… face à face à nouveau (Charles de Gaulle)
Cette phrase célèbre du Général pour annoncer ce qui n’est plus une rumeur mais une certitude : le retour de Nicolas Sarkozy dans l’arène. Quelle forme l’annonce prendra-t-elle ? On apprend ici et là qu’il ferait sa rentrée sous la forme d’un entretien télévisé. Rachida Dati, dans une chronique au Figaro a plutôt bien planté le décor. Et ce n’est pas faire de l’antisarkozysme que d’affirmer que le come-back de l’ancien président sera bien plus malaisé qu’il ne le croyait encore il y a encore quelques mois.
Pour plusieurs raisons.
D’abord il n’en a pas fini avec la justice et d’ici 2017 les rebondissements judiciaires des affaires où on l’a impliqué risquent d’être nombreux avec la possibilité de le disqualifier, même si on peut avoir un doute sur leur fondement. De sorte que la stabilisation de l’UMP souhaitée par Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé et François Fillon pourrait bien ne pas avoir lieu.
Ensuite, il va faire son retour dans des conditions très différentes de celles qu’il aurait certainement souhaité. La conjoncture politique l’oblige à se déterminer très tôt et cela le conduit à être candidat à la présidence de l’UMP. Cela n’empêchera pas François Fillon, Alain Juppé, Xavier Bertrand et quelques autres de rester candidats à la présidence de la République dans le cadre de la primaire. Dans ces conditions, la présidence de l’UMP risque bien de se présenter comme un parcours d’obstacles et une corvée surtout parce qu’il lui reviendra de rééquilibrer les comptes du parti ce qui ne sera pas une mince affaire.
Enfin, il va falloir qu’en même temps il trouve le chemin de la reconquête des coeurs car toutes les enquêtes le montrent, il souffre aujourd’hui d’un problème d’image. S’il est à peu près assuré d’obtenir une large majorité des votes des militants UMP, les sondages indiquent régulièrement qu’il est rejeté par une majorité de Français. Il n’est plus question pour lui d’arriver et de vaincre, c’est-à-dire de surgir en prononçant quelques mots pour faire de lui le candidat incontesté de la droite. Ses concurrents, surtout Alain Juppé, semblent aujourd’hui mieux placés pour l’emporter contre le candidat de la gauche ou Marine le Pen.
Aussi, ce qu’il va dire dimanche sera déterminant.
Ce que les Français veulent, c’est un président capable de créer de la croissance et de l’emploi, et non le lyrisme d’une campagne pleine de mots mais sans contenu.
Il faut qu’il explique en quoi son quinquennat 2007-2012 a été positif et en quoi il a péché, ce que lui seul peut faire.
Il a beaucoup consulté ces derniers temps et si l’on en croit la presse, il veut « tout changer », l’UMP, son discours et même ses idées. Il sera très attendu sur son positionnement, la « droitisation » de sa dernière campagne ayant été partiellement incomprise par ses propres électeurs. Il veut, dit-on former un grand mouvement politique incluant la droite et tous les centres, ce qui était déjà la vocation première de l’UMP. Il faudra donc qu’il explique comment il compte faire cohabiter les différentes sensibilités dans une même formation.
Enfin, et c’est important aussi pour beaucoup de nos électeurs, Nicolas Sarkozy doit nous montrer qu’il a maîtrisé son caractère, qu’il a acquis la dignité qui convient aux fonctions auxquelles il aspire, en se passant de sa facilité triviale. Pour un homme censé lancer des réformes essentielles, il devra auparavant, faire la démonstration qu’il est capable de se réformer lui-même.
Ce qu’attendent les Français et la France.
Ce n’est pas un homme providentiel, mais un héros prêt à réaliser les douze travaux d’Hercule que nécessite le redressement de la France. On ne demande pas un raz-de-marée en sa faveur mais qu’il utilise son charisme et son sens du leadership, son énergie et son tempérament d’homme d’Etat pour s’atteler à la tâche.
Le mal français et ses remèdes sont désormais parfaitement connus. La France doit arrêter une stratégie de redressement qui lui permette de valoriser ses nombreux atouts au lieu de les stériliser ou de les mettre à la disposition de ses concurrents. Cela passe par cinq contrats entre lui, son gouvernement et la Nation.
En premier lieu, un « contrat productif » fondé sur la baisse des prélèvements sur les entreprises et sur un effort d’investissement et d’innovation.
Un « contrat social » assurant la sortie des 35 heures et la flexibilité du travail.
Un « contrat budgétaire » prévoyant de diminuer de 100 milliards sur cinq ans les 1200 milliards d’euros de dépenses publiques.
Un « contrat citoyen » réintégrant les jeunes et les français d’origine immigrée dans la communauté nationale. Ce qui implique au passage une définition de la place de l’Islam dans la République.
Enfin un « contrat européen », notamment avec l’Allemagne, qui impulse une spirale vertueuse aboutissant à une intégration renforcée de la zone euro.
Voilà décrit en quelques lignes qu’il faudrait évidemment développer, le chemin du redressement de notre pays. Les objectifs sont clairs et les modalités à trouver : il y faudra dialogue et souplesse, mais aussi fermeté et autorité. Nicolas Sarkozy a le profil, mais d’autres comme Alain Juppé l’ont aussi. Ce sera aux Français de choisir, le moment venu. En attendant, au travail !