MOTION DE ...POSTURE (ou d'imposture) !
08 avril 2008
L'opposition a déposé une motion de censure pour protester contre la décision du gouvernement de refuser le vote après la discussion sur l'envoi de troupes en Afghanistan. Elle a été repoussée, évidemment. Mais c'était surtout l'occasion pour François HOLLANDE de s'illustrer par un discours comme il les aime, avec toutes les outrances oratoires auquel le débat de ce genre conduit. Tout est bon pour s'opposer. Encore faut-il ne pas être trop amnésique. Il est amusant de voir que celui qui se réclame aujourd'hui d'une orthodoxie gaulliste "anti-américaine" appartient au même parti qui fustigea naguère le Général parce qu'il quittait le commandement de l'OTAN. Autre temps, autre moeurs, et vérité d'hier n'est peut-être pas bonne aujourd'hui. Justement, on peut se demander si le même raisonnement ne pourrait pas s'appliquer à la décision que vient de prendre le Président de la République. Ce qu'aurait fait le Général de GAULLE en pareil cas, personne ne le sait. Même Nicolas DUPONT-AIGNAN n'a pas la réponse, ou alors il a une boule de cristal....
Il y a en la matière deux questions qu'il faut séparer. La première consiste à savoir s'il faut associer le Parlement aux décisions du Gouvernement. La réponse du chef de l'Etat est venue en forme de pied-de-nez. Il a annoncé la décision d'envoyer 700 hommes en Afghanistan devant le Parlement anglais. Une façon de rappeler à l'opposition qu'elle s'oppose à la proposition de réforme constitutionnelle qui permettrait au Président de venir s'expliquer devant l'Assemblée nationale. Mais il est vrai que l'envoi de troupes supplémentaires, qui confirme l'engagement de la France, était l'occasion de faire le point sur la situation de l'OTAN dans ce pays et de repréciser les missions qui sont accomplies. Cela valait bien un débat. Encore aurait-il fallu que l'opposition de gauche n'ait pas pour seule préoccupation de chercher des épouvantails à agiter pour tenter de déstabiliser le gouvernement.
La seconde question porte sur les efforts que notre pays doit être prêt à poursuivre pour consolider une très fragile démocratie et surtout empêcher les talibans de reprendre pied. Et cela mérite mieux que le "courage, fuyons !" proposé par la gauche. De même le procès d'alignement sur les Etats-Unis est une querelle dérisoire quand il s'agit de l'OTAN. Et la gauche n'a aucune légitimité à mettre l'engagement français en Afghanistan sur le compte de relations entre G.W. BUSH et Nicolas SARKOZY. Faut-il rappeler que la guerre dans ce pays s'y fait dans le cadre d'une mission de l'ONU. François FILLON a bien ciblé la réponse en parlant "d'anti-américanisme primaire". Et en déposant une motion de censure, la gauche fait une gesticulation de plus. Une manière de nous dire que le 11 septembre ne compte plus, que l'amitié franco-américaine n'a pas de sens, et que le sort des Afghans nous importe peu, en tout cas moins que notre problème de pouvoir d'achat. Si ce n'est pas de la lâcheté, qu'est-ce que c'est ?
Et l'OTAN, ce n'est pas que l'Afghanistan. L'Europe et l'OTAN ont protégé les bosniaques musulmans contre la barbarie serbe, protègent aujourd'hui les Kosovars contre le même péril, protègent toujours la démocratie et la liberté de la Pologne, des Pays baltes... L'OTAN a besoin de l'Europe et de la France. La moindre des choses, à partir du moment où nos troupes sont engagées, c'est de se donner les moyens de participer aux décisions. Le processus de réintégration des chaînes de commandement a d'ailleurs été engagé sous la présidence de Jacques CHIRAC par Lionel JOSPIN. Il apparaît pour le moins paradoxal que la gauche se réclame du gaullisme pour dénoncer "l'atlantisme" de Nicolas SARKOZY. Pourquoi ne l'entend-on pas sur la constitution de la défense européenne à laquelle pourtant notre Président consacre beaucoup d'énergie auprès des Anglais et des Allemands ? Si ce n'est pas de la confusion, qu'est-ce que c'est ?
Il y a des débats qui frisent l'imposture. Démagogie, quand tu nous tiens ....
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