peau doit se décoller facilement. Mon moment préféré, c’est au milieu de l’après-midi, au plus chaud de la journée, ou le soir pour la pause après le « prime-time ». Manger une pêche plate doit s’accompagner d’un cérémonial. Il faut se munir d’un fin couteau de cuisine et d’une feuille de Sopalin, car la bête est juteuse et j’ai horreur d’avoir les doigts collants, même si ça participe au plaisir. Avec la pointe du couteau commence alors le pelage, en partant du point d’accroche au noyau et en allant vers la périphérie pour tirer de larges bandes de peau. Un travail minutieux qui fait saliver. L’attente, comme toujours démultiplie la tension. Mais le résultat en vaut la peine. La manger avec la peau n’offre pas le même bonheur au palais. Ce serait aussi se précipiter, bâcler le moment. La chair fine apparait enfin dans toute sa nudité humide, en prémices du plaisir qui approche. On peut croquer dedans, mais laissons cette méthode aux goinfres. Pour faire durer le moment, je préfère découper de petits quartiers et les savourer un par un. Ils se détachent bien du noyau. Alors c’est le bonheur de sentir fondre dans la bouche une chair ruisselante de jus sucré, frais et parfumé. Evidemment, toute cette abondance liquide finit par traverser le papier avec lequel vous la tenez. J’aurai quand même les doigts collants. La pêche plate est en plus généreuse, car elle a conservé de sa grand’mère le tout petit noyau. Du coup, on a le sentiment d’en avoir davantage à savourer. Le dernier quartier laisse un goût de « revenez-y », car elle enchante jusqu’au bout, la bougresse. Et sucer le noyau ne fait qu’accroître le regret. Il faut être raisonnable.
Reconnaissons que les spécialistes des variétés hybrides, avec leurs technologies modernes de « croisement dirigé », ont réussi là un exploit. Merci Mendel. Toutefois, on aimerait bien, de temps en temps trouver une « pêche de vigne », une vraie. Un peu pour le plaisir de retrouver un bonheur d’antan, comme on peut admirer une belle « DS » quand elle passe sur le boulevard. Ah oui, j’oubliais, les pêches plates viennent d’Espagne et sont, parait-il, bourrées de pesticides. Je m’en moque : d’abord je les pèle et c’est la peau qui contient le plus de ces agents nocifs, ensuite, les pesticides, à mon âge, je m’en tape un peu.
Rien ne gâchera mon plaisir de croquer une belle « pêche plate » bien mûre !
C’est l’incontournable de l’été : quelque part que vous soyez en villégiature, un « marché nocturne » hebdomadaire vous proposera son alignement d’étals bariolés. Il a bien un concurrent matinal, le marché « gourmand » censé proposer les meilleurs produits locaux, mais il est incontestablement le roi de l’animation estivale commerciale.
A Jard, l’événement a lieu chaque jeudi soir, sur le port, lieu névralgique s’il en est. Vers 18H30, les camionnettes des commerçants commencent à affluer le long des trottoirs et progressivement les stands se mettent en place : des « praticables » pliants et des auvents en toile pour se mettre à l’abri des éventuelles intempéries et de la fraîcheur nocturne. Vers 19H30, tout le monde est en place. Un peu de vent, mais le soleil couchant est de la partie et inonde les lieux d’une lumière dorée. Bientôt il fera sombre et les projecteurs des uns et des autres la remplaceront.
Le marché nocturne c’est un bazar hétéroclite : on y trouve de tout, en matière d’inutile surtout. Les stands se côtoient dans un joyeux désordre et sans aucune logique de proximité. Le marchand de ceintures en cuir, vrai ou faux, jouxte les saucissons d’Auvergne et profite de leurs odeurs puissantes, celui de lunettes de soleil voisine avec les roues de nougat tendre, peut-être de Montélimar, alléchantes à en faire baver, l’inévitable producteur de miel et ses multiples variations succède à celui de savons qui dégage une odeur entêtante de fragrances mélangées. Vous êtes en recherche d’un souvenir à rapporter à l’ami qui veille sur votre jardin, vous êtes en quête de la bricole qui marquera votre séjour, les enfants vous réclament le dernier gadget à la mode … au marché nocturne vous trouverez, même le « rien » que vous étiez décidé à vous imposer. Et comme le dit si bien Devos, rien c’est pas grand-chose, deux fois rien c’est déjà quelque chose, alors trois fois rien … Ici c’est une collection de T-shirts à prix … coûtant, là c’est un alignement de montres toutes plus rutilantes les unes que les autres. On vous proposera des petites boites fabrication de l’artiste pour mettre les bricoles qu’on cherche ensuite, les cache-bloc-notes, des jouets en bois aussi désuets qu’indémodables, des foulards … Les étals de bijoux fantaisie se font une concurrence acharnée tant ils sont nombreux, et les vendeurs de coques de portables ne sont pas en reste ? Mais le roi de la fête, c’est le produit de l’été : les « hand-spinner ». Impossible d’y échapper. Ils ont envahi le marché, et du plus basique au plus sophistiqué ce n’est que l’embarras du choix ! J’en ai vu avec la tête de Spiderman, d’autres qui sifflent en tournant, des rutilants en acier et des colorés. Le « hand-spinner » a détrôné le « chouchou » qui faisait fureur naguère. Plus loin, j’ai été étonné par cet artiste qui découpe les vieux disques vinyle 33 tours pour en faire des œuvres d’art : un travail qui doit réclamer dextérité et minutie tant les découpes sont fines. Je suis resté perplexe devant la dernière découverte anti-âge : « les bienfaits de la bave d’escargot » et je m’imaginais avec un certain haut-le-cœur en train de me tartiner le visage du « précieux onguent ».
Une foule de chalands nonchalants vaque le long des allées. Apparemment, peu de gens achètent. Font-ils leurs affaires tous ces camelots vagabonds ? Il faut croire puisqu’ils reviennent chaque semaine. Le marché nocturne agit comme un aimant sur les estivants qui trouvent là un but de promenade, de délassement ou de divertissement pour tuer le temps avant de retourner dans le bungalow, sous la tente ou dans le logement de location. Ils déambulent plus qu’ils n’avancent, souvent avec l’air intéressé d’une vache regardant le train passer. Néanmoins, ils s’agglutinent ici ou là pour répondre à la sollicitation d’un commerçant ou attirés par un étal sans qu’on sache vraiment pourquoi. On ne saura jamais ce qui se passe dans la tête d’un touriste pris dans les lumières d’un marché nocturne !
N’en déplaise aux détracteurs de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, mais mon expérience de celui de Château-Bougon confirme ce que les statistiques observent : l’affluence et le trafic en font un aéroport obsolète indigne de notre Région.
Bien pratique cette nouvelle ligne Nantes-Vienne ! Justement je devais me rendre en Hongrie chez ma fille qui habite à une heure de la capitale autrichienne. C’est bien plus simple que d’aller à Beauvais prendre le "Paris-Bratislava". Et les tarifs de Volotea valent bien ceux de Ryanair pour des vols suffisamment confortables quand on doit passer moins de deux heures dans l’appareiL
Ainsi nous voilà au matin du 18 juillet à pied d’œuvre.
Evidemment tous les halls sont encombrés de passagers en instance d’enregistrement. Coup de chance, celui qui nous est consacré est encore quasi désert : il est vrai que nous sommes en avance. Je suis adepte des précautions inutiles quand il s’agit des queues au comptoir. La valise enregistrée, nous avons le temps de nous restaurer quelque peu avant de nous soumettre aux formalités d’embarquement. Et nous voilà au début d’un périple dans l’aérogare que nous découvrons pour la première fois (le périple, pas l’aérogare) : la nouveauté c’est qu’il faut monter au 1er étage pour passer les portiques de sécurité. Apparemment tout a été concentré au milieu du bâtiment, en relation sûrement avec le renforcement des contrôles. Là, il y a un peu d’attente puis commence le scénario convenu : je retire ma ceinture pour la déposer avec ma veste et ma montre dans le bac « as usual », appareil photo, valise cabine, sac à main sur le tapis roulant… et je passe le cadre fatidique sans encombre. Ce n’est pas le cas de Paulette : elle s’est soumise à toutes les exigences et pourtant, comme à chaque fois « elle sonne ». On la fait repasser sans ses chaussures : rebelote, donc « fouille au corps ». On ne cherche plus à comprendre. Elle n’a ni prothèse, ni appareil susceptible de déclencher l’ire du portique. Il faut croire que sa tête ne doit pas plaire à l’engin. Bien, bien. Il s’agit maintenant de se rendre à notre salle d’embarquement. Nous abordons un parcours improbable et tortueux qui débouche sur des escaliers métalliques du type équipement provisoire qui dure longtemps, visiblement rajoutés et bricolés, et peu pratiques avec des bagages, mais heureusement nous ne sommes pas trop chargés. Nous arrivons finalement là où nous embarquons habituellement avec Volotea, c’est-à-dire juste derrière les comptoirs d’enregistrement où tout-à-l’heure nous avons fait consigner notre valise en soute. On se pince : oui, c’est l’aéroport de Nantes qui propose des équipements aussi sommaires. La suite présente peu d’intérêt tellement tout se fait dans l’ordre et l’organisation convenables. L’avion sera plein comme un œuf. Ce n’est pas Roissy, c’est certain : il faut sortir sur le tarmac et gagner à pied l’avion à quelques dizaines de mètres. Il fait beau, on ne va pas se plaindre.
En attente d’embarquement.
En attendant qu’on nous appelle pour l’embarquement, l’arrivée des passagers par grappes est un spectacle toujours renouvelé qui permet de « tuer » le temps sans le voir passer. C’est un moment que je ne raterais pour rien au monde. Je me répète peut-être, mais on voit bien comment Binet a trouvé ses « Bidochons » : il suffit de regarder autour de soi. Ils sont légions et tout y est ! Les physiques improbables aux protubérances exubérantes, les accoutrements caricaturaux, les accessoires déroutants, les démarches exotiques… Constat : l'obésité progresse. Aujourd’hui, l’avion s’est démocratisé au point qu’il n’est plus réservé à la clientèle d’affaire avec des profils bien différents, qui hantait autrefois ces lieux. Maintenant on monte dans l’avion avec le costume de la destination : qui va à la plage est déjà muni des tongs et du bermuda, qui va à la montagne arrive avec son sac à dos auquel un piolet accroché en exergue démontre la réalité du projet. Jeunes et vieux se côtoient et curieusement se ressemblent. C’est que le retraité est volontiers randonneur et visiblement a dévalisé le rayon idoine de Décathlon : grosses chaussures de marche, chaussettes roulées sur les chevilles, pantalon trois-quarts à poches latérales, blouson adapté. C’est donc tout un monde bigarré qui s’agglutine peu à peu. Ceux qui ne passent pas inaperçus, ce sont les groupes : pépés et mémés s’interpellent, s’enquièrent haut et fort auprès de leurs compagnons des turpitudes qui les assaillent, le volume sonore étant en adéquation avec le durcissement des tympans… Un son nasillard craché par le haut-parleur appelle les passagers du vol 2271 pour Vienne … C’est le nôtre, la cohue s’oriente vers l’hôtesse qui filtre les cartes d’embarquement. C’est parti !
Retour le 28 juillet : une autre expérience.
L’aéroport de Vienne offre des équipements modernes à la hauteur de la réputation d’une capitale européenne. Le seul bémol c’est qu’on décollera avec presqu’une heure de retard qui se réduira à 25 mn à l’atterrissage à Nantes après un vol sans histoire. En dehors des annonces de l’hôtesse de l’aéroport qui de quart d’heure en quart d’heure avait repoussé notre embarquement, aucune explication ne nous sera fournie sur la nature du retard. Encombrement du ciel en cette fin de juillet ou surcharge de rotations pour les vols Volotea ? On ne le saura jamais. On n’eut droit qu’à des excuses. Par contre, à Nantes, nous découvrons une autre réalité. Une fois l’avion posé comme une fleur sur la piste de la capitale ligérienne, nous cheminons donc sur le tarmac et nous voyons défiler les bâtiments … Enfin l’avion s’immobilise au milieu de nulle part, sur un parking au fin fond de l’aérodrome ! De longues minutes passent, la porte reste close. Enfin, l’hôtesse de l’air manœuvre et elle s’ouvre, mais pas complètement. Il faut refermer. En cause, la passerelle mal positionnée : il faudra s’y reprendre à trois fois avant que nous soyons enfin délivrés. Au pied de l’escalier nous attend un malheureux bus qui devra faire au moins trois voyages pour transporter tous les passagers jusqu’à l’aérogare, car l’appareil était aussi plein qu’à l’aller. Il nous dépose à côté du hall 4 où sous une tente ont été installés des barrières et des couloirs de cheminement vers les guichets où nous devons présenter pièces d’identité ou passeports. La sécurité, c’est du sérieux ! Enfin, nous nous retrouvons dans la salle de livraison des bagages et là, il faudra encore patienter presque une demi-heure avant de récupérer notre valise. Voilà tous les signes d’une infrastructure aéroportuaire débordée par le trafic ! On n’entend pas les détracteurs de Notre-Dame des Landes s’inquiéter du survol de Nantes avant l’atterrissage ; j’aurais pu faire coucou à Bruno Retailleau au moment où nous avons survolé de près le bâtiment du Conseil Régional. Pollution, risques pour la population : faudra-t-il une catastrophe pour que ces idéologues de pacotille s’émeuvent et s’ouvrent à la réalité ? Notre capitale régionale mérite mieux que ces équipements dépassés et vieillots.
LE BEL AVENIR DES AVIONS
Jamais il ne s’est vendu autant d’avions dans le monde. Boeing et Airbus n’ont pas de mouron à se faire. En matière d’aéronautique c’est plutôt un âge d’or qui s’annonce. Les carnets de commande sont bien remplis. Et il y a des esprits chagrins qui nous annoncent la fin du moteur thermique pour les automobiles et d’autres qui voudraient empêcher la construction de nouveaux aéroports. La réalité est toujours plus forte que les chimères, surtout quand elles sont idéologiques.
La croissance du trafic aérien.
Elle est inéluctable. Pour la première fois cette année, le trafic aérien mondial franchira la barre des 4 milliards de passagers : le double d’il y a douze ans, huit fois plus que dans les années 70 ! Malgré cette croissance rapide, le ralentissement n’est pas pour demain, car le trafic va encore tripler d’ici 2036, selon les prévisionnistes sérieux. La cause en est toute simple : le doublement de la classe moyenne dans le monde. Ainsi la proportion de la population des pays émergents en capacité de voyager en avion va passer de 30% actuellement à 83% en 2036. Et le Chine deviendra le premier marché aérien mondial, la part de l’Asie dans le trafic mondial passera de 30% à 38%, devant l’Europe à 21% et l’Amérique du Nord à 16%. Cela nécessitera la construction de 35 000 avions neufs, la flotte mondiale passera de 19 000 à 40 000 appareils, dont 70% de moyens courriers. Ce sont les compagnies low-cost qui continueront de tirer le marché en se développant sur le long courrier dont elles pourraient conquérir 50% du marché. Ainsi, Airbus a un carnet de commandes de près de 7 000 appareils et pourrait se permettre d’augmenter la production sans en prendre de nouvelles pendant plusieurs années plaisante son patron.
Les nouvelles technologies s’en mêlent.
Le nouvel âge d’or viendra du développement des drones et des voitures volantes. Un rêve ? Pas du tout ! Dans la Silicon Valley on s’emploie à accélérer la mutation technologique. Ainsi nous connaîtrons des taxis volants électriques et sans pilote dans les villes. Le groupe Airbus mène actuellement deux projets de véhicules volants électriques et sans pilote dont les premiers vols sont prévus pour la fin de l’année et début 2018, mais oui ! Le lancement de ces « drones-taxis » devraient intervenir dès 2021, c’est-à-dire… demain. Il faudra bien des aménagements urbains pour faire de la place à ces nouveaux véhicules.
Les aéroports, poumons de la mobilité.
Cette croissance et ces nouvelles technologies nécessitent évidemment une hiérarchisation des espaces. Elle justifie amplement la construction de la nouvelle plate-forme aéroportuaire pour le grand ouest à Notre-Dame des Landes. Ne serait-ce que parce que l’actuel aéroport n’échappe pas au phénomène et voit son trafic augmenter vertigineusement avec toujours plus de passagers, toujours plus de compagnies et toujours plus de destinations. Le mois de juin dernier a vu une progression de près de 16% par rapport à la même période de 2016 ! Son marché est très majoritairement européen mais les opportunités d’élargissement aux autres pays du monde vont aller de pair avec le développement du trafic des pays émergents, forcément. Sauf à vouloir laisser la métropole nantaise et l’ouest français à l’écart du développement mondial ! Château-Bougon restera utile pour l’usine Airbus, le fret et pour le trafic local des avions-taxis, le nouvel aéroport se consacrera au développement du trafic passagers toutes destinations. Il est vital de ne plus attendre !
Elle m’est tombée dessus sans crier gare ! sans prévenir, sans donner le moindre indice précurseur ! Elle m’est tombée dessus comme ça : la flemme ! Une bonne grosse flemme, une énorme flemme, bien grasse, bien épaisse. Une flemme-à-ne-rien-faire, une flemme-à-procrastiner-à-tout-va, une flemme royale à se vautrer dans le transat, dans le canapé ou sur le lit. Même pas l’excuse de la canicule, c’est dire si elle a ajouté au problème quand la température est montée. Une flemme comme ça, ça vous met les jambes en coton, ça vous ralentit l’esprit qui devient rebelle au moindre effort, ça vous envahit comme l’éther d’un bon Armagnac après un bon repas. Les yeux picotent d’abord avant de cligner, le cerveau suit de près. Les nuages cotonneux de la béatitude roulent leur douceur à coups de petits engourdissements. Le sommeil n’est pas loin, mais il ne viendra pas, laissant le corps dans un entre-deux doucereux, sirupeux dont il aura du mal à se tirer tout-à-l’heure, quand il faudra bien se résoudre à bouger, ne serait-ce que pour aller boire quelque chose de frais.
Il y en a qui ont pensé : « tiens, il est parti en voyage ». Non, pas encore. Je sais aussi, j’en connais plein qui vont me trouver des raisons, ou des excuses pour expliquer l’inexplicable. On pourrait évidemment en trouver. Mais il n’y a rien de rationnel là-dedans. Inutile de chercher. La flemme c’est d’abord un état de fait physique. Comme une envie de spleen longtemps refoulée. Elle se fiche pas mal des « causes objectives » : elle n’a pas besoin de justifications. En tout cas, elle s’en passe ! Et tant pis pour toute la longue liste de toutes ces petites choses qui doivent occuper l’été, des pavés qu’il faudrait passer au « Karcher », au petit coup de peinture que le dessous de l’avant-toit attend, sans parler des rangements divers notamment dans mon bureau … Eh bien, puisque flemme il y a, profitons-en. Laissons-là prendre le dessus.
Alors voilà, « je me rencroquemitoufle, je m’éfilifiloche, je périclite, décline en carabobine qui n'en finit pas, et la vie me semble fouine blette et filandrine… Que le temps s’étire ! » (Bécaud) L’esprit s’évade, vagabonde dans tous les sens, de rêverie en images attendries sur l’écran de lobes cérébraux débrayés. Mais attention, ma flemme, ça n’est pas l’ennui ! Elle est un hédonisme assumé, une recherche de plaisir, autant physique qu’intellectuel. Physique : quoi de plus sensuel que d’enfouir sa tête dans un coussin moelleux, un peu frais. Comme pour la première gorgée de bière, c’est la première minute la plus intense. Ensuite c’est la douceur de sentir chaque membre s’alourdir et s’abandonner jusqu’au corps tout entier. Intellectuel : quoi de plus dense que de ne penser à rien, c’est-à-dire à n’importe quoi, pourvu que ce soit des pensées agréables. Croyez-moi, c’est un exercice difficile que de vouloir occuper son esprit à faire le vide, il résiste le bougre. Il faut un entraînement que probablement seuls les pros de la flemme ont.
La flemme c’est quand à la question : « Qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui ? » On répond : « Rien ! ». « Mais c’est déjà ce que tu as fait hier ! – Oui, mais je n’ai pas fini ! » La flemme c’est la fuite du temps sans la mesure. Voilà pourquoi on dit : « tirer sa flemme ». Elle est élastique, malléable, étonnamment plastique. Voilà pourquoi on ne peut en sortir que par un acte volontaire qu’elle combattra évidemment. C’est pourquoi il est si difficile de s’en passer si on la laisse s’installer.
Certains y voient un sport proche du rugby pratiqué essentiellement par les femmes. De quoi s’agit-il ? Mais des « soldes » bien sûr ! Cette période censée être propice aux bonnes affaires qui commence ce 28 juin et qui va durer six semaines jusque début août. Dès ce matin, elles étaient donc dans les « starting-blocs » à l’entrée des magasins pour se précipiter dès le lever du rideau de fer. Empoignade garantie ! C’est un sport qui nécessite une longue préparation et qui doit, pour être couronné de succès, obéir à quelques règles primordiales. Pour éviter de perdre du temps dans les magasins, et déjouer tous les pièges, mieux vaut avoir un bon plan d'attaque. Il faut donc bien se préparer pour réussir les soldes et faire de bonnes affaires. Bref être tout simplement 100 % efficace ! Aujourd’hui, les achats en solde ou en promotion pèsent 40% du marché du prêt à porter contre 20% en 2000 et les commerçants réalisent en deux mois plus du tiers du chiffre d’affaires de l’année… Alors que promotions, soldes flottants et ventes privées se multiplient, trois Français sur quatre restent en effet fidèles au rendez-vous immuable des soldes d’hiver ou d’été pour s’habiller ou se chausser.
Un peu d’histoire.
D’abord, ne pas confondre « la solde » qui désigne le traitement des militaires et qui signifie « être payé » et « le solde » qui est d’abord la différence entre le crédit et le débit d’un compte, ou le reliquat d’une somme à payer, et devenu par extension la vente à prix plus ou moins réduit de marchandises restantes en fin de saison : solde d’un stock. Voilà pourquoi on dit « les soldes ». Les soldes apparaissent avec la grande distribution, au XIXème siècle. Leur papa serait un certain Simon Mannoury, fondateur en 1830 du premier grand magasin parisien, le « Bon Marché ». Véritable génie de la vente, c’est un précurseur : il met en place des ventes à distance et organise les premiers soldes, afin d’écouler les stocks des invendus de la saison passée à coups de prix cassés. Les premières lois qui encadrent ces rabais datent du début du siècle dernier, en 1906.
Comment faire « les soldes » ?
D’abord, avant de s'aventurer dans les magasins, Madame doit savoir ce dont elle a besoin : ouvrir sa penderie reste le meilleur moyen de se faire une idée pour préparer les soldes efficacement. Puis, quelques jours avant, elle va partir en mission « repérage » dans les magasins où elle souhaite acheter. C'est l'occasion d'essayer les vêtements qui lui plaisent et de vérifier si elle fait toujours la même taille. Cela permet aussi de poser des questions sur le stock et de savoir s’il est possible d’attendre éventuellement la deuxième démarque pour acheter. Mais attention, les soldes sont piègeux : avant toute journée shopping, il convient de vérifier l'état de ses comptes et de se fixer un budget. Il est plus prudent de décider d'un budget avant de partir à la chasse aux bonnes affaires. Astuce pour les plus dépensières : elles retirent en liquide l’argent qu’elles comptent dépenser. Cela permet, paraît-il de mieux se rendre compte de ses dépenses !
Les plus organisées vont jusqu’à établir une liste d'articles à acheter : elles passent forcément moins de temps dans les magasins, tout en risquant de laisser filer un bel article. Des perfectionnistes vont même jusqu’à faire deux colonnes pour séparer les « priorités » du « superflu ». Erreur parfois tragique qu’il faut absolument éviter : arriver trop tard ! Les grands magasins et enseignes spécialisées dans la mode ouvrent généralement plus tôt durant les soldes. Pour être la première à bénéficier des bonnes affaires, il peut être prudent d’appeler les magasins dans lesquels on compte aller, pour connaître l'heure d'ouverture. Et surtout, il faut se renseigner sur une possible « nocturne supplémentaire », pour ne rien rater, sachant que, pendant les soldes, la loi du « premier arrivé, premier servi » s'applique. Enfin, le bon sens exclut de porter des hauts talons pour courir les boutiques : une journée de soldes à piétiner est un exercice des plus fatigants.
Une coureuse de soldes cultive le sens pratique, acquis avec l’expérience : elle prévoit un sac, d'assez grande taille, pour pouvoir y regrouper ses achats. Si elle achète des vêtements, elle a prévu une tenue qui permette de se changer dans le magasin, afin d'éviter la file d'attente des cabines d'essayage. Si elle envisage d’acheter des chaussures, elle se munit d’un mi-bas car les vendeuses seront trop occupées pour en fournir rapidement. Au moment des achats, il convient aussi de se renseigner sur les conditions de retour des articles. En général, les articles soldés ne sont ni repris ni échangés, mais, en cas de doute, il faut toujours demander.
Faire les « soldes » n’exclut pas la tentation. Si les magasins regorgent de marchandises qu’ils ont fait venir tout spécialement pour l’occasion, il y a ceux qui en profitent pour mettre en exergue la « nouvelle collection » … Règle d’or : pendant la période de soldes, il ne faut pas regarder les modèles de la nouvelle collection. L'objectif est de faire de bonnes affaires, pas de craquer pour un produit hors promotion !!!
Et puis il y a les « soldes » pour les paresseuses. Il suffit d’aller sur internet. Elles y trouvent plusieurs avantages : cela évite de perdre du temps aux cabines d'essayage et aux caisses et permet d'acheter 24h/24. Autre avantage non négligeable : le droit de rétractation de sept jours s'applique sur tous les produits en ligne, même soldés. En cas de regret, il est toujours possible de rendre l'objet acheté, à condition de conserver une preuve d'achat. Oui, mais ça n’a pas la même saveur diront les puristes.
Les soldes, c’est comme les confitures.
Ces confitures que l’on fait soi-même alors qu’on pourrait les acheter toutes faites en pots. Oui, mais il y a « l’odeur » qui emplit toute la maison, nous glisse malicieusement Georges Duhamel ! Les soldes sans la bousculade, l’odeur de la sueur dans la touffeur des magasins, les coups de coude dans les côtes et la victoire de l’achat devenu un exploit, ça ne serait pas drôle ! Les « soldes » c’est une aventure qui peut durer six semaines avec plusieurs démarques et à chaque fois un nouvel épisode palpitant.
D’abord un peu d’Histoire.
Le bruit a couru qu’à la suite de sa cuisante défaite, le PS serait obligé de vendre son siège de la rue de Solférino. Mais sait-on à quoi se réfère le nom de cette rue ?
24 juin 1859 : la victoire française de Solférino.
Mais qu’est-on allé faire en 1859 aux confins de la Vénétie avec nos troupes en campagne ? C’est que la bataille que les Français ont livré ce jour-là aux Autrichiens n’est pas le fait du hasard, on s’en doute bien. Rappelons-nous : on est sous Napoléon III. C’est le Second Empire. De l’autre côté des Alpes, l’Italie, fractionnée entre petits duchés, Etats du Pape et le Royaume de Piémont-Sardaigne, n’a pas encore fait son « unité ». Justement, c’est le sujet. A Plombières, Napoléon III a promis au rusé Cavour, Ministre de Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne, que la France interviendrait en faveur de ce dernier si l’Autriche l’attaquait. Dans l’accord, il était convenu que le Piémont recevrait le royaume lombardo-vénitien, les duchés de Parme, Modène et Toscane et une partie des états pontificaux. Nice et la Savoie reviendraient à la France. Vieux rêve napoléonien de redonner des frontières naturelles à la France ! Evidemment, Cavour qui oeuvrait passionnément à l’unité de la péninsule au profit du royaume de son maître, insupporta suffisamment l’empire autrichien pour qu’il lui déclare la guerre. C’est ainsi qu’en 1859, Napoléon III entra en campagne, en annonçant « une Italie libre des Alpes à l’Adriatique ». On résume … Après la victoire non décisive de Magenta (4 juin 1859), à l’issue d’une bataille décousue, les Français progressent vers la Vénétie et se heurtent presque par hasard aux Autrichiens à Solférino. On est le 24 juin. Niel se distingue sous les ordres de Canrobert : 22 000 morts du côté autrichien, 17 000 dans le camp franco-piémontais, une vraie boucherie ! Un témoin, au spectacle de ces morts et de ces blessés, eut l’idée de fonder la « Croix Rouge ». C’était le Suisse Henri Dunant. Les Français avaient contribué à remporter une victoire décisive, mais Napoléon III n’ordonna pas de poursuivre les Autrichiens pour qu’elle soit totale. C’est qu’il était pris entre la pression des catholiques, inquiets pour les états du Pape, et ses sympathies pour l’unité italienne. Finalement il favorisa l’expansionnisme de Cavour. Le Piémont acquit toute l’Italie centrale (24 mars 1860) et grâce à son allié français, le roi Victor-Emmanuel II reçut le soutien de la Prusse qui avait des vues sur l’unité allemande de son côté. C’est ainsi que le royaume piémontais devint royaume d’Italie et reçut la Vénétie, une fois que les Prussiens eurent réglé leur compte aux Autrichiens à Sadowa (1866). Il ne restait plus que Rome… La France eut évidemment sa part avec Nice et la Savoie. La suite est moins glorieuse avec les Prussiens et la guerre de 1870… Mais c’est une autre histoire.
Détendons-nous.
Quelques devinettes :
Qui a dit :
« Qui m’aime me suive ! »
« L’argent n’a pas d’odeur »
« Impossible n’est pas Français »
(réponses demain)
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres
Cela s’appelle faire du neuf avec du vieux.
Du très vieux même ! C’est que l’idée de « revenu universel » est loin d’être nouvelle, elle remonte aux tout débuts du capitalisme et de la démocratie, l’époque de Thomas More et de Thomas Paine. Elle fut développée par les socialistes utopiques (il y en avait déjà) comme Fourier au temps de la Révolution française et par les philosophes comme John Rawls et plus récemment par des économistes libéraux comme Milton Friedman.
Mais d’abord, il faut en donner une définition : le « revenu universel » est une allocation unique versé à tous les citoyens de manière identique sans aucune condition pour en bénéficier ou pour l’utiliser. Il a en théorie pour but de garantir une vie décente à tous les membres d’une communauté, par exemple les citoyens français, en leur assurant à la fois autonomie et liberté de choix de leur vie, sans contrôle social ni surveillance de l’Etat. Généreux dans son principe, mais comment le financer ? On n’imagine pas un Français vivre avec 780 euros par mois et cela coûterait déjà autour de 480 milliards d’euros !!! Pour un pays surendetté c’est impossible à envisager.
Comment l’idée a-t-elle pu germer dans la tête de Benoit Hamon.
Son raisonnement repose sur la fin du travail et la généralisation des robots qui produiraient la richesse et qu’il suffirait alors de taxer. Simpliste mais efficace. Cela peut tenir debout, sauf qu’on n’y est pas du tout. C’est là qu’on découvre chez nos intellectuels, si tant est qu’il en soit un, l’ignorance de l’état et du fonctionnement de l’économie.
La transformation digitale des activités et des entreprises détruit déjà des emplois et certainement encore beaucoup à l’avenir. C’est avéré : on estime que la moitié des emplois existants seraient remplacés par des robots d’ici 2030, créant un chômage structurel de masse et ce seraient les pays développés les plus menacés. Cela justifierait la création d’un revenu qui permettrait d’éviter la paupérisation des classes moyennes. Le but : empêcher le déchaînement populiste. Sauf que le raisonnement repose sur des projections discutables et un postulat erroné, celui de la fin de la croissance et du travail. La mécanique qui à commencer de se dérouler sous nos yeux avec la mondialisation et la révolution fait émerger des activités et des postes de travail nouveaux. Déjà, beaucoup des métiers exercés aujourd’hui n’existaient pas il y a dix ans, et il faut se préparer à accompagner cette évolution par des investissements dans l’éducation et les infrastructures, dans une économie ouverte qu’il est quasiment impossible de refermer sur elle-même, les outils modernes se jouant des frontières. Certaines études montrent que plus de la moitié des postes de travail dans les vingt années à venir ne sont pas connus aujourd’hui. Il suffit de voir la vitesse d’évolution du travail ne serait-ce qu’en prenant l’exemple de « l’ubérisation » qui le fait muter en s’affranchissant du salariat.
Non, les robots ne vont pas tuer l’emploi.
Ils vont tuer « des » emplois et en générer d’autres. Notre pays est déjà à la traine en ce domaine, Nous en avons proportionnellement deux fois moins que les Allemands, et moins que les Italiens. Les taxer pour financer une rente serait dévastateur et un frein puissant à leur développement. C’est revenir aux effets pervers de la « taxe professionnelle ». C’est le plus sûr moyen d’atteindre la compétitivité de notre économie et d’assurer le décrochage définitif de notre pays.
Au lieu de planifier le chômage pour tous, il est plus urgent d’investir dans les activités digitales et les emplois post-salariés de demain, en pariant sur le progrès. Le « revenu universel » n’est qu’une illusion. Sa fausse simplicité n’apportera pas de solution au phénomène d’exclusion par le versement d’une allocation pour se dispenser de l’effort de réinsertion qui est la manifestation d’une solidarité et au-delà, l’expression d’un véritable respect de la personne. De plus, il a un caractère immoral, car, conçu comme un revenu de complément à un revenu de travail, il y aura toujours des petits malins pour s’en contenter quitte à vivre chichement et d’expédients. Je ne vois pas au nom de quel principe, je serais obligé de payer des impôts pour entretenir ces gens qui ne feraient aucun effort pendant que d’autres s’évertueraient à participer à la création de la richesse.
Nous voyons bien que lorsqu’une innovation technologique détruit un pan d’activité, elle en recrée très rapidement un autre. Le défi c’est d’assurer le passage de l’un à l’autre en limitant la casse sociale qui oblige à abandonner des métiers au profit de nouveaux. La question est davantage celle de l’adaptation de la formation initiale et continue, que celle de la distribution d’un revenu. A l’avenir, nous aurons besoin de mathématiciens et de spécialistes du « data », de l’Intelligence artificielle, de l’internet des objets, des bio et nanotechnologies… La prise en compte de ces besoins par l’Education nationale, toujours en retard, est le véritable enjeu des prochaines années. Cela nécessitera là encore bien des reconversions et la mobilisation de moyens autres que le nombre des fonctionnaires.
Il n’est pas interdit de parier sur les espoirs bien réels du progrès !
A tous mes amis et lecteurs du bloc-notes, assidus ou non, je présente mes vœux sincères de bonheur, de prospérité et de santé, pour une année 2017 pleine de rêves assouvis, de projets réalisés et de joies multiples.
Notre tâche collective a sa feuille de route :
Relever les défis, braver les obstacles et aller de l'avant
pour atteindre les plus hauts sommets...
et construire ensemble
un avenir serein pour notre pays.
Passez de joyeuses fêtes du nouvel an et à très bientôt sur le « calepindh » !
Un peu d’histoire.
Le soir du réveillon, dans beaucoup de foyers, on va mettre au four la « dinde ». Une vieille tradition à laquelle on déroge de plus en plus : le chapon ou les cannettes farcies viennent au menu, si ce ne sont rôtis exotiques de chevreuil ou de … kangourou. Pourtant, l’Histoire nous rappelle que c’était l’oie qu’on cuisinait pour Noël. Cette oie, qu’on engraissait toute l’année pour la fête. Mais voilà, en 1492, Christophe Colomb découvrit l’Amérique et … la dinde !
Après la conquête du Mexique par Cortès (1518-1521), les Jésuites introduisirent en Espagne, puis en Europe, l’élevage de cette grosse et savoureuse volaille. Les Français en raffolent et la dinde figure au menu du banquet nuptial de Charles IX en 1570. Elle finira par remplacer l’oie de Noël. Son nom dérive de « poule d’Inde » qui désignait auparavant la pintade, pourtant venue d’Afrique, apportée par les Grecs et les Romains. Mais la géographie, dans l’Antiquité, manquait encore de précision.
Depuis on a découvert une espèce mutante, avec la « Dinde du Poitou », une variété qui creuse, partout où elle passe, des trous… budgétaires !
Mais c’est une autre histoire !
Politique
Paris « Bateau ivre »
La maire bobo n’y va pas par quatre chemins. Après avoir modifié le nombre des élus des arrondissements, elle continue d’utiliser le logement social pour modifier la sociologie de la capitale à son avantage.
Paris, place financière… hum !
C’est le rêve de nos gouvernants : profiter du Brexit pour récupérer les établissements financiers tentés de fuir la capitale britannique, et il y en a. Alors pourquoi Sapin-les-bas-roses a-t-il augmenté la taxe « Tobin » sur les transactions de 0,2% à 0,3% ? Mais pour faire plaisir à sa gauche ! La place de Paris est « groggy » !
La France championne !
Notre pays est le champion incontesté des dépenses sociales avec 31% du PIB. C’est un rapport de l’OCDE qui le constate. Et on ne pourrait pas tailler dedans ? Comment donc font nos partenaires européens ?
Juteuse BPI
La Cour des Comptes pointe la Banque Publique d’Investissement, ce machin inventé par la gauche pour aider les entreprises à investir, et dont la Royal présida un temps aux destinées, me semble-t-il. On y vit très bien. Certains cadres ont vu leur salaire augmenter de 40% entre 2012 et 2015 nous dit l’institution de la rue Cambon. A titre indicatif, le Directeur Général émarge à 450 000€ . Quand même ! De quoi faire baver un patron de PME.
La distribution continue
Notre hypo-président-en campagne ne fait pas que des discours que personne n’écoute. Il continue de faire des chèques en bois que la majorité suivante devra solder. Ainsi il est arrivé à je ne sais quel congrès avec 1 milliard de plus pour l’ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine) déjà dotée de 4 milliards. Même pas certain que ça rapporte des voix !
Les dégâts de la fin de règne
Ils commencent à être considérables : la présidence est complètement déconsidérée, le PS ne sait plus où il habite tant chaque jour apporte son lot de chamailleries. Le « Sicilien » qui préside l’Assemblée fait une guerre ouverte au chef de l’Etat depuis qu’il a lu son jugement peu amène sur sa personne. Cambadélis lui-même est « flottant ». La vipère de la rue de Grenelle, qui a découvert qu’elle n’était pas une intellectuelle (nous on le savait), est vexée et a disparu des écrans radars. Et même le Manolito qui dit publiquement avoir honte du Président, c'est du jamais vu ! Tout cela ne serait pas si grave si parallèlement la France n’était pas tournée en ridicule sur la scène internationale. Le bilan se résume de plus en plus en deux mots : déconsidération et gabegie.
Société
Mais la gauche utilise jusqu’au bout le pouvoir législatif pour faire passer un maximum de ses lubies idéologiques. Ainsi grâce à la dernière loi qui vient d’être votée les « trans » pourront changer de prénom sans changer de sexe et se déclarer homme ou femme sans modifications physiologiques, si bien qu’une femme déclarée « homme » pourra accoucher et donner vie à un enfant qui aura ainsi deux pères !!! Je n’invente rien. On ne marche pas un peu sur la tête ? Le lobby LGBT est satisfait. Des voix en plus ?
Allons voir ailleurs
Vraie baisse du chômage !
On continue à pinailler en France à coup de microscopes pour tenter d'entrevoir un retournement de tendance sur l'emploi. L’Elysée a même demandé une présentation de la courbe qui montre davantage « l’inversion » !!! Hier l'Espagne a annoncé que pour la première fois en 6 ans son taux de chômage était tombé en dessous de 20% et que 480 000 emplois avaient été créés en un an. Des vrais emplois, ni aidés, ni d'avenir. Indiscutable. Taux de croissance : 2,3% … En France, on a 0,2% de croissance au 3ème trimestre… on fera peut-être 1,2% sur l’année (au lieu de 1,5% prévu) avec à la clé un surcroît de déficit (si Sapin le reconnait, il faut qu’il soit vraiment désabusé)… Et pour qui la facture supplémentaire ?
Chinoiserie !
Xi Jinping s'est fait donner les pleins pouvoirs. Ce n'est plus le parti qui dirige. C'est lui et lui seul. Ça s'appelle une dictature. Vous allez me dire, ça ne change pas grand-chose. Quand même ! Mais chut, pas un mot. Ne dites rien car votre boîte pourrait demain être achetée par des Chinois (en ce moment, ils achètent tout) et vous pourriez le regretter.
Les musulmans français sont partagés entre majorité silencieuse et fondamentalisme.
C'est ce que révèle l'enquête exclusive menée par l’IFOP pour l'Institut Montaigne. Elle a au moins le mérite de nous mettre devant la réalité. Il existe en effet deux groupes très différents au sein des musulmans de France. D'un côté, une majorité silencieuse : 46% des personnes interrogées sont parfaitement intégrées dans la République et à l'aise avec ses valeurs. À l'opposé, un groupe de près de 29% conteste la laïcité et considère qu'elle ne permet pas d'exprimer librement sa religion. Il est qualifié d'autoritaire par le rapport : ces musulmans sont pour le port du voile intégral, considèrent que la Charia est au-dessus des lois de la République et utilisent l'Islam comme instrument de révolte. Elle met donc en évidence ce qu’on savait déjà intuitivement : l’intégrisme religieux progresse au sein des musulmans de France. Il vaut mieux le savoir. L’Institut Montaigne ose un chiffre sur la présence – souvent fantasmée – de musulmans dans notre pays. Ils seraient entre 3 et 4 millions. On est loin des 8% à 10% de la population brandis par les théoriciens catastrophistes du « grand remplacement ». Ils représentent aujourd'hui 5,6 % de la population française et 10% des moins de 25 ans. Il s’agit donc d’un groupe social particulièrement jeune : 84% ont moins de 50 ans. L’âge moyen s’établit à 35,8 ans (il est de 53 ans chez ceux qui se déclarent chrétiens et de 43 ans pour les « sans religion »).
Les résultats de cette enquête sont évidemment contrastés.
Ils ont le mérite de nous fournir une radiographie détaillée de ce que pensent nos 3 ou 4 millions de compatriotes qui se revendiquent de l’Islam. S’il est rassurant de constater que leur grande majorité adhère à la laïcité et aux lois de la République, on notera toutefois que 2/3 d’entre eux sont favorables au port du voile par les femmes, ce qui paraît paradoxal mais peut s’expliquer par le fait culturel, comme le fait très majoritaire de consommer « halal ». Par contre elle nous apporte aussi des informations inquiétantes : les musulmans qualifiés d’ « ultras en rupture » par les chercheurs sont très représentés chez les inactifs, les précaires et surtout les jeunes dans une proportion effarante puisque 50% des moins de 25 ans se rangent dans cette catégorie. Ils vivent en rupture avec les valeurs républicaines, plébiscitent le port du niqab ou de la burka et la polygamie. C’est ainsi que 32% des musulmans placent la charia au-dessus des lois de la République.
On comprend bien que la situation économique et sociale constitue une clef de radicalisation. Mais l’explication n’est pas suffisante. Il s’agit de la révolte d’une génération de personnes contre le pays qui les a accueillis. Elle consacre l’échec du système éducatif qui s’est révélé incapable de leur transmettre le minimum de culture pour qu’il puisse construire leur identité au sein de la communauté nationale. L’affirmation religieuse prend la forme d’une sorte de vengeance contre une société qui n’aurait pas voulu d’eux. Signe d'autant plus inquiétant que les auteurs de l'étude postulent qu'il s'agit d'un effet de génération, qui ne s'atténuerait donc pas avec la maturité.
L'utilité de cette enquête est évidente.
Certains y verront une tentative de constituer des statistiques ethniques là où il ne s'agit que de sonder pour savoir, au même titre que ce que pensent les catholiques est souvent sondé. Et il vaut mieux savoir, dans la période que nous traversons.
En effet, nous savons maintenant que ceux qui nous font la guerre peuvent s’appuyer à l’intérieur du territoire sur un important vivier qui lui est prédisposé. Il est donc urgent de combattre ces comportements minoritaires, comme il est primordial d’éviter les amalgames et les discriminations. Il est tout aussi urgent d’attaquer le mal à la racine par le renforcement de la lutte contre tous les comportements « communautaristes » aux urgences des hôpitaux comme dans les écoles où les enseignements sont là pour lutter contre l’obscurantisme. Nous combattons un fondamentalisme qui tient pour incontestablement vrai tout ce qui a été écrit dans le Coran au 6ème siècle après JC. Va-t-on renoncer à enseigner que la Terre est sphérique et tourne autour du soleil, que l’homme a une préhistoire, que la science lui a permis d’aller sur la Lune … Et en matière d’ éducation civique, être intraitable sur les valeurs qui fondent notre société, le droit de croire ou de ne pas croire, l’égalité de la femme et de l’homme, la citoyenneté qui fait de chacun de nous une personne libre et autonome dans la République. Cela passe forcément par des mesures radicales telles que l’’interdiction de certaines institutions ouvertement fondamentalistes et prosélytes. Il ne s’agit pas de limiter la liberté de penser et de conscience, mais de lutter contre l’endoctrinement.
Empêcher l’obscurantisme.
La tâche va être d’autant plus difficile que nous aurons de plus en plus des comportements de refus qui existent déjà : refus d’apprendre, refus de tout savoir autre que celui de source religieuse. C’est de là que vient la mode aujourd’hui répandue dans les collèges et les lycées de traiter « d’intello » celui qui réussit pour le stigmatiser et faire pression sur lui. Comme le raconte Magyd Cherfi dans « Ma part de Gaulois », petit beur des quartiers Nord de Toulouse, tabassé parce qu'il travaille bien à l'école, et qui réussit malgré tout à obtenir son bac, grâce au soutien de sa mère, tout en cultivant son goût pour l'écriture de poèmes et de pièces de théâtre, puis à devenir célèbre en intégrant un groupe de musique connu (Zebda). On ne s’étonnera donc pas du faible taux de réussite de certains établissements scolaires. Les islamistes ont bien compris que le meilleur moyen de manipuler la population et de l’empêcher de s’intégrer, c’est de la maintenir dans l’ignorance. Lutter contre l’obscurantisme, c’’est la priorité. Dans cette bataille, la lutte contre le « vestimentaire » n’est pas accessoire comme le voudrait de bonnes âmes faussement libérales. Si les musulmans sont divisés sur la question du voile, celui-ci reste cependant un point de convergence identitaire : 60% des sondés estiment que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile à l’école et au collège contre 37% des non-musulmans… De même, autre pierre d’achoppement qui fait débat, 80 % des pratiquants et 67 % des non-religieux considèrent que les enfants devraient pouvoir manger halal dans les cantines scolaires – avis partagé quels que soient le niveau d’études, la situation professionnelle et l’âge.
Le problème est sociétal.
Le réflexe des gouvernants et des politiques est de se tourner vers les « autorités » musulmanes et les mosquées. Mais la pratique religieuse est elle aussi contrastée : un tiers des musulmans ne se rendent jamais à la mosquée, un tiers pour les fêtes religieuses, 29% s’y rendent chaque semaine dont le vendredi et 5 % quotidiennement. On se demande alors s’il est bien utile d’organiser l’islam de France autour des lieux de culte. D’autant plus que la plupart des musulmans (68%) ne connaissent même pas le Conseil français du culte musulman (CFCM). Enfin, il sera bien plus difficile d’empêcher l'influence des chaînes de télévision de la péninsule arabique ou la consultation de sites sur internet, même si des moyens de surveillance existent pour ces derniers. Faire respecter la République et lutter contre l’obscurantisme implique deux types d’actions : la répression ferme chaque fois que les lois sont transgressées et le renforcement de l’éducation dans un effort qui ne doit pas se limiter aux institutions scolaires. Deux autres axes d’action sont nécessaires : la lutte contre les discriminations à l’embauche et en matière de logement, la « déconstruction » des ghettos communautaires et le rétablissement d’une mixité de population en profitant des opérations de renouvellement urbain. Tâches peut-être de long terme mais qui doivent être menées en permanence. En regard de ces problématiques, les propositions de l’Institut Montaigne sont discutables pour certaines comme le financement des mosquées par une taxe « halal », les autres peuvent être utiles notamment pour faciliter la surveillance et tenter de « franciser » la pratique religieuse, mais restent anecdotiques par rapport à l’enjeu.
Un peu de tout pour rire… ou pleurer.
Le petit plaisantin aux bas roses.
Celui-là, il n’en manque pas une pour nous bourrer le mou et nous prendre pour des brêles. Il a annoncé comment sera appliquée la baisse de 1 milliard d’impôts sur les classes moyennes : en bénéficieront les contribuables qui ont 1700 € net de revenu mensuel (3400 pour un couple), soit 5 000 000 de ménages. Une goutte d’eau dans la mer dont bénéficient toujours les mêmes… au nom de l’égalitarisme. Avec les baisses d'impôts sur le revenu accordées depuis 2014, ce nouveau geste fiscal devrait atteindre 6 milliards d'euros au total, se félicite l’apothicaire de Bercy. Dans le même temps, l’Allemagne débloque 12 milliards, elle ! Cherchez l’erreur. Comme Ben et Nuts, c’est « Monsieur Plus » : il se targue d’avoir réservé une petite surprise aux inactifs, particulièrement aux retraités, ceux qui ne paient pas d'impôts sur le revenu parce que leurs retraites sont trop faibles qui pourront désormais bénéficier d'un crédit d'impôt, soit un chèque du Trésor public, lorsqu'ils auront recours à un emploi à domicile (avec une petite retraite ?). Cette seconde mesure devrait bénéficier à 1,3 million de ménages modestes supplémentaires pour un coût budgétaire de 1 milliard d'euros. Donc 2 milliards de baisse d’impôts ! Oui, mais non ! Ce geste inattendu ne grèvera pas les comptes en 2017, car notre magicien a trouvé le moyen de repousser l'addition à 2018. En tant que crédit d'impôt, le chèque ne sera en effet perçu qu'en 2018 par les ménages concernés, en fonction du volume d'emplois à domicile utilisé en 2017. Voilà donc une nouvelle fois une mesure qui va peser sur les comptes après la fin du quinquennat. Comme Tartufferie, on ne fait pas mieux. Le comble est atteint quand il souligne les efforts réalisés pour baisser les dépenses dont l’excédent est passé de 5% à 3,5% depuis 2012, ponctuant le propos d’un « nous sommes sérieux ! ». Il oublie simplement de dire que sous Sarkozy, le déficit était passé de 10% au pire moment de la crise (2008) à 5% fin 2011, soit divisé par deux en moins de 3 ans. Et nous aurions depuis longtemps rétabli l’équilibre si les efforts engagés avaient été maintenus. De la part de notre Sapin-les-bas-roses, cela s’appelle de la malhonnêteté intellectuelle. Ce n’est pas nouveau, c’est le spécialiste.
L'arlésienne du déficit public.
Justement, mauvaise nouvelle pour le pingouin et son larbin aux bas roses. En juillet, le déficit budgétaire de l'Etat a augmenté par rapport à l'an dernier. Il atteint aujourd'hui près de 81 milliards d'euros contre 79,8 milliards fin juillet 2015. Et pourtant, arrivée au pouvoir en 2012, la majorité de gauche avait mis le paquet en décidant des hausses d'impôts massives soi-disant pour réduire drastiquement le déficit public au motif qu'il fragilisait la position financière et diplomatique de la France. Cela n’empêche pas les cadeaux fiscaux électoralistes. Il aurait pu toucher aux 180 milliards d'euros des niches fiscales. En fait, c’est un jeu de compensations dangereux qui fait de notre fiscalité le pire des systèmes.
Ce très cher Macron.
De gauche, mais faut bien vivre. Il n’est pas candidat à la présidentielle, mais il était à Londres la semaine dernière pour lever des fonds. Très démocratiquement, il fallait sortir 7 500€ (sept mille cinq cent) pour déjeuner avec lui. De gauche, mais tendance poil de chameau ! Après on nous dira qu’il n’est pas propulsé par la finance internationale. En tout cas, sa démission continue de faire jaser. Certains ont évoqué Brutus à son sujet ce qui amène l’un de ses soutiens à dire : « Pour qu’il y ait Brutus, il faudrait qu’il y ait un César dans l’avion ». Pas gentil pour Hollande. Le mot de la fin revient à la Secrétaire d’Etat au Numérique (si, si, ça existe, on l’a vue à Angers), Axelle Lemaire (rien à voir avec notre Bruno) : « On ne juge pas une personne sur son image dans VSD, mais sur des résultats… ». Allez, on compte les points !
Il a osé le dire !
« Je veillerai à ne pas laisser abîmer la France dans les mois et dans les années qui viennent. » C’est de qui ? Du « Normal casqué à scooter » qui nous sert de Chef d’Etat. Il n’a vraiment pas peur du ridicule. Etre inconscient à ce point de l’état dans lequel il va laisser le pays, ça dépasse l’entendement. Alors on lui répond : « abîmer la France, c’est déjà fait mon gars ! ».
Curieux tout de même.
Lundi dernier s’ouvrait le procès Cahuzac. Pas reluisant pour la gauche. Mais en même temps, une fuite permettait aux médias d’annoncer le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bygmalion. Rideau de fumée ? Et bizarrement France 2 avec Elise Lucet programme un « Envoyé Spécial » sur la même affaire, pendant qu’une autre chaine évoque les relations Sarkozy/ Khadafi… Je ne crois pas au hasard. Le TSS bat son plein chez les juges et les gens de médias. Ils en ont rien à battre que ça n’arrange pas Hollande, ils ont fait une croix dessus. A moins qu’il ne s’agisse de blesser la « bête » (Sarkozy) pour qu’elle soit suffisamment affaiblie au moment de l’élection. Rien de nouveau. Simplement ne soyons pas dupes. On finirait par croire au « cabinet noir ».
L’économie en plein boom.
Ouais, mais c’est de l’Espagne (sans gouvernement) qu’il s’agit. Est-ce que cette absence de gouvernement en serait la cause ? La croissance espagnole est supérieure à la moyenne européenne, très largement supérieure même puisqu'on attend, tenez-vous bien, environ +3%. Mieux, le chômage a chuté et sera en dessous des 20% pour la première fois depuis 2010. Les exportations, avec le même euro que nous, battent un record historique absolu, et la consommation et les investissements sont en plein boom. De quoi faire rêver, non ? Rappelons tout de même que c’est quand même un peu grâce aux mesures mises en place par le PP de Rajoy. La droite quoi …
C’est triste.
7% des Français (peut-être 11%) sont encore illettrés. Pourtant, il parait qu’on a le système éducatif le meilleur du monde. Merci Najat !
Casting.
On connait les candidats à la Primaire de la Droite et du Centre : ils seront huit. On a évidemment les quatre qui mènent le bal : Sarkozy, Juppé, Fillon, Le Maire, les trois seconds couteaux de justesse : Copé, NKM, Mariton et l’extérieur du Parti Chrétien Démocrate, Poisson. Les autres sont recalés faute de parrainages suffisants. Il parait que Guaino veut casser la baraque en se présentant quand même. Stupide ! Promis, on y revient plus longuement lundi.
Le Jihad est une guerre planétaire.
Le terrorisme islamique a choisi l’escalade dans l’horreur. Plus Daesh recule sur le terrain, plus il s’active pour riposter avec son arme favorite, celle des lâches : l’attentat. Elle ne cessera de s’intensifier et pas seulement en France. Toute l’Europe est visée et les Etats-Unis aussi. Le monde des « Croisés » en quelque sorte, mais notre pays est une cible prioritaire de ses actions depuis que l’Etat islamique recule au Moyen Orient. Il s’attaque aussi bien aux musulmans qui ne se reconnaissent pas dans son sunnisme outrancier qu’aux peuples dits mécréants. Si l’Etat islamique recule en Irak et en Syrie, il progresse en Afrique et en Europe. Contrairement à ce que nous entendons souvent, il ne s'agit pas d'un conflit de civilisations – car il n'y a qu'une civilisation, celle qui va vers toujours plus de liberté, et pas l'inverse. Cette guerre a un objectif clair que nous devons garder à l’esprit : il s’agit de « liquider » -le mot n’est pas trop fort- la civilisation et la démocratie qui va avec. Il s'agit de l'éternel conflit entre la civilisation et la barbarie. Il ne peut donc pas y avoir de compromis. Il nous appartient collectivement de faire en sorte que ce ne soit pas nous qui disparaissions. Et il est grand temps de s’y mettre. Ce n’est pas trahir la démocratie que de lui donner les moyens de se défendre contre ceux qui instrumentalisent les Droits de l’Homme pour faire la promotion de l’islamisme. Ainsi, dans notre pays, selon une étude, un tiers des musulmans accorderait à la « charia » une valeur supérieure aux lois de la République, et elle est appliquée déjà dans quelques villes comme Trappe (Yvelines) ou quartiers, territoires perdus de la République, sans parler des provocations multiples qui défient quotidiennement les lois communes qui règlent notre mode de vie, comme en témoigne la polémique sur le « burkini ». Autant d’éléments qui créent ce climat de méfiance voire de défiance qui se répand parmi les Français non musulmans, bien que la grande majorité de leurs concitoyens musulmans aspirent à une vie paisible.
La guerre qu’il faut mener comporte deux fronts.
C’est d’abord une guerre matérielle, et la priorité consiste en premier lieu à compliquer la vie de ceux qui prétendent nous soumettre et pour cela de nombreux moyens sont encore à mettre en œuvre. C’est aussi une guerre idéologique qui ne combat pas avec des chars et des gardes nationaux mais avec l’arme de la citoyenneté et de la cohésion populaire autour des valeurs de la République et de la démocratie, et en ne cédant rien sur nos racines judéo-chrétiennes et notre identité spécifique. Cette double guerre, il faut la mener pleinement, d’autant plus que la France est la cible principale en tant que « pays-symbole » de l’universalité des Droits de l’Homme.
D’abord, réprimer et prévenir.
Il y a en effet urgence à entamer et amplifier les actions dans tous les domaines où l’Etat peut agir et faire appliquer la loi et prendre les mesures préventives en en donnant les moyens aux forces de l’ordre et à la justice. Les terroristes ne sont pas des citoyens-délinquants mais des ennemis à abattre. Ce qui implique d’étendre la rétention administrative en cas de risque terroriste et de durcir les peines frappant le trafic et la détention d’armes, de détruire les sites internet jihadistes et réprimer sévèrement leur consultation, réviser le droit de l’immigration et de l’asile en cohérence avec nos partenaires européens. Reprenons immédiatement la proposition d’Alain Juppé de créer un « délit de séjour ou de volonté de séjour dans les théâtres extérieurs où opèrent des groupes terroristes », ce qui permettrait d’engager des poursuites contre une bonne partie des « fichés S », et donc de les incarcérer. Ou encore, comme le proposent Nicolas Sarkozy et Les Républicains, « la mise en place d’un service de renseignement dans les prisons », lieux privilégiés de radicalisation. Et qu’on ne vienne pas nous dire que ça n’est pas opportun. Ce volet de la guerre ne peut être mené que par les pouvoirs publics. Puisque le Premier Ministre n’arrête pas de nous dire que nous sommes en guerre, à grand renfort de coups de menton, appliquons le « droit de la guerre » prévu dans la constitution, selon lequel quiconque professe une allégeance à l’Etat islamique est coupable « d’intelligence avec l’ennemi » : le code pénal sanctionne de 30 ans de prison. Il n’est nul besoin de légiférer en la matière. Arrêtons de penser que nous sommes impuissants.
Ensuite, mener la bataille idéologique.
Il y a aussi urgence à réinvestir le terrain de l’exigence dans le respect des lois de la République. Partout et en tout lieu. Nous ne pouvons tolérer cette idéologie religieuse chaque fois qu’elle asservit la liberté au dogme, qu’elle récuse le savoir jusque dans nos établissements scolaires, qu’elle s’oppose au progrès, qu’elle réduit les opposants au silence, qu’elle asservit les femmes, qu’elle instrumentalise les enfants… La France n’est pas une somme ni une multiplication de particularismes : « être Français » tient dans l’acceptation pleine et entière de la souveraineté de la France sur chacun de nous. Ce que les terroristes ciblent en visant notre société, c’est l’humanisme d’adhésion que la France représente et qu’elle porte universellement. Notre idéologie, celle des Droits de l’Homme, qui se veut universelle, doit se défendre contre l’idéologie d’une religion qui prétend à la même universalité. Pour lutter, nous avons l’arme puissante de la laïcité et de la loi. Il suffit que nous décidions de nous en servir. Pas seulement au niveau institutionnel, où la volonté est plus que jamais à affirmer. Cela exige notamment que notre administration arrête d’être complice. Ainsi, il s’est trouvé des magistrats pour estimer qu’un garçon qui avait tenté par deux fois de rejoindre Daesh pouvait être lâché dans la nature avec un simple bracelet électronique et une simple restriction de ses heures de sortie… Après le meurtre du père Hamel, dorment-ils paisiblement ? J’espère que non. Quant aux vociférations de Mme Taubira sur le sujet, elle devrait, si elle était lucide, en mesurer l’indécence : elle est coupable d’intelligence avec l’ennemi au moins moralement. Face à une « non-intégration » revendiquée, il nous faut un sursaut dans l’enseignement de nos valeurs. Et à cet égard, il y a urgence à mettre fin au travail de sape mené par la « Terminator en jupons » (dixit Jean d’Ormesson) de l’Education nationale. Car dans cette guerre, la « transmission » est décisive et elle est en panne, faute de directives claires et de contenus adaptés. L’école et le collège, en premier lieu, doivent redevenir les « bastions de la République », établissements en charge d’éveiller les sensibilités, d’enseigner les repères, les savoirs fondamentaux, en commençant par ceux qui fondent nos racines et notre langue. Mais, si la responsabilité de tous les « politiques » est engagée, celle de chaque citoyen qui adhère à la République aussi. On n’est pas islamophobe parce qu’on refuse que le communautarisme tente de s’imposer à l’hôpital ou à la piscine, dans la rue ou au supermarché. Cette guerre commence par la mobilisation de chacun de nous, chaque jour sur le terrain en nous opposant, en dénonçant, en refusant ce qui ne nous convient pas dans les comportements, dans les paroles, dans les gestes dont nous sommes les témoins. Nous commencerons à regagner du terrain quand chaque sortie d’une femme en burka provoquera un trouble à l’ordre public. Cela veut dire « faire peuple ». Ce volet de la guerre c’est le peuple français collectivement qui doit le mener.
La place de l’Islam dans la République.
Il y a une population française musulmane. Elle doit avoir sa juste place dans notre société, mais elle doit savoir aussi que la place de l’Islam dans la République française ne peut être régie que par la loi, et notamment celle de 1905 qui codifie clairement ses rapports avec les religions, toutes les religions. Pour que l’Islam ait toute sa place, les musulmans doivent clarifier leur position : de deux choses l’une, ou ils représentent un ensemble de personnes dont chacun agit et ne représente que lui-même et en cela ils se fondent dans l’ensemble des citoyens, ou bien ils constituent un ensemble de personnes animées collectivement par le projet d’étendre le plus possible l’emprise de leur religion, avec sa loi et ses mœurs : dans ce cas, ils deviennent une communauté spécifique que la nation ne peut pas reconnaître et même se doit de combattre. Il faut donc tracer une frontière lisible entre l’affirmation légitime des droits de chaque individu à pratiquer sa religion –ou pas-, et la participation à un « Islam politique » se définissant comme une entreprise collective visant à étendre une emprise religieuse incompatible avec nos lois. Voilà pourquoi la polémique sur le burkini est vaine, car il est bien évident qu'il est une revendication communautariste et religieuse avant d'être une tenue de plage. Tout le débat sur « l’Islam de France » est une tarte à la crème pour éviter d’affronter cette réalité. Il appartient à l’Etat sur son territoire de dicter ses règles.
Les musulmans n’ont pas le choix.
Il faut savoir que la population française est en majorité convaincue depuis longtemps, à tort ou à raison, que l’Islam est difficilement compatible avec les valeurs de notre société. Les musulmans doivent comprendre sa méfiance, voire son hostilité, tant qu’ils n’auront pas démontré collectivement, à quelle conception ils adhèrent. Comme l’affirme Youcef Chiheb*, « Si les musulmans de France et d’Europe ne se prennent pas en charge pour éradiquer ce fléau qu’est le Jihad, leur avenir en Europe serait plus que sombre et pourrait les conduire à la persécution, à la déportation voire à l’épuration ethnique comme ce fut le cas en Bosnie. »… Il a bien raison. La seule voie possible est celle d’une diversité culturelle bien comprise, qui s’accommode du refus du communautarisme puisque notre droit ne connait que des individus ne représentant qu’eux-mêmes, et qui prenne en compte pleinement l’égalité républicaine. Il ne s’agit pas de nier les identités d’origine, ni d’empêcher les cultures propres de s’exprimer, encore faut-il qu’elles intègrent elles-mêmes, pour se fondre dans le creuset national, le fait que la France a un passé, une histoire, des traditions judéo-chrétiennes et européennes indépassables et irremplaçables. Il leur est demandé d’être Français avant d’être musulman. Car une civilisation se définit tout autant par ses moeurs, son architecture, ses institutions politiques qui doivent irriguer toute la vie collective. Et c’est possible : j’ai pleins d’amis de culture musulmane qui ont assimilé nos valeurs et qui ont la « double culture ». Alors, ce sera « l’identité heureuse », comme l’exprime Alain Juppé. Déjà, dans le prolongement des récentes déclarations d’autorités musulmanes, et comme les y invitent Tarek Oubrou ou l’intellectuel Tahar Ben Jelloun, si les Français musulmans refusaient massivement et ostensiblement d’être les supports du prosélytisme islamiste, montraient leur adhésion aux valeurs de la République telle que la liberté de conscience, alors on éviterait que ne se creuse chaque jour un peu plus le fossé entre les autres Français et leurs concitoyens musulmans. Un chemin ardu sans doute, mais il est praticable si on additionne les bonnes volontés de part et d’autre.
En attendant, il faut faire la guerre.
Encore faut-il avoir des gouvernants et une classe politique convaincue de sa nécessité. Force est de constater que le pouvoir exécutif actuel se retranche derrière les paravents trop commodes de l’Etat de Droit, de la République et de la tolérance pour ne pas la faire complètement. Il ne sert à rien d’appeler à « faire bloc », si c’est pour ne rien faire. Car c’est l’inaction qui crée la défiance et désunit. Le temps presse et nous ne pouvons attendre encore dix mois, avec combien d’attentats et de morts supplémentaires que l’on se contentera de déplorer et de commémorer … en longs discours inutiles.
*Youssef Chiheb, Professeur à l’Université Paris XIII Sorbonne. – « Pourquoi es-tu venu en France, papa ? » ed. alfAbarre
On a beau être habitués, par moment c'est plus insupportable que d'habitude. Les journalistes présentent l'actualité et tentent d'orienter insidieusement notre jugement. Ainsi vous avez dû l'entendre comme moi, sur BFMTV, i-télé et dans le Grand Soir 3, le Sénat aurait "durci" le texte de la loi "travail". Abus de langage ! Pourquoi durci ? Moi, je pense que "assoupli" conviendrait mieux puisqu'il s'agit de diminuer les contraintes qui pèsent sur le travail et freinent les embauches. Des journalistes objectifs auraient parlé de "texte remanié" ou différent, parce que, heureusement, la gauche et la droite ce n'est pas pareil ! Mais, comprenez-vous, l'emploi du mot "durci" sous -entend un effet néfaste. Ah, j'oubliais, ce sont des syndicalistes, que je suis bête ! Le plus étonnant, c'est qu'ils ne sont même pas concernés par ce texte de loi ... Après on s'étonne que, tels les moutons de Panurge, les Français sont contre à plus de 60% !
UN PLAN MACHIAVELIQUE
Un peu d’histoire.
Nicolas Machiavel, homme de la Renaissance, était un philosophe, un homme politique et un diplomate. Mais aussi un poète et un stratège. Né à Florence, ville des Médicis, il connut la dictature du dominicain Savonarole avant de commencer une carrière politique. Envoyé successivement à la cour pontificale de César Borgia, à la cour de Louis XII en France et encore auprès de l’empereur du Saint Empire Romain Germanique, il fait l’expérience de tous les usages de ces milieux où le complot est quotidien. Il réorganise l’armée florentine mais ne peut empêcher le retour des Médicis. Il est exilé parce qu’il est soupçonné d’avoir participé à un nouveau complot. Arrêté et torturé, il se retire dans sa propriété où il rédige « le Prince » : il y dresse le portrait philosophique du « Prince », celui qui gouverne, en s’appuyant sur son expérience, sa grande connaissance des hommes au pouvoir à son époque et sur sa culture humaniste et historique. Selon Machiavel, diriger, gouverner, c’est d’abord se faire craindre, ce qui suppose de ne pas s’embarrasser de trop de principes moraux. Ces derniers peuvent être utilisés quand ils servent le « Prince », mais au même titre que la violence, la ruse ou le mensonge. La théorie politique de Machiavel est avant tout celle de l’adaptation et de l’habileté lucide, louvoyant entre vie et vertu afin de consolider dans la durée l’exercice du pouvoir.
Machiavélique veut dire perfide.
Avec le temps, les belles théories les plus complexes se réduisent souvent à leur plus simple expression. Aujourd'hui, un « plan machiavélique » est toujours la traduction d’un schéma perfide, dépourvu de sens moral, élaboré sans s’encombrer de scrupules selon une règle simple : la fin justifie les moyens.
L’actualité nous offre moult exemples d’agissements qu’on pourrait qualifier de « machiavéliques », qu’il s’agisse de la manœuvre de Ségolène Royal sur le dossier de l’aéroport de Notre-Dame des Landes ou encore de sa piètre défense contre les accusations de « gabegie » dans sa gestion de la Région Poitou-Charentes. On pourrait en trouver aussi une belle illustration dans les méthodes utilisées par Hollande pour tenter d’imposer sa candidature en 2017, contre l’avis de 80% des Français !
Cette année on n’a pas eu vraiment le cœur à faire des blagues ni à accrocher des poissons dans le dos des copains. On n’a donc pas eu droit aux fausses nouvelles en « une » ni aux invraisemblables canulars qui circulaient habituellement. Et même si on nous avait dit que Hollande s’était rendu nuitamment à scooter à la « Nuit debout », on n’aurait encore eu peu de chance d’être cru.
Un peu de sourire.
Pourtant, la RATP a fait preuve d'humour. En ce vendredi 1er avril, la Régie Autonome des Transports Parisiens a décidé de jouer un tour à ses clients en rebaptisant - de façon éphémère - 13 stations de son réseau. C’est ainsi que la station « Opéra » est devenue « Apéro », « Parmentier » s’est transformée en « Pomme de Terre » et sur la ligne 11, « Pyrénées » a été renommée « Alpes ». Le plus drôle aura été de rebaptiser la station « Quatre-septembre » sur la ligne 3, tout simplement... « Premier avril ».
Mais d’où vient cette tradition du « poisson d’avril » ?
En fait, malgré les recherches des savants du monde entier, personne n’a vraiment trouvé l’origine. Personne ne sait ce qui a motivé cette coutume à cette date et quel sens exact donner au « poisson ». Parmi les traditions populaires, il semble que ce soit la plus obscure et la plus controversée. On a dit que le « poisson » c’était une déformation de la « passion » du Christ ou qu’il reprenait le symbole des premiers chrétiens, en relation avec le rituel de Pâques qui tombe à peu près au même moment. On a expliqué aussi que la tradition des bobards était liée au changement de calendrier décidé par le pape Grégoire XIII qui faisait commencer l’année le 1er janvier au lieu du 1er avril. Les farces étaient donc destinées à se moquer des retardataires qui n’avaient pas pris en compte le changement.
Une coutume liée au redémarrage du cycle de vie ?
On a cependant retrouvé des témoignages irréfutables qui établissent les farces du 1er avril bien avant. Dans les pays celtes et germaniques, la coutume existait de mystifier le 1er avril les plus naïfs, les enfants notamment, en leur demandant de réaliser des choses infaisables, comme rapporter un seau de vapeur d’eau ou un flacon d’huile de coude…. Certains ont proposé de lier cette tradition au début du printemps et d’y voir une sorte de rite de passage, inversant réalité et fiction, consistant à faire prendre le faux pour le vrai. Soit ! La farce la plus savoureuse fut organisée en 1864 par un journal londonien qui annonçait que se tiendrait le 1er avril une grande exposition d’ânes rares à l’Agricultural Hall d’Irlington : le lendemain on n’y trouvait pas trace du moindre âne, par contre la foule était au rendez-vous ! Il y avait bien quantité d’ânes exposés !
Du bon usage du 1er avril.
Ne pas croire tout ce qu’on nous raconte. Et avec les médias qu’on a aujourd’hui, les rumeurs qui circulent sur internet, ce vecteur d’informations sans filtres, cesser de gober, sans réflexion ni sens critique, toutes les histoires invraisemblables, est non seulement salutaire mais indispensable. Rester vigilant et lucide face aux fables que charrient les médias, si le 1er avril servait à nous tenir éveillé, ce serait déjà bien. Une manière de nous aider à prendre conscience de notre propre naïveté pour mieux s’exercer à en sortir !
Jean-Pierre Werner, médecin de campagne depuis toujours, exerce son sacerdoce dans une commune rurale, qui pourrait être n’importe laquelle de la France périphérique. Quelques images nous révèlent qu’on n’est pas très loin de Paris, et pourtant… c’est déjà la France profonde. Il représente une espèce en voie de disparition avec la désertification médicale qui accompagne trop souvent la disparition des commerces et des écoles, mais aussi à cause du manque de médecins formés et du peu d’appétence de ceux-ci pour « s’enterrer » dans un trou. Le problème est exposé dans le film avec une grande acuité, sans fausse note ni exagération.
Notre médecin de campagne apprend qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau. Sur les conseils d’un ami, Nathalie Delezia arrive pour le seconder. Elle n’est pas toute jeune et offre un profil qui pourrait plaire au praticien : elle vient de finir son internat après avoir repris des études sur le tard, en prolongement d’une solide expérience d’infirmière hospitalière. Mais elle n’est pas vraiment la bienvenue : « Médecin de campagne, ça ne s’apprend pas ! » lui oppose d’entrée de jeu un Werner agacé. Mais elle y croit et elle s’accroche… L’histoire est solide, le récit aborde le sujet avec humanité et justesse.
François Cluzet campe le « docteur » avec une précision étonnante. C’est un rôle qu’il interprète à merveille, tout en nuance. Certains retrouveront le toubib de leur enfance, complètement dévoué à ses patients, de jour comme de nuit. Marianne Denicourt lui donne la réplique avec la même crédibilité. Tous les deux témoignent de la même foi, de la même ardeur et du même sens du dévouement. Ils ne pouvaient que se rencontrer. C’est une chronique de vie quotidienne, mais, comme le dit l’acteur lui-même, c’est un film « engagé et fraternel ». Il plaide en effet pour la dimension humaine qui relie le patient à son médecin. Ainsi, la thèse exposée, quand il met tout en œuvre pour qu’un patient puisse mourir chez lui… quand 80% de nos compatriotes meurent à l’hôpital.
Un bon documentaire, bien rendu, très pédagogique, magnifiquement joué. Par contre l’intrigue reste un peu faible. Le médecin, malgré sa tumeur continue son activité et parait plus en forme qu’il ne devrait l’être probablement. Il y a aussi l’esquisse d’une relation sentimentale avec sa « remplaçante »… qui n’apporte pas grand-chose de plus au film, mais lui donne une dimension romanesque presque convenue, un peu à l’eau de rose. L’important, c’est que l’émotion reste et que le message passe.
Un beau film à voir. Que nos édiles devraient aller voir !
En tout cas, moi, j’ai aimé !
Voilà une expression qui ne s’emploie plus guère, qui veut dire : « à une date inconnue », c’est-à-dire, par extension : jamais. Un exemple : Quand la courbe du chômage s’inversera-t-elle ? On peut répondre : « A Pâques ou à la Trinité ! »…
C’est curieux, comme interprétation parce que les dates de Pâques ou de la Trinité sont parfaitement connues. Il n'y aurait donc aucune raison de considérer qu'on parle d'une date indéterminée. Cela vaut bien une explication. A la fin du XVIIe siècle, Lord Churchill, duc de Marlborough, l’ancêtre de Winston, était le capitaine de l'armée britannique et, à ce poste, il mit plusieurs fois bel et bien la pâtée aux Français. En 1709, à l'époque de Louis XIV, il les affronta encore à la bataille de Malplaquet. Au cours de cette bataille, pour se moquer du capitaine anglais qu'ils croyaient mort, les Français écrivirent la chanson « Malbrough s'en va-t-en guerre ». Vous connaissez bien sûr les paroles et l’air : « Malbrough s'en va-t-en guerre, mironton, mironton, mirontaine,… Il reviendra-z-à Pâques, ou à la Trinité ! … La Trinité se passe, Malbrough ne revient pas. » L’expression est donc née de la chanson : il reviendra à Pâques ou à la Trinité, comme Malbrough, c'est-à-dire un jour peut-être ou bien jamais.
Pâques n’est jamais à la même date.
Si elle est connue à l’avance, voilà pourtant une fête chrétienne dont la date change tous les ans. Encore un problème de calendrier. Mais plusieurs explications se croisent. Auparavant, le peuple juif célébrait la fête de la « Pâque » pour commémorer la fin de l'esclavage et la sortie d'Égypte. A l'époque de Jésus-Christ, la date était fixée au 14 nizan, jour de la pleine lune de printemps. Cette date est dépendante du cycle lunaire (13 mois ou lunaisons) et non de notre actuel calendrier solaire en 12 mois. C’est le concile de Nicée, en 325, qui a souhaité faire coïncider la célébration de la résurrection du Christ avec le retour du printemps, le premier dimanche suivant la pleine lune après l'équinoxe de printemps. La définition précise du jour de Pâques fut établie par les pairs de l'Église, réunis par l'empereur Constantin : « Pâques est le dimanche qui suit le 14ème jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après.» Cela permettait aussi de christianiser les nombreuses fêtes païennes qui célébraient depuis longtemps cette résurrection de la nature. Le calcul de cette date, qui dépend du cycle lunaire, permet de déterminer non seulement le jour de Pâques mais aussi celui des nombreuses célébrations chrétiennes qui s'y réfèrent comme l’Ascension, par exemple.
Astronomie et mathématique à la rescousse.
Cette définition a posé de redoutables problèmes de calcul astronomique et mathématique auxquels les savants se sont attelés dès le IVème siècle. Il faut attendre le VIème siècle pour qu'une méthode de calcul précise soit progressivement adoptée par les Églises. Comme on le sait, la Terre tourne autour du Soleil en un peu plus de 365 jours et le compte n'est pas rond, d'où les années bissextiles, tous les quatre ans, pour rectifier le décalage. Un tout petit décalage qui a entraîné, mille ans plus tard, une différence de dix jours entre le calendrier sur papier et le calendrier solaire. C’est pourquoi, en 1582, le pape Grégoire XIII a décidé de rattraper le retard en supprimant dix jours du calendrier. Cette année-là, on est passé du 5 octobre au 15 octobre. Pour compliquer un peu plus les choses, les chrétiens orientaux, en froid avec Rome depuis plusieurs siècles, n'ont pas adopté cette réforme, et ont préféré rester au calendrier julien, plus conforme selon eux au rythme des Écritures. Bien que ce soit la fête chrétienne la plus importante, les Pâques catholique et orthodoxe ne coïncident que rarement, marquant ainsi symboliquement la division des Églises. Ainsi, la fête de Pâques orthodoxe peut se célébrer soit en même temps que la catholique, comme ce fut le cas en 2014 et en 2017, soit une semaine après, comme en 2012 et en 2015, mais il arrive que ce soit jusqu'à cinq semaines après. Pâques tombe en mars ou en avril pour le culte romain mais jamais en mai ; en avril ou mai pour les orthodoxes mais jamais en mars.
Les cloches de Pâques.
En ce dimanche de Pâques, il est une question que nous devions nous poser et sur laquelle nous mettre d’accord: cloche ou lapin? Parmi les différentes mythologies autour des Pâques, laquelle choisirons-nous pour nos enfants.
Après la messe du Jeudi Saint, veille de la mort de Jésus, les cloches se taisent, jusqu’au Gloria de la veillée pascale. La croyance serait apparu à la fin du XIIème siècle et serait liée au fait que Rome venait de faire interdire de sonner des cloches de métal. D’après la légende, les cloches déposent des oeufs dans les jardins en revenant de Rome où elles sont allées se faire bénir. Pour la commodité, et la gourmandise aussi, la matière des œufs s’est transformée en chocolat pour tous les goûts.
Le lapin de Pâques tire ses origines d’une légende allemande selon laquelle une femme trop pauvre pour acheter des chocolats à ses enfants aurait décoré des oeufs pour les cacher dans son jardin. Au matin, lorsque ses enfants se mirent en quête, ils auraient aperçu un lapin et crurent alors que c’était l’animal qui avait déposé les oeufs. A partir de ce jour, ils fabriquèrent un nid dans leur jardin chaque année espérant que le lapin viendrait y déposer des oeufs. Une fois qu’on a expliqué, on n’est pas plus avancé. Alors voici la synthèse de mon petit-fils : ce sont les cloches qui lâchent les œufs en passant, et ce sont les lapins qui les cachent dans le jardin ! Bien, tout le monde s’y retrouve !
Et la dimension commerciale.
La gourmandise est aussi affaire de commerce : cette année, plus de 15.000 tonnes de chocolat seront consommées autour de Pâques. Au total, le marché du chocolat de Pâques - qui est concentré sur cinq semaines - représente 300 millions d'euros de ventes en grande distribution, contre 725 millions pour Noël. Pâques reste, en effet, un moment incontournable pour les familles. Les œufs font partie du rituel pascal depuis le XIXe siècle grâce aux progrès réalisés dans l'affinage de la pâte de chocolat et la mise au point des premiers moules. « Les Français sont attachés au chocolat car il est le symbole du plaisir que l'on offre et que l'on est content de recevoir », explique le Syndicat du chocolat qui regroupe 81 entreprises du secteur. Pâques est aussi une fête familiale : 87% des consommateurs reçoivent ou sont invités par des proches à Pâques, selon Ferrero, leader du marché. Et des chasses aux œufs, pour petits et grands, sont organisées un peu partout, dans les parcs et jardins publics ou privés. Tout le monde y participe, croyants et non croyants. Question de tradition culturelle.
Ah oui, précisons, c’est quand même une fête chrétienne !
AUJOURD’HUI, C’EST LE PRINTEMPS …
On apprend à l'école que le printemps commence le jour de l'équinoxe c’est-à-dire le 21 mars. Mais les paramètres astronomiques en jeu pour déterminer ce jour bien particulier en décident parfois autrement .
Il existe, à l'Observatoire de Paris , « l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides » (IMCCE), selon les tableaux duquel l'équinoxe de printemps tombe cette année le dimanche 20 mars, très précisément à 5h30mn et 12s (heure légale française), moment exact où le soleil traverse le plan de l'équateur terrestre. Ce jour-là, la durée du jour est aussi longue que celle de la nuit et le Soleil se lève plein est et se couche plein ouest. A partir de ce moment, l'illumination quotidienne devient plus longue dans l'hémisphère nord que dans le sud, ce qui marque la sortie de l'hiver et l'entrée dans le printemps de l’hémisphère nord.
L’orbite de la Terre n’est pas tout à fait circulaire.
La révolution de notre planète autour du Soleil est en fait assez compliquée à faire tenir dans un quelconque calendrier. C'est justement pour éviter la dérive des dates des saisons que notre calendrier grégorien a été mis en place en 1582, pour résoudre deux problèmes. D'une part l'orbite de la Terre n'est pas parfaitement circulaire et l’on sait que la distance Terre-Soleil varie de 147 à 152 millions de kilomètres, ce qui fait que les saisons ont une durée inégale. D'autre part, le tour complet autour du Soleil dure exactement 365,2422 jours, ce qui est un peu différent de l'année légale de 365 jours. Voilà pourquoi l'équinoxe ne tombe pas toujours le 21 mars, mais parfois le 20, voire de façon très rare, le 19. De plus, pour compenser le décalage entre l’année solaire et l’année calendaire, on a inventé les années bissextiles. Comme en 2016, elles permettent de rajouter un jour tous les 4 ans ce qui fait une année moyennée à 365,25 jours. Mais cette compensation est un peu trop forte et au bout de 130 années en moyenne, l'équinoxe tombe un jour plus tôt : ce qui est le cas aujourd’hui. Au XXIe siècle, seules les années 2003 et 2007 ont eu l'équinoxe de printemps tombant un 21 mars, et en 2044, le printemps commencera le 19 mars.
Le printemps météorologique ne correspond pas tout-à-fait.
Pour ne rien simplifier, les saisons astronomiques, rythmées par la révolution de la Terre autour du Soleil, ne correspondent pas aux saisons telles qu'elles sont définies par les agences météorologiques internationales. Car elles ne font pas toutes la même longueur : l'hiver dure 89 jours et l'été 93 dans l'hémisphère nord, et comme nous venons de le voir elles ne commencent pas à date fixe. En météorologie, l'été correspond à la période de l'année la plus chaude, précise Météo-France, et la durée maximale d'ensoleillement se situe autour du solstice d'été (20 ou 21 juin). Mais en raison de l'inertie de l'atmosphère, ce n'est qu'environ trois semaines plus tard que la température moyenne est généralement à son maximum, c'est-à-dire à la mi-juillet. Si on considère que la période la plus chaude correspond au milieu de l'été, celui-ci commence alors début juin et fini fin août. Les météorologues considèrent que chaque saison dure trois mois. Le printemps commence donc pour eux bien avant l'équinoxe, dès le 1er mars !
C’est toute la différence entre le temps de la mécanique céleste et le temps ressenti.
FRANCHIR LE RUBICON
Expression qui s’impose cette semaine avec la multiplication des annonces de candidatures à la primaire de la Droite et (peut-être) du Centre . Il est bien possible qu’elle s’applique aussi à Manolito face aux contestataires avec sa loi sur le Travail… encore que j’en doute.
A l’instar de Jules César, « franchir le Rubicon » consiste à prendre, en toute connaissance de cause, une décision dont on sait que les conséquences seront décisives et irréversibles. Par extension de sens, l’expression peut aussi vouloir dire : « passer outre… »
Petite histoire de l’importance que peut avoir le franchissement d’un ruisseau.
En 60 av. J.C., Rome est agitée de guerres civiles incessantes. Crassus, Pompée et Jules César forment le triumvirat, déterminés à gouverner la République en s’affranchissant de l’avis du Sénat. Chacun des trois reçoit la gouvernement d’une région. Jules César s’installe en Gaule cisalpine (Nord de l’Italie) et en profite pour faire la conquête de la Gaule. Crassus, quant à lui, est tué à la bataille de Carrhes (Turquie) contre les Parthes en 50 av. J.C. et Pompée est nommé consul à Rome. Celui-ci, jaloux de son pouvoir et suspicieux, interdit à tout général de passer avec ses armées le Rubicon, petite rivière du Nord de l’Italie. En 49 av J.C., Jules César, après avoir prononcé son célèbre « Alea jacta est » (le sort est jeté), franchit le cours d’eau avec la XIIIème légion. Pompée s’enfuit de Rome avec ses troupes. Jules César soumet l’Italie puis l’Espagne et rejoint son adversaire en Thessalie (Nord-est de la Grèce). Pompée est défait à la bataille de Pharsale et s’enfuit en Egypte où il est assassiné peu de temps après.
NKM a « franchi le Rubicon » la semaine dernière. On ne sait pas si elle a prononcé la formule consacrée : « alea jacta est ».