HISTOIRE

BRASSENS N’A PLUS RAISON !

Verger

Dans la « mauvaise réputation », Brassens disait  « Quand j’croise un voleur malchanceux, Poursuivi par un cul-terreux, J’lance la patte et pourquoi le taire, Le cul-terreux s’retrouve par terre » … Aujourd’hui, on n’en est plus au voleur de pomme à l’étalage. Les vols qui frappent aujourd’hui le monde rural sont d’une ampleur telle que nos paysans ne savent plus comment se prémunir. Plus question de trouver des excuses aux voleurs.

Rien à voir avec le chapardage de quelques garnements qui chipaient quelques cerises sur l’arbre, quand ce sont quatre tonnes de pêches qui disparaissent nuitamment. Ce sont des réservoirs de carburant siphonnés, des vergers mis en coupe réglée, des champs de légumes vidés de leur contenu, des troupeaux mis à mal avec les bêtes découpées sur place : autant d’actions qui supposent une organisation et des réseaux ; des préjudices conséquents dont les paysans ne sont pas indemnisés car les assurances ne couvrent que ce qui est enfermé dans les hangars, volé par « effraction » ou par « franchissement de clôture ». Allez mettre les hectares d’exploitations agricoles derrière des barbelés !

Le matériel aussi n’est pas à l’abri de ces exactions. Malheur à celui qui laisse son tracteur sous un hangar ouvert, à la concession qui expose ses engins dans un parc, derrière un simple grillage. Si pour les récoltes on n’hésite pas à venir avec des camionnettes, pour le matériel, ce sont des camions attelés à des remorques « porte-tanks » qui peuvent charger plusieurs tracteurs et qui filent aussitôt vers un pays de l’Est. Quand l’enquête débute, ils sont déjà loin !

Dans le sud-ouest, où l’irrigation des maïs par arrosage est courante, ce sont les fils de cuivre des puissants arroseurs qui font l’objet de la convoitise des malfrats, provoquant des dégâts coûteux.

 Vols de fruitsLa gendarmerie n’a pas assez d’effectifs pour faire face à cette nouvelle délinquance. Ici ou là, les agriculteurs ont tenté de mettre en place des surveillances tournantes. C’est à la fois aléatoire et dangereux, surtout pour les intéressés qui risquent de subir des violences et éventuellement des ennuis avec la justice. Aussi les exploitants en sont-ils à interpeler le Ministre de l’Intérieur et la FNSEA de demander l’aide des pouvoirs publics pour lutter contre ce nouveau fléau.

Et tout cela se passe dans l’indifférence générale. Nous serons peut-être les premiers à acheter de ces fruits volés, vendus au bord de la route, sans nous poser de questions sur leur provenance. Qui plaindra nos paysans ?  Cette catégorie de français est en voie de disparition. Les citadins savent peu de choses sur eux et de moins en moins. Notre pays a perdu un quart de ses exploitations agricoles en dix ans : une toutes les deux heures !!! Voilà une corporation qui connait quatre cents suicides par an.  Pour beaucoup d’entre eux, la course à la production, les aléas du climat, les prix trop souvent peu rémunérateurs, étaient déjà à la limite du supportable. La concurrence avec des pays aux coûts de production inférieurs aux leurs les met constamment sur le fil du rasoir. Ce nouvel avatar de notre société moderne vient s’ajouter : il est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Il est grand temps que nous prenions conscience du rôle essentiel que les agriculteurs jouent dans l’économie et le façonnement des paysages qui font la douceur de notre pays. Au moment où la Chine et l’Arabie s’arrachent les terres arables en Afrique et ailleurs, nous, nous continuons de détruire 26 mètres carrés de terre fertile chaque seconde au profit de l’urbanisation. Notre richesse pour une planète à neuf milliards d’habitants !

Il est grand temps que nous nous préoccupions de la protection de nos populations rurales, des vraies, pas de ces « rurbains » qui s’installent à la campagne et que le chant du coq gène, en valorisant d’abord une économie de proximité, créatrice d’emplois et de liens sociaux. Pas seulement. Il faut aussi que la PAC permette à nos paysans de vivre correctement de leur métier, mais c’est un vaste programme ! C’est aussi à l’échelle de l’Europe que le destin de notre agriculture se joue. Ce n’est pas Bruno Lemaire qui me démentira.

 


SOURIEZ, C’EST ENCORE L’ETE !

Vacancier

« UNE VRAIE TUERIE ! »

Voilà une expression surprenante par l’emploi qui en est fait. Pour les gens de ma génération, son caractère sanglant évoque quelque carnage ayant défrayé l’actualité, soit de meurtres aux multiples victimes, soit de faits divers guerriers dont nos écrans de télé sont le reflet et malheureusement trop encombrés. En d’autres temps elle aurait fait penser à quelques épisodes de la guerre de 14.

En fait, nous étions bien loin de tout ça. Nous savourions les agapes d’un repas savamment mitonné par l’hôtesse de maison, et nous avions abordé le plat principal, une blanquette de veau, me semble-t-il, dont nous nous délections en savourant un Hermitage blanc fort épanoui. C’est alors qu’un des convives s’écria : « ce vin, c’est une vraie tuerie ! ». Hors du contexte, ce propos aurait jeté l’effroi. Tout le monde comprit qu’il s’agissait d’exprimer une extase provoquée par le contact de ce blanc généreux avec les papilles de l’intéressé.

Voilà bien une expression hyperbolique en accord avec notre époque qui n’hésite pas à se vautrer dans les exagérations les plus « décalées ». A l’hyperbole se mêle aussi une sorte d’antinomie ou d’antiphrase. La tuerie évoque l’hécatombe mythologique, le goût du sang et par tant de la terreur, alors qu’il s’agit ici de manifester un enthousiasme affirmé, une allégresse des sens à cent lieues du sens premier. L’effet n’en est que plus … saisissant.

Serait-ce une manière spécieuse de contourner le péché capital qui se cache derrière ce néologisme : la gourmandise. En évoquant une condamnation affreuse, on voudrait la conjurer par ce moyen. On le concède : on n’a pas su résister. Mais en même temps, n’est-ce pas une invite à l’hôte de remplir à nouveau le verre de ce convive qui apprécie si bien le breuvage qu’on lui a réservé ?

Un verdict pareil se passe de commentaires. Ce vin est excellent. Il accompagne à merveille ce plat délicieux. « C’est une tuerie ! » : tout est dit ; l’adjectif « vrai » n’est là que pour couper court, bref, ça ne se discute pas. Et de fait, tout le monde d’acquiescer ! 

 

 


GRANDES AMBITIONS ET (TOUT) PETIT BRAQUET !

  Retraites

Il faut toujours remettre au lendemain ce qu’on n’a pas envie de faire le jour-même. C’est la belle démonstration que le sombre Ayrault nous a faite, entouré de ses petites mains Touraine, Lebranchu et Sapin. On mesure en effet le décalage entre les déclarations ronflantes débitées sur ce ton ennuyeux qui lui colle au discours comme le sparadrap sur le capitaine Haddock, et la réalité de dispositions qui ne touchent à rien d’essentiel.

 C’est un « Munich » des retraites tant le gouvernement s’est appliqué à baisser son pantalon devant les exigences des syndicats.

 Les dispositions adoptées par le gouvernement présentent deux caractéristiques : le simulacre de concertation qui camoufle la vitesse à laquelle l’affaire a été menée et l’absence de réforme profonde.

 Voilà un nouveau rafistolage qui s’appuie essentiellement sur les acquis des réformes Sarkozy de 2010 et Fillon de 2003 confortées par la même occasion, alors que la gauche avait promis de revenir dessus. Le reniement, c’est permanent.

 C’est surtout une occasion manquée de faire enfin le ménage dans un dispositif  usé jusqu’à la corde, illisible et au bout du rouleau. A son habitude, le gouvernement procrastine à merveille : les efforts sont reportés à 2020, autrement dit à perpète. Bien malin qui peut dire ce qui se passera d’ici là. En fait rien n’est réglé.

 Tout a été fait pour désarmer les syndicats qui, pourtant, en dehors de la CFDT (et pour cause, c’est elle qui a tenu la main du premier ministre), expriment leur mécontentement et confirment leurs manifestations du 10 septembre prochain. Surtout, rien n’a été fait pour l’équilibre des comptes à long terme. Mais cette stratégie politicosociale, qui ne fâche vraiment personne sauf le patronat, se fait au détriment d’une vraie et profonde réforme des retraites. Avec des risques pour les actuels et futurs retraités et pour la crédibilité de la France dans sa capacité à conduire des réformes structurelles.

Il n’y a pas de réforme.

Il ne s’agit pas d’une réforme, mais d’une sorte de rapiéçage comptable, destiné surtout à calmer le jeu social, et qui entérine toutes les injustices contenues dans le système : les régimes spéciaux ne seront pas alignés sur le régime général, les fonctionnaires continueront de bénéficier de leurs privilèges (financés par le secteur privé), la retraite des cadres, elle aussi menacée par un déficit qui, si les choses restent en l’état, porterait à 21 milliards le total des sommes à trouver, n’est même pas évoquée. Si c’est la justice !!!

On ne peut que s’interroger sur la portée réelle du plan annoncé mardi. D’abord, les régimes complémentaires de retraite qui relèvent des partenaires sociaux ont des déficits prévisibles encore à combler, de 4 à 6 milliards d’euros. Les 8,7 milliards d’euros de déficit des régimes de fonctionnaires équilibrés par subventions sont et continueront d’être financés par le budget de l’Etat. Comment ? Sans doute par de futurs nouveaux prélèvements ou des coupes à venir dans d’autres dépenses publiques. Les cotisations vieillesse augmenteront de 0,15 % en 2014, puis de 0,05 % pendant les trois années suivantes, soit un total de 0,30 % en 2017 ; la hausse des cotisations vieillesse rapportera 4,4 milliards d’euros sur les 7,3 qui manqueront à l’appel dans quatre ans. On ne sait pas d’où viendront les trois milliards de recettes en moins qui décrédibilisent les comptes établis par le gouvernement. Quoi qu’il en soit, ces recettes prévues par le plan correspondent simplement au déficit du régime privé de base et régimes assimilés. La somme paraît importante, mais elle n’est que le quart du produit de la réforme de 2010. Ensuite, d’ici à 2020, tout sera financé par des hausses d’impôts ou de cotisations. Aucune mesure complémentaire portant sur les fondamentaux des régimes de retraite, âge de départ et/ou durée de cotisation, n’est prévue. Bien au contraire, de nouvelles dépenses sont décidées, pour preuve triomphante du souci social de l’État, comme le compte pénibilité qui va être mis en place en 2015, dont l’effet immédiat sera d’alourdir le besoin de financement, mesures qui servent de paravent pour vanter une réforme « juste ».

Les entreprises sont particulièrement touchées, sans que les engagements pour une réforme du financement de la protection sociale soient précisés, au-delà de 2014. Dans ces conditions, où est passée la priorité reconnue à la compétitivité des entreprises ?

Une occasion manquée.

Au-delà de 2020, le gouvernement a décidé de prolonger la loi Fillon sur l’allongement de la durée de cotisation qui passerait de 41 années ¾ en 2020 à 43 ans en 2035. En 15 ans ! La vérité est que la seule mesure vraiment efficace, déjà prise en 2010 et qu’il faut poursuivre pour réduire les déficits des régimes de retraite, est le report de l’âge de départ, dont on se demande pourquoi il est à priori écarté par le gouvernement jusqu’à 2040, alors qu’il est mis en œuvre par la plupart des autres gouvernements européens. Rappelons que dans la réforme de 2010, la mesure de report de l’âge à 62 ans, outre qu’elle a brisé le tabou des 60 ans, rapporte 22 milliards d’euros par année en 2020, soit presque trois fois le montant des prélèvements décidés mardi. Pourquoi ne pas avoir porté l’âge de départ en retraite à 63 ans en 2020 et à 65 ans en 2025 ?

Qui peut croire que les régimes de retraite seront sauvés grâce aux placebos prescrits par le gouvernement. Il s’agissait seulement de gagner du temps et de reporter les échéances financières à 2020. Après moi, le déluge !

Où est passée la réflexion sur une réforme systémique, par la mise en œuvre d’un régime unifié de retraite par points ? La loi de 2010 avait expressément prévu que le débat serait mené en 2013. Il est tombé dans les oubliettes. Plus modestement, il n’y a pas de nouvel effort de rapprochement entre les régimes privés et publics.

Au-delà des mesures « sociales » prévues, la vraie justice consisterait à consolider réellement les régimes de retraites et à harmoniser les situations du public et du privé. Non seulement le gouvernement présente un projet totalement dépourvu de vision et d’avenir, mais il perd une occasion sans doute unique d’attacher une réforme historique au mandat du pingouin. Seule la gauche pouvait conduire une telle réforme, elle seule pouvait l’imposer aux syndicats. Évidemment, si le but de l’action politique est que le gouvernement ne doit pas avoir d’ennuis, l’absence de courage de nos dirigeants ne surprendra personne.

 


SOURIEZ, C'EST L'ETE !

  Vacancier

C’EST PAS POUR DIRE !

Qui n’a pas prononcé un jour cette formule de prétérition toute faite ? Elle a ses concurrentes : « je vais te dire », « je ne te dis pas », « c’est pour dire » ou encore  plus insistante : « c’est dire » ! Sans oublier "j'ai envie de dire", comme Yves Calvi ! Tout cela pour annoncer quoi ? Cela dépend.

« C’est pas pour dire… », ben si, justement !

Comme formule d’insistance, elle sert parfois à faire un constat plutôt admiratif, sur lequel on veut marquer son approbation ou une satisfaction. Elle arrive au milieu du récit pour émailler le langage et tenir en haleine l’interlocuteur. « L’autre jour, je regardais les championnats du monde de natation, c’est pas pour dire, mais Agnel a fait une course extraordinaire, il était vraiment au-dessus du lot ! »…. La particularité de l’expression c’est qu’elle est presque toujours suivie de mais.

Tout est dans le mais !

Le plus souvent quand la phrase commence par « c’est pas pour dire », la médisance n’est pas loin. Voilà une des causes de son emploi fréquent, cet exercice étant chez nous un sport national très prisé. Elle sert à gommer l’effet de mauvaise conscience. Une fois la précaution de langage prise, nous voilà libéré pour tailler le costume qui va habiller pour l’hiver. C’était la formule consacrée de la concierge qui entamait tous ses bavardages par ce rituel. Mais ne sommes-nous pas, aujourd’hui, tous des concierges. La multiplication des médias y est pour quelque chose : radio, télé, internet, journaux, magazines nous fournissent en continu de la matière première à commenter, « à dire » !

« C’est pas pour dire, mais… »

La formule peut être mise à toutes les sauces. Elle s’adresse forcément à une oreille compatissante. Elle permet de dénoncer les méfaits de ce voisin qui fait pisser son chien contre votre haie, ou qui gare mal sa voiture « exprès ! », elle annonce un jugement définitif sur la météo et ces saisons qui décidément ne sont plus ce qu’elles étaient, elle accompagne les jugements à propos de l’article lu dans le journal local à la rubrique « chiens écrasés » et permet de pester contre ces incivilités qui nous concernent tous en général et pas vraiment en particulier, elle distille la mauvaise humeur déclenchée par l’annonce d’une nouvelle hausse d’impôts décidée par le gouvernement… Et que sais-je encore. L’actualité nous fournit en abondance des prétextes à « c’est pas pour dire… »

Bref, on a envie de dire du mal, et comme « c’est pas bien », on prend cette précaution oratoire en guise d’excuse. C’est la formule bien pratique des faux-culs que nous sommes à nos heures. Mais c’est tellement délicieux d’épancher sa bile ou son mauvais esprit. Cela vaut bien un « c’est pas pour dire » ! 

 


SOURIEZ, C'EST L'ETE !

Tuer le temps

 TUER LE TEMPS

Voici venir le mois d’août pendant lequel de nombreux Français vont se livrer à leur sport favori : « tuer le temps ». Depuis quelques jours déjà, ils ont soigneusement répertorié leurs armes pour être sûr de ne pas rater la cible. La paire de tongs, le drap de bain ou serviette de plage, les lunettes de soleil pour mieux viser, le flacon d’ambre solaire dont il faut s’enduire pour approcher le gibier. Certains se munissent d’armes lourdes : chaise longue, tente parasol voire cabine d’affût en dur.

La chasse au temps qui passe se pratique de multiples façons. On peut le tuer à l’heure du pastis avec les amis, à la plage en lisant un bon polar, sur la place du village avec une bonne partie de pétanque, en profitant d’une mer d’huile pour faire la planche ou simplement allongé sur le sable à se faire dorer le cuir. Le principal c’est de tromper l’ennui, principal allié du temps qu’on veut tuer.

C’est qu’en cours d’année, on a rarement l’occasion de « tuer le temps ». On court plutôt après et on n’arrive pas à le rattraper. Pourquoi ? Voyons, tout le monde sait bien que « le temps c’est de l’argent » ! (Alors pourquoi vouloir le tuer ?) Il importe donc de l’utiliser au maximum de façon à ne pas s’apercevoir qu’il passe. Il n’y a que lorsqu’on n’a rien à faire qu’il se met à s’écouler lentement et à nous narguer, de telle sorte qu’on a rapidement envie de le tuer… en se trouvant une occupation.

« Tuer le temps », n’est-ce pas tirer le fil sur le bobineau de la vie, pour arriver plus vite au moment d’après, sans penser qu’une fois tout débobiné… Là, on touche à l’angoisse profonde de l’être humain dans son rapport avec le temps. Pourtant, nous ne pouvons pas tuer le temps : cela voudrait dire qu’il s’arrêterait. C’est impossible ! Nous ne tuons que des parcelles de temps, des moments. D’où cette course sans fin pour s’enivrer, l’oublier, car nous avons tous conscience que chaque minute qui passe nous rattache à notre destin de mortel. Tous les moyens sont bons pour occuper ces tranches de vie avec de multiples activités : on est capable de courir pour courir, de suer pour suer, lire, rêver, « ipader » à longueur de temps, le tout étant d’échapper à la vacuité de l’inoccupation, autrement dit l’ennui. C’est lui l’ennemi en fait. C’est avec lui que nous sommes pris de langueur, d’angoisse existentielle, ce que d’aucuns nommaient le « spleen ».

Avez-vous remarqué comme une période occupée pleinement passe bien plus vite que la même si on n’a rien à faire ? Einsten en a conclu à la relativité du temps. Et pour accentuer la torture, rendre l’ennemi bien visible, l’Homme a inventé la pendule. Essayé de vous passer de votre marqueur de temps : vous y reviendrez toujours. L’heure est présente partout : au poignet, dans les bistrots, au fronton des gares, sur votre portable, sur le tableau de bord de votre voiture… C’est du masochisme.

Pour mieux tuer le temps, on l’a matérialisé concrètement. Mais c’est un mirage : tirer sur la pendule n’empêche pas le temps de continuer son cheminement. Vous perdez votre temps, et le temps perdu ne se rattrape pas. On peut tout juste partir à sa recherche avec Proust… si vous aimez les madeleines.

En écrivant ces lignes je n’ai pas vu le temps passer. Je n’ai donc pas perdu mon temps !

 

 


SOURIEZ, C'EST L'ETE !

UNE BONNE DOUCHE, CA FAIT DU BIEN !

Vous avez bien trimé dans le jardin et la chaleur de juillet vous a bien fait suer. Ou alors vous avez décidé de ranger le grenier et depuis le matin, vous fourgonner au milieu des « amis de trente ans » et plus dont on hésite encore à se séparer,  et le lieu transformé en four a fait de vous un être mi-liquide, mi-solide, sans bien savoir où se trouve la frontière.  A moins que vous n’ayez décidé de perdre une partie de cette ceinture abdominale qui noie votre sobre musculature, par une série d’exercices appropriés et forcément, la première réaction du corps c’est de perdre son eau… Bref, les occasions de suer ne manquent pas. C’est alors que le passage sous la douche s’avère vraiment bienvenu.

C’est à la sortie que la phrase vient comme une manifestation de satisfaction physique qu’elle traduit pleinement : « Une bonne douche, ça fait du bien ! ». Il ne s’agit pas d’en signifier la rareté et d’en souligner la fonction de décrassage, ce qui de nos jours, serait une incongruité. Non, non, c’est plus épicurien. C’est le plaisir à l’état pur de sentir son corps propre, la peau adoucie par le savon liquide, les muscles soudains détendus, l’odeur de propre qui va avec et sans laquelle il n’y aurait pas cette sensation de bien-être. Peut-être cela tient-il à la fonction massante du jet projeté sur la peau. Alors que le bain amollit, la douche revigore.

C’est aussi une manière de dire qu’un événement  a remis les idées en place. « Une bonne douche, ça fait du bien ! », je l’ai entendu prononcer par une amie ministre répondant à son interlocuteur qui évoquait devant elle telle défaite électorale inhabituelle d’un élu du coin. En plus du constat, l’expression ajoute alors une note ironique à l’égard du personnage concerné. Peut-être était-il un peu trop sûr de lui, comprend-on.  A moins qu’il n’y ait ici une forme de rivalité, toujours présente en politique, qui se manifeste sous la forme d’une boutade. On traduit alors : « Mon petit père, ça t’apprendra, moi, j’y suis passé avant toi ! ». Transposable à toute situation acquise d’avance et sanctionnée par un échec avéré.

Quoi qu’il en soit, douche physique qui procure du plaisir, ou douche morale qui dissout les espoirs conçus, il y a un effet bénéfique. Dans le premier cas, elle a effacé des heures d’efforts, les courbatures qu’elles ont engendrées. Dans le second, elle permet de retrouver l’humilité et la modestie face à l’échec, qualités essentielles pour se remettre en cause et repartir du bon pied.

Oui, « une bonne douche, ça fait du bien ! »

 


SOURIEZ, C'EST L'ETE !

 LES SALADES SONT BONNES !

Qui n’est pas allé au fast food, Mac Do ou Quick… Chez les adultes, il n’est pas toujours facile de faire avouer qu’on a cédé aux petits-enfants, qu’on a fait une entorse aux principes, et qu’on est allé se restaurer dans l’un de ces temples de la mal’bouffe, comme on dit. En en ne sachant probablement pas que c’est au pays de la gastronomie qu’on en trouve le plus. Si, si !

Il est aussi de bonnes raisons. Quand on est en route et qu’on ne veut pas perdre de temps, c’est encore là qu’on peut se nourrir dans des délais compatibles avec le timing prévu du voyage. Il faut reconnaître que c’est une réalité. Celui qui se laisse tenter par un p’tit resto bien traditionnel à la cuisine familiale bien léchée s’en prend pour une bonne heure et demie. La cafétéria de grande surface est une autre alternative, avec des aléas qu’on ne maîtrise pas toujours quant à la qualité des mets. Le rapport qualité-prix n’est pas le même non plus.

Aussi, la pause type « Mac do » n’est pas sans intérêt. Si elle s’effectue avec des enfants, l’excuse est toute trouvée. D’ailleurs, le succès est garanti et la cote des grands parents monte aussitôt de plusieurs crans s’il en était besoin. Sinon, on peut toujours préciser : « Les salades sont bonnes ». C’est ainsi faire la concession en en montrant les limites. Le péché inavouable est en effet de s’abaisser à ingérer ce chef d’œuvre de déséquilibre alimentaire que constitue un « big Mac ». Dans un pays ou « manger équilibré » est devenu une obsession, le « hamburger » est montré du doigt : c’est le mouton noir.

« Les salades sont bonnes ». C’est aussi la vérité. La composition en fait un repas quasi complet, et l’on n’est pas obligé de consommer les sauces sucrées qui sont servies avec dans leur petit cube conditionné. On peut ajouter quelques nuggets et l’inévitable pochon de frites… C’est céder à la gourmandise, car rien n’oblige à les ajouter, la portion de salade étant correctement dosée. Si on précise en plus un effort pour « hexagoniser » les composants, on se sent tout de suite moins coupable.

Cela n’empêche pas que vous trouviez de temps en temps devant un incorruptible qui vous assénera son : « moi, je n’y ai jamais mis les pieds ! ». C’est là que la parade est toute trouvée : « Les salades y sont bonnes » ne vous rend pas complètement condamnable puisque vous vous êtes contenté d’un plat bien de chez nous : la salade composée. Tant que vous n’avez pas cédé à l’empilage de ketchup, de viande hachée, de lamelles de fromages et de je ne sais quoi d’autre, vous pouvez espérer échapper au jugement définitif qui vous relèguerait dans la catégorie des personnes sans goût, des propres à rien prêts à abandonner les canons de notre gastronomie nationale.

Il n’empêche ; vingt-cinq minutes après, vous ressortez avec la panse satisfaite et le sentiment de ne pas avoir trop mal mangé. C’est déjà ça ! Ce n’est pas toujours le cas après le détour par une gargotte.



ALLEZ COMPRENDRE !

 

Quelques brèves.

On ne touche pas... aux requins, on ne touche pas au gaz de schiste mais on va toucher à l’embryon humain. Cherchez l’erreur ! On recherche surtout le bon sens.

Ah le bac 2013 ! Quel score ! Il est fort Peillon, non ? Il suffit qu’un ministre de gauche arrive pour que la réussite soit au rendez-vous, avec un pourcentage historique de 86,8 %. Les mauvais esprits font une relation avec les consignes de surnotation qui ont été données. Une seule ombre au tableau : les mentions qui constituent une grave discrimination pour les élèves les moins favorisés … bien que l’examen soit anonyme.

Comment, en voulant économiser 1 milliard d’euros, on en perd 5 ! C’est ce qui arrive avec la dégradation du cadre fiscal des services à la personne. Une étude très sérieuse démontre qu’une augmentation de 10% du prix horaire, le volume baisse de 10%. Un glissement évalué à 170 000 emplois d’ici 2016. Il faudra expliquer ça à notre sombre Ayrault.

Médiapart dénonce l’emploi par Marine Le Pen de Louis Aliot comme assistant parlementaire payé par le Parlement européen, sous prétexte qu’il serait son « concubin », ce qui est formellent interdit par le règlement de l’institution européenne. Celle-ci rétorque qu’il s’agit d’une relation informelle et qu’elle n’est ni mariée, ni pacsée, ni en vie commune avec l’intéressé. Tout comme la courtisane de l’Elysée, en fait. Mais on attend encore que Médiapart s’en émeuve. On se demande bien pourquoi. Serait-ce parce que M. Plenel est un ami du Président ?

Le pingouin dinait hier soir avec une centaine de journalistes qui le suivent au jour le jour. Une première pour la République. Peut-être aurait-il pu leur annoncer que pour faire des économies et aussi pour rétablir la justice avec les autres contribuables, il mettait fin à l’exonération professionnelle qui leur est (généreusement) accordée. On peut toujours rêver. Il tient trop à ses cireurs de pompes.

La paille et la poutre, nouvelle version. Pour Le Foll et Bachelay, l’UMP souffrirait d’un « déficit de valeurs » et ferait de ce fait le lit du FN. En voilà deux qui n’ont pas bien observés les résultats des scrutins partiels où il s’avère que ce sont les électeurs de gauche qui ont fait monter le parti d’extrême droite au 2ème tour. Un raisonnement tellement confortable et qui évite surtout de se remettre en question.

 


SOURIEZ, C'EST L'ETE !

Mode  bizarre

TU NE VAS PAS SORTIR COMME CA !

On le sait, l’image qu’on donne de soi, ce n’est pas quelque chose d’anodin. Elle participe de notre personnalité. Elle contribue à façonner l’idée que les autres se font à notre sujet. Le style vestimentaire évidemment compte beaucoup. On a beau dire que l’habit ne fait pas le moine, le jugement d’autrui se fait encore beaucoup sur les apparences.

C’est pourquoi je pense que les femmes sont très sensibles à cet aspect des choses et veillent plus que les hommes, peut-être, à leur tenue vestimentaire, en plus des efforts qu’elles font pour agir physiquement sur leur silhouette.

Sans faire de généralités abusives, il me semble que les hommes sont moins attentifs à cet aspect des choses. Laissons de côté la part du physique contre laquelle on ne peut rien. La nature n’est pas toujours indulgente avec le genre humain. Cela n’empêche pas de s’habiller correctement et avec goût. C’est sur ce point précis qu’intervient, généralement, le jugement féminin.

« Tu ne vas pas sortir comme ça ! » : la sentence vient de tomber. Pourtant je me trouvais correctement vêtu. Il y a des critères qui échappent à l’entendement masculin. Est-ce cette trop vieille chemise un peu défraîchie que je garde et que j’affectionne pour son tissu agréable à porter qui ne fait pas l’affaire ? C’est vrai, elle fait un peu misérable, mais enfin, nous ne rendons pas visite au roi d’Angleterre ! Une autre fois ce sont ces chaussures si souples mais un peu avachies qui ne font pas l’affaire. Ou encore la couleur du pantalon qui n’est pas suffisamment assortie avec la veste…

C’est curieux, mais à chaque fois, je sens pourtant que ça ne va pas le faire. Une sorte de pressentiment, à moins que ce ne soit l’habitude… et le goût de la provocation. Mais je suis tenu à l’œil ! Impossible de passer la porte d’entrée avec un peu de laisser-aller.

« Tu ne vas pas sortir comme ça ! ». C’est une condamnation morale en même temps qu’une exigence. On aurait pu dire : « Tu n’as pas honte de toi ? », ou « Tu ne te vois pas ! » ou « Qu’est-ce qu’on va penser de toi ? ». A bien y regarder, on pourrait être tenté de s’en « foutre ». On a bien le droit au relâchement, et quand je vois l’accoutrement des jeunes d’aujourd’hui, pantalons sur le bas des fesses et « raie à l’air » ou presque, je me dis que même avec une faute de goût, je suis encore bien loin de donner une image aussi déprimante de ma personne.

Mais, une fois que la sentence est tombée, il n’y a plus de choix. Sans chercher plus loin, il faut aller corriger le défaut : changer le pantalon qui jure, abandonner les chaussures si confortables mais qui font « plouc » pour de plus belles qui font mal aux pieds, enfiler une chemise plus adéquate…

Enfin, j’aurais tenté le coup. Pour autant, peut-on en vouloir au cerbère qui veille jalousement sur votre amour-propre pour le maintenir au bon niveau ?

 


SANS CONTESTATION, JE SUIS UN GARCON !

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Né XY, et cinquième et dernier de la fratrie, j’aurais pu être XX. Tout du moins c’est ce qu’espéraient ma grande sœur et ma mère, vu qu’il y avait déjà trois garçons. Je vous parle d’une époque où l’on ne connaissait le sexe qu’à la naissance. Je me vis attribuer Daniel comme prénom, choisi par ma sœur, probablement en hommage à la star d’alors, Danielle Darieux. Et je dois dire qu’elle a dû bien jouer à la poupée avec moi, à voir sur les photos de l’époque, les jolies bouclettes blondes et le rouleau sur le dessus de la tête, dont j’ai longtemps été affublé ; d’ailleurs les personnes non averties me prenaient pour une fille. J’étais aussi, parait-il, très mignon. En suivant les préceptes de Mme Belkacem et de la théorie du genre, j’aurais normalement dû virer homo.

En fait j’ai vécu mon enfance et mon adolescence dans un univers au matriarcat affirmé et assumé, avec une mère de caractère. En matière de stéréotypes sociaux, j’ai été servi. Certains penseurs d’aujourd’hui me considéreront donc comme « aliéné » par mon éducation. Je pense au contraire que c'est comme ça que je me suis "construit". La vie et l’évolution des mœurs ont fait ensuite que je me suis adapté à l’environnement social, et ne croit pas être totalement décalé par rapport à l’environnement actuel entre homme et femme dans un foyer. Enfin, n’exagérons rien : autant que possible.

Mais je refuse d’être un être débarrassé de mes oripeaux sociaux, ceux dont je me suis affublé petit à petit, même s’ils ont été, comme on dit « socialement induits ». Je refuse d’être un individu dégriffé, transparent, sans caractéristiques humaines et sociales, et particulièrement celles qui touchent à mon sexe : né avec « pompe et sacoches ». Il n’est pas question pour moi de nier ce que la biologie a fait de moi et que je n’ai pas choisi, parce que je n’y peux rien. Je suis né mâle. Et comme tel, j’ai toujours été attiré par les filles, pour jouer au papa et à la maman, ensuite pour jouer au docteur, puis pour flirter. Le parcours d’un garçon ordinaire né d’un embryon XY, avec un cerveau titillé par la testostérone, cette hormone du mâle qui a alimenté mes jeux guerriers, et plus tard concouru au développement de ma pilosité et de ma libido.

Je n’ai pas de regrets quant au fait de ne pas avoir vu pousser ma poitrine. Je préfère admirer celles du sexe opposé. Le point de vue extérieur me semble meilleur à tous égards. Et tant pis aussi, si faute d’oestrogènes et de progestérone, mon comportement manque de grâce et mes formes d’harmonie. Inutile de se poser la question de savoir pourquoi un cul féminin est généralement plus beau qu’un cul masculin : c’est comme ça, et vous me direz que c’est un point de vue d’homme. Tout est là ! Le monde dans lequel je suis né,  j’ai vécu et évolué, m’a déterminé et défini tel que je suis. Vouloir me séparer de ce monde, c’est vouloir m’empêcher d’exister comme un humain.

Le projet de réduire à tout prix l’homme à la femme et vice-versa, au-delà du constat biologique, n’a aucune justification à mes yeux. Les généticiens, les endocrinologues nous l’expliquent très bien : le cerveau vit sous influence hormonale liée au sexe. Cela n’empêche pas de plaider pour l’égalité et l’égalité ne doit pas faire disparaître l’altérité.

Que voulez-vous, la biologie est têtue, et n’en déplaise aux théoriciens du genre qui voudraient gommer toutes distinctions entre les deux sexes, les hommes et les femmes présentent des similitudes structurelles mais aussi des différences irréductibles. Les avancées en génétique, en imagerie et en hormonologie démontrent que les comportements masculins/féminins ont des caractéristiques spécifiques non façonnées uniquement par des stéréotypes d’ordre social.

La part de l’inné et de l’acquis : vieux débat. Mais avec la théorie du genre, vieille lune née dans les années trente en Californie et qui atterrit maintenant chez nous, on touche le fond de la cocasserie, pour rester poli. Foin de cette pseudo-révolution culturelle qui voudrait faire émerger un être nouveau, libre de tout choix, livré en kit à monter soi-même, ni garçon, ni fille –je choisirai plus tard-, en dehors de toute réalité dans une vision idéologique de l’humain. L’être humain, ce n’est pas une idée, c’est de la chair, des os et … de la chimie ! Et le fait que la nature produise parfois des variations qui expliquent par exemple l'homosexualité ne change rien au problème.

On va me traiter de « réac », c’est sûr. J’assume. Quand un pouvoir veut imposer à un peuple des âneries avérées, il ne faut pas se contenter de résister. Il faut se révolter !


LE DOSSIER DES RETRAITES (volet 2)

Vacancier

Un rafistolage de plus, et pour combien de temps ?

Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) préconisait dans son rapport trois options à combiner éventuellement pour revenir à l’équilibre en 2020 : augmenter le taux du prélèvement global de 1,1 point (cotisations retraites), baisser de 5% le niveau des pensions moyennes actuellement versées et décaler de 9 mois supplémentaires l’âge effectif de départ à la retraite (soit un an et 9 mois de plus par rapport à 2011).

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Le rapport Moreau va plus loin. Il propose un cocktail de mesures qui visent à la fois à combler le déficit et à financer des mesures nouvelles dites d’équité sur la pénibilité et la réduction des inégalités hommes-femmes… On retrouve des préconisations du COR comme l’allongement de la durée de cotisation à 43 voire 44 ans, la baisse des pensions par l’augmentation de la CSG ou la suppression de l’abattement de 10% ou la sous-indexation temporaire des pensions ou la fiscalisation de la majoration de 10% pour famille nombreuse, la hausse des cotisations patronales. Il ajoute une révision du mode de calcul des pensions des fonctionnaires plébiscitée aujourd’hui par l’opinion publique. Des pistes de bon sens mais que l’application douloureuse rend politiquement insoutenable pour un gouvernement de gauche, quand il s’agira de toucher aux fameux « avantages acquis ».

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L’acceptabilité sociale de ces mesures amères serait fournie par des compensations telles que la réduction par le bas des inégalités hommes-femmes en réformant les avantages familiaux liés au nombre d’enfants qui profite plus aux hommes et aux pensions élevées, par des mesures sur la pénibilité, très attendues par la CFDT, en créant, par exemple, un compte-temps abondé en points aux multiples objectifs (formation, temps partiel, …), par une homogénéisation des conditions de reversion…

 Mais tout ceci n’est que du rafistolage d’un système à bout de souffle faute de croissance et d’une démographie favorable. La réforme vers laquelle on s’engage, on le voit bien, ne traitera pas de la nature du système. On écarte notamment, pour des raisons idéologiques, tout recours à la capitalisation. Or, s’en remettre à un unique gérant en la personne de l’état, dont la crise de la dette souveraine nous montre assez bien qu’il n’est pas exempt de défaut, n’est pas de nature à rassurer sur la pérennité de la répartition.

Aller vers un système plus simple et plus lisible.

L’écart des pensions entre le public et le privé est devenu en apparence insupportable, de même que le mode de calcul pour le public est perçu comme un privilège. La pension moyenne versée à un fonctionnaire d’état est d’un tiers supérieur à celle d’un salarié. Si rien ne change, l’écart persistera et se creusera.

Les différences s’expliquent par l’absence de périodes de chômage chez les fonctionnaires et les règles de calcul y sont comme on sait, plus favorables (prise en compte des six derniers mois contre vingt-cinq meilleures années). De plus, les régimes Agirc et Arrco ont été redressés pour équilibrer les comptes ce qui fait que les salariés du privé doivent payer plus cher pour obtenir le même niveau de pension, et dans les trois prochaines années, les complémentaires progresseront moins vite que l’inflation.

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Réaliser la convergence public-privé n’est pas une mince affaire, compte-tenu de la diversité des statuts de la fonction publique. Les écarts entre des régimes relevant d’activités différentes rendent les comparaisons vaines. Il n’est pas interdit toutefois de progresser pour réduire l’écart. Les règles ont déjà été rapprochées : même âge d’ouverture des droits, mêmes durées de cotisations,  mêmes modes de revalorisation. Nos systèmes de retraite divergent par nature. Financés par des cotisations sur les revenus du travail, ils reflètent tous des mondes distincts dans lesquels les durées des carrières, les salaires, les protections face aux aléas n’ont que peu de points communs. Il faut savoir aussi que l’intérêt financier reste limité : les experts ont évalué à 2 milliards d’euros le gain que permettrait la convergence, c’est ce que coûterait à l’état l’intégration des primes des fonctionnaires dans le calcul de leur pension. Les grands perdants étant les enseignants qui n’ont pratiquement pas de primes.

Réaliser d’abord l’équité public-public est un objectif qui se suffirait déjà à lui-même et un préalable indispensable. Il est porteur de réformes lourdes à mener si on voulait parvenir à une simplification de la trentaine de régimes différents selon les statuts. La fin des « régimes spéciaux », notamment, est devenue une exigence d’équité. Le cas le plus emblématique de cette inégalité est celui des retraités de la SNCF qui est l’un des plus avantageux parmi les « régimes spéciaux ». La pension moyenne devrait presque doubler dans les cinquante ans qui viennent !!! Sur le fond, l’âge de départ et le niveau des pensions sont les deux pierres d’achoppement. Mais on connait la réactivité des bénéficiaires de ces régimes.

Il faudrait un système général au financement diversifié. 

La sagesse serait de diversifier les sources de financement et de simplifier le dispositif complexe de 33 régimes différents. Pour appliquer le principe : « à carrière égale, retraite égale », il faut faire la convergence totale entre public et privé, supprimer les régimes spéciaux, et permettre le comblement du décalage entre les pensions du public plus élevées en moyenne de 10% que celles du privé par une désindexation de ces pensions jusqu’à ce qu’elles soient au même niveau. Pas évident !

Au-delà, il n’est pas interdit d’ébaucher un dispositif qui reposerait sur trois piliers indépendants : répartition pour le socle, capitalisation collective, capitalisation individuelle. Chaque pilier ayant ses vertus et ses risques, leur combinaison aurait l’avantage  d’amortir les aléas éventuels de l’un ou de l’autre.

La répartition, c’est la solidarité nationale. Par exemple, le revenu minimum des personnes âgées ne peut se concevoir que fondé sur l’entraide intergénérationnelle qui procède du principe de répartition.

La capitalisation collective : c’est un système de prévoyance professionnelle auquel on assigne l’objectif d’assurer le maintien du niveau de vie, la cohérence entre les revenus de la vie active et ceux de la retraite. Elle pourrait prendre la forme d’un fonds de réserve qui se remplit pendant les périodes de croissance, d’une épargne salariale ou de fonds de pension français.

La capitalisation individuelle : c’est le complément volontaire de prévoyance, qui existe déjà chez les fonctionnaires avec la « Préfon », et qui peut être variable selon les besoins du cotisant.

Pour donner un exemple de capitalisation afin d’en comprendre l’intérêt : un placement de 100 euros à 4% prend une valeur de 128 euros en 5 ans, double en 14 ans et triple en 22 ans,  par la loi des « intérêts composés ». Si l’on capitalisait la totalité des cotisations actuelles, le retraité toucherait en pension une fois et demie son dernier salaire. On est loin du taux de remplacement actuel qui est de 60%. Et la perte en capital subie par un smicard dans le système actuel représente 250 000 euros en moyenne. Ce sont des données qu’il faut connaitre, tout en les relativisant. Mais c’est pour cela que ceux qui ont les moyens souscrivent des assurances-vie.

Quoi qu’il en soit, au moment de faire ses choix, le gouvernement ne devrait jamais perdre de vue qu’un devoir d’équité l’emporte sur tous les autres : c’est, vis-à-vis des jeunes générations, de vite cesser de financer nos retraites par plus de dette ou par plus d’impôt.

 


LE DOSSIER DES RETRAITES (volet 1)

Retraites

Voilà les éléments pour faire le point.

Nous pouvons avoir de bonnes raisons de douter de la détermination du gouvernement de faire une réforme viable du financement des retraites. On pourrait aussi s’amuser de voir celui qui annonçait doctement en mars 2012 : «  je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là ». Effectivement il a mis en œuvre l’engagement 18 de sa campagne. Mais par retour de boomerang, le voilà dans l’obligation aujourd’hui d’expliquer l’évidence : l’allongement de la durée de la vie nécessite de cotiser, et donc de travailler, plus longtemps.


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Une dégradation qui s’explique par la crise.

Le déficit annuel des régimes de retraite, selon le COR, pourrait avoisiner les 25 milliards en 2020. Le besoin de financement se creusera pour atteindre 19 milliards d’euros en 2017. Il y a donc urgence.  Et à écouter les socialistes, la réforme Woerth n’était donc pas financée.  Ce qui est faux. La dégradation s’explique par la crise.

La réforme de 2010 s’appuyait sur les travaux du même COR qui vient de faire les projections alarmantes. Elle consistait en un cocktail de mesures : passage progressif de l’âge de départ à la retraite à 62 ans, hausse de la contribution de l’état à la retraite des fonctionnaires, le transfert de cotisations de l’assurance-chômage vers le régime général à partir de 2015, l’alignement du taux de cotisation des fonctionnaires sur celui du privé et des hausses de prélèvement. L’objectif était de ramener les comptes à l’équilibre en 2018. Une clause d’ajustement en 2013 était prévue pour adapter si besoin était le dispositif. La réforme tablait sur un taux de croissance de 2% l’an et un taux de chômage de 4,5%. En 2012 la croissance  a été atone, 2013 s’annonce en récession et pour le chômage on est à 10,5% ! Ce que le COR constate, preuve que les mesures décidées en 2010 n’ont pas été aussi inefficaces. Car sans le relèvement de l’âge de départ, le besoin de financement ne serait pas en 2020 de 25 milliards mais de 40 à 50 milliards…

Une nouvelle étape est indispensable.

Le rapport Moreau, censé mettre toutes les solutions sur la table, est surtout fait pour brouiller les cartes et les esprits, et permettre au gouvernement de mettre un écran de fumée sur ses contradictions et ses revirements, tout en passant pour le bon samaritain qui prend les mesures justes. Les socialistes auront du mal à cacher le mensonge de François Hollande qui se battait il y a un an encore contre l’idée que l’allongement de la vie obligeait à cotiser plus longtemps.


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Le financement des retraites, c’est d’abord un problème démographique. Notre système de financement par répartition, auquel toute la sacro-sainte classe politique est accrochée, a bien fonctionné pendant toute la période du baby-boom qui voyait toujours plus de cotisants pour pensionner peu de retraités, qui, en plus, jouissaient peu de temps de leur retraite. Le rapport entre cotisants et retraités est la principale clé. Il devrait rester stable jusqu’en 2020. Ensuite il baissera fortement sous l’effet du papy-boom pour passer à moins de 1,4 dans les années 2040 et à moins de 1,35 à l’horizon 2060. On l’oublie trop souvent, mais même avec un taux de natalité réputé élevé, nous sommes très loin des cohortes de naissances des années 50-60, et le taux actuel n’assure toujours pas le simple renouvellement de chaque génération.

Si, en plus, il faut prendre en considération l’allongement de la vie, qui fait que l’on bénéficie de sa pension beaucoup plus longtemps qu’autrefois, parfois trente ou quarante années pour certaines catégories, on conçoit bien qu’il faut modifier les données pour assurer un financement à la fois en nombre et en durée. C’est là que la simple répartition entre générations pose problème : les cotisants de moins en moins nombreux doivent financer des retraités toujours plus nombreux, en vie plus longtemps. On comprend alors que faire peser la charge sur leur travail et sur les entreprises risque de devenir très pénalisant pour les salaires et pour la compétitivité. Et c’est déjà le cas.

De nombreux paramètres peuvent servir à modifier le financement.

La solution la plus simple c’est d’augmenter le montant des cotisations salariales et patronales. Le gouvernement est tenté d’augmenter la part patronale. Dans le contexte actuel, augmenter la charge des entreprises n’est pas une très bonne idée. Pas plus que d’augmenter celle des salariés, qui correspondrait à une baisse du pouvoir d’achat. Donc à éviter ! Il n’est pas exclu que le gouvernement fasse payer les entreprises.

L’autre solution consiste à diminuer les pensions versées. Le système par répartition ne donne pourtant pas des résultats brillants. Mais il existe des inégalités entre les différents régimes qui permettent des économies à la marge. On pourrait regarder du côté des régimes spéciaux et des pensions de la fonction publique. C’est un sujet délicat et complexe, tant les régimes diffèrent entre les différents corps. De toute façon, le moment est mal choisi pour baisser les pensions au moment où le pouvoir d’achat est en berne, alors qu’en euro constant, elles ont baissé de près de 30% dans les 25 dernières années. C’est un terrain à haut risque pour tout gouvernement. Mais on nous prépare déjà : les retraités les plus favorisés seront probablement sollicités : toujours les mêmes, au nom de l’équité !

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La durée de cotisation est un bon levier, et l’on sait que le gouvernement s’apprête à prolonger progressivement jusqu’à 43 ou 44 ans la durée de cotisations. Mais il ne donne des résultats en terme de financement qu’à moyen terme. A 43 ans, on ne résout pas le déséquilibre financier, il faut le savoir. Et agir uniquement sur ce levier pénalise fortement les jeunes qui ont fait des études et qui entrent plus tard sur le marché du travail. C’est aussi inciter les gens à prendre leur retraite plus tôt sans avoir tous leurs trimestres : on multipliera les retraités pauvres. Un retraité partant à 62 ans se retrouverait en moyenne avec une décote de 30%.

Il faut combiner l’allongement de la durée avec le recul de l’âge de départ. Revenir progressivement à 65 ans serait la meilleure solution et allègerait rapidement le fardeau. Par exemple, en combinant 43 ans de durée et le départ à 63 ans on économie 15 milliards d’euros. La progressivité pourrait se faire par une sorte d’indexation de l’âge légal à l’espérance de vie constatée, ce qui éviterait de renouveler le psychodrame du financement insuffisant tous les 5 ans. Mais on sait déjà que les syndicats sont vent debout et que le sombre Ayrault exclut cette solution qui l’obligerait à manger son chapeau !

 

D’autres financements sont possibles. Le transfert d’une partie des charges sur la TVA pour éviter de faire peser toutes les charges sociales sur le travail, mais cela implique de faire des choix, parce qu’on en peut pas faire non plus cinquante transferts. On peut imaginer aussi d’autres combinaisons de financement de la retraite en faisant appel à la capitalisation et à l’épargne retraite individualisée.

Et puis il y a tous les problèmes d’équité : public-privé, hommes-femmes, pénibilité, … autant de sujets qui seront traités dans  le 2ème volet du dossier.

 


DU VECU !

Veilleurs angers

Les opposants à la loi Taubira continuent d'organiser des manifestations de protestations sous la forme de veillées. C'est leur droit, dès lors qu'ils ne troublent pas l'ordre public. Dieu merci nous sommes en république, si l'on en croit nos gouvernants qui n'ont que ce mot à la bouche. Ils sont là paraît-il pour en faire respecter les valeurs, bien qu'on ait quelques raisons, parfois, d'en douter.

Mercredi dernier, "les veilleurs" étaient réunis sur la place du Ralliement au coeur du centre ville d'Angers, rejoints par le député Marc laffineur, pour exprimer leurs convictions, sous la forme de chants et de prières. Un ami qui passait par là nous livre son témoignage. Vous jugerez par vous-même qui est intolérant !

"Bonjour ,
Hier soir, place du Ralliement, nous avons pu assister à un spectacle tout à fait inattendu : plus de cent jeunes, et moins jeunes, assis à même le sol avec des bougies allumées posées par terre , chantant et priant tranquillement afin de manifester leur désaccord sur le (trop) fameux mariage homo . Devant eux ,un cordon de CRS en grande tenue d’intervention musclée afin d’éviter tout heurt avec de nombreux énergumènes menaçants, hurlant, sifflant, tendant des feuilles-messages avec des phrases pro-homo, vociférant avec haut-parleur tentant de couvrir les manifestants pacifiques.
C’était impressionnant de voir le contraste du grand calme des uns avec la violence à peine contenue des autres.
Anecdote : un garçon débarquant sur la place nous a demandé ce qui se passe ; nous lui répondons que des gens manifestent contre le mariage homo. Réflexion de l’intéressé : “ah oui, les fachos”.....
Voici donc ,avec ce spectacle, la preuve éclatante, s’il en était besoin , de l’intolérance de ceux qui pensent détenir la vérité,et qui la loi votée, tentent d’interdire aux autres toute expression....Vraiment pas rassurant.
A constater  chaque mercredi soir, paraît-il...
G. "
Sans commentaires  !!


LE CHÔMAGE : CE CANCER…

Chômeur pro

Le chômage atteint des niveaux dramatiques. Ce n’est pas rien de le dire. Car les 3,2 millions d’inscrits en catégorie A sont l’arbre qui cache la forêt. Le chiffre est pourtant déjà énorme, mais pour être honnête, en comptabilisant toutes les formes de camouflage des demandeurs d’emplois, c’est près de 5 millions de personnes qui sont concernées. Et encore, il faudrait y ajouter les chômeurs en formation, en reclassement, en stage, en maladie… soit 750 000 encore en plus. 5, 75 millions de chômeurs en France, c’est du jamais vu.

On a le droit d’accabler le gouvernement actuel dont les choix économiques, le choc fiscal, la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires, le discours anti-chefs d’entreprises ne sont pas pour rien dans la flambée des derniers mois. L’excuse de la persistance de la crise économique ne vaudrait que si on s’était donné de vrais moyens pour la conjurer au lieu de l’aggraver. Le sombre Ayrault peut bien appeler à « la mobilisation générale pour l’emploi », ce qu’il propose n’est qu’une temporisation de la situation en renforçant le traitement social du chômage avec de faux emplois à coups de millions d’euros que nous n’avons pas. Le recours à ces emplois financés sur fonds publics qui n’ont que peu à voir avec l’économie réelle et la création de vraie richesse, ce sont 150 000 emplois d’avenir sur deux ans, 500 000 contrats de génération sur cinq ans, 500 000 contrats aidés par an dans le secteur non marchand… on attend que la providence fasse revenir la croissance comme un don du ciel, parce que ce ne sont pas les décisions politiques qui ont été prises qui peuvent la relancer. Il est possible même qu’on aille encore plus loin, et qu’on nous ponde une loi pour interdire les licenciements. Summum d’une conception archaïque du marché du travail, nié en tant que tel. Et c’est bien là qu’est le problème.

Notre pays qui croule sous les normes paralysantes, une fiscalité infernale, des collectivités superposées qui taxent à tour de bras comme autant de barrières d’octroi de l’ancien régime, voit venir avec effroi le pire qui est encore devant nous. Les sombres prévisions de croissance pour 2013 voire 2014 ne vont pas arranger les choses. Et ce n’est pas le pacte de compétitivité, unique rustine sur une chambre à air percée de multiples trous, pas plus que la loi de sécurisation de l’emploi qui mettra beaucoup de temps à produire ses effets  et dont le bénéfice ira en priorité à ceux qui ont un emploi, qui vont y changer grand-chose.

La vérité oblige à dire que si le phénomène connait une crise aiguë, il n’est pas nouveau. La courbe du chômage a recommencé à progresser dès 2011. En France, le chômage de masse est un boulet que l’on traîne depuis près de 40 ans sans jamais descendre en-dessous des 7% dans les périodes de croissance. Cela, quelle que soit la couleur politique des gouvernements. Jamais on n’a réussi à enrayer durablement cette spirale infernale. Parce qu’on n’a jamais voulu remettre en cause le « modèle » qui la produit.

Avec un taux de prélèvement de près de 56% de la richesse nationale, l’Etat finance une redistribution hors-norme qui est une trappe à chômeurs. C’est un modèle social fondé sur l’égalitarisme exacerbé, qui trouve son apogée dans les discours enflammés de Mélenchon.  Sauf que le monde réel est différent. Le travail est un marché. Le monde est un marché ouvert. Le prix du travail y est variable. Chez nous il est grevé par la masse des prélèvements qui reposent en priorité sur lui. Et l’on est entré dans un cercle vicieux : plus on prélève, plus on protège, moins on permet de produire. C’est ainsi que la France se retrouve avec une fonction publique pléthorique et une masse de pauvres « subventionnés » par la redistribution qui pèsent sur les riches et les classes moyennes. Double sanction au détriment de l’économie vivante. Si c’est un modèle, bien peu nombreux sont les pays qui nous l’envient.

Il y a un moyen d’en sortir. Il ne s’agit pas de changer brutalement de système. Il est important de ménager les souffrances et les frustrations induites par le modèle actuel. Néanmoins, il va bien falloir transférer une partie des charges qui pèsent sur le travail sur la fiscalité de la consommation. D’abord parce qu’on est au bout du bout, ensuite parce que taxer la consommation de produits importés pour financer nos dépenses sociales n’est pas incongru. Et à ceux qui crieront à l’injustice fiscale, on rétorquera que le bénéfice de la redistribution dont ils profitent vaut bien leur participation à l’effort, à hauteur de leur consommation. Encore faudra-t-il que le transfert sur la TVA ait provoqué une hausse des prix, ce qui n’est pas avéré.

A ce prix, et en l’accompagnant d’une décélération progressive des aides et allocations diverses, ne serait-ce qu’en les plafonnant de façon à ce qu’elles ne dépassent jamais un salaire obtenu en travaillant, on pourra reconstruire une économie créatrice de richesse. Ce n’est pas la voie choisie par le gouvernement actuel. On n’a donc pas fini de parler du cancer du chômage en France…

Mais le ministère de la parole va continuer de déverser ses certitudes dans la « lucarne magique », à commencer par demain soir. Comme disait l’un de mes amis, ce ne sont que des « paroles verbales »….

 


LA MAREE HUMAINE DE LA « GRANDE ARMEE »

 

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Nous étions des milliers, nous étions vingt et cent, venus de toute la France par trains entiers et milliers de bus, venus de tout autour de Paris, à pied, à vélo, en métro, jeunes et moins jeunes, familles et enfants, drapeaux au vent, en rangs compacts, le pas assuré autant que les convictions.

A 14H, l’avenue de la grande armée était bondée jusqu’à la porte Maillot. Partis du Pont de Neuilly, nous progressons jusqu’à la station Sablons : déjà c’est très dense. La remontée se fait plus lente, jalonnée par les écrans géants installés à intervalles réguliers et qui déverse sur la foule les images du podium où se succèdent les personnalités présentes.

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15H30, nous sommes parvenus à la Porte Maillot. Nous n’irons pas plus loin. Trop de monde. Pas de passage. Tout est rempli d’une armée chamarrée et bonne enfant qui reprend en chœur les slogans : « Hollande ta loi, on n’en veut pas ! », « Taubira t’es foutue »… Un hélicoptère passe au-dessus en altitude et les drapeaux s’agitent à son intention, dès fois qu’il ne nous verrait pas suffisamment là-haut avec sa caméra. Les voix se succèdent : Raffarin tonne, Retailleau déclame, Guaino « guainode » en mimant Malraux, et les gens sont ravis.

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Les images données par les écrans sont explicites : une marée humaine a fait le déplacement en ce dimanche frisquet de printemps pour venir dire qu’on ne veut pas pour nos enfants de cette société qu’on nous propose. Pour certains c’est une promenade un peu spéciale, rien qu’une promenade. Pour tous ceux qui sont venus de loin, c’est une journée entière consacrée à leurs convictions, avec lever aux aurores et retour à pas d’heure.

Et les premiers chiffres tombent : 1,4 million. Plausible : l’avenue de la Grande Armée est pleine comme un œuf, 1 km de voie. L’avenue Charles De Gaulle, de la porte Maillot au pont de Neuilly est aussi pleine, je peux en témoigner. Plus l’avenue Foch, entièrement remplie, elle aussi. Multiplions les m2 par 3, 4 ou 5, vu la densité de la foule. Des chiffres officieux de la DCRI donneraient 1, 7 million !!! Loin du comptage risible de 300 000 ou 400 000 manifestants donné jusqu’à maintenant.

Il faudrait que le Pingouin du Faubourg Saint-Honoré qui n’a pas voulu être dérangé dans sa sieste par la clameur des opposants au mariage pour tous, en interdisant les Champs Elysées, comprenne que ceux qui se sont dérangés représentent bien plus de Français, et qu’il a tort de ne pas vouloir les entendre. La tension est devenue palpable. Les slogans deviennent maintenant politiques. La raison : il n’a pas convenablement traité les représentants du collectif « la Manif pour tous ».

En ce dimanche, parmi les témoignages, il y avait toute une communauté nationale rassemblée avec un même objectif : des personnes de droite, évidemment, mais aussi de gauche, des électeurs de Hollande aussi, des catholiques, mais aussi des musulmans, des juifs, des réformés, … des agnostiques, des athées. Bien sûr, des homosexuels. Des juristes dont on ferait bien d’écouter les arguments tant la loi paraît bâclée. Une journée de mobilisation très réussie, alors que les médias annonçaient le contraire. Un service d’ordre impeccable. Au demeurant, une manifestation sereine. Les appels à la discipline, fréquents étaient là aussi pour tempérer les inévitables trublions.

Et nous avons été forts surpris de voir les titres de BMTV et autres, qui tournaient en boucle sur « la manifestation qui échappait à ses organisateurs » alors que des forces de l’ordre ont gazé des familles qui tentaient de s’approcher du podium en contournant par des rues adjacentes. Méprise. Brutalité aveugle. Rien à voir avec les imbéciles d’extrême droite glissés dans la manif’ et toujours prêts à cogner. Des incidents marginaux et minimes au regard de l’immensité de la foule, dont le Ministre de l’Intérieur devrait prendre la mesure sans faire d’amalgame, au risque d’écorner son image dans l’opinion publique.

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Au retour, nous avions encore en tête la rumeur de cette marée humaine, les mouvements des drapeaux qui organisaient un ballet alternativement bleu, puis blanc, puis rose, les olas joyeuses, les sourires de connivence, … Hier dimanche 24 mars, c’est tout un peuple qui s’est exprimé. C’est la « Grande armée » de la France des valeurs humanistes. Elle n’a pas fini sa campagne. Elle attend d’autres batailles.

 

 


CHOMAGE : L’IMPUISSANCE ?

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La crise aggrave la situation du chômage. C’est clair. Les décisions prises par le gouvernement de la gauche ont accéléré le processus. C’est certain. Mais enfin, ce phénomène de chômage de masse, on le traîne depuis plus de trente ans, sans trouver le chemin du retour au plein emploi, même quand la croissance revient. C’est bien que notre modèle social y est pour quelque chose !

La spirale infernale « prélèvements-allocations-perte de compétitivité-pertes d’emplois » nous conduit à toujours moins de richesse produite, toujours plus d’emprunt pour financer, et au bout du compte à un appauvrissement général. Les Français s’en rendent bien compte, et tout en rechignant à perdre leurs avantages sociaux, manifestent leur lucidité dans un pessimisme plus profond qu’ailleurs.

Hors l’emploi, point de salut.

Mitterrand avait dit : « contre le chômage, on a tout essayé ». Eh bien non, on n’a pas tout essayé. Mais il faut sortir de la « parole magique » de ceux qui croient qu’il suffit de « dire » pour que le problème soit résolu. Il faut aussi s’affranchir des schémas traditionnels dans lesquels s’engluent le gouvernement, comme beaucoup de ses prédécesseurs. Et donc, le séminaire sur l’emploi qui s’est tenu à l'Elysée ne s’est évidemment pas conclu par des « annonces » de dispositions nouvelles et l’exécutif semble s’en tenir aux décisions déjà prises depuis huit mois : les emplois d’avenir, les contrats de génération, le crédit d’impôt compétitivité et l’accord national sur l’emploi, dont la transposition est arrivée en Conseil des ministres avant de passer à l’Assemblée.

Depuis trente ans, la France est le seul pays européen où l’emploi se dégrade en période de basses eaux conjoncturelles – ce qui est normal – mais s’améliore insuffisamment quand la reprise est là. Pour inverser la situation, les leçons sont à prendre chez notre voisin allemand et au nord de l’Europe, certainement pas au sud. Partout là où cela réussit, « un emploi quel qu’il soit » est préféré à « pas d’emploi du tout ». Partout, les remises à plat d’un certain nombre de professions bénéficiant de rentes sur le marché des services ont été faites. Partout, les accords d’entreprise sont considérés comme aussi, voire plus, pertinents que la loi. Partout ou presque enfin, les taux de prélèvements obligatoires et de dépenses publiques sont inférieurs à ce qu’ils sont en France. Qui aura l’humilité de reconnaître ces leçons à tirer de nos échecs ?

Si les formules étatiques relèvent du traitement social et ne sont pas aptes à faire reculer suffisamment le chômage, les mesures relevant de la politique de l’offre pour le crédit d’impôt-compétitivité, et de l’assouplissement du marché du travail pour l’accord sur la flexibilité, mettront du temps avant de produire un effet. Les initiatives à venir, l’exécutif les voit désormais sur le terrain européen. Il attend que la BCE agisse sur les taux ou le niveau de l’euro et espère secrètement que l’Allemagne sera rattrapée par la crise et sera du même coup forcée d’assouplir ses positions sur la relance et les déficits. Ce n’est pas certain que cela arrive et ce n’est guère glorieux comme scénario. Ce serait aussi continuer d’alimenter la spirale infernale.

Pourtant, malgré l’opposition qui se manifeste sans grand succès sur sa gauche, le gouvernement actuel est le mieux placé pour faire avaler au bon peuple de droite comme de gauche la potion qui consiste à en venir à la seule politique susceptible d’être couronnée de succès en matière d’emplois : celle dite « de l’offre ». Autrement dit, arrêter de financer des emplois fictifs sur fonds publics pour relancer les emplois réels en en donnant les moyens aux entreprises.

Il y aura bien des  protestations du camp de l’immobilisme qui n’a pas compris le changement de monde économique qui impose de revoir un certain nombre de logiciels. La faible mobilisation de ceux qui ont défilé aux côtés de la CGT et de FO contre l’accord emploi conclu entre le patronat et trois syndicats et approuvé par le gouvernement, montre assez bien la marge de manœuvre qui existe.

Quelles pistes suivre ? En voici quelques-unes.

Le rôle de l’Etat est d’accompagner les transitions économiques, pas de se substituer aux entrepreneurs. Il doit aussi garantir la capacité du travailleur à retrouver un emploi en cas de difficulté, et les moyens existent déjà, qu’il suffit de mobiliser, comme la gigantesque manne des fonds de la formation professionnelle, mal utilisée et souvent détournée de son objet. C’est cette garantie qu’il faut mettre en balance avec la nécessité de plus de souplesse et de flexibilité. Cela n’a rien à voir avec le droit à l’emploi, mais il faut sécuriser le parcours professionnel pour qu’il soit acceptable. Avec le « statut » du salarié, préconisé par Jérôme Chartier, on entre dans une logique nouvelle qui dépasse le débat sur la rigidité du contrat de travail.

Une fois cette hypothèque levée, celle d’une carrière envisagée sur le long terme, il reste évidemment à mieux maîtriser le coût du travail et à financer la recherche privée. Les deux corollaires qui accompagnent un tel mouvement sont la baisse des dépenses publiques et l’allégement de la fiscalité bien trop lourde et de surcroît improductive.

Un gouvernement social-démocrate peut faire  tout cela sans se renier. Il suffit qu’il en ait le courage. Il prendra, certes, le risque d’être battu comme l’a été Schröeder, mais sauver la France vaut bien une défaite, non ?

 


LE « VIEUX » CONTINENT.

 

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L’Europe n’a jamais aussi bien portée son nom. Mais on devrait dire le continent des « vieux ».

L’évolution démographique est un enjeu majeur de transformation des sociétés européennes.

A première vue, les différences entre la France et l’Allemagne sont frappantes à cet égard. La population française croît, celle de l’Allemagne décline. Mais le vieillissement de la société ne peut pas être enrayé, ni en Allemagne ni  en France. Nous vivons tous plus longtemps et en meilleure santé. C’est la plus grande réussite de la civilisation de l’histoire contemporaine. Ce qui nous oblige à faire face aux répercussions sociales et économiques de cette évolution démographique et trouver des solutions pour l’atténuer à l’aide de mesures économiques. La réduction drastique de la dette qui nécessite le démantèlement d’un Etat providence exorbitant fait partie des nécessités et est inéluctable.

La tâche est cependant rendue difficile parce que l’économie européenne est plus que jamais divisée en deux mondes qui ne partagent ni les mêmes résultats ni les mêmes perspectives, comme le montrent les derniers chiffres du chômage et l’indice de confiance économique publiés au début de la semaine. Si le chômage a atteint un record historique, à 11,8 % en novembre c’est à cause de l’explosion des destructions d’emplois dans la partie sud de l’Union européenne : en Espagne, qui subit, après la Grèce, la plus forte dégradation sur un an et où le taux de chômage atteint 26,6 %, mais aussi au Portugal (16,3 %) et à Chypre (14 %). La violente cure d’austérité à laquelle ces pays ont été soumis se paie aujourd’hui très cher sur le plan social.

Néanmoins, il s’agit avant tout d’engager une dynamique de croissance à l’échelle européenne.

D’ailleurs l’OCDE indique sa préférence pour moins de coupes dans les dépenses publiques à court terme et plus de réformes structurelles, visant à libéraliser l’économie et notamment le marché du travail. Nous avons besoin de croissance pour que les générations futures aient autant de marge de manœuvre que possible et pour atténuer les luttes à venir quant à la répartition des richesses. La pénurie de main-d’œuvre pourrait poser de grandes difficultés à cet égard : en Allemagne, à cause du recul de la population active ; en France, à cause de l’exploitation déficiente des réservoirs de main-d’œuvre existants. Les mots-clefs de cette problématique sont « préretraite » et « intégration insuffisante des immigrants dans la vie active ». L’espoir que les problèmes liés au marché de l’emploi seront résolus grâce à une immigration supplémentaire ne peut que partiellement apaiser la situation.

Grâce à un système de garde d’enfants, les Françaises parviennent visiblement à mieux concilier travail et vie familiale que les femmes vivant dans d’autres pays, comme en Allemagne. Ainsi, la population française devrait dépasser celle de l’Allemagne d’ici la moitié du siècle. Cependant, même si l’on considère que les familles et les enfants jouent un rôle déterminant dans la société, même si des aides financières supplémentaires sont débloquées et même si le nombre d’infrastructures de prise en charge des enfants s’accroît, la croissance démographique allemande peinera à augmenter de façon significative. Les obstacles démographiques y sont trop importants, tout simplement parce que de nombreuses mères, qui auraient pu mettre au monde de nombreux enfants, ne sont pas nées.

Les plus optimistes veulent voir dans le redressement progressif de l’économie américaine et la légère reprise de l’activité chinoise une planche de salut pour la zone euro. Le moral des chefs d’entreprise et des consommateurs s’améliore d’ailleurs, tranchant avec les résultats du chômage. D’autres prévisionnistes se montrent plus prudents en rappelant que les commandes industrielles allemandes ont chuté en novembre à cause de la faiblesse de la demande dans la zone euro. Les ventes au détail, en hausse de 0,1 % en novembre, laissent les ventes en deçà de leur niveau de l’année dernière.

Le vieillissement des sociétés n’a rien de menaçant si nous changeons de cap à temps.

De nombreuses ressources pour la croissance et l’emploi sont encore inexploitées. Nous devons seulement comprendre qu’une époque touche à sa fin.

L’Europe peut assumer ce choc démographique.

Mais la France et l’Allemagne doivent, pour des raisons différentes, aider davantage les individus qui se retrouvent toujours jusqu’à maintenant plutôt en marge du marché du travail : les femmes, les jeunes, les jeunes seniors et les immigrés.  

Les femmes : en plus de la question de la conciliation de la vie de famille et du travail, l’une des premières priorités est la question d’une égalité accrue des chances. Aujourd’hui encore, trop de femmes tournent le dos à leur carrière professionnelle en dépit d’excellentes qualifications. Nous ne pouvons plus nous permettre ce gaspillage de potentiel.

Les jeunes : Dans le chômage qui traverse l’Europe et touche maintenant près de 26 millions de personnes (18,7 pour la zone euro), la jeunesse est en première ligne, et particulièrement en France où plus de 500 000 jeunes sont sans emplois. La libéralisation du marché du travail est une clé importante pour leur intégration, mais il faut aussi faire un gros effort de rééquilibrage des formations vers celles qui valorisent l’apprentissage professionnel. Autrement dit une révolution intellectuelle que les allemands n’ont pas à faire, ayant opté pour cette solution il y a très longtemps. L’accord à minima qui vient d’être signé entre les partenaires sociaux va dans le bon sens. Il n’est pas suffisant.

Les jeunes seniors : l’espérance de vie augmente, entraînant un accroissement rapide de la durée de la troisième période de vie. Plus de personnes âgées perçoivent leur retraite sur une période de temps plus longue. Dans le contexte de la crise persistante sur les marchés financiers et de la difficile consolidation des budgets nationaux, il est de plus en plus difficile de protéger financièrement les générations plus âgées. La solution est évidente : les salariés plus âgés doivent travailler plus longtemps. L’âge de la retraite à 67 ans devra encore être probablement repoussé. Cela n’a rien de menaçant si l’on sait qu’il est important d’avoir un esprit vif et un corps alerte pour vivre longtemps. La France ne tirerait pas profit de son avantage démographique si un retour à la retraite à 60 ans était décidé. Et l’Allemagne doit maintenir sa décision de fixer l’âge de départ à la retraite à 67 ans.

Les immigrés : la part de personnes issues de l’immigration dans nos sociétés est importante ; en France, elle est même de 20 %. Les difficultés, pour l’évolution économique à venir, seraient moindres si dans les deux pays les offres d’intégration étaient plus courageuses et si le niveau de qualification des enfants issus de l’immigration était sensiblement amélioré. Le potentiel pour la croissance est immense à ce niveau également.

Les nouvelles frontières du projet européen : un moyen de relever le défi du vieillissement.

Maintenant que le péril de l’explosion est conjuré, avec les avancées d’intégration significatives que sont le traité de stabilité et le fonds monétaire commun (MES), l’Europe peut chercher à atteindre une nouvelle frontière, effort indispensable pour surmonter la faiblesse du vieillissement de sa population : Europe sociale, Europe des citoyens, Europe de la connaissance, Europe de la défense et de la diplomatie, Europe de la recherche et de la technologie, … sont encore embryonnaires et à concrétiser. Pour développer son économie et influer sur les affaires du monde, il est évident qu’une souveraineté partagée, comme nous avons su le faire pour la monnaie, est une souveraineté retrouvée.

Face au monde globalisé d’où émergent les nouvelles puissances économiques et politiques, nos souverainetés nationales isolées ne peuvent rien. C’est ainsi que nos valeurs auront une chance de se maintenir et nos pays de retrouver la prospérité.

 


ETHNOS ET DEMOS : UNE VIEILLE HISTOIRE !

Urne

« Il faut changer le monde vite fait, sinon c’est lui qui va nous changer. »

                                                                       Mafalda.

 

Faut-il donner le droit de vote aux élections locales aux « étrangers-non-communautaires-résidents-depuis-plus-de-cinq-ans-en-France » ? Cet engagement du candidat socialiste ne risque pas pour l’instant d’être adopté, faute de majorité des 3/5èmes nécessaire au congrès. Mais le débat mérite d’être posé.

C’est que la question, au-delà des banalités et des sentiments de bien-pensance généreuse qui agite de préférence les milieux bobos du Marais, soulève bien des problèmes qui ne peuvent pas être évacués d’un revers de main.

Ce débat n’est pas vain ni nouveau. Déjà la démocratie athénienne, et plus tard les Romains, s’étaient trouvé confrontés à cette question. Et celle-ci revient dans le débat politique hexagonal de manière récurrente depuis au moins vingt ans.

Instituer une République censitaire ?

Quelle est l’argumentation qu’on nous propose en faveur de ce droit-de-vote-réduit-au-local ? C’est le bon sens apparent : puisque les étrangers paient l’impôt, ils doivent voter, en évoquant l’égalité devant l’impôt. Soit, mais encore faut-il préciser de quel impôt il s’agit. S’il s’agit des impôts en général, autant dire que tout étranger aura le droit de voter, puisqu’en achetant ne serait-ce qu’un kilo de pois chiches, il paie la TVA, donc l’impôt. S’il s’agit des seuls impôts locaux, le résultat sera pratiquement le même, puisqu’il suffira d’avoir un permis de conduire ou de posséder un véhicule, soumis l’un comme l’autre à taxe locale. On peut aussi décider que seuls les étrangers acquittant un impôt local spécifique comme la taxe d’habitation pourront voter : un engrenage redoutable qui certes limitera le droit de suffrage mais créera des iniquités horizontales considérables, car certains nationaux et de nombreux résidents étrangers communautaires ne paient pas cet impôt.

Mais surtout, ce droit de vote fondé sur le paiement de l’impôt rétablirait en fait un « cens » électoral. Voilà qui est nouveau et nous replonge dans un passé lointain, sous Louis-Philippe, quand le corps électoral était partagé en deux par le suffrage censitaire : le grand cens pour les élections nationales et le petit cens pour les locales. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir des parlementaires socialistes se démener pour instituer un tel système dans la France d’aujourd’hui, au moins pour le niveau local. Ou bien le « cens » sera tellement faible, et il sera dans les faits un suffrage universel pour les étrangers, ou bien il reposera sur un impôt spécifique avec toutes les complications d’application inhérentes. On risque de déboucher sur des situations très instables, car la dualité des corps électoraux et la porosité qui existe entre les échelons locaux et celui national par le biais du Sénat, ne se résout finalement que par l’universalité des suffrages. C’est ce que l’Histoire nous enseigne. Evitons donc la tartufferie d’une république censitaire.

La nation française c’est aussi une société politique !

Limiter l’argumentation à la seul dimension d’une réalité concrète de participation à la vie économique et sociale, c’est oublier l’essentiel. Notre société doit-elle être réduite à une simple organisation de production et de redistribution des richesses ? Ce n’est pas ma conception. Je refuse qu’on évacue l’autre conception, celle d’une « société politique », d’une communauté historique, avec sa culture héritée, son projet et ses valeurs. Il y a une distinction entre la vie économique et sociale à laquelle participent les étrangers et la société politique comme projet commun qui implique un minimum de partage pour en être partenaire : comprendre et parler le Français, partager l’idéal démocratique, souscrire aux principes d’égalité en droit, assumer notre histoire, s’approprier la notion de « peuple souverain ». C’est la distinction depuis l’Antiquité entre « l’ethnos », société concrète et le « demos », société politique consciente d’elle-même.

Autrement dit, il me parait difficile et surtout dangereux de scinder la citoyenneté en sous catégories et pis de la séparer du principe de nationalité. Bref, pour voter il faut être Français ! Le plus simple pour acquérir ce droit légitime, c’est de le devenir. La citoyenneté ne peut se couper en rondelles.

Evidemment, les esprits chagrins aussitôt protesteront en brandissant le droit de vote des étrangers communautaires qui peuvent voter aux élections locales. Ceux-là n’ont rien compris. Nous sommes là dans le cadre de la citoyenneté européenne, encore embryonnaire mais appelée à devenir un jour pleine et entière. Depuis l’institution d’un parlement européen, nous avons une communauté de destin avec 26 autres pays. Ce n’est pas le cas avec les étrangers non communautaires.

L’intégration passe par l’assimilation.

Selon la tradition républicaine, il faut accueillir pleinement ceux qui manifestent la volonté de devenir français, avec une application du droit de la nationalité qui soit à la fois rigoureuse et généreuse. Ceci est un autre débat.

Mais on aura compris dans cette affaire, que la principale préoccupation des socialistes est tirée des travaux de Terra Nova : le vote de la classe ouvrière est en voie d’extinction et perdu de toute façon. L'association préconise de le remplacer par le vote des populations immigrées qui constitue un potentiel énorme pour les édiles de gauche en vue du renouvellement des instances locales en 2014 et 2015. Une manipulation d’autant plus impérieuse que le retour de balancier pourrait être violent.

 


IL N’Y A PAS DE MOTS….

 

Il n’y a pas de mots assez forts pour qualifier ce qui s’est passé ce matin à Toulouse. Quelle que soit la motivation de l’assassin, il ne mérite plus le nom d’Homme. A ce moment même, nous sommes tous des juifs toulousains, horrifiés autant par ces crimes que par ceux perpétrés contre nos soldats. Mais s’attaquer à des enfants…

 


SORTIR DU CHOMAGE

 

Notre pays traîne depuis trop longtemps un trop grand nombre de chômeurs sans avoir trouvé les voies pour sortir de cette situation, ce qui avait fait dire à Mietterrand : « contre le chômage, on a tout essayé » et à Jospin : « l’Etat ne peut pas tout faire ». Comme si le fatalisme s’était installé dans les têtes bien faites pourtant formatées pour la plupart à l’ENA. Le seul moment où le chômage a vraiment régressé, c’est en 2007, au début de l’automne, où il avoisinait les 7%, tout proche du seuil en-dessous duquel il est pratiquement impossible de descendre.

Les crises successives sont passées par là et malgré tous les efforts pour limiter la récession, pour favoriser le chômage partiel, il a progressé à nouveau. Selon les calculs, il y a entre 2 et 4 millions de chômeurs, et on approche à nouveau des 10% de la population active. Cela veut dire retour de l’assistanat et son cortège d’emplois à temps partiel, de petits boulots…

Réduire le chômage est un impératif  si l’on veut assurer à notre société son équilibre et en même temps sauvegarder la démocratie. Car nous avons des foyers de chômage très inquiétants : plus de 20% chez les jeunes, plus de 30% chez les séniors…

Comment peut-on améliorer la situation de l’emploi ?

D’abord, il faut un taux de croissance minimal de 1,5 à 2% par an. L’activité économique, son rythme de développement, sont indispensables : la croissance est plus riche en travail, mais encore faut-il qu’elle soit là.

Ensuite, il faut que les organismes sociaux aient la capacité de mettre en relation correctement les offreurs et les demandeurs d’emploi. Les Pôles emplois ont fait des progrès notables, mais il reste des marges de progrès. Il existe dans notre pays plus de 500 000 offres non satisfaites, faute d’adéquation de la main d’œuvre.

Enfin, le système d’indemnisation joue aussi son rôle : il ne faut pas qu’il soit trop dissuasif de chercher un emploi. Ce qui suppose de moduler la durée et le montant des allocations.

On sait que désormais, il va falloir réduire drastiquement l’enveloppe disponible pour le traitement social du chômage.

La crise de la dette est passée par là. On ne peut plus financer trop longtemps la période sans emploi, car c’est à crédit. En plus, elle coûte très cher et pèse sur la capacité de l’économie à rebondir. Les amortisseurs sont costauds à la descente, mais ils relancent mal.  Les prélèvements nécessaires plombent la compétitivité, favorisent les délocalisations et partant la destruction d’emplois. Le remède se révèle alors pire que le mal. Il faut dire aussi que le traitement social agit comme une drogue et depuis les années 80, le corps social s’y est habitué.

La politique de retour à l’emploi est une priorité si l’on veut que notre société continue à vivre sans désordres, car un tel taux de demandeurs d’emplois est insupportable sur le long terme.

Cela veut dire, comme dans beaucoup d’autres pays d’Europe, qu’il va falloir revenir sur les conditions d’indemnisation en durée et en exigences. Des contreparties seront inévitablement imposées : au Danemark, au-delà de six mois d’indemnisation, le chômeur est tenu d’accepter les offres proposées par le service public de l’emploi : vrai boulot, travail d’utilité publique ou formation. En Suède, le travail est plus attractif que le chômage sur le plan fiscal par le biais d’un crédit d’impôt accordé aux salariés et le principe de l’acceptation obligatoire d’une offre après un an d’inactivité est aussi en place, sinon, il y a perte de l’allocation. Du coup, la moitié des chômeurs suédois retrouvent un job au bout de trois mois… en Allemagne, les indemnités ne sont plus versées que pendant un an maximum depuis la réforme Schröder. Au-delà, le chômeur ne perçoit qu’une indemnité forfaitaire de 360 €, sous conditions. Et il est obligé d’accepter des emplois payés entre 1 et 2,50 € de l’heure.

Notre jeune Ministre, Laurent Wauquiez savait tout cela quand il a proposé qu’il y ait des contreparties en face des allocations.

Autant regarder la réalité en face. Evidemment, comme pour la flexibilité du temps de travail dans l’entreprise, c’est un sujet qui concerne d’abord les partenaires sociaux. La difficulté, c’est que nous n’avons pas la même culture syndicale que les pays d’Europe du Nord ou l’Allemagne cités ci-dessus. L’idée d’un referendum en cas d’échec, proposé par Nicolas Sarkozy, montre au moins qu’il est décidé à prendre le taureau par les cornes ce qui est de sa part une prise en compte de la réalité, aussi déplaisante soit-elle.

 

 


PUISQU'ON EN PARLE !

 

Vous avez remarqué comme le calendrier de la justice coïncide savamment avec les campagnes électorales, quand il s'agit de relancer des "affaires" qui pourraient nuire au Président sortant ? 

A propos de l'affaire Bettencourt, et de son corollaire "Woerth", j'ai relevé cette prise de position : "...Quels que soient ses motifs, je suis choqué lorsqu'un maître d'hötel espionne sa patronne ou lorsqu'un expert-comptable, soumis au secret professionnel, donne ses carnets de comptes à un journal. Je suis même étonné qu'ils ne soient pas l'un et l'autre en prison. Je suis choqué lorsque des PV d'instruction se retrouvent le lendemain dans le site Médiapart. Sont-ils inventés ? La porosité croissante entre la justice et les médias me paraît une menace pour la bonne marche de la justice."

Qui parle ? Un sarkozyste inconditionnel ? Un juge d'instruction ?  Pas du tout. C'est un jugement que porte Claude Allègre dans son dernier ouvrage. On ne peut qu'adhérer !

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LES UTOPIES DE LA CAMPAGNE (3)

 

LE NATIONALISME

La troisième utopie qui a commencé à empoisonner la campagne, c’est le nationalisme et sa sœur la xénophobie. Elle est véhiculée principalement par l’extrême droite et le Front National. Marine Le Pen est une experte comme en témoigne son programme : il y a trop d’immigrés, l’euro est responsable de tous nos malheurs, l’Europe est ingouvernable et il faut donc en sortir.

Le nationalisme est au cœur de son programme économique qu’il s’agisse du retour au franc, des mesures protectionnistes tels que quotas et droits de douane, de la condamnation des grands groupes qui génèrent des superprofits…ainsi par des effets non expliqués, on recréera du pouvoir d’achat, avec une nouvelle répartition des richesses, la croissance sera relancée et avec elle la création d’emplois.

Aucune précision n’est apportée sur les moyens à mettre en oeuvre. De même quand elle affirme qu’elle remettra la finance à sa juste place… sans jamais préciser laquelle. C’est comme sa volonté de renforcer le pouvoir de l’Etat tout en allégeant la bureaucratie. On l’a compris, ce programme incohérent n’a pas vocation à être appliqué. Il est là pour drainer des électeurs marginalisés ou affolés qui ne trouvent pas ailleurs des réponses à leurs angoisses.

La solution protectionniste, le repli sur soi, le rejet des solutions collectives européennes, l’aveuglement sur l’immigration amènent directement aux thèses sécuritaires populistes. Mais ce qui est remarquable c’est qu’entre ceux qui prônent la relocalisation en terroir, les objecteurs de croissance, les souverainistes radicaux et les thèses de Marine Le Pen, la frontière est poreuse.

Il ne faut pas confondre ce type de nationalisme avec le rappel des valeurs de la République dont Marine Le Pen ne se souvient que quand ça l’arrange. On peut prêcher le respect de nos lois et vouloir les appliquer pleinement sans pour autant sombrer dans la haine de l’autre. C’est d’ailleurs ce que veulent une grande partie des électeurs qui pensent trouver au FN ce type de réponse.

Il est bon de redécouvrir un « patriotisme » de production, mais c’est en mettant nos entreprises en condition de rivaliser par l’amélioration de leur compétitivité et non pas en leur fermant la porte du marché européen ou mondial où elles pourront prospérer.

L’Europe vieillissante ne s’en sortira pas si elle se laisse séduire par les thèses populistes et frileuses, alors qu’il manquera à court terme 50 millions de paires de bras pour alimenter son économie. Elle court à la catastrophe si les états ne font pas preuve de solidarité entre eux. Contrairement à ce que pense Marine Le Pen, la Grèce nous importe autant que la Lozère.

En même temps, l’opposition de gauche ne prend pas la mesure du problème, en refusant de voir dans les thèmes de l’identité nationale, de la défense de la laïcité, de la lutte contre toutes les formes de communautarisme des combats qu’elle devrait aussi mener pour son propre compte. Elle préfère se réfugier dans la réponse politicienne qui consiste à accuser tous ceux qui s’y attèlent, de faire le jeu du FN.

Le comble de la stupidité a été atteint mardi à l’Assemblée nationale avec la provocation du député antillais. Là, on fait vraiment le jeu du populisme !

 

 

 


LES UTOPIES DE LA CAMPAGNE (2)

 

LA "DECROISSANCE"

Après la « démondialisation », la deuxième utopie que l’on voit transparaître dans les discours, surtout des écologistes, c’est celle qui prône la « décroissance ». L’idée est évidemment simple : puisque nous épuisons nos richesses naturelles et détruisons notre environnement avec les déchets et le gaz carbonique, il faut produire et consommer moins, c’est-à-dire ralentir la croissance. Ainsi pensent–ils nous économiserons l’énergie et les matières premières et nous polluerons moins.

Cela passe par une réduction de l’activité économique. Je n’entrerai pas dans les méandres des diverses approches entre ceux qui défendent le principe du PIB comme instrument de mesure et ceux qui veulent instaure le BNB comme indice de référence (Bonheur National Brut). Il y a les « objecteurs de croissance » qui militent pour la simplicité volontaire et la relocalisation des activités économiques afin de réduire leur empreinte écologique… Retour à la « calèche » garanti.

Le concept de décroissance surfe sur les crises et rencontre de ce fait un écho dans l’opinion. L’épuisement relatif des ressources pétrolières, la raréfaction des minerais, provoquent des hausses de prix et obligent à infléchir consommation et production ; la dégradation climatique est en lien avec le rythme de la croissance ; plus largement, notre modèle de développement a ses propres faiblesses avec le « mal des grandes villes » et le déséquilibre entre le Nord et le Sud…

La décroissance est-elle pour autant la bonne réponse ? Il suffit de constater que la crise, en stoppant la croissance n’a pas fourni la moindre solution à tous ces problèmes. Si, elle a fait redescendre le prix du pétrole et a donc relancé sa consommation.

Le principal effet de la décroissance est de figer l’état de la société. Certes, les riches arrêteront de s’enrichir, mais les pauvres resteront pauvres sans espoir d’améliorer leur sort. La décroissance c’est un concept de nanti. On ne voit pas au nom de quel principe nous pourrions imposer aux pays émergents de stopper leur développement, sous prétexte qu’ils consommeraient trop d’énergies fossiles ou contrarieraient les écologistes européens ou français.

La décroissance porte aussi en germe la négation du progrès technologique, médical, sociologique… Peut-on refuser l’innovation et l’intelligence humaine ? Des types de productions devront disparaître, mais ils seront remplacés par d’autres que les hommes découvriront. Quand l’essence viendra à manquer, un autre type de moteur remplacera le moteur à explosion, comme celui-ci s’est substitué à la vapeur ou au …crottin. Quoi qu’on en dise, la croissance économique a permis d’améliorer le niveau de vie et de confort d’un très grand nombre d’individus sur la planète. Ce n’est pas par hasard si l’espérance de vie s’est allongée et l’état de santé amélioré dans les pays riches.

Enfin, faire de la décroissance tout seul, c’est suicidaire. Il n’est pas certain que nos voisins nous suivent dans cette voie. Ne vaut-il pas mieux « verdir » la croissance ? C’est plus raisonnable et en plus c’est stimulant pour l’innovation : économies d’énergie par l’isolation, énergies renouvelables, nouveaux matériaux faisant appel à une ressource infinie comme l’argile ou la silice, voire le bois…

Pour terminer, une réflexion toute simple. Faire de la croissance, ce n’est pas seulement chercher à s’enrichir, c’est aussi assurer l’avenir de nos enfants. Si notre population augmente, il faut bien aussi augmenter la richesse à partager, sauf à considérer qu’ils pourront vivre plus tard moins bien que nous.

 


DEMOGRAPHIE : CROISSANCE EN TROMPE L’ŒIL

 

La France a gagné 349.000 habitants en 2011 (+ 0,5 % par rapport à 2010),, pour atteindre près de 65,4 millions d'habitants, selon les estimations présentées hier par l'Insee. C'est une fierté nationale. La France est l'un des pays qui connaît la plus forte croissance démographique sur le continent européen.

Le solde migratoire n'est que faiblement responsable de cette dynamique (+ 77.000 personnes en 2011). Trois composantes expliquent cette progression : le solde naturel, c'est-à-dire la différence entre les naissances et les décès (+ 272.000 personnes) est largement déterminant grâce au taux de fécondité des femmes qui reste élevé pour la quatrième année d'affilée, au-delà de 2 enfants par femme ;  l’allongement de l'espérance de vie à 84,5 ans pour les femmes et 78,2 pour les hommes maintient un taux de mortalité faible ; enfin la structure de la population, avec un nombre important de femmes en âge d'être mères, résultante mécanique du baby-boom.

On notera toutefois, qu’avec un taux de fécondité de 2,01 par femme, on reste en-dessous du seuil de renouvellement des générations qui est de 2,1. C’est un bon taux par comparaison aux autres pays d’Europe, mais il reste insuffisant en valeur absolue.

Ainsi, en trente ans, la population française s'est ainsi accrue de 10 millions d'habitants.

Explications : Les générations en âge d'avoir des enfants sont relativement nombreuses car leurs parents appartiennent eux-mêmes aux classes nombreuses du baby-boom. Le nombre élevé de naissances provient ainsi en partie du nombre important de femmes en âge d'être mères. De même, le faible nombre de décès n'est pas seulement dû à l'augmentation de l'espérance de vie (3 mois par an supplémentaires pour les hommes, 2 mois pour les femmes en 2011), mais surtout au fait que les générations les plus âgées, nées avant le baby-boom, représentent un nombre de personnes bien moins important. La croissance de la population en 2011 s'explique donc largement par l'histoire démographique depuis un siècle, à travers la présence de générations jeunes et âgées de tailles très différentes dans notre population. Au total, cet « héritage » démographique est responsable de l'accroissement de 5 millions de personnes dans la population française sur les trente dernières années.

La croissance démographique reste soutenue mais va ralentir.

L'arrivée à l'âge de la retraite des baby-boomeurs va accroître dans les années à venir la mortalité. Les effets de cette histoire démographique vont être amenés à diminuer dans le temps et la croissance démographique va mécaniquement s’en ressentir. La première génération très nombreuse du baby-boom, la génération 1946, arrive à 65 ans cette année. C'est-à-dire à un âge où les décès deviennent nettement plus fréquents. A l'inverse, les générations en âge d'avoir des enfants vont, elles, diminuer. La croissance de la population va se poursuivre mais sur un rythme moindre.

A l'horizon 2060, la France devrait rester le deuxième pays le plus peuplé d'Europe.

 Mais c'est le Royaume-Uni, dont la croissance démographique est tirée par un fort solde naturel, qui sera sur la première marche du podium, à la place de l'Allemagne, reléguée en troisième position, en raison de sa natalité défaillante.

 


LE BILLET DU DIMANCHE SOIR

 

ANTONINI-CHARETTE :

LA POLITIQUE TELLE QU’ON N’EN VEUT PLUS

 

Deux événements cette semaine, qui, certes, ne se ressemblent pas, mais qui ont tout de même un point commun : le calcul politicien qui fait fi du suffrage des électeurs.

La décision de Jean-Claude Antonini de démissionner en créant la surprise devient un peu plus choquante chaque jour. Ainsi, rien n’a filtré au Conseil d’agglo de jeudi dernier, alors qu’il venait d’envoyer sa lettre de démission au Préfet et qu’il faisait voter trois délibérations qui lui attribuent une indemnité de présidence de SEM. Celles-ci comme par hasard compensent la perte de son indemnité de maire. La désignation dès vendredi soir du candidat de la majorité, à savoir Frédéric Béatse, apporte la preuve qu’il s’agit bien d’un coup politique prémédité dont le secret avait été bien gardé. Dès lors, l’opposition n’a rien à faire dans ce déni de démocratie et elle ferait bien de boycotter la séance du conseil municipal de jeudi prochain qui doit entériner la désignation du nouveau maire.

Pendant deux ans, nous aurons une direction bicéphale à la tête de l’agglo, avec un pseudo-maire à la « botte » du Président. Il faut dénoncer la désinvolture et le cynisme qui ont présidé à la manœuvre pour imposer le « dauphin » dont on sait qu’il n’aurait peut-être pas eu la primeur ni des militants ni des sympathisants socialistes dans une « primaire ».

Hervé de Charette, lui, a décidé de soutenir Nicolas Sarkozy. On peut se réjouir de ce retour à la raison après ses « errements » dans le marigot centriste. Après avoir claqué la porte de l’UMP pour cause de « droitisation », en réalité fâché qu’il était d’avoir été éjecté de la liste régionale, il a rejoint le Nouveau Centre où il ne compte que des « amis », comme on sait. Il s’est ensuite fourvoyé dans l’aventure Borloo et « l’alliance » dont on n’entend plus parler. Nous écoutons avec intérêt ses arguments qui lui font préférer aujourd’hui Sarkozy à Bayrou qu’il abhorre et à Morin qui reste sans voix, et « privilégier l’unité et la solidarité ». Cependant on ne peut pas exclure la posture politicienne. Qu’elle jette le trouble dans le centre angevin est le cadet de ses soucis.

C’est plutôt l’investiture d’André Martin par l’UMP sur la sixième circonscription qui peut expliquer son revirement. Un candidat qui ne manque pas d’argument et qui apporte un renouvellement opportun. Et si, en « marchandage » il pouvait court-circuiter ce concurrent dangereux, il n’en serait pas fâché ! La ficelle est un peu grosse.

Main mise d’un clan sur la mairie, carrière personnelle de l’autre jusqu’à plus d’âge, le corps électoral n’en peut plus de ces calculs politiciens. On s’étonne après qu’une grande partie se réfugie dans l’abstention ou vote pour les extrêmes. Dans les deux cas, la démocratie n’y trouve pas son compte, elle a droit à plus de rigueur et de respect dans les comportements.

 


HALTE AU « PORNABLE » !

 Smartphone

Nouvelle mode désastreuse et inquiétante qui s’est répandue dans les portables de nos ados et même des plus jeunes : celles de télécharger des séquences « porno » ! Ces 11-13 ans sont ainsi confrontés à des images pornographiques, via notamment les smartphones. 80% de ceux-ci en ont déjà vu en surfant sur Internet. Déjà que l’utilisation de ces bijoux électroniques ne cessent de perturber le déroulement des activités scolaires, empêchent la concentration et favorisent la fraude, voilà maintenant que s’y ajoute une dérive très nocive pour les relations entre garçons et filles dans le cadre de la mixité de nos établissements scolaires.

Les smartphones sont en première ligne car si les ordinateurs sont de plus en plus équipés de logiciels de contrôle, il n’en va pas de même pour les smartphones, ces téléphones donnant accès à Internet. « Il n’y a pas de contrôle parental sur les téléphones, alors on peut faire ce que l’on veut, les parents ne le savent même pas ! », confirme une collégienne.

Cela devait finir par donner de mauvaises idées. C’est ainsi qu’un élève a filmé sa relation sexuelle avec une camarade de classe et l’a envoyée ensuite à tous ses copains qui ont ensuite exigé de la jeune fille la « même chose » sous menace de mettre la séquence sur le net… Catastrophique ! Je plains l’enseignant(e) qui devra ensuite faire cours à ces élèves. Il parait que la possession de ce genre de scènes dans la mémoire de son portable est indispensable pour ne pas être relégué dans la catégorie des « bébés ». On croit rêver quand on sait qu’il s’agit de gamins de 6ème ou de 5ème. Alors que va-t-on trouver dans les téléphones des plus vieux ? En fait, c’est bien plus grave, eux passent à l’acte … pour reproduire les modèles. Le phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il a gagné les cours de récréation des écoles primaires.

Au point que le Ministère s’est ému du problème. Un colloque sur la protection des enfants et des ados dans l’usage des  réseaux numériques pour tenter de trouver une parade : « Les jeunes sur la toile : quelles protections pour quels risques ? », était organisé hier par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, en présence de Luc Chatel, ministre de l’Education nationale et de Dominique Baudis, Défenseur des droits. 

L’association E-enfance demande un contrôle parental sur les téléphones portables. En plus des opérateurs, ce sont les fabricants qui doivent aujourd'hui proposer un outil de filtrage aussi performant que celui qui existe sur les ordinateurs. « Les adolescents passent énormément de temps sur Internet et l’accès à la pornographie est facile », souligne Thomas Rohmer, président de Calysto. « Une fois qu’un ado a téléchargé un film ou accédé à un site pour adultes, il va recevoir en permanence des pop-up pour l’inciter à y retourner ». « J’en connais plusieurs qui vont plusieurs fois par jour sur des sites porno. C'est gratuit, on peut y aller facilement. Pas besoin de codes ni de contrôle parental. Et après, ben tu fais ce que tu as à faire », confirme un jeune homme au micro de RMC. Mais c’est un problème épineux à résoudre d’autant plus que les jeunes savent parfaitement trouver sur internet les logiciels qui permettent de « déverrouiller » le « contrôle parental ».

Les parents sont évidemment en première ligne. C’est à eux que revient, avant d’acheter un téléphone mobile à un adolescent, de discuter avec lui et surtout de fixer des règles, un peu comme ils le feraient avant l’achat d’un engin motorisé. A eux aussi de faire la pédagogie de l’utilisation de l’appareil et d’expliquer aux plus jeunes que si jamais ils tombent par hasard sur une image pornographique, ils doivent leur en parler. Pour les ados un peu plus âgés, une mise au point s’impose et les parents peuvent, par exemple, rappeler que les vidéos pornographiques ne correspondent pas à la réalité, mais sont bien des mises en scène.

Ces recommandations sont bien gentilles, mais très loin de la réalité et de la psychologie des jeunes. Et encore faut-il que les parents soient suffisamment présents pour exercer ce contrôle.



LE BILLET DU DIMANCHE SOIR

 

YANNICK NOAH, PERSONNALITE PREFEREE !

C’est le genre de classement qui me donne des boutons, fait office sur moi de poil-à-gratter, provoque des démangeaisons.

Les Français n’ont pas de jugeotte ou ne sont pas rancuniers.

Le chanteur et ancien joueur de tennis occupe la première place pour la huitième fois consécutive des personnalités préférées des Français (1). Il devance l'ex-meneur de l'équipe de France de football, Zinedine Zidane, à nouveau deuxième, après avoir été plusieurs fois en tête de ce classement en août 2000 puis fin 2003 et 2004 et de juillet 2006 à juillet 2007.

Débuté en 1988, ce classement a été longtemps dominé par le commandant Cousteau (20 fois leader au total) et l'Abbé Pierre (16 fois).

Omar Sy, acteur du film "Intouchables", qui fait pour la première fois son entrée dans ce classement, prend d'emblée la troisième place qu'occupait en juillet l'actrice Mimie Mathy.  A lire ce palmarès, on comprend d’emblée qu’on est dans l’affectif plus que dans le rationnel.

Côté politique, la première personnalité, Simone Veil, est à la 4e place : voilà qui est au moins mérité quand on connait le parcours de cette femme de tempérament. Les autres politiques arrivent loin derrière et cela n’a rien d’étonnant, compte tenu du peu d’estime que les français portent à tort à leurs élus.

Noah :  voilà un personnage qui va enregistrer sa musique aux Etats-Unis pour revenir en France faire du « blé »  et nous faire part de ses opinions dont on n’a que faire, surtout quand il préconise la légalisation du dopage. C’est facile de s’apitoyer sur le sort du monde et des pauvres gens quand on a les poches pleines et qu’on compte sur les gogos qui remplissent ses salles de concert pour les alimenter en espèces sonnantes et trébuchantes. Non, ce n’est pas ma personnalité préférée, et je me demande bien comment sont réalisées ces enquêtes d’opinion, parce que je ne suis pas le seul. A moins que les gens que je fréquente ne soient pas représentatifs, mais ça fait tout de même beaucoup de monde !

Quel est donc le palmarès des belles actions qu’il aurait réalisées qui justifieraient un tel honneur ? Certes, il a gagné Rolland Garros une fois, mais il y a si longtemps… Et j’ai cru comprendre à la teneur de ses propos qu’à l’époque il s’était « chargé ». Bien sûr, il chante, mais d’autres le font bien mieux que lui.

En plus, il ne tient pas parole. N’avait-il pas crié haut et fort que si Sarkozy était élu, « il se cassait » de la France ? Difficile de se priver de la poule aux oeufs d’or…

En quoi est-il un modèle ? A moins que ce ne soient ses deux incisives écartées qui lui donnent cet air d’éternel bébé qui attendrissent les Français.

Je l’avoue, ce choix me trouble et interpelle mon intelligence.

(1)  Sondage réalisé par l'Ifop du 2 au 10 décembre 2011, auprès d'un échantillon de 1.018 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas.

 

 


LA TVA SOCIALE, ENFIN !

 

TVA b


En France, les charges sociales, les cotisations qui financent l’assurance maladie, la retraite et l’assurance chômage sont calculées sur le salaire, à la fois sur la part patronale et la part salariale. Au total, elles représentent plus de 50% du salaire net distribué et elles pèsent 70% du total de la fiscalité des entreprises contre 30% pour les taxes qui frappent les bénéfices, couramment dénommé « impôt sur les sociétés ». Avec un tel système, le chef d’entreprise n’a pas intérêt à créer des emplois. Il est plutôt poussé à mécaniser au maximum son outil de production : la machine ne paie pas de charges sociales. Ou à délocaliser pour bénéficier de cieux plus cléments.

Il est facile de comprendre que le résultat en est plus de chômage, des fermetures d’entreprises, des pertes de compétitivité, des déménagements vers des pays où le travail coûte moins cher.

Alléger le coût du travail est le seul moyen qui reste au gouvernement.

Il est donc urgent d’alléger le coût global du travail en France, récemment classée comme l’un des pays où le prix du travail est le plus coûteux. Un premier pas a été fait avec la suppression totale de la taxe professionnelle, cet impôt « imbécile » qui décourageait les investissements, remplacée par une taxe plus favorable aux entreprises industrielles.

La crise a accéléré la réflexion du gouvernement. Le principe d’un report de tout ou partie des charges sociales sur un impôt d’assiette plus large sans diminuer les revenus des organismes sociaux est devenu en ce début d’année 2012 une urgence si l’on veut faire repartir l’économie sans mettre la main à la poche que nécessiterait une relance de la consommation : il n’y a pas un sou vaillant disponible dans les caisses de l’Etat. C’est donc par les investissements et la compétitivité qu’il faut faire redémarrer les entreprises.

Un transfert d’impôt bien venu.

Le recours à la TVA dite « sociale » est une solution sociale-libérale qui peut s’avérer performante et équilibrée. Elle consiste à compenser la baisse des charges sociales par une augmentation de la TVA. Elle est relativement simple à mettre en œuvre. A ceux qui crient déjà à l’injustice sociale pour la consommation des pauvres, on peut déjà rétorquer que, quelle que soit la nature de l’impôt, il se retrouve toujours dans le prix de vente et au bout de la chaîne, c’est toujours le consommateur qui paie.

Après la TVA à 7%, la suite logique, c’est l’augmentation du taux courant de 19,6 à 23 ou 25%. De l’ampleur de l’augmentation dépendra l’allégement correspondant pour la compétitivité des entreprises, la baisse de leurs coûts de production et les possibles augmentations de salaires. Il y a ici, une possibilité de « deal » intéressant avec les partenaires sociaux, salariés et patrons. Cela permettrait de dépasser le raisonnement à courte vue de la pénalisation des revenus modestes par l’engagement sur des augmentations de salaires. Manuel Valls l’avait bien compris. Dommage que par pure posture politicienne, il soit obligé de reculer aujourd’hui.

L’autre intérêt de ce transfert, consiste à faire payer aux produits importés de pays à bas coûts de production une participation à notre protection sociale. Personne ne s’en plaindra. De plus, il y a gros à parier que les marges des importateurs sur ces produits leur permettront de ne pas répercuter sur les prix de vente les 2 ou 3 points de TVA.

Enfin, dernier avantage : la TVA assure immédiatement des rentrées financières avec une garantie sur la durée.

Mieux vaut tard que jamais.

Voilà pourquoi, cette idée qui traîne dans le débat depuis 2007, aurait dû être mise sur la table depuis longtemps. On dit qu’elle a fait perdre 50 députés à la Majorité depuis le fameux échange entre Fabius et Borloo. Raison de plus pour l’appliquer, puisque le prix électoral en était déjà payé. Les Allemands avaient retenu cette solution dès 2007. Certains, à l’époque avaient affirmé que c’était une forme de « dévaluation compétitive », ce qui est presque vrai, puisque c’est la mesure qui a permis à l’Allemagne de faire baisser les prix à la production et de relancer l’aptitude de ses PME à exporter. En faisant de même, le gouvernement français s’engage sur le chemin qui privilégie l’activité industrielle.  Ne reste plus qu’une réforme de l’impôt sur les sociétés pour que nos PME soient à armes égales.

En touchant à l’impôt sur les sociétés et aux charges sociales on fait d’une pierre deux coups. D’un côté on trouve les recettes supplémentaires pour les organismes sociaux, de l’autre on dégage un peu de pouvoir d’achat et on favorise l’emploi industriel. Les deux clés de la croissance et de l’élection présidentielle.

Reste à financer une baisse de l’impôt sur les sociétés : en augmentant la CSG ? Pourquoi pas ?

 


MEILLEURS VOEUX !!!!!!

 

Boule de gui


« En 2012, l’avenir de la France est entre nos mains,

unissons-nous pour lui donner sa chance »


 A tous,  je souhaite une joyeuse entrée dans l'année nouvelle, avec mes voeux les plus chaleureux de bonheur et de prospérité (nous en aurons bien besoin) pour chacune et chacun.

                                                        Daniel

Bonne année  Bonne année  Bonne année




 


JOYEUSES FETES

 

Noel
 

Les fêtes approchent à grands pas. La maison va bientôt commencer à se remplir. De nombreuses occupations m'attendent : décoration, préparations gourmandes diverses, jeux avec les petits...

Aussi vous me pardonnerez d'abandonner le calepin jusqu'au lundi 2 janvier.  Sauf imprévu ou événement exceptionnel.

A tous, passez de bonnes fêtes !

On se retrouvera pour les voeux.

A bientôt,

                                                                                Daniel