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LES REGRESSISTES (2) – LE DOSSIER COMPLET

Racialisme

 

Au XXème siècle les marxistes voulaient changer la société  en instaurant la dictature du prolétariat. Cela a valu les camps de rééducation dans les pays où  elle s’est instaurée en URSS, et en Chine encore aujourd’hui avec les Ouïghours, par exemple. En occident, nous y avons échappé. Mais  avec la nouvelle gauche, issue de la « French Theory » des Foucault, Derrida, Deleuze et compagnie, ces marxistes partis prêcher sur les campus américains dans les années 70, la même tentation nous est revenue sous une forme plus souterraine et pernicieuse. Par la « déconstruction » de nos  valeurs, et en prenant le pouvoir dans tous les départements de sciences sociales de nos universités, ils inculquent à notre jeunesse leurs théories fumeuses pour promouvoir une nouvelle société. Mais le fond est le même : anticapitaliste et antilibéral, et les méthodes identiques : terreur intellectuelle et attitudes totalitaires. La race, le genre et l’identité en sont les nouveaux totems qui portent en eux une véritable régression intellectuelle.

La fracture de la gauche fait désormais l’actualité presque quotidiennement. Voici un dossier pour vous permettre de vous y retrouver. C’est l’enquête d’Eugénie Bastié, parue dans Le Figaro. Vous y trouverez toutes les définitions des nouveaux « totems » de la nouvelle gauche ou « néogauchisme ». Vous pouvez vous y reporter chaque fois que vous aurez besoin de trouver la définition des nouveaux concepts : théorie du genre, wokisme, décolonialisme, intersectionnalité, etc …

 

Théorie du genre, décolonialisme, racialisme... Ces nouveaux dogmes qui veulent s’imposer en France

Par Eugénie Bastié

En France, patrie des idées, on aime à se déchirer sur les mots. Chacun a sa définition de la «laïcité», on veut retirer «race» de la Constitution, on glose sur la pertinence du terme «ensauvagement». La polémique sur «l’islamo-gauchisme» vire, elle aussi, à la querelle sémantique. Tandis que la ministre Frédérique Vidal s’est empêtrée dans une définition floue du phénomène («l’ensemble des radicalités qui traversent notre société», a-t-elle dit dans le JDD ), de nombreux universitaires et responsables politiques de gauche en profitent pour déduire de l’imprécision du mot la preuve irréfutable qu’il s’agirait d’un fantasme. Telle il y a quelques années la «théorie du genre qui n’existait pas», l’islamo-gauchisme est discrédité comme un concept «imaginaire» (dixit les 800 universitaires qui ont signé une tribune réclamant la démission de Vidal), forgé par des «réactionnaires», qui ne renverrait à aucune réalité sociale. Et, en effet, ce terme qui domine le débat ne recoupe qu’une partie d’une dérive militante des sciences sociales qui se déploie sur plusieurs fronts.

 

Interrogé par l’hebdomadaire Marianne , l’inventeur du terme «islamo-gauchisme», le politologue Pierre-André Taguieff affirme qu’il faut élargir l’idée d’une enquête lancée par la ministre au «statut des fausses sciences sociales calquées sur l’idéologie décoloniale, la “théorie critique de la race” et l’intersectionnalisme». Mais que signifient tous ces termes? Ces concepts ou champs de recherches, dont certains se veulent drapés d’une légitimité scientifique, d’autres au contraire utilisés pour désigner péjorativement l’adversaire, recoupent différentes facettes d’une puissante lame de fond qui prend sa source dans les départements des sciences sociales des facultés occidentales, et se déploie aussi en politique et dans les entreprises.

Ce qu’on pourrait appeler le «néogauchisme» - car il reprend certains mots d’ordre du gauchisme culturel des années 1970 en les radicalisant - se traduit globalement par l’abandon de la question sociale au profit de la politique des identités, du paradigme de l’exploitation pour celui de la domination, de la centralité des classes populaires vers celles de minorités sexuelles, religieuses ou ethniques, et la centralité de la race et du genre dans la recherche. Ce dévoiement militant de la science se déploie en rhizome (pour reprendre l’expression phare de la French Theory, c’est-à-dire de façon horizontale et souterraine) dans des proportions qui restent à quantifier précisément, mais qui ne sont certainement pas négligeables.

● Théories de la race et du genre

L’obsession pour le genre, la race et les identités qui parcoure l’université ne tombe pas du ciel. Elle s’enracine dans un mouvement intellectuel qui remonte aux années 1970 et qu’on a appelé postmodernisme. L’abandon des grands récits (le marxisme, le tiers-mondisme, etc.), qui structuraient auparavant le militantisme progressiste, conduit au repli de l’individu sur soi et son identité. Il s’accompagne d’une évolution des sciences sociales vers le constructivisme, c’est-à-dire l’idée que les faits sociaux sont entièrement des constructions sociales. Ce constructivisme ne ferait qu’enfoncer des portes ouvertes (après tout, oui, la plupart des réalités humaines sont construites) s’il ne s’accompagnait pas d’une dimension critique: le dévoilement de la construction s’accompagne de l’impératif de la déconstruction. Suivant la méthode du philosophe Michel Foucault, il s’agit de révéler que ce qui apparaissait comme un universel est, en réalité, une construction sociale au service d’une domination.

La norme n’est plus vue comme la sédimentation du fait majoritaire, mais comme une culture dominante traduisant l’oppression, qu’il faut déconstruire pour laisser place aux minorités raciales et sexuelles. Les Lumières et l’universalisme? Des paravents de la domination blanche. Les «cultural studies» (études culturelles), qui se répandent à l’université à partir des années 1970, reprennent cette idée et postulent le refus d’une hiérarchisation entre les cultures et les objets culturels, soutiennent que la culture ne saurait se réduire aux œuvres classiques et entreprennent de «décentrer l’Occident» au sein même de celui-ci. Les «subaltern studies» («subalternité») analysent les cultures des groupes sociaux longtemps dominés. Il existe même des «fat studies» («études de la grosseur») qui étudient la construction sociale d’une corpulence perçue péjorativement (la «grossophobie»).

Si vous n’êtes pas d’accord avec la théorie critique de la race, c’est que vous profitez du racisme : imparable !

Dans ce cadre, la théorie critique de la race («critical race theory») affirme que la blanchité est une construction sociale dont les Blancs n’ont pas conscience. La race est un déterminisme social que les minorités doivent se réapproprier. L’aveuglement à la race («color blindness») est un luxe permis par le «privilège blanc»: seuls les Blancs peuvent vivre comme si la race n’existait pas. La sociologue et «consultante diversité» américaine Robin di Angelo, auteur du best-seller Fragilité blanche, est typique de cette mouvance. Elle explique que les réactions négatives à la réintroduction de l’idée de race dans le débat public sont constitutives d’une «fragilité blanche», c’est-à-dire de la peur des Blancs de perdre leurs privilèges. En résumé, si vous n’êtes pas d’accord avec la théorie critique de la race, c’est que vous profitez du racisme: imparable!

La même dialectique existe dans la théorie du genre, que ses défenseurs préfèrent appeler «études de genre». Celles-ci proclament que la différence des sexes est entièrement une construction sociale au service, cette fois-ci, non pas des blancs, mais de l’hétéropatriarcat (même si les deux vont souvent ensemble). Dans la foulée de sa principale théoricienne Judith Butler, il s’agit de jeter le «trouble dans le genre» pour libérer les minorités sexuelles de l’oppression qu’elles subissent de par l’existence de normes. L’activisme pour la minorité transgenre prend une place centrale dans ce dispositif. Les «études de genre» se veulent, elles aussi, scientifiques et affirment que ceux qui s’y opposent tirent bénéfice du «système» qu’ils cherchent à préserver. Elles se répandent dans les universités hexagonales. À Paris-VIII, le département d’études de genre est l’un des piliers de l’université. Des masters études culturelles (cultural studies) existent à l’université Paul-Valéry de Montpellier, ainsi qu’à Bordeaux-Montaigne. À Paris-III, a été ouvert un master médias, genre et cultural studies.

● Antiracisme politique

L’«antiracisme politique» est une expression employée par une nouvelle génération de militants, inspirée notamment par les Indigènes de la République, qui s’oppose à l’antiracisme dit «moral» des associations traditionnelles comme SOS-Racisme ou la Licra. Elle leur reproche notamment leur naïveté et leurs échecs attribués à une trop grande culture du compromis avec des institutions gangrenées par la mentalité coloniale. L’antiracisme politique s’oppose frontalement au narratif de l’antiracisme universaliste qui connut son heure de gloire dans les années 1980, quand triomphaient la petite main jaune et le multiculturalisme heureux, version United Colors of Benetton. Le cosmopolitisme laisse désormais place au tribalisme. L’idéal du métissage à celui de la non-mixité. La «race», bannie sous sa forme biologique, est réintroduite comme un concept sociologique, car, comme l’explique le sociologue Éric Fassin, «si les racistes croient à l’existence des races au pluriel (blanche, noire, juive, etc.), les antiracistes nomment la race au singulier pour dénoncer le mécanisme social d’assignation à une différence hiérarchisée». C’est ainsi qu’on parle désormais de «racisés», ce terme désignant une racialisation passive et pourtant revendiquée.

L’universalisme (républicain) est dénoncé comme un différencialisme déguisé qui permet, en réalité, la domination d’un groupe d’individus (les Blancs) sur les autres (les minorités). Ce qui autorise de ne plus parler du racisme comme d’une disposition morale malfaisante des individus à combattre (la permanence du préjugé), mais comme d’une composante structurelle et organisée des sociétés occidentales: on parle désormais de «racisme systémique» ou de «privilège blanc». Ce nouvel antiracisme postule une frontière infranchissable entre «alliés» - quelle que soit leur bonne volonté - et concernés. Ainsi les «dominés» (femmes, ou membres de minorités sexuelles et raciales) ont-ils un droit à la parole privilégié sur la cause qui les concerne. Un homme ne pourra s’exprimer au nom des femmes, ni un Blanc au nom des Noirs et des Arabes. Fini le «Touche pas à mon pote», jugé paternaliste. Cette barrière dressée entre les victimes et les autres, qui nie la distinction entre le «témoignage» et l’analyse, aboutit notamment à la généralisation des «réunions en non-mixité» et autres «safe spaces» au sein des universités, des endroits où les membres de minorités peuvent se retrouver entre eux et d’où sont exclus ceux qui appartiennent au camp des dominants, les Blancs mâles hétérosexuels. En France, l’expression «indigénisme», renvoyant au groupuscule des Indigènes de la République, s’est répandue comme synonyme de cet «antiracisme politique».

● Wokisme

Le «wokisme» est la version militante de cette mouvance universitaire. La praxis de cette doxa. Le terme, aujourd’hui employé de manière péjorative par les opposants à ce mouvement (selon le même processus que le terme «politiquement correct» a été d’abord revendiqué par les progressistes pour être ensuite employé par les libéraux et les conservateurs), est né aux États-Unis dans le sillage du mouvement Black Lives Matters. Il désigne à l’origine le fait d’être woke, en argot «éveillé», c’est-à-dire d’avoir pris progressivement conscience du caractère structurel des discriminations que subiraient les minorités sexuelles et raciales. Être woke, c’est avoir conscience d’être un dominé ou un dominant, et agir en conséquence.

Si on est victime : s’organiser politiquement autour de cette souffrance partagée avec les autres membres de sa communauté pour un agenda d’identity politics (politiques identitaires). Si on est coupable d’appartenir au groupe majoritaire (blanc, hétérosexuel, mâle): faire la liste de ses privilèges et s’en déposséder. On pourrait décrire le «wokisme» comme un renouveau de la posture «radical-chic», selon le terme créé par l’écrivain Tom Wolfe pour désigner l’adoption d’une radicalité politique par des membres de l’élite.

L’ultra-sensibilité aux discriminations, même minuscules (les «micro-agressions»), conduit les tenants de cette nouvelle culture militante à restreindre le champ de la liberté d’expression en pratiquant la «cancel-culture». Cette expression, qu’on pourrait traduire par «culture de l’interpellation» ou «culture de l’annulation», a été distinguée comme «mot de l’année 2019» par le dictionnaire Macquarie. Elle renvoie à la volonté d’effacer du débat, par l’appel au boycott, certains interlocuteurs car leurs propos sont jugés insultants ou à censurer un artiste ou écrivain accusé de racisme, d’homophobie ou d’agression sexuelle (exemples récents: le réalisateur Woody Allen ou l’écrivain J.K Rowling). Une posture qui se répand aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux qui permettent de mobiliser des sympathisants sur une cause et accélèrent la polarisation politique.

Ce « droit de ne pas être offensé » se répand aussi en France

La woke culture se développe énormément sur les campus américains, au point que certains intellectuels libéraux parlent de «Great Awokening» (grand éveil) pour décrire le caractère presque religieux de cette mouvance. Pour l’universitaire Joseph Bottum, il ne s’agirait que d’une nouvelle version du puritanisme protestant. En effet, le passage du privilégié au woke a un caractère de conversion. L’ancien président Barack Obama lui-même a blâmé dans une conférence en octobre 2019 «cette idée de la pureté, de n’être jamais compromis, d’être toujours politiquement “éveillé”» (woke).

Ce «droit de ne pas être offensé» (selon l’expression de Greg Lukianoff et Jonathan Haidt dans leur livre Le Chouchoutage de l’esprit américain) se répand aussi en France. C’est ainsi qu’un groupe antiraciste a demandé et obtenu l’annulation de la pièce d’Eschyle Les Suppliantes à la Sorbonne, au motif que les acteurs, grimés à l’antique, auraient pratiqué le «blackface». D’autres intellectuels comme Sylviane Agacinski ou Alain Finkielkraut ont vu leurs conférences annulées ou perturbées par des étudiants adeptes de cette nouvelle culture militante.

● Islamo-gauchisme

«Fantasme» pour les uns, «slogan d’extrême droite» pour les autres, qu’est-ce que l’islamo-gauchisme ? Sur le fond, ce syntagme désigne la tolérance, voire l’empathie d’une partie de la gauche envers l’islamisme, contre lequel elle ne déploie pas son hostilité traditionnelle aux religions et ce, pour des raisons diverses, dont trois principales.

D’abord, par tropisme tiers-mondiste et anti-impérialiste. Le mot «islamo-gauchisme» a, en effet, été forgé au début des années 2000 par le politologue Pierre-André Taguieff. Il voulait désigner ainsi la sympathie affichée de certains mouvements d’extrême gauche avec des mouvements islamistes radicaux pendant la seconde intifada, au nom de la lutte pour le peuple palestinien contre Israël. À l’époque, on voyait dans les rues de Paris défiler dans des manifestations drapeaux du Hamas et militants gauchistes keffieh au cou. La première source de l’islamo-gauchisme est donc la cause palestinienne, aujourd’hui à l’arrière-plan, mais autrefois sacrée.

Après le 11 Septembre, Alexandre Adler parle «d’islamo-altermondialisme» pour désigner un certain antiaméricanisme intellectuel qui voit dans ces attaques une juste punition de l’Occident. D’autres parlent d’islamo-progressisme. En France, le terreau anticolonialiste et l’antiaméricanisme tiers-mondiste ont été fertiles pour faire émerger une fascination teintée de mansuétude pour le réveil de l’islam dans les pays arabes. Ainsi Sartre, l’existentialiste athée, a-t-il lu dans la révolution iranienne une révolte contre l’impérialisme. Michel Foucault n’a pas caché lui aussi son admiration pour la révolution de 1979: «Il n’était pas besoin d’être voyant pour constater que la religion ne constituait pas une forme de compromis, mais bel et bien une force: celle qui pouvait faire soulever un peuple non seulement contre le souverain et sa police, mais contre tout un régime, tout un mode de vie, tout un monde», écrit-il dans un de ses reportages pour le quotidien italien Corriere Della Sera.

Beaucoup comparent aujourd’hui l’expression « islamo-gauchisme » à l’expression des années 1930 « judéo-bolchevisme »

Deuxième source de l’islamo-gauchisme: le prolétariat de substitution. C’est le cas par exemple chez Chris Harman, militant trotskiste britannique et membre du Socialist Worker Party, qui écrit en 1994 un texte qu’on pourrait considérer comme fondateur de l’islamo-gauchisme, intitulé «Le Prophète et le Prolétariat». Il fait de l’islam radical un «mouvement social» qu’il serait une «erreur» de désigner comme fasciste. L’islamisme radical est, selon lui, une «utopie» et dire que les islamistes sont les ennemis de la laïcité, c’est «faciliter aux islamistes la représentation de la gauche comme faisant partie d’une conspiration “infidèle”, “laïciste” des “oppresseurs” contre les couches les plus pauvres de la société». Si Harman affirme que «les islamistes ne sont pas nos alliés», il dit qu’il ne faut pas non plus les traiter en ennemis. Pour lui, il faut essayer de guider une partie de la jeunesse musulmane vers le progressisme, sans chercher à la braquer avec la laïcité.

Troisième source de l’islamo-gauchisme: l’analogie entre les juifs d’hier et les musulmans d’aujourd’hui. En 2014, dans Pour les musulmans, l’ex-directeur du Monde et fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, s’appuie sur cette veine: il veut reprendre le flambeau de Zola et être aux musulmans d’aujourd’hui ce que fut l’auteur de «J’accuse» aux juifs pendant l’affaire Dreyfus. Il est convaincu que la «construction d’un problème musulman» est comparable à «l’acceptation passive de la construction d’une question juive» dans les années 1930. À «cette banalisation intellectuelle d’un discours semblable à celui qui, avant la catastrophe européenne, affirmait l’existence d’un “problème juif” en France», Edwy Plenel a «voulu répondre en prenant résolument le parti de (ses) compatriotes d’origine, de culture ou de croyance musulmane contre ceux qui les érigent en boucs émissaires.» L’obnubilation de la répétition du même, à savoir l’extermination massive d’une population en raison de sa religion et la conviction d’un engrenage fatal de la «violence symbolique» à la violence physique, conduit toute une partie de la gauche à fermer les yeux devant le problème islamiste.

Beaucoup comparent aujourd’hui l’expression «islamo-gauchisme» à l’expression des années 1930 «judéo-bolchevisme». Pourtant, contrairement à l’expression raciste qui faisait référence aux origines juives de nombreux penseurs du communisme et affirmait l’existence d’un complot mondial dans lequel les juifs seraient derrière les communistes, l’islamo-gauchisme ne désigne pas des intellectuels musulmans convertis au socialisme ou la poussée d’un agenda gauchiste par des musulmans, mais l’indulgence de compagnons de route parfaitement athées envers un islamisme politique.

La comparaison entre Juifs d’hier et musulmans d’aujourd’hui est d’autant plus douteuse que c’est dans le sillage de cette mouvance islamo-gauchiste que s’est installée une nouvelle judéophobie au nom de la cause palestinienne et de Juifs désormais désignés comme des oppresseurs.

● Décolonialisme

L’expression «décolonialisme» est employée notamment par l’Observatoire du décolonialisme, collectif d’universitaires très opposés à cet entrisme dans les sciences sociales. Les partisans de ces théories préfèrent, eux, parler d’«études décoloniales» ou de «pensée décoloniale». En anglais, on parle de «decoloniality», «décolonialité». Lancé par Edward Saïd et son ouvrage fondateur L’Orientalisme en 1978 (qui présente la manière dont l’Occident a «construit» culturellement une vision fantasmée de l’Orient pendant la colonisation), et avant lui par Les Damnés de la terre de Frantz Fanon, le post-colonialisme, qui ambitionne de déconstruire l’héritage culturel laissé par la colonisation, n’a cessé depuis de progresser au sein des sciences sociales occidentales. Il serait un peu trop rapide de juger l’essor de cette pensée comme une simple «importation» américaine.

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Dans Les Études postcoloniales, un carnaval académique, le directeur de recherche au CNRS Jean-François Bayart rappelle que la déconstruction du colonialisme puise ses sources dans la pensée française, qu’il s’agisse d’écrivains anticoloniaux de langue française - Sartre, Césaire, Fanon ou Senghor - ou des intellectuels de ladite «French theory» - Deleuze, Foucault, Derrida - qui ont largement inspiré les cultural studies sur les campus américains dans les années 1970. La pensée décoloniale naît, elle, en Amérique latine avec le Péruvien Anibal Quijano, professeur à l’université d’État de New York à Binghamton (et concepteur de la «colonialité du pouvoir») et le Portoricain Ramón Grosfoguel, professeur à l’université de Berkeley en Californie (et concepteur du «tournant décolonial»).

Les décoloniaux ont bâti un corpus idéologique qui, pour n’être pas sans failles, raccourcis, approximations et impasses, n’en présente pas moins une certaine cohérence. (Gilles Clavreul, ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme)

Si les penseurs postcoloniaux décrivaient le moment historiquement et géographiquement circonscrit de la colonisation et appuyaient la nécessité de la décolonisation, les penseurs décoloniaux élargissent le spectre à la modernité elle-même. La «colonialité» n’est pas une entreprise de conquête du XIXe siècle, mais une mentalité, une «structure» qui affecte tous les aspects de l’existence humaine. La décolonisation a été incomplète car la colonisation est la matrice même de la culture occidentale, qui se poursuit par les moyens d’une mondialisation capitaliste. Le décolonialisme porte donc l’idée d’une déconstruction de la culture occidentale: il faut décoloniser les arts, la littérature, les corpus universitaires, déloger des bibliothèques estudiantines les «dead white European males» («mâles blancs occidentaux morts»), bref désoccidentaliser l’Occident lui-même. On trouve les traces de cette rhétorique dans le manifeste Nous sommes les Indigènes de la République du 16 janvier 2005 qui donnera naissance au collectif du même nom, présidé par Houria Bouteldja. Il proclame que «la France a été [et] reste un État colonial», si bien que «la décolonisation de la République reste à l’ordre du jour».

 «Les décoloniaux, que cela plaise ou irrite, ont une vraie ambition intellectuelle. Ils ont bâti un corpus idéologique qui, pour n’être pas sans failles, raccourcis, approximations et impasses, n’en présente pas moins une certaine cohérence», résume l’ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gilles Clavreul, dans une note pour la Fondation Jean-Jaurès. Si cette doctrine globale, nourrie par de nombreux théoriciens, a tant de succès chez les étudiants, c’est sans doute parce qu’elle offre les séductions d’un système idéologique de rechange après l’effondrement du communisme.

● Intersectionnalité

La notion d’«intersectionnalité» est centrale dans ces nouveaux champs de recherche. Ce concept jargonnant a été inventé par l’afro-féministe américaine Kimberlé Williams Crenshaw, en 1989, pour désigner la triple oppression que subiraient les femmes afro-américaines en tant que femmes, noires et pauvres. Le paradigme de l’intersectionnalité invite à croiser les caractéristiques identitaires d’une personne (genre, classe, sexe, religion, âge, handicap) pour la placer sur l’échelle des discriminations et des privilèges. Si vous êtes un homme blanc âgé, riche, vous cochez toutes les cases de l’oppression. Si vous êtes une jeune femme noire pauvre, toutes celles du dominé. Exemple d’une thèse française en cours en 2020 qui reprend exactement le paradigme de l’intersectionnalité: «De la mauresque à la beurette: la fabrication d’un cliché médiatique. Une question au croisement du postcolonial et du genre».

L’intersectionnalité invite à dépasser la notion marxiste de classe dans l’anticapitalisme et la différence des sexes dans le féminisme pour croiser les différents critères. En pratique, cela aboutit bien souvent à un effacement de la classe au profit de la race et du genre, ce que déplorent les intellectuels pourtant de gauche Stéphane Beaud et Gérard Noiriel dans leur dernier livre, Race et sciences sociales, où ils affirment que l’appartenance sociale reste «le facteur déterminant autour duquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes». Le livre a été très mal reçu dans le milieu de la gauche universitaire radicale pour sa critique frontale du paradigme de l’intersectionnalité.

La notion d’intersectionnalité est particulièrement présente dans les études de genre. Elle a donné lieu à un nouveau féminisme qui rompt avec le féminisme universaliste, lequel affirme une solidarité des femmes entre elles face aux hommes. Ce féminisme intersectionnel revendique, au contraire, des féminismes différents selon les groupes communautaires: féminisme blanc (à déconstruire), afro-féminisme, féminisme islamique etc. Ainsi, ce féminisme intersectionnel percevra le voile non comme un outil d’oppression, mais comme un marqueur identitaire du groupe dominé des musulmanes. Il préférera l’objectif de l’inclusion à celui de l’émancipation.

Concept académique qui se veut scientifique, l’intersectionnalité se décline en version militante par l’injonction à une «convergence des luttes» entre différents groupes discriminés (femmes, minorités, LGBT). La convergence devant par nature se focaliser sur un point qui cumule tous les défauts, elle se fera contre un ennemi commun: le patriarcat blanc «hétéronormé».

 

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A DROITE, DU NOUVEAU !

Bertrand

 

On ne pourra plus dire, comme les médias de mauvaise foi le font de manière récurrente, qu’à droite il n’y a personne. Xavier Bertrand a décidé de franchir le Rubicon pour la présidentielle de l’année  prochaine. Il y avait déjà des prétendants, mais en interne chez les Républicains, à commencer par Bruno Retailleau, mais bien d’autres comme Valérie Pécresse et Michel Barnier ne cachaient pas leurs intentions. La différence, c’est que  le Président des Hauts-de- France  affiche sa détermination face aux Français, à la manière gaulliste de la rencontre d’un homme avec le peuple, et, donc, ne compte  pas participer à un quelconque mode de sélection.

Pourquoi maintenant …

Cette candidature n’est pas une surprise dans la mesure où l’intéressé avait fait part à plusieurs reprises de son intention. La surprise vient du fait qu’il l’annonce maintenant, à treize mois de l’échéance. N’étant plus chez Les Républicains, il récuse à l’avance toute primaire et veut se présenter en tant que candidat libre qui s’intéresse aux autres couleurs du spectre idéologique. Il n’a donc pas à attendre l’automne prochain, moment choisi par Les Républicains pour procéder au départage des candidats. Il y aura alors profusion de communication, de quoi se noyer. Un coup stratégique qui coupe l’herbe sous le pied aux autres prétendants de la droite modérée, dans un moment de relatif calme politique, tout le monde étant accaparé par la crise du Covid et ses séquelles, et qui lui permet d’exposer tranquillement son projet. Moment d’autant mieux choisi qu’il devance aussi Edouard Philippe qui s’apprête à reprendre la parole à l’occasion de la sortie de son livre, avec un plan de communication très nourri. Désormais, il pourra parler sans s’arrêter, profiter de la campagne des Régionales pour occuper doublement le terrain avec l’espoir de rendre irréversible sa candidature. Tout le monde a été pris de court. Avantage Bertrand.

Une tâche herculéenne.

Sa candidature a été accueillie par les quolibets de l’extrême droite et de l’extrême gauche, sans compter ceux de la gauche, qui rappellent que M. Bertrand est candidat aussi aux régionales et que,  en se déclarant disponible pour la présidentielle, il livre un message à l’électeur des Hauts-de-France, région dont il est président : « Je ne ferai que passer ». Sa double candidature correspond en réalité à une forme de courage et Xavier Bertrand n’en manque pas, lui qui a choisi de se battre en solo. Il a lui-même conditionné sa campagne présidentielle au renouvellement de son mandat dans les Hauts-de-France qui servira à la fois de banc d’essai et de « primaire ». S’il perdait cette première bataille, il ne livrerait pas la seconde. En catimini, les responsables LRem considère Xavier Bertrand comme une concurrence sérieuse à Emmanuel Macron. Car, non seulement la droite peut se rassembler derrière lui, mais son profil de républicain modéré, ferme sur les principes, peut lui permettre de ressouder la « droite bourgeoise » et la « droite populaire » tout en ratissant au-delà, lui, l’ex-agent d’assurances, qui a vécu en HLM, qui n’a pas fait l’ENA, qui a des origines modestes, et  qui veut rester « à portée de baffes » comme il dit. Son plus, c’est le terrain, la France d’en bas, le terroir, la simplicité. Et quand il propose l’hypothèse d’une troisième voie pour « une France fière, redressée et réconciliée », face à Macron et Le Pen, il est crédible. Le Président des Hauts de France est un homme réaliste, qui lit les sondages et les analyses politiques. Et en homme méthodique il va s’appliquer à cocher toutes les cases qui siéront aux électeurs qu’il veut convaincre.

Un projet bien ciblé.

La lisibilité du projet repose sur quelques grands axes : le travail, la restauration de l’autorité, l’intransigeance sur nos principes et nos valeurs, voilà qui parle à toutes les oreilles. Il promet de reprendre la réforme des retraites et de repousser l’âge de départ à 64 puis 65 ans, s’engage à ne pas augmenter les prélèvements obligatoires tout en prônant le remboursement de la dette et la baisse des dépenses publiques. Voilà pour la droite bourgeoise. Mais chacun aura sa part de pouvoir grâce au recours plus fréquent au referendum et aussi avec des décisions qui se prendront sur les territoires, et, encore mieux, dans les entreprises les bénéfices seront partagés. Proximité, simplicité, voilà pour la droite populaire, pour la France des invisibles. Pas de nouveauté décoiffante, mais de quoi consolider un socle électoral.

Réussir l’incarnation.

Face à un électorat de droite en mal d’incarnation, Xavier Bertrand sait qu’il va devoir faire rêver l’ensemble de sa famille politique. Il a un atout : il aime les Français, comme le constate Pascal Péri, et ça se voit, ce qui fait de lui un « anti-macron ». Néanmoins, il sait aussi qu’il va lui falloir franchir nombre d’obstacles pour susciter l’engouement des élus comme des électeurs. C’est pourquoi, il ne parle qu’au futur, jamais au conditionnel, comme pour affirmer sa détermination. Son engagement  à un mandat unique se veut un gage d’action. Il a une petite avance dans les sondages mais il lui faut passer au statut de candidat naturel pour ensuite devenir le candidat unique, condition nécessaire pour avoir une chance d’accéder au second tour. Voilà pourquoi il se dit prêt à travailler avec tous, à rassembler, et de fait, il reprend à son compte les fondamentaux de toutes les droites en espérant que désormais le débat s’organisera autour de lui.

Pourquoi pas lui ?

Réussira-t-il à enclencher la spirale vertueuse,  c’est tout son pari ! Certes, il « en a envie », il est travailleur et organisé, il voit clair dans les attentes du pays, et même il donne des gages de désintéressement, ce que les Français aiment par-dessus tout. Reste à faire de tout cela « le président » … Treize mois pour convaincre !

 


QUAND LA DETTE REVIENT DANS LE DEBAT – LE DOSSIER

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Avec le reconfinement qui ne dit pas son nom, le « quoi qu’il en coûte » en prend une louche de plus, et évidemment creuse un peu plus la dette déjà exponentielle.  De quoi relancer le débat sur son remboursement ou non, ce qui oblige les uns et les autres à rappeler leur position sur le sujet et  oblige notre « grand » argentier à donner son point de vue. Mais d’abord  redonnons les chiffres pour qu’on sache bien de quoi on parle.

Où en est la dette ?

Notre dette dépasse désormais les 120% du PIB. La France entre dans le tableau plutôt  infamant des pays les plus surendettés au monde. Arrêtons-nous seulement à l’Europe où nous tenons compagnie à la Grèce et à l’Italie, et bientôt rejoints par l’Espagne et la  Belgique à cause de la dette Covid. La BCE détient 600 milliards d’euros de dette française et nous aurons besoin d’emprunter 290 milliards d’emprunts brut rien que pour l’Etat en 2021. A quoi il faut ajouter 178 milliards de dettes anciennes qui devront  être refinancées en 2023. Sur les 2 800 milliards, la part du Covid s’élève pour l’instant à 215 milliards.

Cette dette est due rappelons-le, en dehors du « quoi qu’il en coûte », à une explosion des dépenses publiques et évidemment la baisse de l’activité l’aggrave. Elle est fortement internationalisée, détenue à 54% par des non résidents ce qui est à la fois une force en démontrant l’attractivité de la France, et une faiblesse en cas de repli dû à toute cause géopolitique. Ce qui devrait imposer  à tous la plus grande prudence quant aux solutions à envisager pour ce que nous souhaitons faire.

Cet argent n'est pas tout à fait magique. S'il était magique, on ne le verrait nulle part. Or, on peut facilement trouver sa trace. Si vous allez, par exemple, sur le service d'information Bloomberg, vous allez voir la progression du bilan de la Banque Centrale Européenne : le bilan de la BCE a dépassé les 7 200 milliards d'€ jusqu'à représenter 71,8 % du PIB de la zone euro (c'est 30 % seulement pour la FED). On peut se dire qu'on s'en fiche, que tout ça n'est qu'un jeu d'écritures comptables. On peut aussi se dire que la BCE est assise sur un baril de poudre, et qu'il finira un jour par exploser, si nous sommes inconséquents.

Le débat du remboursement.

Ce sujet va revenir régulièrement en boucle pendant les 10 ans qui viennent. Et chacun va y aller de sa solution miracle. Ce sera comme pour le covid : encore un sujet sur lequel tout le monde, et en particulier bien des politiques, va avoir un avis éclairé à défaut d’être définitif. Il y a trois types de réponses : ceux qui annoncent qu’on ne la remboursera pas, ceux qui pensent qu’on la remboursera en augmentant les impôts  et ceux qui imaginent qu’on n’en remboursera qu’une partie ou qu’on l’étalera très longtemps dans le temps.

Ceux qui ne veulent pas rembourser : C’est surtout  la  France Insoumise et Mélenchon qui tiennent ce discours qui relève plus de la posture idéologique que de la réalité. Rembourser la dette serait « engraisser » les banques.  Ce credo est repris par une centaine d’économistes européens emmenés  par Thomas Piketti qui rêve d’une action punitive contre les « riches ». Une escroquerie intellectuelle quand on sait quelles conséquences l’application d’une telle décision entrainerait : déjà pour les 600 milliards détenus par la BCE, c’est interdit par les traités européens, inutile d’entrer dans le détail  d’une opération qui serait de toute façon inutile ; ensuite, toute annulation aboutirait a supprimer l’autonomie de la Banque centrale et donc pour financer la dette annulée vis-à-vis des banques commerciales, l’Etat devrait tout simplement augmenter les impôts des Français dans un pays déjà saturé ; enfin, vouloir annuler la dette c’est oublier les taux d’intérêts et croire que les prêteurs sont des idiots : ceux qui nous prêtent à moyen et long terme aujourd’hui avec des taux très bas voire négatifs intégreraient immédiatement une prime de risque avec à la clé une augmentation des taux obligataires, encore heureux s’ils ne nous snobent pas. Enfin, un défaut sur la dette, c’est une spoliation de l’épargne des Français qui détiennent directement ou indirectement via leurs assurances-vie, près de la moitié de la dette nette négociable de l’Etat. Comment paiera-t-on alors les pensions, les salaires publics et des hôpitaux… Retenons comme paramètre que 2% d’intérêts sur une dette de 2 800 milliards d’euros, cela fait 56 milliards d’intérêts à payer, soit le budget de l’Education.

Rembourser en augmentant les impôts : « pourquoi pas », s’est interrogé François Bayrou, en imaginant, une fois de plus, une contribution « des plus riches »…  et de fait, la moitié des Français anticipe une hausse d’impôts. Mais quels impôts permettraient de rembourser ? Le même Thomas Piketti souhaite qu’on revienne sur deux mesures phares du quinquennat : l’ISF et l’allégement de la taxation des revenus du capital. Mais ce qu’ils rapportent sera loin d’être suffisant. On comprend que les Français préfèrent épargner.

Cantonner une partie ou étaler dans le temps : ce sont deux possibilités raisonnables, sans pour autant être équivalentes. Bruno Le Maire a récemment pris position pour le cantonnement de la dette Covid. Rappelons que notre dette dépassait déjà les 100% du PIB fin 2019. La crise sanitaire a été une aubaine pour la France, puisqu'on a arrêté de parler de la limite des 3% du PIB pour le déficit public et de 100% du PIB pour la dette. Au contraire, il fallait dépenser, creuser son déficit et s'endetter pour soutenir l'économie. On n'arrivait déjà pas à rembourser la dette avant le Covid, comment voulez-vous la rembourser après le Covid ? On va donc avoir droit à des manoeuvres « magiques » pour tenter de la faire disparaître. Bruno Le Maire a compris que pour qu'un objet disparaisse, il faut le retirer de la vue : notre Garcimore national propose donc de l' « isoler ». On la cantonne, on la met dans un coin. Vous voyez la dette Covid ? Hop ! Vous ne la voyez plus... !! Ainsi, on la fait disparaître virtuellement, en la rendant « perpétuelle », une sorte de dette à vie donc. On la fait rouler sur du très long terme. La BCE peut le faire, mais cela ne concerne que les 25% de la dette qu’elle détient. Isoler la dette Covid et la rembourser non pas avec une taxe comme la CRDS mais plutôt une partie des recettes issues du retour de la croissance, ce qui est très flou. Pour le reste notre financier propose une feuille de route pour le rétablissement des comptes publics avec une vision pluriannuelle. On aura l’occasion d’y revenir.  Les Républicains,  par les voix de François Baroin, Agnes Evren et Aurélien Pradié, seraient d’accord pour neutraliser la dette Covid au sein de la BCE, mais ils vont au-delà. Ils pensent que pour garder la confiance des Français et des investisseurs, et en même temps garder des marges de manoeuvre  pour relancer l’économie au sortir de la crise, il faut assurer publiquement et fortement que la dette sera remboursée et qu’en parallèle,  le cadre fiscal sera stabilisé et attractif.  Le seul moyen de concilier ces impératifs, c’est d’allonger la durée de la dette française (8 ans aujourd’hui contre 15 ans pour le Royaume-Uni) et développer les emprunts de 50 ans. Il s’agit par ce moyen de soulager la génération qui entre aujourd’hui sur le marché du travail du fardeau de la solidarité entre les âges.

Les outils du remboursement.

La crise sanitaire va finir par s'arrêter avec la vaccination massive. Alors, il va falloir arrêter de dépenser massivement et de faire des cadeaux, et il va falloir faire les comptes. C’est là qu’ on va s'apercevoir que tous les pays ont laissé leurs dettes déraper pour combattre la crise économique, que certains pays ont beaucoup plus dépensé que d'autres et que certains pays, dont la France, auront des difficultés à rembourser le surplus de dette, dite « dette Covid ». Dans ce contexte, si l’on veut préserver les chances d’une reprise forte de l’économie, il faut absolument renoncer à toute augmentation des impôts. Ensuite, il faut combiner trois paramètres qui permettront de commencer à rembourser en étalant : dégager de la croissance, maîtriser rigoureusement les dépenses et compter sur une reprise de l’inflation… en gardant un œil sur les taux d’intérêt. Car les taux, c’est l’étau financier.

Bon courage à ceux qui prendront le manche en 2022.

 


RECONFINES !?

Confinement petit commerce

 

Drôle de printemps.

C’est une manière d’entamer la saison nouvelle. Les millions de Français de l’Ile-de-France et des Hauts de France sont astreints à un reconfinement dont parait-il il ne faut pas prononcer le nom. Et pour cause, en dehors du fait que vous ne pouvez pas sortir de votre région ou département, vous pouvez pratiquement vaquer à vos occupations habituelles.  Seul le shopping est limité, et ce seront les  femmes les plus punies puisque les commerces qui resteront fermés se limitent pratiquement à ceux qui vendent des vêtements. D’ailleurs pour savoir ceux qui ont le droit d’être « essentiels », il faut consulter la liste à la Prévert édictée par notre administration toujours très productive quand il s’agit de réglementer. De même, pour sortir et vous déplacer, vous devrez vous munir d’une auto-autorisation avec pièces justificatives, selon que vous serez à 1km, 10 km ou 30 km de votre domicile. Il a fallu quarante huit heures pour que nos technocrates s’aperçoivent que s’auto-autoriser à aller se promener ne nécessitait pas cette paperasse mais néanmoins, il faudra avoir avec soi un document qui atteste une domiciliation. Cohérent mais courtelinesque. C’est ainsi que les rues de nos grandes villes sont loin d’être désertes, que les endroits de promenades, parcs, bois, bords de rivières, connaissent l’affluence qu’un soleil généreux favorise. Sans que les précautions sanitaires recommandées soient toujours respectées …

Assignés à résidence.

La décision de reconfiner un tiers de la population française n’aura surpris personne, elle n’en est pas moins astreignante pour les personnes concernées. Avec 30 000 nouveaux cas quotidiens, la situation devenait insoutenable. La lenteur de la campagne vaccinale a entraîné un retour aux bonnes vieilles mesures de protection. Une nécessité, mais aussi un aveu d’échec. Fallait-il confiner il y a plus d’un mois, quand le Conseil scientifique le réclamait à cor et à cri ? Le « courage » du président à l’époque n’aura été que provisoire. Voilà qu’aujourd’hui il rentre dans le rang. Le principal objectif de nos autorités, c’est d’apporter un soulagement assez rapide aux hôpitaux dont les salles de réanimation sont saturées, faute d’avoir fait l’effort nécessaire, pourtant annoncé il y a près d’un an, d’en augmenter les capacités. Les conditions du confinement tiennent compte de l’acceptabilité limitée des Français. On devrait plutôt parler d’assignation à résidence, car le principal  interdit concerne la frontière du département dans lequel  on réside qu’il est interdit de franchir. Cependant, ce confinement « aéré » qui, selon le président de la République, n’en est pas un, ne permet de prédire une soudaine amélioration de la situation. L’attitude d’Emmanuel Macron qui, pour des raisons politiques et du fait qu’il a refusé de confiner en janvier dernier, consiste à nier la réalité du troisième confinement est puérile. Cela a conduit à la consigne imposée au porte-parole de l’exécutif, Gabriel Attal, de claironner à l’envi qu’il ne s’agit pas d’un confinement : c’est pathétique, surtout quand le Premier Ministre a fondé son annonce sur le mot proscrit. Espérons malgré tout que tout ce chari-vari portera ses fruits.

Vaccination accélérée.

La bonne nouvelle, c’est que le vaccin AstraZeneca a été réhabilité par l’Agence européenne du médicament, ce qui permet à tous ceux de nos concitoyens qui désirent se protéger d’avoir accès plus vite à l’injection salvatrice. A cet égard, l’intervention hier soir à la télévision de Thierry Breton, Commissaire européen en charge du dossier de la production des vaccins, a été réconfortante : l’Europe s’est donnée les moyens de faire face aux besoins et la montée en puissance de la production va commencer à produire ses effets, chiffres à l’appui. D’ici  le 14 juillet, pratiquement la moitié de nos compatriotes pourra se faire vacciner. Avec l’afflux des livraisons, voici qu’on va aussi changer de stratégie. Ce qui n’était pas envisageable hier va s’imposer demain : nous allons voir fleurir les « vaccinodromes » tant décriés il y a encore peu. L’armée est appelée en renfort, ce qui est aisé à comprendre puisque la logistique, c’est son point fort, et pour avoir les cadences qu’imposent les objectifs du gouvernement, il va falloir « assurer », comme on dit. Enfin, on passe aux choses sérieuses.  Comme pour les masques, tant qu’on manquait de vaccins, ça tortillait pour dire la vérité : à quoi bon faire de grands centres tant qu’on était incapable de les approvisionner !

L’essentiel c’est qu’on en sorte le plus vite. 

 


LE TEMPS DES REGRESSISTES.

Le  bloc-notes vous proposera régulièrement en partage des articles ou analyses significatifs, rédigés par des personnalités qui apportent mieux que je ne pourrai le faire, les arguments nécessaires  à votre réflexion sur ces théories mises en avant par  ceux qui s’appellent les « progressistes » mais qui s’avèrent être une régression extraordinaire de la pensée. Il s’agit d’un vaste mouvement qui a investi nos universités et nos grandes écoles où elles imposent souvent de manière totalitaire leur point de vue et qu’il  s’agit de dénoncer et de combattre sans arrêt et sans concession.

 

L’APARTHED EN FRANCE !

La présidente de l’UNEF a admis publiquement sur Europe 1 que son syndicat organise des réunions interdites aux Blancs. Ainsi, dans des universités françaises, des salles sont aujourd’hui fermées à certains étudiants du fait de leur couleur de peau. Mélanie Luce, dans la même interview, n’hésite pas à condamner « les racismes »... mais pratique le racisme anti-blanc : il s’agit là d’une stratégie de discrimination assumée et revendiquée, d’un délire de « lutte des races » qui prend en otage nos facs. Comment une gauche qui se dit « universaliste » peut-elle admettre une telle dérive ? Comment le gouvernement, chargé de garantir les principes fondamentaux de notre démocratie, peut-il ne pas réagir ?

Cet épisode nous montre qu’il faut sans perdre de temps mener un combat sans concession aux tendances indigénistes, racialistes, décoloniales, qui derrière un discours victimaire, attaquent sans relâche le principe même de l’unité de notre pays. Et si l’UNEF ne rompt pas résolument avec cette dérive, il faudra obtenir sa dissolution.

Voici un article de Pierre-André Tazieff sur le « décolonialisme ».

Taguieff
Pierre-André Taguieff :

« Le décolonialisme est un projet utopique global »

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - L’historien, qui a forgé le concept d’islamo-gauchisme, répond aux critiques qui lui sont adressées. Et l’universitaire explique la rhétorique et les objectifs concrets du mouvement dit «décolonial». Il vient de publier «Liaisons dangereuses: islamo-nazisme, islamo-gauchisme» aux éditions Hermann.

FIGAROVOX.- Depuis les déclarations du ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal sur l’ «islamo-gauchisme» les polémiques sur la question se multiplient. Que pensez-vous de la dernière en date à Sciences Po Grenoble?

Pierre-André TAGUIEFF.- La chasse aux sorcières lancée contre de prétendus islamophobes à Sciences Po Grenoble est une nouvelle preuve que l’islamo-gauchisme existe et fait des ravages dans l’enseignement supérieur. Elle témoigne du fait que des étudiants et des enseignants se sont ralliés à la stratégie rhétorique des islamistes, ce qui relève de l’islamo-gauchisme. Car plus l’islamisme tue, et plus on dénonce «l’islamophobie». Depuis l’assassinat de Samuel Paty, les appels à «lutter contre l’islamophobie» se multiplient.

Le 4 mars 2021, sur un mur de l’Institut d’études politiques de Grenoble, un collage portait cette inscription accusatoire: «Des fascistes dans nos amphis. Tournier et Kinzler démission. L’islamophobie tue.» L’Unef a aussitôt reproduit sur son compte Twitter l’inscription accusatoire, mettant en danger les deux enseignants et les exposant à des menaces et des insultes sur les réseaux sociaux. Par ce geste, le syndicat étudiant a confirmé involontairement ses dérives islamo-gauchistes, observables depuis plusieurs années. Il témoigne aussi du fait inquiétant que, dans certains lieux universitaires, le terrorisme intellectuel règne, expression de la tyrannie des minorités, au nom de l’antifascisme et de l’anti-islamophobie.

Professeur d’allemand à Sciences Po Grenoble, Klaus Kinzler est devenu suspect pour avoir déclaré qu’il voulait débattre sur l’emploi du mot «islamophobie», lors d’une «Semaine de l’égalité», au sein d’un groupe de travail intitulé «Racisme, islamophobie, antisémitisme», auquel il s’était inscrit le 30 novembre 2020. Vouloir débattre sur cette question suffit à offenser les indignés et les «éveillés» permanents. Quant au politiste Vincent Tournier, il a été accusé d’«islamophobie» par l’Union syndicale de l’IEP de Grenoble, nouvelle milice idéologique, pour avoir assuré un cours intitulé «Islam et musulmans dans la France contemporaine» alors qu’il était soupçonné par ces étudiants d’extrême gauche d’être «islamophobe». Les rumeurs malveillantes tiennent ici lieu de preuves.

L’accusation d’islamophobie n’est pas seulement diffamatoire et intimidante, elle équivaut à une légitimation d’éventuelles agressions, voire à une condamnation à mort. Il faut souligner l’inversion victimaire: des militants islamo-gauchistes qui lancent une chasse aux sorcières contre deux enseignants osent dénoncer avec indignation la «chasse aux sorcières islamophobe» qu’aurait lancée Frédérique Vidal, laissant ainsi entendre qu’il y aurait en France une «islamophobie d’État».

La multiplication des accusations mensongères d’islamophobie dans l’espace universitaire nous rappelle que ces accusations illustrent la nouvelle méthode de diabolisation et de criminalisation des adversaires politiques, voués à l’exécration publique et à la mort sociale.

Dans ce que vous appelez un «nouveau grand clivage idéologico-politique», sommes-nous en train de vivre un tournant?

Ce clivage émergent tend à marginaliser et affaiblir le vieux clivage droite-gauche, du moins dans le monde des élites culturelles. L’engagement dans la «lutte contre l’islamophobie» est devenu un trait majeur de l’identité politique de gauche en même temps, et contradictoirement, un puissant facteur de division de la gauche. Il y a de très nombreux citoyens français, de droite et de gauche, qui considèrent que l’islamisme constitue une grave menace pour la cohésion nationale et l’exercice de nos libertés. Peuvent-ils être déclarés «islamophobes»? C’est là, à l’évidence, un abus de langage et une confusion entretenue stratégiquement par les islamistes eux-mêmes, suivis par les gauchistes qui ont pris leur parti. Ces citoyens sont en vérité hostiles à l’islamisme et ont d’excellentes raisons de l’être, au vu des massacres commis par les jihadistes, du séparatisme prôné par les salafistes et des stratégies de conquête des Frères musulmans. Mais ils n’ont rien contre l’islam en tant que religion, susceptible d’être critiquée au même titre que toute religion.

Quant aux anti-islamistes, ils voient nécessairement dans les islamo-gauchistes des adversaires politiques. Rappelons qu’un islamo-gauchiste est un gauchiste (ou un «extrémiste de gauche») qui milite avec certains islamistes avec lesquels il a noué des alliances, éprouve de la sympathie pour certaines causes défendues par les islamistes ou justifie des actions terroristes commises par des islamistes en les présentant comme le «dernier recours» des «opprimés». La dénonciation de l’islamophobie est le principal geste partagé par les islamistes et les islamo-gauchistes.

Ces derniers sont islamophiles pour diverses raisons: l’islam serait «la religion des pauvres» ou des nouveaux «damnés de la terre», les musulmans seraient les victimes d’un «racisme d’État», d’une «islamophobie d’État» ou de «discriminations systémiques», l’islamisme serait porteur d’un «potentiel révolutionnaire» justifiant qu’on puisse passer des alliances avec certains activistes islamistes, etc. Dans ce dernier cas, les «islamo-gauchistes» doivent être qualifiés d’«islamismophiles». Le jihad interprété comme une forme de résistance armée à l’impérialisme et au colonialisme, quoi de plus séduisant pour une extrême gauche anti-impérialiste?

L’opposition entre «islamophobie» et «islamo-gauchisme» est faussement claire. Il y a de très nombreux citoyens français, de droite et de gauche, qui considèrent que l’islamisme constitue une grave menace pour la cohésion nationale et l’exercice de nos libertés. Peuvent-ils être déclarés «islamophobes»? C’est là, à l’évidence, un abus de langage et une confusion entretenue stratégiquement par les islamistes eux-mêmes, suivis par les gauchistes qui ont pris leur parti. Ces citoyens sont en vérité «islamismophobes», et ils ont d’excellentes raisons de l’être, au vu des massacres commis par les jihadistes, du séparatisme prôné par les salafistes et des stratégies de conquête des Frères musulmans. Mais ils n’ont rien contre l’islam en tant que religion, susceptible d’être critiquée au même titre que toute religion.

 

En quoi les idéologues du décolonialisme convergent-ils avec les islamistes ?

Il faut souligner la convergence du discours islamiste intellectualisé de style frères musulmans et du discours décolonial - nouveau catéchisme révolutionnaire de l’extrême gauche -, qui fabriquent du ressentiment dans les populations issues de l’immigration par la dénonciation hyperbolique des «crimes du colonialisme». Accuser en permanence la France de «crimes contre l’humanité» et de «racisme», c’est produire de la conflictualité ethnicisée et de la volonté de revanche ou de vengeance chez ceux qu’on arrive à convaincre qu’ils sont les éternels «indigènes de la République», et entreprendre de culpabiliser les Français dits «de souche», «blancs», «mécréants» ou «racistes».

Les idéologues du décolonialisme rejoignent les islamistes dans leur haine de l’humour, de l’ironie et de la satire, une haine qui se traduit par la «cancel culture», cette culture de l’élimination de tout ce qui censé «choquer» ou «blesser» les membres d’un groupe supposé discriminé, dominé ou «racisé». La passion moralisatrice de ces minorités actives, dans lesquelles se croisent gauchistes et islamistes, c’est la haine de la liberté intellectuelle et de la libre création.

Pour comprendre les liens entre le décolonialisme, l’islamisme et l’islamo-gauchisme, il faut partir de la convergence entre l’anticapitalisme (marxiste), l’anti-occidentalisme (islamiste) et l’antiracisme anti-Blancs (décolonialisme). Comme les islamistes, les propagandistes décoloniaux tendent à réduire le racisme à «l’islamophobie», considérée par les islamo-gauchistes comme le racisme qu’il faut aujourd’hui combattre prioritairement. Depuis les années 1930, au moment où surgissait l’alliance islamo-nazie, les islamistes ont habilement utilisé l’anticolonialisme et l’anti-impérialisme pour faire basculer dans leur camp les nationalistes arabes.

Les idéologues du décolonialisme se sont emparés de cette thématique anti-impérialiste, dont on trouve des traces dans le tiers-mondisme, puis dans l’altermondialisme, pour réduire les sociétés occidentales à des sociétés inégalitaires structurées par les oppositions dominants/dominés et racisants/racisés, héritage supposé indépassable du colonialisme. Ils incriminent les «sociétés blanches», accusées de «racisme d’État», mais font silence sur les sociétés «non-blanches».

Cette politique de discrimination inverse est menée officiellement sous le drapeau de la diversité et de l’inclusivité.

Le décolonialisme remplace-t-il le marxisme à l’extrême gauche ?

Le décolonialisme est un projet utopique global de refonte de l’ordre social, impliquant une critique radicale de l’hégémonie dite occidentale ou «blanche» et la volonté d’y mettre fin. On peut y voir une reformulation du projet révolutionnaire communiste, qui visait l’instauration d’une société sans classes. L’utopie du décolonialisme a pour objectif de créer une nouvelle société sans discrimination (de race, de genre, etc.) au terme d’une «décolonisation» des représentations et des croyances, des savoirs, des pratiques et des institutions. La «décolonisation» généralisée est censée s’accomplir à travers une mise en accusation permanente et systématique des supposés «dominants» et «racisants», ces bénéficiaires du prétendu «privilège blanc» voués à être dénoncés publiquement, isolés et sanctionnés.

Ses armes conceptuelles sont la «déconstruction» qui ne s’applique qu’à la «pensée blanche», la notion floue de racialisation (ou d’assignation racialisante) qui permet de voir du racisme partout dans le camp de l’adversaire, l’intersectionnalité (nom pseudo-savant du banal croisement et cumul des désavantages sociaux, réduits pour l’essentiel aux effets de la race et du genre) et le racisme systémique, cette force mystérieuse qui possède la vertu de multiplier les racistes sans le savoir, de structurer les attitudes, les comportements et les fonctionnements institutionnels. Dans la langue de bois décoloniale, on dénonce les «processus de racialisation», qui consistent à réduire un individu à une catégorie associée à des stéréotypes négatifs. La «racialisation» présente l’avantage d’étendre indéfiniment le champ du racisme et donc le nombre des «racisés», selon les exigences du nouveau combat révolutionnaire dans lequel l’antiracisme» dit politique joue un rôle majeur.

En attendant le nouveau Grand Soir, ce moment rêvé de la décolonisation totale qui permettra d’entrer dans l’âge post-discriminatoire et post-raciste, le mouvement décolonial prétend «déblanchir» l’imaginaire social et le champ culturel, à démanteler tous les héritages de l’«hétéro-patriarcat» (sic) et à systématiser le recours à la discrimination positive, ce qui implique de privilégier, dans l’accès aux postes et aux places, les membres des catégories proclamées victimes de supposées discriminations systémiques. Cette politique de discrimination inverse est menée officiellement sous le drapeau de la diversité et de l’inclusivité.

Votre dernier livre s’intitule: « Liaisons dangereuses: islamo-nazisme, islamo-gauchisme. » N’est-ce pas prendre le risque de l’amalgame de traiter ces deux questions en même temps?

Non, car le sous-titre n’est pas «De l’islamo-nazisme à l’islamo-gauchisme». Je distingue clairement les deux phénomènes idéologico-politiques et ne suppose pas l’existence d’une continuité entre eux. Qu’on puisse relever des analogies ou des thèmes communs dans les couplages entre les islamistes et leurs alliés d’extrême droite ou d’extrême gauche est une autre question. Par exemple, la haine des Juifs, sous ses différentes formes (du racisme antijuif à l’antisionisme radical), se rencontre dans l’islamo-nazisme comme dans l’islamo-gauchisme.

À LIRE AUSSI :

Taguieff: «Le décolonialisme est la maladie sénile de la gauche intellectuelle contemporaine»

 


LE GRAND CAPHARNAÜM.

Coronavirus Covid vaccination

La vaccination en panne.

« Je vous demande de ne pas injecter un vaccin que vous n’avez pas ! » C’est une caricature  de la situation dans laquelle se trouvent nos pharmaciens et nos médecins libéraux autorisés à vacciner depuis le milieu de la semaine dernière. Sans Astra, pas de vaccination.  En effet, les autorités françaises ne peuvent pas se procurer des doses de Pfizer et de Moderna en quantités massives et le Johnson et Johnson ne sera disponible que dans au moins un mois. Le vaccin Astrazeneca, avec lequel Boris Johnson vaccine toute l’Angleterre, finalement, ne présente pas plus de risque qu’un autre. Mais le psychodrame que nous venons de vivre, alors qu’en France aucun cas  ne justifiait sa suspension, alourdi par la décision de l’Allemagne et de 15 autres pays de l’Union, lui  a fait une bien mauvaise réputation,  suffisante  pour ralentir un peu plus la campagne vaccinale en Europe et surtout chez nous. Selon un sondage Elabe pour BFM-TV réalisé lundi et mardi, 81 % des Français estiment que l’exécutif a mal géré le nombre de doses de vaccin disponibles, une opinion en forte hausse.

Les errements du gouvernement.

Cette suspension pour 48 heures de la vaccination conduit le gouvernement à se déjuger sur sa stratégie anti-Covid. L’idée que l’immunisation devancerait la contagion est maintenant inapplicable et les pouvoirs publics n’ont pas d’autre choix que de miser, une fois de plus, sur les gestes-barrières.  La crise sanitaire a atteint un nouveau pic qu’il serait malséant, en temps normal, de traiter par l’imprécation. Mais enfin, nous sommes revenus aux transferts de malades graves par TGV ou hélicoptère, à la saturation des hôpitaux, notamment en Ile-de-France, et à l’augmentation sensible du nombre de cas. Plein de questions se posent. En voici trois : la suspension de la vaccination décidée par le Président, seul dans sa tour d’ivoire, a été prise dans la précipitation : a-t-il cédé à l’affolement ? Que n’a-t-on depuis  l’an dernier renforcé notre capacité hospitalière en matière de  lits de réanimation, comme le réclamaient le corps médical et l’opposition ? Que penser d’une telle gouvernance qui, au passage, piétine la démocratie en tenant à  l’écart le parlement au profit d’une officine sans légitimité, le Conseil scientifique, dont on ne sait rien des délibérations ?

Un Président prisonnier de son technocratisme.

Macron n’a pas de « feeling » politique. C’est une brillante intelligence qui construit ses décisions en cherchant la rationalité. C’est sa formation, il ne sait  pas faire autrement. Il est entouré de technocrates  eux-mêmes brillants, mais ce ne sont que des technocrates comme lui. Il a besoin de consulter d’où les multiples structures qu’il a mises autour de lui, à commencer par le « Conseil scientifique » et le « Conseil de défense », comme Louis XIV avait son « Conseil d’En-Haut ». Mais voilà, dans le contexte actuel, ces organes ne lui apportent aucune réponse  claire. J’étais hier devant LCI qui interrogeait quatre pontes de la santé : quatre points de vue différents, voire opposés. Comment décider alors ? D’autre part, notre Président n’a aucune expérience de ce qu’est vraiment la politique.  Il n’a jamais été élu de terrain, ni maire, ni conseiller départemental, ni député. Ses prédécesseurs avaient à leur disposition un réseau puissant d’élus de terrain, des partis structurés, des groupes parlementaires qui faisaient remonter le mardi matin les échos de la France profonde. Le parti de Macron est complètement déconnecté et ne peut lui rendre ce service-là. Macron ne sent pas la France. Or c’est indispensable quand des décisions graves doivent être prises.

Principe de précaution et émotion.

Ni décision scientifique, ni choix politique, la suspension de l’usage du vaccin AstraZeneca signe plutôt le triomphe de l’émotion. Voilà à quoi on en est réduit. Le gouvernement donne de ses errements une image très négative qui ne rassure pas nos concitoyens, éberlués par une pénurie de doses qui n’est pas passagère et s’inscrit dans la durée. Jouer le va-tout français sur la vaccination n’était compréhensible que si nous nous étions assurés de disposer d’approvisionnements massifs. Emmanuel Macron a prétexté une réunion de l’Agence Européenne des Médicaments pour décider dans l’urgence, lundi, ce que son Premier ministre refusait encore dimanche… « par précaution », a-t-il justifié, sans mesurer que cette course folle au risque zéro mène droit dans le mur. Car pour 30 cas de thrombose après injection sur 5 millions de patients en Europe piqués au sérum d’AstraZeneca, l’exécutif fragilise sa stratégie vaccinale, déjà poussive. Il hypothèque le retour aux jours meilleurs, alors que la troisième vague menace. Il décrédibilise pour longtemps toute logique scientifique : chercher à évaluer l’équilibre entre coût (les morts) et bénéfices (les sauvés). Mais pareille réflexion est désormais interdite dans un pays submergé par ses pulsions émotives. Résultat, des dizaines de morts du Covid faute d'être vaccinés seront sacrifiés sur l’autel d’un danger aussi hypothétique que limité. Et ce, par crainte de la défiance collective ! C’est ainsi, dans la démocratie émotionnelle, les pulsions mènent le bal sur le tempo des réseaux sociaux, vecteurs de peur et de ressentiment, d’amalgames et de démagogies. Le chef de l’Etat pouvait faire autrement même s’il doit composer avec une opinion versatile et volatile, suspicieuse et dépressive. A vouloir tout ménager, il perd en crédibilité et dévalue un peu plus son pouvoir. Le  soi-disant maître des horloges découvre que l’émotion collective est maîtresse de son action. Avec 300 morts par jour ...

L’Europe a bon dos.

On se précipite un peu trop pour juger l’Europe. Il faudrait commencer par rappeler,  ce qui est  rarement fait, que la France a pesé au maximum pour limiter les achats de vaccins Pfizer, afin de   protéger l’arrivée, alors attendue, du vaccin français de Sanofi… qui a ensuite déclaré forfait.  On s’étonnera que les  contrats signés s’avèrent aujourd’hui insuffisants ! Les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui a payé ses vaccins à des prix exorbitants, sont présentés comme des modèles, mais ils ont enregistré à ce jour beaucoup plus de morts que tous les autres. Israël est aussi montré en exemple mais il a accepté de donner toutes les données personnelles de ses habitants à Pfizer. Ce serait impossible chez nous. Alors bien sûr, tout n’a  pas été parfait. La réalisation a été un peu gâchée administrativement à Bruxelles, comme elle l’est en France, par un mélange de juridisme et de bureaucratie. Rappelons que la santé n’est pas une compétence de L’Union. Imaginez aussi qu’on n’ait pas négocié ensemble : tous les petits pays européens n’auraient pas de vaccins parce qu’ils n’auraient pas été en mesure de négocier avec les grands labos. Ils se seraient fait racketter. Ils ont beau jeu de jouer, pour certains les francs-tireurs. Mais l’Europe reste l’Europe. L’union a ses limites, et la liberté de chacun des états-membres peut conduire à des attitudes peu solidaires, souvent pour des raisons de politique internes. Il y a parfois des comportements de voyous qui curieusement s’effacent quand il s’agit d’empocher les subventions. Je parie que d’ici deux à trois mois, on verra que c’est l’Europe qui fabrique le plus de vaccins dans le monde. Car le  grand mérite de la Commission actuelle c’est d’avoir des commissaires comme Thierry Breton qui ont pris la mesure des carences de production actuelles et qui s’emploient pour y remédier.

Donc on va reconfiner, partiellement, différemment, mais on va reconfiner une partie des Français. La  bonne nouvelle, c’est que derrière, inéluctablement, et quelle que soit la politique, il y a la délivrance grâce à la vaccination. Comme les masques, elle peine au départ, mais  elle va s’amplifier inexorablement. Et tant mieux !

 


LA FÊTE CONTINUE !

Economie  bourse

 

Le CAC à plus de 6 000 pts ! 

Le CAC atteint ce seuil symbolique. Et les indices boursiers affichent de nouveaux records historiques. C'est le cas du Dax, l'indice allemand, hier. Quel chemin parcouru en moins d'un an ! Ce qui alimente la hausse des marchés c'est cet argent qui coule à flots continus : l'argent des banques centrales,  ou si l’on préfère, l'argent des gouvernements financé par la dette, elle-même financée par les banques centrales. Depuis un an, les gouvernements et les banques centrales ont réagi vite et fort,  et il y a trop d’argent dans le circuit. Il inonde les marchés, accentuant la financiarisation de l’économie et le  découplage avec l’économie réelle. Si bien que les connaisseurs le savent, il y a deux indices CAC : l'indice CAC que nous connaissons et dont le niveau est commenté tous les jours, et l'indice « CAC GR » ou CAC « Gross Return ». Ce dernier tient compte des dividendes réinvestis en actions. Et ce CAC GR a atteint un record historique. Deux chiffres pour mesurer le chemin parcouru : le CAC a chuté le 16 mars 2020 à 3 612, il cote aujourd'hui 6 000 ; le CAC « GR » cotait 10 200 le 18 mars 2020, il vaut 16 682 !  Tout est  dit !

« Whatever it takes ».

Cette expression lancée par Mario Draghi en 2012 est encore d'actualité. Le rapport de la dernière réunion de la Banque Centrale Européenne est clair : l'argent va continuer à couler à flots en Europe. Notre plan de relance européen de 750 milliards d'€, qui n'a d'ailleurs toujours pas été déployé, fait pâle figure face aux plans de relance américains, mais notre Banque Centrale va compenser tout cela. En Europe, le rebond de l'économie sera moins puissant qu’aux Etats-Unis, et en plus  il est différé chaque jour un peu plus  à cause des cafouillages de la campagne de vaccination. Le plein emploi n'est pas du tout d'actualité, et l'inflation n’est pas un sujet  face  aux facteurs déflationnistes toujours puissants. La BCE a bien compris tout cela, et elle va devoir continuer à soutenir la croissance. Elle va donc injecter encore plus d'argent dans le circuit, « At a significantly higher place », a annoncé Christine Lagarde. La fête de l'argent va  continuer en Europe et les indices européens se réjouissent : plus les nouvelles sont mauvaises pour l'économie, plus la banque centrale injectera de l'argent, et plus la banque centrale injectera de l'argent, plus la bourse montera. Un paradoxe ? Pas vraiment. Il n’y a que la bourse qui peut rapporter en spéculant. Les taux bas disqualifient les autres placements et les investisseurs savent que leur remontée sera très limitée.

1 900 milliards de $ !

Le plan Biden a été adopté par le Sénat : 1 900 milliards de $ qui viennent s'ajouter aux 900 milliards de $ du plan de soutien de décembre. Aux États-Unis, chaque Américain gagnant moins de 80 000 $ par an, va recevoir un chèque de 1 400 $ qui viennent s'ajouter aux chèques de 1 200 $ puis de 600 $ envoyés par l'administration Trump. Il faut y ajouter des aides pour les chômeurs supplémentaires,
plus des fonds pour les vaccinations pour le personnel soignant et pour la couverture santé des plus défavorisés, plus des aides pour les écoles et les lycées. Voilà un pays qui s'apprête à distribuer 422 milliards de $ directement aux ménages.  De l’argent « hélicoptère » qui tombe du ciel. L'État n'intervient plus seulement pour soutenir les plus défavorisés, il intervient pour compenser la baisse de la croissance et ses conséquences. Pour Janet Yellen, la secrétaire au Trésor Américain et ancienne patronne de la banque centrale américaine, la lettre de la reprise est le « K ». Une confirmation officielle d'une tendance profonde. Cela veut dire que la reprise va favoriser les entreprises qui ont su surfer sur les tendances qui ont été très largement accélérées par la crise sanitaire, autrement dit une très large partie de l'économie va rebondir. Par contre, une partie de l'économie ne se relèvera pas une fois les aides gouvernementales supprimées. D’où le « K ». Cela provoque des « rotations » en bourse, ainsi, la  semaine dernière, les investisseurs se sont rués sur les valeurs technologiques qui avaient pourtant perdu plus de 20% et étaient entrées dans un territoire de baisse : hausse de 3,69 % pour le Nasdaq alors que le Dow Jones ne progressait que de 0,10 %. Malgré le package massif de relance américain, malgré les perspectives de hausse de l'inflation, malgré les perspectives de hausse de taux d'intérêt, les investisseurs restent optimistes, voire euphoriques. Cependant, la FED, va vite devoir réduire sa distribution d'argent gratuit car les États-Unis vont connaître une croissance spectaculaire avec un risque avéré de surchauffe, revenir au plein emploi et même se payer un retour à l'inflation. Surtout que certains jugent l’efficacité des aides financières directes aux ménages douteuse, puisque 30 % seulement du montant des premiers chèques de 1 200 dollars versés par l’Administration Trump ont été dépensés en biens de consommation, le reste étant épargné, affecté au désendettement, voire consacré à la spéculation, comme l’a montré l’affaire GameStop. Dès lors, le plan de relance pourrait conforter les inégalités et les bulles, comme on le constate dans l’immobilier - en hausse de 10 % - ou sur les marchés financiers, qui alignent les records.

Une locomotive puissante pour les Etats-Unis et le monde.

Néanmoins, ce dispositif qui intervient dans un contexte d’accélération de la campagne de vaccination a poussé les économistes à revoir leur copie : selon un sondage réalisé par le Wall Street Journal, ils tablent désormais sur une croissance de 5,95% en 2021 en glissement annuel. S’ils ont raison, les Etats-Unis connaîtront cette année leur plus forte croissance depuis 1983. Le plan Biden porte, en effet, à 14 % du PIB le soutien budgétaire de l’activité aux États-Unis en 2021, soit un niveau sans précédent en période de paix. L’objectif est double. Sur le plan économique, la relance vise à restaurer le plein-emploi Sur le plan politique, l’ambition est de rendre espoir aux Américains, de stabiliser la classe moyenne en apportant une réponse concrète aux difficultés des ménages, dont 40 % connaissent des fins de mois difficiles. Le plan Biden est donc une locomotive puissante. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), juge qu’il devrait entraîner un bond supplémentaire de 3 à 4 points. D’autres observateurs, plus optimistes, parient même sur une croissance de 8 % à 10 % de l’économie des États-Unis. Ce plan aura «des retombées positives pour la croissance mondiale» prévoit le Fonds monétaire international (FMI). Il ajoutera plus d’un point de croissance au PIB mondial, lequel devrait augmenter de 5,6% en 2021, calcule l’OCDE. Les partenaires traditionnels des États-Unis profiteront de cette manne. Ses voisins proches, liés par l’accord Canada- États-Unis-Mexique, en seront les premiers bénéficiaires avec un gain de croissance de leur PIB de respectivement 1,2 et 0,8 point, pronostique encore l’OCDE. L’impact devrait être moins élevé, à seulement 0,5 point, dans la zone euro, où le poids des échanges avec les États-Unis est moins important. Mais attention, la réouverture des économies pourrait entraîner un boom et amorcer une spirale inflationniste, ce qui obligerait les banques centrales à relever leurs taux d’intérêt au prix d’un krach obligataire et de défauts en chaîne des États et des entreprises surendettés. La relance, par sa démesure, accoucherait alors d’une violente récession. D’une manière plus certaine, ce gigantesque plan américain, qui sera bientôt suivi d’un autre grand programme d’investissement dans les infrastructures, risque de creuser l’écart entre la première puissance mondiale et l’Union européenne. Bruxelles, dont le plan de 750 milliards d’euros n’est pas encore en action et comporte une part trop faible d’investissements pour l’avenir, a plutôt le pied sur le frein, de quoi accroître un peu plus le retard de l’Union européenne dans la course mondiale.

Allez, le bout du tunnel se rapproche quand même. On y croit, même si en France, comme d’habitude, la reprise sera plus lente qu’ailleurs. C’est que la crise n’a pas fait disparaître nos boulets, hélas.

 


RENDEZ-NOUS LA VRAIE GAUCHE !

Rose brisée

 

Ce n’est pas ça la gauche !

Une grande partie de la gauche actuelle, influencée par les nouvelles idéologies déconstructionnistes et racialistes, tourne le dos aux valeurs sur laquelle est fondée la République française, au centre desquelles on trouve le principe d’universalité. Cette gauche, complaisante avec l’Islam radical, a abandonné la laïcité qui constituait l’un de ses piliers, avec l’égalité et la justice sociale. Ainsi est né et s’est répandu « l’islamo-gauchisme » dans notre système éducatif jusqu’à l’université et nos grandes écoles, et imprégné nos médias radio et télé. Cette pensée bafoue la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » comme l’affirme Zineb El Rhazaoui, bien placée pour dénoncer le fondamentalisme dont elle a été victime. Ceux qu’elle désigne comme les nouveaux totalitaires  réintroduisent la notion de race dans notre démocratie : « ne leur en déplaise, être noir, jaune, rouge ou blanc n’est pas une identité mais une caractéristique physique… Les indigénistes sont les collaborateurs de l’islamisme et les saboteurs de la laïcité. Ils enrobent leur idéologie différentialiste dans des concepts universitaires creux, faits de pseudoscience et de compétition victimaire ». Avec l’écoféminisme, le fondamentalisme religieux  et l’indigénisme, les « études décoloniales » forment le fond de la « cancel culture », cette police de la pensée qui pratique la délation et veut interdire tout débat contradictoire à l’université.

Les valeurs de la gauche.

La  gauche que je respecte  et avec laquelle je peux débattre, c’est celle de Jacques Julliard, d’Elisabeth Badinter, de Sylviane Agacinski, de Caroline Fourest, d’Alain Finkielkraut, et plus largement de Kamel Daoud, de Boualam Sansal, qui ont toujours défendu l’idée que Laïcité, République et France, c’était une seule et même chose. Et défendre la laïcité  à la française est central,  car  la laïcité, c’est l’unité dans la diversité, c’est l’idée qu’il y a un esprit universel, commun à tous les êtres humains, c’est l’unité de l’Esprit humain.  Dire « laïcité » ou dire « universalisme »,  c’est la même chose. C’est la grandeur de notre République que d’avoir proclamé ce principe valable pour tous les temps, tous les  pays, toutes les civilisations, toutes les religions. Avec la nouvelle gauche de Plenel et Mélenchon, la France n’est plus la patrie de l’universel. Écoutez attentivement les porte-parole de la gauche, ou de ce qu'il en reste. La laïcité, bien sûr, elle doit être honorée, mais avec modération, car à trop l'exalter, le risque serait de « stigmatiser » les musulmans. D’où les soutiens tièdes de leurs collègues à ces deux professeurs de  l’IEP de Grenoble qui ont eu l’audace de signaler que l’islamophobie ne pouvait pas être mise sur le même plan que le racisme et l’antisémitisme. Un comportement terrifiant fondé sur la lâcheté. Tout au long de la IIIe République, et il  n’y a pas si longtemps encore, on reconnaissait un homme de gauche à un certain nombre de traits : l'attachement indéfectible à la laïcité, à l'école républicaine, à la République elle-même, à la nation, à la France. Tous les grands hommes dont la gauche se réclamait traditionnellement, de Gambetta à Mitterrand, en passant par Clemenceau, Jaurès, Blum, Mendès, et plus près de nous, Michel Rocard et Edmond Maire, ou encore Robert Badinter, étaient pétris tout entiers de ces valeurs.

Le débat droite-gauche, essentiel.

Et en face,  il y avait la droite. Dans toute société, dans toute institution, il existe tôt ou tard un parti de l’ordre et un parti du mouvement, c’est-à-dire une droite et une gauche. La droite a toujours été du côté de l’ordre et se caractérise par son tempérament conservateur. Elle se fait protectrice des traditions en restant notamment attachée à la famille qu’elle considère comme l’unité de base de notre société. Le progrès social, auquel elle n’était pas hostile, était le résultat d’un débat fécond, parfois vigoureux, avec la gauche. L’école était aussi  un sujet d’affrontement, encore sous Mitterrand, au nom de la liberté qu’elle revendiquait pour l’enseignement libre. Cela ne voulait pas dire, pour autant, qu’elle ne défendait pas l’égalité des chances et la construction démocratique des élites, et sous la Vème République, elle n’a jamais  ménagé son soutien à l’école de la République. Cet affrontement nécessaire pour la bonne santé de notre vie démocratique a disparu. Jacques Julliard l’analyse et rejoint Michel  Onfray : il est dû à l’effondrement de la gauche.

L’inversion des rôles.

« Soit un homme qui en toute occasion affirme son attachement à la République et à ses valeurs universelles, sa confiance dans l’école et dans ses maîtres pour intégrer les nouveaux arrivants et conforter le sentiment national. Un homme qui ne transige pas sur la laïcité. » De quel côté placez-vous un homme qui tient un tel discours ? Tout ce qui vient d’être dit le démontre : vous avez affaire au parfait prototype de l’homme de gauche. Eh bien, non, aujourd’hui, c’est un homme de la droite modérée que vous avez devant vous ! Cette illustration de Jacques Julliard tout le monde peut la vérifier. La droite républicaine, soit pour faire pièce à la gauche, par glissement naturel des idées, soit pour faire barrage à la montée de l'islamisme, s’est approprié ces valeurs évoquées plus haut. Mais alors pourquoi les hommes de gauche authentiques, héritiers des Lumières et convaincus que leurs valeurs sont universelles devraient s'en affliger ! De fait, sur tous les sujets, leur démission est patente. Sur l'école républicaine : il  ne faut pas trop rechercher l'excellence, pour ne pas creuser les inégalités au détriment des moins bien armés. Sur la République : voilà qu’ils se demandent si le long cheminement de notre histoire n’est pas synonyme de colonialisme, voire de racisme,  si la Nation n’est pas facteur d'exclusion pour les nouveaux arrivants et pour la France, ils mettent en doute ce « récit » où nos ancêtres avaient trouvé le lien qui les unissait et qui serait une pure fiction, depuis les « racines judéo-chrétiennes » jusqu'à la philosophie des Lumières, issue de ces racines… Pour expliquer ces reniements, Jacques Julliard ose une explication principale : l’Islam. Mais il ne faut pas le dire. Depuis quelques années, depuis le terrorisme, la gauche est malade de l’islam, voilà la vérité !

L’anticléricalisme et le colonialisme.

Cette islamophilie étrange, qui fait, au nom d’une « laïcité » ouverte, pardonner aux musulmans beaucoup plus qu’on n’a jamais pardonné aux catholiques, a deux raisons. D’une part, dans le vieux fond antireligieux, il ne reste aujourd’hui que l’anticléricalisme, et même ce qu’il faut bien appeler une  haine du christianisme. Et, d’autre part, la mauvaise conscience d’une gauche officielle, qui sous la forme du «molletisme» (de Guy Mollet, président du Conseil au début de la guerre d’Algérie), eut une attitude honteuse (pour la gauche) du temps des guerres de libération des peuples opprimés, et qui en montrant de la compréhension à l’égard des mouvements « décoloniaux » d’aujourd’hui, espère faire oublier son absence dans les luttes anticoloniales du passé. D’où, non sans paradoxe, une espèce d’indulgence à l’égard de l’islam, qui à défaut d’autre chose, a du moins le mérite de ne pas être catholique. Et pour avoir raté l’anticolonialisme d’hier, elle se trouve engluée aujourd’hui dans un « décolonialisme de Quartier latin », abandonnant sur le terrain tous ses acquis antérieurs concernant la nation, l’école, la laïcité, l’intégration, l’universalisme. Car enfin, le fait est là : ce n’est pas pour des raisons économiques que les classes populaires, et nommément la classe ouvrière, ont abandonné la gauche pour l’extrême droite. Si bien qu’une partie de la gauche s’est lancée dans une entreprise qui consiste à substituer à la classe ouvrière qui  lui fait défaut, la masse des  immigrés en capacité de voter et qu’il faut séduire. Les défaites de la gauche depuis cinquante ans sont d’abord des défaites intellectuelles.

Redonner du sens au débat.

Cette grande alternative anthropologique  de  l’ordre face au mouvement ne fonctionne plus actuellement dans l’ordre politique, à cause de la confusion des rôles et de la défaillance des acteurs. Les  scandales sexuels qui éclaboussent les excès post soixante-huitards de la gauche « caviar » n’arrangent rien. C'est navrant, mais c'est pourtant ainsi, c’est le monde à l'envers. La question judéo-musulmane est en train de créer en France un ahurissant chassé-croisé au chapitre des valeurs au point de bouleverser le champ de la perception politique.  D’un côté la droite campe sur les valeurs de la gauche, l’extrême-droite capte l’électorat des  classes populaires, et la gauche traditionnelle est  aux abonnés absents, laissant le  champ libre  à  son succédané imprégné des théories absurdes et obscurantistes venues des Etats-Unis. Comme on voit bien que le « ni droite-ni gauche », ça ne  marche pas,  pas plus que le « en même temps », parce que quoiqu’il arrive, nous sommes idéologiquement latéralisés,  il ne tient qu’à la vraie gauche de se faire entendre à nouveau.  Les événements récents et « l’appel des 49 » dans le Journal du Dimanche nous laissent  l’espoir d’une renaissance.  Elle est urgente. Les Français aiment le débat, encore faut-il qu’il fasse sens. La droite a besoin d’une vraie gauche en face d’elle !

 


POUR UN « PACK » DES REPUBLICAINS !

Gaulois2

 

La présidentielle ultime.

Il y a les  départementales et les Régionales, une échéance que LR peut encore assumer avec de réels  espoirs de victoire, notamment en Ile-de-France, Auvergne Rhône-Alpes ou encore les Pays de la Loire.

Mais l’échéance primordiale c’est évidemment la présidentielle de 2022. Le  mode de scrutin impose à  la droite et au centre de n’être représentés que par un seul candidat pour avoir une chance de figurer au second tour. D’abord, c’est le seul moyen d’éviter le duel mortifère pour la France programmé à l’avance, Macron-Le Pen. Ensuite, pour LR, c’est même une question de vie ou de mort du parti. En cas de nouvelle défaite, à combien reviendraient nos députés à l’Assemblée nationale ? Et puis il y a ceux qui par paresse ou  par manque de courage préconisent une alliance avec Macron. Mais on ne s’allie pas avec un ectoplasme. Macron n’a pas d’idées, il n’a que celles qu’il  emprunte aux autres selon les circonstances. Résultat : son quinquennat c’est le désordre et le surplace, comme le dit très bien Brice Hortefeux. Nous avons le cumul du désordre social, sanitaire, sécuritaire et migratoire. Quant au surplace, en cinq ans, il a dû renoncer à  la plupart des grandes réformes qui auraient dû être engagées. S’allier avec lui, c’est courir à la mort certaine de notre formation.

Les élus qui allient compétence et raison.

Alors que partout où les Républicains et leurs alliés sont aux affaires,  ils font montre de  compétence et de savoir-faire dans la gestion de leurs mandats au service du bien commun. Or, on voit bien avec ceux qui gouvernent aujourd’hui, que ce soit l’exécutif ou à l’Assemblée, l’absence d’expérience est dramatique. A droite et au centre il existe un vivier de femmes et d’hommes qui peuvent faire la différence et éviter au pays le drame que serait l’arrivée au pouvoir d’une Marine Le Pen dont on voit bien les insuffisances pour gouverner un pays comme la France.

Rétablir la confiance avec l’électorat.

Pour cela, il n’y a qu’un moyen : il faut inspirer confiance pour la rétablir avec les Français.  La  question de la confiance est primordiale si l’on ne veut pas que l’abstention l’emporte. Le pays est à droite,  mais il est fatigué du désordre, des divisions, de l’effondrement des services publics, des subversions menées par le gauchisme à  l’école et à l’université. L’élection est dans un an, elle n’est pas jouée. Seule la droite a des solutions.  Ceux qui suivent les travaux des groupes parlementaires le savent bien. L’opportunité de reprendre le pouvoir est là, il faut la saisir, mais pour cela, il n’y a pas trente-six stratégies, il n’y en a qu’une. Il faut conjurer le handicap que représenterait une multiplication des candidatures.

Un scrutin et un engagement : rester ensemble !

Devant  le nombre de candidats qui prétendent représenter notre famille politique, il importe de mettre en place un dispositif de sélection pour éviter les candidatures multiples au 1er tour, puisque aucun des prétendants ne perce suffisamment dans les études d’opinion pour s’imposer. Le mieux placé, Xavier Bertrand, plafonne autour de 15% depuis des mois. Dans ces conditions il n’y a qu’un seul moyen, une méthode de départage suffisamment ouverte qu’il faut perfectionner. L’idée de Bruno Retailleau est un peu complexe avec son scrutin à un seul tour et l’attribution de points, mais c’est une piste. De son côté,  Gérard  Larcher est  aussi à la manœuvre et consulte. Cependant il y a une condition qui doit faire partie du règlement de la compétition pour que les Français aient envie de voter : désigner un candidat ne sera pas suffisant, il faut aussi proposer un pacte de loyauté entre tous les candidats  pour faire en sorte que celui qui sera arrivé en tête s’engage à travailler ensuite avec tous les autres et réciproquement. La « Team de la droite et du centre », ça peut marcher. D’abord parce que ça permet de mettre en valeur les complémentarités de caractères et d’idées, ensuite parce que ça ouvre l’éventail électoral. La droite et le centre regorgent de talents,  disons aux Français : « choisissez celui qui vous parait le meilleur, mais nous resterons ensemble pour faire campagne et gouverner. »

Si on y arrive, alors la droite aura de bonnes chances de l’emporter.

 


VOITURES ELECTRIQUES : L’ENORME MENSONGE DE LA PROPRETE !

Voiture électrique

 

Dans vingt ans, la totalité des voitures vendues dans le monde devront être électriques. De quoi bouleverser la hiérarchie mondiale des constructeurs, si cela a vraiment lieu. Car les nouvelles  stars dans  le domaine sont le constructeur Tesla et le Chinois BYD, chouchous des levées  de fonds en bourse. Ces fabricants se sont déjà projetés en 2040 ou 2050. Les tradi du secteur sont bien obligés de suivre et déjà  General Motors et Ford projettent d’abandonner le thermique d’ici dix à quinze ans. Nos champions européens sont moins radicaux, peut-être parce que  le vieux monde est plus réaliste et plus lucide, et ne prévoient de ne faire rouler qu’un tiers de leurs véhicules grâce aux batteries. Il faut dire que la  mutation du secteur automobile n’a guère le  choix, car la révolution à laquelle elle doit se soumettre lui est imposée par les réglementations des Etats qui se sont engagés à respecter les accords de Paris visant à limiter le réchauffement climatique.

L’idéologie remplace le réel.

Haro sur les  moteurs thermiques soi-disant  polluants au profit de l’électrique paré de toutes les vertus. En Europe, l’automobile est entrée dans le collimateur de  Bruxelles.  Les seuils d’émission de CO2 des nouveaux véhicules mis en circulation fixés par la Commission se sont progressivement durcis. Ils sont actuellement de 95 grammes  de CO2 par kilomètre, mais  le seuil descendra  à 80 grammes en 2025 et 59 grammes en 2030. Un rythme infernal. Les constructeurs sont contraints de s’y conformer sous peine de lourdes amendes.  Certains pays comme la Norvège ont même décidé  d’accélérer le calendrier, en bannissant dès 2025 les véhicules thermiques. Les technocrates agissent sous la pression des écologistes qui ont réussi à nous faire croire au miracle de la voiture  propre. C’est de l’idéologie car  ils ne peuvent pas ignorer que leur argumentation repose  sur un énorme mensonge. Mais le propre de l’idéologie  c’est de conduire à l’aveuglement. Ils ont gagné la première manche,  celle qui consiste  à imposer des normes et des contraintes administratives.

L’électrique pas si pratique.

La voiture électrique alterne le chaud et le froid. Elle ne se prête pas à tous les usages et elle va exiger de lourds investissements en infrastructures  qu’il va bien falloir financer, ne serait-ce que  le réseau de bornes de ravitaillement. Faudra-t-il s’attendre  à de longues files d’attente pour ravitailler après seulement 300 à 400 kilomètres.  Et la recharge de la batterie peut prendre autant de temps que le parcours lui-même. Sans parler de la sensibilité à la température extérieure, la puissance de ventilation, le chauffage  qui peuvent influencer fortement l’autonomie. Bref, en électrique, sauf petit parcours urbain, il faudra s’arrêter souvent, très souvent. Certes elle est silencieuse et peut offrir des sensations séduisantes grâce au couple des moteurs, cela ne compense pas les inconvénients.  Quant aux véhicules dits  hybrides, ils cumulent des handicaps qui les rendent peu attractifs par rapport aux mêmes modèles thermiques : alourdis par les batteries embarquées, ils sont plus lents et plus gourmands, et à l’usage, la  motricité électrique se révèle vraiment  d’un intérêt  marginal par la faible autonomie constatée. 

Des dessous très sales.

Contrairement à ce que les apôtres de l’écologie veulent nous faire croire, installer le monde entier dans la voiture électrique non seulement ne règlera pas le  problème de la pollution mais ne fera pas disparaître  les gaz à effet de serre. Force est de constater que ces belles  normes  imposées  par les pays riches ne visent finalement qu’à déplacer la pollution. Si la voiture électrique  en elle-même est presque propre, il n’en va pas de  même de la production d’électricité dans de nombreux  pays, à commencer par l’Allemagne et ses centrales thermiques. Or, il faudra bien produire l’électricité nécessaire à l’alimentation des voitures si tout  le parc  automobile est  demandeur. Il ne faut pas oublier non plus l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication des organes électriques du véhicule et penser encore à leur recyclage… Certains esprits lucides  en viennent à penser que le remède sera pire que l’utilisation des énergies fossiles. En effet, sous le capot  d’une voiture électrique, on trouve du rhodium, du platine, du cuivre, du cobalt, de l’or, du graphite ou du néodyme, ce dernier appartenant à une famille de 17 métaux appelés « terres rares ».  Des  métaux devenus stratégiques et dont la consommation va exploser. Leur extraction, à  l’autre bout de la Terre, en Chine notamment, provoque de terribles  dégâts sur l’environnement. Même constat pour l’extraction du graphite dans le nord de la Chine ou du cuivre dans le plus grand site du monde à Chuquicamata, au Chili, ou encore du lithium de la mer de sel d’Uyuni en Bolivie. Partout, le prix écologique est énorme.

Une dépendance stratégique.

Qu’adviendra-t-il lorsque nous aurons épuisé le filon de cuivre chilien, dans moins de quinze  ans au rythme où nous le consommons aujourd’hui, en sachant que la demande  va croître de  manière exponentielle ?  Que se passera-t-il si la Chine décide, dans un accès de mauvaise humeur, de nous priver de ses « terres  rares », ne serait-ce que pour  privilégier sa propre  production ?  On s’aperçoit alors que les options raisonnables et prudentes des constructeurs français comme Renault et Stellantis (Peugeot-Fiat) sont frappées au coin du bon sens. Les emballements boursiers ne doivent pas faire illusion.  Les moteurs thermiques  n’ont pas dit leur dernier mot.

Le basculement dans le tout électrique c’est pour nos pays développés faire preuve de cynisme et d’hypocrisie : propre chez nous, tant pis si on salit ailleurs ;  et surtout c’est s’exposer à des déboires  en se mettant en dépendance de puissances étrangères  comme  la Chine, ce qui est  loin d’être anodin. Les écolos se  gardent bien d’évoquer ces  aspects.  C’est tellement chic  d’afficher sa bien pensance vertueuse au volant d’une électrique, largement subventionnée par nos impôts !

Non, la  solution est ailleurs.  Et si c'était l'hydrogène ?

Jean-louis Perez et Guillaume Pitron ont réalisé une enquête diffusée en janvier dernier sur Arte avec des images saisissantes sur les pollutions engendrées par l’extraction des produits nécessaires aux moteurs électriques.


LA LUTTE DES RACES POUR REMPLACER LA LUTTE DES CLASSES

Bruckner Un coupable 001

 

« Les progressistes se battaient jadis au nom du prolétariat, du tiers-monde et des damnés  de la terre. Trois discours –néoféministe, antiraciste et décolonial- désignent désormais l’homme  blanc comme l’ennemi :  son anatomie fait de lui un prédateur par nature, sa couleur de peau un raciste, sa puissance un exploiteur de tous les dominés »… » Voilà en gros pour  le  fond de l’ouvrage que Pascal Bruckner nous livre dans « Un coupable presque parfait ». 

Cette substitution a été rendu possible  par  l’effondrement  des  gauches européennes après la chute du mur de Berlin. Ces fariboles interviennent dans un contexte de vide de la gauche classique.  Le  marxisme est mort en 1989 et la  social-démocratie est  agonisante.  Pour mettre fin  à ce désarroi, il est tentant d’adopter les théories américaines. Le progrès, la liberté et l’universel ont laissé une place vide comblée par la nouvelle triade directement importée des Etats-Unis : le genre, l’identité et la race avec ses corollaires, le néoféminisme, le « décolonial », l’indigénisme, le communautarisme. L’ennemi N°1 c’est désormais l’homme blanc, l’exploiteur, le prédateur. Sa couleur de peau fait de lui le comble du racisme… et le coupable idéal, le bouc émissaire cible de toutes les frustrations, colères, injustices ressenties, et paradoxalement le fossoyeur de l’humanisme. L’auteur analyse le succès de ces théories auprès d’une catégorie de gens en jachère dans les médias et  à l’université.

Bruckner règle d’abord son compte à l’idéologie féministe actuelle, celle, du Génie Lesbien d’Alice Coffin, par exemple, selon laquelle la femme n’est pas l’égale de l’homme, elle lui est supérieure surtout si elle est LGBTQ. Pour ces militantes néo-féministes venues d’outre Atlantique,  il faut tuer les hommes blancs qui portent en eux la culture du viol : « Les agresseurs sont toujours des blancs », d’où le syllogisme imparable. Puis il dénonce l’opprobre délirante jetée sur ce néo colonialisme que l’on va dénicher dans les statues déboulonnées et dans les livres qu’il faut jeter au feu, car il maintient parait-il les minorités en esclavage, mais les mêmes ne veulent pas  voir le colonialisme jaune qui se répand en Afrique, comme ils sont virulents sur l’esclavagisme des blancs en faisant l’impasse totale sur celui des arabes, bien plus  ancien et bien plus tardif à se tarir. Même notre langue maternelle est clouée au pilori par l’idéologie progressiste. Surtout, arrêtons de nous flageller au nom de la mauvaise conscience héritée de la période de l’expansion coloniale et de ses séquelles ou du mauvais sort subi par les migrants ou encore des violences conjugales qui seraient l’apanage de l’homme blanc.

Ces fariboles  font pourtant l’objet d’une vaste entreprise de rééducation à  l’œuvre à l’université, dans les médias, qui demandent à ceux qu’on appelle les Blancs de se renier.  Il y a trente ans, il restait assez de raison à droite et à gauche pour rire  de ces insanités, mais aujourd’hui l’antiracisme raciste revient avec de nouveaux protagonistes et trouvent un écho  jusqu’au plus haut  sommet de l’Etat. Les professeurs de honte, néoféministes, décoloniaux,  indigénistes pullulent et nous invitent au repentir. Il faudra donc une contre révolution culturelle et Bruckner nous y invite, car on peut sans doute s’attendre, si on n’y prend garde, à ce que l’on renvoie dans l’oubli nos écrivains et nos artistes bourrés de préjugés bourgeois.  Beethoven n’est-il pas « trop mâle, trop blanc et trop vieux  … ».

L’homme blanc a peut-être commis des horreurs, mais il  a aussi inventé les droits  de l’homme et forgé  le concept de crime contre l’humanité,  qui ne viennent ni d’Asie, ni d’Afrique,   ni d’Amérique  latine. L’occident a été capable de reconnaître sa propre  barbarie quand bien d’autres  se  cantonnent dans le déni : les atrocités de Mao,  le génocide arménien… Peut-être est-il bon de rappeler que le dernier marché aux esclaves a été interdit  au Maroc en … 1920.

Faire de  l’homme blanc le bouc émissaire des minorités « intersectionnelles » ce n’est jamais que remplacer un racisme par un autre et nous condamner à l’horizon funeste de sociétés tribalisées, crispées sur leur trésor identitaire et en proie à la guerre de tous contre tous. Comme l’idéal « universel » des Lumières  qui voit d’abord l’Homme avant ses différentes identités, nous paraît bien préférable !

La démonstration repose  sur une culture encyclopédique, la richesse des citations et la qualité des référents qui lui permettent de délivrer quelques truismes implacables et glaçants. La clarté du propos,  renforce le côté irréfutable des démonstrations à l’appui desquelles l’auteur-procureur fait souvent appel à des «avocats» de la cause blanche talentueux et sans parti pris outranciers, tels James Baldwin (la prochaine fois, le feu), le chercheur afro américain Shelby Steel ou … Joséphine Baker. Selon ses propres mots, Bruckner a un don pour « démêler l’écheveau » le plus compliqué comme l’affaire Adama Traoré et les manipulations du mouvement « Vérité pour Adama » ou pour dénoncer «l’hétérorisme» qui fait fureur dans l’idéologie à la mode. Evidemment, il faut faire avec et trier, hiérarchiser, ce  qui exige un effort. Mais le jeu en vaut la peine.

Heureusement, conclut notre philosophe, toujours très engagé : « Nous sommes encore nombreux à préférer les Lumières de la Raison aux ténèbres de la Race et à défendre la civilisation de l’Europe, une des plus belles de l’histoire

Pour renforcer cette certitude, lisez donc « La grande déraison » de Douglas Murray,  ouvrage dans lequel l’auteur américain décrit les  ravages de l’idéologie intersectionnelle aux Etats-Unis.

Pascal Bruckner, Un coupable presque parfait –La construction du bouc émissaire blanc – Grasset.


MACRON 2022 : AVEC QUI ?

Macron 2022

 

Une majorité éclatée et divisée.

Abondance de biens ne nuit pas, dit-on. Ce n’est pas vérifié en politique. Parti en 2017 avec une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, Macron a vu son groupe LRem rétrécir comme peau de  chagrin. Il a perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale et ne peut engager aucun programme sans le soutien du MoDem de François Bayrou qui, malgré ses exigences, notamment en ce qui concerne l’instauration d’une « dose » de proportionnelle, lui maintient son soutien. Les plus récents sujets de polémique comme la décision de la mairie de Lyon de supprimer la viande dans les cantines scolaires ou le débat virulent sur l’université qui, selon la ministre Frédérique Vidal, serait « gangrenée » par l’islamo-gauchisme, ont déclenché des querelles plus virulentes entre l’aile droite et l’aile gauche de la majorité République en Marche que dans les partis d’opposition ; la ministre de l’Environnement, Barbara Pompili, qui tire une partie de ses convictions de la « bible » écologiste, se dresse avec aplomb contre l’Élysée et la commission citoyenne éponyme n’a pas de  mots assez durs pour fustiger  le projet de  loi gouvernemental. Les divisions de la majorité porteront-elles un coup fatal à la candidature plus que probable d’Emmanuel Macron à un second mandat présidentiel ? L’apparente sérénité du président semble indiquer que les divisions, les défections de nombre d’élus, le différend avec le MoDem sur le mode de scrutin n’ont pas modifié la stratégie qu’il entend pousser à son terme en 2022. Mais il lui sera difficile de rééditer le coup de 2017. Dans ces conditions, sur quelles troupes dévouées le président sortant peut-il compter pour obtenir son second mandat ?

Le problème c’est Macron.

Le fossé séparant la droite de la gauche n’a pas été comblé par le « en même temps ». C’est une évidence, sinon, comment expliquer les désertions du groupe  majoritaire et les  déchirements internes sur le moindre débat clivant. Macron n’a pas fusionné les deux courants en un seul tout bonnement parce que c’était impossible. Ses adversaires historiques affirment l’avoir toujours prévu et en ont pour preuve le maintient de leurs électorats aux municipales que le PS et LR ont plutôt réussies, surtout LR qui a remporté 60% des villes de plus de 9 000 habitants.  Alors  on nous dira que Macron a été conduit, sous l’autorité d’Édouard Philippe, à pratiquer bien plus une politique de droite qu’un programme de gauche ; il a remplacé M. Philippe par Jean Castex, connu pour ses convictions conservatrices. Ce qui fait dire  à certains que tout ce que les macronistes ont à faire, c’est rejoindre les Républicains. Encore que LR considère Macron comme un imposteur, élu sur un programme et qui en aurait appliqué un autre, un homme de synthèse incapable de l’appliquer, et qui a fait perdre aux municipales les listes qui ont pactisé avec son parti. « Lrem porte la poisse » dit volontiers  Christian Jacob. Certes, une majorité présidentielle réunissant les marcheurs, LR, le MoDem et l’UDI ferait un malheur. Le problème c’est Macron !

L’histoire ne passe pas les plats deux fois.

Le Président croit dur comme fer qu’il peut rééditer la stratégie de 2017 malgré  le désarroi qui traverse son camp et dont  l’unique chance de réussite repose sur l’incapacité du  PS à se reconstruire an plan national, tant il est divisé sur ses fondamentaux ; la querelle sur l’islamo- gauchisme en offre une illustration saisissante. Néanmoins, Macron ne pourra empêcher une partie de ses troupes de retourner au bercail écologiste ou socialiste. Même la « jambe droite » sur laquelle  il s’appuie n’est pas  si fiable qu’il le croit. Beaucoup d’électeurs de droite qui avaient rejeté Marine Le Pen au second tour et lui avaient apporté leurs suffrages préféreront s’abstenir au mieux ou voter Le Pen, si le même duel se représente.  Et l’électorat  « conservateur » qui l’a partiellement  rallié n’aurait pas d’état d’âme à le quitter si d’aventure un candidat de la droite classique perçait avec suffisamment de crédit. Ce qui ne manquera pas d’arriver. Aussi l’analyse macronienne qui campe sur le théorème de la Vème République : « la rencontre d’un peuple avec son chef » qui plait tant aux conservateurs, se révèle très risquée et seul le narcissisme exacerbé de l’intéressé peut le convaincre d’aller à la bataille en se réclamant de son seul camp, en croyant que se créera de nouveau entre les deux tours un élan autour de son nom. Il ne voit pas l’élection présidentielle comme le résultat d’une bataille d’appareils et il croit davantage à son magnétisme personnel. Certains veulent se rassurer en observant sa cote de popularité, qui leur parait actuellement plutôt satisfaisante. Mais on sait ce qu’il en est à un an de l’échéance : les cotes sont fluctuantes, surtout avec les Français. Et surtout, il ne se méfie pas assez de Bayrou qui pourrait bien le trahir s’il ne met pas en place la proportionnelle.  

Cinq années de crise.

C’est ce que les Français risquent de retenir du mandat de Macron. Certes, c’est le mandat le plus difficile qu’un président ait dû accomplir, et de fait, son bilan en termes de réformes est plutôt maigre. Beaucoup n’ont pas été menées à terme et ne parlons pas de celles qui n’ont même pas  été  amorcées, comme la réduction du nombre des fonctionnaires. Mais  nombre de ses revers sont dus à une communication exécrable, à des choix malheureux, à l’ignorance de son prochain qui existe chez cet intellectuel déconnecté de la vraie vie depuis trop longtemps et qui ne connait rien du terrain, n’ayant jamais été élu de proximité. L’affaire Benalla, la crise des « gilets jaunes » sont des  purs produits du macronisme. Quant à la pandémie du Covid 19, s’il n’est pour rien dans son expansion en France, la gestion verticale des réponses qui en a été faite avec tous les mensonges et les échecs,  des masques aux vaccins,  lui incombent en grande partie. Il n’est pas difficile de penser qu’un Sarkozy aurait fait mieux que lui.

Au moment des comptes, il  laissera une France enfoncée dans une dette effroyable, qui n’aura su régler aucun de ses problèmes, qui aura fait la démonstration de l’impuissance de sa technocratie sur laquelle il n’a cessé de s’appuyer. Une France rongée par les violences récurrentes du communautarisme instrumentalisé par l’islamo-gauchisme et sapée par les théories progressistes. Si de nombreuses candidatures inspireront du scepticisme, seront affaiblies par des propositions sans crédibilité ou par l’incompétence, un candidat de la droite et du centre, de bonne facture, prêt à défendre avec conviction l’identité de notre pays, fondée sur la science et l’universalisme, aura toutes ses chances. En attendant, 69% des Français pensent que Macron ne sera pas réélu s'il se  représente.