LA BONNE DIRECTION
29 avril 2008
"Il faut sauver la réforme de l'école élémentaire" c'est le titre d'un point de vue très intéressant de Guy COQ, philosophe de l'éducation et auteur de "l'éloge de la culture scolaire", publié dans Ouest-France.
L'auteur se demande si l'ampleur de la contestation des lycéens vise la bonne cible. En effet, il souligne que les syndicats, quand les réductions de postes avaient été annoncées par le Ministre, avaient reconnu qu'il avait plutôt limité la casse. La polarisation de la contestation sur le Ministre pourrait bien être utilisée par certains pour déstabiliser la réforme de l'école élémentaire qu'il vient de rendre publique.
Or, nous dit le philosophe, la réforme est un tournant important. Ces nouveaux programmes sont une réelle amélioration. Elle pose clairement le principe du "libre choix des méthodes et des démarches" ce qui devrait séduire les enseignants qui peuvent se souvenir des tracasseries administratives de leur hiérarchie à propos des méthodes. L'horaire de Français est renforcé avec le retour de la grammaire, du vocabulaire et de l'orthographe ainsi que les exigences sur la conjugaison. Même chose pour les mathématiques qui mettent l'accent sur les "techniques opératoires". C'est de l'apprentissage des opérations et notamment de la division qu'il est question, comme des tables de multiplication, de la règle de trois et du calcul mental.
Certains dogmes sont remis en cause. Ainsi, on n'attend plus que l'enfant "construise ses connaissances". On réaffirme la priorité à la mise en place des automatismes de base sans lesquels rien de solide ne se met en place. On ne méprise plus la mémoire et l'entraînement soutenu. On redécouvrira les "grands principes de la morale".
Pour Guy COQ, un élan est donné dans la bonne direction . Enfin un Ministre ne reconduit pas la politique éducative initiée il y a près d'un demi siècle avec les effets pervers qui en découlaient. Les nouveaux programmes réagissent avec force contre les effets négatifs des anciennes politiques. Ils subiront l'épreuve du réel. Avant de critiquer, le philosophe conseille aux détracteurs d'attendre si cette nouvelle orientation améliore enfin les performances de l'école.
Cela n'a pas empéché "Jack", qui se croit toujours ministre de l'éducation, de monter au créneau avec sa grandiloquence habituelle pour clamer avec ostentation que c'était "une faute grave contre l'école". Evidemment, le père de l'usine à gaz des "itinéraires de découvertes", qui citait son expérience vécue de parent à travers le cursus de sa petite fille, élève d'un établissement parisien BCBG, ne peut pas comprendre que pour rendre service aux élèves des banlieues (et aux autres), il faut bétonner le basique. Et qu'apprendre, c'est d'abord un EFFORT.
Le SNUIPP est contre. Forcément, une réforme de droite. Il faudra bien appliquer les nouveaux programmes et s'habituer à la nouvelle gestion des postes qui laisse la place à des heures supplémentaires mieux rémunérées. Comme à l'avancement au mérite. Comme aux stages de soutien scolaire pendant les vacances.
La réforme, c'est aussi apprendre à se remettre en cause, et ça, c'est sûr, ce n'est pas facile.