HISTOIRE
RECONFINES !?
A DROITE, DU NOUVEAU !

QUAND LA DETTE REVIENT DANS LE DEBAT – LE DOSSIER

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Avec le reconfinement qui ne dit pas son nom, le « quoi qu’il en coûte » en prend une louche de plus, et évidemment creuse un peu plus la dette déjà exponentielle.  De quoi relancer le débat sur son remboursement ou non, ce qui oblige les uns et les autres à rappeler leur position sur le sujet et  oblige notre « grand » argentier à donner son point de vue. Mais d’abord  redonnons les chiffres pour qu’on sache bien de quoi on parle.

Où en est la dette ?

Notre dette dépasse désormais les 120% du PIB. La France entre dans le tableau plutôt  infamant des pays les plus surendettés au monde. Arrêtons-nous seulement à l’Europe où nous tenons compagnie à la Grèce et à l’Italie, et bientôt rejoints par l’Espagne et la  Belgique à cause de la dette Covid. La BCE détient 600 milliards d’euros de dette française et nous aurons besoin d’emprunter 290 milliards d’emprunts brut rien que pour l’Etat en 2021. A quoi il faut ajouter 178 milliards de dettes anciennes qui devront  être refinancées en 2023. Sur les 2 800 milliards, la part du Covid s’élève pour l’instant à 215 milliards.

Cette dette est due rappelons-le, en dehors du « quoi qu’il en coûte », à une explosion des dépenses publiques et évidemment la baisse de l’activité l’aggrave. Elle est fortement internationalisée, détenue à 54% par des non résidents ce qui est à la fois une force en démontrant l’attractivité de la France, et une faiblesse en cas de repli dû à toute cause géopolitique. Ce qui devrait imposer  à tous la plus grande prudence quant aux solutions à envisager pour ce que nous souhaitons faire.

Cet argent n'est pas tout à fait magique. S'il était magique, on ne le verrait nulle part. Or, on peut facilement trouver sa trace. Si vous allez, par exemple, sur le service d'information Bloomberg, vous allez voir la progression du bilan de la Banque Centrale Européenne : le bilan de la BCE a dépassé les 7 200 milliards d'€ jusqu'à représenter 71,8 % du PIB de la zone euro (c'est 30 % seulement pour la FED). On peut se dire qu'on s'en fiche, que tout ça n'est qu'un jeu d'écritures comptables. On peut aussi se dire que la BCE est assise sur un baril de poudre, et qu'il finira un jour par exploser, si nous sommes inconséquents.

Le débat du remboursement.

Ce sujet va revenir régulièrement en boucle pendant les 10 ans qui viennent. Et chacun va y aller de sa solution miracle. Ce sera comme pour le covid : encore un sujet sur lequel tout le monde, et en particulier bien des politiques, va avoir un avis éclairé à défaut d’être définitif. Il y a trois types de réponses : ceux qui annoncent qu’on ne la remboursera pas, ceux qui pensent qu’on la remboursera en augmentant les impôts  et ceux qui imaginent qu’on n’en remboursera qu’une partie ou qu’on l’étalera très longtemps dans le temps.

Ceux qui ne veulent pas rembourser : C’est surtout  la  France Insoumise et Mélenchon qui tiennent ce discours qui relève plus de la posture idéologique que de la réalité. Rembourser la dette serait « engraisser » les banques.  Ce credo est repris par une centaine d’économistes européens emmenés  par Thomas Piketti qui rêve d’une action punitive contre les « riches ». Une escroquerie intellectuelle quand on sait quelles conséquences l’application d’une telle décision entrainerait : déjà pour les 600 milliards détenus par la BCE, c’est interdit par les traités européens, inutile d’entrer dans le détail  d’une opération qui serait de toute façon inutile ; ensuite, toute annulation aboutirait a supprimer l’autonomie de la Banque centrale et donc pour financer la dette annulée vis-à-vis des banques commerciales, l’Etat devrait tout simplement augmenter les impôts des Français dans un pays déjà saturé ; enfin, vouloir annuler la dette c’est oublier les taux d’intérêts et croire que les prêteurs sont des idiots : ceux qui nous prêtent à moyen et long terme aujourd’hui avec des taux très bas voire négatifs intégreraient immédiatement une prime de risque avec à la clé une augmentation des taux obligataires, encore heureux s’ils ne nous snobent pas. Enfin, un défaut sur la dette, c’est une spoliation de l’épargne des Français qui détiennent directement ou indirectement via leurs assurances-vie, près de la moitié de la dette nette négociable de l’Etat. Comment paiera-t-on alors les pensions, les salaires publics et des hôpitaux… Retenons comme paramètre que 2% d’intérêts sur une dette de 2 800 milliards d’euros, cela fait 56 milliards d’intérêts à payer, soit le budget de l’Education.

Rembourser en augmentant les impôts : « pourquoi pas », s’est interrogé François Bayrou, en imaginant, une fois de plus, une contribution « des plus riches »…  et de fait, la moitié des Français anticipe une hausse d’impôts. Mais quels impôts permettraient de rembourser ? Le même Thomas Piketti souhaite qu’on revienne sur deux mesures phares du quinquennat : l’ISF et l’allégement de la taxation des revenus du capital. Mais ce qu’ils rapportent sera loin d’être suffisant. On comprend que les Français préfèrent épargner.

Cantonner une partie ou étaler dans le temps : ce sont deux possibilités raisonnables, sans pour autant être équivalentes. Bruno Le Maire a récemment pris position pour le cantonnement de la dette Covid. Rappelons que notre dette dépassait déjà les 100% du PIB fin 2019. La crise sanitaire a été une aubaine pour la France, puisqu'on a arrêté de parler de la limite des 3% du PIB pour le déficit public et de 100% du PIB pour la dette. Au contraire, il fallait dépenser, creuser son déficit et s'endetter pour soutenir l'économie. On n'arrivait déjà pas à rembourser la dette avant le Covid, comment voulez-vous la rembourser après le Covid ? On va donc avoir droit à des manoeuvres « magiques » pour tenter de la faire disparaître. Bruno Le Maire a compris que pour qu'un objet disparaisse, il faut le retirer de la vue : notre Garcimore national propose donc de l' « isoler ». On la cantonne, on la met dans un coin. Vous voyez la dette Covid ? Hop ! Vous ne la voyez plus... !! Ainsi, on la fait disparaître virtuellement, en la rendant « perpétuelle », une sorte de dette à vie donc. On la fait rouler sur du très long terme. La BCE peut le faire, mais cela ne concerne que les 25% de la dette qu’elle détient. Isoler la dette Covid et la rembourser non pas avec une taxe comme la CRDS mais plutôt une partie des recettes issues du retour de la croissance, ce qui est très flou. Pour le reste notre financier propose une feuille de route pour le rétablissement des comptes publics avec une vision pluriannuelle. On aura l’occasion d’y revenir.  Les Républicains,  par les voix de François Baroin, Agnes Evren et Aurélien Pradié, seraient d’accord pour neutraliser la dette Covid au sein de la BCE, mais ils vont au-delà. Ils pensent que pour garder la confiance des Français et des investisseurs, et en même temps garder des marges de manoeuvre  pour relancer l’économie au sortir de la crise, il faut assurer publiquement et fortement que la dette sera remboursée et qu’en parallèle,  le cadre fiscal sera stabilisé et attractif.  Le seul moyen de concilier ces impératifs, c’est d’allonger la durée de la dette française (8 ans aujourd’hui contre 15 ans pour le Royaume-Uni) et développer les emprunts de 50 ans. Il s’agit par ce moyen de soulager la génération qui entre aujourd’hui sur le marché du travail du fardeau de la solidarité entre les âges.

Les outils du remboursement.

La crise sanitaire va finir par s'arrêter avec la vaccination massive. Alors, il va falloir arrêter de dépenser massivement et de faire des cadeaux, et il va falloir faire les comptes. C’est là qu’ on va s'apercevoir que tous les pays ont laissé leurs dettes déraper pour combattre la crise économique, que certains pays ont beaucoup plus dépensé que d'autres et que certains pays, dont la France, auront des difficultés à rembourser le surplus de dette, dite « dette Covid ». Dans ce contexte, si l’on veut préserver les chances d’une reprise forte de l’économie, il faut absolument renoncer à toute augmentation des impôts. Ensuite, il faut combiner trois paramètres qui permettront de commencer à rembourser en étalant : dégager de la croissance, maîtriser rigoureusement les dépenses et compter sur une reprise de l’inflation… en gardant un œil sur les taux d’intérêt. Car les taux, c’est l’étau financier.

Bon courage à ceux qui prendront le manche en 2022.

 

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