Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres
LA PLAGE AUX « SENIORS-EN-MODE-PAUSE »
Les séniors en mission.
Juillet et août sont les mois bien connus où l’on voit sur les plages nombre de grands parents en mission : ils assurent la garde de leurs petits-enfants pendant que les parents sont encore au travail et en attendant qu’ils prennent la relève. Non pas que les structures d’accueil manquent, il y a souvent des « centres aérés » et autres « camps d’été » à disposition, mais fréquemment les enfants préfèrent aller chez « papy et mamy » où ils savent par avance qu’ils seront choyés. Alors quand en plus, il y a la mer à la clé, la question ne se pose même plus. Et l’on voit donc des têtes chenues s’affairer ballon au pied ou faire trempette entourées de leur descendance… au milieu de la foule des vacanciers qui ont envahi l’espace, armés (au sens maritime) de parasols, planches, nattes, serviettes, pelles et seaux. Nous n’échappons pas à la règle.
Heureusement, il y a aussi des moments de pause au cours de l’été.
C’est alors que nous changeons de stratégie.Tiens, par exemple, aujourd’hui, il fait chaud, très chaud, surtout au-début de l’après-midi. Depuis la fin de la matinée, nous avons vu passer, parfois en bataillons constitués, des cohortes de vacanciers, fuyant leur « habitat de plein air » surchauffé. Elles se dirigent vers la plage. Celle-ci, naguère déserte ressemble maintenant aux Champs-Elysées au moment du retour des champions du Monde ou au hall de la gare de Lyon un soir de grève. Le mètre carré de sable disponible est devenu très cher. Le temps est magnifique, le ciel est bleu immaculé et vers vingt heures la marée sera haute, inutile de se presser. Nous attendons que la chaleur commence à retomber. Vers dix-sept heures trente, des « écrevisses géantes » commencent à remonter, saturées de rayons solaires. Puis, ce sont les jeunes mamans qui abandonnent le terrain, entourées de leurs bambins dont il faut assurer l’intendance exigeante. Le moment est venu. En chemin nous croisons les mères de famille qui remontent, transat sous le bras, vers les « mobile homes » du camp tout proche : il faut préparer le repas du soir ; elles sont suivies de près par leur mari qui aura en charge le barbecue, corvée ou plaisir, c’est selon. Nous voilà maintenant sur notre coin favori, à l’abri du vent.
La plage a pris un aspect plus fréquentable.
Quelques groupes de minettes, allongées sur leur natte, en cercles façon « concertation grave », nous gratifient de leurs éclats de rire pointus ; elles prolongent leur séjour mais ne tarderont pas à lever le siège pour aller se faire une beauté : ce soir, il y a karaoké sur le port. Le calme s’est fait progressivement. Un père, peut-être divorcé, esseulé, tape dans la baballe avec fiston ; lui ira probablement au restaurant. Le bruit du ressac reprend le dessus. Désormais, le sable nous appartient. Les cris aigus des mouettes ont remplacé les rires des midinettes. Elles passent en rase-motte pour chiper quelque reste de goûter ou de pique-nique abandonné au sable. Le soleil sur le déclin, nous caresse de ses rayons obliques. Le vent est tombé. L’océan a pris sa couleur « Méditerranée » tandis que la plage blondit dans une ambiance dorée. Restent maintenant quelques couples, célibataires ou retraités comme nous, encore là parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire. Nous sommes installés confortablement sur notre siège de plage : reprendre l’un, la lecture du bouquin en cours, l’autre s’affairer sur un sudoku. Le moment venu, une petite baignade viendra ponctuer cette séquence de « lâché-prise ». Laisser le temps filer… Pas de ballon intempestif, plus de rumeur sourde de la foule. Juste la mer, les oiseaux et quelques odeurs marines. Il fait franchement bon. Nous clignons juste un peu des yeux au soleil vespéral. Un vrai plaisir d’été !
Ah ! Déjà 20 heures passées… Il est temps de plier bagages. Vivement demain, même heure, même lieu.
OUF, Y A DU RESEAU !
On vient à peine de se lever et déjà les ordis sont allumés. Pour eux, pas de problème, la wi-fi fait le job et la « box » se laisse faire. Les engins sont connectés. Mais depuis que le smartphone a remplacé le portable, en fait on est « branché » sur le réseau 24h sur 24. C’est quoi le « réseau » ? On ne sait pas vraiment, alors on dit Internet, ça fait savant pour pas cher. Mais comme beaucoup de gens, on ne sait pas vraiment comment ça marche. Il faut bien en passer par là puisque le « fixe » ne sert plus que lorsqu’on est près de lui. Et encore.
Bon, mais ça, c’est quand tout va bien et qu’Orange ne nous fait pas de misères. On a connu une époque où c’était la galère, la « box » décrochait sans arrêt. C’était parait-il parce qu’on était en fin de boucle. Puis un technicien plus malin s’est aperçu que notre prise de raccordement au réseau téléphonique était très érodée en raison de son grand âge. Une fois remplacée par une neuve, nos problèmes avaient disparu. Depuis les décrochages sont devenus rares et nous prenons la précaution de tout débrancher, y compris la prise téléphone, chaque fois que nous nous éloignons pour quelques jours. Chat échaudé craint l’eau froide. Il a suffi qu’on oublie une fois pour qu’on retrouve la « box » cramée à cause d’un orage.
La « box » est devenue le centre névralgique de la vie familiale. Enfants et petits-enfants, à peine arrivés, réclament la clé de connection pour pouvoir profiter du réseau. Je l’ai photographiée dans mon « smart » pour éviter la gymnastique indispensable pour énumérer la liste longue comme un jour sans pain de chiffres et de lettres. Tous sont munis de tablettes, de iphones ou de ipads et autres objets connectés. Dans le monde connecté, il y a les « avec fil » et les « sans fil ». Ces derniers ont pris le pas sur les premiers. Mais pourquoi donc se connekton ? (pardon, se connectent-on). De jour comme de nuit, à la maison ou sur la route, en voyage ou au travail (pour ceux qui bossent), en haut débit ou bas débit, nos écrans servent pour jouer ou pour consulter nos messages, pour suivre la vie de la famille ou des amis sur Viber ou Whatsap, pour travailler aussi… nous sommes connectés. On va sur la page facebook pour lire les derniers « post » arrivés sur le « mur », écrits par des connaissances le plus souvent, mais aussi des inconnus, amis de nos amis…
Quel que soit l’endroit où l’on se trouve, l’important, c’est : « y a-t-il du réseau ? » C’est aussi vital que le soleil. Ainsi nous avons une résidence secondaire dont nous avons supprimé la ligne téléphonique fixe. Payer un abonnement pour si peu de consommation, ça ne valait plus le coup depuis que nos téléphones mobiles nous permettent de rester joignables ou d’appeler partout. Sauf qu’Internet, c’est comme « les bras et le chocolat » : plus de ligne, plus de connection. Nous avons donc opté pour la clé 4G, dénommée option « nomade » dans notre abonnement (sans la caravane ni la guitare). Elle nous permet de connecter l’ordi portable au réseau mobile. Enfin quand il est disponible. C’est qu’à certaines heures, à certaines époques, au bord de la mer, nous ne sommes pas tout seuls à vouloir utiliser le dit réseau, et il sature, l’animal. Il faut se brancher tôt le matin quand les djeunes roupillent, par exemple. Quelle galère pour vaquer à nos occupations « webiennes » quotidiennes !
Bah, à quelque chose malheur est bon. On a plus de temps à consacrer à la lecture ou à la promenade dans le monde réel, et ça fait grand bien : sentir le vent, humer les odeurs iodées de l’océan, sentir la caresse des rayons du soleil sur la peau et … rencontrer des vrais gens avec qui « causer ». Car plus nous sommes connectés, en vérité, plus nous sommes déconnectés de la réalité du monde physique. L’écran peut nous transporter partout, et c’est à peine si on regarde le temps qu’il fait dehors. Mais l’écran est aussi un as du virtuel qui fait plus vrai que le vrai. La différence entre le vrai et le faux n’a jamais été aussi difficile à établir et plus nous nous connectons, plus nous mettons d’écrans entre nous et la réalité du monde extérieur, quelle qu’elle soit. Au point que l’informatique fait écran entre les choses (ou les informations) et ce que nous croyons qu’elles sont. Vous suivez encore ? J’ai envie de dire qu’avec les objets connectés nous sommes devenus des « sujets » connectés. Esclaves quoi ! Et nous le serons de plus en plus. Déjà nous sommes, si nous n’y prenons garde, géolocalisables. Demain nous serons peut-être tapissés de puces qui renseigneront notre robot médecin sur notre santé… La chance au grattage garantie ! Et encore, je ne vous ai pas parlé de « réalité virtuelle » un oxymore (si c’est virtuel, ce n’est pas réel ?) ni de « réalité augmentée ».
Je crains qu’avec Internet notre bon vieux sens critique s’émousse. Ne pas croire tout ce qu’on nous raconte, cesser de gober sans réflexion les histoires les plus invraisemblables, savoir rester vigilant, autonome, attentif, face aux rumeurs et aux fables que charrient les médias et la « toile ». Prenons le progrès pour ce qu’il est : en prendre la part utile, laisser le reste à ceux qui aiment l’asservissement.
Ouf, y a pas de réseau !
Sous les tropiques, c’est la chaussure des pauvres, parfois taillée dans un vieux pneu. Dans nos contrées, c’est le beau temps qui les fait réapparaître. Je parle des savates qui s’enfilent entre le gros doigt de pied et l’orteil qui le jouxte, le « string du pied », comme dirait le Chat de Geluck. Les tongs vont avec le soleil comme le chandail bûcheron avec le froid. Et plus on descend vers le sud, plus leur période d’utilisation s’allonge. Les tongs sont inséparables du terrain de camping dont elles sont la composante uniforme de la tenue quotidienne, avec le short. Claude Brasseur l’a bien mis en évidence dans le film « Camping » en les enfilant dès la sortie de sa voiture à son arrivée : c’est la première chose qu’il pose par terre avant même les pieds. Les tongs, c’est les vacances ! Elles en font partie au même titre que le pastis vespéral et la serviette de bain.
Il n’y a pas d’âge pour les porter, c’est l’accessoire qui convient à tous : il suffit de regarder les présentoirs des commerçants. Toutes les tailles s’alignent, même pour les tout petits. Mais j’ai remarqué que chez les jeunes, ce sont surtout les filles qui en sont adeptes. Il y en a à tous les prix, mais attention, il y a tongs et tongs. La savate a aussi son aristocratie : les plus renommées, et aussi les plus coûteuses, portent un petit drapeau brésilien sur la lanière, pays où elles sont fabriquées, ce sont les Hawaïnas ! Elles constituent aussi un équipement toutes fonctions chez certains (ou certaines). On les porte alors toute la journée quelle que soit l’activité, aussi bien pour aller faire les courses au supermarché que pour aller à la plage, pour faire le « parcours santé » dans les bois que pour faire un tour à vélo. Avouons que cet usage n’est pas toujours rationnel. J’en ai même rencontré portés par des jeunes sur un chemin de randonnée plutôt escarpé des Cinq Terres en Italie, il faut le faire ! Il n’y a qu’un endroit où elles sont prohibées, au même titre que les talons aiguilles : au volant d’une voiture.
T’as tes tongs, les vacances peuvent commencer.
Moi, je les enfile pour aller à la plage. C’est ce qu’il y a de plus pratique pour arpenter les quelques mètres de sable mou chauffé à blanc par le soleil. Ils suffisent à protéger la plante des pieds de la brûlure désagréable avant d’atteindre le site où l’on plantera le parasol, sans avoir la sensation urticante de grains qui s’insinuent comme avec les espadrilles. Sur le dur, la semelle est plutôt souple et rend le contact avec le sol presque sensuel. Le pied se sent en liberté, au point, parfois de s’en échapper : il faut une certaine habitude pour marcher avec et la nonchalance est recommandée. Essayez de courir avec, et vous verrez ! Les orteils eux, respirent, tout heureux de prendre l’air, chose à laquelle ils ne sont guère habitués, enfermés qu’ils sont, la plupart du temps dans les chaussettes et les chaussures. Au moins, là, ils ne baignent pas dans leur jus comme c’est souvent le cas chez ceux qui portent des tennis ou des baskets à vif. Et je ne parle pas de l’odeur, disait l’autre…
Par contre, les tongs exigent une hygiène vigilante, surtout de la voûte plantaire. Le pied étant sans aucune protection, la négligence se voit tout de suite, surtout si on n’est pas au bord de la mer. En tongs, montre-moi tes pieds, je te dirai qui tu es ! Pour les adeptes du bain, évidemment, la solution est toute trouvée, encore que … On n’imagine pas ce que le sable peut être sale !
Une anecdote pour terminer.
L’épisode se passe au début des années 60 en Espagne. Nous passions quelques jours dans la famille de ma femme, chez un oncle, dans la région de Taragone. Nous étions partis faire un tour dans la campagne avec sa cousine alors âgée de six-sept ans. Le chemin était pentu et au bout de quelques centaines de mètres, elle s’arrêta et demanda qu’on la porte sur le dos : une de ses tongs était en effet hors d’usage. La languette qui traverse la semelle était sortie de son trou, en raison de l’usure, bien visible. Nous nous relayâmes pour finir le trajet en la portant à califourchon sur un dos ou l’autre. Le retour s’annonçait moins laborieux tout en descente d’un bout à l’autre. Elle retrouva alors sa capacité à marcher : vérification faite, la rusée disposait d’un petit clou qu’elle glissait en travers de la languette ce qui rendait sa savate à nouveau fonctionnelle. La paresseuse avait trouvé un moyen commode de ne pas trop se fatiguer. C’est resté un épisode familial qui lui a été longtemps rappelé ! A l’époque, on n’en portait guère en France, sauf peut-être dans le midi.
Les retraités sont en colère et ils veulent le faire savoir.
Ils expriment un ressentiment justifié. Le parcours du combattant a commencé pour eux en 1993 : ça n’est donc pas d’aujourd’hui que l’Etat change constamment les règles à leur désavantage. Depuis il y a eu la contribution d’assurance solidarité autonomie (CASA), prélevée au taux de 0,3 % sur différents revenus bruts (retraites, mais aussi pension d’invalidité et allocations de préretraite) instituée en 2004 et le calcul de leur retraite indexé sur les prix et non sur les salaires. Si Nicolas Sarkozy avait tenu sa promesse d’augmenter de 25% le minimum vieillesse au cours de son quinquennat, rectifiant un peu la tendance, le quinquennat de Hollande aura été désastreux pour eux : la réintégration de la prime de 10% pour avoir élevé trois enfants dans le revenu imposable, le gel des pensions depuis cinq ans … ont fait régresser graduellement et considérablement leur pouvoir d’achat. Macron est victime de l’exaspération des retraités qui ont trop souvent été mis à contribution ces dernières années. Il y a de quoi comprendre leur ras-le-bol.
La goutte d’eau qui fait déborder le vase.
La hausse de la CSG, non pas de 1,7% (qui est le taux) comme ils avaient pu le comprendre et comme persiste à le faire croire Macron, mais bien de 25%, sans aucune compensation, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Car la facture est salée. Le Président dit aux séniors qu’il a rencontrés qu’il veut encourager le travail, qu’il doit d’abord augmenter le pouvoir d’achat des actifs. C’est un discours de technocrate raisonnant sur des chiffres et des statistiques qu’on ne peut pas entendre, tellement il est loin de la réalité humaine de ses interlocuteurs. Si ceux-ci avaient été économistes, ils auraient pu lui répondre qu’ils sont des consommateurs comme les autres. Ils ont simplement constaté qu’ils se serrent de plus en plus la ceinture ! Les retraités souffrent de ne pas être traités équitablement, et en plus, il y a d’autres moyens sûrement plus efficaces pour relancer l’emploi que de prélever 25 milliards d’euros d’impôts dont une faible partie est restituée aux salariés.
Les retraités ne sont pas des nantis !
Autre point : cette volonté de présenter les retraités comme des nantis, issus d’une génération dorée : un pur scandale ! Récemment un député LREM a tenu des propos comparables. Le pacte qui les liait à l’État a été trahi par le gouvernement, car le principe de répartition sur lequel est assise leur pension est baffoué. Comme pour d’autres mesures perçues par l’opinion comme autoritaires ou cavalières, la déception des seniors est très grande car beaucoup ont voté Macron. Le gouvernement se prive ainsi d’une fraction de son électorat et cela durablement car ses explications ne sont guère convaincantes. Ainsi, on entend que les retraités ont eu leur cadeau avec la réforme de la taxe d’habitation. C’est faux ! Cette réforme n’est pas un cadeau pour les retraités, c’est un cadeau pour tout le monde, sous condition d’éligibilité. Sans compter que la suppression potentielle de la taxe d’habitation annoncée par le président de la République entraîne de nombreuses interrogations, d’autant plus qu’elle sera progressive et ne les concernera pas forcément tous.
Un sort injuste.
En attendant, ce sont les retraités qui financent la résorption du déficit des assurances vieillesse complémentaires. Il ne faut pas oublier qu’ils ont cotisé pendant toute leur vie professionnelle,et souvent au prix de sacrifices. Certes, ils ont payé non pas pour leurs propres pensions mais pour celles des retraités qui les ont précédés. Ce n’est vrai toutefois que pour le retraité de base de la Sécurité sociale. Les régimes complémentaires fonctionnent selon un système d’acquisition de points. Or ceux qui veillent au fonctionnement des régimes de retraite n’ont cessé à travers les âges de diminuer le montant prévu de la pension et d’augmenter les cotisations. Quand on dit qu’il n’y a pas de meilleur système parce qu’il est public et non privé, ceux qui touchent leur pension doivent se demander s’ils n’auraient pas mieux fait de gérer eux-mêmes l’épargne qu’ils ont confiée aux régimes. En réalité, les décisions qu'ils subissent sont dures et créent une injustice à leur égard, car ils ne devraient pas être la cible des économies souhaitées par le gouvernement. La vraie solution aurait résidé dans la prolongation des carrières, un plus grand nombre d’années de cotisations, une date de départ à la retraite ajournée à 64, 65 ou même 66 ans. C’est l’état de la société qui le veut. Nous vivons plus longtemps et en meilleure forme. Nous pouvons travailler au-delà de 62 ans et il est plus bénéfique de rester actif que de se retirer complètement du monde du travail. Un salarié qui travaille un an de plus permet de faire une double économie : il ne puise pas dans les caisses de retraite et il cotise un an de plus aux régimes.
Mais ça, ce serait vraiment courageux !
« 4 mars 2020, 16H50 : un avion en phase d’atterrissage à Nantes-Atlantique s’est écrasé sur le quartier pavillonnaire du Bourneau à Rezé, faisant 150 morts parmi les passagers et des dizaines de blessés. Plusieurs maisons ont été ravagées. Les secours n’ont pas fini de dénombrer les victimes parmi les habitants.… Le bilan s’annonce dramatique. Le Président de la République a réuni immédiatement un conseil de crise. C’est que l’événement tombe particulièrement mal à un mois du premier tour de scrutin de l’élection présidentielle. En effet, de nombreuses personnalités mettent en cause sa décision de janvier 2018 de renoncer à construire le nouvel aéroport de Notre-Dame des Landes. Une décision aujourd’hui lourde de conséquences qui engage directement sa responsabilité dans la catastrophe qui vient de se produire. Ses chances de réélection sont désormais très compromises quoi qu’il décide.
Si l’aéroport avait été déplacé à Notre-Dame des Landes, on n’en serait pas là.
Pourtant toutes les conditions étaient réunies qui justifiaient de le décider : quasi-unanimité des élus locaux, 169 décisions de justice favorables, referendum voulu par l’Etat positif avec 55% de oui, … le gouvernement de l’époque avait toutes les cartes en main. Il avait préféré reculer devant quelques dizaines de zadistes extrémistes, il avait choisi de céder à des « hors-la-loi » plutôt que de respecter ce que la démocratie avait décidé et tranché, en appliquant l’ordre républicain. Il avait opté pour la solution du réaménagement de la plate-forme existante, pourtant enclavée entre l’agglomération nantaise et le Lac de Grandlieu. Depuis la situation était restée figée, les nombreux recours des riverains de l’aéroport existant ayant bloqué par toutes les arcanes juridiques et recours, tous les projets d’agrandissement, d’ailleurs eux-mêmes très contraints par la localisation. Cela n’avait pas pour autant empêché le trafic d’augmenter et d’atteindre 7 millions de passagers fin 2019. Nantes-Atlantique était devenu un aéroport sursaturé, fonctionnant à la limite des sécurités réglementaires, avec un trafic insupportable pour près de 80 000 habitants de l’agglomération nantaise.
Déjà à l’époque, on savait que le maintien de l’activité à Bouguenais exigeait la réfection complète de la piste (communiqué de l'aviation civile du 6/11/2013). Dont l’état n’était pas conforme à la réglementation et aux recommandations de l’OACI (Organisation de l'aviation civile internationale). La planéité de la piste n’était pas satisfaisante, son profil en long montrait plusieurs creux et bosses, avec des écarts de près de trois mètres. On avait passé sous silence que la direction de la sécurité de l’aviation civile Ouest avait accepté une dérogation provisoire dans l’attente du transfert de l’activité aéronautique vers l’aéroport du grand ouest à Notre-Dame des Landes. On avait pu, de justesse, respecter l’évolution des règlementations de sécurité européennes qui imposaient des espaces de sécurité de 240 mètres en amont et en aval de la piste. Mais l’allongement de la piste, vers le sud, rendu indispensable par la croissance du trafic n’avait pu être réalisé et la structure de l’ensemble des chaussées aéronautiques était restée insuffisante pour assurer un niveau de portance adapté. Seuls les travaux de rénovation de l’ensemble des voies de circulation et des aires de stationnement des avions avaient pu être menés à bien. Mais pour le long terme, dans une perspective de 9 millions de passagers, la situation était bloquée : l’aéroport devrait, en effet, être capable d’accueillir tous les types d’avions, et pour cela un allongement de la piste à 3 600 mètres était nécessaire…. »
C’est évidemment une fiction. Ce scénario catastrophe, il n’est pas de bon ton de l’évoquer, il est pourtant dans beaucoup de têtes. Il suffit d’aller sur internet et de regarder un plan de l’agglomération nantaise avec l’aéroport au sud-ouest, pour comprendre que la fiction pourrait devenir réalité. Chacun doit savoir que cela pourrait arriver. Je suis un utilisateur de Nantes-Atlantiques. Plusieurs fois l’approche s’est faite par le nord : l’avion survole le centre-ville de Nantes à à peine 300m d’altitude, on passe à la verticale de la tour Bretagne avec la sensation de pouvoir presque la toucher, avant de plonger brusquement au-dessus des quartiers de Rezé et Bouguenais pour se poser sur la piste. Et que dire de la pollution aérienne et sonore pour les populations qui sont en-dessous ! L’atterrissage en arrivant par le sud n’est guère mieux : l’avion survole le lac de Grandlieu à quelques dizaines de mètres. Là encore, c’est dangereux, et la pollution de cette réserve naturelle semblent n’émouvoir personne, en dehors des quelques défenseurs de la nature qui se sont époumonés et qu’on a refusé d’entendre. Le transfert à Notre-Dame des Landes ne devrait même pas poser question. On le présente comme un vieux projet, dépassé par notre temps. C’est un grossier mensonge. J’ai été douze ans Conseiller Régional à l’époque d’Olivier Guichard, de 1986 à 1998. Ce dossier, je le connais bien. La vérité c’est que le Conseil Général de Loire-Atlantique a voulu prendre son temps pour constituer la réserve foncière qui était nécessaire pour un équipement qui s’annonçait un jour indispensable. De fait, il y a eu très peu d’expropriation. La décision de construire l’aéroport a été prise au début des années 2000 par le gouvernement Jospin. Même l’écologiste Dominique Voynet lui trouvait des vertus, à l’époque. Si la réalisation a pris tant de retard, c’est en raison des nombreux recours qui ont été intenté et de l’occupation de la zone par les « professionnels » de la contestation violente. Enfin, il est temps de prendre en considération les arguments économiques : c’est tout le Grand Ouest qui est concerné par cet équipement.
Je ne souhaite pas qu’une telle tragédie arrive. Mais de grâce, qu’on arrête de donner la parole à tous ces ouvriers de la 25ème heure qui ne connaissent pas grand-chose du dossier, mais dont le but est de faire croire à l’opinion publique que renoncer, ce serait finalement la bonne solution. Si le transfert ne se fait pas, Jupiter ne sera jamais Napoléon, car avant d’y parvenir, il faut savoir d’abord, être Bonaparte !
60 % des Français y sont hostiles ! La limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes départementales est accueillie par la grogne générale. Les autos sont-elles plus dangereuses ? Non, ce serait plutôt le contraire. Alors ce sont les routes ? Oui, peut-être : dans certains départements sous la pression des restrictions budgétaires, des choix socialistes et écolos, les routes n’ont pas été entretenues comme il aurait fallu. La baisse de la vitesse autorisée est-elle pour autant justifiée ? Un Francilien aura du mal à l’admettre, lui qui patiente dans les bouchons. Le rural qui emprunte sa départementale déserte tout autant. Encore une fois l’ajustement se fait sur le dos de l’automobiliste, comme si notre temps de régression du savoir, de l’économie devait s’accompagner inéluctablement d’un retour progressif à la lenteur. Ce sont les écologistes qui se réjouissent, qui voient poindre le temps de la calèche et de la lampe à huile. Trèves de plaisanterie, le vrai sujet est ailleurs : il réside dans le sort de l’automobiliste.
Le cynisme de l’Etat.
Depuis toujours, les pouvoirs publics sont confrontés à une contradiction flagrante face à l’industrie automobile : ils l’encouragent, parce que son expansion est signe d’emplois et de prospérité mais ils en font aussi la source première des recettes fiscales, en traitant le conducteur systématiquement comme un criminel potentiel. Un cynisme doublement gagnant ! Ainsi, l’usage de la voiture est ravalé au rang d’un vice comme l’alcoolisme ou le tabagisme. Il est considéré comme une addiction et à ce titre il est nocif du double point de vue de la sécurité et de l’environnement. Le civisme consisterait à adopter les transports en commun, le vélo ou la marche, toutes options qui ne sont pas universelles pour les trajets longs ou pour les personnes âgées et pour lesquelles la puissance publique devrait d’abord se demander si elle fait bien tout ce qu’il faut. La voiture électrique, elle-même est déjà douteuse dès lors qu’elle consomme une électricité qu’il faut bien produire par ailleurs. L’auto est pourtant d’abord un outil de déplacement pour aller au boulot avant d’être considérée comme ce merveilleux instrument de liberté qu’elle a été.
Nouvelle politique et vieilles méthodes.
Le gouvernement actuel n’échappe pas à la règle. Emmanuel Macron et Edouard Philippe n’inventent pas l’eau chaude. Comme par le passé, ils ont très bien vu qu’ils ne peuvent pas se passer d’une production industrielle aussi importante ni des recettes fiscales qu’elle produit, 65 milliards d’euros par an, ce qui ne les empêchent pas de continuer à faire de l’automobiliste la « vache à lait » de l’État. Ils ne sont pas gênés de recourir aux bonnes vieilles méthodes qui ont déjà rapporté tant d’argent : le tarif du gazole a été augmenté pour rattraper le prix de l’essence (mais on se demande pourquoi la baisse de cette dernière n’a pas été envisagée), pour des raisons officiellement liées à l’environnement, sauf que le prix de l’essence a augmenté lui aussi. Les péages des autoroutes sont également à la hausse. La voiture, plus que jamais, est devenue un luxe alors qu’elle fait partie de la vie quotidienne dans tous les ménages. Cet acharnement à en tirer des taxes a donc créé un déséquilibre de fait, une sorte d’injustice, entre les ruraux qui ne peuvent pas se passer de leur voiture et les urbains qui ont un accès direct aux transports en commun. Encore que ces derniers sont souvent contraints à utiliser leur voiture personnelle faute d’avoir accès à des conditions de transport supportables. On ne vous demande pas de comprendre, mais de payer !
Le royaume d’Ubu .
Certes, l’abaissement de la vitesse à 80 km/h ne constitue pas une mesure scandaleuse en soit, même si rien n’en prouve l’avantage au niveau de la sécurité et des vies « économisées ». À faible allure, l’auto est toujours plus sûre, sans qu’on en soit vraiment certain, sauf à zéro km/h. En fait, le vrai sujet concerne cette « politique automobile » qui associe l’hypocrisie publique à la sauvagerie fiscale. Nos gouvernements ont compris que, jusqu’à présent, les administrés n’acceptent pas de se priver de leur voiture. À partir de là, tous les prétextes sont bons pour les assommer d’impôts et de contraventions : il ne faut pas polluer, donc payez ; il ne faut pas aller vite, donc payez de nouveau. Un jour arrivera où ces gouvernants auront fini par décourager une bonne partie de la population : ils seront alors désolés des pertes d’emplois dans l’industrie et de la baisse des rentrées fiscales. Le salut résiderait dans un plan qui cesserait de faire du conducteur le bouc émissaire de toutes les frustrations de l’État, dans une fiscalité raisonnable, et surtout dans l’unification des décisions : il est, par exemple, pour le moins curieux que la mairie de Paris applique une politique qui met la priorité sur la lutte contre la pollution, mais reste totalement indifférente aux conséquences économiques de ses interdits. D’un côté, l’État vous encourage à acheter une voiture, pour les emplois et pour les taxes ; de l’autre, les autorités municipales vous reprochent de l’avoir achetée et de vous en servir.
Ubu ne nous quitte jamais !
Une farce qui en dit long.
Laurent Gerra déplore l’appauvrissement de notre belle langue et constate que « les gens lisent moins et s'attardent moins sur les choses ». « Il y a une pauvreté du vocabulaire qui est terrible. Dans le TGV, j'entends discuter les gens et je ne comprends plus ce qu'ils disent. Ils parlent à moitié anglais, en raccourci. La langue s'appauvrit alors qu'au contraire, elle doit s'aiguiser. Je constate qu'une forme de poésie dans le langage disparaît »… Plusieurs causes à ce phénomène, probablement, mais en premier vient le smartphone, ce qui l’a conduit un jour à faire une petite farce à tous les passagers d'une rame de TGV : « Un jour, on m'a procuré un brouilleur, et paf ! j'ai fait disjoncter les téléphones portables de toute une rame de TGV ! C'était très agréable ! »… raconte-t-il au Figaro Magazine. Mais il n’y a pas que l’appauvrissement de la langue français. C’est bien pire.
L’ignorance gagne du terrain en France.
Selon l’historien Dimitri Casali, la société bascule dans l'ignorance. Ce n’est pas le progrès scientifique qui ralentirait, au contraire, chaque jour la science nous apporte de nouvelles découvertes. Pourtant, il est facile de constater qu'à mesure que le progrès scientifique s'accumule vers un savoir de plus en plus exact, on peut mesurer à travers le monde une lente montée de l'ignorance. Par exemple, en France, aujourd’hui, nous comptons 6 % d'illettrés, c'est-à-dire environ 3 millions de personnes. Si on additionne les personnes analphabètes qui ont des difficultés à lire et à écrire le français, on arrive à près de 10 % de la population. C’est un comble dans un pays où l’instruction est gratuite et, en principe, obligatoire. Et loin de s’enrayer, le phénomène s’aggrave : jamais l'ignorance n'a gagné autant de terrain. Ce constat est à mettre en corrélation avec le piètre classement de notre école, au classement international PISA dans lequel nous sommes désormais au 27ème rang. Il y a vingt ans, notre pays était 10ème : en 17 ans, nous avons perdu 17 places. Si on se réfère aux années 80, nous étions dans les cinq premiers, et nous avions l'un des meilleurs systèmes scolaires au monde. On observe les mêmes constats en chute de compétence ne lecture et dans les disciplines scientifiques. Il faut prendre conscience du phénomène qui devient vraiment effrayant.
Le monde entier est touché.
Dans une étude, une récente projection de l'ONU montre que l'an prochain, le monde arabe comptera 25 % d'analphabètes. Le monde arabe a publié plus de livres entre le 8ème et le 12ème siècle qu'aujourd'hui, alors qu’actuellement, il publie moins de 1 % du marché mondial du livre. Et que penser de ces prédicateurs saoudiens qui apprennent à leurs étudiants que la terre est plate ? Et de cette chercheuse à l'Université de Sfax en Tunisie, l'un des pays arabes les plus avancés, qui voulait dernièrement démontrer aussi que la terre était plate et qu'elle ne tournait pas autour du soleil ! Le même mal touche aussi la grande puissance que sont les USA où 46 % des Américains pensent que la Terre a moins de 10 000 ans. Voilà ce que produisent les « créationnistes » qui commencent à prendre pied en France, en Angleterre, un peu partout en Europe… Il est difficile de ne pas constater que nous sommes en pleine régression intellectuelle dans le monde.
L’ignorance est le terreau de l’obscurantisme.
Le vide spirituel et culturel qui saisit nos sociétés est à mettre en relation avec la progression de l’islamisme, du djihadisme, du complotisme et du fanatisme. On assiste, en effet, parallèlement à cette montée de l'ignorance, à une montée de l'obscurantisme. Et notre époque, du même coup, plonge dans le relativisme culturel. Tout se vaut. On perd de vue la hiérarchie des valeurs qui favorise le communautarisme. Ce phénomène est particulièrement violent en France dont la culture est de longue tradition « universaliste ». Que valent les « droits de l’Homme » entre les mains de gens incultes ?
Un avatar de la révolution numérique.
L’historien voit un lien évident avec la révolution numérique. Cela a démarré dans les années 2000. C’est la surinformation qui a conduit à l'ignorance. Ainsi, les 15-29 ans ne lisent plus de livres, en revanche, ils lisent davantage sur les réseaux sociaux, les blogs... Et d'après une étude de l'Université de Yale, la lecture sur internet n'est pas la même : les informations se superposent les unes aux autres alors que la lecture d'un livre permet de pénétrer les pensées de l'auteur et de structurer les informations. Cela organise le cerveau. D'autres études sont à rapprocher de cette observation : les Français auraient perdu 4 points de QI entre 1989 et 2009, phénomène mesuré aussi en Angleterre ou aux États-Unis. Wikipédia, qui est le plus bel exemple des effets pervers d'internet, a donné la culture aux imbéciles. Si dans le domaine scientifique, les notices sont rédigées par des experts, dans le domaine de la littérature et en histoire, c'est un agrégat d'informations nivelées par le plus grand nombre. Il n'y a plus de hiérarchisation du savoir. Ainsi la page de Kim Kardashian sera bientôt plus longue que celle de Montaigne et le grand poète grec Homère a déjà moins d'articles que Homer Simpson…
La seule réponse : l’école !
Il faut replacer la culture générale et l'histoire au centre de nos préoccupations. Et d'abord à l'école. Or, depuis une trentaine d'années, la culture générale a été abandonnée. Les pédagogistes de la rue de Grenelle portent une lourde responsabilité, eux qui ont remplacé la transmission du savoir et des connaissances par de simples compétences techniques, et encore. L'idée est de fabriquer un homme nouveau, sans racines ni héritages. On se souvient que Mérieu et Bourdieu préconisaient d'apprendre à lire dans les notices d'appareil électroménager, pour éviter que les élèves s’ennuient, et non plus grâce aux textes de Hugo ou de Molière... Au lieu de corriger le mal de la surinformation apportée par l’omniprésent smartphone qui véhicule le vrai et le faux, le superfétatoire au détriment du sérieux, on l’a aggravé en supprimant les repères de la vraie culture et de l’esprit critique. Il faut revenir à la culture classique française, car c’est son rejet qui fait du mal aux esprits faibles. Et cesser de croire aux vertus de l’égalitarisme qui conduit à être tous être égaux dans la médiocrité.
A tous mes amis, lecteurs assidus ou occasionnels du bloc-notes, je souhaite une bonne et heureuse année 2018. Qu'elle apporte à chacun : joies multiples, santé et prospérité !
Daniel
Deux égarés à leur façon.
J’ai découvert Jean d’Ormesson tardivement, il y a quelques années. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’avais jamais lu aucun de ses romans, même les plus connus. Peut-être parce qu’il n’était pas dans les œuvres susceptibles d’être étudiées au collège … Déformation professionnelle. Et puis, la curiosité m’a poussé à lire « C’est une chose étrange à la fin que le monde ». A cause du titre bizarre, et aussi et surtout, parce qu’à défaut de l’avoir lu, j’avais eu de multiples occasions d’apprécier l’esprit brillant de l’académicien lors de ses passages sur les plateaux télévisés. Et ce fut une révélation. D’ormesson avait l’art de rendre intelligents ceux qui le lisent autant que ceux qui l’écoutent. Du coup, j’ai pratiquement lu tous ses derniers ouvrages jusqu’au fameux « guide des égarés ». Mais voilà, l’écrivain, chroniqueur, journaliste Jean d’Ormesson est mort à 92 ans. Au-delà de l’auteur illustre qu’il était, il exprimait des idées qui méritaient d’être retenues par la classe politique. Ce qui frappait c’est que son engagement à droite ne l’a pas empêché d’être apprécié de tous à force de penser pour tous, y compris des adversaires qu’il séduisait par sa souplesse intellectuelle et sa grande tolérance. Sa grande capacité à pratiquer l’auto-dérision n’est pas pour rien dans la popularité qu’il avait acquise. Il a incarné un bonheur de vivre d’autant plus compréhensible qu’il avait de la chance : entourage bourgeois, existence cossue, carrière éblouissante, toutes choses qu’il devait en partie au fait d’être bien né mais surtout à ses dons éclatants, son talent, sa vivacité d’esprit incomparable, sa culture insondable qu’il ne mettait jamais en avant, son humour ravageur. Un « égaré » dans un pays où le pessimisme est promu en art de vivre, un chanceux conscient qui n’hésite jamais à se demander ce qu’il fait là.
Johnny Hallyday n’est pas entré dans mon répertoire tout de suite. Moi, j’étais plutôt « 3 B » : Bécaud, Brel et Brassens. J’ai pourtant le même âge que lui. Mais le style « yéyé », au début des années 60, je trouvais ça puéril. Et puis les « blousons noirs », c’était pas très bien vu dans mon environnement familial … Il faut dire que je sortais de « l’austère maison d’Instituteurs », autrement dit l’Ecole Normale. J’ai commencé à aimer Johnny Hallyday à partir de la période « Noir c’est noir ». Ensuite, comme tout le monde, j’ai goûté chaque fois un peu plus la voix et le spectacle, sans pour autant avoir jamais eu l’occasion d’assister à un de ses concerts, ce que je regrette aujourd’hui. Donc, Johnny Hallyday est mort dans la nuit de mardi à mercredi d’un cancer des poumons, à l’âge de 74 ans. Il est parti trop tôt, c’est une évidence. Sa disparition est accueillie à juste titre par un chagrin et un deuil national. Car il était, plus qu’un chanteur, plus qu’un rocker, il était un facteur d’unité du pays. Il ne cachait pas que sa préférence allait à la droite. Ce qui n’était pas évident quand on connait son parcours et d’où il vient. Il avait eu d’autant plus ma sympathie qu’il avait soutenu Giscard et je vois encore Jean-Pierre Raffarin imiter le rocker lors de nos « universités d’été » politiques. Il était un ami de Nicolas Sarkozy. Mais cela ne l’empêchait pas de se rendre à la fête de l’Huma. L’homme faisait ses choix, le chanteur s’adressait à tous, ce qui traduit générosité et liberté de sa part. Dans son genre, il pouvait se targuer de réunir autour de son art un immense consensus, tant il était incontestable. Il faisait partie de ces hommes très rares dont l’immense notoriété les rend indiscutables. Ce qu’il disait ou pensait n’enlevait rien à ce qu’il apportait à tous les Français, cette communion de sentiments, d’admiration, de bonheur collectif. Et pourtant, lui aussi est un « égaré » dans la chanson puisque son rêve était d’être comédien ou acteur, bref, de faire du cinéma. Certes, il en a fait, pourtant ce n’est pas ce qu’on retiendra de lui.
Une même communion nationale.
Entre celui dont la dextérité et l’abondance littéraires lui valait des millions de lecteurs, pour qui la curiosité et le partage culturel lissaient les différences, et qui passait parfois pour un amuseur public, et celui pour qui la liberté de vivre comme il l’entendait n’avait pas de prix, et qui de sa voix puissante a eu une carrière exceptionnelle, une existence de triomphes et de gloire, le même droit à la communion nationale s’est imposé. Jean d’Ormesson était dans la vie, c’est-à-dire avec un appétit inextinguible, comme il était dans le combat. Académicien, c’est lui qui a fait entrer dans la vénérable institution la première femme, Marguerite Yourcenar. C’est lui aussi qui a menacé de quitter l’Académie, qu’il aimait par-dessus tout, si Alain Finkielkraut, harcelé par une cabale qui n’honorait guère quelques-uns de ses futurs collègues, n’y était pas admis. Mais il n’est jamais tombé dans l’engagement aveugle. Comment ne pas penser, en même temps, au caractère de lutteur de Johnny Hallyday, prêt à tous les sacrifices pour sa scène et honorer un public. L’un a eu une vie peut-être plus courte, mais si chargée de moments magnifiques qu’elle lui aura probablement semblé plus pleine, et jusqu’au dernier moment, il aura chanté, puisqu’un dernier album était prêt et va sortir. L’autre a patienté longtemps pour aller vérifier ce qu’il y a de l’autre côté, comme il disait, continuant à produire ses écrits jusqu’au bout. Ultimes point communs de deux être exceptionnels à tous égards. Deux modestes aussi.
La postérité dira si Jean d’Ormesson est du niveau des écrivains que l’histoire et l’enseignement retiennent. Elle dira aussi, si Johnny existera encore dans les bacs des disquaires longtemps après sa disparition physique. A vrai dire, personne n’en sait rien. Ce que l’on peut simplement affirmer, c’est que la France vient de perdre deux monstres sacrés, qui contribuaient chacun à sa manière, à son identité culturelle. Et c’est toujours une perte. Nous sommes envahis par le regret d’avoir perdu deux hommes qui tenaient une si grande place dans la vie de presque tous leurs concitoyens, et donc dans la nôtre..
Il y a des jours lumineux qui tombent comme ça, inattendus.
"Nos Provinces, une chance pour la France."
C’est d’abord cette très jolie tribune commise par Guillaume Peltier, député Les Républicains de Loir-et-Cher, le 9 novembre dans le Figaro. Il y démontre avec brio et dans un style enlevé et élégant que la France des provinces devrait être la première bénéficiaire des politiques publiques. « Paris n’est pas toute la France, et toute la France ne rêve pas comme Bercy ». Il nous livre une analyse frappée au coin du bon sens du comportement de ceux qui nous gouvernent : « les enfants gâtés de l’ultralibéralisme tentent d’imposer leur vision du monde : un modèle individualiste, ultraconsumériste, négateur de notre histoire et de notre exception culturelle, vénérant San Francisco mais ne sachant pas situer Châteauroux ou Montauban… ». Il oppose à ce modèle imposé d’en haut sa conception d’un Etat fort et protecteur et d’une nation unissant ses identités provinciales. Il démontre en quoi la France populaire et rurale n’est pas ringarde et il plaide pour un rééquilibrage des politiques publiques en sa faveur, arguant que la majorité des Français vivent dans une commune de moins de 10 000 habitants. Il dénonce les sommes astronomiques déversées pour toujours plus de densité urbaine et de « mobilité embouteillée et d’anonymat social ». Face aux idéologues du vivre ensemble, aux illuminés du vivre-plus-vite, il prône le modèle du « vivre-mieux », par « l’enracinement, la relocalisation et l’épanouissement de la France des villages et des visages ». Et pour lui, il ne s’agit pas d’opposer la France des métropoles et celle des provinces, mais il s’agit de rappeler à juste titre que pour atteindre l’universel, il faut des ailes et … des racines ! C’est aussi une question d’équilibre et de justice. « Le vivre-mieux de la société française est la condition de son unité et du renforcement de notre adhésion collective à la patrie ». La conclusion, on ne peut qu’y souscrire, s’adressant à tous les Français de gauche, de droite et d’ailleurs de cette France oubliée : « Soyez fiers et conquérants, car vous êtes l’avenir et la chance de la France. C’est par le bas que se forge le haut. Ce sont les provinces de France qui nous ferons renouer avec le chemin de la grandeur ». C’est ni plus, ni moins, un appel à une révolution girondine. Girondin par tempérament, je ne peux qu’applaudir des deux mains.
"Dégageons les Robespierrots et lançons la révolution girondine !"
Le contrepoint est venu quatre jours après, sous la plume de Michel Onfray, toujours dans Le Figaro. Michel Onfray est de ces philosophes qu’on écoute avec respect quand il parle parce qu’il rend intelligents ceux qui l’écoutent. De gauche, il le revendique et l’assume en intellectuel brillant, cultivé, sincère. Il n’est pas connu pour manier la langue de bois. C’est en cela que son texte tout aussi lumineux prend intérêt : il plaide pour une décentralisation assumée et réelle. Même quand on ne partage pas ses conclusions, on admire le brio du raisonnement. C’est encore le cas quand il réagit à la tribune de Guillaume Peltier, pourtant situé politiquement aux antipodes du philosophe. Il n’empêche. Il se dit « ravi ». Et pour cause, sans le savoir, le député du Loir-et-Cher a repris un thème qui lui est cher et qu’il a développé dans un livre intitulé « décoloniser les provinces ». Il dénonce les « Robespierrots », pour parler comme Olympe de Gouges, elle aussi décapitée, « qui sont chez tous ceux qui estiment que Paris doit faire la loi aux provinces… » et il cosigne volontiers l’idée qu’ « il est temps, au nom de l’équilibre et de la justice, que la France des provinces bénéficie en priorité des politiques publiques ». Selon lui, seule une révolution girondine pourrait donner de l’air à la France jacobine qui a échoué, de Marine Le Pen à Philippe Poutou en passant par Macron et Mélenchon, Hamon ou Fillon. Un logiciel qu’il faut jeter à la poubelle. J’adhère. Après, est-ce qu’il faut reprendre les vieilles thèses de Proudhon et son « communalisme libertaire », c’est une autre affaire. L’autogestion a ses limites et Michel Onfray a le droit de pousser sa logique jusqu’au bout, celle du philosophe. Mais si on reste plus terre-à-terre, on le rejoint à nouveau pour constater que la régionalisation n’a consisté qu’à transférer des pouvoirs secondaires, de « pitoyables hochets » pendant que les régaliens sont conservés par Paris. C’est vrai, les Régions devraient disposer d’une véritable autonomie dont, dit-il, il faudrait désormais « penser la nature ». Il est persuadé que ce serait un bon moyen de mobiliser les citoyens lassés par le jeu médiatique et politique qui a pris le pas sur la démocratie. Il rêve déjà d’une révolution avec « ses cahiers de doléances régionaux, ses états généraux des provinces aux fins de création d’une Constituante girondine » ! Il conclut sur la perspective ouverte par l’appel du député du Loir-et-Cher.
Voilà un échange qui, par le truchement du journal, prend une saveur exceptionnelle par le talent mis par les deux protagonistes dans leur démonstration. Et, à la fin de ces deux lectures, il m’est venu une idée, tout naturellement. Puisqu’il s’est "mis en mouvement", comme il dit, voilà un bon cheval de bataille pour l’actuel Maire de Bordeaux, patrie des Girondins. Ah, cher Alain Juppé, toi l’ancien jacobin devenu emblème des Girondins, que ne prends-tu ce combat à bras-le-corps en répondant à l’appel du sarkozyste Guillaume Peltier ? Voilà un débat à ta mesure qui vaut bien mieux que les piètres intentions que certains te prêtent. Et quel symbole de réconciliation pour notre parti !
Les retraités étaient dans la rue la semaine dernière pour protester contre la hausse de la CSG. C’est une catégorie sociale qui subit injustement beaucoup d’agressions, qu’elles soient verbales ou financières.
Des nantis !
Parmi les qualificatifs les plus courants qui leur sont attribués, celui de « nantis » est le plus pervers. Comme souvent, on a vite fait, en France, de désigner des boucs émissaires, et ici, de dresser les jeunes contre les vieux. Ainsi on n’hésite pas à attribuer artificiellement à cette fraction de la population, dont les membres n’ont que l’âge en commun, des avantages, des égoïsmes, des indifférences qui existent d’autant moins qu’il y a toutes sortes de retraités : des pauvres, des riches, des malades, des bien portants, des généreux, des pingres, des heureux et des malheureux. Faire détester les autres est la solution la plus facile quand on veut faire passer une mesure inique. Les retraités coûtent cher ? Il suffit de les appauvrir encore. Alors on les accable de jugements négatifs. Mais la campagne dont ils font l’objet, si elle est indigne, va aussi droit dans le mur, car une société qui se respecte ne jette pas à la vindicte un quart de sa population. Les seniors ne méritent pas cet amas d’injures gratuites déversé sur eux : il suffirait qu’ils fassent la grève du bénévolat pour qu’on se rendent compte de l’ineptie de ce genre de débat.
Une mesure contestable.
Peut-on exprimer l’idée que celui qui a travaillé toute une vie possède, c’est une évidence, plus de biens ou d’argent que celui qui commence sa carrière ? Alors forcément, c’est chez les Français âgés que se concentre le patrimoine national. Mais on oublie au passage que nombre de parents aisés aident en général leurs enfants par tous les moyens dont ils disposent, et la tentation est grande pour le fisc d’intervenir dans la procédure sous le prétexte qu’il faudrait mettre un terme aux privilèges dynastiques ! C’est tellement facile d’imposer de force une solidarité entre génération. Quitte à faire l’impasse sur la réalité. Comme chez les actifs, les inégalités entre retraités sont considérables. La hausse de la CSG affectera moins l’ancien cadre supérieur que l’ancien ouvrier au salaire minimum, même en appliquant des seuils. Mais ce qui rend la nouvelle ponction de la CSG insupportable, c’est que les retraités ont déjà beaucoup donné : ils ont cotisé 120 pour que le calcul de leur pension soit établi sur une base 100, et le montant de leur retraite est gelé depuis quatre ans. Et s’ils ont des retraites aujourd’hui, ils ont travaillé pour, et souvent durement, dans un contexte qui a toujours échappé complètement à leur volonté : on est forcé de cotiser en tant qu’actif, et on paie des impôts sur la pension pour laquelle on a cotisé ! Le gouvernement aurait vraiment pu trouver autre chose que céder à la facilité d’une hausse de la CSG ?
L’âge n’est pas une classe sociale.
Le président de la République n’a pas caché qu’il rejoignait le choeur des détracteurs de la vieillesse. Il trouve lui aussi que les vieux, décidément, ont une vie trop tranquille et qu’il est juste qu’eux aussi « participent à l’effort national ». Comme si ça n’était pas déjà le cas ! Il faudra bientôt qu’un retraité demande pardon à la société d’avoir l’âge qu’il a. Déjà, quand il travaillait au-delà de 55 ou de 60 ans, son entreprise le pressait de partir, et sous prétexte qu’il coûtait trop cher, de prendre sa « pré-retraite », antichambre du cimetière des actifs. On a beau jeu aujourd’hui de stigmatiser les retraités alors que beaucoup de gens ne souhaitent pas prendre leur retraite à 62 ans. Le plus absurde, c’est que tous, il n’y a pas si longtemps, syndicats, gouvernements, entreprises, se sont littéralement ligués pour licencier des personnels considérés comme âgés, les jeter au chômage avant la retraite. Et voilà que maintenant on considère les pensionnés comme une charge insupportable pour la société. Mais l’Etat n’est pas à une contradiction près. Les plus pessimistes voient poindre la tentation d’une solution totalitaire du genre : « Ils coûtent trop cher en pensions et en soins, qu’ils crèvent », une idée déjà évoquée par Jacques Attali, qui comme on le sait, vaque dans les allées du pouvoir. Il s’agit évidemment d’un excès de langage, mais il n’est peut-être pas inutile de rappeler que les jeunes finiront par vieillir, que les vieux ont été jeunes et qu’il est ridicule d’opposer un âge à un autre. L’âge n’est pas une classe sociale ! Quant à la hausse de la CSG ciblée, c’est, par définition, une mesure injuste qui ne trouve sa justification que dans la condamnation du principe de la retraite et même de l’état de personne âgée.
Une réforme encore incomplète, mais une réforme !
Et c'est déjà appréciable. Dans les cinq ordonnances modifiant le Code du Travail, une quarantaine de mesures devraient simplifier la vie des entreprises et en particulier celles des TPE et des PME. C'est ça la bonne nouvelle.
Ce qu’il faut retenir.
En deux mots voici les grands axes : fusion des instances représentatives du personnel en un « comité social et économique » pour les entreprises de plus de 50 salariés ; négociation directe dans les entreprises de moins de 50 personnes avec un délégué du personnel, dans les entreprises de moins de 20 personnes, négociation directe avec les salariés avec referendum au deux tiers ; plancher mais surtout plafond des indemnités pour licenciement abusif avec en contrepartie une augmentation de 25% des indemnités légales de licenciement ; pour une entreprise multinationale, la justification d'un licenciement économique se fera sur la base des résultats en France. Ce n’est pas la « révolution copernicienne » promise par Emmanuel Macron, mais c’est une rénovation utile du droit du travail. Jusque-là ultraprotecteur pour le salarié, le marché du travail, en France, ne va donc pas subitement devenir une jungle livrée à la loi du chef d’entreprise… Vouloir plafonner le montant des indemnités prud’homales à des niveaux conformes à la jurisprudence, autoriser les petites entreprises à négocier avec leurs salariés en l’absence de représentant du personnel, permettre des ruptures conventionnelles collectives, voilà qui ne suffit pas à casser le modèle social français, d’autant qu’il sera toujours possible d’aller devant le juge en cas d’atteinte aux droits fondamentaux. Cette réinitialisation du Code du travail est d’une tout autre ampleur que les petites « mises à jour » qu’avaient été la loi Bertrand de 2008 et la loi El Khomri de 2016, lesquelles, rappelons-le, avaient donné plus de pouvoir à l’entreprise pour renégocier l’organisation du travail.
On est encore loin d’une réforme libérale.
Mais on commence à décorseter vraiment les entreprises de l’économie administrée. Notre Code anti-travail devient enfin plus neutre. Assouplir la réglementation sociale, rééquilibrer les droits en faveur du chef d’entreprise et alléger le livre rouge à l’obésité légendaire : voilà trois conditions favorables à la création d’emplois qui sont réunies dans cette réforme. En ramenant la négociation des primes collectives au niveau de l’entreprise, en délimitant à l’échelle nationale les difficultés pouvant motiver un licenciement économique dans une multinationale, le gouvernement apporte une flexibilité qui pourrait être payante à moyen terme pour la relocalisation de l’emploi en France. On y trouve aussi des mesures de bon sens comme la fusion des instances représentatives du personnel, ou de simple justice comme ce ticket modérateur que les comités d’entreprise devront maintenant débourser lorsqu’ils engagent des expertises jusqu’à présent payées par l’entreprise. Le balancier revient dans le camp de l’entreprise, timidement, mais sans réduire les droits des salariés. Là est probablement toute l’habileté de cette réforme menée par l’ancienne DRH qu’est Muriel Pénicaud. La principale barrière à l’emploi qu’est le Code du Travail est en train de tomber. Il en faudra plus pour qu’elle ait des répercussions sur le chômage. On reste encore largement dans une économie « administrée » tant que les niveaux de prélèvements et les textes plus contraignants que chez nos voisins seront en vigueur, comme ceux sur la « pénibilité ». Et il faudra aussi agir sur les autres plaies qui pèsent sur l’emploi : le manque de main d’œuvre qualifiée et le niveau des charges. C’est aussi le carnet de commandes rempli qui fait le résultat.
Des réactions modérées.
La CGT grogne comme d’habitude et va sortir son arme ultime : les cheminots. La CFDT dit qu'elle est un peu déçue : il faut bien se démarquer du politique. Curieusement, FO semble satisfaite, ce qui n'est pas rien ; mais curieusement aussi, au même moment Stéphane Lardy, chargé de l’emploi et de la formation professionnelle à FO pendant neuf ans, devient directeur adjoint du cabinet de Muriel Pénicaud. Corrélation ? Décrit comme « un réformiste convaincu », membre du Parti socialiste, il sera en charge de la formation professionnelle, grand chantier que souhaite ouvrir Emmanuel Macron, et de la pénibilité. Quant à elle, la France Insoumise dénonce une agression contre le Code du Travail, et continue à vouloir utiliser la rue… Ce qui reste du Parti Socialiste veut se battre (no comment). La droite en toute logique reconnaît que cette réforme est une avancée même si elle émet quelques critiques, ce qui est normal. Au pouvoir, elle aurait certainement fait différemment et serait allée plus loin, notamment sur les fameux « seuils ». Les "constructifs" n'ont rien dit de plus : preuve qu'ils ne servent à rien.
Il faut maintenant attendre la dernière étape : rendez-vous le 22 septembre.
L’AUTOROUTE
Départ pour quelques jours en Vendée. La voiture est chargée comme si on s’échappait pour trois mois. C’est chaque fois la même chose. Pour la énième fois, nous allons emprunter l’A87 jusqu’à La Roche-sur-Yon. Une heure et quelques miettes d’un parcours qu’on connait par cœur.
Et pourtant, c’est chaque fois différent.
Non pas que la route se déplace ou se modifie. Excepté les inévitables travaux d’entretien, elle est toujours inexorablement la même. Mais prendre l’autoroute pour aller en Vendée, c’est une ambiance, un état d’esprit, une allégresse incontrôlable. Il y a d’abord la promesse de retrouver notre appartement douillet. C’est la surprise que nous offrira la marée selon qu’elle sera haute ou basse. C’est le plaisir chaque fois renouvelé de contempler de notre balcon le port et ses bateaux alignés. Et si nous partons, c’est qu’il va faire beau, et donc c’est l’assurance de trouver sur place le ciel bleu. C’est aussi le spectacle vivant de l’océan qui joue sans cesse avec les couleurs : bleu Méditerranée, vert émeraude, gris, ou un mélange savant en strates horizontales de la côte vers le large …
Alors la route à faire s’oublie un peu.
En fait, pas tant que ça. Elle n’offre jamais tout-à-fait le même paysage qui varie en couleurs, en intensité et en animation selon les saisons et les dates de départ. Avec le stabilisateur automatique de vitesse, quand la circulation le permet et c’est le cas le plus souvent, la conduite est plus relaxe et on a le temps de regarder la route, ça vaut mieux, et ce qu’il y a autour. Les bas-côtés bien verts que nous avons longés au printemps ont viré au blond avant de devenir franchement roux à la fin de l’été. Tiens ! là, la chaussée est toute neuve et nous permet de glisser presqu’en silence sur quelques kilomètres sans le bruit de roulement, que le sifflement de l’air, c’est à peine si l’on perçoit le vrombissement du moteur. Et voici Chemillé : la cheminée de l’usine Isover crache comme d’habitude un panache dru dans l’atmosphère ; on espère seulement que le contenu n’est pas trop polluant. Plus loin : ah, aujourd’hui les éoliennes ne moulinent guère, signe que le vent a tombé, tant pis pour l’énergie verte. Une autre fois, par contre, elles tournaient comme des folles. Inconsciemment je note que nous roulons depuis 20 mn : c’est le temps que l’on met depuis Angers pour arriver à leur hauteur. Nous avons maintenant passé Cholet dont on a aperçu d’abord le profil de l’usine Michelin et à l’autre bout quelques gratte-ciel, puis nous dévalons déjà sous le puissant viaduc ferroviaire de la Sèvre Nantaise et ses multiples arches que le tortillard Mortagne-Les Epesses emprunte : nous l’avons aperçu une fois trottinant comme un jouet miniature sur le dessus du pont. Un appel vers la fantaisie ou un retour à l’enfance. Tout comme en saison, nous apercevons de loin le ballon aux rapaces, signe que nous approchons du Puy du Fou, autre lieu de rêve éveillé ! Après la sortie vers Chambretaud dont on aperçoit le clocher, ce sera un autre point de repère : le moulin du mont des Alouettes qui domine Les Herbiers. Il est un peu caché sur la gauche, mais il se reconnait à son blanc immaculé. L’autoroute tangente alors la ville avant de filer vers l’échangeur avec l’A 83. Les kilomètres ne pèsent pas. Plus on s’approche vers la côte, plus le ciel semble augmenter en luminosité. C’est surtout quand le temps est moyen qu’on le perçoit : des hauteurs on entrevoit la barre lumineuse au loin sur l’horizon, qui nous vaudra tout-à-l’heure un ciel pur. En attendant on a franchi l’autoroute qui file vers Niort et invariablement, à cet endroit précis, sur quelques dizaines de mètres, mon « gps » m’indique « 90 » au moment où on le croise, alors qu’aucun panneau n’indique une telle contrainte. Une anomalie de géolocalisation. Mais déjà le péage de La Roche-sur-Yon est en vue et l’on passe sans encombre dans le couloir « 30 » télépéage. Nous quittons l’autoroute deux sorties plus loin, au sud de l’agglomération yonnaise. Le sentiment d’être arrivé nous parcourt, pourtant il reste encore à faire un peu de chemin jusqu’à Jard-sur-Mer, mais c’est comme si ça faisait partie du décor. C’est fou ce que l’esprit peur être capricieux et faire preuve d’élasticité. Il reste encore une bonne demi-heure de route, mais voilà, c’est décidé, on est arrivé. Aubigny ou Nieul-le-Dolent, c’est la banlieue de Jard !
Nous ne sommes pas un jour de grands départs.
Et la circulation est très paisible en cette fin de matinée car nous partons rarement de bonne heure. Il nous est pourtant arrivé plusieurs fois de nous faire piéger et d’oublier qu’il y a des dates à éviter, car les autres aussi peuvent avoir envie d’aller vers la côte, ou plus loin même, vers l’Espagne… Heureusement, nous avons deux parades pour alléger le supplice du bouchon : le paiement automatique pour la barrière de Beaulieu-sur-Layon, et la sortie par l’A83 et les Essarts pour éviter celle de La Roche-sur-Yon où il arrive que cinq ou six kilomètres de retenue se coagulent. Cela nous vaut un peu de « départementale » mais c’est mieux que de poireauter une demi-heure voire plus dans la cohue.
C’est quand l’autoroute est fluide qu’on le voit le moins.
Alors, l’esprit s’évade. On pense à tant de choses en roulant et en conduisant « machinalement ». J’en ai trouvé des idées « géniales » que je me promettais de noter dans un coin et que j’ai évidemment oubliées ou été incapable de retrouver une fois venu le moment de les transcrire. J’en ai résolu des problèmes, au fil des voyages, touchant au bricolage ou à la vie domestique… Et que de réflexions sur la vie politique qui hanteront ensuite le bloc-notes ! « 107,7 » en sourdine diffuse une musique pas toujours à mon goût et égrène « ses points circulation » qui se résument le plus souvent à une litanie d’accidents sur l’A10. C’est fou ce que cet axe vers Bordeaux est accidentogène ! L’essentiel c’est que pour nous : RAS ! A côté de moi, il y en a une qui roupille tranquillement, comme d’habitude. Tout va bien. A l’arrivée, j’aurai, une fois de plus, refait le monde.
« Roule ma poule ! »
Naguère, elle apparaissait après la mi-août, voire début septembre. Plutôt petite, elle serait passée inaperçue au milieu de ses cousins, nectarines et autres brugnons, imposants par leur taille et leur couleur dorée plus ou moins carminée, mais son parfum incomparable suffisait à la faire remarquer : je veux parler de la petite « pêche de vigne ». Il faut dire qu’elle n’avait que ça pour elle. Son aspect verdâtre et rêche à peine rosi n’était pas des plus attirants. Seule sa forme aplatie attirait l’attention. Mais j’aimais sa saveur incomparable à l’égal de son parfum, surtout quand elle était mûre à point. Elle a aujourd’hui disparu, ou alors il faut bien chercher.
Pourtant un miracle s’est produit : la « pêche plate » est apparue. De la génétique, elle a gardé la forme de la pêche de vigne, mais en plus opulente. Elle s’est même affublée des attributs des stars de la place : couleur et dimension font qu’elle n’a rien à envier à ses concurrents du rayon fruits. Elle a perdu un peu du parfum de sa devancière, et c’est dommage, mais on ne peut pas tout avoir. Inévitablement, on a voulu y goûter : reconnaissons qu’elle n’a pas non plus tout-à-fait le même effet sur les papilles non plus, mais elle est quand même délicieuse.
Il faut la déguster quand elle atteint sa maturité optimale. C’est facile à savoir : la peau doit se décoller facilement. Mon moment préféré, c’est au milieu de l’après-midi, au plus chaud de la journée, ou le soir pour la pause après le « prime-time ». Manger une pêche plate doit s’accompagner d’un cérémonial. Il faut se munir d’un fin couteau de cuisine et d’une feuille de Sopalin, car la bête est juteuse et j’ai horreur d’avoir les doigts collants, même si ça participe au plaisir. Avec la pointe du couteau commence alors le pelage, en partant du point d’accroche au noyau et en allant vers la périphérie pour tirer de larges bandes de peau. Un travail minutieux qui fait saliver. L’attente, comme toujours démultiplie la tension. Mais le résultat en vaut la peine. La manger avec la peau n’offre pas le même bonheur au palais. Ce serait aussi se précipiter, bâcler le moment. La chair fine apparait enfin dans toute sa nudité humide, en prémices du plaisir qui approche. On peut croquer dedans, mais laissons cette méthode aux goinfres. Pour faire durer le moment, je préfère découper de petits quartiers et les savourer un par un. Ils se détachent bien du noyau. Alors c’est le bonheur de sentir fondre dans la bouche une chair ruisselante de jus sucré, frais et parfumé. Evidemment, toute cette abondance liquide finit par traverser le papier avec lequel vous la tenez. J’aurai quand même les doigts collants. La pêche plate est en plus généreuse, car elle a conservé de sa grand’mère le tout petit noyau. Du coup, on a le sentiment d’en avoir davantage à savourer. Le dernier quartier laisse un goût de « revenez-y », car elle enchante jusqu’au bout, la bougresse. Et sucer le noyau ne fait qu’accroître le regret. Il faut être raisonnable.
Reconnaissons que les spécialistes des variétés hybrides, avec leurs technologies modernes de « croisement dirigé », ont réussi là un exploit. Merci Mendel. Toutefois, on aimerait bien, de temps en temps trouver une « pêche de vigne », une vraie. Un peu pour le plaisir de retrouver un bonheur d’antan, comme on peut admirer une belle « DS » quand elle passe sur le boulevard. Ah oui, j’oubliais, les pêches plates viennent d’Espagne et sont, parait-il, bourrées de pesticides. Je m’en moque : d’abord je les pèle et c’est la peau qui contient le plus de ces agents nocifs, ensuite, les pesticides, à mon âge, je m’en tape un peu.
Rien ne gâchera mon plaisir de croquer une belle « pêche plate » bien mûre !
C’est l’incontournable de l’été : quelque part que vous soyez en villégiature, un « marché nocturne » hebdomadaire vous proposera son alignement d’étals bariolés. Il a bien un concurrent matinal, le marché « gourmand » censé proposer les meilleurs produits locaux, mais il est incontestablement le roi de l’animation estivale commerciale.
A Jard, l’événement a lieu chaque jeudi soir, sur le port, lieu névralgique s’il en est. Vers 18H30, les camionnettes des commerçants commencent à affluer le long des trottoirs et progressivement les stands se mettent en place : des « praticables » pliants et des auvents en toile pour se mettre à l’abri des éventuelles intempéries et de la fraîcheur nocturne. Vers 19H30, tout le monde est en place. Un peu de vent, mais le soleil couchant est de la partie et inonde les lieux d’une lumière dorée. Bientôt il fera sombre et les projecteurs des uns et des autres la remplaceront.
Le marché nocturne c’est un bazar hétéroclite : on y trouve de tout, en matière d’inutile surtout. Les stands se côtoient dans un joyeux désordre et sans aucune logique de proximité. Le marchand de ceintures en cuir, vrai ou faux, jouxte les saucissons d’Auvergne et profite de leurs odeurs puissantes, celui de lunettes de soleil voisine avec les roues de nougat tendre, peut-être de Montélimar, alléchantes à en faire baver, l’inévitable producteur de miel et ses multiples variations succède à celui de savons qui dégage une odeur entêtante de fragrances mélangées. Vous êtes en recherche d’un souvenir à rapporter à l’ami qui veille sur votre jardin, vous êtes en quête de la bricole qui marquera votre séjour, les enfants vous réclament le dernier gadget à la mode … au marché nocturne vous trouverez, même le « rien » que vous étiez décidé à vous imposer. Et comme le dit si bien Devos, rien c’est pas grand-chose, deux fois rien c’est déjà quelque chose, alors trois fois rien … Ici c’est une collection de T-shirts à prix … coûtant, là c’est un alignement de montres toutes plus rutilantes les unes que les autres. On vous proposera des petites boites fabrication de l’artiste pour mettre les bricoles qu’on cherche ensuite, les cache-bloc-notes, des jouets en bois aussi désuets qu’indémodables, des foulards … Les étals de bijoux fantaisie se font une concurrence acharnée tant ils sont nombreux, et les vendeurs de coques de portables ne sont pas en reste ? Mais le roi de la fête, c’est le produit de l’été : les « hand-spinner ». Impossible d’y échapper. Ils ont envahi le marché, et du plus basique au plus sophistiqué ce n’est que l’embarras du choix ! J’en ai vu avec la tête de Spiderman, d’autres qui sifflent en tournant, des rutilants en acier et des colorés. Le « hand-spinner » a détrôné le « chouchou » qui faisait fureur naguère. Plus loin, j’ai été étonné par cet artiste qui découpe les vieux disques vinyle 33 tours pour en faire des œuvres d’art : un travail qui doit réclamer dextérité et minutie tant les découpes sont fines. Je suis resté perplexe devant la dernière découverte anti-âge : « les bienfaits de la bave d’escargot » et je m’imaginais avec un certain haut-le-cœur en train de me tartiner le visage du « précieux onguent ».
Une foule de chalands nonchalants vaque le long des allées. Apparemment, peu de gens achètent. Font-ils leurs affaires tous ces camelots vagabonds ? Il faut croire puisqu’ils reviennent chaque semaine. Le marché nocturne agit comme un aimant sur les estivants qui trouvent là un but de promenade, de délassement ou de divertissement pour tuer le temps avant de retourner dans le bungalow, sous la tente ou dans le logement de location. Ils déambulent plus qu’ils n’avancent, souvent avec l’air intéressé d’une vache regardant le train passer. Néanmoins, ils s’agglutinent ici ou là pour répondre à la sollicitation d’un commerçant ou attirés par un étal sans qu’on sache vraiment pourquoi. On ne saura jamais ce qui se passe dans la tête d’un touriste pris dans les lumières d’un marché nocturne !
N’en déplaise aux détracteurs de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, mais mon expérience de celui de Château-Bougon confirme ce que les statistiques observent : l’affluence et le trafic en font un aéroport obsolète indigne de notre Région.
Bien pratique cette nouvelle ligne Nantes-Vienne ! Justement je devais me rendre en Hongrie chez ma fille qui habite à une heure de la capitale autrichienne. C’est bien plus simple que d’aller à Beauvais prendre le "Paris-Bratislava". Et les tarifs de Volotea valent bien ceux de Ryanair pour des vols suffisamment confortables quand on doit passer moins de deux heures dans l’appareiL
Ainsi nous voilà au matin du 18 juillet à pied d’œuvre.
Evidemment tous les halls sont encombrés de passagers en instance d’enregistrement. Coup de chance, celui qui nous est consacré est encore quasi désert : il est vrai que nous sommes en avance. Je suis adepte des précautions inutiles quand il s’agit des queues au comptoir. La valise enregistrée, nous avons le temps de nous restaurer quelque peu avant de nous soumettre aux formalités d’embarquement. Et nous voilà au début d’un périple dans l’aérogare que nous découvrons pour la première fois (le périple, pas l’aérogare) : la nouveauté c’est qu’il faut monter au 1er étage pour passer les portiques de sécurité. Apparemment tout a été concentré au milieu du bâtiment, en relation sûrement avec le renforcement des contrôles. Là, il y a un peu d’attente puis commence le scénario convenu : je retire ma ceinture pour la déposer avec ma veste et ma montre dans le bac « as usual », appareil photo, valise cabine, sac à main sur le tapis roulant… et je passe le cadre fatidique sans encombre. Ce n’est pas le cas de Paulette : elle s’est soumise à toutes les exigences et pourtant, comme à chaque fois « elle sonne ». On la fait repasser sans ses chaussures : rebelote, donc « fouille au corps ». On ne cherche plus à comprendre. Elle n’a ni prothèse, ni appareil susceptible de déclencher l’ire du portique. Il faut croire que sa tête ne doit pas plaire à l’engin. Bien, bien. Il s’agit maintenant de se rendre à notre salle d’embarquement. Nous abordons un parcours improbable et tortueux qui débouche sur des escaliers métalliques du type équipement provisoire qui dure longtemps, visiblement rajoutés et bricolés, et peu pratiques avec des bagages, mais heureusement nous ne sommes pas trop chargés. Nous arrivons finalement là où nous embarquons habituellement avec Volotea, c’est-à-dire juste derrière les comptoirs d’enregistrement où tout-à-l’heure nous avons fait consigner notre valise en soute. On se pince : oui, c’est l’aéroport de Nantes qui propose des équipements aussi sommaires. La suite présente peu d’intérêt tellement tout se fait dans l’ordre et l’organisation convenables. L’avion sera plein comme un œuf. Ce n’est pas Roissy, c’est certain : il faut sortir sur le tarmac et gagner à pied l’avion à quelques dizaines de mètres. Il fait beau, on ne va pas se plaindre.
En attente d’embarquement.
En attendant qu’on nous appelle pour l’embarquement, l’arrivée des passagers par grappes est un spectacle toujours renouvelé qui permet de « tuer » le temps sans le voir passer. C’est un moment que je ne raterais pour rien au monde. Je me répète peut-être, mais on voit bien comment Binet a trouvé ses « Bidochons » : il suffit de regarder autour de soi. Ils sont légions et tout y est ! Les physiques improbables aux protubérances exubérantes, les accoutrements caricaturaux, les accessoires déroutants, les démarches exotiques… Constat : l'obésité progresse. Aujourd’hui, l’avion s’est démocratisé au point qu’il n’est plus réservé à la clientèle d’affaire avec des profils bien différents, qui hantait autrefois ces lieux. Maintenant on monte dans l’avion avec le costume de la destination : qui va à la plage est déjà muni des tongs et du bermuda, qui va à la montagne arrive avec son sac à dos auquel un piolet accroché en exergue démontre la réalité du projet. Jeunes et vieux se côtoient et curieusement se ressemblent. C’est que le retraité est volontiers randonneur et visiblement a dévalisé le rayon idoine de Décathlon : grosses chaussures de marche, chaussettes roulées sur les chevilles, pantalon trois-quarts à poches latérales, blouson adapté. C’est donc tout un monde bigarré qui s’agglutine peu à peu. Ceux qui ne passent pas inaperçus, ce sont les groupes : pépés et mémés s’interpellent, s’enquièrent haut et fort auprès de leurs compagnons des turpitudes qui les assaillent, le volume sonore étant en adéquation avec le durcissement des tympans… Un son nasillard craché par le haut-parleur appelle les passagers du vol 2271 pour Vienne … C’est le nôtre, la cohue s’oriente vers l’hôtesse qui filtre les cartes d’embarquement. C’est parti !
Retour le 28 juillet : une autre expérience.
L’aéroport de Vienne offre des équipements modernes à la hauteur de la réputation d’une capitale européenne. Le seul bémol c’est qu’on décollera avec presqu’une heure de retard qui se réduira à 25 mn à l’atterrissage à Nantes après un vol sans histoire. En dehors des annonces de l’hôtesse de l’aéroport qui de quart d’heure en quart d’heure avait repoussé notre embarquement, aucune explication ne nous sera fournie sur la nature du retard. Encombrement du ciel en cette fin de juillet ou surcharge de rotations pour les vols Volotea ? On ne le saura jamais. On n’eut droit qu’à des excuses. Par contre, à Nantes, nous découvrons une autre réalité. Une fois l’avion posé comme une fleur sur la piste de la capitale ligérienne, nous cheminons donc sur le tarmac et nous voyons défiler les bâtiments … Enfin l’avion s’immobilise au milieu de nulle part, sur un parking au fin fond de l’aérodrome ! De longues minutes passent, la porte reste close. Enfin, l’hôtesse de l’air manœuvre et elle s’ouvre, mais pas complètement. Il faut refermer. En cause, la passerelle mal positionnée : il faudra s’y reprendre à trois fois avant que nous soyons enfin délivrés. Au pied de l’escalier nous attend un malheureux bus qui devra faire au moins trois voyages pour transporter tous les passagers jusqu’à l’aérogare, car l’appareil était aussi plein qu’à l’aller. Il nous dépose à côté du hall 4 où sous une tente ont été installés des barrières et des couloirs de cheminement vers les guichets où nous devons présenter pièces d’identité ou passeports. La sécurité, c’est du sérieux ! Enfin, nous nous retrouvons dans la salle de livraison des bagages et là, il faudra encore patienter presque une demi-heure avant de récupérer notre valise. Voilà tous les signes d’une infrastructure aéroportuaire débordée par le trafic ! On n’entend pas les détracteurs de Notre-Dame des Landes s’inquiéter du survol de Nantes avant l’atterrissage ; j’aurais pu faire coucou à Bruno Retailleau au moment où nous avons survolé de près le bâtiment du Conseil Régional. Pollution, risques pour la population : faudra-t-il une catastrophe pour que ces idéologues de pacotille s’émeuvent et s’ouvrent à la réalité ? Notre capitale régionale mérite mieux que ces équipements dépassés et vieillots.
LE BEL AVENIR DES AVIONS
Jamais il ne s’est vendu autant d’avions dans le monde. Boeing et Airbus n’ont pas de mouron à se faire. En matière d’aéronautique c’est plutôt un âge d’or qui s’annonce. Les carnets de commande sont bien remplis. Et il y a des esprits chagrins qui nous annoncent la fin du moteur thermique pour les automobiles et d’autres qui voudraient empêcher la construction de nouveaux aéroports. La réalité est toujours plus forte que les chimères, surtout quand elles sont idéologiques.
La croissance du trafic aérien.
Elle est inéluctable. Pour la première fois cette année, le trafic aérien mondial franchira la barre des 4 milliards de passagers : le double d’il y a douze ans, huit fois plus que dans les années 70 ! Malgré cette croissance rapide, le ralentissement n’est pas pour demain, car le trafic va encore tripler d’ici 2036, selon les prévisionnistes sérieux. La cause en est toute simple : le doublement de la classe moyenne dans le monde. Ainsi la proportion de la population des pays émergents en capacité de voyager en avion va passer de 30% actuellement à 83% en 2036. Et le Chine deviendra le premier marché aérien mondial, la part de l’Asie dans le trafic mondial passera de 30% à 38%, devant l’Europe à 21% et l’Amérique du Nord à 16%. Cela nécessitera la construction de 35 000 avions neufs, la flotte mondiale passera de 19 000 à 40 000 appareils, dont 70% de moyens courriers. Ce sont les compagnies low-cost qui continueront de tirer le marché en se développant sur le long courrier dont elles pourraient conquérir 50% du marché. Ainsi, Airbus a un carnet de commandes de près de 7 000 appareils et pourrait se permettre d’augmenter la production sans en prendre de nouvelles pendant plusieurs années plaisante son patron.
Les nouvelles technologies s’en mêlent.
Le nouvel âge d’or viendra du développement des drones et des voitures volantes. Un rêve ? Pas du tout ! Dans la Silicon Valley on s’emploie à accélérer la mutation technologique. Ainsi nous connaîtrons des taxis volants électriques et sans pilote dans les villes. Le groupe Airbus mène actuellement deux projets de véhicules volants électriques et sans pilote dont les premiers vols sont prévus pour la fin de l’année et début 2018, mais oui ! Le lancement de ces « drones-taxis » devraient intervenir dès 2021, c’est-à-dire… demain. Il faudra bien des aménagements urbains pour faire de la place à ces nouveaux véhicules.
Les aéroports, poumons de la mobilité.
Cette croissance et ces nouvelles technologies nécessitent évidemment une hiérarchisation des espaces. Elle justifie amplement la construction de la nouvelle plate-forme aéroportuaire pour le grand ouest à Notre-Dame des Landes. Ne serait-ce que parce que l’actuel aéroport n’échappe pas au phénomène et voit son trafic augmenter vertigineusement avec toujours plus de passagers, toujours plus de compagnies et toujours plus de destinations. Le mois de juin dernier a vu une progression de près de 16% par rapport à la même période de 2016 ! Son marché est très majoritairement européen mais les opportunités d’élargissement aux autres pays du monde vont aller de pair avec le développement du trafic des pays émergents, forcément. Sauf à vouloir laisser la métropole nantaise et l’ouest français à l’écart du développement mondial ! Château-Bougon restera utile pour l’usine Airbus, le fret et pour le trafic local des avions-taxis, le nouvel aéroport se consacrera au développement du trafic passagers toutes destinations. Il est vital de ne plus attendre !
Elle m’est tombée dessus sans crier gare ! sans prévenir, sans donner le moindre indice précurseur ! Elle m’est tombée dessus comme ça : la flemme ! Une bonne grosse flemme, une énorme flemme, bien grasse, bien épaisse. Une flemme-à-ne-rien-faire, une flemme-à-procrastiner-à-tout-va, une flemme royale à se vautrer dans le transat, dans le canapé ou sur le lit. Même pas l’excuse de la canicule, c’est dire si elle a ajouté au problème quand la température est montée. Une flemme comme ça, ça vous met les jambes en coton, ça vous ralentit l’esprit qui devient rebelle au moindre effort, ça vous envahit comme l’éther d’un bon Armagnac après un bon repas. Les yeux picotent d’abord avant de cligner, le cerveau suit de près. Les nuages cotonneux de la béatitude roulent leur douceur à coups de petits engourdissements. Le sommeil n’est pas loin, mais il ne viendra pas, laissant le corps dans un entre-deux doucereux, sirupeux dont il aura du mal à se tirer tout-à-l’heure, quand il faudra bien se résoudre à bouger, ne serait-ce que pour aller boire quelque chose de frais.
Il y en a qui ont pensé : « tiens, il est parti en voyage ». Non, pas encore. Je sais aussi, j’en connais plein qui vont me trouver des raisons, ou des excuses pour expliquer l’inexplicable. On pourrait évidemment en trouver. Mais il n’y a rien de rationnel là-dedans. Inutile de chercher. La flemme c’est d’abord un état de fait physique. Comme une envie de spleen longtemps refoulée. Elle se fiche pas mal des « causes objectives » : elle n’a pas besoin de justifications. En tout cas, elle s’en passe ! Et tant pis pour toute la longue liste de toutes ces petites choses qui doivent occuper l’été, des pavés qu’il faudrait passer au « Karcher », au petit coup de peinture que le dessous de l’avant-toit attend, sans parler des rangements divers notamment dans mon bureau … Eh bien, puisque flemme il y a, profitons-en. Laissons-là prendre le dessus.
Alors voilà, « je me rencroquemitoufle, je m’éfilifiloche, je périclite, décline en carabobine qui n'en finit pas, et la vie me semble fouine blette et filandrine… Que le temps s’étire ! » (Bécaud) L’esprit s’évade, vagabonde dans tous les sens, de rêverie en images attendries sur l’écran de lobes cérébraux débrayés. Mais attention, ma flemme, ça n’est pas l’ennui ! Elle est un hédonisme assumé, une recherche de plaisir, autant physique qu’intellectuel. Physique : quoi de plus sensuel que d’enfouir sa tête dans un coussin moelleux, un peu frais. Comme pour la première gorgée de bière, c’est la première minute la plus intense. Ensuite c’est la douceur de sentir chaque membre s’alourdir et s’abandonner jusqu’au corps tout entier. Intellectuel : quoi de plus dense que de ne penser à rien, c’est-à-dire à n’importe quoi, pourvu que ce soit des pensées agréables. Croyez-moi, c’est un exercice difficile que de vouloir occuper son esprit à faire le vide, il résiste le bougre. Il faut un entraînement que probablement seuls les pros de la flemme ont.
La flemme c’est quand à la question : « Qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui ? » On répond : « Rien ! ». « Mais c’est déjà ce que tu as fait hier ! – Oui, mais je n’ai pas fini ! » La flemme c’est la fuite du temps sans la mesure. Voilà pourquoi on dit : « tirer sa flemme ». Elle est élastique, malléable, étonnamment plastique. Voilà pourquoi on ne peut en sortir que par un acte volontaire qu’elle combattra évidemment. C’est pourquoi il est si difficile de s’en passer si on la laisse s’installer.
Certains y voient un sport proche du rugby pratiqué essentiellement par les femmes. De quoi s’agit-il ? Mais des « soldes » bien sûr ! Cette période censée être propice aux bonnes affaires qui commence ce 28 juin et qui va durer six semaines jusque début août. Dès ce matin, elles étaient donc dans les « starting-blocs » à l’entrée des magasins pour se précipiter dès le lever du rideau de fer. Empoignade garantie ! C’est un sport qui nécessite une longue préparation et qui doit, pour être couronné de succès, obéir à quelques règles primordiales. Pour éviter de perdre du temps dans les magasins, et déjouer tous les pièges, mieux vaut avoir un bon plan d'attaque. Il faut donc bien se préparer pour réussir les soldes et faire de bonnes affaires. Bref être tout simplement 100 % efficace ! Aujourd’hui, les achats en solde ou en promotion pèsent 40% du marché du prêt à porter contre 20% en 2000 et les commerçants réalisent en deux mois plus du tiers du chiffre d’affaires de l’année… Alors que promotions, soldes flottants et ventes privées se multiplient, trois Français sur quatre restent en effet fidèles au rendez-vous immuable des soldes d’hiver ou d’été pour s’habiller ou se chausser.
Un peu d’histoire.
D’abord, ne pas confondre « la solde » qui désigne le traitement des militaires et qui signifie « être payé » et « le solde » qui est d’abord la différence entre le crédit et le débit d’un compte, ou le reliquat d’une somme à payer, et devenu par extension la vente à prix plus ou moins réduit de marchandises restantes en fin de saison : solde d’un stock. Voilà pourquoi on dit « les soldes ». Les soldes apparaissent avec la grande distribution, au XIXème siècle. Leur papa serait un certain Simon Mannoury, fondateur en 1830 du premier grand magasin parisien, le « Bon Marché ». Véritable génie de la vente, c’est un précurseur : il met en place des ventes à distance et organise les premiers soldes, afin d’écouler les stocks des invendus de la saison passée à coups de prix cassés. Les premières lois qui encadrent ces rabais datent du début du siècle dernier, en 1906.
Comment faire « les soldes » ?
D’abord, avant de s'aventurer dans les magasins, Madame doit savoir ce dont elle a besoin : ouvrir sa penderie reste le meilleur moyen de se faire une idée pour préparer les soldes efficacement. Puis, quelques jours avant, elle va partir en mission « repérage » dans les magasins où elle souhaite acheter. C'est l'occasion d'essayer les vêtements qui lui plaisent et de vérifier si elle fait toujours la même taille. Cela permet aussi de poser des questions sur le stock et de savoir s’il est possible d’attendre éventuellement la deuxième démarque pour acheter. Mais attention, les soldes sont piègeux : avant toute journée shopping, il convient de vérifier l'état de ses comptes et de se fixer un budget. Il est plus prudent de décider d'un budget avant de partir à la chasse aux bonnes affaires. Astuce pour les plus dépensières : elles retirent en liquide l’argent qu’elles comptent dépenser. Cela permet, paraît-il de mieux se rendre compte de ses dépenses !
Les plus organisées vont jusqu’à établir une liste d'articles à acheter : elles passent forcément moins de temps dans les magasins, tout en risquant de laisser filer un bel article. Des perfectionnistes vont même jusqu’à faire deux colonnes pour séparer les « priorités » du « superflu ». Erreur parfois tragique qu’il faut absolument éviter : arriver trop tard ! Les grands magasins et enseignes spécialisées dans la mode ouvrent généralement plus tôt durant les soldes. Pour être la première à bénéficier des bonnes affaires, il peut être prudent d’appeler les magasins dans lesquels on compte aller, pour connaître l'heure d'ouverture. Et surtout, il faut se renseigner sur une possible « nocturne supplémentaire », pour ne rien rater, sachant que, pendant les soldes, la loi du « premier arrivé, premier servi » s'applique. Enfin, le bon sens exclut de porter des hauts talons pour courir les boutiques : une journée de soldes à piétiner est un exercice des plus fatigants.
Une coureuse de soldes cultive le sens pratique, acquis avec l’expérience : elle prévoit un sac, d'assez grande taille, pour pouvoir y regrouper ses achats. Si elle achète des vêtements, elle a prévu une tenue qui permette de se changer dans le magasin, afin d'éviter la file d'attente des cabines d'essayage. Si elle envisage d’acheter des chaussures, elle se munit d’un mi-bas car les vendeuses seront trop occupées pour en fournir rapidement. Au moment des achats, il convient aussi de se renseigner sur les conditions de retour des articles. En général, les articles soldés ne sont ni repris ni échangés, mais, en cas de doute, il faut toujours demander.
Faire les « soldes » n’exclut pas la tentation. Si les magasins regorgent de marchandises qu’ils ont fait venir tout spécialement pour l’occasion, il y a ceux qui en profitent pour mettre en exergue la « nouvelle collection » … Règle d’or : pendant la période de soldes, il ne faut pas regarder les modèles de la nouvelle collection. L'objectif est de faire de bonnes affaires, pas de craquer pour un produit hors promotion !!!
Et puis il y a les « soldes » pour les paresseuses. Il suffit d’aller sur internet. Elles y trouvent plusieurs avantages : cela évite de perdre du temps aux cabines d'essayage et aux caisses et permet d'acheter 24h/24. Autre avantage non négligeable : le droit de rétractation de sept jours s'applique sur tous les produits en ligne, même soldés. En cas de regret, il est toujours possible de rendre l'objet acheté, à condition de conserver une preuve d'achat. Oui, mais ça n’a pas la même saveur diront les puristes.
Les soldes, c’est comme les confitures.
Ces confitures que l’on fait soi-même alors qu’on pourrait les acheter toutes faites en pots. Oui, mais il y a « l’odeur » qui emplit toute la maison, nous glisse malicieusement Georges Duhamel ! Les soldes sans la bousculade, l’odeur de la sueur dans la touffeur des magasins, les coups de coude dans les côtes et la victoire de l’achat devenu un exploit, ça ne serait pas drôle ! Les « soldes » c’est une aventure qui peut durer six semaines avec plusieurs démarques et à chaque fois un nouvel épisode palpitant.
D’abord un peu d’Histoire.
Le bruit a couru qu’à la suite de sa cuisante défaite, le PS serait obligé de vendre son siège de la rue de Solférino. Mais sait-on à quoi se réfère le nom de cette rue ?
24 juin 1859 : la victoire française de Solférino.
Mais qu’est-on allé faire en 1859 aux confins de la Vénétie avec nos troupes en campagne ? C’est que la bataille que les Français ont livré ce jour-là aux Autrichiens n’est pas le fait du hasard, on s’en doute bien. Rappelons-nous : on est sous Napoléon III. C’est le Second Empire. De l’autre côté des Alpes, l’Italie, fractionnée entre petits duchés, Etats du Pape et le Royaume de Piémont-Sardaigne, n’a pas encore fait son « unité ». Justement, c’est le sujet. A Plombières, Napoléon III a promis au rusé Cavour, Ministre de Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne, que la France interviendrait en faveur de ce dernier si l’Autriche l’attaquait. Dans l’accord, il était convenu que le Piémont recevrait le royaume lombardo-vénitien, les duchés de Parme, Modène et Toscane et une partie des états pontificaux. Nice et la Savoie reviendraient à la France. Vieux rêve napoléonien de redonner des frontières naturelles à la France ! Evidemment, Cavour qui oeuvrait passionnément à l’unité de la péninsule au profit du royaume de son maître, insupporta suffisamment l’empire autrichien pour qu’il lui déclare la guerre. C’est ainsi qu’en 1859, Napoléon III entra en campagne, en annonçant « une Italie libre des Alpes à l’Adriatique ». On résume … Après la victoire non décisive de Magenta (4 juin 1859), à l’issue d’une bataille décousue, les Français progressent vers la Vénétie et se heurtent presque par hasard aux Autrichiens à Solférino. On est le 24 juin. Niel se distingue sous les ordres de Canrobert : 22 000 morts du côté autrichien, 17 000 dans le camp franco-piémontais, une vraie boucherie ! Un témoin, au spectacle de ces morts et de ces blessés, eut l’idée de fonder la « Croix Rouge ». C’était le Suisse Henri Dunant. Les Français avaient contribué à remporter une victoire décisive, mais Napoléon III n’ordonna pas de poursuivre les Autrichiens pour qu’elle soit totale. C’est qu’il était pris entre la pression des catholiques, inquiets pour les états du Pape, et ses sympathies pour l’unité italienne. Finalement il favorisa l’expansionnisme de Cavour. Le Piémont acquit toute l’Italie centrale (24 mars 1860) et grâce à son allié français, le roi Victor-Emmanuel II reçut le soutien de la Prusse qui avait des vues sur l’unité allemande de son côté. C’est ainsi que le royaume piémontais devint royaume d’Italie et reçut la Vénétie, une fois que les Prussiens eurent réglé leur compte aux Autrichiens à Sadowa (1866). Il ne restait plus que Rome… La France eut évidemment sa part avec Nice et la Savoie. La suite est moins glorieuse avec les Prussiens et la guerre de 1870… Mais c’est une autre histoire.
Détendons-nous.
Quelques devinettes :
Qui a dit :
« Qui m’aime me suive ! »
« L’argent n’a pas d’odeur »
« Impossible n’est pas Français »
(réponses demain)
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres
Cela s’appelle faire du neuf avec du vieux.
Du très vieux même ! C’est que l’idée de « revenu universel » est loin d’être nouvelle, elle remonte aux tout débuts du capitalisme et de la démocratie, l’époque de Thomas More et de Thomas Paine. Elle fut développée par les socialistes utopiques (il y en avait déjà) comme Fourier au temps de la Révolution française et par les philosophes comme John Rawls et plus récemment par des économistes libéraux comme Milton Friedman.
Mais d’abord, il faut en donner une définition : le « revenu universel » est une allocation unique versé à tous les citoyens de manière identique sans aucune condition pour en bénéficier ou pour l’utiliser. Il a en théorie pour but de garantir une vie décente à tous les membres d’une communauté, par exemple les citoyens français, en leur assurant à la fois autonomie et liberté de choix de leur vie, sans contrôle social ni surveillance de l’Etat. Généreux dans son principe, mais comment le financer ? On n’imagine pas un Français vivre avec 780 euros par mois et cela coûterait déjà autour de 480 milliards d’euros !!! Pour un pays surendetté c’est impossible à envisager.
Comment l’idée a-t-elle pu germer dans la tête de Benoit Hamon.
Son raisonnement repose sur la fin du travail et la généralisation des robots qui produiraient la richesse et qu’il suffirait alors de taxer. Simpliste mais efficace. Cela peut tenir debout, sauf qu’on n’y est pas du tout. C’est là qu’on découvre chez nos intellectuels, si tant est qu’il en soit un, l’ignorance de l’état et du fonctionnement de l’économie.
La transformation digitale des activités et des entreprises détruit déjà des emplois et certainement encore beaucoup à l’avenir. C’est avéré : on estime que la moitié des emplois existants seraient remplacés par des robots d’ici 2030, créant un chômage structurel de masse et ce seraient les pays développés les plus menacés. Cela justifierait la création d’un revenu qui permettrait d’éviter la paupérisation des classes moyennes. Le but : empêcher le déchaînement populiste. Sauf que le raisonnement repose sur des projections discutables et un postulat erroné, celui de la fin de la croissance et du travail. La mécanique qui à commencer de se dérouler sous nos yeux avec la mondialisation et la révolution fait émerger des activités et des postes de travail nouveaux. Déjà, beaucoup des métiers exercés aujourd’hui n’existaient pas il y a dix ans, et il faut se préparer à accompagner cette évolution par des investissements dans l’éducation et les infrastructures, dans une économie ouverte qu’il est quasiment impossible de refermer sur elle-même, les outils modernes se jouant des frontières. Certaines études montrent que plus de la moitié des postes de travail dans les vingt années à venir ne sont pas connus aujourd’hui. Il suffit de voir la vitesse d’évolution du travail ne serait-ce qu’en prenant l’exemple de « l’ubérisation » qui le fait muter en s’affranchissant du salariat.
Non, les robots ne vont pas tuer l’emploi.
Ils vont tuer « des » emplois et en générer d’autres. Notre pays est déjà à la traine en ce domaine, Nous en avons proportionnellement deux fois moins que les Allemands, et moins que les Italiens. Les taxer pour financer une rente serait dévastateur et un frein puissant à leur développement. C’est revenir aux effets pervers de la « taxe professionnelle ». C’est le plus sûr moyen d’atteindre la compétitivité de notre économie et d’assurer le décrochage définitif de notre pays.
Au lieu de planifier le chômage pour tous, il est plus urgent d’investir dans les activités digitales et les emplois post-salariés de demain, en pariant sur le progrès. Le « revenu universel » n’est qu’une illusion. Sa fausse simplicité n’apportera pas de solution au phénomène d’exclusion par le versement d’une allocation pour se dispenser de l’effort de réinsertion qui est la manifestation d’une solidarité et au-delà, l’expression d’un véritable respect de la personne. De plus, il a un caractère immoral, car, conçu comme un revenu de complément à un revenu de travail, il y aura toujours des petits malins pour s’en contenter quitte à vivre chichement et d’expédients. Je ne vois pas au nom de quel principe, je serais obligé de payer des impôts pour entretenir ces gens qui ne feraient aucun effort pendant que d’autres s’évertueraient à participer à la création de la richesse.
Nous voyons bien que lorsqu’une innovation technologique détruit un pan d’activité, elle en recrée très rapidement un autre. Le défi c’est d’assurer le passage de l’un à l’autre en limitant la casse sociale qui oblige à abandonner des métiers au profit de nouveaux. La question est davantage celle de l’adaptation de la formation initiale et continue, que celle de la distribution d’un revenu. A l’avenir, nous aurons besoin de mathématiciens et de spécialistes du « data », de l’Intelligence artificielle, de l’internet des objets, des bio et nanotechnologies… La prise en compte de ces besoins par l’Education nationale, toujours en retard, est le véritable enjeu des prochaines années. Cela nécessitera là encore bien des reconversions et la mobilisation de moyens autres que le nombre des fonctionnaires.
Il n’est pas interdit de parier sur les espoirs bien réels du progrès !
A tous mes amis et lecteurs du bloc-notes, assidus ou non, je présente mes vœux sincères de bonheur, de prospérité et de santé, pour une année 2017 pleine de rêves assouvis, de projets réalisés et de joies multiples.
Notre tâche collective a sa feuille de route :
Relever les défis, braver les obstacles et aller de l'avant
pour atteindre les plus hauts sommets...
et construire ensemble
un avenir serein pour notre pays.
Passez de joyeuses fêtes du nouvel an et à très bientôt sur le « calepindh » !
Un peu d’histoire.
Le soir du réveillon, dans beaucoup de foyers, on va mettre au four la « dinde ». Une vieille tradition à laquelle on déroge de plus en plus : le chapon ou les cannettes farcies viennent au menu, si ce ne sont rôtis exotiques de chevreuil ou de … kangourou. Pourtant, l’Histoire nous rappelle que c’était l’oie qu’on cuisinait pour Noël. Cette oie, qu’on engraissait toute l’année pour la fête. Mais voilà, en 1492, Christophe Colomb découvrit l’Amérique et … la dinde !
Après la conquête du Mexique par Cortès (1518-1521), les Jésuites introduisirent en Espagne, puis en Europe, l’élevage de cette grosse et savoureuse volaille. Les Français en raffolent et la dinde figure au menu du banquet nuptial de Charles IX en 1570. Elle finira par remplacer l’oie de Noël. Son nom dérive de « poule d’Inde » qui désignait auparavant la pintade, pourtant venue d’Afrique, apportée par les Grecs et les Romains. Mais la géographie, dans l’Antiquité, manquait encore de précision.
Depuis on a découvert une espèce mutante, avec la « Dinde du Poitou », une variété qui creuse, partout où elle passe, des trous… budgétaires !
Mais c’est une autre histoire !
Politique
Paris « Bateau ivre »
La maire bobo n’y va pas par quatre chemins. Après avoir modifié le nombre des élus des arrondissements, elle continue d’utiliser le logement social pour modifier la sociologie de la capitale à son avantage.
Paris, place financière… hum !
C’est le rêve de nos gouvernants : profiter du Brexit pour récupérer les établissements financiers tentés de fuir la capitale britannique, et il y en a. Alors pourquoi Sapin-les-bas-roses a-t-il augmenté la taxe « Tobin » sur les transactions de 0,2% à 0,3% ? Mais pour faire plaisir à sa gauche ! La place de Paris est « groggy » !
La France championne !
Notre pays est le champion incontesté des dépenses sociales avec 31% du PIB. C’est un rapport de l’OCDE qui le constate. Et on ne pourrait pas tailler dedans ? Comment donc font nos partenaires européens ?
Juteuse BPI
La Cour des Comptes pointe la Banque Publique d’Investissement, ce machin inventé par la gauche pour aider les entreprises à investir, et dont la Royal présida un temps aux destinées, me semble-t-il. On y vit très bien. Certains cadres ont vu leur salaire augmenter de 40% entre 2012 et 2015 nous dit l’institution de la rue Cambon. A titre indicatif, le Directeur Général émarge à 450 000€ . Quand même ! De quoi faire baver un patron de PME.
La distribution continue
Notre hypo-président-en campagne ne fait pas que des discours que personne n’écoute. Il continue de faire des chèques en bois que la majorité suivante devra solder. Ainsi il est arrivé à je ne sais quel congrès avec 1 milliard de plus pour l’ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine) déjà dotée de 4 milliards. Même pas certain que ça rapporte des voix !
Les dégâts de la fin de règne
Ils commencent à être considérables : la présidence est complètement déconsidérée, le PS ne sait plus où il habite tant chaque jour apporte son lot de chamailleries. Le « Sicilien » qui préside l’Assemblée fait une guerre ouverte au chef de l’Etat depuis qu’il a lu son jugement peu amène sur sa personne. Cambadélis lui-même est « flottant ». La vipère de la rue de Grenelle, qui a découvert qu’elle n’était pas une intellectuelle (nous on le savait), est vexée et a disparu des écrans radars. Et même le Manolito qui dit publiquement avoir honte du Président, c'est du jamais vu ! Tout cela ne serait pas si grave si parallèlement la France n’était pas tournée en ridicule sur la scène internationale. Le bilan se résume de plus en plus en deux mots : déconsidération et gabegie.
Société
Mais la gauche utilise jusqu’au bout le pouvoir législatif pour faire passer un maximum de ses lubies idéologiques. Ainsi grâce à la dernière loi qui vient d’être votée les « trans » pourront changer de prénom sans changer de sexe et se déclarer homme ou femme sans modifications physiologiques, si bien qu’une femme déclarée « homme » pourra accoucher et donner vie à un enfant qui aura ainsi deux pères !!! Je n’invente rien. On ne marche pas un peu sur la tête ? Le lobby LGBT est satisfait. Des voix en plus ?
Allons voir ailleurs
Vraie baisse du chômage !
On continue à pinailler en France à coup de microscopes pour tenter d'entrevoir un retournement de tendance sur l'emploi. L’Elysée a même demandé une présentation de la courbe qui montre davantage « l’inversion » !!! Hier l'Espagne a annoncé que pour la première fois en 6 ans son taux de chômage était tombé en dessous de 20% et que 480 000 emplois avaient été créés en un an. Des vrais emplois, ni aidés, ni d'avenir. Indiscutable. Taux de croissance : 2,3% … En France, on a 0,2% de croissance au 3ème trimestre… on fera peut-être 1,2% sur l’année (au lieu de 1,5% prévu) avec à la clé un surcroît de déficit (si Sapin le reconnait, il faut qu’il soit vraiment désabusé)… Et pour qui la facture supplémentaire ?
Chinoiserie !
Xi Jinping s'est fait donner les pleins pouvoirs. Ce n'est plus le parti qui dirige. C'est lui et lui seul. Ça s'appelle une dictature. Vous allez me dire, ça ne change pas grand-chose. Quand même ! Mais chut, pas un mot. Ne dites rien car votre boîte pourrait demain être achetée par des Chinois (en ce moment, ils achètent tout) et vous pourriez le regretter.
Les musulmans français sont partagés entre majorité silencieuse et fondamentalisme.
C'est ce que révèle l'enquête exclusive menée par l’IFOP pour l'Institut Montaigne. Elle a au moins le mérite de nous mettre devant la réalité. Il existe en effet deux groupes très différents au sein des musulmans de France. D'un côté, une majorité silencieuse : 46% des personnes interrogées sont parfaitement intégrées dans la République et à l'aise avec ses valeurs. À l'opposé, un groupe de près de 29% conteste la laïcité et considère qu'elle ne permet pas d'exprimer librement sa religion. Il est qualifié d'autoritaire par le rapport : ces musulmans sont pour le port du voile intégral, considèrent que la Charia est au-dessus des lois de la République et utilisent l'Islam comme instrument de révolte. Elle met donc en évidence ce qu’on savait déjà intuitivement : l’intégrisme religieux progresse au sein des musulmans de France. Il vaut mieux le savoir. L’Institut Montaigne ose un chiffre sur la présence – souvent fantasmée – de musulmans dans notre pays. Ils seraient entre 3 et 4 millions. On est loin des 8% à 10% de la population brandis par les théoriciens catastrophistes du « grand remplacement ». Ils représentent aujourd'hui 5,6 % de la population française et 10% des moins de 25 ans. Il s’agit donc d’un groupe social particulièrement jeune : 84% ont moins de 50 ans. L’âge moyen s’établit à 35,8 ans (il est de 53 ans chez ceux qui se déclarent chrétiens et de 43 ans pour les « sans religion »).
Les résultats de cette enquête sont évidemment contrastés.
Ils ont le mérite de nous fournir une radiographie détaillée de ce que pensent nos 3 ou 4 millions de compatriotes qui se revendiquent de l’Islam. S’il est rassurant de constater que leur grande majorité adhère à la laïcité et aux lois de la République, on notera toutefois que 2/3 d’entre eux sont favorables au port du voile par les femmes, ce qui paraît paradoxal mais peut s’expliquer par le fait culturel, comme le fait très majoritaire de consommer « halal ». Par contre elle nous apporte aussi des informations inquiétantes : les musulmans qualifiés d’ « ultras en rupture » par les chercheurs sont très représentés chez les inactifs, les précaires et surtout les jeunes dans une proportion effarante puisque 50% des moins de 25 ans se rangent dans cette catégorie. Ils vivent en rupture avec les valeurs républicaines, plébiscitent le port du niqab ou de la burka et la polygamie. C’est ainsi que 32% des musulmans placent la charia au-dessus des lois de la République.
On comprend bien que la situation économique et sociale constitue une clef de radicalisation. Mais l’explication n’est pas suffisante. Il s’agit de la révolte d’une génération de personnes contre le pays qui les a accueillis. Elle consacre l’échec du système éducatif qui s’est révélé incapable de leur transmettre le minimum de culture pour qu’il puisse construire leur identité au sein de la communauté nationale. L’affirmation religieuse prend la forme d’une sorte de vengeance contre une société qui n’aurait pas voulu d’eux. Signe d'autant plus inquiétant que les auteurs de l'étude postulent qu'il s'agit d'un effet de génération, qui ne s'atténuerait donc pas avec la maturité.
L'utilité de cette enquête est évidente.
Certains y verront une tentative de constituer des statistiques ethniques là où il ne s'agit que de sonder pour savoir, au même titre que ce que pensent les catholiques est souvent sondé. Et il vaut mieux savoir, dans la période que nous traversons.
En effet, nous savons maintenant que ceux qui nous font la guerre peuvent s’appuyer à l’intérieur du territoire sur un important vivier qui lui est prédisposé. Il est donc urgent de combattre ces comportements minoritaires, comme il est primordial d’éviter les amalgames et les discriminations. Il est tout aussi urgent d’attaquer le mal à la racine par le renforcement de la lutte contre tous les comportements « communautaristes » aux urgences des hôpitaux comme dans les écoles où les enseignements sont là pour lutter contre l’obscurantisme. Nous combattons un fondamentalisme qui tient pour incontestablement vrai tout ce qui a été écrit dans le Coran au 6ème siècle après JC. Va-t-on renoncer à enseigner que la Terre est sphérique et tourne autour du soleil, que l’homme a une préhistoire, que la science lui a permis d’aller sur la Lune … Et en matière d’ éducation civique, être intraitable sur les valeurs qui fondent notre société, le droit de croire ou de ne pas croire, l’égalité de la femme et de l’homme, la citoyenneté qui fait de chacun de nous une personne libre et autonome dans la République. Cela passe forcément par des mesures radicales telles que l’’interdiction de certaines institutions ouvertement fondamentalistes et prosélytes. Il ne s’agit pas de limiter la liberté de penser et de conscience, mais de lutter contre l’endoctrinement.
Empêcher l’obscurantisme.
La tâche va être d’autant plus difficile que nous aurons de plus en plus des comportements de refus qui existent déjà : refus d’apprendre, refus de tout savoir autre que celui de source religieuse. C’est de là que vient la mode aujourd’hui répandue dans les collèges et les lycées de traiter « d’intello » celui qui réussit pour le stigmatiser et faire pression sur lui. Comme le raconte Magyd Cherfi dans « Ma part de Gaulois », petit beur des quartiers Nord de Toulouse, tabassé parce qu'il travaille bien à l'école, et qui réussit malgré tout à obtenir son bac, grâce au soutien de sa mère, tout en cultivant son goût pour l'écriture de poèmes et de pièces de théâtre, puis à devenir célèbre en intégrant un groupe de musique connu (Zebda). On ne s’étonnera donc pas du faible taux de réussite de certains établissements scolaires. Les islamistes ont bien compris que le meilleur moyen de manipuler la population et de l’empêcher de s’intégrer, c’est de la maintenir dans l’ignorance. Lutter contre l’obscurantisme, c’’est la priorité. Dans cette bataille, la lutte contre le « vestimentaire » n’est pas accessoire comme le voudrait de bonnes âmes faussement libérales. Si les musulmans sont divisés sur la question du voile, celui-ci reste cependant un point de convergence identitaire : 60% des sondés estiment que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile à l’école et au collège contre 37% des non-musulmans… De même, autre pierre d’achoppement qui fait débat, 80 % des pratiquants et 67 % des non-religieux considèrent que les enfants devraient pouvoir manger halal dans les cantines scolaires – avis partagé quels que soient le niveau d’études, la situation professionnelle et l’âge.
Le problème est sociétal.
Le réflexe des gouvernants et des politiques est de se tourner vers les « autorités » musulmanes et les mosquées. Mais la pratique religieuse est elle aussi contrastée : un tiers des musulmans ne se rendent jamais à la mosquée, un tiers pour les fêtes religieuses, 29% s’y rendent chaque semaine dont le vendredi et 5 % quotidiennement. On se demande alors s’il est bien utile d’organiser l’islam de France autour des lieux de culte. D’autant plus que la plupart des musulmans (68%) ne connaissent même pas le Conseil français du culte musulman (CFCM). Enfin, il sera bien plus difficile d’empêcher l'influence des chaînes de télévision de la péninsule arabique ou la consultation de sites sur internet, même si des moyens de surveillance existent pour ces derniers. Faire respecter la République et lutter contre l’obscurantisme implique deux types d’actions : la répression ferme chaque fois que les lois sont transgressées et le renforcement de l’éducation dans un effort qui ne doit pas se limiter aux institutions scolaires. Deux autres axes d’action sont nécessaires : la lutte contre les discriminations à l’embauche et en matière de logement, la « déconstruction » des ghettos communautaires et le rétablissement d’une mixité de population en profitant des opérations de renouvellement urbain. Tâches peut-être de long terme mais qui doivent être menées en permanence. En regard de ces problématiques, les propositions de l’Institut Montaigne sont discutables pour certaines comme le financement des mosquées par une taxe « halal », les autres peuvent être utiles notamment pour faciliter la surveillance et tenter de « franciser » la pratique religieuse, mais restent anecdotiques par rapport à l’enjeu.
Un peu de tout pour rire… ou pleurer.
Le petit plaisantin aux bas roses.
Celui-là, il n’en manque pas une pour nous bourrer le mou et nous prendre pour des brêles. Il a annoncé comment sera appliquée la baisse de 1 milliard d’impôts sur les classes moyennes : en bénéficieront les contribuables qui ont 1700 € net de revenu mensuel (3400 pour un couple), soit 5 000 000 de ménages. Une goutte d’eau dans la mer dont bénéficient toujours les mêmes… au nom de l’égalitarisme. Avec les baisses d'impôts sur le revenu accordées depuis 2014, ce nouveau geste fiscal devrait atteindre 6 milliards d'euros au total, se félicite l’apothicaire de Bercy. Dans le même temps, l’Allemagne débloque 12 milliards, elle ! Cherchez l’erreur. Comme Ben et Nuts, c’est « Monsieur Plus » : il se targue d’avoir réservé une petite surprise aux inactifs, particulièrement aux retraités, ceux qui ne paient pas d'impôts sur le revenu parce que leurs retraites sont trop faibles qui pourront désormais bénéficier d'un crédit d'impôt, soit un chèque du Trésor public, lorsqu'ils auront recours à un emploi à domicile (avec une petite retraite ?). Cette seconde mesure devrait bénéficier à 1,3 million de ménages modestes supplémentaires pour un coût budgétaire de 1 milliard d'euros. Donc 2 milliards de baisse d’impôts ! Oui, mais non ! Ce geste inattendu ne grèvera pas les comptes en 2017, car notre magicien a trouvé le moyen de repousser l'addition à 2018. En tant que crédit d'impôt, le chèque ne sera en effet perçu qu'en 2018 par les ménages concernés, en fonction du volume d'emplois à domicile utilisé en 2017. Voilà donc une nouvelle fois une mesure qui va peser sur les comptes après la fin du quinquennat. Comme Tartufferie, on ne fait pas mieux. Le comble est atteint quand il souligne les efforts réalisés pour baisser les dépenses dont l’excédent est passé de 5% à 3,5% depuis 2012, ponctuant le propos d’un « nous sommes sérieux ! ». Il oublie simplement de dire que sous Sarkozy, le déficit était passé de 10% au pire moment de la crise (2008) à 5% fin 2011, soit divisé par deux en moins de 3 ans. Et nous aurions depuis longtemps rétabli l’équilibre si les efforts engagés avaient été maintenus. De la part de notre Sapin-les-bas-roses, cela s’appelle de la malhonnêteté intellectuelle. Ce n’est pas nouveau, c’est le spécialiste.
L'arlésienne du déficit public.
Justement, mauvaise nouvelle pour le pingouin et son larbin aux bas roses. En juillet, le déficit budgétaire de l'Etat a augmenté par rapport à l'an dernier. Il atteint aujourd'hui près de 81 milliards d'euros contre 79,8 milliards fin juillet 2015. Et pourtant, arrivée au pouvoir en 2012, la majorité de gauche avait mis le paquet en décidant des hausses d'impôts massives soi-disant pour réduire drastiquement le déficit public au motif qu'il fragilisait la position financière et diplomatique de la France. Cela n’empêche pas les cadeaux fiscaux électoralistes. Il aurait pu toucher aux 180 milliards d'euros des niches fiscales. En fait, c’est un jeu de compensations dangereux qui fait de notre fiscalité le pire des systèmes.
Ce très cher Macron.
De gauche, mais faut bien vivre. Il n’est pas candidat à la présidentielle, mais il était à Londres la semaine dernière pour lever des fonds. Très démocratiquement, il fallait sortir 7 500€ (sept mille cinq cent) pour déjeuner avec lui. De gauche, mais tendance poil de chameau ! Après on nous dira qu’il n’est pas propulsé par la finance internationale. En tout cas, sa démission continue de faire jaser. Certains ont évoqué Brutus à son sujet ce qui amène l’un de ses soutiens à dire : « Pour qu’il y ait Brutus, il faudrait qu’il y ait un César dans l’avion ». Pas gentil pour Hollande. Le mot de la fin revient à la Secrétaire d’Etat au Numérique (si, si, ça existe, on l’a vue à Angers), Axelle Lemaire (rien à voir avec notre Bruno) : « On ne juge pas une personne sur son image dans VSD, mais sur des résultats… ». Allez, on compte les points !
Il a osé le dire !
« Je veillerai à ne pas laisser abîmer la France dans les mois et dans les années qui viennent. » C’est de qui ? Du « Normal casqué à scooter » qui nous sert de Chef d’Etat. Il n’a vraiment pas peur du ridicule. Etre inconscient à ce point de l’état dans lequel il va laisser le pays, ça dépasse l’entendement. Alors on lui répond : « abîmer la France, c’est déjà fait mon gars ! ».
Curieux tout de même.
Lundi dernier s’ouvrait le procès Cahuzac. Pas reluisant pour la gauche. Mais en même temps, une fuite permettait aux médias d’annoncer le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bygmalion. Rideau de fumée ? Et bizarrement France 2 avec Elise Lucet programme un « Envoyé Spécial » sur la même affaire, pendant qu’une autre chaine évoque les relations Sarkozy/ Khadafi… Je ne crois pas au hasard. Le TSS bat son plein chez les juges et les gens de médias. Ils en ont rien à battre que ça n’arrange pas Hollande, ils ont fait une croix dessus. A moins qu’il ne s’agisse de blesser la « bête » (Sarkozy) pour qu’elle soit suffisamment affaiblie au moment de l’élection. Rien de nouveau. Simplement ne soyons pas dupes. On finirait par croire au « cabinet noir ».
L’économie en plein boom.
Ouais, mais c’est de l’Espagne (sans gouvernement) qu’il s’agit. Est-ce que cette absence de gouvernement en serait la cause ? La croissance espagnole est supérieure à la moyenne européenne, très largement supérieure même puisqu'on attend, tenez-vous bien, environ +3%. Mieux, le chômage a chuté et sera en dessous des 20% pour la première fois depuis 2010. Les exportations, avec le même euro que nous, battent un record historique absolu, et la consommation et les investissements sont en plein boom. De quoi faire rêver, non ? Rappelons tout de même que c’est quand même un peu grâce aux mesures mises en place par le PP de Rajoy. La droite quoi …
C’est triste.
7% des Français (peut-être 11%) sont encore illettrés. Pourtant, il parait qu’on a le système éducatif le meilleur du monde. Merci Najat !
Casting.
On connait les candidats à la Primaire de la Droite et du Centre : ils seront huit. On a évidemment les quatre qui mènent le bal : Sarkozy, Juppé, Fillon, Le Maire, les trois seconds couteaux de justesse : Copé, NKM, Mariton et l’extérieur du Parti Chrétien Démocrate, Poisson. Les autres sont recalés faute de parrainages suffisants. Il parait que Guaino veut casser la baraque en se présentant quand même. Stupide ! Promis, on y revient plus longuement lundi.